Arcs I,II: Sur le port, et Le départ !, Let this ship set sail!

Arzhaelig avait été pris de court, pour peu de temps l’espérait-il, et déjà ne restait de Metzli qu’un délicat parfum, invitation au voyage. Ils auraient tout le temps d’en parler pendant le voyage, elle avait raison, il restait tant de choses à faire ! Une trop courte nuit et il retournerait au Quartier des Docks, d’abord pour libérer ‘Tijak’ de ses obligations sur le « Souffle du Rorqual » puis de retrouver l’armateur de la Compagnie du Poing de la Mer.
Le barde n’avait plus besoin de dormir très longtemps, grâce à l’anneau de sa main gauche, mais il appréciait tant rêver qu’il lui plaisait de paresser aussi longtemps qu’il eut besoin de dormir sans celui-ci.

Comme il s’y attendait, le Capitaine fut parfaitement compréhensif et s’il prit plaisir à se montrer offusqué par la requête du Mousse ‘qui devait bien comprendre que la vie ne permettait pas toujours de prendre des obligations pour s’en soustraire à la première envie’, c’était pour le chambrer, et aussi pour le valoriser pour le travail effectué sur le ‘Souffle’. Un moins bon que lui n’aurait reçu aucune remarque, les mauvais éléments ne manquent à personne et personne ne regrette qu’ils mettent un terme à un engagement. Pour une pièce d’argent, pour la forme, l’achat de l’obligation fut scellée et Jakelm eut le loisir de suivre son nouvel employeur à la recherche de leur prochain navire.

La Compagnie du Poing de la Mer avait établi son point d’accroche à moins de cent mètres.
Ils connaissaient leur affaire autant que Plume connaissait les Aquafondais. Le marin qui les accueillit tenait tant du marchand que du Corsaire. Les yeux clairs comme de la glace, le teint buriné par le sel marin, des mains rêches et puissantes, des cheveux longs tenus par des anneaux de bois exotiques et une barbe noir parfaitement taillée.
Grâce aux dieux, jamais ils ne s’étaient retrouvés chacun d’un côté d’une bataille navale –du moins pas plus dans le souvenir de l’homme qui l’accueillit.

Armateur Aquafondais

- Dites-moi tout. Cargaison, navire, équipage, et je vous proposerai la meilleure escorte. -------------------- Cet homme honnête semble très occupé. Au fur et à mesure de la conversation, il arpente le chantier naval en s'interrompant parfois pour héler un de ses employés, crier un ordre ou s'assurer de l'état d'avancement des réparations.

- Merci. Mais vous n’y êtes pas. Je voudrais acquérir un de vos bateaux, pour moi et mon équipage. Je suis resté à terre trop longtemps, les embruns me manquent.

Armateur Aquafondais

- On vous a mal renseigné mon bon seigneur, ce n’est pas ce que ... -------------------- -

- Permettez que je vous coupe –quand le barde levait la main et souriait de la sorte, il était rare que l’interlocuteur discute très longtemps. Non qu’il les charmait uniquement ‘par magie’, juste qu’il profitait de celle-ci pour les rendre plus réceptifs et augmenter sensiblement ses chances d’obtenir gain de cause, et seulement quand c’était nécessaire- je parle du « Protecteur », qui avait disparu au large de Padhiver et a été retrouvé, gelé, à la dérive il y a quelques années. Un de mes vieux amis l’a découvert et il lui a fallu autant de temps pour le remettre à flot. J’ai fait les recherches nécessaires –ardues, vous pouvez me croire- pour en retrouver le précédent propriétaire. Vous. Une aura de superstition l’entoure toujours, il doit être bon pour vous de montrer que le seul navire que vous ayez jamais perdu ne l’était pas vraiment.

Jebeddo avait définitivement quitté Luskan pour Padhiver quand la Fraternité de la Côte s’était dissoute. Sa fortune personnelle d’ancien Gouverneur et Capitaine pirate était inestimable. L’épave lui avait plu, dans son aura de mystère qui lui rappelait d’autres navires dont Arzhaelig n’avait aucun souvenir alors qu’ils s’y seraient retrouvés ensemble. Foutue mémoire défaillante ...

- Nous souhaitons vous le racheter officiellement, et profiter de vos talents pour y apporter quelques modifications, contre paiement bien sur. Qu’en pensez-vous ? Si le vent ne tourne pas, il ne devrait pas tarder à approcher.

eureux d'avoir affaire à un connaisseur, l'armateur emmena Arzhaelig découvrir le Protecteur.

Le navire était un peu à l'écart, en cale sèche. Autour de lui, quelques échafaudage attestaient de l'avancée des travaux. Empruntant une passerelle, les deux hommes entrèrent à l'intérieur de la nef, où Plume put juger de la qualité des réparations et de la solidité du résultat. Les ponts du bateau, eux, manquaient encore un peu de plancher, et quelques cloisons avaient été élevées ça et là.

Tout en faisant le tour du chantier, l'homme devisait :

Armateur Aquafondais

- Hé bien, cela fait plaisir d'avoir affaire à un connaisseur. Le Protecteur est effectivement un navire d'une qualité rare. N'étant pas homme à laisser dépérir l'âme d'un navire, comme vous le voyez, j'ai déjà commencé à le retaper, il y a quelques semaines. Au moment où je vous parle, le gros œuvre est en train de s'achever. À en juger par ce tour de visite, le navire qui semblait effectivement prêt à naviguer -en ce qui concernait la coque et les mats, en tout cas. « Écoutez, vieil homme, je vous fais une proposition. Si vous me l'achetez, vous m'économiserez de longues semaines de frais d'amarrage et de prospection et, de plus, je pourrai commencer une nouvelle construction directement. Donc, je vais vous faire un prix : 10000 pièces d'or, et le Protecteur est à vous. Vous n'avez qu'à me décrire les aménagements intérieurs dont votre équipage à besoin, et je vous le livre dans, disons, trois chevauchées. Mon prix couvre les aménagements ordinaires d'un navire de cette taille -cordages, équipements, mobilier intérieur, vous voyez ce dont je parle-, mais pas l'armement. Pour cela, vous pouvez par exemple voir avec la Demeure des Héros : j'ai entendu que le temple de Tempus cherchait à écouler une partie de son patrimoine naval ... » -------------------- Cet homme honnête semble très occupé. Au fur et à mesure de la conversation, il arpente le chantier naval en s'interrompant parfois pour héler un de ses employés, crier un ordre ou s'assurer de l'état d'avancement des réparations.

Ainsi, Jakelm se voyait embauché sans davantage de cérémonie et poussa intérieurement un "ouf" de soulagement. S'il avait appréhendé, un instant, devoir batailler pour être accepté, toutes ses craintes venaient d'être dissipées par l'accueil de Serena. En toute simplicité, cette dernière actait la présence du mousse et lui prodiguait même quelques conseils pour faciliter sa future vie à bord.

- Pas d'problème, m'dame... euh, j'veux dire, bosco, se reprit le garçon, soucieux d'employer les appellations qu'il pensait le plus conformes au statut de chacun. Et merci. J'vais finir de m'équiper et j'vous rejoins rapid'ment.

Avant de s'éclipser, le gamin marqua un temps d'arrêt tout en fronçant légèrement les sourcils alors que les premières paroles de la semi-dragonne revenaient à sa mémoire. C'est vrai qu'il n'avait pas encore vraiment réalisé qu'ils allaient se retrouver bien au-dessus du plancher des vaches et que, s'il nageait comme un poisson, il aurait du mal à apprendre à voler comme un oiseau. Haussant les épaules avec insouciance - de toute façon, il ne comptait pas passer par dessus bord et se pensait assez habile pour éviter une telle maladresse, il rassura son futur chef d'équipage par un petit sourire avant de disparaître. Il devait être remonté à bord du "Souffle du Rorqual" avant la nuit et ne tenait pas à être en retard, histoire de ne pas en indisposer le capitaine dont il souhaitait la compréhension.

Le matin suivant, alors que Tijak effectuait son service habituel, il se vit appeler sur la passerelle, convoqué par le capitaine, et prit juste le temps de se mettre en tenue correcte avant de se présenter. L'appréhension naturelle d'être convoqué par son supérieur se mua en inquiétude lorsqu'il vit le visage sévère de l'homme alors qu'Arzhaelig se tenait en retrait, l'air impassible. La gorge sèche, le gamin écoutait le sermon, justifié en soi, et sentait sa nervosité croître, de plus en plus persuadé que la demande venait d'être rejetée, avant de réaliser que le marin le mettait en boîte et que sa demande de transfert avait déjà été actée.

- Oh, merci, cap'tain, s'exclama-t-il avec une reconnaissance non feinte. C'est ici qu'j'ai tout appris et j'vous promets qu'on aura pas à s'plaindre de moi... Et, merci aussi, captain, j'vous décevrai pas...

Ces dernières paroles s'adressaient naturellement au barde qui avait tenu la promesse non faite. La reconnaissance n'était pas un vain mot et l'enfant allait réellement faire de son mieux pour se montrer digne de la confiance qui lui était faite.

Les affaires du mousse pouvant encore rester à bord du "Souffle du Rorqual" le temps qu'il faudrait, Jakelm suivit immédiatement Arzhaelig, fier de pouvoir accompagner l'homme dans ses futures démarches. Les bureaux de la Compagnie du Poing de la Mer étaient vraiment tout près mais le barde eut le temps de glisser quelques explications. Les yeux du mousse brillèrent d'excitation à cette annonce. Il avait naturellement entendu parlé du "Protecteur", navire disparu puis retrouvé dans des circonstances étranges et possédant, depuis, une aura d'angoissant mystère. Mais tout cela n'était que superstition de marins que Tijak balayait avec insouciance. Si Plume n'y prêtait pas attention, ce n'était pas le gamin qui allait s'en inquiéter.

Au début de la visite, il resta d'ailleurs sagement en retrait, ne perdant néanmoins pas une miette des tractations. Ce ne fut qu'à bord que l'enfant s'anima, sa spontanéité reprenant le dessus. Faisant courir la main sur le bois du bastingage, il lui semblait ressentir l'âme du navire. Sans vraiment réfléchir, sous l’œil amusé des adultes, il empoigna un cordage et commença à grimper dans les gréements, la sûreté de ses gestes trahissant une longue habitude de cet exercice.

Ainsi suspendu, il écoutait la suite de la conversation et faillit tomber de son perchoir en entendant le prix demandé. Dix milles pièces d'or ? Se pouvait-il que quelqu'un possédât une fortune pareille ? L'aventure n'allait-elle pas se terminer avant même d'avoir commencée ? Avec appréhension, Tijak suivait l'âpre marchandage qui venait de s'engager. Les yeux mi-clos, il suppliait Valkur de leur donner un coup de main et, tant qu'à faire, il associait aussi Waukeen et Tymora dans ses prières...

Metzli avait souri et déclaré à Serana :

- Très bien, je vais aller chercher de quoi me vêtir en espérant trouver quelque chose qui soit à la fois chaud, peu entravant et élégant. Ça s'annonce compliqué mais, à Eauprofonde, rien n'est impossible!

Elle se recoiffa coquettement avant d'ajouter :

- Je vais jeter un œil dans ma documentation mais l'étude n'a jamais été mon fort, je ne vous promet rien. Si vous êtes à la recherche de magiciens expérimentés, j'ai eu la chance de croiser Siliis en ville, il y plusieurs mois de cela. Elle est très talentueuse et accepterait peut-être de vous suivre ou de vous confier un élève prometteur. Si vous n'êtes pas trop pressés de partir, il y a aussi un très puissant mage du nom de Phinéas qui est installé à quelques jours de marche d'ici ; il pourrait peut-être vous aider à vous préparer...

Ce disant, la jolie ensorceleuse prit congé de son interlocutrice tandis que celle-ci poursuivait ses discussions avec d'autres candidats.

Vibhishana

- Naturellement ! Je me propose de vous dessiner une carte de la côte de la région d'Eauprofonde que j'ai eu le loisir d'étudier ces derniers mois. Laissez-moi un jour ou deux et je reviendrai vous voir avec une preuve de mes talents. Que les dieux vous protègent! -------------------- Cet homme au teint légèrement basané, rasé de prêt, porte un étrange turban sur la tête et semble transporter quantité de cartes, de compas et de globes dans ses paquetages. Ses manières sont raffinées et il s'exprime, d'un ton toujours égal, avec un léger accent durpari.

Tandis que Vibishana s'éloignait à son tour, Chéréas se permit une réponse quelque peu impertinente :

Chéréas

- Si vous avez une baliste dans votre chambre ou dans la poche de votre manteau, je me ferai un plaisir de vous faire une démonstration de mon savoir-faire! Il pouffa à sa propre plaisanterie : - Plus sérieusement, je serais bien en peine de vous fournir une lettre de recommandation en temps et heure : je n'en ai pas sur moi et Padhiver et la Porte de Baldur sont bien trop loin pour que je fasse l'aller-retour. Il haussa les épaules avant d'ajouter : - Si vous voulez me voir à l'oeuvre, vous n'avez qu'à me contacter lorsque vous disposerez d'un navire armé. Je me ferai un plaisir de vous montrer de quoi je suis capable. Il griffonna quelques mots sur un bout de parchemin qu'il tendit à Serana : - Vous pourrez me contacter à cette adresse, si le cœur vous en dit! D'ici là, portez-vous bien, ô mystérieuse et intraitable employeuse! -------------------- Cet humain paraît étonnamment jeune pour les états de service qu'il présente mais son assurance et son regard franc ont quelque chose de rassurant.

****

Comme il l'avait promis, Vibhishana fit parvenir à Serana une carte richement ornée représentant les côtes environnant Eauprofonde. La réalisation semblait sérieuse et précise à première vue mais il semblait difficile de déceler d'éventuelles erreurs pour qui ne connaissait pas parfaitement les rivages de la région. Il était étonnant de constater que la carte avait été enjolivée, sur ses bords, à l'aide de nombreux motifs imaginaires : créatures marines, motifs floraux et arabesques avaient été peints avec beaucoup de soin, quoique dans des couleurs quelque peu criardes.

Chapitre précédent.

« mpatience.
Tel était le meilleur mot pour qualifier l'ambiance des derniers jours avant le départ. Tout semblait fin prêt : les aventuriers avaient acheté un navire qu'ils avaient acheté et équipé de tout le nécessaire : équipement, mobilier, provisions, et même d'un peu de superflu. L'équipage avait été recruté, constitué pour la plus grande partie des marins compétents. Il avait été assaisonné de quelques experts tels qu'Eroan pour la vigie, Vibhishana pour la cartographie, Barvar pour la cuisine, Granit le bosco ou encore Bruce Kar-Naagh. Enfin, le recrutement avait même attiré quelques amis, comme Jakelm Fileyeur, dit «Tijak», ardent dans son rôle de mousse, ou Metzli Arnesen, la magicienne de bord.

Le matin du jour convenu, tout le monde était au grand complet pour le départ du Protecteur, navire miraculé d'une mystérieuse expédition, levant l'ancre pour une autre, non moins mystérieuse. Sous le commandement du capitaine Arzhaelig Tenedor et de son officier Serana, quelles vagues secrètes allaient le pousser vers l'horizon et même, si la magie tenait ses promesses ... au delà ?

Enfin, quand tout fut prêt, retentit le cri tant attendu :

- « Larguez les amarres ! »

Tandis qu'Eauprofonde et la Côte des Épées s'éloignaient peu à peu, la houle et le vent du large prenaient peu à peu de l'ampleur, propulsant le navire de plus en plus vite, gonflant les voiles, emplissant les poumons et le cœurs, peut-être oppressés par des semaines de vie citadine.

Chacun avait pris ses quartiers dans le navire tout juste rénové, dont les planchers des ponts et certaines cloisons sentaient encore le bois neuf. L'équipage s'activait presque comme du papier à musique sous le commandement du bosco, Granit le goliath, qui lançait ses ordres ferme et précis aux marins. Serana et Arzhaelig avaient donc quelques instants de répit.

Accoudé au bastingage, Plume Chantevent se souvenait de sa conversation de l'avant veille ...


Arzhaelig (flashback)

L'armateur de la Compagnie du Poing de la mer avait été payé d'un gros sac de pièces de platine par une Hermine qui accusait la fatigue. Ses yeux cernés et sa voix plus rauque qu'à l'ordinaire attestait de journées plus longues qu'elles ne l'aurait du. Une fois les papiers de transfert et le titre de propriété en leur possession, Plume et Sirène prirent congé du marchand de navire et s'engagèrent sur la voie du poisson. De là, les deux compagnons obliquèrent dans la rue des entrailles avant de tourner dans l'allée de Lliira.

Hermine

- Oui, Plume : je nous fais touяneя en яond, navяée. La jeune femme avait chuchoté son aveu mais, malgré les bruits ambiants du quartier des docks, l'homme l'avait entendu avec clarté. Ce bon vieux sort de Message ... Que craignait son amie ? « Avant de paяtiя, je dois t'avoueя quelque chose. Au sujet de notre trône, le Timon. Quelque chose que je ne peux -que je ne veux confieя qu'à toi, mon vieil ami. Il y a un pяix à payeя pouя les immenses pouvoiяs de cet aяtefact. D'apяès ce que j'en compяends, quiconque y pяend place peut faiяe navigueя le naviяe à des vitesses ahuяissantes, suffisantes pouя atteindяe même des astяes éloignés. Ça, tu le sais, je te l'ai déjà dit. Cependant ... Si seuls les lanceuяs de soяts peuvent le faiяe, c'est paяce que le Timon aspiяe, se nouяяit de leuя magie. Le pilote de notяe naviяe peяdяa donc toute capacité à lanceя des soяts. » Tout en parlant, la Nordique cheminait sans but à travers les ruelles, jetant des coups d'œils de tous cotés, devant et derrière, mais en semblant soigneusement éviter le regard d'Arzhaelig. - Je ne veux pas t'imposeя ça, pas apяès ce que tu as tяaveяsé. Tes blessuяes, ta mémoiяe ... Et puis ... ta magie, la musique, est plus belle que la mienne. En fait, je ne veux imposeя ça a peяsonne. Mais moi, sans magie, je suis quoi ? J'ai encoяe mon épée, mes deux yeux, et tяois bons kilos de ceяveau. Je ne suis pas sans défense. Au milieu d'une ruelle anonyme plongée dans l'ombre du jour déclinant, Sirène stoppa soudain sa marche, et plongea ses yeux d'émeraude dans ceux de Plume. Ses cernes ne voilaient aucunement la détermination qu'il pouvait y lire. - Je pяendяai donc place suя le Timon. Pouя appяendяe si d'autяes mondes flottent suя la Meя de Nuit, pouя appяendяe d'où je viens, je suis pяête à en payeя le pяix. Son regard se fit légèrement implorant : « Mais ne le dis à peяsonne, d'accoяd ? Je ne veux pas qu'on appяenne mon état de faiblesse. Caя si tu peяds ta navigatяice, que feяas-tu ? Penses-y avant d'écяiяe ta pяochaine chanson ... » -------------------- Métis humaine de taille légèrement supérieure à la moyenne, Hermine a la peau sombre et des yeux d'un vert profond. Les décisions qu'elle a du prendre ces dernières semaines semblent l'avoir autant renforcée qu'affaiblie.

Le regard d’Arzhaelig se perdait dans l’onde. De temps en temps, il clignait des yeux, pour leur éviter une goutte d’eau salée de trop.

- Serena, je vais en profiter pour nous faire gagner un peu de temps. As-tu déjà entendu parlé des Chantevents ? Presque tous les navires de Féérune ont leur Mage, mais nous sommes bien moins nombreux à gonfler les voiles. C’est un Homme-Sirène de notre belle cité d’Eauprofonde qui m’a appris à parler aux Vents, c’est quelque chose d’extraordinaire en soit, et qui transforme fondamentalement la navigation. Jamais de vent de face, un meilleur vent dans les voiles, même les tempêtes se calment quand on apprend à leur ‘parler’. C’est ... ce que je préfère lorsque je navigue.

De sa main de bois, le barde décrochât la flute enchantée de sa jambière.

- Plus loin, ça ne nous servira plus à rien mais ici ... tu me diras ce que tu en penses. Granit ! Vent d’un quart d’Est !

Un sourire ourla les lèvres du barde jusque-là perdu dans ses pensées. Son regard d’acier se faisait plus clair, parfaitement serein, et dès la première note, Serana put sentir le changement d’abord subtil puis parfaitement perceptible. Le vent ‘tournait’ pour eux, gonflant les voiles plus fort qu’il ne le faisait juste avant. C’eut pu être un hasard, ou une simple préscience due à l’habitude de la navigation mais le changement était tellement rythmé par la musique de la flute qu’il lui plairait de croire qu’il n’en était rien.

Arzhaelig utilise une de ses Musiques de Barde journalière pour utiliser son don de Chantevent

Flashback

Plume connaissait très bien Eauprofonde et ses ruelles, il avait directement compris que l’itinéraire que prenait son amie ne menait nulle part et qu’à défaut de ‘destination’, c’était le trajet qui comptait. Marcher, dans des ruelles, des allées, au milieu des habitations ou des commerces.

- Les Halruéens n’ont pas trouvé mieux, même le Dragon des Arcanes s’appuyait sur l’énergie magique pour se soustraire du sol mais nous avions trouvé le moyen de ne pas nous vider de notre essence, une simple baguette pouvait fournir assez d’énergie que pour parcourir bien des lieues ... Evidemment rien de comparable avec le trajet qui nous attend ... Nous avions longtemps discuter d’une alternative. Je ne sais pas d’où m’était venue cette idée mais contraindre un élémentaire aurait pu ... bref ... nous n’y sommes plus, je n’ai pas le talent de nos maitres et aucun n’avait celui nécessaire pour cette magie élémentaire ...

A son tour, il choisit l’itinéraire. Sans le montrer, ni s’imposer, naturellement il dirigea leurs pas vers une bâtisse extraordinaire par son toit recouvert entièrement de métal. La Maison des Merveilles de Métal de l’Ordre Splendide des Armuriers, Menuisiers et Serruriers. La Forge faisait partie de la guerrière, l’enchantement de ses créations était plus que son travail –même s’il avait financé l’achat ... d’un navire ! C’était une partie d’elle ! Son sacrifice était-il nécessaire ? Il n’y avait pas de meilleur endroit dans la cité pour lui en faire prendre conscience.

- Sirène ... tes trois bons kilos de cerveau ont dû te montrer ce que tu y perdras ... Mystra et Séluné m’en soient témoins, si je n’ai pas le pouvoir de te faire revenir sur ton sacrifice, je chercherai un moyen de te permettre d’enchanter à nouveau, ici ou ailleurs. Dussé-je trouver un moyen de séduire une de ces Dames pour en obtenir les faveurs ! J’y penserai ma très chère Hermine, et garderai ce couplet secret aussi longtemps que nécessaire.

La cape azurée claquait au vent, maltraitant la broche d'argent qui la maintenait à l'armure de Serana. Elle était là, debout sur la proue, depuis que la mer leur avait accordée la paix, et que les premières opérations maritimes étaient terminés. Elle n'avait aucune expérience de commandement en mer, mais après tout, les marins eux, étaient qualifiés. Son travail, c'était que l'action soit cohérente, que le bâtiment file droit et que ses hommes ne s'entretuent pas. Du moins, ne commencent pas à jouer n'importe quoi aux dés, au moins.

C'était la première fois que la tranquillité lui était permise depuis plusieurs heures, mais elle sourit tout de même lorsque Arzhaelig lui parla. Elle le laissa finir, et ne retint pas une moue impressionnée alors que ses yeux se levaient vers les voiles. La capacité d'imposer sa volonté aux vents ! Elle avait entendu parlé des druides et des mages capables d'altérer le climat, mais là... C'était simplement un barde avec son instrument.

- Et bien... C'est impressionnant. Certains de mes co-religionnaires les plus zélés chercheraient à vous confisquer votre pouvoir, dit elle, amusée, considérant que ces pouvoirs devraient revenir aux serviteurs des dieux du vent.

Elle regarda le barde avec malice pendant un instant.

Avant de reprendre.

- Mais je ne suis pas de ceux là. Et si tu peux maîtriser les vents à haute altitude, il est possible qu'au contraire, ce soit très utile...

Enfin, il va aussi falloir que nous entérinions nos objectifs. Aller là haut est certes une fin en soit, mais il ne s'agirait pas d'aller trop loin, et de ne pas revenir... Un pas de travers entre les étoiles, et le vaisseau pourrait finir en Abeir, ou pire. Nous connaissons tout les deux les histoires sur l'ivresse de la découverte et de la puissance... Je suis peu au fait de l'architecture de la Sphère, Arzhaelig, mais je sais ce que l'ont pourrait trouver dans les recoins les plus éloignés de l'infini, dit elle avec sérieux.. Alors il ne s'agirait pas de manquer notre cap.

Elle sourit à nouveau.

- Ah, et, c'est Serana, avec deux "a". A moins que tu ne veuilles que je t'appelles Arzhaelog, ou Arzhailug, conclut elle avec amusement.

Perché dans la mâture, Jakelm aidait à la manœuvre, obéissant sans hésitation aux ordres de Granit, le bosco. Le gamin n'avait pas tardé à comprendre son erreur initiale lorsqu'il avait attribué cette fonction à Serana, cette dernière étant de toute évidence le second du bâtiment. Le poids plume du mousse l'avait désigné d'office pour se trouver tout à l'extrémité de la grand-vergue, dénouant les rabans afin de larguer les voiles. Ses pieds nus solidement posés sur les cordages, le garçon était parfaitement à son aise et savait exactement ce qu'il avait à faire tant sa formation de gabier à bord du Souffle du Rorqual avait été poussée. Vêtu seulement de sa culotte de toile, il sentait la douce chaleur du soleil lui caresser les épaules tandis que le vent lui fouettait le visage.

Le Protecteur fendait les flots, ravi apparemment de reprendre du service, et embruns projetés volaient haut, jusqu'à atteindre par moment les marins placés dans les gréements. Au milieu de tout cela, Tijak arborait un large sourire et abattait largement sa part de travail. Certes, l'enfant était moins robuste que ses camarades de bord et aurait certainement besoin d'un temps plus long de récupération mais, pour le moment, il se donnait à fond, haletant sous l'effort et contractant ses muscles pour que la toile ne se déroulât pas trop vite.

Il serait bien temps, après le départ, de regagner le poste avant où le mousse avait pu tendre son hamac auprès de ceux des membres d'équipage et laisser le coffre contenant ses maigres possessions. Parmi ces dernières, il n'était pas peu fier du nouvel uniforme, pour le moment soigneusement plié, qu'il avait acquis peu de temps avant leur départ. Choisi avec soin sous l’œil critique de la semi-dragonne, il alliait robustesse, élégance et confort. Son gilet bleu nuit, discrètement rehaussé par un fin liseré d'or et par des étoiles au niveau du col, était passé par les mains expertes d'Hermine, constituant ainsi un cadeau inespéré pour l'enfant, lequel entendait bien s'en montrer digne.

Pour le moment, l'heure était à la manœuvre d'appareillage et Jakhelm observait, du coin de l’œil, les silhouettes d'Arzhaelig et de Serana, capitaine et second, côte à côte à l'avant du navire. Incongrue dans le rugissement du vent, une petite musique aigrelette se mit à accompagner un léger changement de cap alors que les voiles se gonflaient subitement. Les éléments, semblant obéir aux ordres de la flûte, propulsaient le bâtiment dans sa course vers le grand large.

Grisé par le sursaut de vitesse qui faisait voler ses cheveux rebelles, Tijak poussa un hurlement où joie et d'excitation se mêlaient, s'attirant les regards amusés des différents adultes :

- Yipeee !!! Vers l'infini et au-delà...

Slogan tellement percutant qu'il serait certainement copié et repris par d'autres dans les différents univers connus et à découvrir...

« amais, de mémoire de marin, on n'avait vu un navire filer aussi vite sur l'onde.
Dansant gaiement au son de la flûte de Plume, le vent permit au bateau de s'éloigner des voies de navigation habituelles des bâtiments de commerce qui quittaient Eauprofonde. Ses voiles gonflées par les vents, Le Protecteur fendait les vagues de la Mer des Épées, pour se diriger à vive allure vers la zone de décollage que les aventuriers avaient définie.

L'équipage n'en croyait pas sa chance de profiter ainsi de la bénédiction d'Akadie et de Valkur. Serana, elle, savait que la chance résidait tout autant dans la mystérieuse magie de leur capitaine.
S'activant tant des les gréements que sur le pont, l'équipage s'attela toute la journée à la manœuvre, sous la houlette attentive de la demie-dragonne et de son bosco, Granit. Tant et si bien qu'avec plusieurs heures d'avance, ils arrivèrent aux coordonnées voulues. Ils avaient prévu d'y arriver qu'en milieu de nuit, mais celle-ci était encore toute jeune lorsque tout fut prêt ...


Pont inférieur - Salle du Timon
Arzhaelig

Le moment était venu.
Un mois durant, Sirène avait étudié le mystérieux trône sous tous les angles. Même ainsi, elle n'avait pas levé le voile sur tous ses mystères. Cependant, elle en savait assez pour comprendre la plus grande partie de ses pouvoirs. En particulier, elle était capable de mener le rituel permettant de lier l'artefact à un navire. Par précaution, et puisque celui-ci était relativement rapide, elle avait préféré attendre d'être prête à décoller pour le mener.

Arzhaelig, toujours intéressé par les mystères magiques, avait tenu à y assister. Tout en chuchotant pour rester concentrée sur le rituel, son amie lui expliquait les tenants et aboutissants de la procédure.

Deux hexagrammes avaient été tracés à l'aide de matériaux spécialement préparés. Le premier, d'à peine deux pieds de diamètre, accueillait l'un après l'autre quelques éléments du bateau : un fragment de cordage, un morceau de voile, une écharde de l'âme du bateau, le plus vieux clou de sa coque. De par la loi de contagion magique, ces liens matériels représentaient le Protecteur dans son entiereté.

Redirigées par la psalmodie mystique, les énergies magiques s'écoulaient du premier cercle vers le second. Plus large, celui-ci entourait le Timon. À l'issue du rituel, le pilote qui prendrait place sur le trône deviendrait capable d'étendre ses perceptions à tout le navire, pouvant ainsi le faire voler par la pensée. Pour un prix ...

Le rituel en passe de se terminer, tout en laissant poindre une certaine méfiance, Sirène s'assit sur le Timon.

Hermine

- Avant, aяяièяe, bâboяd, tяibord, haut, bas, chuchota-t-elle en fermant les yeux. « Six diяections. Deux hexagяammes, trois espяits qui ne deviennent qu'un, en libeяté totale au sein de la sphère ... D'un instant à l'autяe, nous ... » -------------------- Métis humaine de taille légèrement supérieure à la moyenne, Hermine a la peau sombre et des yeux d'un vert profond.

Elle n'eut jamais l'occasion de terminer sa phrase.


Pont inférieur - Quartiers de l'équipage
Serana

Après leur première journée de labeur, la plus grande partie de l'équipage était réunie dans ses quartiers. Compte tenu de l'aspect unique de l'expédition dans laquelle ses membres s'étaient embarqués, l'ambiance était relativement bonne. Au cours de la soirée, Serana avait eu un peu de temps pour faire plus ample connaissance avec son équipage. Une chance supérieure à la moyenne au jeu et une ou deux démonstrations de force semblaient lui avoir assuré le respect de ses hommes.
Sous la surveillance vigilante de leur officier, certains marins jouaient maintenant aux cartes ou aux dés, tandis que la plupart se reposaient dans leur couchage. Deux d'entre eux avaient sorti qui un accordéon hors d'âge, qui un crin-crin pourri, et un troisième poussait une chansonnette heureusement relativement discrète.

Soudain, l'enfer se déchaîna.


Gréements - Vigie

Comme tous les membres de son peuple, Eroan avait entamé il y a quelques mois sa Marche aux Quatre Vents, afin d'acquérir connaissances et expérience, avant d'être en âge de savoir voler et devenir un véritable guerrier. Pour le jeune raptoran, son rite d'initiation avait pris un tour inattendu lorsqu'il s'était engagé sur ce navire. Inattendu, mais pas indésirable, car cette opportunité lui permettrait apparemment de voler plus haut dans les cieux que ne l'avait jamais fait aucun raptoran. En conséquence, il prenait son poste de vigie avec le plus grand sérieux, scrutant l'horizon avec ses yeux de rapace qui ne cillaient pratiquement pas.

La nuit venait de tomber. La fin de journée s'était avérée grise et maussade. Voilà une petite heure, le brouillard s'était levé, devenant rapidement de plus en plus épais. En plus, à en juger par le tonnerre qui grondait et les quelques éclairs dont la luminosité perçait les lourds nuages, l'orage couvait. Néanmoins il restait là, perché en haut du plus haut mât, observant en silence, emmitouflé dans un plaid.

Soudain, il se redressa. Qu'avait-il vu, ou cru voir, au loin ?
C'était difficile à dire, avec le brouillard. Ses yeux exceptionnels devinaient les contours d'une petite île isolée, au loin. Un instant, il avait cru y discerner une silhouette humaine. Mais avec la distance, même avec sa vue, c'était impossible ! Perdu, il laissa son regard dériver un instant en contrebas, vers le pont supérieur ...

... Et son sang se glaça.

Pont supérieur
Jakelm

Toute la journée, le jeune Jakelm avait effectivement accompli plus que sa part de travail. L'enthousiasme de sa jeunesse, alliée au désir de faire ses preuves, lui avait permis de faire excellente impression sur les marins du pont. Tout fier dans son nouvel uniforme, le jeune Thétyrien avait aidé à hisser les voiles, enroulé et déroulé un nombre inombrables d'amarres et même fait étinceler une partie du pont.

Vautré dans une meule de cordage, il avait depuis longtemps oublié les monstres géants de la carte de Vibhishana. Maintenant, il profitait simplement de ce début de soirée, admirant le firmament, se demandant avec une curiosité et une impatience toute enfantine s'il lui serait vraiment possible de tutoyer les étoiles tout là-haut, et si c'était pour bientôt, et si ...

Soudain, au dessus de lui, un cri retentissant déchira la nuit :

Eroan

- Aleeerte ! Des géants !!! -------------------- Cet humanoïde gracile aux ailes de plumes est la vigie du Protecteur. La panique se lit dans sa voix. À juste titre !

Tous


Arzhaelig, Force: 15(d20) + 1 = 16 vs DD15 ... Réussite: reste debout.
Serana, Force: 19(d20) + 5 = 24 vs DD15 ... Réussite: reste debout et peut se déplacer sans problème.
Metzli, Force: 12(d20) - 1 = 11 vs DD15 ... Échec: projetée à terre (aucun dommage).
Jakelm, Hermine : déjà assis.
Les PNJ restants, Force : Échec automatique (#flemme #handwavednpc): considérés à terre.

Attaquant le Protecteur par le dessous, un immense géant mauve jaillit des eaux, la barbre ruisselante. Il se saisit de l'avant du navire et, d'un prodigieux coup d'épaule enchainé d'un coup de poing qui emporta un morceau du gaillard avant, l'envoya valdinguer un peu plus loin. Enfin, un peu plus loin ... pour le géant, qui était en train de dégainer une épée d'une taille à sa mesure : géante. À bord de ce qui semblait réduit à une coquille de noix, les simples membres de l'équipage d'une taille parfaitement normale furent, eux, paniqués et brinquebalés dans tous les sens. Qu'ils soient sur le pont supérieur ou dans les sections inférieures du bateau, la plupart de ceux qui étaient encore debout furent mis à terre. Plusieurs dormeurs furent jetés à bas de leur couchage, étourdis autant par le choc que par le réveil brutal, tandis qu'un peu partout dans le navire, de nombreux objets les suivaient dans leur chute, produisant un fracas monstre. Fidèles à leur stature d'officiers de commande, seuls Serana et Arzhaelig restèrent solides sur leurs jambes, rares éléments stables au milieu du chaos soudain ; mais, bien qu'ils aient pu entendre le cri d'alarme d'Eroan, depuis l'intérieur du navire, il n'avaient qu'une vague idée de ce qui arrivait. Tout ce qu'ils sentaient, c'était que le Protecteur, emporté par son élan, tanguait, tournait sur lui-même autour de l'axe de son mat, tendant à propulser hommes et objets contre chacun des murs, l'un après l'autre, comme s'ils se trouvaient tous prisonniers des entrailles d'une toupie géante.

Dans une telle situation, qu'allaient bien pouvoir faire nos aventuriers ?



Ce message a été modifié par Hermine le Dimanche 09 Décembre 2018 à 07h34

À l'excitation et l'activité intense du départ avait succédé une phase de routine bien ennuyeuse et Tijak rêvassait sur le pont, affalé au cœur d'un cordage soigneusement lové dont il avait fait une couchette improvisée. Le gamin avait hâte d'assister à l'envol de leur vaisseau, événement qui, à n'en pas douter, allait rompre la monotonie de leur navigation.

Pour le moment, il appréciait simplement ce moment de calme, laissant son regard courir sur les étoiles qui commençait à poindre et se demandant intérieurement sur ce qui pouvait bien s'y passer. Se pouvait-il que sur l'une d'entre elle, un jeune mousse lève également les yeux vers le ciel et se pose les mêmes questions ? Ne serait-ce que pour essayer de rencontrer cet alter-ego, Jakelm était impatient de s'élancer à la rencontre de Sélune.

Mais, pour le moment, il n'y avait rien à faire sinon flemmarder et le jeune garçon en venait presque à regretter que le voyage fût si calme. Alors qu'il se faisait cette réflexion, le cri strident de la vigie se fit entendre et il se sentit brusquement ballotter dans tout ses sens, perdant pour quelques secondes tout sens de l'orientation. Son corps décolla même sous l'effet du choc et retomba au milieu des cordages dans lesquels il s'empêtra partiellement.

Le temps de retrouver son souffle, le mousse se redressa et repoussa les amarres qui tendaient d'entraver ses mouvements. Instinctivement, ses réflexes de (jeune) marin prenaient le dessus, le faisant agir et empêchant, dans un premier temps, la peur de le paralyser. Ce qu'il vit alors lui glaça le sang, un géant, de la taille d'une véritable montagne, se jouait du Protecteur comme si ce dernier n'était qu'une vulgaire coquille de noix. Pire encore, il semblait bien que d'autres créatures, semblables à lui, convergent vers eux.

Vite, il fallait informer le capitaine de ce danger. Lui, il saurait quoi faire face à cette menace bien que Tijak ne voit pas trop comment combattre de tels monstres. La fuite, si elle était encore possible, semblait être la meilleure solution.

Bondissant sur ses pieds en tendant de garder son équilibre, le mousse essayait d'apprivoiser la trajectoire désordonnée du navire.

- Eoran, hurla-t-il à l'attention de la vigie. C'est quoi qui y'a encore derrière ?

Sans vraiment attendre de réponse, le gamin s'élança en souplesse sur le pont, disparaissant par l'écoutille la plus proche vers le pont inférieur, surgissant dans le quartier de l'équipage.

- Alerte, des géants, cria-t-il en arrivant. Puis, remarquant la présence de Serana, il ajouta très vite : "Lieut'nant, y'a un géant tout violet qui nous a frappé. J'crois bien qu'y'en a d'autre derrière. J'vais prév'nir le cap'tain...

Utilisant les mouvements chaotiques du bateau pour avancer, rebondissant avec vivacité sur les cloisons pour aller de l'avant, Jakelm poursuivit sa course folle, s'engouffrant dans la coursive la plus proche pour rejoindre la salle du Timon et y faire son rapport.

Utilisation des compétences Agilité et Profession (marin) pour éviter de faire tout ce trajet en glissant sur le ventre...