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La Confluence des Chants, Vëla & Aël’Telàwërith
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Conteur des étoiles
Chambre 3
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Le vent se tut. Un frisson parcourut la voûte des arbres géants, et la forêt sembla basculer dans un état d’écoute. Le fleuve ralentit sa course, comme retenu par une main invisible.
Là où le Thimaeron s’était immobilisé, un halo se forma sur les eaux, pâle et mouvant, semblable à la surface d’un miroir troublé par une onde venue d’ailleurs. Aël’Telàwërith sentit la vibration du Chant s’intensifier, puis se scinder — deux harmoniques distinctes, deux voix qui se cherchaient à travers la trame du monde.
La première était ancienne, elfique, tissée de lumière et de mémoire. L’autre… plus jeune, plus ardente, forgée dans le feu d’une foi indomptable. Et soudain, ces deux voix s’accordèrent, ne formant plus qu’une seule mélodie.
Les marins elfiques levèrent les yeux, frappés d’un respect instinctif. Seledra elle-même recula d’un pas, la main posée sur son cœur. Le prêtre-mage, lui, ferma les paupières : il savait. Quelqu’un, quelque part en amont du fleuve, venait d’ouvrir une voie.
Sous la surface, Ry émit un grondement sourd. Le familier avait perçu une brisure dans le flot magique — une faille d’où s’échappait la lumière. Puis, lentement, un cercle apparut au centre du courant, formé de reflets entrelacés. Les symboles d’une rose et d’un croissant d’argent y scintillaient brièvement avant de se dissoudre dans les remous.
Le cristal du prêtre-mage vibra à nouveau. Cette fois, l’écho n’était plus lointain. Une silhouette avançait sur la rive — blanche, auréolée d’une clarté mouvante. Ses pas semblaient suivre le Chant lui-même.
À quelques portées d’arc plus haut, Vëla de Torm marchait sur la berge de la rivière sacrée. La lumière filtrant entre les branches dessinait sur son armure des éclats d’or et de cuivre. Chaque pas l’amenait plus près du murmure qu’elle avait entendu depuis Daranthil : un appel qui n’était ni prière ni oracle, mais résonance.
Elle le sentit avant de le voir : une présence, semblable à une étoile vivante, tissée d’anciens serments. Le même Chant qu’elle, mais chanté dans une autre langue.Et lorsqu’elle leva les yeux, le Thimaeron se dessina enfin entre les troncs, un grand navire elfique aux voiles abaissées, immobile dans le silence du fleuve.
Les regards se croisèrent. Entre eux, les flots se mirent à luire, comme si la rivière elle-même reconnaissait ses enfants. Deux âmes portaient désormais la même vibration, celle du Souffle du Monde et d'une Rose qui veille.
Une dernière onde parcourut le Cormanthor, s’éteignant en une pulsation unique : le Chant venait de trouver ses deux voix.

Mes PJs : Azur'ael, la gardienne des mystères ; Shalan le chevalier de la Seldarine ; Kuan Shen-li, l'archer spirituel MG : Tenavril, Haut Dracosire de l'Œil du Dragon
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Soeur-Ours
Chambre 36
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Sa marche des ondes lui faisait découvrir un autre pan de son être, une face encore jamais égalée dans ses espoirs multiples qui au long de son avancé vers le centre de son cœur, ne lui permettait pas d’échouer. Il n’y avait pas de poids sur ses épaules ni dans son esprit, juste une danse mélodieuse qui l’entrainait là où elle devait être; le plus beau sentier qu’elle n’avait jamais encore foulé resplendissait d’inconnu fort en symbole et lourd de responsabilités, elle était exactement au bon endroit, au bon moment. Vëla sentait en elle qu’un cycle puissant était en œuvre et ce n’était pas celui du crépuscule. Sa propre lumière aussi puissante le croyait-elle, n’était qu’une étincelle et l’ex-folle de Torm en était persuadé, un rien l’éteindrait, il suffisait d’une ombre et elle ne deviendrait qu’un souvenir parmi les oubliettes, cependant, la fille de Valor avait une piété inégalable, forgée dans l’essence pure d’une conviction à toute épreuve, car la jeune femme de la Rashéménie ne connaissait que trop bien ses faiblesses et celles-ci était sa plus grande force.
Le vent laissait le silence devenir l’honneur du moment. Jamais de son existence, la nature ne lui était apparue aussi grandiose et souveraine. Elle respirait par les pores de sa peau tellement la symbiose qui s’opérait en elle et a l’ensemble des lieux était un émerveillement. La berge splendide devenait l’instrument dans lequel elle faisait partie intégrante. Murmurant doucement entre les intonations limpides, Vëla envoyait à Élion d’Alusaire une caresse fantomatique, elle y déposait un baisé pieu dans ses murmures et propulsait son bien-être à celui qui lui avait donné force, courage et raison. Ayant toujours été présent dans son absence, l’aasimar, chevalier de Heaum, était une part de sa sapience et tant que ses pensées le côtoyaient, elle vaincrait. *Houra.* Entendit-elle au même moment, lui faisant monter les commissures. Soudain, ce qui se répercutait dans son esprit, dans son cœur et dans son âme devint une réverbération, sentant en elle une vibration identique à la sienne, néanmoins d’une résonance plus ancienne, plus ajusté digne d’une antique féauté. Quand la jeune femme de l’Ordre du Corbeau leva les yeux, ce fut comme une épiphanie, une réunification d’un monde fracturé. Un véritable vaisseau elfique, là, dans cette dense et luxuriante forêt du Cormanthor. Ne voulant pas transgresser les lois immémoriales, ses yeux se fermèrent et sa tête s’abaissait légèrement. Au travers de ses paupières fermées, l’éclat des flots flamboyant lui prouvait qu’elle avait atteint l’autre voix. Une larme sans eau, d’un sel purificateur scintillant des couleurs multiples de l’opale, coulait sur sa joue droite. Une brise parsemait alors ses spores salines de vérité qui chantait maintenant à l’unisson dans cette lumière nouvelle et céleste. Une union naquit de ce tissage sonore. Vëla de Torm pliait alors un genou, sa main droite sur le cœur et l’autre levé vers le navire, puis toujours les yeux fermés, n’osant corrompre l’instant de son regard impur, modeste, elle psalmodiait ses salutations…
- Que la lumière sans fin, née du premier matin, trouve en vous son éclat, et que mes pas soient jugés dignes de s’approcher. -
À ces mots, elle attendit non pas une réponse, car c’était un moment de mémoire et foi, de lumière et de souffle, elle respirait simplement le moment de grâce qui lui était offert.

Je suis la chevalière Solitaire, non pas par peur des humains mais par respect des humains, par respect du silence des humains, par respect de l'intégrité des humains. Je m'achemine jour après jour vers le temple de mon coeur et le soleil s'y trouve, s'y féconde la Rose qui se déploie Chevalier d'O. Je regarde la Source, je devient Source, je coule Source... Telle est ta répétition mantrique, chevalière Solitaire. Faire quelque chose à contre-coeur c'est faire quelque chose à contre courant; alors que être au coeur des Choses, c'est toujours être au courant. Fiche Vëla 1-Bénédiction*, Sacrifice divin, protection contre le mal*. 2-Éveil du péché*, Précision bénie*, Force du taureau*. 3-Soins modéré.
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Seigneur de Mythdaë
Chambre 7
2 gemmes
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La tâche se révéla plus ardue qu’on aurait pu l’imaginer de prime abord. Assis en tailleur à la proue, les yeux clos, Aël’Telàwërith se contraignait à un effort d’une nature si subtile qu’il lui coûtait davantage que les plus redoutables des incantations. Depuis leur entrée dans cette portion de rivière noyée sous la voûte végétale, il n’avait cessé de chercher à comprendre, interpréter, déchiffrer. Il avait interrogé le Chant : sa source, son intention, son rythme, ses dissonances.
Mais maintenant il le savait : il était allé dans le mauvais sens. Il lui fallait non pas raisonner… mais cesser de raisonner. Il fallait au contraire lâcher prise.
Il inspira lentement, profondément, et laissa le souffle s’écouler hors de lui comme on laisse s’écouler un souvenir ancien. À chaque expiration, son esprit se délestait, s’assouplissait. Les couleurs mentales s’estompaient, les pensées se déliaient. Il ne cherchait plus à saisir le Chant. Il se laissait atteindre par lui.
Le Chant, alors, cessa d’être une énigme. Il devint présence.
Une présence teintée d’une dualité irréductible : une harmonie qui ne demandait qu’à se reformer, mais dont les deux voix demeuraient encore en tension. Elles se cherchaient. Elles se reconnaissaient. Elles se frôlaient — comme deux sphères de lumière tournoyant dans la nuit de l’esprit, s’approchant jusqu’à effleurer leur aura avant de dériver à nouveau — seulement pour mieux revenir l’une vers l’autre.
Puis une ombre mouvementée vint briser cet état suspendu : le léger clapotis de l’eau où dansaient maintenant des éclats irisés et les murmures de l’équipage face à cet étrange phénomène. L’appel télépathique de Ry, sous la forme d’une loutre plongée dans les flots, acheva de le ramener au monde des sens.
Aël’Telàwërith ouvrit les yeux découvrant le spectacle féérique qui entourait le navire.
La rivière semblait maintenant porter une lueur intérieure, une clarté douce, filtrée par les eaux calmes. Une fracture magique, dit Ry. Une faille dans l’épaisseur même du monde, d’où se déversait cette lumière fluide — pareille à un souvenir d’aurore oublié par le temps. Peut-être un passage. Peut-être un seuil.
Une Rose et un Croissant d’Argent, indiqua la voix mentale du familier.
Alors tout prit forme. Les deux voix du Chant. La Rose Noire. Et lui-même, le Porteur du Croissant de Lune.
Comme sa main glissait instinctivement vers la marque sacrée qu’il portait à la nuque, le cristal du Maître des Livres Oubliés vibra. Cette fois, la vibration n’était plus discordante : elle se mêla à la mélodie. Une troisième pulsation — un pas de danse, un pont entre deux souffles. Elle ajoutait encore du chaos dans un chant déjà bancale.
Alors les lueurs de la faille s’étirèrent, formant sur les eaux un chemin scintillant, une voie d’argent les guidant vers la berge. Instinctivement le regard lavande du Seigneur de la Cité Blanche suivit le chemin lumineux qui se traçait à la surface des eaux. Au fur et à mesure que ses yeux progressaient vers la berge, les pulsations anarchiques du Chant se synchronisèrent.
Lorsqu’il posa son regard sur cette silhouette en armure étincelante, le Chant se modula finalement en une seule et même mélodie. Les deux composantes s’unissant sur la pulsation métronomique du cristal. Les Voix s’étaient enfin retrouvées et leur mélopée emplissait l’atmosphère. Imposant sa douce force, elle semblait sortir des âges et forçait le respect. Le Chant était juste et il était magnifiquement beau.
Là, dans un éclat d’armure, se tenait la seconde voix.
Une silhouette droite, entourée d’une aura de fer et de lumière. Sa présence était à la fois humble et souveraine, comme si le destin lui-même l’avait placée en ce lieu.
La Rose Noire. Elle était là.
Mentalement, le théurge mystique demanda à son familier de s'assurer des intentions de ce chevalier. Le zoomorphe sentait les gens et il ne se trompait jamais. La loutre émergea sa petite tête de l’eau et nagea vers la “Rose”.
Ry adorait être au centre des attentions, alors là... il était ravi de s’offrir en spectacle à l’étranger. La “loutre” commença par observer à partir de la rivière. Nageant sur le ventre, disparaissant pour réapparaitre un peu plus proche, basculant sur son dos. Elle s’amusait beaucoup des possibilités aquatiques de cette forme de vie.
L’individu était clairement une humaine. Elle portait le symbole de Torm. Les cheveux d’un noir profond faisaient ressortir des yeux perçants très clair. Une armure de métal et des armes de belles factures.
Ry se montra plus audacieux, et tenta une sortie de l’eau. Humant l’air en direction de la guerrière divine, elle la regardait de sa petite tête aux gros yeux attendrissants. Aucun geste agressif et aucune mauvaise intention. Le zoomorphe se rapprocha en jouant la timidité. Il était maintenant assez proche.
Ce que la loutre pouvait ressentir sur les émotions de la Chevalier ? Il y avait de l’émerveillement, un respect profond, une certaine dose de curiosité, mais ce qui transparaissait le plus c’était une aura de bonté. Il n’y avait en tout cas, rien de belliqueux chez cette personne.
Fort de ces renseignements, Aël’Telàwerith n’attendit pas plus longtemps. Le compte rendu de Ry ne faisait que conforter ce qu’il savait déjà. C’était comme si une force antique l’attirait vers cette seconde Voix.
Le message tracer par la lumière dans les eaux était suffisamment clair. Qui qu’elle fusse, Aël’Telàwërith savait que leur destinée et la suite de leur quête passait par l’ ”Ouvreuse de la voie”. La Rose.
L’elfe du Soleil avait revêtu sa tenue de voyage. Il portait sa traditionnelle chemise de maille, recouverte d’une tunique aux propriétés spéciales. A ses pieds, les fameuses Cath’Ali des Gardiens Sylvestres. Son pantalon de cuir brun et sa cape brodée du symbole de Corellon Larethian, sa arkerym battait son flanc. Affublé de la sorte, Il n’était plus réellement un souverain. Pour autant, il y avait toujours quelque chose de la noblesse elfique qui transpirait chez lui.
Aël’Telàwërith se retourna vers la Capitaine et donna ces ordres. Sa voix restait calme et posée, mais lui était agité intérieurement.- Faite mettre les coracles de combat à l’eau. Vous ferez conduire Dame Shaelara et Nuala sur la berge ! - Le Bout, prévoyez en un pour moi et notre “invité”. Puis, il pivota vers Seledra. La mine souriante et détendue, le prêtre-mage respirait la confiance. Tout allait bien, ça pouvait même en devenir suspect.
C’est alors que la chevalier de la Furie Loyale ploya le genou et adressa un signe en direction de Thimaeron. Le moment était juste. Tout était à sa place. - J’y vais ! On se retrouve sur la berge. Cette N’Tel’Quess est une combattante de Torm. Elle a déjà franchi un seuil. En revanche, une humaine en plein territoire de Semberloge... je ne sais pas si elle est inconsciente ou suicidaire. Je crois fermement que c’est la Rose. La seconde voix du Chant. Que Corellon vous garde. N’attendant guère de réponse,
Il prononça les mots. La trame du monde s’ouvrit. Une porte de lumière s’étira un bref instant. Il la franchit.
Et réapparut sur la berge, à un pied de dragon derrière la chevalier.
Il ne fit aucun geste brusque. Il ouvrit simplement ses mains, paumes visibles, offertes. Un signe universel de paix.
Sa voix fut douce, claire, presque liturgique : —                                                                                                                      Il sourit, léger, apaisé. Droit et fier, le port de tête haut, l’elfe du soleil avait toute sa superbe. Sa longue chevelure blonde encadrait le visage fin d’un elfe. Des lèvres fines, un petit né en pointe, des yeux en amande, il était le digne représentant de son peuple.— Je suis Aël’Telàwërith Eowëlathaèldir, du clan Aëryndra de Cormanthyr. À qui ai-je l’honneur, chevalier de Torm le Juste ? Son regard lavande accrocha celui, étrange et superbe, de la guerrière : un regard d’âme marquée, d’âme lucide, d’âme éprouvée. Un regard étrange car asymétrique... Ou plutôt non ! C’étaient la couleur de ses yeux qui étaient différentes. Il en avait déjà entendu parler, mais il n’avait encore jamais croisé le regard de quelqu’un frappé de cette... anomalie.
L’armure était tout à fait fonctionnelle et parfaitement entretenu, comme l’arsenal qu’elle portait. Une chose était certaine, qui qu’elle fusse. La guerrière divin n’était clairement pas une novice. Son allure, sa prestance, Ça se voyait au premier regard, ça se sentait à sa présence et on pouvait le lire dans ses yeux une certaine forme mélancolie de celle qui en ont trop vu.
Son regard lavande accrocha celui, étrange et superbe, de la guerrière : un regard d’âme marquée, d’âme lucide, d’âme éprouvée.
Elle était forte. Elle était vraie. Elle était attendue.

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Soeur-Ours
Chambre 36
Aucune gemme
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Le moment était souverain. Vëla sentit une chaleur profonde lui traverser la poitrine, comme si Torm lui-même approuvait la rencontre. Ce qu’elle entendait derrière était la voix d’un membre du beau peuple. Ses paroles étaient empreintes de sagesse et d’une noblesse divine. Sans se poser de question et sans remettre sa statue en cause, elle, vulgaire Rashéménienne rustre, laissait son cœur parler. En se relevant doucement pour que l’on ne prenne pas cette action comme un défi, sa cape noire aux reflets opale reprit place, seule la poigne d’Ô Sainte qui sortait par le col arrière restait bien visible, ainsi que sa targe de dos aussi noir que le jais. La paladin se retournait pour faire face à son interlocuteur et l’ouverture de sa cape laissait entrevoir le bas d’une fine robe de soie noire allant jusqu’au pied recouverte d’une chemise de mailles en mythral noire et superbement entretenue. Ses mains étaient recouvertes de gants d’un cuir fin noir tout comme ses bottes de confection elfique. Une magnifique broche retenait sa cape. Cette porteuse de lumière était étrangement tout habillée de noir, le tout superbement bien entretenu.
Son regard se fixait sur le front de son interlocuteur puis Vëla inclina la tête, cherchant ses mots, conscients que toute phrase mal dite résonnerait dans la trame invisible qui les entourait et d’une voix vibrante et tremblante …                                                                                                                                                                                                                                                                                       Puis elle baissait les yeux pour que les deux regards se croise, avançait d’un pas, presque militaire et en commun se présentait…-Vëla de Torm, Sœur paladin solitaire de l’Ordre du Corbeau et Sœur Ours des Marches d’Argent en sabbatique. Je parcours le chant de l’éveil qui me fait penser au frôlement d’une corde ancienne, comme si un instrument cosmique venait d’être effleuré. Ce fil ténu m’a guidé jusqu’ici, à toi, Aël’Telàwërith Eowëlathaèldir, du clan Aëryndra de Cormanthyr. Nos deux chemins, disciplines et serments, sont maintenant superposés dans le tissu du destin. Accepte mon service. – Elle restait là, immuable, attendant l’acceptation ou le refus. Avaient-ils le choix, oui, cependant pour elle ce n’était pas un choix, mais La voix.

Je suis la chevalière Solitaire, non pas par peur des humains mais par respect des humains, par respect du silence des humains, par respect de l'intégrité des humains. Je m'achemine jour après jour vers le temple de mon coeur et le soleil s'y trouve, s'y féconde la Rose qui se déploie Chevalier d'O. Je regarde la Source, je devient Source, je coule Source... Telle est ta répétition mantrique, chevalière Solitaire. Faire quelque chose à contre-coeur c'est faire quelque chose à contre courant; alors que être au coeur des Choses, c'est toujours être au courant. Fiche Vëla 1-Bénédiction*, Sacrifice divin, protection contre le mal*. 2-Éveil du péché*, Précision bénie*, Force du taureau*. 3-Soins modéré.
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Seigneur de Mythdaë
Chambre 7
2 gemmes
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La N’Tel’Quess s’exprimait dans la langue elfique avec une aisance qui forçait le respect. Ses mots glissaient avec la musicalité juste, la syntaxe impeccable… mais il manquait cette étincelle impalpable, ce souffle ancestral que seuls les enfants véritables d’Arvandor insufflaient à leurs paroles. Pourtant, la paladin de Torm parlait d’une voix emplie de sérénité, de sagesse — presque d’une délicatesse inattendue chez une guerrière bardée de fer.
Et, de fait, elle n’avait pas tort. Il y avait quelque chose.
Une poussée invisible, une volonté plus vaste que leurs petites destinées. Une force cosmique, peut-être divine, ou peut-être autre chose encore… mais indéniablement ancienne. Trop d’énergie, trop de signes, trop de convergences avaient été mobilisés pour que leurs pas se croisent ici, au milieu de cette gorge verdoyante perdue dans la forêt millénaire. Rien n’était fortuit. Certainement pas cela.
La Sœur Ours appartenait à la Compagnie des Marches — la guilde de Sundabar, jadis réputée, aujourd’hui repliée sur elle-même comme une forteresse blessée. Aël’Telàwërith connaissait bien leur histoire : la Confrérie et les Marches avaient œuvré main dans la main autrefois, avant que le temps et l’érosion des alliances n’en grignotent les fondations. Mais au-delà des banalités diplomatiques, l’elfe gardait pour certains membres de cette guilde une dette sincère, profonde. Leur devenir n’était pas une simple curiosité… c’était une préoccupation réelle.
Avec lenteur, il écarta le revers de sa tunique. Le métal magique de sa broche scintilla sous les lueurs argentées filtrant à travers la canopée. La tête de loup hurlant à la lune — symbole immuable des Gardiens Sylvestres — semblait presque vivante dans cette lumière mouvante. Aucune contrefaçon ne pouvait imiter ce métal, ni la vibration subtile qu’il émettait lorsqu’il était porté par le Gardien Sylvestre qui en était propriétaire.
— Alaë Vëla de Torm. Je suis un Gardien Sylvestre. Thüldae a longtemps entretenu d’excellentes relations avec la Compagnie des Marches. Peut-être avez-vous déjà aperçu cette broche sur l’un de mes Frères ou de mes Sœurs ? Puis-je me permettre de vous demander comment se porte votre guilde ? Isorion m’a confié qu’il ne recevait plus beaucoup de nouvelles de Sundabar…
Un silence respectueux suivit, empli uniquement du bruissement lointain des feuilles. Ce sujet l’appelait à un autre, plus intime — un souvenir marqué au fer dans son cœur d’elfe.
— J’ai moi-même œuvré avec deux de vos Compagnons. Peut-être les connaissez-vous : un sagespectre nommé Narvarth Languelion, et un nain, Mirtzar Boucledacier. Je nourris l’espoir qu’ils se portent bien. Leur courage fut exemplaire ; leur dévouement, sans faille. Ce sont eux, les libérateurs des enfants de l’Île aux Gémissements. La pierre garde leur nom… mais elle ne raconte pas la moitié de leur bravoure.
Ses pensées dérivèrent, un instant, vers cette idée qu’il caressait depuis longtemps : ériger une stèle, un monument, quelque chose de tangible qui rappellerait aux générations futures ce que les Libérateurs avaient accompli. L’image seule donnait déjà à la scène une profondeur solennelle.
Au même moment, les coracles de guerre glissaient sur les eaux calmes de la rivière. Leur approche silencieuse ajoutait à la féérie du décor. Depuis la berge, la vue du Tymaeron flottant sur ces flots miroitants, tissés de rayons d’argent filtrés par la canopée antique, relevait presque du mirage. Le navire elfique semblait une apparition : une vision de légende échouée dans une clairière oubliée du monde.
— N’ayez aucune crainte, murmura-t-il sans quitter des yeux la scène des petites embarcations cheminant vers eux. Vous êtes parmi des amis. Ceux qui viennent ne vous veulent aucun mal. Ce sont des membres d’équipage… et deux de mes camarades. Quant à ce qui m’a mené jusqu’à vous… ce serait une très longue histoire. Nous l’aborderons en détail quand le moment s’y prêtera.
Il s’interrompit, laissant à la paladin de l’Ordre du Corbeau la place et le temps pour lui répondre.

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Conteur des étoiles
Chambre 3
Aucune gemme
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Le bruissement léger qui courait jusqu’ici sous la voûte millénaire changea d’inflexion, comme si la forêt reprenait souffle. Le Tymaeron, immobile sur les flots argentés, projeta un reflet pâle sur la berge où se tenaient les deux Voix nouvellement unies. Les herbes se couchèrent légèrement lorsque les coracles accostèrent.
La première silhouette à en descendre fut Seledra Shaelara, drapée dans une tunique d’un blanc irisé, brodée de feuilles d’argent. La prêtresse marchait avec cette fluidité propre aux héritiers de Semberholme : chaque pas semblait suspendre brièvement le temps.
Siliriel Naïlo la suivait, en décalage d’un pas, arc en main, posture basse, chaque muscle tendu vers les deux silhouettes qui l’attendaient. Ses yeux d’ambre et de mousse évaluèrent la paladine d’un seul mouvement, un examen primal, presque animal. Rien d’agressif mais une vigilance absolue.
Lorsque la prêtresse arriva à distance de voix, elle s’inclina très légèrement, pas un geste de soumission, mais celui d’une elfe qui reconnaît un événement dont elle n’est que témoin.
Sa voix, lorsqu’elle s’éleva, n’était pas celle d’une diplomate : c’était celle d’une femme qui sent la Trame vibrer comme un instrument cosmique.
— Le Chant a changé…
Ses yeux glissèrent de l’elfe du Soleil à la paladin.
— Deux voix… et pourtant une seule résonance. Ce phénomène n’a pas été entendu depuis des cycles entiers. Les eaux elles-mêmes l’ont murmuré en nous menant jusqu’à vous.
Elle posa brièvement sa main sur sa poitrine, à hauteur du cœur.
— Je suis Seledra Shaelara, prêtresse de Corellon Larethian, envoyée par le Maître des Livres Oubliés pour guider le Seigneur de la Cité Blanche dans sa quête. Et je vous salue, Vëla de Torm, porteuse de lumière et de vérité.
Un silence, lourd, solennel.
Elle observa le symbole de Torm, puis les yeux asymétriques de la guerrière — et une infime étincelle de reconnaissance passa dans son regard : pas celle d’une connaissance personnelle… mais celle d’une intuition ancienne, de celles que les prêtresses de Semberloge portent avec elles comme des stigmates.
— La dernière fois que deux Voix se sont reconnues, un royaume est tombé… un autre s’est élevé. Les ramifications de ce que vous venez d’accomplir dépassent la simple rencontre.
Quant à la chasseuse elfe, elle fit un pas en avant. Pas un mot. Mais son regard, lui, dit tout : Cette humaine n’est pas une intruse ; Elle est une clef ; Et quelque chose approche.
Elle leva légèrement deux doigts en direction de la forêt, un signe bref, codifié. Seledra comprit immédiatement.
— Les échos persistent… et la forêt n’est pas complètement tranquille. Nous devrions rejoindre le Tymaeron ou au moins nous éloigner de la rive. Quelque chose continue d’observer. Seigneur Eowëlathaèldir… le Maître des Livres Oubliés a répondu à vos requêtes. Les archives ont parlé. Le Chant que vous poursuivez n’est pas une métaphore. Il a une origine. Une localisation. Et… une clef.
Son regard se tourna vers Vëla.
— La clef vient d’arriver. Si vous l’acceptez, Dame Vëla… nous avons des réponses pour vous. Et peut-être, un chemin à ouvrir ensemble.
Le silence retomba sur la berge, mais un silence vibrant — celui d’un monde en train de changer imperceptiblement autour d’eux. Les eaux miroitaient encore du reflet de la faille, mais déjà l’onde se dispersait, comme si le passage se refermait derrière eux.
Le Chant, lui… persistait.
Deux voix. Un même souffle. Un même destin… encore à écrire.

Mes PJs : Azur'ael, la gardienne des mystères ; Shalan le chevalier de la Seldarine ; Kuan Shen-li, l'archer spirituel MG : Tenavril, Haut Dracosire de l'Œil du Dragon
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Soeur-Ours
Chambre 36
Aucune gemme
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Vëla revint tranquillement à elle, sa pauvre personne, à ce corps imparfait sur ce monde dense qui ne l’était plus vraiment, depuis peu. La question posée lui fit prendre conscience qu’elle était bel et bien présente, encore, dans ce monde. Elle levait les yeux puis répondit un peu maladroite…
- Oui, je me souviens, avoir déjà croisé pareille broche, au bastion… Cela fait déjà treize Sélunés que je suis parti en sabbatique des marches, depuis je n’ai eu aucune nouvelle. –
Son regard devint lointain, trop lointain, puis elle revint la voix légèrement empreinte d’une nostalgie…-Comme nous tous, trop peu nombreux à défendre réellement contre la menace, sommes courageux, la vaillance à son lot de glorieux et de martyrs… je les ai croisés que trop peu de temps, il y a tellement à faire. -
Elle regardait la forêt puis le bruissement des embarcations sur l’eau la fit se retourner, non pas nerveusement, mais curieuse et émerveillé par tant de beauté au même endroit. Machinalement la paladin confirmait les derniers dires d'Aël’Telàwërith Eowëlathaèldir…- Oui, le moment opportun viendra. –
Lorsque les embarcations touchèrent la berge et que la délégation mit pied au sol, la guerrière divine pliait le genou, baissait la tête et posait ses deux mains sur son cœur. Jamais de son existence elle n’avait été en présence d’autant de grâce, de beautés et de félicités. La voix de la prêtresse était un hymne en lui-même.
C’est seulement lorsqu’elle eut terminé de se présenter que Vëla se relevait, gardant ses mains sur son torse, impossible de parler, tellement le moment lui était sublime. La paladin écoutait avec attention, dignement, et solennelle. Lorsque Seledra la conviait à les suivre, la jeune femme qui avait l’air tellement rustre au côté d’eux, osait répondre…
-Elenion, gardien de la passe de Daranthil m’a dit que j’avais touché le Suaire du Chant lorsque j’ai délivré un veilleur qui avait sombré du fait de la corruption qui a voulu sceller la voie. Mon chant a brisé le sceau. Il m’a parlé des Marcheurs de la Lumière Silencieuse. Qu’ils étaient les gardiens du lien entre les royaumes du jour et de la nuit. Trois ordres, trois flammes : les Veilleurs du Pont, les Gardiens du Savoir et les Porteurs du Feu. Et quand la Rose brûla, que les flammes seraient dispersées. Mais aussi que ce qui dort plus loin dans la forêt venait de s’éveiller et que les ténèbres anciennes écouteraient désormais ma voix. Je crains avoir réveillé plus puissant que mon esprit peut contenir. – Son corps semblait aller puiser dans un puits sans fond les forces intérieures de toute une nation puis elle ajoutait avec un signe d’affirmation…- Qu’il en soit ainsi, ensemble, ouvrons le chemin. Hourra!-
Dit- elle en se frappant la poitrine de sa main droite. Elle sentit sur elle le regard d’Elion, celui du vigilant et sur son épaule, la chaleur de la main de Torm puis dans son cœur la Rose se déployait toujours plus grandement.

Je suis la chevalière Solitaire, non pas par peur des humains mais par respect des humains, par respect du silence des humains, par respect de l'intégrité des humains. Je m'achemine jour après jour vers le temple de mon coeur et le soleil s'y trouve, s'y féconde la Rose qui se déploie Chevalier d'O. Je regarde la Source, je devient Source, je coule Source... Telle est ta répétition mantrique, chevalière Solitaire. Faire quelque chose à contre-coeur c'est faire quelque chose à contre courant; alors que être au coeur des Choses, c'est toujours être au courant. Fiche Vëla 1-Bénédiction*, Sacrifice divin, protection contre le mal*. 2-Éveil du péché*, Précision bénie*, Force du taureau*. 3-Soins modéré.
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Seigneur de Mythdaë
Chambre 7
2 gemmes
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Lorsque l’avertissement de Siliriel parvint aux oreilles du théurge mystique, Aël’Telàwërith comprit aussitôt qu’il ne s’agissait ni d’une intuition légère ni d’une crainte diffuse. La manière dont s’était comporté la chasseuse, et ce timbre particulier dans la voix de la prêtresse — celui que l’on ne retrouve que chez ceux qui sentent les forces antiques bruire derrière le voile du monde — conféraient à ses propos une intensité singulière.
Le prêtre-mage n’avait aucune prétention à saisir l’ampleur de ce qui se tramait réellement. Depuis plusieurs heures déjà, une sensation étrangère couvait dans sa poitrine — comme si un souffle venu d’au-delà du temps déplaçait les pièces d’un échiquier dont il ignorait les règles. Lui, comme tant de Tel’Quessir, chérissait farouchement sa liberté et son libre arbitre. Pourtant… tout, dans les ombres mouvantes de cette forêt antique, laissait croire qu’une volonté bien plus vaste que la sienne avait guidé ses pas jusqu’ici... et pas que les siens !!
Aussi, lorsque Seledra affirma qu’une présence étrange scrutait la clairière et que Vëla avoua avoir réveillé un pouvoir endormi dans les ténèbres, Aël’Telàwërith ne tergiversa pas davantage. Il acquiesça à la proposition de lever le camp. D’un mouvement solennel et gracieux, un souffle de lumière glissant sur ses traits d’or. Sans un mot de plus, il invita la paladine de Torm Vëla de Torm à prendre place dans le coracle préparé pour eux.
Par un simple murmure de pensée, il appela Ry — et le familier acquiesça avec la docilité d’un ancien compagnon. L’elfe jeta alors une corde à l’eau. Presque aussitôt, un dauphin semblable à ceux qui hantent la baie des Rires surgit sous la surface, saisit le lien et se mit à tracter l’embarcation. Le coracle glissa ainsi sur l’onde sombre, silencieux comme un songe, ne laissant derrière lui qu’un sillage d’argent fugace.
Plus rapides que les autres, les Voix atteignirent les flancs du voilier elfique. Le bastingage du Timaeron s’élevait au-dessus d’eux, majestueux dans la lumière tamisée filtrant au travers de la canopée. Une échelle de corde fut jetée, des mains agiles s’étendirent — et tous deux furent hissés à bord. Le dauphin perça la surface de l’eau et s’éleva dans les airs, comme un diable jaillissant de sa boite. Il se changea en martin pêcheur. L’oiseau au plumage bleuté plana jusqu’au pont du Timaeron, pour venir se poser sous la forme d’un gros chat noir.
Sur le pont, les figures du commandement s’étaient déjà rassemblées : la capitaine Sîlath Jïllae, droite comme une lance lunaire, et son second Jiann, l’œil acéré comme une lame fraîchement tirée de la forge.
— Vëla, annonça Aël’Telàwërith d’une voix claire, permettez-moi de vous présenter la capitaine Sîlath Jïllae ainsi que son second, Jiann dit Le Bout. Capitaine, Le Bout… voici Vëla de Torm. Elle est mon invitée à bord. Je souhaite qu’elle bénéficie de toute l’aide dont elle pourrait avoir besoin — et surtout de notre protection.
Les deux officiers inclinèrent la tête d’un même mouvement.
Aël’Telàwërith se tourna ensuite vers la paladine, la scrutant avec une gravité teintée de respect.
— Vëla, si vous y consentez, je vous offre ma protection tant que nous mettrons les voiles ensemble. Considérez-vous ici comme chez vous. Bienvenue à bord du Marcheur Ailé.
La capitaine et son bosco répétèrent la bénédiction. Puis l’elfe se redressa, et sa voix reprit cette tonalité ferme qu’on lui connaissait dans l’adversité.
— Capitaine, préparez-vous à appareiller. Dès que tout le monde aura gagné le pont, nous lèverons l’ancre et remonterons le cours du bras. Je souhaite mettre une distance raisonnable entre ces berges et nous. Aucun danger immédiat ne nous menace… mais nous ne sommes pas seuls. Veille constante sur les rives. Et si quelque chose doit être attiré par notre présence… que ce ne soit pas ici.
À peine les derniers mots prononcés qu’un sifflet résonna, long et modulé. Comme une onde parcourant le bois du navire, l’équipage s’anima dans une agitation disciplinée et silencieuse. Les voiles frémirent, les amarres glissèrent, et le grand navire entama sa manœuvre comme un oiseau cosmique retrouvant l’usage de ses ailes.
Seledra et Siliriel parvinrent alors à leur tour sur le pont, leurs silhouettes baignées dans la lumière mouvante de la canopée.
— Mesdames, déclara l’elfe, nous avons à parler. Le navire remonte la rivière. Je souhaite nous éloigner quelque peu… préserver ce lieu d’une attention indésirable. Il y a toutes les chances que nous soyons amenés à y revenir — et j’aimerais qu’il demeure intact le moment venu. Je vous invite à descendre en cale. Nous y serons plus tranquilles… et cela risque de prendre un certain temps.
Il prit la tête du petit groupe et se dirigea vers l’ouverture menant aux entrailles du Marcheur Ailé. L’échelle étroite, intermédiaire entre escalier et corde tressée, vibrait sous leurs pas tandis qu’ils rejoignaient la pénombre rassurante de la cale arrière.
Là, un modeste carré demeurait dégagé. Aël’Telàwërith y retrouva un morceau de toile reposant sur une paterne, le saisit et l’accrocha avec habileté aux anneaux scellés au plafond. En moins d’un instant, un hamac se forma : un cocon suspendu, oscillant doucement au rythme du navire. Une lanterne, accrochée non loin, balançait sa flamme dans un bal de lueurs d’or et d’ombre, lançant parfois un grincement mélancolique dans l’air tranquille.
L’endroit avait un parfum de refuge. Un havre discret, sec, silencieux — propice aux confidences comme aux méditations.
L’elfe prit place dans le hamac et, d’un geste invitant, fit signe aux autres de s’installer. La paladine semblait avoir beaucoup de chose à raconter. En particulier cette histoire de passe de Daranthil et de son gardien Elenion. En suite, il tenterait de combler les vides avec ce que eux-mêmes avaient découvert.
— Bien, Vëla de Torm… Maintenant que nous sommes à l’abri des regards et des oreilles, pourriez-vous nous révéler ce qui vous a menée jusqu’ici ? Et pourquoi ?

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Soeur-Ours
Chambre 36
Aucune gemme
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La solennité du moment ordonnait à l’ex-folle de Torm de ne pas insister pour faire face à ce qui couvait dans les ombres de cette forêt. Élion d’Alusaire avait déteint sur elle beaucoup plus qu’il ne le croyait, si Vëla avait la fibre plus pénitente, elle avait, avec l’expérience, remarqué que le mal ne faisait que se densifier, plus il avait le temps, plus il gagnait en force et comprenait maintenant beaucoup plus la façon expéditive du paladin de Heaum. Elle sourit intérieurement, car pour la toute première fois de son existence, elle avait réussi à faire sortir le mal… non, elle avait réussi à faire grandir la lumière dans le cœur du veilleur et c’était lui qui avait la volonté de chasser l’ombre en lui.
La paladin était à réaliser ce qui s’était réellement passé dernièrement et découvrait tranquillement le véritable rôle qu’elle avait à prendre en ce monde. Dans ses pensées la jeune femme se laissait naviguer jusqu’au voilier-chef, se demandant encore pourquoi ils n’allaient pas libérer cette forêt antique. Voyant la magnificence des gestes de tout un chacun, elle comprit… ils avaient du temps, ce que Vëla n’avait pas ou beaucoup moins. Si elle avait étudié les us et coutumes des membres du beau peuple, elle n’avait jamais passé du temps auprès d’eux et en si peu de temps, elle y découvrait déjà un monde hors de l’ordinaire, tout était d’une beauté et d’une grâce incroyable.
Une fois sur le navire, elle fit la connaissance du capitaine et de son second et une chose vint tiquer la fougueuse Rashéménienne ; Aël’Telàwërith lui offrait sa protection, elle qui avait depuis le début de son existence dans l’Ordre, offert sa protection. Les rôles changeaient et le poids de la situation vint peser sur elle. Reprenant du tonus, elle suivit son protecteur. La jeune femme devait admettre que c’était la première fois qu’elle sentit sur elle un intérêt et ce n’était pas pour lui déplaire.
Une fois installé à la cale, elle déposait son sac, son carquois efficace, enlevait le fourreau dorsal qui détenait Ô Sainte et déposait le tout auprès d’elle, elle dégageait les pans de sa cape par l’arrière, laissant voir sa chemise de mailles de mythral noir par-dessus sa robe de soie dans le même ton, enlevait ses gants puis disposait le hamac pour y prendre place. C’est à ce moment qu’une parcelle de fatigue aurait pu paraitre. La détente qui apparut lorsqu’elle fut bien installée ne trahissait pas la longue route qu’elle avait parcourue jusqu’ici.
Elle respirait à un rythme baissant, preuve qu’elle appréciait le moment, elle prit sa gourde, pour y prendre une gorgé et la gardait en main, puis aux questions posées, elle répondit…
-Mon père, depuis notre séparation en Rashéménie, je recherche Valôr paladin de Torm, érudit des dragons, c’est lui en fait qui me fait voyager ainsi. Sa dernière trace était à la capitale Caer Callidyrr, cette ville sur cette île au milieu de la mer, cette même île qui…- Son regard se perdit et une ombre semblait voilé ses yeux si clairs ou, avait passé dans le reflet de ceux-ci ou, était-ce simplement l’ombre de la lampe quoi qu’il en soit, il y avait dans ce silence un lourd tribut qui avait décharné l’âme de la paladin. Son regard se levait de nouveau et… -J’y ai été brisé, broyé et avalé à même la mâchoire de Kazgoroth…- Elle prit une autre gorgée et comme si le breuvage lui donnait du courage, elle reprit le plus éclairé possible.
- Une broche en argent terni en forme de corbeau les ailes repliées. Le symbole ancien d’un ordre oublié… ou d’un père disparu. C’est à ce moment que j’ai décidé de revenir après avoir remis un peu d’ordre sur Caer Callidyrr qui fut pratiquement détruite, j’y ai semé quelque corneille qui ont prêté de la main-forte à la suite de la destruction causée par le passage du wyrm rouge. Cette broche était une clé, au début je ne le savais pas, mais elle me guidait, je me suis laissé guidé, oui, je l’avoue. – Comme si cela était pour elle une faiblesse passée.
-Possiblement pour fuir la réalité… ou la trouver. Le continent est apparu et je suis débarqué sans demander vraiment où j’étais. Les premières semaines j’ai douté, une silhouette vue, furtivement, près d’un cercle de pierres. Un nom chuchoté par un ermite presque fou, dans un sanctuaire en ruine. Et cette certitude, oui, cette certitude que père était passé par là. Puis le Cormanthor… je m’y suis engouffré et au fur et à mesure les repères s’étaient effacés. Les mousses ne disaient plus le nord, les chemins de chasse semblaient tourner en boucle. Le silence lui-même paraissait plus lourd. Je n’étais plus sur une piste. J’étais ailleurs. Un matin, la texture même du monde avait changé -
Elle prit une autre gorgée à sa gourde et continuait le regard perdu dans ses souvenirs.
- Ce n’était plus un sentier, ce que je suivais, avait été tracé jadis par des pas tout aussi solitaires que les miens. Toujours cette présence silencieuse, sans nom. Jusqu’au moment ou une vibration, une note de symphonie qui dépasse l’ensemble, résonnait. La broche réagit et je l’ai sentie, un nouveau poids, symbolique. J’avais fait venir Abby de son céleste domaine et c’est lui qui m’a montré un vieux tronc mort éventré portant en son sein une pierre taillée couverte de mousse et de rune ancienne que je n’ai même pas tenté de déchiffrer sur le coup, car je savais, il y avait ce regard sans yeux, posé sur moi, attentif. - Sa main tremblait légèrement en reprenant une gorgée puis…
- De cette pierre je crois avoir entendu ou était-ce un murmure, je ne me souviens plus, mais j’ai su… d’une vielle langue morte de veilleur nocturne, un nom « Tarthël » Un mot qui semblait me signifier « passage » ou « témoignage » et une fente dans la pierre... c’était pour la broche. Là, un appel qui avait été lancé bien avant ma naissance, et qui s’emblait m’attendre depuis plus longtemps que mon existence, il y avait un cercle de fer noir, fin et usé, frappé d’une griffure unique en forme de V inversé. J’ai senti une intuition claire : le sentier lumineux, fugace, qui se formait devant moi, disparaîtrait au lever du soleil. -
La jeune femme devant eux était totalement ailleurs que dans la cale, elle était en place même de son parcours…
- Le sentier m’a mené vers une clairière creuse, en forme de demi-lune inversée. Au centre, un arbre mort, immense, noir comme le fer. Ses racines étaient nues, ouvertes comme une plaie ancienne. Et dans cette ouverture béante, une descente en spirale, pierre contre pierre, s’enfonçait dans la terre — comme une tour inversée. La descente s’ouvrit sur une chambre ronde, marquée par sept alcôves de pierre. Dans chacune, un siège vide. Au centre, une dalle d’obsidienne. Et sur la dalle, un autre cercle noir, plus grand, gravé du même V inversé que celui que je portais. J’ai ressenti à ce moment que le commencement porterait la forme d’une fin. Et nul ne saurait, avant l’ultime instant, si ma venue fut salut, ou dissolution. J’entendis dans mon cœur Valor qui me disait… « Celui qui marche hors du temps ne revient pas, il s’ouvre. » –
Elle reprit place dans le hamac et poursuivit… - Et là, une voix qui n’en était pas une, un écho, une vibration, un murmure des pierres, à retenti en moi, me disant que je n'étais pas revenue, juste que j’avais glissé entre deux âges, entre deux noms. Si Valor était mémoire. Moi, j’étais de passage et que les fondations de l’ancien Ordre ne tiendraient pas. Car ce qui fut érigé pour porter la lumière ne saurait contenir l’obscur qui revient et que les anciens sentiers étaient devenus des ronces. Et que pourtant… les graines ne dorment jamais vraiment. Puis une silhouette d’ombre claire, tissée de brume et de souvenir, apparut. Et j’ai su qu’il était Thalan Erymë. Le dernier Vigile de l’Ordre. Le porteur de la dernière Veille. Il m’a dit que l’Ordre ne reviendrait pas qu’il renaîtrait, différent, inconnu, incontrôlable, que je ne devais pas le contrôlé, mais l’ouvrir. Et c’est à ce moment qu’il s’élevait paume vers moi me laissant savoir qu’un autre marchait qu’il cherchait sans savoir qu’il détenait l’éclat d’un savoir que seul mon chant pourrait réveiller. Que nous étions pour nous trouverez et que le Chant veillait. Et lorsqu’il s’élèverait à deux voix que la rose brûlerait. Et nous saurions. –
Vëla restait immobile, prisonnière de ce non-lieu et non temps dans lequel elle avait vécu ces moments magnifiques d’une pure extase. Ce passage l’avait profondément changé, cela paraissait, sa légèreté était étrangère.
-Je ne sais pas si j’en suis sortie de ce lieu, sincèrement, cependant, par la suite il y avait des pas creusé par le poids sur la terre, deux, différente qui allaient dans une direction précise, j’ai suivi et suis arrivé à ce pont où se tenait Elenion, le gardien de la passe de Daranthil… la suite vous la savez. –
Elle restait là, le regard toujours lointain, fixé dans un autre monde.
Si pour les elfes, la magnificence de l’existence était chose courante, pour les humains il en était fort différent, et ce, même si Vëla connaissait le monde céleste. La splendeur dernière qu’elle avait connue l’avait fortement changé, tout comme son passage avec Kazgoroth. Pour la paladin qu’elle était, Torm l’avait éprouvé encore une fois, du plan des ombres au plan de la lumière. Maintenant bien équilibré, elle pouvait avancer de nouveau, vers ce qu’elle devait accomplir, non pas pour elle, simplement pour le réaliser. Elle devait ouvrir et pour ce faire, elle comptait bien sur les présents pour lui donner quelques informations supplémentaires, néanmoins, elle ne posait pas de questions, pas pour l’instant. L’ex-folle de Torm semblait digérer ce qu’elle venait de vivre, elle avait besoin d’un peu de temps, juste un peu.
Social.Pas pour séduire ou convaincre, juste pour qu'elle soit le plus véridique possible envers un peuple qu'elle considère hautement. Elle parle avec vérité, sincérité et honnêteté.

Je suis la chevalière Solitaire, non pas par peur des humains mais par respect des humains, par respect du silence des humains, par respect de l'intégrité des humains. Je m'achemine jour après jour vers le temple de mon coeur et le soleil s'y trouve, s'y féconde la Rose qui se déploie Chevalier d'O. Je regarde la Source, je devient Source, je coule Source... Telle est ta répétition mantrique, chevalière Solitaire. Faire quelque chose à contre-coeur c'est faire quelque chose à contre courant; alors que être au coeur des Choses, c'est toujours être au courant. Fiche Vëla 1-Bénédiction*, Sacrifice divin, protection contre le mal*. 2-Éveil du péché*, Précision bénie*, Force du taureau*. 3-Soins modéré.
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