Quel est votre nom, voyageur ?
Eléasis (VIII) 1373, 2ᵉ chevauchée
   

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> Sous le Sceau du Croissant d’Argent, Introduction
écrit le : Mercredi 03 Septembre 2025 à 23h12 par Azur'ael
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Le lendemain, aux Pierres Éternelles

L’aube filtrait doucement à travers les frondaisons du Cormanthor, baignant la clairière d’Aestari’eath d’une lumière diaphane. Les douze pierres, immobiles, semblaient pourtant vibrer d’une vie propre, comme si elles attendaient ce moment depuis des siècles. Sur la table centrale, les symboles gravés luisaient encore d’une lueur opaline, rémanence de la veille.

Lorsque tous se rassemblèrent, le silence se fit lourd. La Forge-Voix posa ses mains calleuses sur la dalle. Son regard se voila, comme happé par une musique inaudible pour les autres. Ses lèvres s’entrouvrirent, et une voix étranglée, presque chuchotée, s’échappa :


— Là où se mêlent les eaux, là bat le cœur oublié. Mais deux sources chantent, et une seule porte la flamme.

Aussitôt, les runes sur la pierre centrale se mirent à danser, projetant deux faisceaux de lumière. L’un s’éleva vers le nord, en direction du lac Sembre, berceau de la nation elfique. L’autre s’inclinait au sud, vers le lac Eredruie, sanctifié par Labelas Enoreth et dont les eaux guérisseuses étaient encore chantées dans les récits anciens.

Au-dessus de la dalle apparut une vision fugace : un corbeau immense, ses ailes déployées. Mais ses plumes se scindèrent en deux teintes : une aile de lumière, une aile d’ombre. Entre ses serres, il tenait une rose aux pétales noirs, d’où s’échappait une flamme pâle. L’image se scinda alors en deux éclats identiques, chacun suivant une direction différente. Puis tout s’éteignit, ne laissant que la pierre froide.

La Forge-Voix reprit conscience, le souffle court, ses yeux encore noyés de visions. Sa voix rauque rompit le silence :


— Deux lieux. Deux chants. Mais une seule réponse. Choisissez bien… car l’un mènera à la lumière, et l’autre au silence éternel.

À ces mots, un léger bruissement traversa la clairière, comme si les esprits eux-mêmes avaient approuvé. Sunniva, jusque-là demeurée en retrait, s’avança d’un pas. La petite gnome leva son visage vers Aël’Telàwërith et Seledra, ses yeux brillants d’une inquiétude sincère :

— Les Pierres n’offrent pas toujours des routes, mais des reflets de ce que nous portons. Sembre est la mémoire de notre peuple, un sanctuaire des vivants. Eredruie est le domaine du temps et des esprits. Les deux appellent, mais pas de la même manière. Et si le choix n’est pas juste le vôtre ?

Alors qu’elle achevait ces mots, un souffle étrange parcourut les menhirs. L’un d’eux, fendu en son sommet, projeta furtivement une ombre sur la clairière. Le dessin ne dura qu’un instant, mais ceux qui y prêtèrent attention crurent discerner la forme d’une rose noire, ses pétales ouverts comme pour accueillir le vent. L’image disparut aussitôt, ne laissant derrière elle qu’une impression diffuse de solitude et de sacrifice.

Un signe fugace… ou une illusion née du poids des attentes.

La clairière retomba dans le silence, et tous les regards se tournèrent vers le Seigneur de Mythdaë et la prêtresse Thalanos. Leurs pas décideraient désormais non seulement de la route, mais du destin de ceux qui les accompagnaient.



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écrit le : Dimanche 14 Septembre 2025 à 08h38 par Adlareth
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Le silence, lourd et vibrant, succéda aux révélations. Seuls les bruissements de la nature, encore engourdie par la nuit, osaient troubler l’air. L’aube peignait déjà de légers reflets argentés les pierres levées, comme si le cercle lui-même s’éveillait. Pour le Seigneur de la Cité Blanche, jamais Aestari’eath n’avait semblé aussi animé. Ce lieu, chargé de mémoire, dégageait une force magnétique, semblable à celle que l’on ressent dans les sanctuaires où le temps n’a plus d’emprise.

Nul n’ignorait pourquoi si peu de Mythdaniens osaient franchir le seuil de ce cercle. Ici était le domaine des esprits de la nature sauvage du Cormanthor. Les efforts conjugués d’Yvae Starym et de Sunniva avaient su lui rendre une respiration nouvelle, une âme. Jusqu’à présent, il doutait qu’ils aient réussi à ranimer sa magie. Désormais, le doute n’était plus permis : Aestari’eath veillait de nouveau.

Le regard lavande de l’elfe du soleil se posa sur la petite gnome des forêts, dont l’attitude, à la fois discrète et indomptable, inspirait toujours le respect. Puis il s’attarda sur la plus jeune du cercle, frêle silhouette encore marquée par les épreuves traversées. Dix-sept printemps seulement, et déjà un fardeau que d’aucuns n’auraient pas supporté.

Aël’Telàwërith s’approcha, son pas à peine perceptible sur l’herbe, et s’arrêta devant celle qu’on appelait Forge-Voix. Avec une douceur quasi paternelle, il saisit les mains d’Isabelle dans les siennes.


— Isabelle… ça va ? demanda-t-il, sa voix teintée d’une sincère prévenance. Merci, Oracle des Fils Primordiaux. Ton aide est une bénédiction, et ta présence à nos côtés, une chance. Aillesel Seldarie.

« Merci ». Ce mot, si simple, lui avait été étranger pendant tant d’années. Élevé dans une rigueur inflexible, il avait appris que l’accomplissement du devoir ne méritait pas gratitude. Pourtant, il avait fini par renoncer à ce carcan. Et aujourd’hui, il trouvait un bonheur presque enfantin dans ces sourires que ses remerciements sincères faisaient naître.

Rassuré sur l’état de la jeune Oracle, le Seigneur de Mythdaë tourna son attention vers Seledra et Sunniva. La gnome n’avait pas été conviée formellement, mais comment l’écarter d’un lieu qui résonnait de ses esprits protecteurs ? Aël’Telàwërith ne s’étonna donc pas qu’elle prît la parole après la transe d’Isabelle. Et il dut reconnaître que, cette fois encore, ses paroles portaient juste.


— Oui, Sunniva. Tu as raison. Ce choix… ne doit pas être le mien.

Il le savait : si la protection de la Cité Blanche motivait son engagement, le véritable cœur de cette quête résidait dans le lien indéfectible entre Seledra et son frère. C’était ce fil, tissé de sang et d’âme, qui les guiderait. Le choix devait donc revenir à elle seule.

Mais ce lien avait déjà trouvé son incarnation tangible : le parchemin. Aël’Telàwërith n’avait pas oublié ce qu’il avait discerné dans ses fibres. Tissé de magie divinatoire, imprégné de sève elfique et scellé par le sang, il constituait un pont entre celui qui l’avait rédigé et celle qui le lisait. Certes, ses présages demeuraient obscurs. Mais ils offraient une voie, une alternative, un choix à embrasser.

Son instinct l’aurait poussé vers la lumière. Vers la sécurité. Mais Aerendil, lui, avait marché au-devant des ténèbres. Non pas pour s’égarer, mais pour combattre. Alors… devaient-ils suivre la clarté apaisante, ou bien s’aventurer sur la piste de l’ombre, là où son frère avait disparu ?

Une question le hantait toujours : que signifiait cette rose aux pétales noirs ?
Peut-être l’un des présents pouvait-il en percer le secret. Mais avant tout, il voulait tenter une épreuve.


— Seledra, dit-il avec gravité, cette rose noire… a-t-elle une résonance particulière pour vous ? Vous évoque-t-elle un souvenir, une histoire ? Et… confiez-moi le parchemin. Je voudrais essayer quelque chose.

Son projet était clair : déposer l’artefact sur l’autel minéral, pour voir si la magie d’Aestari’eath, éveillée par le Chant, réagirait avec celle du guide.

Peut-être un signe leur serait-il révélé. Peut-être la voie s’éclairerait-elle.
Mais il connaissait aussi les risques. Deux magies pouvaient ne pas s’accorder, et se heurter au point d’annuler leurs effets. Ou pire. C’est pourquoi il reprit le parchemin dans son esprit, détail après détail, gravant en sa mémoire chaque fibre, chaque éclat invisible. Ainsi, si une transformation survenait, il en serait témoin, capable de discerner la moindre nuance, la plus infime apparition.

Il ne se passerait peut-être rien. Mais l’elfe en lui était certain d’une chose : il fallait tenter.




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« Tourmenteurs d'esprits Tel’Quessir, craignez la colère de Corellon Larethian.

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écrit le : Dimanche 21 Septembre 2025 à 19h09 par Azur'ael
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Lorsque le parchemin fut déposé au centre de l’autel, un souffle parcourut la clairière. Les herbes se couchèrent doucement comme si une marée invisible les effleurait. Le silence se fit encore plus dense, et les pierres elles-mêmes semblèrent vibrer à l’unisson.

Les symboles gravés sur le cercle se mirent à luire d’une clarté ténue, comme s’ils réagissaient à la présence du guide. Pas de flambée aveuglante, pas de tonnerre : seulement ce murmure persistant, comme une corde tendue entre deux mondes.

Sur le parchemin, l’encre se troubla. Les lignes se déplacèrent, se recomposèrent en un motif éphémère : une rose, aux pétales d’un noir profond, dont la tige s’enroulait en spirale. Seledra sentit son cœur se serrer, car cette vision réveilla une mémoire lointaine.

Elle se souvenait d’un conte ancien, un murmure transmis jadis parmi les prêtresses : « Là où s’épanouit la rose noire, s’ouvre la cicatrice de l’Aube ». Peu en connaissaient le sens. Certains disaient qu’il s’agissait d’une métaphore pour l’oubli, d’autres qu’il désignait un lieu marqué à jamais par la chute d’un Ordre.

Soudain, Isabelle, jusque-là silencieuse, eut un sursaut. Sa voix, étranglée par l’effort, résonna comme venue d’ailleurs :


— Une forteresse brisée… des murs écroulés sous le poids du temps… et une rivière qui se sépare en trois.

Puis elle tomba à genoux, haletante, ses paumes pressées contre la pierre. Sunniva accourut pour la soutenir, mais ses yeux brillaient d’un éclat clair : elle savait que l’enfant avait entendu juste.

L’image s’effaça du parchemin, qui retrouva son apparence ordinaire. Mais dans l’air demeurait une direction, une évidence : le Cormanthor. Plus précisément, les environs du lac Sembre et de ses affluents, là où les rivières tracent leurs méandres autour de ruines encore englouties par la forêt.

Le cercle se referma doucement, la vibration s’éteignit. Mais tous savaient que ce qui avait été montré n’était pas une illusion. C’était un appel. Une invitation. Ou peut-être un avertissement.



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écrit le : Dimanche 28 Septembre 2025 à 17h13 par Adlareth
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Le visage du dernier descendant du clan Aëryndra de Cormanthor s’éclaira d’un sourire énigmatique, où transparaissait pourtant une sincère satisfaction. Ce n’était pas tant l’orgueil d’avoir conçu l’idée qui animait Aël’Telàwërith, mais bien l’honneur d’avoir été le témoin direct de ce qui venait de se produire en ce lieu vibrant d’une énergie ancienne, dont le mystère seul suffisait à inspirer la révérence. La manifestation du Chant à travers les Pierres dressées possédait une intensité poignante, presque sacrée, qui bouleversait l’âme du théurge mystique régnant sur cette île oubliée.

Dans son for intérieur, il en était certain : l’île connaîtrait de nouveau une destinée glorieuse. Jadis envoyé par la Reine Fleur-de-Lune elle-même pour chercher du soutien au Cormanthor, il n’ignorait rien des projets de reconquête qui germaient à l’ombre des sanctuaires Tel’Quessir. Le prêtre-mage ignorait le quand, le comment et le pourquoi, mais il demeurait convaincu que Mythdaë aurait un rôle décisif à jouer, et que cette citadelle du savoir et de la mémoire était vouée à traverser les âges.

Son sourire s’effaça pourtant brusquement lorsque Isabelle s’écroula, terrassée par le flot d’énergie auquel elle venait de se confronter. Sa singularité agissait comme un catalyseur, et l’enfant avait payé le prix de son audace en posant ses mains sur l’autel de pierre ancestrale. Tous venaient d’entrevoir un fragment de la puissance que recelaient ces pierres immémoriales. L’acte n’était pas sage, mais la forgeronne avait bravé la raison, sans doute appelée par le Chant lui-même.

Le Seigneur de Mythdaë inclina la tête vers Seledra, lui confiant le soin de ramasser le Guide, avant de revenir vers la jeune Gûr pour s’enquérir de son état. Grâce à elle, ils disposaient désormais d’une direction, d’un cap à suivre. Restait à déchiffrer les indices avant de songer à mettre les voiles sur Sembreloge.

Sembreloge… S’il était un lieu qu’Aël’Telàwërith aurait préféré éviter, c’était bien celui-là. Car il n’y avait plus vraiment de royaume : repliée sur elle-même, la contrée se mourait, étranglant toute tentative d’ouverture. L’ordre ancien s’y était dissout, remplacé par la survie de clans errants luttant contre les elfes noirs qui avaient investi les cavernes de calcaire. Toutes les approches de la Confrérie des Gardiens Sylvestres avaient échoué. Pourtant, tant que seuls des Tel’Quessir s’y rendaient, leur présence ne risquait pas de provoquer d’orage diplomatique. Et de toute façon, des forteresses oubliées, Sembreloge en regorgeait… Mais une forteresse susceptible d’abriter les Marcheurs de la Lumière Silencieuse et de porter pour emblème une rose aux pétales noirs ? Voilà qui était autrement plus rare.

Après s’être assuré qu’Isabelle reprenait ses esprits, il l’aida à se relever et lui offrit son bras pour soutien.


— Si tout le monde va bien, rentrons. Isabelle, vous passerez par l’infirmerie, même si vous vous sentez en état. Sunniva, tu veilleras à ce qu’elle s’y rende.

Puis, se tournant vers ses hôtes, il désigna d’un geste ample les deux tours blanches dressées vers les cieux d’azur :

— Je crois que nous tenons notre première piste. Nous devons orienter nos recherches vers une forteresse qui servait de sanctuaire aux Marcheurs de la Lumière Silencieuse, et dont le symbole serait une rose aux pétales noirs. Seledra, adressez-vous à notre Maître des Livres Oubliés. Iss-Que regorge de secrets, et, avec l’aide de Ranaeril, vous pourriez retrouver trace de ce lieu et de son emplacement.

Alyndra et la Maître-Copiste, elles, se consacreraient à fouiller une autre source de savoir. Quant à lui, ses obligations l’appelaient. Il convoquerait Zinwarin, car la lignée des Kantih était issue de Sembreloge et l’Alu’Tel’Quess connaissait mieux que quiconque les abîmes du lac. Il ferait également venir Iàgäath Ysbyr, le taquier, fils lui aussi de cette terre déchue. Mais d’abord, il devait passer à la capitainerie : le Capitaine du Thimaeron recevrait l’ordre de préparer son navire à appareiller dès le lendemain. Sîlath serait prévenue qu’ils mettraient le cap vers le Nord avec un équipage réduit, composé uniquement d’elfes.

Certes, Aël’Telàwërith aurait pu, d’un simple rituel, transporter ses compagnons sur les rivages de Sembreloge. Mais cela aurait été pénétrer en ces terres comme des voleurs, et ce n’était ni sage ni honorable.

Enfin, il dépêcherait Isandre Danathaë prévenir Isorion à Thüdae de son absence prochaine. La survie de Mythdaë reposait en partie sur l’appui indéfectible de la Cité Sylvestre, et le théurge mystique en avait pleinement conscience. Son titre d’Armathor de Thüdae, bien que largement honorifique, l’obligeait à demeurer fidèle à la Confrérie.

Une fois ces devoirs accomplis, lui aussi partirait en quête. Car il brûlait d’élucider le secret de cette mystérieuse forteresse, et du destin qu’elle promettait à Mythdaë.



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écrit le : Dimanche 05 Octobre 2025 à 11h20 par Azur'ael
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e jour s’était levé sur Mythdaë dans une clarté laiteuse, et déjà la brume s’effilochait paresseusement au-dessus des flots. Du quai, le Marcheur Ailé semblait respirer, sa coque élancée vibrant au rythme des clapotis du courant. Des reflets d’argent couraient sur ses bordés, soulignant le soin apporté à sa construction. Le mariage des savoirs elfiques et humains y apparaissait dans chaque ligne, subtile alliance entre élégance et robustesse.

Sîlath Jïllae, la capitaine, se tenait sur le gaillard d’avant, silhouette gracieuse mais ferme, donnant ses ordres dans une langue mêlée de chant et de commandement. À ses côtés, Jiann, que tous nommaient le Bout, vérifiait les amarres, la pipe coincée entre les dents. Son œil d’un vert pâle glissait sur les voiles, sur les vergues, sur tout ce qui pouvait trahir une faiblesse dans le gréement. Il ne parlait guère, mais rien n’échappait à son regard.

Avant leur départ, Aël’Telàwërith et Seledra avaient passé plusieurs jours dans la grande salle d’étude du Maître des Livres Oubliés, un elfe sage nommé Ranaeril. La pièce était encombrée de rouleaux, de cartes effilochées et d’ouvrages reliés de cuir pâli, dont certains semblaient respirer une mémoire plus ancienne que la cité elle-même.

Les recherches portaient sur la localisation d’un ancien sanctuaire elfe, mentionné dans les Chroniques du Premier Exode. Ranaeril, d’une patience toute académique, avait déchiffré plusieurs gloses marginales, y relevant la mention d’un lieu nommé Thalanthir, littéralement « l’éclat du passé ».
Les manuscrits le situaient à la lisière orientale du Cormanthor, au-delà d’un ancien gué aujourd’hui disparu, dans une région ravagée jadis par les guerres des Royaumes Silvestres.

Des croquis d’arbres géants stylisés et de galeries souterraines laissaient supposer qu’un réseau ancien subsistait sous le couvert forestier — peut-être les ruines d’un ancien temple dédié à Corellon ou à un aspect oublié de la Seldarine.

Avant de les quitter, Ranaeril avait remis à Aël un petit coffret de bois sombre. À l’intérieur, un cristal pâle, aussi froid que la lune : « Ce fragment provient d’un vestige trouvé au pied d’un arbre nommé Lathoriel. Si le sanctuaire existe encore, ce cristal réagira à sa présence. »

Lorsque le signal fut donné, la pinasse s’ébranla doucement, poussée par la marée montante et les premières risées. Le rivage s’éloigna, englouti dans la nappe de brouillard. Le navire, docile, prit sa course vers le nord-est, suivant le chenal de l’Ashaba avant de s’enfoncer dans le labyrinthe des canaux menant aux marges du Cormanthor.

Les premiers jours s’écoulèrent dans une étrange quiétude. Les membres de l’équipage, majoritairement elfes et demi-elfes, s’adaptaient vite à la présence du prêtre. Seledra Shaelara et son ombre farouche, Siliriel Naïlo, occupaient souvent l’arrière du pont, observant le ciel ou échangeant à voix basse. Siliriel, fidèle à elle-même, demeurait plus souvent en alerte qu’en repos, son arc à portée de main et son regard rivé sur la lisière mouvante de la forêt.

La traversée du Cormanthor, même par les voies d’eau, restait périlleuse. Le fleuve s’y faisait capricieux, bordé d’arbres si anciens que leurs branches semblaient parfois se refermer sur le passage du navire. Les chants des oiseaux se taisaient à certaines heures, remplacés par des murmures indéfinissables, comme si la forêt elle-même s’entretenait dans une langue oubliée.

C’est à ces moments-là qu’Aël’Telàwërith menait ses prières et consultait à nouveau les notes de Ranaeril. Les annotations de l’érudit semblaient désormais se mêler à la réalité environnante : des silhouettes d’arbres semblables à celles des croquis, des reflets étranges dans l’eau, presque irisés.

Une nuit, alors que la pinasse était ancrée dans une anse calme, Aël’Telàwërith perçut à travers la brume un chant ténu, fragile, presque humain. Aucun membre de l’équipage ne semblait l’entendre, sauf peut-être Siliriel, dont les pupilles se dilatèrent un instant avant qu’elle ne se détourne, muette.

Au matin, Sîlath fit hisser les voiles. Le vent s’était levé, et avec lui, un parfum étrange : celui des terres anciennes et des secrets enfouis. Le Cormanthor approchait, immense, impénétrable. Et dans le sillage du Marcheur Ailé, quelque chose ou quelqu’un semblait suivre le navire, juste au-delà de la brume.



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