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Sous le Sceau du Croissant d’Argent, Introduction
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Conteur des étoiles
Chambre 3
Aucune gemme
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Eléasis (VIII) 1373, 5ᵉ chevauchée Palais d’Argen’Lateuess (Mythdae)
Le silence solennel de la salle de réception de Mythdae n’était brisé que par le murmure des lanternes suspendues et le léger clapotis d’une fontaine de cristal au centre du hall. L’air sentait la sève, la pierre ancienne et les feuilles humides. Entre les hautes colonnes de marbre veiné d’argent et les fresques évoquant les âges passés des elfes, deux silhouettes firent leur entrée, glissant avec une grâce toute elfique.
Seledra Shaelara, prêtresse de Corellon Larethian, marchait la première. Sa démarche était mesurée, chaque pas un mélange d’assurance et de noblesse. Sa peau, aux reflets de bronze poli, captait la lumière douce des lustres de cristal, tandis que ses yeux, dorés et profonds comme deux éclats de soleil couchant, scrutaient la pièce avec une sérénité millénaire.
Ses traits semblaient sculptés par les mains mêmes des dieux : un visage fin et pur, des pommettes hautes, des lèvres pleines et un regard chargé de sagesse et de résolution. Sa chevelure, couleur de l’aube, entre l’or et le cuivre, ruisselait en mèches souples sur ses épaules, librement nouée par un délicat filigrane d’argent représentant un croissant de lune — le symbole sacré de Corellon.
Bien qu’elle fût prêtresse, Seledra arborait l’équipement d’une aventurière aguerrie. Une armure légère de mithral enchanté, gravée d’arabesques elfiques et constellée de gemmes pâles comme des étoiles figées, épousait parfaitement sa silhouette élancée. À sa taille, une épée longue, aux reflets d’or et d’argent, forgée dans les forges anciennes d’Eternelle-Rencontre et bénie par la haute magie de sa lignée, semblait irradier une douce lueur surnaturelle.
À ses côtés avançait Siliriel Naïlo, son ombre farouche et silencieuse. Elfe sauvage issue des forêts profondes d’Eternelle-Rencontre, Siliriel tranchait nettement avec l’élégance racée de Seledra. Sa peau hâlée était marquée de fines peintures tribales, et ses yeux verts aux éclats mordorés scrutaient les alentours avec une vigilance animale. Sa chevelure brune, mêlée de plumes, de perles et de mèches tressées, ondoyait derrière elle.
Siliriel portait un vêtement de cuir souple, renforcé d’écailles naturelles et orné de motifs végétaux. Un long arc elfique aux gravures sylvestres reposait sur son dos, tandis qu’une lame courbe pendait à sa ceinture. Elle ne parlait que rarement, préférant la voie des signes et des regards. Mais sa seule présence suffisait à dissuader toute velléité hostile.
Leur arrivée n’était pas le fruit du hasard. Plusieurs jours auparavant, Seledra avait envoyé une missive au seigneur de Mythdae. Un pli scellé du croissant de Corellon, confié à des contacts de confiance et transmis de relais en relais, depuis les bosquets sacrés d’Eternelle-Rencontre jusqu’aux portes de Mythdae. Car ce n’était pas dans les habitudes des Elfes du Soleil de quérir l’aide d’un dirigeant extérieur. Cette entrevue était cependant devenue nécessaire.
Un trouble ancien s’éveillait, et les augures de Corellon s’assombrissaient. Les murmures des arbres eux-mêmes portaient des échos d’ombres oubliées.
Alors qu’elles s’avançaient vers la salle du trône, le bruit feutré de leurs pas se perdit sous les voûtes d’argent. Une atmosphère de tension paisible régnait dans l’air, lourde de secrets et d’attentes.
Seledra posa une main sur le pendentif de son dieu à sa ceinture, le croissant de lune froid sous ses doigts. Elle murmura à peine :
— Ô Corellon, Père des Étoiles, que votre regard bienveillant éclaire cette heure et guide mes pas en cette terre lointaine..
Le voyage ne faisait que commencer.

Mes PJs : Azur'ael, la gardienne des mystères ; Shalan le chevalier de la Seldarine ; Kuan Shen-li, l'archer spirituel MG : Tenavril, Haut Dracosire de l'Œil du Dragon
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Seigneur de Mythdaë
Chambre 7
2 gemmes
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Nis et Ira fendaient les cieux azuréens en ce radieux matin du cinquième jour du Haut-Soleil. Majestueuses et immaculées, les deux tours de guet dressées telles des sentinelles éternelles avaient donné à l'île son dernier nom connu. À leur pied, la Cité Blanche vivait, paisible et vibrante, déroulant son quotidien dans une harmonie presque irréelle.
Depuis sa libération du joug profanateur des Drows, Mythdaë avait bien changé. Aux yeux du souverain de l’île, il ne s’agissait pas d’une simple conquête, mais bien d’une purification. Car depuis les temps anciens, Mythdaë avait été une terre sacrée, vouée au culte d’Abelas Enoreth, et ce, depuis qu’Ilmeasth Orodet, fidèle serviteur du Donneur de Vie, l’avait découverte. Elle… et son secret.
Aujourd’hui, même si Mythdaë s’était épanouie en une petite cité, elle n’en demeurait pas moins imprégnée de sainteté. Le Seigneur de la Cité Blanche, en accord avec la volonté d’Isorion, avait œuvré à l’ouverture de la Confrérie aux N’Tel’Quess. Toutefois, la Seldarine régnait encore en maîtresse sur l’île. Néanmoins, toutes les religions reconnues par les Gardiens de l’Harmonie pouvaient y être honorées librement, sans crainte de jugement ou de censure.
Bouter les elfes noirs hors de l’archipel du Crépuscule avait été, étrangement, la partie la plus aisée. Car le jeune elfe du soleil qui se tenait alors sur la grande terrasse dominant Argen’Lateuess n’aurait jamais pu imaginer à quel point cette libération bouleverserait sa propre destinée. Aël’Telàwërith n’avait jamais rêvé d’aventure. Ce qu’il désirait, c’était la reconnaissance, l’honneur d’intégrer les vénérables rangs des Gardiens des Nécropoles de Gris-Manteaux.
Imaginez donc sa stupeur, lorsque l'on est paisiblement en rêverie sur les flanc d'une colline et qu’un spectre se manifeste en se présentant comme l’une de vos aïeules. Que répondre à une baelnorn lorsqu’elle vous somme de partir en quête pour retrouver la Tel’Kiira de votre lignée ? Était-ce réellement une mission sacrée, ou bien une manigance habilement tissée pour l’éloigner d’Evereska, promise à la désolation ? Peut-être n’avait-elle jamais eu d’autre but que de l’amener ici, à Mythdaë, afin qu’il reprenne l’héritage des Aëryndra.
À cette pensée, un sourire effleura les lèvres du Seigneur de Mythdaë. Il l’appréciait, sa tante. Il l’aimait même, malgré la crainte qu’elle lui inspirait parfois. Alystraë de la maison Aëryndra de Cormanthyr n’avait plus d’âge. Magicienne émérite et prêtresse de Corellon Larethian, elle avait vécu une existence bien remplie, même selon les standards elfiques. Son sang royal, hérité des Irithl, lui avait permis de conserver son nom en épousant le Haut-Prêtre Lyndfinwë, Gardien d’Ilor Thro’ess.
Décédée un 20 Flammerige de l’an 695 selon le calendrier des Vaux, Alystraë ne demeura pas longtemps dans la mort. Rappelée par son époux, elle devint baelnorn, gardienne de la lignée et protectrice de la bibliothèque secrète. Qui ne rêverait pas de connaître un tel savoir ? Un esprit érudit avec des bases solides et un accès illimité à l’un des plus grands trésors de Faerûn... Aël’Telàwërith n’osait imaginer jusqu’où s’étendait la puissance de sa tante. Pourtant, elle le servait loyalement, offrant conseils, remontrances et protection avec une constance redoutable.
Ce fut dans ce contexte qu’il reçut la missive d’une prêtresse de la Couronne d’Arvandor : Dame Seledra Shaelara. Un simple sceau en croissant de lune et quelques mots suffirent à éveiller sa curiosité.
— Qui suis-je pour refuser audience à une prêtresse de mon dieu ? murmura-t-il.
La réponse vint, narquoise, de sa boule de poils familière.
— Je dirais : le Seigneur de cette cité, Armator de Thuldaë, descendant du clan Aëryndra de Cormanthyr… Dois-je vraiment poursuivre, mon Seigneur ?
Drapé dans sa robe immaculée, le théurge mystique haussa un sourcil, affichant une moue désapprobatrice.
— Tu n’as pas bientôt fini ? Ne pourrais-tu pas aller tourmenter une autre âme ? Ton insolence m’exaspère presque autant que tes bavardages.
Le gros chat noir bondit sur la balustrade, se faufila entre les bras de son maître, puis s’installa avec majesté, ses yeux verts pailletés d’or croisant ceux, couleur lavande, du mage.
— Vous oubliez, mon cher, que j‘ai un don. Votre venin ne m’atteint guère. Et je sais que vous ne pensez pas un mot de ce que vous dites. Mon impertinence vous amuse, Ô Seigneur. Surtout aujourd’hui, n’est-ce pas ?
Aël’Telàwërith lui gratifia une caresse affectueuse entre les oreilles, déclenchant un ronronnement de plaisir.
— Tu as raison, Ry. Et pourtant, cette requête me trouble… Un pressentiment peut-être. Une intuition. Aillesel Seldarie...
Son regard embrassa la cité grouillante d’activité. Mythdaë ne dormait jamais vraiment. La nuit y était paisible, en respect des peuples nocturnes, mais l’aube rallumait chaque jour ses mille feux.
Il sentit la présence de Galaad Sil’enoth, l’intendant du palais. Relié à son Seigneur par un anneau enchanté, Galaad pouvait apparaître à ses côtés en tout lieu, sauf dans la Grande Bibliothèque — un sanctuaire où seuls trois êtres pouvaient entrer, et encore, jamais en totalité.
Les picotements familiers à la base de sa nuque le prévinrent : le Grand Chambellan se matérialisa. Le demi-elfe portait un pantalon de lin noir, ses bottes étaient de la même couleur ainsi que sa veste. Sous cette dernière, Galaad portait une chemise de couleur blanche dont les jabots en fine dentelle jaillissaient du col et des manches.
— Mon Seigneur. La délégation de l’Île Verte vous attend dans laE salle du trône. La Première Dame est au vestibule, et votre Armator est en route.
Un simple hochement de tête suffit en réponse.
— Merci Galaad. Annonce ma venue dans quelques minutes. Que Corellon te garde.
Galaad disparut. Aël’Telàwërith se tourna vers Ry, un sourire aux lèvres.
— À toi de jouer, mon grand. À tout de suite.
Le familier se métamorphosa en moineau, fila à tire-d’aile vers la chambre du maître, puis se transforma en couleuvre pour se faufiler sous la porte close. Il poursuivit sa course sous forme féline, avant de devenir une simple punaise, invisible dans le décor.
Dans la salle du trône, deux elfes d’Éternelle-Rencontre patientaient sur l’estrade inférieure du chœur. Galaad, fidèle au protocole, rectifia sa posture : l’arrivée de la cour restreinte était imminente.
Sa voix résonna, solennelle :
— Sel Armathor de Mythdaë : Earïr Ciryumë. La Dame de la Cité Blanche : Earwën Sindanarië. Seigneur de Mythdaë : Lateuess Aël’Telàwërith Eowënlathaèldir, du clan Aëryndra de Cormanthyr.
Chacun prit place. Le Haut-Armathor, debout derrière le trône, veillait comme l’ombre de son maître. La Dame Blanche, assise à la gauche du Seigneur, irradiait de grâce dans sa robe blanche brodée d’argent. Originaire de Sembreloge, mais élevée à Éternelle-Rencontre, elle possédait, de par sa famille, un réseau influent. Lorsque l’on élevait des chevaux de lune, on avait forcément quelques relations influentes, et quand son oncle habitait la Tour de Reillo et que l’on y subissait son apprentissage, il y avait également quelques connaissances bien placées. La sagesse du Seigneur l’avait conduite ici. Lorsqu’il fut assis sur le trône, Galaad reprit :
— Ayant demandé audience, voici Dame Seledra Shaelara, Faernsuori, et à ses côtés, Siliriel Naïlo.
Un sourire furtif passa sur les lèvres d’Aël’Telàwërith. Ces deux figures lui rappelaient étrangement Yvae Starym et lui-même… Une observation révélatrice.
— Merci, Intendant. Vous pouvez vous retirer.
Aël'Telàwërith donna le temps à son chambellan de quitter les lieux par le vestibule avant de pousuivre.
- Soyez les bienvenues sur l’Île de la Cité Blanche. Que l’éclat du croissant de lune illumine cette rencontre. Je dois avouer que votre requête m’a surpris. Je ne pensais pas que la renommée de Mythdaë dépassait les frontières du Cormanthor. Mais c’est toujours un honneur d’accueillir des émissaires de l’Île Verte. Que la Couronne d’Arvandor vous bénisse. Bien… Il est temps de lever le voile sur ce mystère devenu insoutenable. Vous avez été fort discrètes quant à la nature de cette entrevue. Parlez librement. Ce lieu est protégé de toute oreille indiscrète.
L’heure était venue… et les révélations allaient peut-être ébranler plus que le simple cours d’une audience.

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Conteur des étoiles
Chambre 3
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Seledra s’inclina avec grâce, posant brièvement deux doigts sur son cœur avant de les élever vers son front, un geste ancien en usage dans les cercles du Bosquet de Corellon.
— Seigneur Aël’Telàwërith, que votre hospitalité soit louée sous les cieux d’Arvandor. Recevez les bénédictions du Bosquet de Corellon, ainsi que la reconnaissance sincère des miens. Vous honorez Éternelle-Rencontre en accueillant en votre demeure une voix de la Couronne d’Arvandor.
Elle marqua une pause, son regard doré croisant celui du Seigneur, avant de s’adresser à l’assemblée avec une voix douce mais ferme, comme portée par un vent ancien.
— Je ne suis point venue en ambassadrice d’un royaume. Ni même en simple pèlerine. Je suis venue en sœur… et en servante de Corellon, guidée par des augures de plus en plus sombres.
Elle s’avança d’un pas.
— Mon frère, Aerendil Shaelara, a quitté Éternelle-Rencontre il y a de cela six cycles lunaires, dans une quête solitaire, suivant un rêve — ou plutôt, un appel. Il parlait de l’ancienne terre de nos ancêtres, le Cormanthor. De ruines oubliées, de lueurs bleues sous la terre, et d’un chant ancien que seuls les enfants du Bosquet peuvent entendre. Il ne nous a laissé qu’un mot, et une étoile d’éclat ciselée dans le bois de Telquessir.
Elle abaissa les yeux un instant, reprenant avec retenue.
— Depuis… silence. Ni oiseau, ni sort, ni prière n’ont pu retrouver sa trace. Mais il m’est revenu en rêve. Non pas son visage, mais l’éclat de son âme, perdue dans un entrelacs de branches noires. Et chaque nuit depuis, le croissant s’assombrit davantage.
Ses doigts se refermèrent sur le pendentif lunaire à sa ceinture.
— Les oracles de Corellon eux-mêmes se sont tus à mon appel. Seule une vision est revenue, inlassablement : une flamme pâle, dans une cité de tours blanches… et un nom : Mythdaë.
Elle redressa le menton, posant son regard droit sur le seigneur de la cité.
— J’ignore si mon frère est passé par ces terres, ou si le destin m’y a conduite pour une autre raison. Mais je sens que le sort de mon sang est lié à quelque chose de plus vaste. Je ne cherche ni guerre, ni faveur, mais des réponses. Et peut-être… un peu d’espoir.
À ses côtés avançait Siliriel Naïlo, son ombre farouche et silencieuse. Elfe sauvage issue des forêts profondes d’Éternelle-Rencontre, Siliriel tranchait nettement avec l’élégance racée de Seledra. Sa peau hâlée était marquée de fines peintures tribales, et ses yeux verts aux éclats mordorés scrutaient les alentours avec une vigilance animale. Sa chevelure brune, mêlée de plumes, de perles et de mèches tressées, ondoyait derrière elle.
Elle ne dit mot, fidèle à sa nature discrète, mais son regard fauve suivait chaque geste, chaque inflexion. À l’évocation de Mythdaë, son expression se durcit imperceptiblement, et ses doigts gantés frôlèrent le bois gravé de son arc comme pour conjurer un pressentiment. Une tension sourde passait dans sa posture, prête à jaillir si l’instant l’exigeait — mais elle demeura de pierre, sentinelle silencieuse dans le sillage de sa sœur d’âme.
Seledra s’inclina une nouvelle fois.
— Si le croissant de lune vous éclaire, Seigneur de la Cité Blanche, alors peut-être trouverez-vous sagesse à m’aider dans ma quête.

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Seigneur de Mythdaë
Chambre 7
2 gemmes
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Droit sur son trône de marbre blanc veiné d’argent, le Seigneur de Mythdaë, Aël Telàwërith, demeurait immobile, tel un fragment vivant d’une fresque ancienne. Ses prunelles d’ambre, étincelantes sous la lumière des vitraux bleutés, ne quittaient pas un instant le visage grave de son hôte. Seledra Shaelara, vêtue de la sobre humilité des dévots, n’avait revendiqué aucun titre, si ce n’est celui de servante de Corellon Larethian. Cela suffisait. Aël, lui-même prêtre du Premier des Seldarine, ne pouvait demeurer sourd à l’appel d’une sœur en quête d’aide.
Le récit que la jeune elfe livra, concis mais lourd de sous-entendus, éveilla aussitôt l’attention du théurge-mystique. Aerendil, son frère, avait disparu dans les ombres mouvantes du Cormanthor, répondant à un appel mystérieux. Qui oserait s’aventurer seul dans cette forêt où même les arbres semblent murmurer de sombres menaces ? Il fallait être dément… ou d’une témérité forgée dans l’acier d’un destin hors du commun.¤ Mais dans quelle catégorie tombait donc le frère de Seledra ? Inconscient ou élu ? ¤ Quoi qu’il en soit, Aël faisait désormais face à une messagère troublée, porteuse d’un croissant de lune — symbole divin de Corellon Larethian. Et surtout, détail insistant aux oreilles d’un mystique, Mythdaë, sa propre cité, semblait se dessiner dans les entrelacs d’un destin encore nébuleux. Le présage forçait la main : en tant que prêtre du Père des Elfes, en tant que seigneur, son devoir n’était pas une option.
La Confrérie venait tout juste de planter ses racines dans la Cité Blanche, et déjà, le besoin en Gardiens Sylvestres se faisait sentir. Mais on ne scelle pas un pacte sur la seule foi des sentiments. Avant de s’engager, le Seigneur devait connaître la trame complète. Que disait ce mot laissé par Aerendil ? Qu’évoquait ce symbole qu’il avait gravé ? Quelles démarches Seledra avait-elle déjà entreprises ? Et surtout — question capitale — qu’attendait-elle de lui ?
Le silence qui suivit fut plus pesant que mille paroles. Il emplissait la salle du trône tel un voile d’encens opaque. Seul un elfe pouvait en supporter la longueur sans broncher, et fort heureusement, l’assemblée n’était composée que d’eux. Même les flammes des torches semblaient s’être figées, suspendues à l’instant.¤ — Ry, qu’en dis-tu, mon grand ? ¤ Le familier demeurait hors de vue, mais le lien mystique unissant le mage-prêtre à la créature ne laissait aucun doute sur sa proximité. Une araignée, peut-être ? Non, impensable. Une forme proscrite dans l’enceinte de ce palais. Mais Ry, caméléon d’émotions et de formes, pouvait aussi bien être un cancrelat sous une armoire qu’une punaise sur un lustre. Ce qu’Aël attendait de lui, ce n’était pas une localisation. C’était un ressenti.
Car Ry, comme tous les membres de sa race, possédait un don bien précieux pour tout souverain : la capacité de capter les émotions superficielles de toute créature dans un rayon d’un pas et demi dragon.
Ce don, il l’aimait. Et il aimait encore plus l’utiliser pour faire une entrée théâtrale.
Ainsi, la petite souris grise, tapie sur une corniche, se mua en un papillon aux ailes iridescentes. Son vol gracieux emplit l’espace d’une aura féerique. Il virevolta autour des deux elfes venues de l’Île-Verte, puis, avec une élégance étudiée, se posa au pied du trône pour reprendre sa forme initiale : celle d’un chat noir au pelage lustré.— La bonne rencontre, mes dames, miaula-t-il d’un ton suave, incliné comme un courtisan. Il s’approcha, sa démarche féline trahissant l’assurance d’un ambassadeur qui connaît son effet. Rien ne lui échappait : ni la tension discrète qui agitait la sauvage Seledra, ni la crispation subtile de son maître lorsque la dernière phrase de l’elfe avait résonné dans la salle.
Aël, lui, demeurait figé dans sa posture cérémonielle : assis sans s’appuyer, les avants-bras posés sur les accoudoirs sculptés à l’effigie de loups hurlant à la lune, les doigts étendus comme les branches d’un chêne ancien. Pourtant, une légère contraction au coin de sa bouche le trahit.¤ « Si la lumière du croissant me guide ? » Bien sûr que je baigne dans sa lumière, ma sœur. Et devrais-je donc attendre l’aval de la Couronne d’Arvandor pour agir avec sagesse ? ¤ Autrefois, il aurait recadré une telle remarque avec une raideur dogmatique. Mais les années, les rencontres, et surtout la Confrérie, avaient poli son élitisme solaire. Il se croyait toujours l’élu d’un lignage supérieur, mais ce privilège s’était mué en exigence d’exemplarité. C’était là son fardeau, non son titre.¤ Elle est fatiguée… C’est un long voyage. À moins d’avoir foulé la Tapisserie… Mais dans ce cas… pourquoi si peu de précautions ? ¤ Ce fut alors que la Dame Blanche elle-même rompit le silence. Sa voix, pure comme un cristal, fendit l’atmosphère comme une flèche enrobée de miel.                                                                                                                                                                                                              Aël se tourna vers elle, le regard adouci. Une main tendue dans l’ombre, une flamme allumée dans une pièce obscure. Elle venait, par ses mots, d’écarter un obstacle invisible. Il lui répondit d’un simple hochement de tête, discret mais chargé de gratitude. Il n’était pas certain d’apprécier que l’on évoque la marque, mais il reconnaissait le geste.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Ry utilise sa perception empathique

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Conteur des étoiles
Chambre 3
Aucune gemme
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e silence s’était fait, solennel, presque sacré — et lorsqu’il fut rompu, ce fut avec cette fluidité surnaturelle qui n’appartient qu’aux voix nées des Premiers Jours.
Le souffle de la Dame Blanche avait glissé sur l’assemblée comme un frisson de lumière, et Seledra inclina lentement la tête, ses paupières mi-closes marquant un respect teinté de reconnaissance. À ses côtés, Siliriel ne bougea pas — ou presque. Son regard se porta un instant sur la Dame, puis sur le Seigneur, et enfin vers les vitraux où s’attardaient les éclats lunaires. Un très léger balancement de sa tresse perlée suffit à trahir un assentiment farouche : cette parole-là, elle l’avait entendue, et acceptée.
Puis, un scintillement brisa le temps. Le vol du papillon iridescent, né d’un murmure de magie discrète, tourna brièvement autour des deux voyageuses. Seledra n’en fut point surprise, mais un sourire fugace effleura ses lèvres. Siliriel, elle, suivit la créature du regard, les doigts posés par réflexe sur la garde de sa lame — réflexe, mais non hostilité. Son instinct salua Ry sans animosité : il n’était ni une menace, ni un esprit errant. Juste... un chat. Un chat qui parlait, et qui savait.
Lorsque Ry se transforma et s’inclina, Seledra le salua d’un signe lent de la main — la paume ouverte vers le sol, un geste ancien des Hauts-Conteurs, réservé aux familiers dotés de parole.
Puis elle releva les yeux vers Aël Telàwërith, et répondit, d’une voix plus douce, plus basse qu’auparavant — comme si elle ne s’adressait plus au seigneur, mais à l’âme même de la cité.— Je vous remercie, Seigneur Aël… et vous, Dame blanche. Vos paroles sont pour moi comme une source dans les terres cendreuses du doute. Oui, je suis fatiguée mais je crains davantage le silence que l’épuisement. Elle sortit de l’intérieur de sa robe une fine bande de lin ancien, pliée avec le soin des reliques. D’un geste presque cérémoniel, elle la déroula. En son centre, un fragment de parchemin, aux bords irréguliers, portait quelques mots écrits dans une encre mêlée de sève elfique et de sang dilué.
Elle s’approcha du trône sans franchir la limite symbolique du cercle solaire incrusté dans le marbre du sol — respect des traditions. Là, elle leva le parchemin à deux mains, de sorte que le Seigneur puisse en lire les mots :
Cliquez ici pour dérouler le parchemin... L’éclat me guide. Si je ne reviens pas, suis la lumière. Les branches se referment, mais l’étoile voit encore. Corellon soit témoin. Aerendil Autour de ce message était fixée une étoile à huit pointes, finement ciselée dans un bois argenté propre au Bosquet de Corellon. Mais une de ses branches semblait avoir été… arrachée. Non brisée : arrachée, volontairement. Un acte qui, dans la symbolique du Bosquet, évoquait une décision irrévocable.
Seledra reprit, sa voix légèrement voilée par l’émotion contenue :— C’est tout ce qu’il a laissé. L’étoile mutilée… ce geste n’est pas sans sens. Cela signifie qu’il savait. Qu’il se séparait de quelque chose. D’un lien. D’un serment. Ou de nous. Elle fit un pas en arrière, laissant l’assemblée absorber ce fragment de mystère.— Depuis ce jour, j’ai interrogé les clairières sanctifiées, les arbres anciens, les astres… J’ai prié dans les ruines d’Elarith’Quessir et offert mon sang à la Source d’Ondellamar. Les réponses furent rares. Mais toutes pointaient vers le même entrelacs de signes : une tour blanche, un flamboiement lunaire… et le nom de votre cité, tissé à la frontière du rêve. Elle ferma un instant les yeux, inspirant lentement. Lorsqu’elle les rouvrit, leur éclat doré s’était fait plus clair, presque douloureux.— Que craindrai-je ? L’oubli. Que mon frère ait cédé à un chant ancien que même Corellon ne reconnaît plus. Une corruption subtile, douce comme une berceuse, mais aussi dévorante que l’hiver sans fin. Et si ce chant est lié à Mythdaë… alors ce n’est pas un hasard. Peut-être un avertissement. Son regard se posa à nouveau sur le chat noir. Elle ajouta doucement :— Et ce que j’espère… Ce n’est pas un miracle. Ni un sauvetage héroïque. J’espère… qu’il reste encore une voie entre les branches. Un fil d’éclat, que je puisse suivre — et que vous, Seigneur Aël, puissiez m’aider à discerner. Son regard glissa un instant vers le familier, puis revint se fixer sur le trône.— Si Ry vous parle de mon cœur… alors il saura que je suis prête. Pas seulement pour Aerendil. Pour ce qui s’éveille, à la lisière de ce que les plus anciens d’entre nous ont oublié. Elle laissa passer un souffle, presque une prière.— Je ne viens pas mendier des armées, ni troubler vos rites par la fièvre d’une quête intime. Ce que je vous demande, Seigneur de Mythdaë, c’est un regard. Le vôtre. Une oreille attentive, un conseil juste… et, si le croissant vous le souffle, une aide discrète. Une piste. Un nom. Une clef. Seledra redressa doucement le menton, et dans ses yeux dorés brillait quelque chose de plus ancien que la douleur : la mémoire.— Aerendil parlait d’un sanctuaire oublié, d’un écho sous les racines noyées… de ruines effacées où même les dryades n’osent plus chanter. Il nommait un lieu… à peine un murmure : Illefarn. Elle marqua une pause, observant attentivement le moindre frémissement dans le regard du Seigneur.— Un nom effacé des cartes… mais pas des chants. Et certains disent qu’ici, à Mythdaë, la mémoire chante encore — dans la pierre, dans les vitraux… ou dans le cœur d’un prêtre éveillé. Ses doigts effleurèrent le pendentif lunaire.— Alors je vous le demande, en sœur du Bosquet : laissez-moi suivre ce fil, s’il en reste un, avant que les branches ne se referment pour de bon. Et dans le silence qui suivit, il n’était plus tout à fait certain que c’était la prêtresse qui parlait… ou la voix oubliée d’un âge ancien, cherchant encore un écho.

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Le mystère, tel un voile de brume éthérée, s’insinuait dans chacun des mots que prononçait Seledra Shaelara, venue d’Eternelle-Rencontre. Il y avait dans son timbre la fermeté d’un devoir sacré, et dans son maintien, malgré la fatigue manifeste, la volonté indéfectible de ne point faiblir avant d’avoir plaidé sa cause. Ce n’était pas là le caprice d’une âme exaltée. C’était l’expression d’un serment silencieux, un écho de responsabilité que seul un cœur véritablement engagé pouvait porter.
Ry, lové dans l’ombre mouvante d’un pilier de marbre, avait sondé les émotions superficielles de la prêtresse, comme la surface tranquille d’un lac au clair de lune. Rien de mensonger ne l’effleura. Les intentions semblaient pures, alignées avec les paroles. Et pourtant… Aël’Telàwërith, dont la méfiance était l’armure des jours troublés, savait qu’une magie bien tissée pouvait dissimuler les eaux les plus troubles sous le miroitement d’une fausse clarté. Mais si tel avait été le cas ici, il l’aurait vu. Depuis que son sort de vision magique avait été ancré en lui comme une seconde nature, chaque flux de magie, chaque serviteur invisible, chaque enchantement domestique ou défensif dans cette nef de pierre lui apparaissait avec une acuité surnaturelle.
Son regard se porta ensuite vers le parchemin. L’encre avait pâli, mais le sens n’en était pas moins saisissant. L’étoile, mutilée d’une de ses branches, portait en elle une symbolique puissante : celle d’une lumière affaiblie, d’un guide perdu ou en péril. Seledra l’avait mentionnée. L’intention d’Aerendil, dans cette gravure silencieuse, ne faisait aucun doute. Sa résolution transpirait dans ce geste. C’était un appel — ou un avertissement.
Les mots couchés sur le vélin, eux, restaient bien plus hermétiques. Le Seigneur de la Cité Blanche les relut lentement, tâchant de percer leur énigme à l’aide des bribes de savoir éparses qu’il détenait. Mais ses pensées furent interrompues. Seledra poursuivait, et ses paroles méritaient toute son attention. Elle avait quitté son île, traversé terres et mers, et affronté l’incertitude des routes oubliées pour venir jusqu’ici. Une telle démarche ne relevait ni de l’impulsivité, ni d’un appel creux au secours. Il y avait dans chaque geste, dans chaque inflexion de sa voix, cette tension fine et vibrante qui naît d’une inquiétude authentique, mue par l’amour fraternel et le devoir religieux.
Quand elle eut fini, un nouveau silence enveloppa la nef. Aël’Telàwërith demeura immobile, ses traits figés dans une réflexion intense. Son rang, ses responsabilités, le poids invisible de la couronne elfique l’obligeaient à évaluer chaque mot, chaque décision, à la lumière des répercussions possibles. Mais il ne se leurrait pas : Seledra ne demandait ni armée, ni flamme, ni bannière. Elle réclamait une aide, discrète mais précieuse, une main tendue dans l’ombre — et il voulait, plus que tout, être celui qui la lui offrirait.
Mais le devoir d’un souverain ne peut se soumettre à ses seuls désirs.
Son trouble était visible, presque palpable. Il ne tentait pas de le masquer. Il se leva, sa robe blanche glissant dans un bruissement soyeux, et s’approcha du parchemin. Son regard lavande glissa une nouvelle fois sur les lettres, puis remonta vers le visage de la prêtresse. Il y lut la fatigue, mais aussi une lueur de gratitude silencieuse. Un sourire grave naquit sur ses lèvres — promesse muette qu’il prenait sa requête au sérieux.
Puis il arpenta la nef d’un pas lent, presque cérémoniel, croisant tour à tour le regard de sa compagne et de son Armathor. Mais aucun mot ne vint. Le silence était leur assentiment : la décision lui revenait.
Il repensa aux mots d’Aerendil : L’éclat te guide… L’étoile brille encore… Les branches se referment. Des phrases sibyllines, mais riches de présages. L’éclat, une lumière ? Une étoile ? Un guide ? Et si les branches se refermaient… que devenait cette lumière ? Menacée, piégée, étouffée ? Peut-être fallait-il, comme souvent, suivre la lumière pour trouver l’ombre…¤ Mais quelle lumière ? ¤ Ry s’éclaircit la gorge. Il ne comptait pas parler, non. Il savait que son maître, en ce moment même, sombrait dans les méandres de ses pensées, et qu’un simple son pouvait l’en tirer sans brutalité. Puis il s’approcha lentement de la prêtresse, sa queue décrivant de larges arabesques.— Dame Seledra Shaelara, dit Aël’Telàwërith d’une voix profonde, empreinte de solennité, je ne reste pas insensible à votre tourment. Et si un danger — même voilé — menace notre Cité Blanche, il est de mon devoir d’en tenir compte. Aussi, je décide ainsi : Mythdaë vous ouvre ses portes, en toute bienveillance. Nous mettrons nos ressources, notre savoir et notre vigilance à votre service pour éclairer cette énigme… et, si possible, découvrir la voie que votre frère a suivie. Il se tourna, son regard glissant sur les statues silencieuses qui bordaient l’allée menant à la nef.                                                                                                                      Ses yeux, couleur d’améthyste, revinrent se poser sur la prêtresse, et dans ce regard, il y avait cette rare permission : celle de le regarder d’égal à égal. Il lui offrait, par ce simple échange, une marque de respect que peu recevaient. Puis il retourna à son trône, la longue robe immaculée tourbillonnant à ses talons comme une brume d’argent.— Vous avez évoqué Ilefarnn. Ce nom ne tombe pas à la légère. Il est vieux… plus vieux que bien des mémoires vivantes. Pourtant, je crois comprendre pourquoi les oracles vous ont conduite ici. Il y a sur cette île des choses très anciennes, des voix qui attendent encore d’être entendues. Le tout est de savoir comment faire chanter les pierres… ou, du moins, apprendre à les écouter. Il marqua une pause, son regard devenant plus intense.— Il existe quelqu’un ici, dont la mémoire défie le temps. Quelqu’un qui a vu les jours anciens et en verra d’autres après nous. Une âme immortelle, studieuse et implacable. Si une réponse se trouve sur cette île, elle la trouvera. Aël’Telàwërith sourit avec une touche d’ironie, presque tendre. — Je vais appeler ma tante. Mais permettez-moi de vous prévenir… sa présence a souvent pour effet de jeter un froid dans une pièce. Comme s’il avait prononcé une incantation oubliée, la lumière se modifia imperceptiblement. En un souffle, une silhouette se matérialisa derrière le trône. Belle à en faire frémir les cieux, elle semblait forgée d’ombre et de lumière, ses cheveux blonds nattés en un chignon complexe, sa robe d’un vert pâle presque translucide épousant les formes parfaites de son corps intemporel. Alyndra, la baelnorn.— Mon Seigneur, dit-elle d’une voix douce et pourtant glacée, vous m’avez appelée. Que puis-je faire pour vous ? Le Seigneur de Mythdaë tourna son visage dans la direction du spectre et il lui sourit d'un air taquin.— Vous le savez déjà, ma tante, répondit-il, son regard empli de confiance et de respect. Cliquez ici pour dérouler le parchemin... Aël'Telàwërith utilise sa vision de la magie sur la parchemin et l'étoile.

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Conteur des étoiles
Chambre 3
Aucune gemme
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Un silence se fit à nouveau dans la nef, mais ce n’était plus le même. Ce n’était plus le silence solennel des cérémonies, ni celui de l’attente. C’était un silence tissé de mémoire, de lignage, de larmes anciennes. Celui qui précède le souffle des très anciens.
Alors que les mots de Seledra retombaient, porteurs de doutes et d’éclats anciens, une lumière douce sembla percer entre les colonnes de marbre. Là, se tenait déjà Alystraë Aëryndra, la Gardienne de Iilor Thor’ess — mais plus qu’une présence, elle devenait presque un souvenir incarné. Ses traits, nimbés d’un halo lunaire, paraissaient à la fois proches et inaccessibles.
La Baelnorn inclina lentement la tête vers la prêtresse, son regard voilé de cette éternité propre aux non-morts bienveillants. Puis elle murmura, dans une voix douce comme la feuille qui tombe :— Liraë Thalanos… Je reconnais son sang dans vos yeux, prêtresse. Et si les branches se referment… alors souvenez-vous qu’une racine, même oubliée, peut encore porter fruit. Elle tendit une main diaphane dans la direction de l’étoile à huit pointes.— Ce symbole… ne vous est pas étranger. Il fut jadis l’ornement des marcheurs de la Lumière Silencieuse, ces élus qui portaient la mémoire des Premiers Jours dans les racines mêmes d’Illefarn. Aerendil savait ce qu’il faisait. Ce fragment… est un passage. Une clef. Et une fracture. Elle se tourna alors vers le trône. Vers Aël’Telàwërith. Et dans son regard, il n’y avait ni pression, ni attente. Juste une vérité offerte.— Mythdaë a été fondée pour préserver ce que même les chants n’osaient plus nommer. Vous savez cela, mon neveu. Si un nom réapparaît dans les brumes… alors c’est que le Chant l’exige. À ces mots, Seledra sembla vaciller intérieurement. La voix murmurée par la Baelnorn avait réveillé quelque chose de plus ancien que le souvenir. Elle ferma brièvement les yeux, et lorsqu’elle les rouvrit, ses pupilles dorées brillaient d’un éclat presque cristallin.— Je suis de cette lignée, oui… Liraë était mon aïeule. Et je… je vous remercie, Dame Alystraë. Pour la mémoire. Pour la clarté. Pour le courage que vos mots ravivent. Elle reprit le parchemin et l’étoile, qu’elle serra doucement contre elle. Puis elle tourna ses yeux vers Aël’Telàwërith, le laissant seul face au message. Au symbole. À la fracture.Lorsque le pouvoir fut invoqué par Aël’Telàwërith, ses yeux s’emplirent d’une lueur bleutée, révélant à sa perception des reflets invisibles à tous les autres. Et son esprit, affûté par la magie, décela les secrets tissés dans ces artefacts.
Le parchemin portait une aura divinatoire faible, mais d’une finesse remarquable : l’écriture mêlée de sève elfique et de sang dilué n'était pas simplement symbolique. Elle agissait comme une liaison ésotérique entre celui qui écrit et celui qui lit. Une piste d’appel, conçue pour répondre à une entité capable de percevoir l’appel — comme un chant de souvenir projeté vers un lieu précis. L’effet est désormais résiduel, mais réel.
L’étoile à huit branches, elle, révélait une magie ancienne et complexe. Une aura puissante d’abjuration, protectrice, combinée à une trame de transmutation profonde. Par son test d’Art de la magie (réussi), Aël’Telàwërith comprend que cet objet agit comme un catalyseur rituélique. Il n’est pas activé ici — mais il réagirait à un lieu ou à une convergence magique spécifique. Probablement un sanctuaire lié à l’ancienne Illefarn. L’absence volontaire d’une branche n’est pas seulement symbolique : elle rompt un serment ancien, ce qui modifie l’activation magique de l’objet. Il s’agit donc d’une clef incomplète, mais consciente de l’être.
En se concentrant sur ces artefacts, le Seigneur de Mythdaë perçoit que l’étoile est conçue pour être portée dans un rituel ou posée sur un seuil. Un sceau d’accès, lié à une magie de verrouillage à haute intensité.
L’aura globale n’indique aucune corruption, mais une urgence muette : la magie contenue là attend. Et le lieu qu’elle appelle existe encore.
Alystraë, sans tourner la tête, déclara alors, comme si elle lisait la vision d’Aël’Telàwërith sans qu’il n’ait besoin de mots :— Ce fragment est un écho. Et les échos ne mentent pas… mais ils ne révèlent que ce que le cœur est prêt à entendre. Elle ferma un instant les paupières.— Si votre magie l’a vu… alors vous savez : Aerendil ne s’est pas perdu. Il s’est séparé. Et dans ce geste… il a laissé une porte entrouverte. Elle inclina légèrement la tête.— Que vous décidiez de la franchir ou non, Seigneur de Mythdaë… cela vous appartient. Mais elle existe. Seledra, enfin, s’inclina, plus profondément encore. Lorsqu’elle parla, sa voix était calme, mais vibrante d’une résolution intacte.— Alors il reste un fil. Et je le suivrai, si vous me le permettez. Un vent léger, sans source, glissa entre les arches du sanctuaire.
Comme une invitation. Lancers... Aël’Telàwërith - Jet de compétence : Art de la magie : 14(d20) +22 = 36 vs DD25 ~ Réussite

Mes PJs : Azur'ael, la gardienne des mystères ; Shalan le chevalier de la Seldarine ; Kuan Shen-li, l'archer spirituel MG : Tenavril, Haut Dracosire de l'Œil du Dragon
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