Chapitre 1 : Pleurs printaniers

Lorsque Astérious perçut la réaction de l’enfant face aux deux inconnus, une ombre d’inquiétude et de méfiance assombrit son regard.
Ses traits se figèrent, et d’une voix basse mais ferme, il donna un ordre à son compagnon :

-Cornichon, va aider Else. Protège-la.

Sans attendre, le chien s’élança comme une flèche tout juste décochée, pour venir se poster du côté droit d’Else. Il cessa d’aboyer, mais un grondement sourd monta de sa poitrine. Le message était limpide : au moindre faux pas, il interviendrait.
Le druide, à son tour, se plaça sur la défensive. Il s’approcha lentement d’Oriénas et de l’enfant, observant les deux inconnus avec une vigilance tranquille.
Lorsque Else eut fini de parler, sa voix grave s’éleva, calme mais lourde de sens :

-Je vous conseille fortement d’éviter de vous exprimer par le mensonge. Mon compagnon ici présent déteste l’odeur que cela dégage… et il peut réagir très vite.
Quant à moi, soyez rassurés : je ne m’emporte que lorsqu’on fait du tort à un enfant.

Le vieux gnome resserra la prise sur son bâton, le tenant à deux mains, prêt à toute éventualité.

Au même temps, du coin de l’œil, il observait l’enfant, attentif à ses gestes et à ses réactions, cherchant à deviner dans les battements de son cœur si sa douleur était véritable.

Orienas fut surpris par la réaction de l'enfant à l'opposé de ce que l'on aurait pu attendre. La terreur que semblait provoquer chez le jeune garçon l'apparition du couple contrastait avec le soulagement apparent des deux étrangers.
L'émotion dans la voix de la jeune femme paraissait réelle mais il était bien placé pour savoir que la sincérité pouvait être feinte …

Voyant qu'Else confrontait d'autorité les nouveaux arrivants avec le soutien d'Asterious et de Cornichon, il décida de se concentrer plutôt sur Jolan- puisque tel était apparemment son prénom.
Il fallait réussir à le calmer suffisamment pour obtenir sa version avant d’espérer pouvoir démêler la situation.
De toute évidence, il connaissait ces personnes mais quels étaient ces liens avec elles et pourquoi étaient-elles après lui ?

Se décalant légèrement afin de faire écran entre les quatre adultes et le garçon, il le prit fermement mais sans brusquerie par les épaules pour le forcer à ramener son attention sur lui et planta son regard dans celui de l’enfant.

- Rassure-toi Jolan, tu es à l'abri ici avec nous. Nous ne les laisserons pas t'emmener si tu ne veux pas partir avec eux. Il faut que tu m'expliques ce qui se passe. Qui sont ces gens et Pourquoi te cherchent-ils ? Pourquoi as-tu peur d'eux ?

Else, qui avait rencontré bien des gens depuis son arrivée au Hall des Récoltes, avait peu à peu appris à discerner les mines contrefaites et les paroles trop bien tournées. Sa sagacité, pourtant, était mise à rude épreuve face à l'étrange duo qui prétendait connaître le petit garçon. Le ton paternaliste de l'homme ne lui paraissait en rien suspect ; mais le soulagement affiché par sa compagne sonnait faux à ses oreilles. Sans bien savoir pourquoi, elle avait le sentiment de ne pas avoir affaire à une jeune femme émotive, mais à une actrice dont le jeu manquait de justesse.

Asterious, moins prompt à juger, observait la scène avec le calme d’un homme habitué aux vérités de la nature. Tandis que Cornichon s’interposait, les babines retroussées, prêt à défendre les siens, le gnome scrutait surtout l’enfant : sa panique lui semblait authentique, pure comme la peur d’un animal acculé. Mais cette certitude ne l’éclairait en rien sur la cause véritable de ses larmes.

Orienas, quant à lui, concentrait toute son attention sur son petit protégé. Il parvint à apaiser sa respiration, mais pas à dissiper son effroi : l'enfant, incapable de lever les yeux vers les inconnus, hoquetait lamentablement, essayant de retenir de nouveaux sanglots. Une moustache luisante de morve lui barrait la lèvre, qu'il n'avait même plus la force d'essuyer d'un revers de manche.

Joran

- Jo... ran... laissa-t-il échapper entre deux respirations, d'une voix brisée. -------------------- Les joues maculées de larmes et de poussière, les cheveux sales et emmêlés, cet enfant sale et dépenaillé est complètement terrorisé.

Les menaces à peine voilées d'Asterion n'eurent guère d'effet sur le couple : ils paraissaient plus impressionnés par les grondements du molosse que par ceux du druide. Tous deux avaient toutefois salué la Chauntéenne avec le respect qu’accordaient d’ordinaire les petites gens de Wheloune aux Enfants de la Grande Mère.

- Le mensonge ? glapit la jeune femme, partagée entre surprise et indignation. Mais... pour qui nous prenez-vous ? Elle voulut avancer mais se ravisa aussitôt : Cornichon avait retroussé les babines, montrant les crocs.Et quel droit prétendez-vous avoir sur notre Jolan ?

- Paix, nourrice, trancha l'homme d'une voix grave.

La jeune femme, soudain défaite, enfouit son visage dans ses mains. Ses pleurs semblaient sincères, quoiqu’un peu démonstratifs peut-être. Pendant ce temps, l’artisan, d’un ton plus posé, répondait aux questions d’Else :

- Nous sommes au service de Dame Bremma Ormantrel. Notre maître, le père de cet enfant, il s'interrompit, gêné, comme s'il venait d'emprunter un chemin périlleux. Madame est veuve depuis plusieurs années. Il fit une nouvelle pause, soucieux de s'assurer que chacun comprenait bien ce que taisait ce détour de langage. Depuis, notre petit maître est très... fragile.

Il poursuivit plus bas, bien que l'enfant puisse sans doute encore l'entendre :

- Après les événements, son esprit s'est comme éteint, et quand il s'est rallumé, il était tout en désordre. Jolan est un faiseur de troubles, ajouta-t-il plus bas encore, avant de reprendre à voix haute. Il devrait penser à sa pauvre mère, à tout ce qu'il lui fait souffrir !

- Allons ! s'exclama la nourrice en lui mettant la main sur le bras. Disons plutôt un conteur d'histoires... un esprit plein d'imaginations !

L'un gardait le regard sévère, l'autre la mine attendrie. Orienas, qui avait souvent voyagé, avait reconnu dans la voix de la femme un accent sembien que ne partageait pas son compagnon. Entre ses bras, le garçonnet avait fermé les yeux et s'était bouché les oreilles.

Joran

- Va-t'en, va-t'en, va-t'en... chuchotait-il en boucle, à la manière d'une incantation pour chasser les mauvais esprits. -------------------- Les joues maculées de larmes et de poussière, les cheveux sales et emmêlés, cet enfant sale et dépenaillé est complètement terrorisé.

Lancers...

Orienas - Jet de compétence : Social : 8(d20) +4(deg) +3(Cha) +2 +2 (circonstances) = 19
Orienas - Jet de compétence : Connaissance (géographie) : 16(d20) +0(deg) +3(Int) +0,5 = 24

Après les explications de l’homme, Else se sentit submergée par une vague de compassion pour l’enfant. Elle jeta, instinctivement et bien malgré elle, un regard lourd d’un mélange de tendresse et de tristesse vers l’enfant. Elle le voyait bien, sa détresse était si intense…

- Je vois… dit-elle doucement, en s'adressant à l'homme et la femme.

Même si elle venait de rencontrer le garçon, cette histoire la touchait. Il était certes inutile de prétendre pouvoir protéger les enfants de tous les malheurs, mais qu’autant de souffrances accablent si tôt un enfant, et lui volent son innocence, cela la désolait.

Afin de reprendre un peu de contenance, et d’éviter que les larmes ne lui montent aux yeux, elle prit une grande et profonde inspiration, toucha l’épi de blé sur son écharpe, et, en fermant les yeux, sur une lente expiration, adressa à Chauntéa une rapide prière intérieure.

*Ô Grande Mère, protège cette âme blessée, apporte-lui chaleur et réconfort, à l’instar du soleil qui chauffe nos cœurs et nos terres à la fin de l’hiver, ramène-lui la vie et l’insouciance du printemps.*

Une fois son calme et ses esprits retrouvés, Else ne put s’empêcher de remarquer que le garçon avait repris l’homme, doucement, certes, mais repris tout de même, lorsqu’il l’avait appelé Jolan. Cela lui sembla bizarre, et elle voulu en savoir plus là-dessus.

- Et que s’est-il passé ce matin ? Pourquoi le petit… Joran, ou Jolan, est-ce bien cela ? Pourquoi s’est-il enfuit ?

Elle espérait, en posant la question de manière naïve et détournée, et feignant n’avoir simplement pas bien saisi, avoir plus d’explications sur cette situation.

Réalisant qu’il n’arriverait pas à calmer suffisamment le garçon pour en tirer un discours cohérent, Orienas réfléchit quelques instants.

¤ Il a bien trop peur d’eux, il ne se calmera pas tant qu’ils seront là. Il va falloir trouver quelque chose pour gagner du temps et réussir à l’apaiser pour avoir sa version.
Peut-être qu’il a vraiment l’esprit perturbé et que cette femme est sa nourrice comme elle l’affirme mais dans ce cas pourquoi se trompe-elle sur son prénom ? Et pourquoi est-ce que Joran est aussi terrorisé de les voir. Même s’ils disent vrai, cet enfant n’est peut être pas bien traité chez lui. ¤

Orienas se redressa et se tourna vers ses compagnons, ajustant au passage la positon de l’enfant dans ses bras pour que celui-ci tourne le dos aux intrus. Sollicitant du regard le soutien d’Else, il s’adressa avec conviction à l’homme qui semblait avoir l’ascendant sur la sembienne :

- Vous n’avez pas tort nous n’avons pas autorité sur cet enfant mais il est évident qu’il ne veut pas repartir avec vous pour l’instant. Il est absolument terrorisé par votre présence et nous ne pouvons pas ignorer sa détresse.
Je propose d’emmener Joran au temple de Chauntea où il pourra retrouver ses esprits avec si besoin l’aide de la déesse. Vous nous donnerez plus de détails pendant ce temps et nous pourrons alors démêler cette situation. Si tel est son souhait, nous raccompagnerons tous ensemble cet enfant chez dame Ormantrel.

Lancers...

Orienas - Test de jet de dé : 1(d20) +0(deg) +3(Int) +0,5 = 9 vs DD15 ~ Echec

Astérious dissimula tant bien que mal sa surprise lorsque la nourrice se trompa de prénom. Pendant un instant, il hésita. Devait-il attribuer cette erreur à la tension du moment… ou la considérer comme le signe d’une tromperie plus grave ?

Il invoqua les éléments, et, serrant son poing contre sa poitrine, il psalmodia:

**Chiktikka, donne nous la sagesse d’esprit pour dénicher le réel dans le faux, que nous puissions voir au-delà de l’évident et ressentir l’essence de ce qui est vrai.**

Son regard se perdit un instant dans le vide. Le nom prononcé Dame Bremma Ormantrel éveillait en lui un écho lointain, sans qu’il puisse dire s’il était bienveillant ou menaçant. Puis, tel un faucon fondant sur sa proie, son esprit saisit au vol une allusion glissée par l’artisan, légère mais révélatrice.

- De quels événements parlez-vous ? Que voulez-vous dire par “éteindre” ? L’esprit de cet enfant me paraît tout à fait vivace.
En revanche, le chagrin qui consume son cœur me semble bien sombre, sans lumière ni reflet...

Ses yeux se plissèrent légèrement alors qu’il observait l’homme, tentant de déchiffrer le ton et les expressions qui accompagnaient la mention de la mère de Joran..

**Pourquoi vouloir faire peser sur le petit la culpabilité de sa souffrance ?
Était-il possible que cette femme soit… retenue?**

- Vous devriez éviter de lui faire porter un tel fardeau, reprit-il d’une voix ferme. Et d’ailleurs… où se trouve sa mère, à cet instant précis ?

Après un bref silence, Astérious rebondit :

-Je n’ai jamais été aussi d’accord avec Oriénas. Nous devrions tous nous rendre au temple de Chauntéa pour mettre les choses au clair.. L’enfant ne quittera pas cet endroit tant que nous n’aurons pas la certitude qu’aucun mal ne lui sera fait, ni à lui… ni à sa mère

Cornichon resta immobile, pas un poil ne frémissait sur son échine.

Les interrogations d'Else, faussement naïves, ne trouvèrent pas de réponse aussi prompte que les précédentes. Un flottement indéfinissable s'installa, pendant quelques secondes, comme si ceux que les trois amis accusaient de leur méfiance reprenaient leur souffle avant un nouvel assaut.

- Jolan, trancha enfin l'homme, catégorique.

- Ce n'est pas la première fugue... ça lui prend comme une manie, depuis la disparition tragique de monsieur...expliqua la jeune femme en adressant à Asterious un regard appuyé. Son ton demeurait poli, mais une pointe d'impatience s'y glissait à présent. Pauvre madame ! Toute cette inquiétude, ça l'assassine !

Ses yeux se posèrent sur le garçonnet, pleins d’une compassion un peu distante, presque réprobatrice. L'ambiance, sous le vieux saule, était de plus en plus lourde. L'obstination des compagnons à ne pas livrer l'enfant - un parfait inconnu, après tout - semblait déstabiliser les deux visiteurs. La bouche de l'homme se tordait nerveusement à mesure qu'Orienas parlait, son irritation transparaissant sous le vernis des bonnes manières. Les larmes revinrent aux yeux de la Sembienne, qui joignit les mains, implorant muettement ses interlocuteurs. C'était sans compter l'intervention finale d'Asterious, qui enfonça le clou.

- Nous vous retrouverons donc au Temple, s'emporta l'artisan, les poings serrés. Mais avant, nous irons prévenir notre maîtresse, qui meurt de chagrin en attendant son fils. Il passa un bras autour des épaules de la nourrice, à la fois pour la soutenir et pour l'éloigner. Préparez-vous à répondre aux questions de la garde.

- Jolan, mon petit... Soyez raisonnable, de grâce, tenta la gouvernante, d'une voix brisée par la fatigue et la colère, tandis qu'on la tirait en arrière.

Le garçonnet, toujours plongé dans sa litanie, ne leva pas la tête. Les deux individus étaient déjà loin quand les efforts conjugués d'Orienas, Else et Asterious parvinrent à l'apaiser un peu.

Joran

- Joran, annonça-t-il d'une voix faible, mais ferme, devançant la première question. Je m'appelle Joran. L'émotion menaçait de le submerger à nouveau. Ses yeux devinrent tout à coup brillants et ses lèvres tremblantes. Il explosa : - Je veux voir maman. -------------------- Les joues maculées de larmes et de poussière, les cheveux sales et emmêlés, cet enfant sale et dépenaillé est complètement terrorisé.

Lancers...

Inconnus - Jet de compétence : Furtivité : 20(d20)+3 = 23
Else - Jet de compétence : Perception : 13(d20) +1(deg) +3(Sag) = 17 vs DD23 ~ Echec
Asterious - Jet de compétence : Perception : 10(d20) +4(deg) +4(Sag) +2 (race) +1 (don) = 21 vs DD23 ~ Echec
Orienas - Jet de compétence : Perception : 11(d20) +4(deg) +2(Sag) +1 = 18 vs DD23 ~ Echec
Orienas - Jet de compétence : Social : 1(d20) +4(deg) +3(Cha) +2 = 10
Orienas - Jet de compétence : Psychologie : 13(d20) +4(deg) +2(Sag) +2 = 21

Après le départ des deux individus, Else se retourna vers l’enfant :

- Viens, Joran, nous allons au temple, où ta maman pourra te retrouver.

Et elle se dirigea vers le temple, par le chemin qui longeait les vergers, qu’elle connaissait par cœur, mais qu’elle n’arrivait pas à apprécier comme à son habitude.

Beaucoup de questions se bousculaient dans son esprit, et elle avait du mal à trier le faux du vrai. Les réactions de ses compagnons l’avaient surprise, et elle ne savait plus qui croire. Elle espérait que le départ de ces deux individus, associé au calme et au confort du temple, parviendrait à apaiser le garçon, pour qu‘ils arrivent à en savoir plus, et démêler cette histoire.

Une fois au temple, Else installa le garçon dans un recoin tranquille, à l’abri des regards, afin que le garçon se sente en confiance. Elle alla lui préparer une tisane, en demandant les conseils d’Astérious sur les plantes les plus à même d’apaiser l’enfant. Quand cela fût prêt, elle retourna à ses côtés, et lui tendit une coupe de cette décoction, fumante et odorante.

- Allons, Joran… Tu vois, tu es en sécurité avec nous, tu peux nous faire confiance. Mais il faut que tu nous racontes ce qu’il s’est passé, et pourquoi tu as fugué ce matin. Cette dame et ce monsieur, est-ce que tu les connaissais ? Tu sais où est ta maman ?

Après avoir interrogé Joran, Else déclara à ses compagnons qu’il lui semblait nécessaire de prendre un peu du recul sur la situation, et qu’elle se proposait de garder l’enfant au temple, afin qu’il reste au calme et qu’elle puisse jeter un œil sur lui régulièrement. Elle lui trouva un coin pour qu’il puisse se reposer, et retourna à ses occupations habituelles.

Contrôlant difficilement un frisson déclenché par la colère rentrée qu'il avait perçu en eux, Orienas regarda s'éloigner les deux inconnus en réfléchissant.

¤Cette histoire est vraiment étrange...
Qui peuvent bien être ces gens qui prétendre connaitre intimement cet enfant mais se trompent sur son prénom ? La terreur qu'ils inspirent à Joran est impressionnante. Est-ce qu'il serait maltraité ?
Ses premières paroles cohérentes sont pour réclamer sa mère mais c'est justement d'elle que se réclament ces 2 individus. Tiendraient-ils au contraire la mère et le fils sous la contrainte ? Espérons que Joran retrouvera son calme et ses esprits à l'abri au temple et que ces explications nous permettrons d'y voir plus clair.¤

Se tournant vers le garçon qu'il avait reposé au sol, Orienas s'adressa doucement à lui : "Ne t'inquiète pas Joran, nous ferons tout notre possible pour t'aider à retrouver ta maman. Est-ce que ta mère est la Dame Ormantrel dont parlait ces gens ? Nous allons t'accompagner au temple de Chauntea où réside mon amie Else et tu pourras t'y reposer et nous expliquer tranquillement tout ce qui t'arrive."


Une fois Joran un tout petit peu apaisé, il le prit par la main et emboita le pas d'Else qui mena la petite troupe jusqu'au temple où elle eut tôt fait de les installer à l'écart dans une petite pièce à l'ambiance sereine et fit tout son possible pour mettre l’enfant à l’aise.

La prêtresse était chez elle en ce temple et c’est tout naturellement qu’Orienas lui laissa la main pour débuter l’interrogatoire de Joran. Il se concentra l’enfant pour tenter de discerner la vérité dans les propos pas toujours très clairs qu’il fournissait en réponse à leurs questions.

Une fois l’interrogatoire terminé, l’enfant semblait épuisé et les 3 amis se retirèrent pour le laisser récupérer de ses émotions.

Else proposa de rester au temple pour réfléchir à ce qu’ils avaient appris et garder un œil sur le garçon. Orienas de son côté choisit de retourner en ville faire le tour de ces contacts afin tenter d’en apprendre un peu plus sur Dame Ormantrel et son entourage ou sur les 2 individus qui avaient voulu emmener le garçon.

Lancers...

Orienas - Jet de compétence : Psychologie : 10(d20) +4(deg) +2(Sag) +2 = 18
Orienas - Jet de compétence : Social : 8(d20) +4(deg) +3(Cha) +2 = 17

Astérious resta un instant immobile dans l’entrée du temple, observant Else installer le garçon et préparer la tisane. Cornichon, lui, s’était couché en travers du chemin d’accès comme une lourde racine bardée de poils, et ne bougeait pas d’un poil, l’œil rivé sur la porte comme s’il attendait que les deux individus reviennent.

Le druide referma doucement la main sur son bâton, puis inspira longuement.
Une odeur de terre humide, de plantes écrasées et de poussière de bois monta à ses narines — des parfums qu’il connaissait trop bien quand quelque chose clochait.

Il vint s’accroupir près de Joran, sans empiéter sur la place laissée par Else, mais suffisamment proche pour que l’enfant distingue clairement son visage ridé et bienveillant. Sa voix fut un murmure grave, comme un souffle qui sort d’un tronc creux :

- Respire lentement, petit. Ici, personne ne te fera de mal. La terre te protège, le temple aussi… et Cornichon encore plus.

Son regard se posa un bref instant sur le garçon. Ses pupilles sombres scrutèrent non seulement les gestes, mais aussi l’élan du cœur, la vibration intérieure que seuls les initiés savaient percevoir. Il cherchait la sincérité, l’ombre, la peur, la vérité brute que les mots n’arrivent pas toujours à dire. Tout en maintenant la connexion avec l’enfant, Astérious répondit à Else lorsqu’elle demanda conseil sur la tisane :

Mélange feuille de mélisse, pétale de camomille et un soupçon de verveine. Pas plus… sinon le sommeil l’emportera avant qu’il n’ait le temps de parler.

Lorsque Else exprima le souhait de garder l’enfant au temple, Astérious inclina la tête.

- C’est sage. Il a besoin d’un endroit où sa peur peut se déposer sans être dérangée. Je resterai dans les parages… Je veux sentir si le vent change autour de nous.

Le vieux gnome passa une main distraite dans la fourrure de Cornichon, qui ne desserra pas sa vigilance d’une once.

- Et s’ils reviennent, murmura-t-il, le museau du chien s’en apercevra avant même que leurs pas touchent les pavés.

Puis il s’assit non loin, le bâton calé contre l’épaule, le regard à demi clos, mais l’esprit aux aguets, prêt à protéger, prêt à écouter, prêt à comprendre ce qui, dans cette histoire, sentait l’orage.