Quel est votre nom, voyageur ?
Eléasis (VIII) 1373, 2ᵉ chevauchée
   

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> Prologue (Orgog) : L'Opportunité
  écrit le : Jeudi 25 Septembre 2025 à 14h54 par Phineas
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L'Aède
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Orgog avait erré pendant des mois, des années peut-être ? Il ne savait plus vraiment. A travers les Royaumes, prenant un boulot là où il pouvait, partant le lendemain. Les demi-orques avaient beau être des forces de la nature recherchés par les mercenaires, nombreux étaient les lieux ou il était aussi détesté par son seul sang. Non loin d'Eauprofonde, puis dans le Mitan, il avait travaillé près d'Elturel quelque temps avant de préférer partir parce que, pour une raison ou une autre, il était menacé par une vindicte contre une bande de criminels qui avaient du contenir un ou deux des siens.

Il avait, encore, continué vers l'est, et à mesure qu'il s'approchait de la Mare aux Dragons, il entendait de plus en plus parler d'une ville : Port-Ponant.

Il compris vite ce qu'il en était, une sorte de bourbier criminel ou, pour peu qu'on ne regardait pas trop à l'éthique, on pouvait survivre sans trop de mal. Pour l'instant, il n'avait que peu d'informations concernant son père mais ce peu, il l'avait surtout appris de ceux qui traîner dans les coins les plus sombres de la société. Alors, c'est avec une certaine forme de logique qu'il continua vers l'est.



En chemin, néanmoins, il s'était perdu. Plutôt que d'aller directement vers l'est, il était monté vers le nord. Peut-être les montagnes de la Corne des Tempêtes l'avait il attiré, plus ou moins consciemment. Hélas pour le jeune homme, la chose avait pris une tournure terrible. En croyant s'engager pour garder une caravane honnête, il s'était en vérité retrouver à garder une caravane de marchand d'esclave. Orgog savait pertinemment que tous les pays voisins interdisait l'esclavage, et quand il s'en était rendu compte, il avait préféré partir. Hélas, a nouveau, la caravane était poursuivi par une escouade de soldats cormyriens prenant particulièrement mal un tel commerce sur leur frontière.

Le combat fût bref et Orgog n'y participa même pas. A ce moment là, il dormait, et il se réveilla en cage, alors que les soldats menaient l'ensemble de la caravane vers un juge. Orgog crû son heure venue mais, il eu un coup de chance gigantesque semblait il. Le rapide procès des esclavagistes, mené par des officiers cormyriens, se teint dans une forteresse montagnarde. Il s'agissait bien plus d'un procès militaire que civile et le jugement n'était qu'une question de paperasse : peine capitale pour les esclavagistes. Ensuite, on commença à s'occuper du reste... dont lui. Et c'est à ce moment qu'arriva une nouvelle escouade de soldats. Eux, avaient une autre allure. Leurs armures pourpres étaient lourdes et a leur tête se tenait quelqu'un dont l'aura dénotait d'une évidente importance dans la chaîne de commandement. Si certains, visiblement sanguinaires et dangereux, furent condamné à de longues peines, le sang d'Orgog, à nouveau risquait de lui coûter la vie. Parce qu'il était vu comme moindre que les autres. Mais au dernier moment, l'officier interrompit le jugement et dit :


- Ce garçon, malgré tout, est resté calme dans les geôles, n'a pas menacé nos hommes et n'a même pas participé à la bataille. Je vais rappeler une chose à certains ici, qui n'ont pas foutu un pied sur un champ de bataille depuis des décennies.

L'homme était immense, grand même pour un demi-orque. Sa lourde barbe rousse semblait flamboyer dans la lueur des torches de la froide salle de pierre. Quand il s'était levé, tout le monde avait cessé de parler.

- Lorsque nous avons traversé la Mer pour arrêter les Tuigans, en Thesk, nous avons eu des alliés inattendus. Des orques, qui s'étaient installés là parce qu'ils avaient été chassés de partout. Ils avaient traversés des épreuves que les nôtres ne s'imaginent pas, parce que nous, les Dragons, permettons aux cormyriens de vivre en sécurité, parce que Sa Majesté nous promet la santé et un toit. Eux, avaient traversés les neiges et les mers pour le seul fait que leur faciès provoquait notre haine. Et pourtant ils se sont alignés à nos côtés, ils ont combattu les Tuigans, ils ont sauvés certains des notres et aujourd'hui, ils sont des fermiers que je ne qualifierait pas de paisibles, mais de preuves que notre haine nous fait justifier l'injustifiable.

Il observa longuement l'officier en charge du procès, qui semblait étonnement petit.

- Vous allez accorder à ce garçon la même peine que quiconque. Deux semaines de trou, avant de l'accompagner, avec les autres, à Proskur. Je vais laisser deux de mes hommes ici. Et si jamais j'apprends que vous avez condamné de façon indue quiconque parce que leur tête ou leur origine ne vous revenait pas, vous aurez une visite. Et je ne serais pas seul.

Il se rassit. Orgog évita la peine capitale. Deux semaines plus tard, il fût raccompagné à Proskur. Il n'arriva ensuite plus à se rappeler du nom de l'officier.


Quelques semaines après ce terrible moment, Orgog arrivait à Port-Ponant. Il ferait plus attention mais malgré tout, le crime restait plus accueillant pour lui. Il trouva rapidement un job, garda quelques portes, avant de se retrouver à être repéré par un baron local. Aldric tel qu'il se présentait, était un humain mais a en voir sa gueule, il avait certainement lui aussi un peu d'orque en lui. Il l'avait invité à boire un coup dans une taverne, le Corbeau Rouge, sur le port. Orgog ne s'était pas fait de nom, mais il était assez solide pour être une recrue d'intérêt.


- Bon mon gars. J'ai un client qu'à besoin de fourbir un peu plus sa garde. Fazel Kazebi qu'il s'appelle, un calishite j'crois... enfin. Il me paie plutôt bien pour lui trouver des gars solides, et du coup, je te paie plutôt bien. Mais en plus, j'ai cru comprendre que tu cherchais des infos sur quelqu'un que t'aurais perdu dans le nord. Bon moi je m'en tape, mais Kazebi a des contacts avec le marché noir de Mirabar et d'Eauprofonde. Si tu fais bien ton taff, tu pourras ptet trouver quelque chose. Ca te dis ?

Il en avait effectivement un peu parlé de ci, de là, et vu que le bouche à oreilles était le principal moyen d'obtenir du travail dans le coin, il n'était pas plus étonné que ça.



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écrit le : Vendredi 26 Septembre 2025 à 15h16 par Orgog
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rgog détesta la taverne dès l’instant où il y mit le pied. Elle sentait la crasse, l'alcool éventé, la sueur rance, le poisson pourri. Les clients étaient laids, leurs éclats de rire sonnaient faux, et chacun de leurs gestes trahissait… la peur. Pas la bonne peur, celle qui précède le combat ou la mort. Non, cette peur, c’était celle des hommes. Celle de manquer, de perdre une position ou une poignée de pièces.

Comme un roc battu par les flots, le demi-orque laissait la pourriture ambiante glisser sur lui, impassible. Dans cette salle bondée, c’était toute la comédie humaine qui se jouait devant ses yeux. Un monde régi par l’or, où les promesses se trahissaient avant même d’être prononcées. Ces hommes n’avaient ni clan, ni attache, ni honneur. Leurs dieux eux-mêmes pesaient les âmes comme on pèse les sacs de blé. Et ils avaient le culot d’appeler ça la civilisation. Et d’en être fiers, encore ! Quelle farce. Ce n’était pas une cité mais un marché. Un encan où chacun vendait son frère, sa terre… et pour finir, son âme.

Il resta silencieux, laissant Aldric mener la danse. Ce rôle de brute taciturne lui allait maintenant comme une seconde peau. Il apaisait les doutes et surtout, le protégeait des questions indiscrètes. Qu’ils le croient idiot ou muet, peu importait. Moins on en savait sur le feu qui le consumait, plus longtemps il survivrait dans ce marais putride.


¤ Zarn Valtheris ¤

Un nom, rien de plus. Mais il suffisait à donner encore un sens à son errance. Sans cette quête, il aurait quitté Port-Ponant depuis longtemps, laissant la ville à ses miasmes et à ses rats. Mais tant qu’un fil, si mince soit-il, le rattachait au passé, il endurerait la fange et les sourires vides des hommes.

Il se redressa lentement, faisant craquer le bois sous ses doigts. Sa chope vide claqua sur la table, couvrant un instant le vacarme alentour. Son regard se posa sur Aldric. D’un geste de la tête il signifia son approbation. Sans un mot. Pas la peine... Ceux du bandit portaient déjà en eux la promesse des coups et du sang.

Mais derrière cet apparent silence, une ombre plus lourde torturait Orgog. Et s’il ne trouvait rien ? S’il comprenait que tout cela n’était qu’un mensonge de plus ? Alors il laisserait libre cours à sa fureur. Et malheur à celui qui l’aurait trahi.


 
 
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écrit le : Lundi 29 Septembre 2025 à 16h16 par Phineas
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- Arrête de faire le pitre et rassis toi garçon. T'as rendez-vous demain dans la matinée à son manoir, au sud de la ville. Evite de passer par l'ouest, les Bleth sont de sacrés fils de chiennes.

Il lui tendit un parchemin. Le type en avait vu des bourrins avec de l'orgueil et c'est pas Orgog qu'allait l'impressionner.

- C'est pour indiquer que tu viens de ma part. Si jamais t'es pas sûr je te conseille d'aller faire un tour aujourd'hui pour être à l'heure demain. Kazebi à horreur des retardataires. Enfin, il paraît que sa femme est encore pire que lui à ce niveau.

Il tassa le tabac dans sa pipe.

- T'en sauras plus là bas, mais a priori tu vas devoir garder le manoir pour une réception dans trois jours. Je sais pas exactement ce que c'est. Fait ce que t'as a faire, et je pense que tu pourrais vitre grimper dans la hiérarchie. Kazebi est pas dans le coin depuis très longtemps, il a besoin de se faire une garde rapprochée. J'ai déjà engager un autre type, Harel.

Il pointa un gars entrain de se réchauffer les pieds près du poêle.

- Il est un peu con mais ça devrait faire l'affaire, à toi de voir si tu veux le rencontrer avant. Bon à part ça, je suis réglo.

Il posa une bourse lourde d'or sur la table.

- Cinquante rondelles, Kazebi te paie cent cinquante si t'es un bon, et moi je récupère ma mise plus un bonus. A toi d'être assez bon pour que je perde pas de fric. Si tout est bon pour toi je te libère.



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écrit le : Samedi 11 Octobre 2025 à 20h31 par Orgog
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rgog ne bougea pas tout de suite. Le craquement du tabac dans la pipe d’Aldric se mêla au bourdonnement poisseux de la salle. L’odeur du fumet gras, du vin renversé et du cuir mouillé l’écœurait. Tout ici semblait fatigué — même la lumière des torches peinait à se battre contre la crasse des murs.

Aldric, lui, paraissait à son aise dans ce cloaque. Un homme né dans la fange et qui avait su y prospérer. Son visage était marqué, les rides tirées par un rictus de commerçant véreux qui a troqué la bravoure contre la ruse. Sa voix, en revanche, portait encore quelque chose d’autoritaire : un ton de soldat passé de l’autre côté de la morale. Pourtant, Orgog ne lui accordait aucune confiance. Trop de mots, trop de sourires, trop de dents. Ce genre de type parlait comme on appâte une bête... pour mieux la dévorer.

Le demi-orque baissa les yeux vers le parchemin. Ce petit morceau de peau tanné représentait à lui seul tout ce qu’il détestait : l’ordre des hommes, leurs sceaux, leurs mots gravés pour prouver qu’ils avaient raison. Chez les siens, un regard suffisait. Ici, il fallait un papier. Une signature. Comme si l’honneur pouvait s’écrire... Il l’observa un moment sans le toucher. Les symboles tracés dessus ne voulaient rien dire pour lui. Des signes morts. Des griffes d’encre que seuls les hommes savaient comprendre. Lui ne savait pas lire, et il n’en ressentait aucune honte. Ces traces d’encre n’étaient que des chaînes invisibles. Un Khargrun préfère la franchise d'une lame à la ruse des mots.

Son regard remonta vers Aldric. L’homme le dévisageait avec la nonchalance de ceux qui croient déjà avoir gagné. Il parlait d’argent, de hiérarchie, de promesses à venir — tout ce qui laissait Orgog de marbre. Il savait déjà que, dans ce monde, la parole d’un homme valait moins qu’une bouffée de tabac.

La bourse d’or, elle, était toujours sur la table, brillant faiblement dans la lumière rougeâtre. Il la toisa un instant. Il suffisait donc d’obéir, de frapper, et de se taire au bon moment pour que l’or coule à flot. Tout ça lui semblait presque trop facile. Il ne réalisait pas que dans un monde sans vigueur, la force devenait vite un produit de luxe.

Il se saisit de la bourse. Elle était encore tiède du contact d’Aldric. Il la fit rouler entre ses doigts, faisant cliqueter les pièces, puis l’accrocha à sa ceinture comme un défi à celui qui viendrait la lui prendre.

De toute façon, s’il l’acceptait, ce n’était pas pour sa valeur, mais parce qu’elle achetait du temps. Et le temps seul pouvait le mener à ses réponses.


¤ Zarn Valtheris ¤

Toujours ce nom. Toujours ce poids...

— Je serai à l’heure.

Il glissa le parchemin dans sa ceinture puis se leva. Son regard s’arrêta sur Harel, le type près du poêle. L’homme avait des allures de bûcheron fatigué. Solide, mais creux. Un de ces gars qui suivent les ordres parce qu’ils n’ont rien de mieux à faire. Orgog n’y vit ni menace ni intérêt.

¤ On ne parle pas à un outil ¤

Il passa près d’Aldric sans un mot. L’odeur du tabac et du vin collait à sa barbe. Il n’oublierait pas cette odeur. Il serait sûrement amené à la sentir de nouveau.

Il franchit la porte. Le vent charia à son tour ses odeurs d’embruns et de marée — relents de la mer et des docks. Un souffle vrai. Un instant, Orgog se rappela qu’il était vivant. Il inspira longuement, chassant de ses poumons l’air rance de la taverne. Puis il partit à la recherche du manoir de ce fameux Kazebi.


 
 
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écrit le : Hier à 10h51 par Phineas
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Orgog dut marcher quelque temps pour atteindre le manoir. Quoiqu'il dise, il fallait admettre que cette cité de vice et de coups tordus avait un avantage : il passait inaperçu. Les demi-orques étaient relativement nombreux ici, et il passait pour un mercenaire comme les autres.

Il suivit les instructions, sortit de la ville par le sud et marcha le long de la grande route qui filait droit vers l'est avant de reprendre la côte. Sur le versant sud de la route se trouvaient champs et entrepôts. Une ville, même un terrier de vaurien, avait besoin de se nourrir après tout. Il y avait de bonnes chances que dans ces entrepôts se trouvent des produits illégaux dans de nombreux royaumes, cela dit.

Le tout était relativement peu dense cependant, et si l'on ignorait la nature de Port-Ponant, l'endroit pouvait ressembler à n'importe quel alentour de n'importe quelle cité.

Deux manoirs se trouvaient le long de la route un peu plus loin. Le plus éloigné était assez immense, ostentatoire, entouré également d'une zone commerciale. Orgog n'était pas le plus stupide des êtres, et il se doutait bien qu'un noble récemment arrivé ne risquait pas de posséder les murs les plus forts et spectaculaires de la route.

Il s'arrêta donc devant la propriété précédente.


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Si Orgog avait plus de culture, il aurait pu mettre des mots sur la différence d'architecture entre le bâtiment principal et le belvédère qu'il voyait entre les grilles. Quelques jardiniers s'affairaient à donner aux parterres de fleurs le sentiment d'ordre qu'ils étaient visiblement conçus pour donner. Le grand parquet à droite de la porte charriait encore une odeur de cire et de bois taillé, probablement était-il neuf.

Si les portes étaient fermées, il y avait un garde, humain, en faction devant l'une d'elles. Un homme basané doté d'une barbe tressée dans un complexe motif. Il était de taille moyenne, ne portait qu'une armure légère et un sabre. Mais Orgog avait suffisamment vu la bataille pour savoir : l'homme n'était pas de ceux qui se contentaient de puissance brute et il savait reconnaître un pugiliste.

Cependant, et même sans s'intéresser au garde, Orgog pouvait, s'il le souhaitait, observer le jardin à travers les grilles, ou même passer à travers les champs alentour pour voir l'arrière du manoir. Mais n'était-il pas engagé ? Peut-être pouvait-il simplement demander à passer la porte.



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écrit le : Hier à 22h41 par Orgog
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a marche jusqu’aux faubourgs ne fut pas déplaisante. L’air de la mer, frais et pénétrant, chassa de son esprit la puanteur de la taverne. Sous ses pas, la boue devint terre, puis poussière sèche. La rumeur de la ville, qui tourmentait tant ses oreilles, se fit plus lointaine. En vérité, c’est tout Port-Ponant qui disparaissait derrière lui comme un mauvais rêve.

Pour la première fois depuis des jours, le jeune barbare entendait autre chose que le tumulte de la multitude. Le froissement des feuilles caressées par le vent, le craquement du sol sous ses pieds, le chant d’un oiseau, le rouleau des vagues dans le lointain… La mélodie du monde. Du vrai monde.

Sur le bord de la route, les entrepôts se suivaient comme de grands cercueils de pierre et de bois. Il s’en dégageait des odeurs d’épices et de vin. Orgog n’avait pas besoin d’y entrer pour savoir qu’ils abritaient bien d’autres choses. Les hommes ont ce don-là : entasser des choses inutiles. Ils appellent ça des “richesses” et s’évaluent selon la quantité qu’ils en possèdent. L’être le plus vil, le plus faible et le plus dégradé pourrait bien dominer tous les autres, qu’ils n’y trouveraient rien à redire.

Plus loin encore, les murs changèrent. Le bois et le chaume laissèrent place aux pierres taillées, les haies au marbre. Il arriva en vue de deux manoirs qui rompirent brutalement la monotonie de la plaine. Le premier, immense et doré, hurlait son orgueil au soleil. L’autre, plus proche, semblait se cacher derrière un jardin bien trop ordonné. C’est vers celui-là qu’Orgog se dirigea.

Il s’arrêta devant la grille. Les ferronneries luisaient sous la lumière du matin. Derrière un pavillon à dôme, des parterres géométriques autour desquels s’affairaient des hommes pliés en deux. Tout respirait l’opulence et la symétrie.


¤ Même les plantes ne doivent pas sortir du carcan ¤

Le garde à la porte le suivit un instant des yeux. Son immobilité confiante trahissait l’habitude du combat. C’était un vrai guerrier. Orgog le nota, sans s’y attarder. Il n’était pas venu pour en découdre. Une autre fois, peut-être...

Il jeta un dernier regard au manoir, puis reprit sa route. Arrivé hors de vue, il quitta le chemin principal et s’enfonça dans les champs alentour. Les tiges de blé lui caressaient les jambes tandis qu’il avançait en silence, contournant la propriété à bonne distance. Arrivé en face, il s’arrêta un instant, accroupi dans l’ombre d’un arbre. De là, le manoir paraissait plus grand, mais pas hors d’atteinte. Ses yeux jaunes parcoururent la façade, traquant la faille, l’ouverture, le moindre oubli par où il pourrait s’introduire.


hrp.gif Perception sur la façade.


 
 
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