Chap. 2 - La Quête de l’Asphodèle Pourpre

La réaction de la mulane n'avait pas tardée. Tout à son incompréhension mêlé de peur et de colère, elle avait pris son arc quand les sabots s'étaient fait entendre, et quand la porte s'était ouverte, Méroflède s'étaient retrouvée avec une flèche pointée sur sa tête.

Ioueseni, épuisée, n'avait plus la moindre patience, et l'interruption, au milieu de nul part, avait plus de chance d'être une attaque qu'une visite de courtoisie.

Elle avait croisé quelques hins pendant son voyage, mais ils lui étaient encore plutôt inconnus, puisqu'ils étaient quasiment absent à l'est de la Mer des Etoiles. Elle ne se méfiait pas d'eux, pas plus qu'elle ne leur faisait particulièrement confiance. D'autant qu'ils avaient pour réputation d'être des plus doués pour tout ce qui concernait les larcins et autres actes délictuelles.

Ce qui était aussi son cas, il fallait l'avouer.

Elle pointait sa flèche vers l'intrus, qui ne s'était pas présentée, sans rien dire.

Toute à ses pensées, Tamasin n'avait pas perçu l'approche d'une nouvelle créature.

¤ Neh'kura ? Les Dépouillés ? Caldrim Vaelor ? Décidément, notre Taric aime nous embrouiller l'esprit avec des noms dont nous n'avons jamais entendu parler et sans nous fournir les explications nécessaires. Est-ce que tout ceci a bien un rapport avec l'attaque du temple ou ne s'agit-il que d'une triste coincidence ? ¤

La lancière allait poser de nouvelles questions, tout en essayant de ne pas brusquer leur guide, lorsque l'intruse s'était présentée à leur porte. Ioueseni, plus rapide et plus attentive, s'était immédiatement saisie de son arc et avait mis en joue la hin qui avait fait irruption dans leur abri de fortune.

Prise par surprise, Tamasin se releva aussi rapidement que possible et s'empara de sa lance. Elle s'apprêta à la pointer également vers la hin, mais retint finalement son geste.

¤ Si elle avait voulu nous attaquer, elle aurait certainement frappé par surprise. Je doute qu'elle puisse être de mèche avec les gnolls ou avec la troupe de Neh'kura... ¤

La guerrière avait décidé de lui laisser le bénéfice du doute, même s'il convenait de rester prudente. Après ce qu'ils venaient de traverser, c'était une question de survie. D'un ton sec dans lequel pointait la fatigue, elle brisa le silence qui s'était établi :

- Veuillez pardonnez notre accueil et notre méfiance mais, comme vous l'avez remarqué, nous venons d'affronter toutes sortes d'épreuves... et cette forêt s'avère beaucoup plus hostile que nous ne le pensions...

Son ton se radoucit :

- Et si vous commenciez par vous présenter et par nous expliquer ce que vous venez faire de nuit près de cette cabane ?

*Les Dépouillés* Randal ruminait le terme, partagé entre l'incrédulité et un sourd malaise. *Est-ce là les créatures de Neh'Kura, ou leurs maîtres ?*

Il avait prêté une oreille attentive aux paroles de Taric, mais la fatigue de cette longue et périlleuse journée brouillait sa compréhension. Tous ces fragments semblaient appartenir au même puzzle, sans qu'il parvienne encore à en distinguer l'image. Les Dépouillés avaient-ils pillé le Temple ? Et Caldrim Vaelor était-il un Oghmite ? Quel savoir pouvait bien lui valoir d'être pourchassé ainsi ?

Il allait poser la question quand Iouseni se redressa d'un bond. Amolli par le confort des flammes, Randal mit un instant de trop à réagir : ce n'est qu'en tendant l'oreille qu'il perçut, à travers le rideau de pluie, la lourde cadence de sabots dans la boue. Il se leva à son tour - ses genoux craquant dans l'effort précipité - et sa main trouva machinalement son gourdin. La lumière vacillante d'une torche apparut, juste avant que la porte ne s'ouvre. Une silhouette de petite taille, ruisselante, se découpa sur le seuil. *

Elle semblait désarmée... mais la prudence cette nuit n'était plus une vertu : c'était une nécessité. Aussi l'Ilmate se plaça-t-il entre l'intruse et Taric, faisant instinctivement rempart de son corps à leur précieux guide.