
Dans la Grange
Dans la grange, les lampes projettent un halo paisible sur les poutres vermoulues. Le silence est revenu, épais comme une couverture. Seule la voix étouffée de Tamasin, qui fouille méthodiquement les meubles et les recoins, trouble l’immobilité. Randal referme doucement les doigts de Taric sur le médaillon — la main du jeune homme tremble à peine, mais ses yeux, eux, se remplissent d’un poids que ni l’âge, ni la sagesse, ni même la foi ne savent encore porter.
— Merci…, souffle-t-il simplement, incapable d’en dire plus. Il garde l’objet serré dans son poing, comme un naufragé s’agrippe à un morceau de bois.
Puis, doucement, il secoue la tête.
— Gardez l’équipement. L’armure, l’arme… Je ne suis pas soldat. Et si mon père l’était, alors c’est une preuve de plus que je ne le suis pas non plus.
Il tente un sourire maladroit, qui se veut généreux.
— Mais faites-en bon usage. Il aurait voulu qu’on s’en serve pour faire le bien. Pas pour qu’elle prenne la poussière dans un grenier oublié.
Rhaugilath, quant à elle, inspecte minutieusement la trappe menant à une sorte de vide sanitaire sous la grange. En glissant sa main sous une latte fendue, elle sent un petit compartiment — elle y trouve un bâtonnet d’encens au parfum amer, presque camouflé. Une capsule en os s’y trouve aussi, contenant un mot codé en chiffres. Peut-être une clé pour le message partiellement brûlé à l’extérieur... ou un vestige d’un passé d’espionnage oublié.
Dehors
Ioueseni, tapie dans l’obscurité, observe la silhouette étrange avec l’attention froide d’un prédateur. La créature — humanoïde, courbée, les mouvements souples et presque félin — fouille les abords de la clairière. Sa peau est zébrée de cicatrices sombres, et elle porte une tunique de cuir sombre, sale et renforcée de bandes de métal terni.
Elle marmonne tout bas, dans un dialecte guttural et chantant, totalement incompréhensible pour Ioueseni. Pas un mot commun, pas même un accent identifiable. Si ce n’est pas une langue gnoll ou orque, alors peut-être quelque chose d’encore plus obscur… ou oublié.
À un moment, la créature saisit un carnet brûlé ou un paquet de notes calcinées, et récupère l’un des derniers fragments intacts, qu’elle range précautionneusement dans une poche intérieure de sa veste. Le soin avec lequel elle manipule ce fragment attire l’attention d’Ioueseni : ce n’est pas un débris quelconque. Elle protège quelque chose qu’elle juge précieux ou compromettant.
Puis, elle se redresse lentement et renifle l’air. Une brève tension parcourt son corps. Elle semble percevoir quelque chose — mais pas Ioueseni, qui reste invisible, tapie, figée, dissimulée dans l’ombre.
D’un mouvement sinueux et silencieux, la créature s’éloigne à travers les arbres, suivant un tracé oblique à travers les fourrés, en direction de l’arrière de la grange, mais en prenant soin de rester dans l’ombre.

Mes PJs : Azur'ael, la gardienne des mystères ; Shalan le chevalier de la Seldarine ; Kuan Shen-li, l'archer spirituel MG : Tenavril, Haut Dracosire de l'Œil du Dragon
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