[Chapitre II] Guerre moins quart

Drapé dans de vastes ailes aux plumes immaculées, revêtu d'une armure lourde, au plastron frappé des armes de Heaum, dont la blancheur éclatante semblait défier la lumière elle-même, un homme d'une stature imposante avançait d'un pas mesuré. Sa haute silhouette, dépassant les six pieds, évoquait à la fois la majesté et l'inflexibilité d'une statue vivante. Son visage, taillé à la serpe, portait la marque indélébile d'une cicatrice qui le défigurait du front à la mâchoire droite, lui traversant un œil et croisant la commissure de ses lèvres.

Sous sa chevelure coupée en brosse, dont l'argenté spectral était rehaussé par une auréole nébuleuse, ses traits fermés inspiraient plus le respect que l'empathie. Un cimeterre massif, Isa'Rãzêlzul, trônait dans son dos de l’angélique guerrier, tandis qu'une morgenstern pendait lourdement à sa ceinture.
Mais ce qui captait véritablement l'attention, c'étaient ses yeux. Hal put les voir lorsque le paladin tourna son egard sur le très jeune "espion". Deux lueurs topaze sans iris, dardant un regard perçant, comme s'ils pouvaient sonder les âmes elles-mêmes. Un regard sans expression, sans vie, et pourtant d'une intensité à glacer le sang.

Malgré cette apparence redoutable, il émanait de cet ange de la guerre une aura singulière, une force magnétique qui captivait sans effrayer. Ainsi, lorsque le très jeune espion croisa son regard, il n'en fut pas terrifié. Impressionné, certes, car une telle vision tenait de l'exceptionnel, mais au-delà de cette apparence implacable, c'était la bonté qui transparaissait, adossée à un charisme indéniable.

Le Bras Armé de Heaum salua d'un simple hochement de tête avant de laisser sa voix, calme mais autoritaire, fendre l'air comme un coup de fouet.

— C'est bon ! On s'arrête !

Son ordre ne soufflerait aucune contestation. Il attendit que chacun obéisse avant d'incliner respectueusement la tête devant le Comte.

- Comte, Maelyn a missionné Kryssyyor ici présent suite au déclenchement d’une protection sécurisant la crypte ancestrale. Puissent-ils tous reposer dans la paix. Nos investigations nous ont permis de faire la connaissance de cet individu qui déclare s’appeler Averton. Il a été interpelé alors qu’il sortait d’une trappe dérobée. Lors de son arrestation, il n’a opposé aucune résistance. Il a été trouvé en possession de ses deux objets. Est-ce que l’un de ces objets vous serait familier ?

Un silence pesant s'installe un instant avant qu'Elion ne poursuive d'une tonne mesurée.

— Averton prétend avoir agi pour le compte de commanditaires dont il refuse de révéler l'identité. Ses motivations, bien que troubles, ne semblent pas être de nature fondamentalement maléfique. En conséquence, je remets cet individu sous votre garde, sous votre jugement… et sous votre protection.

D'un pas ferme, le paladin se déporta légèrement, signifiant ainsi aux gardes qu'ils pourront désormais prendre possession du prisonnier.

Pour le Chevalier des Yeux Vigilants, cette mission touchait à sa fin. Pourtant, une certitude flottait encore dans l'air, une évidence tissée d'incertitude : à cet instant précis, ils se découvrent à une croisée des chemins. Et une question demeurait, lourde de sens.

Cet anneau… Était-ce l'Anneau ?

Vingt-Sixième jour du Mois de la Fonte, année des Dragons Renégats.
26 Mirtul 1373 (CV)
Lieu : Cormaeryn
Moment : Début de matinée
Météo et températures : 7°C, ciel dégagé, légère brise

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Kryssyyor se déplace furtivement: 15(Dé) + 17 = 32

L'arrivée d'Elion, de son prisonnier et de Borel, ainsi que celle de Kryssyyor mais personne ne lui prêtait autant d'attention, causèrent un lourd silence qui ne s'atténua guère même après qu'il eut fini de décrire la situation. Ce fut le gnome qui fut le premier à prendre la parole, après s'être incliné en signe de respect devant l'auguste audience.

-Mon humble compagnon, si je puis me permettre de le qualifier ainsi étant donné qu'il a refusé de me communiquer son nom, a raison: je suis en réalité un demi-elfe, demi-orque et demi-elfe à nouveau qui a choisi de servir les intérêts de Myrkul, le dieu mort de la mort. Il laissa une fraction de seconde s'écouler avant de reprendre en s'esclaffant. Non, c'est une blague! Vous êtes bien trop sérieux, c'est mauvais pour la digestion, vous savez. Voyant que son audience ne goûtait pas de son humour, il prit une autre direction. Très bien, très bien, je vais essayer de me plier à votre étiquette. C'est, en réalité, le culte de Joyeuse qui m'envoie, un fait que je n'aurais pas essayé de vous cacher, ô mon très cher nouvel ami, si vous m'aviez posé la question. Des événements récents ont convaincu qui de droit que les secret de l'emplacement de l'anneau n'en était plus un et que ni lui, ni les habitants de la région ne seraient en sécurité tant qu'il se trouverait dans les environs. Le de facto siège de Cormaeryn semble leur donner raison. La décision de tester les défenses existantes est la mienne, après tout si je ne pouvais pas accéder à l'anneau, les autres forces à sa recherche n'en auraient sans doute pas la capacité non plus, et j'en accepte les conséquences. Il se tourna alors vers Kryssyyor et ouvrit la main, un grand sourire au centre du visage. Je pense que le moment est venu de me re-remettre l'anneau et pour moi de disparaitre.

Dame Agilva allait commencer à exprimer son désaccord quand le Comte Cormaeryn leva la main en signe d'apaisement et elle se tut, au moins momentannément. Il prit lui-même une profonde inspiration avant de prendre la parole, aussi calmement qu'il le pouvait.

-Je suppose que vous avez de quoi prouver ce que vous affirmez, Averton. Le gnome hocha la tête vivement mais ne fit pas d'autre mouvement et ne dit mot. Quoiqu'il en soit, je pense que le moment est effectivement venu de prendre une décision concernant ce que nous allons faire de cet anneau. Votre aide, aventuriers, a été incommensurable et je ne peux vous remercier assez. Je ne vous demande pas de prendre la décision pour moi, combien même je ne pense pas que cette décision soit entièrement de mon ressort, mais vos lumières seraient les bienvenues. Il se tourna à son tour vers Kryssyyor. Si vous pouviez présenter l'anneau.

Lancers...

Xarss - Jet de compétence : Furtivité : 15(d20) +10(deg) +4(Dex) +3(familier) = 32

Le Ssri'Tel'Quessir s’avançait auprès du compte pendant qu’Élion faisait la description des évènements. S’installant à un pas sur le côté droit du compte et attendant son tour. Son regard cherchait Maelyn qu’il ne trouvait pas, malheureusement. Restant dans sa pose militaire, il ne bronchait pas, seuls ses yeux allaient d’un regard à un autre.

Lorsque le gnome fit sa présentation, un sourire s’affichait sur le visage aquilin du faussement appelé Kryssyyor. Aimant son humour désinvolte, il ne cachait pas son contentement à l’entendre parler, cependant la fin, le laissait stoïque, la pasquinade dernière était à revoir selon lui, et ne fit aucun geste menant à croire qu’il lui présenterait l’anneau, au contraire, il prit la parole pour ajuster le récit… - Messire gnome Averton suivant de Liira, forcé de croire vos dires, le corps mort dans le passage sous la trappe, il était avec vous avant de rendre son dernier souffle? -

Xarss, suspicieux de nature, attendit la réponse avant de montrer l’anneau au compte Cormaeryn qu’il gardait bien en main, et ce, sans perdre le regard du gnome ainsi de la présence de la Dame Agilva, sans manquer de garder sa main droite parée à tiser si besoin était puis ajoutait pour le compte, à sa demande…

- Œuvrant pour La Main des Mystères, situé dans la tour d’émeraude qui elle a comme but d’explorer l'Art, néanmoins et surtout, La main des Mystères œuvre pour empêcher que cet Art ainsi que tout ce qui s’y rapporte, ne tombent dans de trop mauvaises mains. Je suggère donc d’être accompagné d’Élion et de dame Ina de la fraternité des gardiens sylvestres pour mener cet anneau en lieu sûr. Je n’ai pas encore contacté les hauts dirigeants de La Main, cependant si vous trouvez que ceci serait une alternative, j’entrerai en communication avec eux. -
Il prit une pose et ajoutait...

- Sachez aussi que peut importe la décision qui se prendra ici, au propos de l’anneau, je participerai à la mener en lieu sûr en la protégeant, tel est mon rôle au nom de La main des Mystères. –

Xarss Symryvvin était un dhaeraow de naissance, néanmoins il avait qu’une parole et Élion d’Alusaire ainsi que Dame Ina pouvaient s’en porter garants et avoir confiance en lui. L’ex ténébreux préfèrerait mourir que de ne pas tenir sa parole. Toujours aussi droit dans sa pose militaire, il attendait la suite et les suggestions de ses compagnons.




Perception pour le moindre mouvement suspect.

Que de rebondissements dans cette histoire d’enfant. Cette délégation avait également un lien avec cet herboriste avec un fond de magie au passage. C’était peut etre tout simplement subsidiaire et sans lien avec l’histoire de base. Voyant ses compagnons arriver, avec un gnome à bout de bras, elle demanda gentiment au petit garçon de rester là pour éviter les ennuis, on ne savait pas qui était cette personne trainée ici de force et il ne faudrait pas qu’il se serve de lui comme d’une protection ou autre.

Leth avait repris son envol laissant le petit garçon à ses observations. Ina se rapprocha avec un dernier sourire à l’attention du petit homme. En se retournant, elle reprit son sérieux et s’approcha de la scène.

-Donc vous tentez de voler un anneau qui n’est pas de votre propriété, puis pris sur le fait, vous avancez quelques phrases et demandez l’anneau de nouveau ?

Elle écoutait ensuite Kryssyor exposer quelques éléments de contexte, impliquant un cadavre, rien que ça, elle enchaina à sa suite, gardant en tête qu’il faudrait qu’Elion ne scrute le jeune enfant avant de repartir.

-Pour ma part et jusqu’à preuve formelle du contraire, nécessitant probablement que les Ménestrelles ne s’en mêlent, ce maudit anneau qui va causer la perte de nombre de gens dans cet endroit est la propriété du comte qui soit dit en passant est la meilleure personne pour décider quoi en faire car il a au moins la protection de ses gens en tête quand il prend cette décision.

-Comte, n’avez-vous pas moyen de les contacter d’une manière ou d’une autre ? Je pourrais moi-même me dire extrêmement chanceuse sans pour autant faire partie de leur organisation. Si les ménestrels l’ont gardé sans le rendre au culte d’origine il y a une raison.

¤Si j’avais su cette histoire de ménestrels avant j’aurais pas amené cette femme ici, elle ne fait que compliquer les choses. Encore un non-dit qui nous met dans l’embarras¤

-Sans vouloir m’immiscer dans votre existence, qui est l’heureuse élu qui devait recevoir cet anneau en gage d’engagement ? N’y prenez pas offense mais est-elle une réincarnation divine pour se voir confier cet objet ? lui souhaitez vous du mal pour lui passer cette cible de convoitise au doigt ? Je suis rustre et je n’aime pas les négociations mais beaucoup de choses m’échappent pour pouvoir conseiller sur un sujet qui met en péril tant de vie qui n’ont rien demandé pour satisfaire un jeu divin supplémentaire.

Le ton de la jeune femme loin d’être amical avait repris les intonations sèches en concordance avec ses sourcils froncés.

-J’ai de mon côté plusieurs preuves formelles de mon appartenance à la confrérie des gardiens sylvestres qui œuvre également pour la préservation de l’équilibre. J’ai également les moyens de distancer quasiment n’importe quelle délégation et de passer inaperçu quand c’est nécessaire. Je ne connais pas d’endroit plus sûr que notre cité de Thüldae dans les royaumes et nous pourrons garder un œil protecteur sur cet anneau tant que les négociations concernant sa propriété ne sont pas terminées. Je vous propose également les services de ma confrérie comme médiateurs dans cette affaire et avant que toutes ces délégations qui vous encerclent n’arrivent à ébranler la sécurité de Thüldae, je serais morte de vieillesse.


¤ Ça serait peut etre même l’occasion de commencer à placer d’autres alliances avec ces gens-là pour ce dont parle cette lettre. Je vais me faire tirer les oreilles de retarder cette missive d’autant si jamais il accepte cette médiation…¤

Immobile, tel une statue d’argent arrachée aux cieux, le paladin ailé se tenait figé dans un silence sépulcral. Son armure d’un blanc irréel, miroir de pureté aux reflets sanctifiés, semblait absorber la lumière elle-même. Il ne bougeait pas. Il écoutait. Toute son attention, scindée avec une rigueur martiale, se partageait entre les paroles échappées dans l’air lourd de soupçons, et les moindres bruissements de son environnement, que ses yeux perçaient avec la froide vigilance d’un rapace sacré.

Le poids du devoir pesait sur ses épaules comme une enclume céleste. Ici, en cet instant précis, sa croisade semblait toucher à son terme. Le gnome — ce petit être à l’attitude fuyante — n’exsudait point la noirceur rampante des créatures corrompues. Il vivrait. Oui. Mais son aura restait grise, souillée d’ombres diffuses que la lumière de Heaum ne parvenait pas à dissiper entièrement. Le vrai péril, il le pressentait, ne résidait pas en lui... mais dans l’obscur réseau qui tirait les ficelles dans l’ombre. Pour qui œuvrait ce voleur ?

Une vague allusion au culte de Lliira avait été lâchée, comme une brume lâche jetée sur des braises ardentes. Aucune explication, aucun nom, rien d’autre qu’un voile de mystère. Comme si cela devait suffire à étouffer les questions grondantes, brûlantes, impérieuses : qui l’avait envoyé ? Où l’avait-on recruté, comment, et surtout, pourquoi lui ? Et dans quel but réel rapporter l’anneau au commanditaire ? L’objet convoité n’était pas qu’un simple bijou. Il était clé. Portail. Danger.

Alors vinrent les propositions. Kryssyyor parla au nom de la Main des Mystères, Ina pour les Gardiens Sylvestres. Le paladin resta de marbre. Il n’avait pas encore eu le loisir de méditer sur l’avenir de l’artefact. Pour lui, la décision appartenait au Comte Enguerrand, seul dépositaire légitime de l’anneau. Même si le secret avait été éventé. Il n'en demeurait pas moins que les Ménestrels — dans leur sagesse trouble — avaient jugé bon de lui faire confiance... au moins à un moment donné.

Mais Elion d’Alusaire n’avait jamais entendu parler de ces deux guildes. Ni de la cabale des mages, ni de celle des protecteurs sylvestres. Son cœur, tout entier tourné vers la justice céleste, aurait dû pencher vers la nature, mais même cette certitude vacillait, engourdie par le doute. L’heure n’était pas à la foi aveugle.

Il avait déjà émis une idée : faire disparaître l’anneau dans les paradis supérieurs, le confier aux sphères où le mal ne saurait jamais poser ses griffes. Mais il n’avait pas d’alternative concrète. L’option de confier l’objet à sa propre guilde — la Compagnie des Marches — n’avait guère de poids. Leur morale fluctuante, malléable comme l’ombre au couchant, lui rappelait amèrement le souvenir de Micheletto. La Folle de Torm avait bridé sa justice trop longtemps, et le demi-orque avait fini par fuir leur jugement. Non, il ne blâmait pas Vëla. Elle avait conservé toute son estime. Mais ce souvenir était une cicatrice vive, une brûlure jamais guérie.

Peut-être aurait-il dû songer à Huluthvar, la forteresse sacrée, lieu de son adoubement. Là où il avait été reconnu, enfin, comme Chevalier des Yeux Vigilants. Mais même ce refuge portait l’ombre de la mise en garde d’Hector : l’église elle-même n’était pas à l’abri de la corruption.

Elion était un errant. Un chevalier sans foyer, sans attaches, sans biens, hormis ceux qu’il portait sur lui ou confiait à ses montures. Il ne vivait que pour une chose : servir Heaum. Protéger les faibles. Abattre le Mal là où il surgissait, avant qu’il ne s’enracine. Gloäar avait prouvé que l’on pouvait servir jusqu’à la mort, et même au-delà, sans jamais s’agenouiller devant un temple, un clergé, ou un dogme figé. Il suffisait de foi. De volonté.

Il n’avait pas la réponse. Pas encore. Mais il savait ceci : ses compagnons étaient sous sa protection, et l’anneau, tant qu’aucune décision éclairée n’était prise, ne devait pas quitter cet endroit.

Alors, quand le Comte donna l’ordre au drow de présenter l’artefact, le paladin se mit en mouvement. Son immobilité sacrée prit fin dans un claquement net. Ses bottes de cuir, bardées de mithral aux motifs angéliques — les plumes d’aigle cerclant le symbole de Heaum — frappèrent le sol avec la régularité implacable du jugement divin. Son armure tintait à chacun de ses pas, une clochette d’avertissement pour les âmes fausses.

Il se posta derrière le gnome. Silencieux. Opaque. Si Averton tentait la moindre traitrise, il goûterait à nouveau à la justice implacable de la Lame Étincelante. Le paladin n’en montrait rien. Son visage était un masque de marbre, ses ailes repliées comme celles d’un archange avant la frappe.

Mais en lui, tout était tension. Une corde tendue à l’extrême. Prête à vibrer. Prête à frapper.

Vingt-Sixième jour du Mois de la Fonte, année des Dragons Renégats.
26 Mirtul 1373 (CV)
Lieu : Cormaeryn
Moment : Début de matinée
Météo et températures : 7°C, ciel dégagé, légère brise

Ce fut Averton qui fut le premier à réagir aux questions et propositions des aventuriers. Sans prêter la moindre attention aux mouvements prudents mais menaçants d'Elion, il défit un noeud caché dans les plis de ses manches. Ces dernières s'ouvrirent comme une fleur et, après avoir tiré d'un mouvement leste sur une autre cordelette, le tissu de ce qui avait été ses manches formait maintenant une sorte de cape. Il leva les mains au-dessus de sa tête et aligna ses paumes. De sa position, l'ardent de Heaum ne pouvait voir ce que le gnome montrait aux autres. Une série de tatouages, jusque là cachés par ses vêtements, formée d'une étoile à 6 branches sur chacun de ses coudes et de 2 demi-étoiles sur les paumes de ses mains, unies par des lignes courant le long de ses bras et de son torse, formaient maintenant le triangle aux sommets étoilés du symbole divin de Joyeuse. Averton prit alors la parole, de nouveau, toujours sur un ton enjoué.

-J'espère, mes amis, que ceci vous suffira comme preuve de mon allégiance, au moins pour l'instant. Je vous suis reconnaissant de vos multiples propositions concernant la protection de l'Anneau mais je suis au regret de devoir les décliner: l'accord que nous avions passé avec les Ménestrels est révoqué faute d'avoir réussi à garder le secret. J'aimerai pouvoir partager avec vous l'histoire de l'Anneau, elle est parfois hilarante, parfois sordide en juste mesure, mais le temps nécessaire pour monter le cycle d'opéras, sans compter trouver les musiciens et acteurs, n'est, hélas, pas à notre disposition. Peut-être plus tard, si Dame Chance est de notre côté, et elle l'est, j'en suis certain. Mais je peux répondre à certaines questions: l'Anneau n'est pas un cadeau de fiançaille, pas exactement tout du moins, ou pas exclusivement. Ma maîtresse en est la créatrice, même si le Maître du Savoir et quelques autres ont aussi contribué, et c'était un cadeau d'elle à elle, principalement. Les cadavres dans les souterrains ne sont pas ceux de mes alliés, sans quoi il y en aurait eu beaucoup moins: au cours des dix derniers jours que j'ai passé dans le complexe, j'ai eu de nombreux visiteurs mais aucun ne s'est montré aussi chaleureux et bienveillant que mes amis ici présents. Mais, et c'est la première fois que j'exprime ce sentiment, trèves de palabres: Joyeuse et le Maître du Savoir ont un plan qui ne saurait être retardé plus que nécessaire. Puis-je avoir l'Anneau maintenant? Je promets de communiquer, en termes clairs et lumineux, aux troupes massées autour de la ville, ainsi qu'à celles encore en route, que leur but ne se trouve plus céans et qu'ils peuvent reprendre leur chemin sans causer plus de dévastation.

Dame Agilva semblait pensive et ne disait mot pour l'instant. Le Comte, quand à lui, semblait accepter le récit d'Averton mais il n'avait visiblement pas encore pris de décision. Il jetta un regard rapide vers les aventuriers pour voir ce qu'ils pensaient de la situation. Il semblait avoir quelques questions mais il se gardait de les poser, pour l'instant tout du moins.