Prologue (?) : Inquiétant courrier

La maison était si tranquille. Athkatla avait son lot de dévoiement et de dangers bien sûr, mais pas grand chose par rapport à ce qu'elle avait vécu ces derniers moi, ces dernières années.

La vie de Metzli avait beaucoup changée depuis qu'elle était rentrée. Son père l'avait réintroduit dans la société locale, et elle s'y était assez rapidement acclimatée. Parfois, elle recevait des lettres des ses anciens amis, qu'elle lisait en souriant et parfois, en ressentant un peu de jalousie vis à vis de ceux qui parcourait encore les route. Une fois ou deux mêmes, elle avait croisé certains d'entre eux en ville.

Et puis sa vie sentimentale, relativement vide avant, s'était soudain remplie.

Ce matin là - elle avait du se lever tôt pour aller rencontrer un Ménestrel qui avait des informations sur la Rage - elle était assise à la terrasse de la Tasse d'Adamantine. Le mage ménestrel n'avait guère amené d'informations rassurantes. La rage continuait et quoique sa cité avait été épargnée pour le moment, les catastrophes s'approchaient. Avec étonnement, elle avait reçu une lettre de Serana quelques temps plus tôt. La demie-dragonne s'était éloigné lorsqu'elle avait commencé à ressentir la Rage et s'étonnait que les gouvernements ne s'en inquiètent plus. Elle avait envoyé un message à elle et à quelques autres pour leur demander de s'en soucier. Metzli n'avait jamais pu répondre, la shaundakulite ne voulait pas être retrouvée. Mais l'avertissement ne l'avait pas rassurée, d'autant qu'elle constatait effectivement que les dirigeants des Royaumes semblaient démunis, au minimum.

Sabetha lui envoyait aussi des messages de temps à autre. La magicienne, comme Metzli, était rentrée chez elle, et leur vie était étonnamment similaire, même si la lunargentaise était déjà mariée avec trois enfants avant même leur première aventure. Elles avaient échangée des conseils sentimentaux, et peut-être étaient elles devenues plus proches malgré la distance. Sabetha devant d'ailleurs descendre en Amn pour une rencontre avec des mages locaux, elles avaient décider de se retrouver.

Mais Sabetha et sa famille devaient arriver la semaine suivante, et Metzli n'avaient plus de nouvelles depuis quelques semaines. Chose qui l'inquiétait.

C'est alors que ces circonvolutions envahissaient son cerveau qu'un coursier s'arrêta à côté d'elle.

- Dame Arnesen ? J'ai une missive pour vous.

Avec un sourire, l'amnienne saisi la lettre et s'apprêta à la décacheter. Le sceau lui disait quelque chose sans être capable de mettre le doigt exact dessus. De la cire bleu et une colombe. Mais, alors qu'elle essuyait un couteau pour faire sauter la cire, quelque chose vint à son instinct. Elle tourna et retourna la lettre entre ses mains et en fût vite convaincu. Il y avait une signature magique sur la lettre, accompagnée d'un… sort d'illusion ? La signature lui était familière, elle ressemblait à celle de Sabetha mais il y avait quelque chose de différent, de… l'urgence ? Ne détectant aucun sortilège dangereux, elle se contenta d'injecter un peu de magie dans la cire. Le sort d'illusion de dispersa et révéla le vrai cachet. De la cire rouge, un chêne surmonté d'une lune à l'équateur, le sceau qu'elle avait déjà vu sur la chevalière de la magicienne !

Elle ouvrit fébrilement et déplia le feuillet. Une alliance, identique à celle qu'elle avait vu au doigt de la magicienne, tomba de l'enveloppe.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Salut Metzli.

Je te contacte par une voie dérobée, et j'ai du faire imiter la signature de Sabetha, j'espère que tu la reconnaitras et réussira à la percer. Je ne suis pas sur que c'est suffisamment sécurisée… c'est Beth qui sait ça, je...

A ce moment, l'encre s'était dispersée, des gouttes, probablement des larmes puisqu'elle étaient mêlée à un peu de khôl, avait diluée quelques mots sans importance.

Elle a disparue, je ne sais pas quoi faire. J'ai contacté son père, et je n'ai pas eu de réponses. J'ai activé mes réseaux et je crois qu'elle est à Port-Ponant, je ne sais plus quoi faire. Je vais y aller, mais je connais trop bien la ville pour savoir que je pourrais y rester je suis désolée de t'imposer ça, mais j'ai trop peur pour les enfants à Lunargent. Je te les envoie. Eliza peut s'occuper de son frère et de sa sœur, mais ils ont besoin de protection. Je sais que Beth te fait confiance, est ce que tu peux les mettre à l'abri… ?

Et si jamais tu as de l'aide à envoyer, toute aide serait la bienvenue…

Quelques heures plus tard, une jeune femme dont les cheveux ne mentaient pas sur l'ascendance, les yeux rouges et deux petites cornes sur la tête, se présentait à sa maison. Un garçon et une petite fille, l'air triste et apeurés tenaient ses mains.

Lancers...

Metzli Arnesen - Jet de compétence : Art de la magie : 20(d20) +12(deg) +4(Int) = 36 ~ Réussite
Metzli Arnesen - Jet de compétence : Connaissance (noblesse et royauté) : 7(d20) +1(deg) +4(Int) = 12 vs DD15 ~ Echec

Metzli s'était plus facilement acclimatée à sa nouvelle vie qu'elle ne l'aurait cru. Il y avait bien sûr moins d'animation, moins de dangers, moins de vies sauvées et de regards reconnaissants. Mais il y avait son père, son amie d'enfance Anna, ses connaissances plus ou moins proches... et puis Daphnis... Elle avait bien cru ne jamais retrouver l'amour après sa triste mésaventure avec Aédos, ne plus jamais pouvoir refaire confiance à un homme. Mais les choses avaient rapidement pris une bonne tournure et la jeune ensorceleuse était finalement plus heureuse et plus épanouie que jamais, bien que la rage laisse présager des lendemains difficiles.

Elle était toujours heureuse de recevoir des nouvelles de ses anciens compagnons. La plupart avaient disparu sans laisser ni traces, ni signe de vie. Elle était néanmoins restée très proche de Sabetha qu'elle considérait comme une véritable amie, aussi s'était elle inquiétée ces derniers temps de ne pas avoir reçu de nouvelles de sa correspondante préférée.

La lettre qui lui était parvenue l'avait rassurée, puis inquiétée. Elle en avait immédiatement fait part à son père, Thedor, et à Daphnis qui avaient tous deux pris la parole.

Thedor[M, ensorceleur, humain]

- Voilà des nouvelles bien inquiétantes en effet... Il va falloir tirer cela au clair. son visage afficha un air aussi grave que songeur. Il ajouta quelque peu abruptement : - Entre temps, il est bien entendu que les amis de ma fille sont mes amis. Eliza , son frère et sa soeur sont les bienvenus ici, le temps qu'il faudra. -------------------- Le père de Metzli est un ensorceleur d'une bonne cinquantaine d'années. Il a passé sa jeunesse aux quatre coins de Féérune.

Le dernier nom ne manqua pas de faire réagir Daphnis.

Daphnis[M, élu divin, humain]

- Eliza, Eliza, j'ai jadis croisé une jeune tieffeline de ce nom... Quoiqu'il en soit, elle pourra certainement nous en dire plus sur cette étrange affaire. -------------------- Un jeune homme d'une grande beauté, élégamment vêtu mais armée d'une imposante épée bâtarde.

Lorsque la tieffeline se présenta à la porte de la maison familiale, Daphnis fut bien surpris de reconnaître la jeune femme qui l'avait accompagnée dans son aventure dans le Nord. Il sussura l'information à Metzli en ajoutant qu'elle semblait plus fatiguée et moins insouciante que dans son souvenir. C'est l'ensorceleuse qui prit la parole en premier :

- Eliza, soyez la bienvenue chez nous... Et votre frère et votre soeur aussi. Je suis Metzli et nous sommes très heureux de vous accueillir à la maison. J'imagine que le voyage a été long, suivez-moi pour prendre quelques rafraîchissements.

Elle conduisit le petit groupe dans une pièce plus large, décorée de tapisseries classiques et exotiques, où les attendaient, posées sur une table entourée de chaises confortables, toutes sortes de boissons non alcolisées et cinq coupes.

- Prenez-place, je vous en prie, et servez-vous. Je pense que vous connaissez déjà Daphnis, mon... fiancé.

Ce mot sonnait encore étrangement à son oreille. Tandis que Daphnis gratifiait l'assemblée d'un de ses légendaires sourires, elle ajouta, folle d'impatience :

- Une fois que les enfants se seront désaltérés, je vous propose qu'ils aillent découvrir leur chambre avec Daphnis. Tout est prêt. Et nous, Eliza, nous pourrons discuter du contenu de la lettre que j'ai reçue...

Je n'avais jamais vu Silys pleurer. Mais le soir précédent, après qu'elle eut couchés Jem et Aëlycia, je l'avais vu dans la cuisine, alors que je descendais chercher de l'eau. Elle était assise sur le bord de la fenêtre, et tenait fébrilement le châle de maman dans ses mains. Elle ne m'avait pas vu. Je ne voyais que son profil mais les longues traces de khol barraient ses joues. Je comprenais à cet instant pourquoi elle se maquillait rarement ces jours-ci.

- Ne me laisse pas s'il te plait... Je... Je ne pourrais pas...

Elle étouffa ses sanglots dans le châle. J'étais tétanisée. J'avais vu ma mère adoptive courir à la verticale sur des murs, rabattre son caquet a des demi-orque, soutenir maman pendant des années pendant notre enfance. Si maman ne m'avait pas tout dit, je savais que Silys avait tout abandonné, à ses risques et péril pour elle. Et là elle était dévastée. Je restais mutique pendant quelques secondes avant de m'effondrer au sol, mes jambes ne me tenant plus. Silys se tourna vers moi, et après quelques instants d'étonnement, elle se précipita vers moi et me pris dans ses bras. Elle n'arrivait visiblement pas à trouver quoi me dire mais je sentais quelque chose à travers mes larmes. Le sang du diable, parfois, me faisait ressentir la colère, le feu dans les âmes.

Et m'man était brûlante. Je sentais autant de colère que de douleur quand elle finit par me murmurer quelque chose à l'oreille.

- Je vais la retrouver ma chérie. Je vais nous la ramener. Ta mère est la personne la plus forte que je connaisse, et elle ne vous abandonneras jamais.

Eliza, Metzli, Daphnis et Thédor parlait dans le salon après avoir couchés les plus jeunes, non sans mal mais aidés par la fatigue. Elle leur avait raconté tout ça avant de continuer. Elle précisa qu'elle n'en savait pas plus, qu'elle avait remarqué que Sabetha était partie depuis un certain temps mais que ce n'était pas si rare. Elle s'était rendue compte que quelque chose n'allait pas ce soir là :

- Le lendemain, le collège nous téléportait à Eauprofonde, moi, Jem et Aëlicya. Lily a beaucoup pleuré quand Silys nous a laissés, et Jem s'était caché pour sangloter. Nous étions resté quelques jours chez les Patel, des cousins éloignés, qui avait envoyé le courrier dissimulé en Amn. Nous étions partis le lendemain et avions longé la côte, essentiellement en chariot.

Eliza s'arrêtait pour boire un peu d'eau.

- Le trajet était dur et fatiguant, surtout pour Lily et Jem. Moi j'ai l'habitude mais eux... Jem a beau faire comme si il était un futur chevalier, il n'est qu'un enfant. Je suis presque sûre qu'une nuit, on a été attaqués, mais nous avons été protégé par quelqu'un, ou quelque chose, et le trajet s'est terminé bien plus vite que prévu ensuite. Je pense que des amis de Silys nous ont protégés des Voleurs...

Retenant difficilement ses larmes, les mains crispés sur son verre, la semie-démonne avait l'air terriblement fragile, et on voyait sans difficulté l'adolescente à travers la rôdeuse. Essuyant ses yeux d'un revers de manche elle continua.

- Je sais qu'elle a contacté mon grand-père avant de partir mais... maman n'était pas en très bon terme avec sa famille à cause de... de... de moi...

Cette dernière blessure réouverte, les sanglots commencèrent à secouer la jeune fille et des larmes à couler abondemment de ses yeux écarlates.

Metzli avait écouté, sans mot dire, le récit d'Eliza. Lorsque celle-ci eut terminé, l'ensorceleuse s'approcha d'elle et posa sa main sur son épaule afin de la réconforter. L'amnienne réfléchissait à ces événements inquiétants, à leurs causes et conséquences possibles, mais elle manquait encore d'éléments pour pouvoir tirer la moindre conclusion. Dans un premier temps, elle se contenta d'essayer d'apaiser sa jeune interlocutrice :

- Courage, Eliza. Je me doute que vous avez dû traverses beaucoup d'épreuves, ces derniers temps... Au moins, vous pourrez êtes en sécurité ici. Mon père, nos amis et les vôtres veillent. Reposez-vous dans notre maison le temps qu'il faudra pour qu'on comprenne ce qui s'est passé...

La jolie jeune femme marqua une pause, avant d'ajouter :

- Je connais Sabetha depuis un moment maintenant, je suis sûre qu'elle trouvera une solution : c'est une battante et elle sait s'adapter aux circonstances. Mais il est possible qu'elle soit dans de mauvais draps et qu'elle ait besoin d'un petit coup de main.

Elle en vint au fait :

- Existe-t-il un moyen de contacter rapidement Silys ? Est-elle déjà partie pour Port-Ponan ?

Metzli remarqua alors que Daphnis et Thedor lui jetaient de bien sévères regards...

La jeune semi-fiélonne mit quelques minutes à reprendre sa contenance. Elle s'essuya les yeux avant de reprendre.

- Non, elle nous a rien laissé. Je pense qu'elle ne voulait pas laisser de trace, et à ce sujet, et bien, je pense qu'elle sait ce qu'elle fait.

Elle soupira, visiblement pour dénouer sa gorge.

- Elle ne s'est jamais inquiétée a ce point les autres fois où maman est partie à l'aventure. C'est pour ça que je pense que cette fois, quelque chose l'a vraiment inquiété... surtout pour aller à Port-Ponant. Maman n'y est sans doute pas connue mais Silys, et bien, c'est une autre histoire...

Elle s'arrêta pour réfléchir et fouilla dans sa poche. Elle en sortie un petit carnet qu'elle commença à feuilleter. Metzli pu brièvement voir des gribouillages, des croquis, les pages passant cela devenait plus clair, et elle s'arrêta sur une page, qu'elle arracha avant de la tendre à Metzli. Sur le feuillet se trouvait le sceau des De Sarrière, et le nom du comte actuel, Thoral, le grand-père donc, d'Eliza.

- Je n'ai jamais rencontrer mes grands-parents mais je pense qu'ils comptent en Cormyr. Il y a peut-être possibilité d'en savoir plus par ce biais, après tout, ils ont bien été prévenus.

Metzli vit son père plisser les yeux mais elle eut une inspiration avant lui.

Les Étoiles ! Le bureau local des Hérauts en Athkatla semblait parfaitement indiquer pour ouvrir une piste...

Je te laisse t'informer sur les Hérauts (Heralds) de Faerun si nécéssaire

Lancers...

Metzli Arnesen - Jet de compétence : Connaissance (noblesse et royauté) : 12(d20) +1(deg) +4(Int) = 17 ~ Réussite
Thedor - Jet de compétence : Connaissance (noblesse et royauté) : 4(d20) + 8 = 12 ~ Echec

Les choses étaient embrouillées et il ne semblait n'y avoir que peu de pistes à remonter. Mais l'examen des armoiries de Sabetha en offrait une : Metzli s'était rappelée que les Hérauts disposaient d'un bureau dans la cité et qu'ils pourraient certainement leur offrir d'utiles informations sur la famille de son amie.

L'ensorceleuse partagea sa réflexion avec l'assemblée :

- On va en effet commencer par investiguer à propos de tes grands-parents, Eliza. Je vais me rendre chez les Hérauts, ils sont installés en ville et ce sont les spécialistes par excellence de tout ce qui touche à la noblesse, aux traditions et à l'heraldique. Il en sauront certainement plus que nous...

La démarche fut immédiatement approuvée par son père :

Thedor[M, ensorceleur, humain]

- Excellente idée, Metzli ! J'aurais dû y penser moi-même... Il faut dire que les Hérauts ne sont pas trop appréciés dans la région, mais ils ont en effet une antenne à Athkatla. Son visage se fit à nouveau songeur et grave : - Je sais que Sabetha t'a sauvée la vie et que ça te tient à coeur de faire tout ton possible pour l'aider. Mais n'oublie pas de rester raisonnable... -------------------- Le père de Metzli est un ensorceleur d'une bonne cinquantaine d'années. Il a passé sa jeunesse aux quatre coins de Féérune.

Il s'arrêta, laissant ses derniers mots en suspens, comme s'ils lui brûlaient les lèvres. Daphnis qui, contrairement à ses habitudes, n'avait guère été bavard jusqu'alors précisa la pensée du maître de maison.

Daphnis[M, élu divin, humain]

- Ce que Thedor veut dire, c'est que Metzli est enceinte... Un fier sourire s'afficha sur son visage et il jeta un regard tendre vers celle qu'il aimait. - Ce n'est que le tout le début, personne n'est encore au courant hormis nous trois et peut-être Anna, son amie d'enfance. Quoique certains ont peut-être remarqué que tu t'offres moins de coupes de Flammevin que d'habitude... Il ponctua sa tirade d'un clin d'oeil à Metzli, puis se rappela qu'ils discutaient de graves questions. - Plus sérieusement, on sait ce que nous réserve la vie d'aventurier. Eliza et moi l'avons affrontée dans le Nord, Metzli et Sabetha en plusieurs occasions également. Il ne serait pas prudent de faire de longs et dangereux voyages dans ces conditions... -------------------- Un jeune homme d'une grande beauté, élégamment vêtu mais armée d'une imposante épée bâtarde.

Metzli soupira et haussa les épaules :

- Ils sont tous les deux comme cela depuis qu'ils ont appris la nouvelles. Comme si une femme enceinte devait être mise dans une vitrine et attendre patiemment sans rien faire... Mais ils n'ont pas tout à fait tort, je ne me vois pas endurer les privations et les dangers... Ce ne serait pas... raisonnable.

On aurait dit que ce mot était incongru pour elle, mais elle caressa imperceptiblement son ventre.

- Je pense que la meilleure solution serait que je mène l'enquête ici, à Athkatla...

La jeune femme réfléchit, hésita, puis finit par ajouter :

- Je pourrais ensuite passer la main à Idriane s'il nous fallait quitter la ville.

Daphnis et Thedor semblèrent approuver ces sages propros et opinèrent du chef. La jolie amnienne précisa :

- Idriane est mon... élève. Même si ce mot est un peu inadapté, car elle a presque le même âge que moi. Avec papa, je l'aide à développer ses capacités. Elle débute encore, mais elle est courageuse et très douée...

Elle marqua une nouvelle pause, avant de conclure :

- Oui, c'est comme cela que nous allons procéder. Je vais me rendre au bureau des Hérauts et pendant ce temps-là Daphnis écrira à Idriane pour qu'elle nous rejoigne.

L'ensorceleuse se leva, prête à partir.

Sans aucun doute, dans l’oligarchie grise amnienne, les Hérauts n'étaient pas toujours vu avec un regard positif. Gardiens de l'histoire et des sceaux, ils présentaient un obstacle au discours marchand. La liberté de commerce avait notablement été imposée grâce au mauvais souvenir de la période Shoon, il ne faudrait pas que l'Imperium gagne des galons au détour d'une vérité...

Thedor trouva rapidement l'emplacement du Bureau des Étoiles, dans le quartier des Vagues, non loin de l'office des médecins. Restait à savoir qui et comment il fallait prendre le problème.

Les Hérauts étaient connus pour être excessivement neutres en tout, mais pas nécessairement pour transmettre facilement leurs informations à quiconque leur demanderait. Il fallait une certaine dose de nécessité, et peut-être des informations à donner en échange. Bien sûr, il était toujours possible que le Héraut local soit particulièrement généreux, mais il ne fallait peut-être pas trop compter là dessus. Ceci étant dit, et si Thédor n'était pas un membre du Conseil des Cinq, loin de là, il n'était pas non plus un inconnu. Pas plus d'ailleurs que Metzli.

Après ses années d'aventure, l'amnienne avait en effet put se rendre compte en revenant à la maison qu'elle n'était pas passée inaperçue. D'abord quelques lignes dans une gazette de potins (où on lui avait d'ailleurs prêtée des amours inexistants), une nécrologie ci et là, et puis, quand elle avait été là physiquement, elle était restée relativement surprise d'être régulièrement invitée par des familles influentes à des diners et autres salons. Son père lui avait expliqué, sans étonnement - cela lui était aussi arrivé - que la bourgeoisie locale, qui restait généralement leur vie entière dans la ville, ne sortant que pour se rendre dans l'une de leurs résidences secondaires, était fort friand d'histoire d'aventures et de romance.

Elle n'aurait peut-être pas cru néanmoins, que la chose puisse lui servir un jour.

Toujours était il qu'il fallait désormais trouver une stratégie pour convaincre les Hérauts - ou d'autres, après tout il y avait peut-être d'autres solutions - de les aider.

Il y avait un sacré bout de chemin à parcourir depuis la demeure familiale jusqu'au Quartier de la Vague, aussi Metzli n'avait-elle pas tardé à se mettre en route. Tout au plus avait-elle pris le temps de se recoiffer et de se parfumer. Coquette comme à son habitude, la jeune femme souhaitait se présenter chez les Hérauts sous son meilleur jour.

¤ Autant mettre tous les atouts de son côtés... Et autant faire honneur à ma réputation en ville ! ¤

La jeune femme salua Eliza qu'elle laissa en compagnie de Thedor et de Daphnis. Elle ne doutait pas que les deux hommes de sa vie veilleraient bien sur la famille de Sabetha et feraient tout le nécaissaire pour accueillir aux mieux leurs invités inopinés.

En compagnie de Tzotzil qui gambadait à ses côtés, l'ensorceleuse traversa la moitié de la ville, dont la toujours très animée Promenade de Waukyne. Elle appréciait l'agitation qui régnait dans la cité. Bien sûr, la loi amnienne permettait de nombreux actes horribles et était particulièrement stricte en matière d'utilisation de la magie. Mais c'était néanmoins sa ville, là où elle se sentait chez elle.

Elle était bien consciente qu'il allait falloir trouver une idée, un plan ou une inspiration pour convaincre les Hérauts de la renseigner. A vrai dire, elle n'en avait pas véritablement. La jolie amnienne comptait sur son charme et sur son sens de l'improvisation pour obtenir des résultats : tirer parti des circonstances et faire de son mieux.

¤ Avec l'aide de Tymora, tout devrait bien se passer ! ¤

Un emblème sable où figurait des étoiles dorées. Étrange choix d'emblème, mais les Etoiles des Hérauts avaient quelque chose... d'hypnotique. On peinait, sous certaine anglais à discerner les étoiles du champ, tant et si bien qu'on s'y attardait.

Et cela n'avait pas manqué. Esthète, Metzli s'était arrêté quelques instants devant devant l'oriflamme, parfaitement entretenu, suspendu à côté de la porte du bureau local. De l'autre côté de l'entrée, un autre oriflamme présentait le poing aux éclairs des Hérauts. On ne pouvait pas arguer que ces derniers se cachaient. Un bâtiment aux murs blancs, fraîchement recouverts de chaux, l'air salin n'avait pas l'air de l'attaquer. Les deux fenêtres portaient des vitres, témoins d'une certaine richesse des propriétaires. Les cadres cependant, témoignait d'une huisserie relativement ancienne. La porte quant à elle, était fermée mais non verrouillée. Rien n'indiquait des horaires d'ouvertures, mais quelques ombres et lumières prouvaient que le bureau était occupé.

La porte grinça légèrement sur ses gonds lorsque l'ensorceleuse la poussa. Le bâtiment comportait trois étages. La logique poussait à croire que l'un d'eux était des appartements. L'autre devait être autre chose, mais le rez-de-chaussée, sans aucun doute, était le bureau lui même. Deux bureaux, l'un en face de l'autre, profitant chacun de la lumière d'une fenêtre. La lumière dorée de cette fin d'après-midi glissait sur le bois mais c'était sans nul doute les deux personnes assises derrière les bureaux qui éveillèrent l'attention de l'amnienne, avant même les centaines de rouleaux, de parchemins et de tablettes alignées dans les étagères contre les murs.

D'un côté, un homme, probablement d'une quarantaine d'année, accordait un oud, particulièrement concentré sur son travail. De l'autre, un demi-elfe d'une vingtaine d'années, était concentré sur un journal.

- Le fils Crimmor aurait une affaire avec la fille Yhliivast ? J'en doute cela présenterait un risque non négligeable pour leur affaires.

- Alnaar à une affaire avec les DEUX filles Yhliivast. Et aucune des deux ne sait pour l'autre. Je n'arrive toujours pas à définir si c'est une stratégie ou une affaire de mœurs.

- Une stratégie ?

- C'est toujours possible. Nous verrons. Inutile de remuer la fange, tout fini toujours par se savoir.

Les derniers mots venaient de l'homme au oud, et il conclu sa phrase par un la parfaitement harmonieux. Avant de se tourner vers Metzli, un sourire intelligent sur les lèvres :

- Ah ! Dame Arnesen, je crois ? A moins que vous n'ayez décidé de porter le nom de votre ami ? Je ne me souviens pas d'avoir vu d'acte de mariage, mais ce n'est pas une tradition toujours suivie en Amn. Qu'est ce que les Hérauts peuvent faire pour une héroïne des Royaumes ?

Il posa un oeil plus aiguisée sur l'ensorceleuse.

- Oh ! Mais, pardonnez moi, que dirait ma mère. Installez vous, sautant sur ses pieds, il tourna le fauteuil de son bureau. Puis-je vous servir quelque chose avant que vous nous informiez sur la raison de votre visite ? Infusion ? Nous avons du thé de Kozakura, et il me doit me rester un peu de café maztèques. Terrible breuvage que celui-ci, infâme pendant quelques jours, puis on ne peut plus s'en passer...

Profitant d'un instant de silence, le demi-elfe intervint, amusé :

- Dame Arnesen, je vous présente le héraut des Etoiles. Je suis son assistant.

Lancers...

Metzli Arnesen - Jet de compétence : Perception : 14(d20) +0(deg) +0(Sag) +2(familier) +2(Locale) = 18

Metzli avait été impressionnée par l'élégance du bureau des Hérauts. Assurément, ces gens-là accordaient une grande importance au traitement rigoureux de leurs affaires, en ce compris l'entretien de leurs locaux.

L'ensorceleuse avait ensuite souri lorsque ses deux interlocuteurs l'avaient reconnue et assaillie de questions. Elle leur répondit avec une moue charmante :

- Attention à ne pas critiquer le café maztèque devant une enfant de cet honorable continent !

Elle rit de bon coeur, avant d'ajouter :

- Mais il est vrai que, si son odeur est appétissante, son goût peut être difficile à apprécier, surtout au début. Je goûterais bien votre thé de Kozakura, c'est une curiosité que je n'ai pas encore eu l'occasion de découvrir...

La jeune femme s'installa dans le fauteuil qu'on lui avait présenté. Tzotzil couina et se lova sur ses jambes.

- Je vous remercie de votre accueil, messires. L'affaire qui m'amène parmi vous ne me concerne pas directement... enfin, pas tout à fait...

L'allusion à un mariage n'avait pas manqué de la faire réagir intérieurement. Tout était allé si vite avec Daphnis : le début de leur histoire, son installation à Athaktla et à présent l'enfant à naître... Ils n'avaient pas encore eu le temps d'envisager une union plus officielle. Cela pourrait attendre... pour le moment. Elle espérait que Daphnis ne tarde tout de même pas trop à lui faire sa demande...

Elle inventa rapidement une histoire qui pourrait sembler crédible :

- Comme vous le savez, j'ai été amenée à voyager dans un certain nombre de régions, à combattre des ennemis parfois redoutables, à braver la mort à plus d'une reprise... Ces aventures m'ont valu une certaine réputation et nombreux sont ceux qui me demandent de les mettre par écrit, de manière à en conserver la mémoire.

Ce n'était jusque là que la stricte vérité. Metzli s'était d'ailleurs essayée à rédiger quelques pages, mais elle était loin d'être satisfaite du résultat. Sa plume n'était pas assez élégante et les mots ne parvenaient à retranscrire suffisamment bien la fureur, la joie, la tristesse ou la peur qu'elle avait pu ressentir au cours de son périple. Metzli était avant tout une femme d'action. Sans doute Aédos aurait-il pu produire quelque chose de bon, lui qui maniait si bien le verbe...

Chassant de son esprit cet amant dont elle maudissait encore le nom (mais par qui tout ceci était arrivé...), elle reprit :

- Je rassemble en ce moment les données qui me seront utiles pour rédiger mon texte, notamment à propos de mes vaillants compagnons de route. L'une d'elle est particulièrement importante dans l'histoire, une magicienne nommée Sabetha, qui m'a sauvé plus d'une fois la vie. J'aimerais en faire un portrait aussi juste que possible...

C'était là qu'elle commençait franchement à arranger la réalité :

- J'ai cru comprendre qu'elle appartenait à une famille noble, mais elle ne m'en a guère parlé, peut-être par envie de se faire un nom par elle-même plutôt que de se reposer sur celui de ses ancêtres. Bref, j'aurais aimé savoir si vous aviez des informations à ce sujet.

Elle sortit de sa besace une reproduction du sceau qu'elle avait griffonée chez elle. Si elle n'était pas particulièrement douée pour l'écriture, elle se débrouillait plutôt bien en dessin et la représentation était relativement fidèle.

- Tout ce que j'ai à ce stade, c'est ce sceau sur une lettre qu'elle m'a envoyée.