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> Chapitre 1 : Pleurs printaniers
  écrit le : Jeudi 16 Octobre 2025 à 18h48 par La Goualeuse
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1373, Kythorn – première décade, troisième jour
Cormyr -Ville de Wheloune
Hall des Récoltes (rive est de la ville)



Plus d'un mois s'était écoulé depuis Herbeverte, jour de liesse qui avait chassé l'hiver dans un traditionnel excès de nourriture, de boisson et de danse. Le printemps, particulièrement doux cette année, déployait ses tendres clartés sur Wheloune : la saison promettait d’être généreuse. Le soleil matinal caressait les toits de la cité, faisant scintiller les ardoises vertes qui lui avaient valu son surnom de Tours de Jade. A l'ouest du fleuve Wiverne, les rues pavées, encore humides de rosée, s'animaient déjà. Sur l’autre rive, plus verte, l’air portait l’odeur douce des bourgeons, des terres labourées et des fleurs naissantes.

Ce n’était plus l'humble bourg de jadis. En quelques années à peine, Wheloune s’était muée en petite ville florissante, fruit de l’afflux massif des réfugiés ayant fui Arabel. De plus en plus nombreux, les hommes et les marchandises avaient transformé la rive orientale du fleuve en quartiers d’habitation laborieux, tandis que le cœur historique conservait ses commerces, ses ateliers et ses entrepôts.

Le Hall des Récoltes s’érigeait en pierre claire au centre de la communauté paysanne. Harrandave Donohar et ses prêtres avaient étroitement surveillé l’essor agricole de la région, veillant à ce que l’augmentation des cultures ne devienne pas rapacité. Chauntéa prônait un équilibre prudent entre nature et subsistance : elle avait été exaucée – pour la plus grande satisfaction d’Else, même si Astérious trouvait encore bien des choses à redire. Ce printemps, on parlait de planter des vignes neuves, d’élargir les vergers de pommiers, de semer du blé dans les champs plus profonds, tout en conservant des bandes boisées, des haies et des bosquets pour la fraîcheur du sol.

La vie marchande avait commencé à bourdonner bien avant l’aube. Les quais du fleuve bruissaient de l’activité des barges, des barques chargées de grains, de vins et de poteries. Les caravanes terrestres – dont Oriénas était parfois nostalgique – se suivaient sur la Voie de la Manticore, amenant produits rares, tissus, épices et voyageurs. Ateliers de voiles, chantiers navals, forges, poteries et charpentes se multipliaient dans les rues, construits à la va-vite pour certains, mais tous habités par l’ardeur et l’urgence.

Avec le développement étaient aussi venus l’ombre de la petite criminalité et le besoin d’ordre. La Garde – milice urbaine formée d’habitants armés et volontaires – patrouillait parmi les ruelles, épaulée par la garnison des Dragons Pourpres afin de contenir les voleurs, les arnaques et les querelles de voisinage. La population ayant presque doublé en trois ans, les tensions se faisaient parfois sentir, mais sous la férule de Lord Redbeard, la cité tenait le cap. Le seigneur local, ferme mais juste, était apprécié pour son souci de la ville – supérieur, n’avait-il pas peur de clamer, à celui de la Couronne – et pour son aptitude à maintenir un fertile équilibre entre croissance et ordre.


Un peu à l’écart, sous le vieux saule qui bordait le plus ancien des vergers, Else, Astérious et Oriénas partageaient un maigre repas en ce début de matinée ordinaire : du lait caillé, quelques fruits secs et du pain encore chaud, tout juste sorti du four du Hall. En forme de tresses épaisses et dorées, les prêtres-paysans l'avaient poétiquement nommé
Les Tresses de Chauntéa – on y mordait à pleines dents, avec délice. Le Temple demeurait visible en contrebas, ses toits de chaume doré brillant à travers les branches. En tendant l'oreille, on percevait vaguement le rythme des bêches et les voix des laboureurs au travail, mais il régnait ici un calme propice à la conversation. Cornichon, étendu sur le flanc, somnolait paisiblement dans l’herbe.

De quoi parlaient les trois compagnons ? Else, la plus jeune, avait été le trait d'union entre le demi-elfe et le gnome : elle les avait côtoyés tour à tour, enfant puis adolescente, sans qu'ils ne se rencontrent. Ils avaient depuis pris pour habitude de se réunir fréquemment lorsque leur ami druide séjournait en ville, tantôt dans les champs, tantôt à
La Chope bien accordée, modeste taverne du père d'Orienas.



Trêve de jacasseries !
 
 
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PM
écrit le : Hier à 10h50 par Asterious
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Astérious savoure chaque bouchée de la Tresse de Chauntéa, les yeux fermés. Son esprit perçoit les goûts et les parfums dégagés par cette pièce de pain qui, à première vue, pourrait paraître anodine, mais qui, pour lui, se transforme en souvenir.
La légère croûte dorée qui craque sous la langue, la texture lisse et brillante qui glisse sous le palais, et la mie moelleuse le transportent directement à son enfance, à la maison, à la table de sa mère, éclairée par la lumière d’un dimanche ensoleillé. Les rayons du soleil réchauffaient son visage, et l’illusion d’une journée paisible passée à feuilleter ses livres et à croquer des animaux dans son carnet remplissait son cœur de joie.
L’image de cette enfance lointaine et naïve le touchait au point de le faire vibrer, jusqu’à ce que, dans son souvenir, la voix de son père résonne comme le tonnerre :

*Astérious ! Regarde ce que tu fais ! Tu es en train de mettre des miettes partout sur la table… Concentre-toi un peu. Arrête d’avoir toujours la tête en l’air et viens avec moi. Il faut que je t’apprenne la différence de valeur et de prix entre l’agate de feu, l’agate œil-de-tigre et l’agate rubanée…*

Assez vite, il chassa ces pensées, car la mélancolie assombrit le cœur et peut basculer la conscience dans une spirale de regrets et de chagrin.
En ouvrant les yeux, il fut aussitôt apaisé par l’image d’Else : cette fille pleine d’énergie et de courage, adepte de la nature et en constante recherche d’équilibre.
Elle, qui était devenue prêtresse — patiente et raisonnable — lui avait montré qu’il était tout à fait possible de concilier subsistance et nature.
Le contact avec Else était devenu un ancrage, un lien vers un présent et un avenir situés en dehors de la forêt, mais probablement plus proches du cœur des gens.
Pour se rassurer, Astérious lui demanda :

- Else, qu’est-ce qui alimente ta foi ? Penses-tu que cette relation équitable entre la nature et les peuples existera toujours ? Franchement, je suis admiratif de toute ta bonne volonté et du travail que tu as accompli ici, à Wheloune. Je suis fier de ce que tu as réalisé. Parfois je me demande, comment ton cœur peut rester aussi vaillant lorsqu’il s’agit de défendre le vivant?


Cornichon, étendu sur le flanc, somnolait paisiblement dans l’herbe après avoir mangé un bon morceau de lard que lui avait donné en cachette Oriénas.
Le compagnon canin d’Astérious s’est toujours montré méfiant vis-à-vis des étrangers, mais il n’y a que le vent et la brise qui pourraient expliquer pourquoi Cornichon s’est pris d’affection pour le demi-elfe.
Cette situation ne dérange pas Astérious, même si parfois une pousse de jalousie germe dans son cœur lorsqu’il voit son fidèle compagnon exprimer avec un peu trop d’enthousiasme la sympathie qu’il lui témoigne :

-Oriénas ! En quelle langue faut-il que je te le dise ? En draconien, en drow, en abyssal ? Arrête de donner du lard à Cornichon, s’il te plaît ! Tu vas lui donner de mauvaises habitudes.
En plus, quand tu lui donnes du cochon, il n’arrête pas de somnoler. Tu veux qu’il soit tout le temps dans les vapes ? Déjà que la dernière fois, je t’ai surpris en train de lui proposer de l’ale… Je ne voudrais pas qu’il devienne comme ces chiens errants qui acceptent tout et n’importe quoi et qui finissent par avoir l’esprit embrouillé en permanence.



Niveau 0:
- Soins superficiels: Rend 1 pv à la cible.
- Illumination: Éblouit la cible (–1 aux jets d’attaque).
- Assistance divine: +1 à un jet d’attaque, jet de sauvegarde ou test de compétence.

Niveau1:
-Flammes: 1d6 points de dégâts, +1/niveau, contact ou lancer.
-Morsure magique: Une arme naturelle du sujet gagne +1 aux jets d’attaque et de dégâts.


"Les racines comme conductrices de résonance du vivant..."
 
 
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écrit le : Hier à 21h21 par Else
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Comme tous les matins, Else s’était réveillée dans le dortoir commun du temple, aux premières lueurs du jour. Déjà, elle entendait les autres sortir de leur sommeil. Tranquillement, elle s’était levée et vêtue de son habit de prêtresse, une longue tunique blanche, avec son écharpe aux broderies colorées qui l’entourait. Après une brève toilette, elle avait rejoint la pièce principale du temple, où se trouvait l’autel, pour faire sa prière matinale. Le temple, contrairement à celui d’Ongul’s Water, était très récent. Il était bâti tout en bois, d’une couleur assez claire, mais néanmoins chaude. Il n’avait pas cette teinte grisonnante que le bois prend après de nombreux hivers. C’était un édifice très modeste, avec des représentations, sculptées en bois, de la déesse Chauntéa. Elle remarqua que certains des bouquets et autres décorations fleuries auraient besoin d’être rafraîchies. Justement, elle avait vu un bosquet, il y a quelques jours, où elle avait repéré les premières ancolies de la saison. Elle était en train de se dire qu’il faudrait qu’elle aille y faire un tour plus tard dans la journée, quand Orienas vint la trouver, pour lui annoncer l’arrivée d’Astérious.

Else aimait les visites du druide : il amenait avec lui un peu du village. Des nouvelles fraîches des habitantes et habitants en général, et de ses frères et sœurs en particulier. Une de ses nièces, Viscia, venait d’avoir 7 ans. Elle allait donc pouvoir enfin assister aux enseignements du cercle druidique. Astérious continuait-il d’enseigner ? Comment se portait le village ? La taille des fruitiers était-elle terminée ? La ponte des cannes était-elle abondante ce printemps ? Même si elle voyait régulièrement Orienas, ces retrouvailles à trois ainsi que la présence rare du druide, qui venait directement du village, la plongeait instantanément dans une forme de nostalgie. Elle ne pouvait pas prétendre connaître aussi bien les fidèles qui venaient à son temple, qu’Inmala ceux du village. Elle était globalement satisfaite de ce changement d’air. Elle sentait que cela lui faisait du bien, que prendre de la distance avec sa famille lui permettait de respirer un peu plus sereinement. Mais, malgré tout, ils lui manquaient toutes et tous, et elle était avide d’avoir de leurs nouvelles, et de se projeter, pendant quelques instants, avec eux, dans la vie du village qui lui était si familier. Alors, à peine les salutations échangées, sur le chemin qui menaient aux premières parcelles cultivées, c’était une pluie de questions qui s’abattait sur Astérious. Quand, enfin, sa curiosité fut rassasiée, elle laissa à ses compagnons un peu de répit, pour déguster leur frugal repas en paix.

Après une courte pause, pendant laquelle on put entendre les trois compagnons (ainsi que, avec moins de discrétion, Cornichon) mâchonner leur pain, Astérious la questionna sur sa foi. Elle fut touchée de le rendre fier, lui qui lui avait toujours paru si sage. Leurs échanges lui permettaient de prendre du recul sur son quotidien et sa routine, d’approfondir sa pensée, de tester ses convictions.


- Et bien tu vois, au village, j’étais persuadée que l’équilibre entre la nature et les humains allait de soi. C’était d’une simplicité évidente. Aujourd’hui, je t’avoue que cet équilibre me semble plus précaire. Ici, les gens n’ont pas le même rapport à la nature. Ils ne savent pas reconnaitre les arbres ou les fleurs, ni les chants des oiseaux, ils ne s’intéressent pas aux cycles du vivant en dehors de leur récolte… Et, en y réfléchissant, je ne peux pas leur en vouloir : ils n’ont pas de quoi s’émerveiller tous les jours. Le travail est dur, il l’est pour tout le monde, je suis bien placée pour le savoir, mais, à Ongul’s Water, quand on lève la tête après avoir buter les poireaux, on peut admirer les rapaces survoler la forêt, à la recherche de leur prochaine proie. Ici, il n’y a pas cette perspective, et je pense que, à force, cela rend insensible. Un éloignement physique qui entraîne une déconnexion psychique. Mais je reste persuadée qu’il est indispensable que les peuples gardent à l’esprit qu’il n’y a pas de vie sans nature, et je sais qu’au fond d’eux-mêmes, ils le savent. Il faut juste que je leur rappelle ! Alors, j’essaye de rependre la bonne parole, au quotidien, comme je le peux, même si ce n’est pas toujours évident. Mais, sachant ce que je sais, ayant la chance d’être touchée par la grâce de Chauntéa, comment pourrais-je faire autrement ? Tu sais, il y a tellement de bouches à nourrir à la ville… Et tellement de nobles qui accumulent leur richesse sans partager. Cela donnerait envie de te les envoyer, Astérious, pour que toi et les autres druides leur fassiez un cours sur la vie en dehors de la cité !

Malgré la colère qui la saisissait à l’évocation de ces injustices, elle souriait de cette idée absurde. Elle jeta un regard complice à Orienas, et espérait secrètement qu’il leur préparait une filouterie qui les remettraient à leur place. Elle s'adressa à lui :

- Comment se porte ton père ? Est-ce que tu dois beaucoup l’aider en ce moment, ou as-tu un peu de temps pour tes autres… Projets ?


 
 
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