Prologue (Idriane) : Inquiétant courrier

Le prêtre-mage tritura sa barbe, la rendant plus chaotique encore qu'elle ne l'était.

- De Sarière, de Sarière... ça ne me dit rien.

Idriane ne détectait aucun mensonge ici, et il lui semblait de toutes façon que le vieil homme était honnête. Celui-ci remonta ses yeux vers elle et posa un binocle dont le laiton était usé mais les verres neufs sur son nez.

- Et bien, je ne suis pas oghmite, mais on peut toujours chercher ! Si vous avez d'autres informations, ce serait plus simple. Les mages ne sont pas tous les mêmes, certains laissent des choses à la postérité, d'autres non. Venez, ce ne sera pas là, l'accueil est plutôt une chambre de dépôt, il faut aller dans la salle d'étude.

Sifflotant, il ouvrit une porte - non verrouillée - et entra dans la salle attenante. Six grandes tables s'y trouvaient, chacune éclairée par une lanterne dotée d'une flamme éternelle. Une considérable réserve de parchemin se trouvait à droite de l'entrée avec une dizaine d'encriers et de porte-plumes.

- Nous permettons à tous le monde de venir étudier ici en échange d'un don au temple. Les mages locaux paient souvent une année entière pour eux et leurs éventuels disciples. Vous n'êtes que de passage, je ferais une exception.

Et cette enquête bibliophile semblait l'amuser au plus haut point. Il se dirigea vers une étagère de métal qui contenait la pile des périodiques. Elle n'était pas très haute, peut-être quelques mois.

- Si vous pensez qu'elle est passée par là, nous pouvons commencer par là. Néanmoins..., il fit quelques pas et ouvrit un énorme tome qui reposait sur un pupitre, elle compris vite qu'il s'agissait du thesaurus du temple. Jivil l'avait ouvert sur une page au hasard. S'y serrait des centaines de mots par feuillets, séparés par des colonnes. Thème, auteur, année, etc... De Sarière... D ? Ou S ? Hum... S ! Si c'est bien elle, elle a signé sans particule. J'ai une référence, un essai d'alchimie : « Sublimation des essences élémentaires : une théorie », c'est sous-titré en draconique, la traduction doit être « et de la possibilité du fundamentum ». Fundamentum doit désigner quelque chose de particulier, mais ce n'est pas mon domaine d'expertise. Voulez vous que nous trouvions l'ouvrage ?

Lancers...

Idriane - Dé de vie montée de niveau : 17(d20) + 2(don) = 19
Idriane - Jet de compétence : Psychologie : 6(d20) +0(deg) +2(Sag) +2 (don) = 10
Idriane - Jet de compétence : Social : 18(d20) +0(deg) +5(Cha) +2 (don) = 25

Idriane masqua de son mieux sa déception. Visiblement, Sabetha n'était pas aussi renommée qu'elle l'avait espéré et ce, même si le Cormyr était proche. Au moins avait-elle appris que la magicienne ne semblait pas être passée ici récemment, ou du moins pas de manière officielle. Elle suivit Jivil dans la pièce attenante.

- Je vous remercie de votre temps et de me laisser accéder à votre salle d'étude. Elle est impressionnante...

L'aasimar était sincère. La salle devait être modeste au regard des grandes bibliothèques de la région, mais l'ensorceleuse n'en avait encore jamais visité. Son regard furetait partout alors que Jivil menait des recherches dans son volumineux thesaurus. Il en avait finalement tiré un résultat.

Idriane n'était pas très sûre de la marche à suivre. Consulter un volume, peut-être vieux de plusieurs années, pourrait-il l'aider dans son enquête ?

¤ J'en doute... Je perds probablement mon temps ici... Mais... mais... mais... Sait-on jamais ? Comme l'a dit Jivil, je pourrais en apprendre un peu plus sur la personnalité de Sabetha, ses centres d'intérêt en matière de magie, son expertise... Sans compter qu'il y a peut-être une préface ou ce genre de texte introductif qui pourrait me mener sur une piste... Et, enfin, je serais intéressée de voir s'il s'agit d'un autographe ou d'une copie. ¤

L'ensorceleuse répondit donc positivement à son interlocuteur :

- Je serais ravie de le consulter, si cela ne vous dérange pas.

Le clerc d'Azouth avait parcouru les étagères quelques minutes avant de trouver ce qu'ils cherchaient, très exactement là où il devait ce trouvait. Le tome, assez fin, relié de cuir, ne portait pas de marque. Il ne s'agissait pas d'un livre de prix, et il était probable qu'il n'ait été édité qu'a quelques exemplaires. Peut-être simplement un cadeau de quelqu'un à l'autrice pour un travail bien effectué.

La contre page de la couverture confirma ceci, y était inscrit, « Copié pour la qualité manifeste des travaux », suivi par le cachet du Conclave de Lunargent.

- Le Conclave fait régulièrement copier les travaux d'ancien élèves ou d'alliés de qualité pour les conserver dans ses bibliothèques, mais regardez, il y a une note sur la troisième de couverture.

En effet, au verso de la couverture arrière se trouvait une courte note, donc.

- Oui, oui, oui. Je me souviens maintenant, Alia m'avait ensuite dit que ce don était bienvenu mais que ce n'était pas si rare. Il semble que Dame Jemma ait allouée une partie des ressources de sa propre maison - pas celle de son mari - pour soutenir les hôpitaux et guérisseurs il y a quelques années. Il n'est pas rare que nous bénéficiions des actes de charité venu des philanthropes cormyriens.

Idriane ouvrit ensuite le livre au début, et commença a lire. Sans doute l'ensorceleuse n'avait pas l'habitude de ce genre de traité. Il était visiblement écrit par quelqu'un qui avait reçu une éducation de haut vol et suivait une méthodologie particulière. Loin de ce qu'elle avait probablement souvent vu avec ceux dont la magie était plus instinctive. Toute l'introduction était à la fois une exposition de la légitimité de l'autrice - magicienne, formée au Collège, spécialisée dans l'alchimie et la pyromancie - puis un succinct exposé des sources et raisons de l'ensemble de son hypothèse. Il finissait, sur ce qui était peut-être une boutade académique, par une excuse sur l'emploi du terme théorie, plutôt que d'hypothèses, pour une seule raison de sonorité.

Idriane lisait en diagonale et elle n'avait pas la possibilité d'y passer un temps conséquent. Si certaines évocations (notamment celle, étonnement, d'une méthode d'asservissement des élémentaires développée par les elfes, elle ne savait pas pourquoi cela lui évoquait quelque chose, d'autant que cela n'était pas très important pour ses recherches) lui parlait, la technique elle-même proposée lui semblait assez abstraite. Du peu qu'elle en comprenait, le fundamentum évoqué dans le sous-titre était un organe propre aux dragons - aux dragons véritables - qui leur permettait de produire leur souffle. Et, si l'on en croyait les prémices de l'hypothèse exposée, ce souffle - ou tout du moins sa production - était étranger à la Toile.

Chose qui, déjà, surpris probablement l'ensorceleuse.

Mais si cette information était importante (il s'agissait de la pierre angulaire de la suite), elle n'était que le support du reste. L'hypothèse exposée imaginait une méthode mêlant à priori alchimie et magie élémentaire, qui permettrait de reproduire un fundamentum de manière totalement artificielle, de produire de la magie élémentaire. L'autrice ne prétendait néanmoins pas échapper aux lois de la Toile, contrairement à l'originale, puisqu'il lui semblait improbable de reproduire le statut très particulier qu'entretenait les dragons avec la réalité. L'idée était plutôt d'extraire et de conserver une énergie issu de l'un des plans élémentaire afin de s'en servir ensuite, et ce sans pour autant avoir à asservir une créature élémentaire.

Passant a la conclusion, Idriane put lire que l'autrice se défendait d'imaginer ici une forme de mythal dont l'énergie dépendrait d'autres choses (elle arguait d'ailleurs que ce genre de chose pourrait dans le pire des cas déstabiliser gravement l'équilibre entre les plans et se référait ici à une dizaine de spécialistes). Cette source d'énergie, si elle pouvait être considérable, ne serait pas à priori en mesure de faire flotter une montagne, par exemple, considérant ses caractéristiques probablement très volatiles. Elle ajoutait que développer ce genre de chose présentait des risques immenses, et en plus de la nécessité de grandes compétences, demandaient des ressources et des matériaux plus que rares.

Idriane avait lu pendant prêt d'une heure le tome, et était désormais assises à une table. Jivil l'avait laissée, et si elle avait appris des choses, sans aucun doute, elle doutait d'être en mesure d'en savoir plus.

Lancers...

Idriane - Jet de compétence : Connaissance (mystères) : 10(d20) +4(deg) +3(Int) = 17
Idriane - Jet de compétence : Art de la magie : 1(d20) +4(deg) +3(Int) = 8
Idriane - Jet de compétence : Connaissance (plans) : 12(d20) +0(deg) +3(Int) = 15

Le traité était pour le moins complexe et Idriane n'en avait pas compris la moitié. A vrai dire, elle n'y avait pas non plus découvert les indices espérés. La récolte était maigre, mais elle avait néanmoins relevé quelques éléments.

Dame Jemma était la mère de Sabetha, Metzli et Eliza le lui avaient appris. Son don témoignait que la famille de Sarrière était active dans le domaine de la bienfaisance, ce qui n'était pas pour déplaire à l'aasimar. Quant à Sabetha, elle était assurément une magicienne douée et capable de théoriser sa pratique... Mais il était trop tôt pour savoir si ses recherches sur le fundamentum avaient un lien ou non avec son affaire.

La jeune femme réfléchit un instant, avant de s'adresser à nouveau à Jivil :

- C'est un bien curieux ouvrage, à n'en pas douter. Je ne suis pas sûre de tout avoir compris, mais c'est le fruit d'une recherche originale et innovante. J'y reviendrai peut-être quand j'aurai progressé dans mon apprentissage.

Elle s'interrompit un bref instant, puis ajouta :

- Cela ne m'a malheureusement pas beaucoup aidé dans mes recherches à propos de Sabetha de Sarrière. Auriez-vous une idée d'une personne capable de me renseigner en ville ?

L'ensorceleuse attendit la réponse de son interlocuteur. S'il n'avait pas de pistes à lui proposer, elle le remercierait et prendrait congé pour retourner à l'auberge. Elle doutait pouvoir y trouver des informations utiles sur Sabetha mais sans doute pourrait-elle au moins en glaner quelques-unes sur Port-Ponant, sa destination finale...

Le vieux prêtre, se grattant l'oreille, réflechit.

- Et bien, allez voir Alia, à l'hospice. Elle a peut-être gardée un contact avec Dame Jemma ? On pourra peut-être vous en dire plus sur l'origine de votre amie, ce qui pourrait vous aider à la trouver ? Enfin, malheureusement, si vous avez perdue sa trace dans les environs, je crains que l'un des probables lieu ou vous pourriez la trouver est Port-Ponant...

Jivil eu un sourire compatissant à la mention de la ville aux tristes rumeurs. Il ajouta.

- Auquel cas, peut-être devriez vous aller voir sur le port. Si un navire des Dragons Bleus mouille dans le port, il aura peut-être des informations.

L'azouthite tapota l'épaule de la grande ensorceleuse avec empathie.

- J'espère me tromper.

Après quelques nouvelles interactions probablement, Idriane sorti a nouveau dans la rue. Jivil lui avait indiqué le port, à quelques temps de marche, au Nord, et l'hospice, adossé au temple d'Ilmater, proche de la porte de l'Est. La proximité du temple de l'Ecorché de la voie menant à Port-Ponant n'était par ailleurs peut-être pas un hasard.

Idriane avait chaleureusement remercié Jivil, avant de prendre congé. Ses propos sur Port-Ponant étaient peu rassurants, mais la jeune femme savait dans quoi elle s'était engagée et, bien qu'elle mesure les difficultés, le danger ne lui faisait pas particulièrement peur. Les deux pistes que le prêtre lui avait signalées méritaient certainement d'être creusées. Le tout était de savoir par où commencer...

Une fois sortie du temple, l'aasimar réfléchit à la question et se dit qu'il était préférable de commencer par l'hospice.

¤ Si Alia dispose de la moindre piste, je pourrai interroger de manière plus efficace les Dragons bleus, aussi bien sur le Cormyr que sur Port-Ponant... L'inverse est moins vrai, me semble-t-il... ¤

Ayant pris sa décision, l'ensorceleuse se mit en route d'un bon pas en suivant les instructions que Jivil lui avait transmises. Une fois arrivée à destination, elle s'enquerrait d'Alia, en espérant qu'elle serait présente sur place.

Il fallu une dizaine de minute à Idriane pour aller à l'hospice. Sis dans une rue perpendiculaire à celle qui hébergeait le temple de l'Ecorché, ce n'était pas un très grand bâtiment. Plus, cependant, que le temple d'Azouth. Visiblement, l'hospice gérait aussi l'orphelinat situé un peu plus loin.

Elle entra dans une pièce des plus calme. Deux tables se trouvait devant les fenêtre autour desquelles discutaient des personnes à voix basse. Deux portes menaient sur deux couloirs. Les murs de pierres étaient nus, mais étonnement propre, comme si on récurait les joints chaque jours, et les changeaient quand c'était nécessaire. D'ailleurs, il y avait des joints de chaux et d'argile, ce qui n'était pas des plus courants. Ce qui la surpris la plus dès qu'elle passa le pas de la porte - construite pour être plus large que d'ordinaire - c'est l'absence d'odeur. Cela la surpris, puisque les villes étaient des lieux qui sentaient fort, même si on finissait par s'y habituer. Mais là, le savon, les fenêtres ouvertes au petit matin, le sol de pierre consciencieusement lavé et les déchets visiblement évacué de façon méthodique, contrait de façon spectaculaire les odeurs citadines. Sa narine s'agita néanmoins, d'une pièce non loin venait une odeur d'ammoniaque.

Alors qu'elle avait cette réflexion, on vint la saluer. Elle dû baisser la tête pour se faire puisque son interlocutrice était une halfeline. Assez âgée visiblement, vêtue d'un tablier de lin blanc qui rappelait la volonté de purifier les lieux, elle regarda l'ensorceleuse en rehaussant ses lunettes sur son nez.

- Puis-je vous aider madame ? Venez vous voir l'un de nos patients ou souhaitez vous que nous vous examinions ? On nous a déclaré une épidémie de coliques dans le sud. Si c'est le cas, je vous conseille de vous laver régulièrement les mains avec du savon et d'éviter les aliments trop gras pour quelques jours.

Au moment où elle disait cela, un homme avec du sang coulant du bras entra. Elle se déplaça et l'examina rapidement.

- Combien de fois devrais je vous dire de mettre des gants lorsque vous videz les poisson, Horace, elle soupira et appela un jeune homme qui passait par là, désinfecte la plaie avec une décoction de fincruor, puis referme la plaie. Ensuite, bandage avec un distillat de vinaigre. Garde le en observation une demi-heure. Tu noteras sur la note de Ferwick, j'irais lui tirer les oreilles concernant la protection de ses employés plus tard.

Elle revint ensuite vers Idrianne.

Idriane sourit en admirant l'endroit où elle se trouvait. Elle n'avait connu rien de tout cela lors de son enfance en Chessenta et trouvait formidable que tels lieux, dévolus au soin des autres, puissent exister. Celui-ci semblait par ailleurs particulièrement bien tenu.

L'ensorceleuse se présenta à son interlocutrice :

- La bonne rencontre ! Je vous remercie de votre accueil. Je ne viens pas pour des soins, mais en quête d'informations.

Ne souhaitant pas dévoiler trop rapidement l'affaire qui l'amenait, elle se contenta d'indiquer :

- Je m'appelle Idriane Sphaerideion et je souhaiterais rencontrer Alia Morlin, la cheffe des guérisseurs. Jivil m'a indiqué qu'elle pourrait peut-être me renseigner. Serait-elle présente aujourd'hui ?

Vu son âge, l'halfeline pouvait parfaitement être l'Alia dont il était question. Mais l'aasimar n'avait aucune idée de l'apprence de la cheffe des guérisseurs, ni de la taille et de la composition de l'effectif travaillant à l'hospice.

L'halfeline la regarda de haut en bas, puis de gauche à droite, insistant sur ses yeux :

- Yeux dorés, cheveux trop blonds, un peu trop parfaite… On ne voit pas souvent des aasimars, ma chère. Vous n'auriez pas quelques pouvoirs de soin par hasard ? Il n'y a jamais assez de magie de guérison…

Elle sourit un instant, semblant prête à abandonner ses patients pendant quelques minutes.

- C'est moi, Alia. Mes parents m'ont appelée comme ça parce qu'ils cultivaient de l'ail, la chose semblait l'amuser, qu'est ce que je peux faire pour vous aider ? Vous ne m'avez pas l'air mal en point, un peu fatiguée peut-être ? Mais rien qu'une auberge ne pourra régler.

Idriane sourit de bon coeur en entendant l'anecdote qu'Alia lui avait confiée sur l'origine de son prénom. L'ambiance était détendue et elle se plaisait bien dans cette ville qui semblait accueillante. Elle regretta intérieurement de ne pas pouvoir s'y attarder davantage, car elle était bien consciente d'avoir une mission à accomplir.

- Je suis en effet une aasmiar et ma santé va très bien. Comme je vous l'ai indiqué, je suis venue vous trouver sur la recommandation de Jivil. J'apprends actuellement à manier la magie, non curative malheureusement, et je cherche à me perfectionner auprès d'une magicienne de renom, Sabetha de Sarrière. Mais elle est introuvable depuis quelques temps, même s'il semble qu'elle ait séjourné récemment dans la région, peut-être plutôt du côté de Port-Ponant.

L'ensorceleuse marqua une courte pause pour sonder la réaction de son interlocutrice aux noms de "Sabetha" et de "Port-Ponant". Elle poursuivit ensuite rapidement ses explications :

- Je me suis tournée vers le temple d'Azouth pour obtenir des informations, mais Jivil n'a pu me procurer qu'un livre composé par Sabetha de Sarrière. Sa mère, Dame Jemma, vous l'a offert et vous l'avez transmis ensuite à Jivil. Il semble que Dame Jemma soit une sorte de philanthrope qui soutient les établissements de bienfaisance.

Elle en vint finalement aux faits :

- Jivil m'a indiqué que vous auriez peut-être davantage d'informations sur la famille de Sarrière, ce qui me permettrait de retrouver la trace de Sabetha... Le moindre début de piste me serait utile qu'il s'agisse des membres de la famille, de son activité, de ses domaines d'actions ou de ses relations... Toute information me serait précieuse... Surtout si je dois ensuite m'aventurer jusque Port-Ponant... Je préférerais être bien préparée...