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L'ombre du Corbeau, Vela
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Conteur des étoiles
Chambre 3
Aucune gemme
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La traversée avait été longue, secouée par les vents du large et la rumeur des tempêtes.Mais elle l’avait traversée. Comme tout ce qui l’avait précédée.
Dans la cale, entre les ballots de grain et les caisses de ferraille, reposait un petit coffret noir. Fermé, sans serrure apparente. À l’intérieur, une seule chose : une broche en argent terni, en forme de corbeau les ailes repliées. Le symbole ancien d’un ordre oublié… ou d’un homme disparu.
C’était tout ce qu’elle avait retrouvé de lui.
Pas un mot. Pas un corps. Pas une trace dans les registres du clergé.
Seulement un objet, venu de nulle part, confié à un messager qui avait fui dans les terres avant d’être tué près d’Elturel. Avant la Chute. Avant la fin de tout.
Elle s’était jurée de retrouver la source. Le corbeau n’était pas seulement un ornement. Il était un lien.
Et il battait désormais dans son dos, invisible, comme une aile noire repliée contre sa foi.
Le navire atteignit la côte à l’aube, dans un craquement de bois mouillé et l’odeur des algues pourrissantes. Elle ne remercia personne. Aucun mot. Seulement ce regard droit, que le capitaine n’oublia jamais.
Une silhouette de fer et de silence, qui s’éloignait vers la lisière du continent.
Vers l’intérieur. Vers la terre. Vers les ombres.
Le Cormanthor
Les premières semaines furent dures.
La piste n’était faite que de silences, d’impressions, de lieux abandonnés trop récemment. Une silhouette vue, furtivement, près d’un cercle de pierres. Un nom chuchoté par un ermite presque fou, dans un sanctuaire en ruine. Et cette certitude : il était passé par là.
Puis le Cormanthor.
Forêt ancienne. Forêt fière. Forêt qui juge les pas de ceux qui l’arpentent.
Elle avait pénétré ses franges sans cérémonie. Le ciel s’était refermé derrière les ramures. Le monde était devenu vert, noir, gris, et plein de regards cachés.
Chaque soir, elle dressait un camp rudimentaire, et chaque nuit les bruits semblaient se rapprocher. On l’observait. On l’évaluait. Pas un cri, pas une attaque. Mais ce silence pesant, entre deux bruissements de feuilles, entre deux battements d’ailes.
Les arbres étaient trop anciens pour oublier.
Puis, sans même qu’elle sache comment, les repères s’étaient effacés. Les mousses ne disaient plus le nord, les chemins de chasse semblaient tourner en boucle. Le silence lui-même paraissait plus lourd.
Elle n’était plus sur une piste. Elle était ailleurs.
Au matin, une brume pâle s'était glissée entre les troncs. L’air était devenu humide, presque salin. Un souffle. Un courant plus frais. Différent.
Quelque chose, dans la texture même du monde, changeait.
Les oiseaux s’étaient tus. Les racines semblaient s’écarter sous ses pas. Un étang peut-être… ou un bras d’eau invisible. Elle ne voyait rien encore, mais l’odeur avait changé.
Pas un signe. Mais l’instinct, peut-être. Ou autre chose.
Ses pas l’entraînèrent plus loin. Et le corbeau sur sa broche sembla peser un peu plus lourd.

Mes PJs : Azur'ael, la gardienne des mystères ; Shalan le chevalier de la Seldarine ; Kuan Shen-li, l'archer spirituel MG : Tenavril, Haut Dracosire de l'Œil du Dragon
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Soeur-Ours
Chambre 36
Aucune gemme
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Le silence porte en lui un poids sacré et une richesse oubliée. Dans un monde saturé de bruit, de parole, de distraction, il devient rare, parfois même effrayant. Pourtant, c’est dans le silence que l’esprit s’ouvre, que le cœur entend, que l’être se rassemble.
Vëla de Torm avait beaucoup voyagé en solitaire. Rarement elle avait trouvé refuge auprès d’un groupe ou d’une autre personne, néanmoins lorsque cela s’était produit, elle en avait découvert des forces et des faiblesses. La mélancolie était son lot, elle aimait se remémorer ses aventures sur la voie de son paternel, Valor.
Son silence depuis le départ des îles était dû à ce qu’elle avait trouvé, une broche en argent terni, en forme de corbeau, les ailes repliées. Elle qui appartenait tout comme son père à l’Ordre du Corbeau. Elle n’avait jamais vu ni entendu dire que l’Ordre avait une broche. Une idée lui vint à la porter quand elle mit le pied sur la terre ferme. Elle cherchait et quand elle cherchait, elle était silencieuse.
Pour l’ex-folle de Torm le silence n’est pas vide : il est plein de tout ce que nous fuyons. Il porte le poids des choses non dites, des vérités enfouies, des regrets, des peurs, des beautés trop fragiles pour être criées. Dans le silence, le passé murmure, le futur inquiète, et le présent se dévoile sans masque.
Il confronte. Il oblige à écouter ce qui ne fait pas de bruit : une pensée honteuse, un désir ignoré, une douleur non guérie.
C’est un miroir. Et regarder ce miroir sans détour, demande du courage. Le silence est donc lourd pour qui ne s’est jamais arrêté. Mais il est nécessaire, comme l’obscurité l’est à la germination. Quand les mots se taisent, les choses parlent. Le vent, le feu, le souffle d’un enfant endormi. Le silence nous réapprend à entendre l’invisible. Dans le tumulte, nos pensées sont comme de l’eau boueuse. Le silence les décante. Il rend les décisions plus justes, les intentions plus nettes. La parole peut panser les plaies intérieures, mais le silence apaise. Il laisse l’âme respirer. Il offre un espace sans jugement, où les blessures peuvent se reposer. Le mot juste n’apparaît qu’après le silence du doute. Le silence est l’espace entre deux battements. C’est là que l’âme parle. Ceux qui apprennent à s’y tenir découvrent une force tranquille, une lumière qui ne fait pas de bruit, mais éclaire tout ce qu’elle touche.
Avançant, sans connaitre, elle savait que Torm guidait ses pas. Pour se le confirmer, de temps à autre elle faisait venir Abby de son royaume céleste, foulant ainsi avec son destrier le sentier qui se dessinait devant eux, jusqu’au jour ou la forêt ancienne l’enveloppait lourdement. Et là, elle comprit, c’était la fin. La fin qui naissait. Une autre naissance dans ce silence qui est en réalité une parole très ancienne.

Je suis la chevalière Solitaire, non pas par peur des humains mais par respect des humains, par respect du silence des humains, par respect de l'intégrité des humains. Je m'achemine jour après jour vers le temple de mon coeur et le soleil s'y trouve, s'y féconde la Rose qui se déploie Chevalier d'O. Je regarde la Source, je devient Source, je coule Source... Telle est ta répétition mantrique, chevalière Solitaire. Faire quelque chose à contre-coeur c'est faire quelque chose à contre courant; alors que être au coeur des Choses, c'est toujours être au courant. Fiche Vëla 1-Bénédiction*, Sacrifice divin, protection contre le mal*. 2-Éveil du péché*, Précision bénie*, Force du taureau*. 3-Soins modéré.
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