Les bois de la Bête, Première étape

En écoutant Procadily, Volan eut envie de dire quelque chose à propos de l'homme au physique monstrueux mais il se contint, se disant qu'après ses éclats, il ne serait peut-être pas bien vu qu'il reprenne la parole, surtout pour relever une insulte. Il préféra donc se taire et se faire oublier. Il lâcha la main de Vëla et s'éloigna un peu, se dirigeant vers le comptoir et commanda un choppe pleine d'eau, ainsi que se qu'il avait commandé la veille. si jamais le tavernier avait eut le malheur d'oublier, il apprendrait à traiter avec un tieffelin ayant passé une mauvaise nuit, un mauvais matin, en bref, un tieffelin de fort mauvaise humeur. Mais, serrant les dents et serrant les poings, le guerrier semi démon s'assit au comptoir et attendit.

Une fois installé, ses yeux se posèrent naturellement sur toutes les personnes se trouvant dans la pièce. Il ressentait une certaine animosité pour un grand nombre d'entre eux mais sa colère était principalement dirigée contre lui-même. il s'était laissé envahir par la colère bien trop vite et bien trop fortement.A un moment, en réalité quelques instants avant de faire ses excuse,s il avait cru perdre le contrôle de lui-même, craignant de s'en prendre physiquement à quelqu'un. Il avait heureusement put se retenir, mais la peur était là, et c'est le regard un peu fou qu'il regarda le tavernier droit dans els yeux lorsque celui-ci eut le malheur de le regarder un peu trop fixement.

¤ Volan, il faut que tu te calmes. Tu es en sécurité, tu n'es pas à Calimport. Détends toi et penses à quelque chose d'heureux. ¤

Seulement, les pensées heureuses ne vinent pas et le guerrier métis se remit à penser à la famille de fermier qu'il avait massacré dans le nord du Calimshan. Se retenant de hurler toute la tristesse, au souvenir de cet acte qu'il gardait pour lui depuis tellement longtemps, il prit ses affaires et courut vers la porte, la refermant derrière lui en la claquant, pour respirer l'air pur du petit matin à grandes bouffées, se calmant comme cela.

L'intégrité de la paladin en prenait un coup, plus qu'un en fait. Les paroles oxydantes de Zelkior lui vrilla l'intérieur. Il l'accusa d'avoir taché son honneur, quand elle ne lui avait même pas adressé la parole. Ce qui la tétanisa fut qu'il se sentait blessé par ses paroles, paroles qu'elle n'adressaient pas à lui mais bien à Bentus. Il venait de s'accuser de lui-même et elle fut incapable de s'en rendre compte, elle qui était en tout temps suspicieuse; elle n'était plus capable de voir les réalités toute simple. Son estomac se noua soudainnement. Tout son intérieur criait de douleur, car au tréfonds d'elle, une horrible chose incroyable lui vrillait les tripes et sa santé mentale. Cette perfidie fourbe qui s'était insufflé en elle, travaillait de concert avec les forces négatives qui avaient réussi à pénétrer la preux chevalier, faisant d'elle un pantin qui se faisait manipuler.

° Zelkior avait plus de foi en la droiture et la vérité qu'en Brahm.°

Elle n'arrivait pas à y croire. Son mental se jouait d'elle et vraisemblablement Torm l'avait abandonné.

Brahm qui l'avait suivit jusqu'ici, ils s'étaient connus au bastion, avaient même combattu ensemble...Non... Une chose effroyable se tramait, elle était prise en étau entre la vérité et ce qu'elle croyait être la vérité. Elle n'avait donc plus sa place avec eux étant flouée dans ses propres vérités. Devenant que l'ombre d'elle même, il lui fallait prendre congé de cette mission, pour la sécurité de tous.

Sa réflexion fut coupée net et encore une foi elle fut décontenancés par ce qu'elle entendit. Elle se repassait à plusieurs reprises ce qu'elle venait d'entendre et qui la bouleversait.

°Il est inutile de chercher des responsables à cette situation, il faut trouver des solutions à ce problème.°

Pour l'investigatrice qu'elle était, ces mots étaient une pure hérésie. Comment croire que l'on peut trouver des solutions quand l'on ne peut trouver le ou les responsables? Il y avait toujours une cause pour un effet, la cause venait toujours d'une pensée construite avec une volonté propre à un individu ou bien d'une entité.

Voulant ajouter son mot, la jeune fille eut un sentiment lasse face aux présents et à la situation, perdant ses valeurs ainsi que ses vertus, sa volonté se couvrait d'un nuage sombre; la lumière s'estompait pour ne laisser place qu'à une étincelle fragile.

C'en était trop. De plus, Volan quittait les lieux dans une fougue contrôlée avec peine, le groupe éclatait et la mission s'avortait des derniers faits. La gravité des troubles qui se tramaient dans le Bourg n'étaint pas à prendre à la légère, il y avait eut présence de Démons, de plusieurs Démons, cela réclamait des forces majeures et non pas une bouchée de novices inexpérimentés. L'urgence réclamait d'elle, qu'elle soit la témoin des faits saillants auprès de ses dirigeants, il fallait rapidement avertir la compagnie.

Sa décision était prise, la paladin retournerait avec le corps de Brahm au bastion de la compagnie et enverrait du renfort à leur place. Le petit bourg avait besoin plus qu'une seule paladin pour les sortir de ces méandres emplie de miasmes, il leur fallait un grand Paladin, expérimenté et sans faille. De plus, ses pensées étaient troubles, elle ne les contrôlaient plus, tout sonnait faux en elle. La néophyte de l'Ordre du Corbeau avait besoin pour le bien de l'ensemble de prendre congé pour aller travailler à l'intérieur de son Sanctuaire. Elle ne servirait à rien, troublée comme elle était présentement.

Elle ferait son rapport à ses supérieurs, ils la sévirait sans aucun doute de ne pas avoir complété sa mission, mission d'ailleurs qui n'avait plus aucune importance au vu des déroulements dernier dans le Bourg. Attendant que les membres du groupe posent leurs questions avant d'en parler à Barthélémy, la folle de Torm respira avec attention et contrôle.

ace l’assemblée, le monial attendait calmement la suite des évènements. Les mains dans les pans de sa robe, il resta sans prononcer un mot. Il le savait, son travail était maintenant achevé. Volan s’était discrédité de lui-même de part ses propos mais également son apparence, après tout les humains sont si suspicieux pensait-il. Regardant la guerrière du coin de l’œil, pour elle aussi les dés étaient jetés, il avait su la mettre hors jeu dans la joute verbale qui se dressait en ces lieux. Tout était parfait, plus aucune opposition et l’instauration du doute qu’il avait su procurer servirait de déclencheur et la faiblesse humaine ferait le reste. Dénonçant le demi-orque comme bouc-émissaire à leur souffrance. L’Illuskien cachait une satisfaction du travail accomplie derrière des traits tirés par un masque inexpressif. Et la prise de parole par l’un des anciens du village sonnait le glas d’une mission accomplie.
Sans dire un mot il laissa l’homme parlé, et comme il s’y attendait ces paroles servaient les intentions du monial. Attendant la fin des propos du vieil homme, il se chargera ensuite de finir le travail par sa verbe. Les yeux pâles du moine fixèrent Procacily, resté muet dans le pseudo procès, le ton qu’il prenait laissa au monial un gout amer. Ces propos servaient avec ferveur l’accusé et le groupe et par la même occasion desservaient les intentions de l’Illuskien. Les poings serrés par la frustration cachés derrière la soie de sa robe, il regardait tour à tour l’assemblée présente. Obligé de rester muet et de regarder l’homme responsable de l’échec de sa mission. Car tour à tour le moine percevait la suspicion des hommes de l’assemblée disparaitre au fils des mots de l’humain. Arborant un masque de neutralité, il ne pouvait cependant substituer un regard glacé posé sur Procacily. Tout était maintenant finit, et il le savait. Prendre la parole maintenant ne servirait plus à rien si ce n’est faire naitre la suspicion sur sa personne.

Il n’avait pas pris en conte cet homme et l’Illukien s’en mordait maintenant les doigts.
-(commun) Messire Procacily, je n’ai pour ma part rien à ajouter. Et je me joins à vos paroles. Il est vrai que tout ce procès n’est, uniquement basé sur des suspicions. Et la recherche de la vérité me semble très difficile. Et comme vous le mentionne Messire, le plus important est maintenant de resté solidaire et d’avancer ensemble en un but commun. Inclinant la tête en guise de respect, il se retira derrière le reste du groupe, laissant les évènements se dérouler.

Procacily avait agi comme Elode l’avait espéré, et cela avait eu l’effet escompté. L’atmosphère lourde et pesant qui occupait la pièce commençait à se dissiper comme la brume au petit matin de printemps, prés du petit ruisseau où elle aimait jouer étant petite.

Mais la détente n’était pas de mise à l’intérieur du groupe d’aventuriers. Volan venait de sortir, certainement pour se calmer ou cacher sa peine. La mort de Brahm l’avait affecté profondément, et l’attitude de Zelkior à son égard n’avait fait qu’accentuer son trouble.

¤ le pauvre, il a l’air si malheureux ¤

pris d’une soudaine compassion, Elode décida d’aller réconforter le tieffelin. Elle entreprit de traverser la salle, se frayant un passage parmi les villageois et le mobilier. En passant près de Procacily, elle lui fit un clin d’œil, avec un léger sourire, en espérant qu’il comprenne qu’elle le remerciait de son intervention.

Elle sortit de l’auberge, sans un regard vers Zelkior et Vela, ils n’avaient absolument pas besoin d’elle, et elle n’avait point l’intention de s'initier dans leurs différends. Après avoir refermé la porte, elle aperçut Volan. Il s’était isolé de tous, cherchant certainement du secours dans sa détresse, et dans sa peine. Elode s’approcha doucement de lui, et lui fit un grand sourire. Ne lui laissant pas le temps de la repousser, elle lui dit

- je compatis a la douleur qui vous écrase pour la perte de votre ami, je n’es pas le pouvoir de revenir dans le passé pour le changer, mes paroles ne pourront effacer votre tristesse, mais Brahm était un brave guerrier, il doit être fier d’être mort au combat, sa hache a la main. Ce ne serait pas lui faire honneur de vous renfermer sur vous-même. Ce monde est dur et cruel, mais il faut lutter pour ne pas devenir comme lui. Vous avez la force et le courage pour cela.

Elle posa sa main sur son épaule.

- je suis vraiment désolé.

Ne souhaitant pas déranger plus longtemps le tieffelin, elle se dirigeait vers l’auberge.

Volan respirait à grands coups et marchait de long en large, dans la rue vide. Il devait avoir l'air bizarre et menaçant comme ça, à marcher à pas vifs, maugréant dans une langue que personne ne pouvait comprendre dans cette région. Son abyssal était excellent et il le parlait encore mieux que l'alzheldo, la langue maternelle des calishites.

Le bruit d'une porte qui s'ouvre ne l'intéressa même pas et il ne prit pas la peine de se retourner, pour voir qui venait de quitter la taverne à son tour. Il n'espérait rien, ni personne et ne s'occupait plus de se qu'il se passait dans la salle commune de la taverne. Il avait pris un coup de poignard dans le dos avec les insinuations de Zelkior, même si Procadily avait ensuite sauver les meubles de l'incendie verbal du moine de Shar. C'était la principale raison de la sortie du tieffelin, aller se calmer pour ne pas aller coller une paire de gifles à l'homme aux cheveux blancs.

Mais, lorsqu'il se retourna en entendant une voix, il tomba nez à nez avec la jeune magicienne du groupe, qu'il ne connaissait pas, à part de nom et à qui il n'avait jamais parlé pour le moment. Aussi froid et impassible que d'habitude, il l'écouta et ne réagit pas lorsqu'elle mit sa main sur son épaule. Cependant, au moment ou elle commença à partir, lui tournant le dos, il lui attrapa le bras, sans lui faire mal et lui rendit son sourire, en ne disant que trois mots.

- Je vous remercie.

Volan passa quelques minutes supplémentaires à faire les cent pas dans la rue, puis, d'un coup, il se dirigea à son tour vers l'auberge et y pénétra de nouveau, calmé et surtout prêt à jouer dans le jeu de tous les membres du groupe.

Seizième jour d'Eleinte
8h00
Auberge du Cerf Siffleur

A l'extérieur, l'ambiance s'était réchauffée même si la température était polaire. Jusqu'à maintenant, Elode avait été des plus discrètes et timides mais la situation émotionnelle de la plupart de ses compagnons était telle qu'elle laissa s'exprimer plus clairement ses bons sentiments et sa sollicitude. Il était clair que Volan souffrait beaucoup et la compassion de la magicienne, si elle n'était sans doute pas suffisante pour faire disparaitre sa douleur et ses tourments, elle ne pouvait pas lui faire de mal.

Quand Volan rentra, suivi de près par Elode, la tension dans la pièce était un peu retombée. Les villageois ne savaient pas trop de quoi ils pouvaient accuser les aventuriers et certains s'en voulaient un peu, et en voulait aux aventuriers de leur imposer cela, de s'être montrés injustes et un peu stupides. Procacily était retourné s'asseoir, Maître Barthélémy gardait toujours le silence attendant le dénouement de tout cela, Zelkior avait abandonné le combat et Vëla était trop occupée par ses problèmes de conscience pour avoir vraiment la possibilité d'intervenir. Après un silence assez pesant, les villageois se levèrent et Amra Eauclaire, qui était clairement leur chef, prit la parole.

-La sagesse nous pousse à reconnaître que nous ne pouvons vous accuser d'aucun méfait et que nous devons même remercier la plupart d'entre vous d'avoir participé à la défense de la ville. Mais l'honnêteté me pousse aussi à vous dire que votre souvenir sera toujours étroitement lié à la douleur qui secoue ce village aujourd'hui et que si vous ne serez pas considérés comme des ennemis par les habitants de ce village, ce sera sans nostalgie que nous vous verrons disparaitre de nos vies.
Malgré tout je vous souhaite bonne chance pour l'avenir et que votre travail soit contre toute attente couronné de succès.

Nombreux étaient ceux parmi les anciens du village qui ne partageait pas l'avis de la prêtresse du Chêne-père, au moins sur la forme, mais les plus réalistes étaient conscients qu'elle avait raison. Tous sortirent en silence laissant les aventuriers seuls dans l'auberge en compagnie de l'aubergiste qui s'éclipsa vers sa cuisine.

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