Quel est votre nom, voyageur ?
L'aventure n'attendait que vous !
   

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> Détresse Commune
  écrit le : Dimanche 18 Novembre 2018 à 00h36 par Schninkel
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Dernier jour de Kythorn, 1372
Lieu : Route de la course marchande, frontière Nord du royaume d’Impiltur, Inaccessible Orient.
Moment : Fin de matinée
Météo et températures : Doux(14°C), vent frais.

Jolicœur
L’appellation « Mauvaises Terres » utilisée pour désigner cette région, désignait initialement la stérilité de ses sols riches en argiles et en grés, totalement inexploitables même par le plus habile fermier des Vaux. Mais en ces temps de troubles, le terme « Mauvaises Terres » avait communément échoué aux nombreux bandits, parjures et autres criminels de guerre qui y sévissaient depuis des lustres. Les champs de collines et les nombreuses ravines étaient autant de réseau utilisés pour échapper à la vigilance des autorités. C’est pour cette raison que les frontières d’Impiltur étaient si étroitement surveillées, que les patrouilleurs étaient si nerveux en protégeant les voyageurs de la Course Marchande, la principale route menant au lointain royaume de Damarie, et que les caravanes embauchaient régulièrement des mercenaires pour conforter leur sécurité. Ainsi, ils avaient gravis la montagne vers le Nord-Est jusqu’à ce que les arbres et l’air se raréfient. Mis à part des fermes isolées, progressivement remplacées par des ravines et des monts escarpés, il avait croisé très peu d'habitations avant d'atteindre le Col des monts miroitants. En baissant les yeux vers les paysages qu’il venait de traverser en contrebas, il prit pleine conscience de la grandeur d’Impiltur pour l’insecte qu’ils étaient, grouillants sur l’écorce du monde.

L’étendue connue sous le nom de Damarie était une contrée barbare. Il était évident que ces brutes, dont la sophistication sociale et l’hygiène avoisinaient celles d’un troll apprivoisé, ne poseraient aucun problème que l’alcool et la condescendance ne puissent résoudre. Non, la principale préoccupation était le froid implacable de cette province qui pouvait sévir malgré le fait d’être au plus fort de la saison chaude. Jolicoeur comprenait à présent pourquoi les Nordiques cherchaient inlassablement à envahir le reste du continent : ils tentaient de fuir leur climat ingrat ! Les forêts de pins, les Monts Véolith et le grand glacier du Ver Blanc des Contreforts de la Terre avaient beaux être fascinants, il n’était pas facile d’apprécier leur beauté les yeux couverts de givre.


Les étapes étaient assez distantes entre elles pour que l’on foule toujours une piste déserte. Les routes étaient défoncées, fondue par les pluies orageuses de l’été. Soudain, les attelages se stoppèrent et le même cri partis de toutes les bouches : « Rivière de boue ! ». Il n’y avait plus de voie. Le chemin était devenu un gué de fange molle. L’eau et la boue, confondues, venaient battre le pied de la montagne, qui plongeait directement dans le torrent en contre-bas.

Les chevaux y plongèrent jusqu’au poitrail. Après qu’ils furent sortis de ce pas difficile, ils avaient l’air d’avoir été costumés jusqu’à mi-corps. Sur la recommandation du cocher, les passagers de la carriole se portèrent du côté de la montagne, laissant vides les places du côté du torrent, afin de faire contre poids et de ne pas rouler dans l’eau au premier cahot. Ils étaient accrochés en grappe tout au bord du véhicule, sur le marchepied, violemment secoués par les soubresauts, trempés par une pluie aux larges nappes, et courant cent fois le risque d’être écratés entre la voiture et la paroi de la montagne à la moindre bascule.

Le bruit d’un plongeon clapotant les fit se retourner : l’un des leurs venait d’être jeté sur la route, c’est-à-dire dans le lac de boue. La carriole penchée d’une inclinaison telle qu’ils crurent à la culbute finale, et, pour ne pas être enseveli sous les décombres, il avait sauté à bas.

Jolicœur eût mieux fait d’avoir plus de confiance dans l’expérience du cocher et en la chance. A présent, on forçait l’arrêt du convoi pour repêcher le malheureux. Pareil aux montures qui marchaient, enfoncés jusqu’à la ceinture, dans les marais aux bécassines, l’infortuné ne montrait plus au-dessus du sol que son buste, sa tête et ses bras, qui battaient en l’air, au milieu de quelques éclats de rire à bon caractère. Le malheureux reprit place tristement sur le coffre, à l’arrière du véhicule, attendant un peu de soleil pour sécher ses affaires et l’arrivée des caravaniers à la garé pour se changer.


Quatre heures plus tard, le ciel était nettoyé et resplendissait d’un bleu pur. Le soleil avait séché le sol, l’orage était oublié. Ici, tout semblait aller très vite, même la succession des phénomènes de la nature.

Il y a des pillards dans les environs, confia Edgard en se penchant vers lui. Il montra ensuite quelque chose du doigt, au sommet d’une falaise rocheuse. « Tu vois ces statues ? Elles sont là pour effrayer les voyageurs sans méfiance ou faibles d’esprit. » Les caravaniers arpentaient la route, leurs bottes émettaient de disgracieux bruissement de sucions en s’enfonçant dans la boue. Jolicœur grimaça à la vue des totems, faits de bâtons ou d’arbres couverts de gravures primitives, de crâne, d’os... et de la tête d’un homme dont les traits paraissaient encore définissables. « Ne t’inquiètes pas », reprit Edgard en touchant son casque avec son épée. « Nous sommes bien armés et ces vermines savent à peine allumer un feu ! »

Soudain, deux silhouettes émergèrent brusquement d’épais buissons, tous disposés aux abords de la route, légèrement en surplomb sur un contrefort rocheux. Il s’agissait de deux gardes vêtus d’armures légères de cuir et tenant des lances à la main. Le motif brodé sur leur torse représentait une paume ouverte. Ils inspectèrent l’expédition d’un œil sombre, et ne s’emblèrent s’attarder sur aucun des membres du convoi en particulier.

- Qui va là ? Identifiez-vous.

Les caravaniers échangèrent des regards et l’homme en charge de l’entreprise se redressa sur la carriole désormais immobilisée puis déclara d'une voix confiante :

- Nous venons d’Impiltur, chargés de tonnelets de vin de Léthyr. répondit aussitôt Edgar, en bon garant de la sécurité du convoi. Que se passe-t-il ?

Le garde continua d’inspecter les visiteurs, le visage toujours austère, mais visiblement rassuré d’avoir à faire à des particuliers ou des professionnels.

- Des bandits ont attaqué une caravane sur la route. Nous les avons coincés dans la maison d'un noble, mais ils retiennent toute la famille en otage. Si nous donnons l'assaut, ils les tueront tous.

Que cela soit dut à son itinéraire, à l’horaire, au respect de son contrat ou à la notion dramatique de ce que subissaient actuellement ses compatriotes ; Edgard semblait particulièrement troublé par les nouvelles.

- Vous comptez secourir les otages ? questionna-t-il le soldat patrouilleur.

L’homme d’arme se gratta le menton, d’un air embêté, comme pris de court par la question.

- Ce n’est pas à moi de décider. Vous devriez parler au capitaine Belfroi.
Il est sur la route, un peu plus à l’Ouest. Mais votre carriole reste sur place en attendant une contrindication de mes supérieurs hiérarchiques.

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écrit le : Dimanche 18 Novembre 2018 à 15h32 par Jolicoeur
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Le pauvre homme était bien triste, tout crotté et encore humide de sa chute dans la fange. Il regrettait à présent amèrement les auberges confortables qui l'avaient accueilli pendant son voyage. La pluie n'avait pas totalement nettoyer la boue et il restait à présent une couche de vase durcie sur ses vêtements. Il avait hâte d'arriver à bon port et de pouvoir prendre un bain chaud et un verre de vin, peut-être même avec une courtisane ou deux. Le défiguré ne connaissait pas les coutumes de cette contrée sur le sujet. La plupart des régions civilisée offrait ce genre de service, mais pouvait-on parler de "région civilisée" ? Jolicoeur n'en était pas sûr, et ce qu'il vivait depuis quelques jours n'aidait en rien à l'en convaincre. Mais il gardait espoir, ces barbares devaient bien se soulager eux aussi. Ce qui l'avait amené à accepter ce boulot, c'était ce qu'on racontait sur les pierres précieuses et les différents moyens de faire fortune en Damarie.

Ragaillardi par ces perspectives de richesse facile, le mercenaire revint à la réalité et se mit à contempler avec mysticisme les gardes d'ivoire et d'os désignés par son chef.


¤ Curieux assemblage !... Il s'agit d'avoir l'œil. Ces barbares bouseux pourraient surgir de nulle part dans ces cols. ¤

Le gaillard observait avec appréhension les falaises qui entourait le convoi. Un rire un peu trop étouffé pour être sincère répondit au rassurant Edgard. Mais le défiguré n'en pensait pas moins. Il n'avait pas parcouru toute cette route pour périr transpercé d'une flèche, la gueule dans la boue.

Et voilà d'ailleurs qu'ils n'étaient pas seuls : surgissant des buissons, des hommes en armes. Jolicoeur était rassuré par leur uniforme. Il préférait ça à des hordes de cannibales vêtus de fourrures. De plus, les hommes d'armes n'étaient pas belliqueux. Ce qui ne les empêchait pas de bloquer la caravane. Le mercenaire aurait aimé que le leader du convoi tente de négocier le passage. Quoique buté comme tout bon soldat, elle aurait été vite réglée.


- Bien Edgard ! Il ne nous refte plus qu'à aller voir fe capitaine Belfroi. Efpérons qu'il nous laiffera paffer. Nous n'allons pas moifir ifi tant qu'il n'auront pas régler la fituation quand même. » s'exclama Jolicoeur à son chef d'expédition, sans la moindre pensée pour les victimes des bandits.


 
 
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écrit le : Mercredi 21 Novembre 2018 à 23h05 par Schninkel
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Jolicœur & Volan
Le visage du responsable de la caravane se ferma un instant, signe d’une intense réflexion. Il dévisageait d’un œil sévère l’homme d’arme qui avait arrêté la progression du petit cortège. Bien que fin diplomate pour un guerrier, et que les événements n’aient pour l’instant aucune raison de compromettre son entreprise, Edgard n’était pas du genre à se laisser faire. Le caravanier pencha légèrement la tête de côté, comme tentant de jauger un adversaire. Un grognement s’échappa de son heaume ouvragé.

- Et tu penses que ça va durer longtemps ? Vos bandits sont pas sur la route d’après ce que tu dis, je ne vois pas en quoi tout ça devrait m’empêcher de faire mon travail, mon grand.

Le ton rude fit sourciller le soldat en faction, sans pour autant qu’il ne paraisse en prendre ombrage.

- Puisse ce que j’vous dis que ce sont les ordres, ce justifia le patrouilleur sans hausser le ton en retour. Allez parler au capitaine. C’est lui qui est en charge.

Edgard jura entre ses dents puis reporta son regard sur ses coéquipiers et leva une main gantée de fer pour désigner des volontaires. Jolicœur, au plus près, fut un candidat tout indiqué.

- T’as raison, gueule d’ange, tu vas aller voir pendant que l’on garde les charriots. Il serait malvenu de laisser la vinasse sous la surveillance d’inconnus.

Le sarcasme dont il faisait preuve n’avait rien d’offensant, Edgard s’était montré familier depuis les premiers jours. Quelque chose faisait même dire au balafré, que l’homme s’était attaché à lui, faisant office de nécessaire ambulant, de guide affable et amusant, d’indicateur bien informé. Edgard tint un sourire franc puis tapota d’une main sur sa ceinture. On entendit le tintement métallique de la monnaie contenue dans une petite bourse de cuir suspendue par un lacet.

- Dix pièces, si tu démêles ce foutoir.

Il tourna le visage et fit dériver son index pour pointer un autre gardien de la caravane.

- Toi, le nouveau, le rouquin au trident. Tu vas l’accompagner.
Vous serez pas trop de deux pour tirer ça au clair.

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écrit le : Vendredi 23 Novembre 2018 à 13h05 par Jolicoeur
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Comme Jolicoeur l'avait prévu, il était impossible de négocier avec l'homme d'arme. Fuyant la responsabilité d'une décision, le soldat se bornait à répéter les ordres sans prendre la peine de réfléchir. D'ailleurs, se dit Jolicoeur, le pauvre bougre ne brillait pas d'intelligence, il suffisait de voir son regard morne et vide.

Puis, le défiguré fut désigné pour régler la situation. Cela ne plaisait pas à Jolicoeur de devoir négocier avec un soldat. Après tout, il n'était embauché que comme garde. Il aurait été de bon ton qu'Edgard s'en charge. C'était lui le meneur de l'expédition après tout. Et si il s'avérait être bon chef et d'agréable compagnie, "Gueule d'ange", comme on l'appelait ici, n'éprouvait pas pour autant de sympathie à son égard. Mais il payait bien et il s'était pris d'affection pour Jolicoeur, et avoir les égards d'un chef n'avait que des avantages. Jolicoeur le savait d'expérience.

Puis un tintement de monnaie apaisa le mécontentement du défiguré.


¤ Quelques piécettes pour une négoce. C'est peu mais au moins, c'est quelque choses. ¤

Toute rancœur bue, Jolicoeur approuva :

- Marfé conclu!

À peine avait-il fait un pas qu'Edgard lui trouva un compère. Quelque peu inquiet de voir l'étranger lui réclamer la moitié des dix pièces, l'homme sans lèvre l'enjoignit tout de même à le suivre :

- Allez, fiens bonhomme! Qu'on règle fa et qu'on puiffe pourfuivre notre route.

Et sans attendre, il se retourna et avança sur la route en direction du fameux capitaine.


 
 
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écrit le : Dimanche 25 Novembre 2018 à 22h48 par Kerlomar
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Volan aussi un sourcil lorsqu'il fut désigné par Edgard pour aller voir le capitaine de l'autre empaffé de garde. Voilà qu'il se retrouvait à devoir jouer les diplomates, et qui plus est avec l'autre affreux. Si lui-même sortait du lot de par ses origines plus que criantes quand on le regardait, son compagnon de route était sacrément vilain. Et lui n'avait pas l'excuse d'une ascendance planaire. Non, c'était seulement la nature qui lui avait joué un vilain tour et pour être vilain, il était vilain.

- Allé face de troll, on y va. Plus vite tout ce foutoir sera fini, plus vite on reprendra la route. Je ne tiens pas à rester plus que nécessaire bloqué par ce crétin à tabard.

Suivant la direction précédemment donnée par le soldat, Volan marchait à côté de Jolicoeur, tout en pensant à ce qu'il l'avait mené jusqu'ici.

En effet, il en avait fait du chemin depuis la recherche de Papillon. Sa mission avait échoué, et il n'avait même pas réussi à tuer cette vermine d'Elzear. Il avait été obligé de fuir comme un lapereau devant un renard après que son employeur lui ait fait comprendre qu'il ne tolérait pas l'échec. Pourtant la guilde qu'il servait, l'Assemblée, s'était écroulée, mais le mécontentement et la colère de son patron le poursuivait tout de même. Et c'est ainsi qu'il se retrouvait désormais dans les terres inhospitalières, froides et rudes de Damarie. Si le paysage et l'environnement ne le dérangeaient pas, ce qu'il recherchait avant tout ici était naturellement la paix, une distance maximum entre Les Marches et lui et surtout un endroit où sa tronche ne dérangerait personne et où il serait payé pour ses talents une arme à la main. En pensant à ça, sa main gauche caressa machinalement une des pointe de son trident. Regret le suivait partout depuis qu'il avait fui les arènes de combat et il savait que tant qu'il l'aurait en main, tout irait bien. Car il ne se fiait guère à Face de Troll présent avec lui. Cet humain sentait trop le frais, la jeunesse et l'inexpérience. S'il n'avait que mépris pour lui, comme pour probablement tous les membres de la caravane, Volan essayait de le cacher. Même si son comportement devait malgré tout le laisser paraître. Il n'avait aucun ami au sein du convoi. Il mangeait seul, dormait seul, faisait tout tout seul. Cette solitude lui permettait de prier tranquillement, se s’entraîner physiquement et l'arme à la main. Il pouvait également accomplir tous ses devoirs cléricaux tranquillement. Il savait certes que cette solitude n'était pas forcément une bonne chose mais il ne lui avait pas échappé de nombreux les premiers jours l'avaient regardé d'un oeil particulier. Il ne leur en voulait pas. Il avait l'habitude que ses cornes, sa queue et ses cheveux rouges choquent les gens. Mais du fait de leur ignorance et de leur comportement même inconscient, il ne voulait pas se mêler à eux. Ce convoi n'était qu'une étape jusqu'à la frontière avec la Vaasie. Dès qu'il le pourrait, il quitterait tout ce beau petit monde pour faire sa vie de son côté. Être payé pour rapporter des oreilles de monstres de Vaasie lui allait parfaitement et c'était tout ce qui comptait pour lui. Le reste n'avait pas d'importance. Cependant, tout ceci lui faisait perdre du temps et il comptait bien être rétribué en conséquence. Le petit geste d'Edgard ne lui avait pas échappé et il aurait sa part sur les dix pièces d'or.



Un homme ne se juge pas sur son apparence, mais sur ses choix et sur ses actes.

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écrit le : Mardi 27 Novembre 2018 à 09h27 par Schninkel
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Jolicœur & Volan
Derrière le soupir du vent entre les collines, humant l’air, les deux hommes perçurent l’odeur de poussière brulée qui saturait l’air. Ils jetèrent un coup d’œil au pied d’un affleurement rocheux surplombant une petite clairière et furent surpris de découvrir la carcasse fumante d’une carriole dont il ne restait plus qu’un vague squelette cramoisi. Deux gardes venaient de sortir un cadavre carbonisé des décombres.

Continuant le chemin sans se laisser aller aux craintes, ils débouchèrent sur la fameuse clairière indiquée quelques minutes plus tôt. Une poignée de soldats faisaient les cent pas, les lieux scintillaient des cuirasses des capelines des hommes d’armes. La plupart observait la scène, attendant les ordres, appuyés sur leurs lances avec l’air morne et indifférent de professionnels chez qui le fait de tuer ne provoque pas de poussées excessives d’adrénaline.

Quelques gardes remarquèrent l’intrusion, certains se contentèrent de les toiser curieusement, quand d’autres les foudroyaient d’un regard austère. Pour la première fois de sa vie, Jolicœur avait le sentiment de ne pas être le monstre de foire, son compagnon circonstanciel attirait sur lui tout le dédain habituel.

Au cœur de la clairière, ils distinguèrent un groupe de trois hommes qui devait sans doute contenir le fameux officier, mais avant qu’ils n’aient le temps de réduire la distance qui les séparait du capitaine, un soldat les rejoignit dans le cliquetis des armes qu’il portait.


- Halte-là ! Qui êtes-vous et que voulez-vous ?

L’homme qui leur barrait le chemin, revêtu d’une armure complète, avait des cheveux jaunis comme des plumes de loriot et des sourcils de la même teinte plantés au-dessus d’yeux ronds et ahuris. Ses mains gantées de fer restaient fermement accrochées à la hampe d’une imposante hallebarde.


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écrit le : Mardi 27 Novembre 2018 à 19h43 par Kerlomar
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Le tieffelin avançait aux côtés de son camarade de route défiguré et constata que les lieux étaient loin d'être sûrs et avaient besoin d'aventuriers et de mercenaires pour aider voire compenser les forces de l'ordre classiques. En effet, les deux soldats qu'ils avaient vu prêt de la caravane ne brillaient ni par l'intelligence ni par leur efficacité. Et vu l'état de ce chariot et du cadavre que certains hommes en ressortait, ils n'étaient soit pas assez nombreux, soit pas assez compétents pour assurer ordre et sécurité le long des routes commerciales. Une fois de plus, Volan passa quelques doigts de la main gauche sur son trident, caressant particulièrement les pointes, tout en se passant sa langue fourchue sur les lèvres. Du sang, de la violence et des morts : voilà tout ce qu'il lui fallait pour être heureux. Il allait pouvoir trouver dans cette contrée sauvage tout ce qu'il lui faudrait en sacrifices à sa déesse et défouloirs et plaisirs. Il fallait qu'il arrive au plus tôt en Vaasie, mais vu ce qu'il se passait, il pensait très fort trouver un boulot très intéressant bien plus tôt.

Continuant sa route, ils arrivèrent à ce qui ressemblait à un campement. Volan jaugea l'installation, la sécurité, l'état des armes et des tenues de chaque soldat ainsi que la discipline qu'ils laissaient transparaître. Tout cela faisait partie des informations intéressantes à avoir sur l'armée locale pour savoir exactement ce qu'il pourrait faire et jusqu'où il pourrait aller dans ses activités cléricales et professionnelles. Il ne faisait pas plus attention que cela aux regards surpris, voire insistants ou haineux à son encontre. Contrairement à beaucoup de membres de sa race, il affichait fièrement ses cornes et son ascendance infernale et n'avait cure de ce que les gens pouvaient bien penser à son encontre. Si quelqu'un avait un problème avec lui, il ne s'embarrassait pas de discussion. Un bon coup de Regret dans les entrailles suffisait généralement à mettre fin à toute action à son encontre et faire taire toute remarque ou insulte qui pourrait le viser.

Cependant, il trouvait la situation des plus ironique. En effet, il était un tieffelin et de ce fait, tous les regards se tournaient vers lui alors que son compagnon de route, bien qu'humain, était véritablement laid et abimé par la nature. Mais si personne ne le lui faisait remarquer, lui ne manquerait pas rappeler cette difformité à Face de Troll.

Mais Volan fut tiré de ses réflexions et observations par un soldat qui se présenta devant eux armé et équipé comme un véritable soldat et tenant une arme aussi impressionnante qu'imposante. Cependant, ni sa tenue, ni sa posture, ni son armement n'impressionnait le guerrier aussi lui répondit il franchement et sans artifice.

- Nous sommes ici pour rencontrer votre Capitaine ainsi que l'ont imposé deux crétins de votre armée qui ont arrêté la caravane que nous escortons !

Perception dans le camp ainsi que sur la route.



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écrit le : Mercredi 28 Novembre 2018 à 18h19 par Jolicoeur
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Le défiguré ne prononçait pas un mot lors de son court trajet en compagnie du cornu. Il marchait simplement sans se soucier de son acolyte, comme s'il était seul. Même l'acerbe surnom ne l'atteignait pas. Apparemment Jolicoeur n'était pas très enclin à la conversation, peut-être que l'ascendance démoniaque de Volan y était pour quelque chose. Quoique durant le voyage en carriole le défiguré ne se faisait pas plus loquace avec les autres gardes.

En contrebas, les deux compères aperçurent la carcasse fumante qui les empêchaient d'atteindre leur destination. Si le tieffelin observait le campement et ambitionnait déjà un enrôlement, le défiguré n'y accorda que peu d'attention, tout au plus énuméra-t-il les têtes en présence et jaugea-t-il leur force de frappe en cas d'escarmouche. Jolicoeur n'avait aucune intention de se soumettre à quelque autorité que ce fut. Il ne rechignait pas à combattre si nécessaire, mais de là à en faire son métier il y avait un pas. Et la violence gratuite était pour lui un effort sans rétribution. D'aucun intérêt !

Ce qu'il prévoyait, lui, c'était de se couvrir de richesses, peu importe comment. Les joyaux de Damarie allaient l'y aider, il en était sûr. Et s'il fallait discrètement trancher quelques têtes pour y arriver, tant pis. Ce serait pour la bonne cause !

Jolicoeur était toujours dans ses pensées lorsqu'ils arrivèrent auprès des soldats. Il ne se souciait pas des regards tournés vers le duo. Depuis le temps, il avait eu maintes occasions de s'y habituer. Et même si pour une fois, il n'était pas l'objet de la méfiance collective, peu lui chauffait. L'avis des autres ne l'atteignait plus. S'il se couvrait encore parfois la tête de sa large capuche, ombrageant sa terrible difformité, il n'en avait plus honte. Les "Face de trolls", "Gueule béante" et autres quolibets glissaient sur lui comme une mouche sur une toile cirée. L'or arrangeait tout les maux, il le savait. Et bientôt...

Entravant leur chemin et les pensées du défiguré, un hallebardier les apostropha. Jolicoeur laissa le rouquin parlementer avec l'homme d'arme. Quant à lui il ne voulait plus perdre de temps. Ce soldat leur fournirait la même version que celui qui tenait la charrette de vin et ne leur serait d'aucune aide.

Il avait aperçut un groupe de trois hommes, sans doute parmi eux se trouvait le gradé.


- Capitaine Belfroi !... Faut qu'on difcute Monfieur! » Se contenta de crier Jolicoeur en direction du trio.


 
 
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écrit le : Jeudi 29 Novembre 2018 à 01h01 par Schninkel
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Jolicœur & Volan
L’adepte de la déesse noire étudia la clairière parsemé de soldats en jetant un regard circulaire. A sa gauche, quelques soldats s’occupaient donc de dégager les restes fumants de la carcasse du véhicule. A l’Est, à une centaine de pas à peine, une quinzaine de soldats arpentaient l’orée d’un maigre bois clairsemé entre les éclats de falaise. Des lanciers vêtus de vestes de cuir boutonnées et protégés par des hauberts y montaient la garde de part et d’autres. Enfin, au nord, face à eux, le trio d’officiers semblait très occupé autour d’une carte posée sur une vieille souche disposée entre des rondins de bois et un tonnelet. Derrière eux, quelques montures paissaient en toute quiétude. A quelques mètres encore, une poignée d'hommes faiblement armurés, une unité d'archers attendant les ordres patiemment d'un air décontracté.

Les sollicitations de Jolicoeur ne firent qu’attirer l’attention d'autres soldats. Les officiers semblaient trop distants, le vent trop vigoureux, à moins que ceux-ci ne soient pas enclins à répondre à des bêlements indignes. Dans le même temps, le hallebardier ancra plus fermement son emprise sur la hampe de son arme en clappant de la langue. Sa figure se plissa, les coins de sa bouche s’écartèrent par un mouvement nerveux et les observateurs téméraires osèrent voir un sourire malsain.


- Baisse d’un ton étranger, interrompit-il en fronçant les sourcils. Les seuls crétins que je vois ici, sont les deux qui se tiennent devant moi. Je laisse passer personne, surtout pas une engeance malfaisante comme toi. Retourne d’où tu viens, ça vaudra mieux pour tout le monde !

Le gardien vexé montrait des signes de nervosité avancé, les récents événements semblaient avoir sérieusement entamés sa patience. Ses éclats de voix interpellèrent quelques-uns de ses coéquipiers qui firent aussitôt mine de s’intéresser à la situation. De fortes chances qu’une prise d’otage, un état de siège miniature, ait fardé les bellicistes de quelques frustrations. Les deux caravaniers sentirent de suite le poids des regards et prirent ainsi conscience qu’ils avaient tout intérêt de ne pas servir d’exutoire.

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écrit le : Jeudi 29 Novembre 2018 à 19h14 par Jolicoeur
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Le défiguré désespérait de régler la situation au plus vite. Les officiers ne répondaient pas et voilà que l'obtus hallebardier se fritait avec son compagnon de route. Jolicoeur maudit intérieurement Edgard de lui avoir refiler un tel acolyte, espérant de toute ses forces que le fier tieffelin n'envenime pas les choses. Que le cornu s'empêtre dans les embrouilles ne lui faisait ni chaud ni froid, mais l'idée d'y être mêlé d'une façon ou d'une autre rebutait le laid. Ainsi, il allait devoir au plus vite calmer l'ambiance.

Il interpella le soldat, les mains bien en vue en dehors de sa cape en témoignage de ses intentions pacifiques.


- Hola Meffire. On fe calme. Nous ne fommes que des marfands qui veulent pourfuivre leur route. Ce gars-là est un peu brufque. F'est tout. »

C'est que le jeune homme a appris à s'effacer lorsque cela s'avérait nécessaire. S'il était fier, il ravalait son orgueil au besoin. Il espérait que le rouquin en ferait de même et ne réponde pas à la provocation. Visiblement les soldats avaient besoin de se dégourdir et les deux pauvres hères feraient des défouloirs de choix.

Non, il valait mieux agir plus subtilement :


- Dis-moi l'ami ! Qu'est-fe qui empêche notre caravane de paffer? Nous foulons fimplement livrer notre préfieux vin du Léthyr à temps. Il ferait dommage que la caserne fienne à en manquer. Non ? Alors laiffes-nous parler à ton commandant.»

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