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La Taverne des Royaumes Oubliés > Chronique Historique > Chapitre IV : Ceux de la Lune


écrit par: La Goualeuse Mercredi 10 Janvier 2024 à 19h15
Phénix, Daphnis, Haleena et Eliza

12 Kythorn 1373, Année des Dragons Renégats
Quelque part entre les Collines du Givre et le Boislune, Nord des Marches d'Argent
Rives de la Surbrin


La petite troupe, peu désireuse de s'éterniser dans les ruines glacées de Rivefroide, avait longé la Surbrin jusqu'à ce que la rivière rencontre l'un de ses affluents, qui puisait quant à lui sa source dans les montagnes au nord-ouest. A leur confluence, les flots tumultueux des deux cours d'eau débordaient allègrement, contraignant les aventuriers à patauger dans une fange épaisse et froide, pour finalement constater qu'ils étaient cernés par les eaux. Le petit village sous le joug des Aurilites était plus isolé des Marches d'Argent qu'Eliza ne l'avait imaginé, finalement... En l'absence de pont, il s'avérait impossible de traverser ; et pas la moindre passerelle ne s'offrait à leurs yeux désabusés.

Au loin, vers le sud, se découpait ironiquement la masse sombre d'Orée d'Hiver, ville nouvelle dont Eliza avait brièvement expliqué l'histoire : d'abord un simple retranchement militaire dans la guerre pour la reconquête de Castelmithral, le campement s'était durablement établi dans la lande après la victoire contre les orcs. La cité demeurait trop éloignée pour compter sur une rencontre providentielle, ou même pour tenter d'attirer l'attention de quiconque.

Fallait-il alors faire demi-tour ? En pressant le pas, ils seraient peut-être de retour avant la nuit dans la maison abandonnée qui leur avait servi de refuge... Mais pour quoi faire ? Il semblait bien à la rôdeuse, un brin hésitante sur sa géographie depuis leur déconvenue, qu'ils seraient confrontés au même obstacle plus haut puisque la Surbrin prenait son origine dans les monts enneigées de l'épine dorsale du monde. Haleena, brisée de fatigue, maugréait dans son dialecte des paroles dont il valait sûrement mieux ignorer le sens. D'une humeur semblable, Eliza demeurait silencieuse, et peut-être ses camarades avaient-ils deviné qu'ils se trouvaient dans une impasse quand le miracle se produisit : dans un silence surnaturel, des minces langues cristallines s'élancèrent de l'une et de l'autre rive. A mesure qu'elles rampaient l'une vers l'autre au-dessus de l'eau, elles devenaient plus épaisses, sans rien perdre leur limpidité et de leur pureté. En quelques secondes, un pont de cristal s'était matérialisé sous les yeux ébahis des voyageurs. De l'autre côté, suffisamment loin pour ne pas avoir les pieds dans l'eau de la crue, une silhouette longiligne leur faisait face. Emmitouflé dans une longue cape d'hiver brune qui le couvrait de la tête au pied, l'auteur présumé du sortilège leva un bras, les invitant à traverser.



Akevath

17 Kythorn 1373, Année des Dragons Renégats
Quelque part au nord du Boisfroid, Nord des Marches d'Argent
Forêt de conifères


Seul dans la forêt, loin, bien loin des cimes gelées en haut desquels il avait grandi, Akevath contemplait d'un œil acerbe l'énigmatique legs que Iathal lui avait jeté dans les mains avant de lui ordonner de partir quérir l'aide de Ceux-de-la-Lune. Son départ avait été précipité, brutal - à peine avait-il eu le temps d'enlacer sa mère, de donner l'accolade à son père. Sous le choc, il n'avait sans doute pas saisi toute la portée des paroles que leur chef lui avait assénées, en une furieuse litanie, pour unique réponse à toutes ses questions : "Elle l'avait choisie, lui, le Parleur, pour reconnaître et convaincre les siens".

Comment Ceux-de-la-Chasse n'avaient-ils pas pu voir les géants approcher ? Et pourquoi ces êtres impitoyables avaient-ils quitté le Tholvarr, cette région qu'ils revendiquaient comme "leur terre" et que leurs clans se disputaient depuis si longtemps ? La tribu avait-elle eu le temps de fuir ? Des vents surnaturels avaient chassé les brumes invoquées par le Veilleur-du-Ciel pour ralentir l'ennemi... Avaient-ils combattu alors ? Et lui, aurait-il dû se retourner ? Il avait dévalé la montagne, gravi et descendu de nombreuses collines, sans un regard en arrière... Pourquoi ? Avait-il eu peur ? Il n'aurait su dire précisément combien de jours le séparaient du drame.

L'étrange flûte en os, qu'il tournait et retournait nerveusement entre ses doigts, ne lui livrait pas la moindre réponse. D'une facture rudimentaire, l'ocarina avait la grâce de la simplicité. Sa forme vaguement ovoïde rappelait celle d'un oiseau, symbole limpide de voyage... Légèrement jaunie par le temps, sa surface polie était parfaitement lisse, à l'exception des deux gravures sur les "ailes" de l'instrument : un symbole inconnu, formé de deux triangles parfaitement symétriques, joints par un sommet ; un croissant de lune, signe d'apparence plus familière. Akevath n'avait encore osé apposer ses lèvres à la fine embouchure de la relique.

Même s'il ne distinguait pas bien le ciel par-delà la sombre canopée que formaient les immenses conifères, le jeune goliath savait que la nuit n'allait plus tarder à tomber. L'air, ici bas, semblait plus rare et plus lourd ; l'absence de neige était déroutante... Le monde paraissait étrange, ou étrangement incomplet à ses yeux. Un je-ne-sais quoi de minéral - ou de céleste ? - lui manquait. Ou était-ce en lui-même que quelque chose faisait défaut ?

écrit par: Phénix du Grand-Val Samedi 13 Janvier 2024 à 18h04
- La gadoue, la gadoue et encore la gadoue! Est-ce que cela n'en finira donc jamais?
Lâchait le jeune rôdeur qui, à l'instar de certains de ses compagnons, ruminait et râlait de la situation dans laquelle ils étaient.

Néanmoins, il devait quand même voir les bonnes choses aussi, il était content que son cheval ne se soit pas blessé jusqu'à maintenant, un mauvais mouvement, une mauvaise chute et cela aurait pu avoir de sérieuses conséquences. Il en remercia les dieux silencieusement.

Il ne fallait pas être devin pour constater qu'ils ne pourraient pas aller plus en avant, et revenir sur leur pas n'avaient pas beaucoup de sens non plus, les voilà bel et bien coincé.

C'est sur ces pensées que tout à coup un miracle se produisit.


- Mais que..., qu'est-ce que..., vous voyez ce que je vois ou est-ce j'hallucine?

Un pont cristallin était en train de se matérialiser devant eux et qui plus est, le créateur de se pont les attendait sur l'autre rive et les invitait à traverser.

Vu l'impasse dans laquelle ils se trouvaient et le ras-le-bol dont il souffrait, Phénix ne se fit pas prier.

Après les doigts magiques et avoir volé dans les airs, ce n'est plus un pont de cristal qui l'étonnerait.


- Je ne sais pas vous, mais moi, je n'ai pas envie de m'éterniser dans cette boue plus longtemps, j'y vais!

Déclara-t-il confiant.

Cependant, il testa d'abord bien fermement le pont de son pied droit avant de s'engager complétement sur cette apparition salvatrice.


- Ça m'a l'air solide, laissez moi passer en premier, si ça résiste à mon poids et celui de mon cheval, cela ne devrait pas poser de problème pour vous les amis.

Sur ses bonnes paroles, il s'engagea sur le pont avec son cheval, curieux de savoir qui pouvait bien être leur étrange sauveur.

écrit par: Daphnis Samedi 13 Janvier 2024 à 23h49
La marche avait été longue et difficile : ils n'avaient que peu dormi la nuit précédente et Daphnis était vraiment fourbu. Lorsque le petit groupe avait compris que la voie était bloquée, l'élu divin avait ressenti un certain désespoir, se demandant vraiment que faire ensuite...

C'était alors qu'un pont de cristal s'était formé sous leurs yeux, à l'instigation d'une forme qui semblait bienveillante et les invitait à franchir le cours d'eau. Phénix avait courageusement proposé de s'engager en premier sur le pont. Sa logique tenait la route et Daphnis avait lui aussi envie de franchir la rivière, quitte à prendre des risques. Il opina du chef, laissant le rôdeur prendre les devants.

Le jeune caravanier prit encore un instant pour admirer l'ouvrage de ses yeux fatigués.


¤ Remarquable ! Vraiment incroyable ! Je n'imagine même pas la puissance magique nécessaire pour être capable de faire cela... Un peu comme l'enchantement de Kotka ou notre longue envolée... Hasard ? Ou serions-nous enfin en face de celui qui nous manipule depuis le début ? ¤

La curiosité était plus forte que tout. Daphnis murmura à Haleena :

- Je sais que tu n'aimes pas trop la magie et que tout ceci est louche... Mais nous n'avons pas trop le choix, je pense. De toute manière, si ce gaillard-là nous veut du mal, il nous retrouvera sans problème même si nous ne traversons pas, vu sa puissance. Il ne s'amuserait pas à produire un tel tour juste pour nous noyer. Je pense qu'on peut avancer sans trop de crainte...

Après avoir posé tendrement sa main sur l'épaule de la barbare, il prit la suite de Phénix.

écrit par: Phineas Dimanche 14 Janvier 2024 à 13h30
Intérieurement, la tieffeline se morigénait, au point que ses auto-flagellations internes pouvaient se lire sur son visage.

¤ La fonte des glaces à du inonder les terres, idiote. ¤

Quoique elle se soit effectivement trompée en terme de topologie, elle s'en voulait plus de ne pas avoir su prévoir les aléas du climat. Son maître aura fort raison de l'envoyer quelques mois à Sundabar pour contempler les glaces une fois qu'il aurait appris l'histoire...

Alors qu'elle se disait tout cela, c'est interdite qu'elle vit apparaître le pont de cristal. Quelques instants, elle ne put que faire le lien avec le Pont de la Lune, la merveille magique de sa ville. Mais elle compris vite que ce n'était pas le cas. Le pont était plus solide, moins translucide. Moins magique dans une certaine mesure. Cela dit, quoiqu'elle ne soit pas magicienne, elle avait vu suffisamment de sorts pour savoir une chose.


- La magie est rarement éternelle, et je préfère combattre un mage que mourir infectée par les humeurs de la boue !

Elle sauta sur le pont et, son arc en main, se mit à le traverser, sens en alerte. Ils étaient à découvert, inutile d'essayer de se camoufler mais de là à avancer naïvement...

hrp.gif Eliza traverse le pont en restant aux aguets hrp.gif

écrit par: Akevath Lundi 15 Janvier 2024 à 22h06
Confusion. Egarement. Colère. Peur. Et impuissance.
Akevath s'adossa à un pin centenaire et se laissa lentement glisser, jusqu'à ce que son séant touche terre. Exhalant un souffle chargé de vapeur d'eau, il leva les yeux au ciel camouflé par l'étouffant tissage forestier de ces lieux inconnus, hagard.
Blotti dans ses immenses mains, se trouvait le précieux instrument que lui avait confié Iathal avant sa fuite insensée en avant.
En avant... Vers où ? Vers qui exactement ? Et comment ? le goliath tentait de comprendre ce qui, jusque-là, tenait de l'incompréhensible. Une tâche qui lui semblait être, pour le moment, insurmontable...
La seule question qui revenait sans cesse se fracasser sur les parois épaisses de son crâne était: Pourquoi ?
Pourquoi lui ?
Pourquoi Celle-de-la-Lune l'avait choisi lui ? Lui qui n'était ni le plus fort, ni le plus rapide, ni le plus brillant de ses pairs ?
Sa place était auprès des siens. Vivant ou mort, marteau en main. Il le savait. Il le sentait au plus profond de son âme et de son sang.
Et pourtant... Rester défendre les siens aurait été synonyme de trahison. Prendre les armes et mourir au combat lui aurait apporté le déshonneur...

D'un air profondément préoccupé, le barbare tournait et retournait l'ocarina d'os poli dans le creux de ses mains, tentant de donner un sens aux symboles qui l'ornaient. Avait-il déjà entendu parler de la précieuse relique dans les oraisons de leur Veilleur-du-Ciel ou de son chef de clan ?
Dans le doute, il l'utiliserait à toutes les levées de lune. Peut-être arriverait-il ainsi à attirer l'attention de Celle-de-la-Lune ou de l'un de ses suiveurs ?

Laissant échapper un grognement rauque empreint d'inquiétude, Akevath finit par se relever et fit glisser la flûte sacrée dans sa sacoche de ceinture.
L'astre lumineux finirait bientôt sa course dans les méandres de la terre. Il devait trouver un abri avant que les froides morsures de la nuit ne vienne lui dévorer les chairs. Et s'il trouvait de quoi remplir son estomac sur sa route, cela lui éviterait de consommer les précieuses rations de viande séchées et de pignons de pin qu'il avait réussi à emporter dans ce qu'il considérait encore comme sa "fuite"...



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PARCHEMIN
Akevath tente de se rappeler ce qu'il aurait pu entendre du précieux ocarina et/ou de son utilisation dans les contes.
Même chose pour "Ceux-de-la-Lune". Histoire +5

Il se cherche un abri et de quoi subsister avant la tombée de la nuit Survie +4

écrit par: La Goualeuse Dimanche 21 Janvier 2024 à 22h04
Akevath

Plus d'un jugeait prodigieuse la mémoire d'Akevath le Parleur, et pourtant ce dernier n'arrivait pas à se souvenir que le mystérieux objet eût un jour été mentionné par les siens lors d'un rituel, d'une veillée ou d'une conversation. Pour autant qu'il savait, Celle-de-la-Lune n'avait jamais fait don d'aucun présent matériel à la tribu : elle partageait sa connaissance et sa sagesse, considérables - certains disaient même divines. A bien y réfléchir, un pareil instrument était étranger aux goliaths et à leur culture... Certes ils connaissaient la flûte (ce qui lui avait d'ailleurs permis d'identifier celle-ci comme telle) mais ils goûtaient peu le son de ce frêle instrument auxquels ils préféraient les percussions. Aussi le barbare ignorait-il que cet exemplaire se nommait "ocarina".

Quant à Ceux-de-la-Lune... Il avait toujours cru ce titre sacré réservé à leur bienfaitrice. Avait-elle un clan, elle-aussi ?

Soucieux de trouver un abri avant la tombée de la nuit il se remit en route, poursuivant sa lente descente vers le sud. Le printemps peinait à s'imposer dans ces collines semées de conifères, qui avaient tout récemment abandonné leur manteau de neige et de glace. S'il ne vit ni baies, ni champignons, il était convaincu qu'il finirait par débusquer du gibier : combien de fois avait-il entendu Ceux-de-la-Chasse affirmer que leur meilleure arme était la patience !

Akevath était encore bredouille quand les derniers rayons du soleil caressaient langoureusement le monde, tel un amant s'attardant dans ses adieux. Il avait néanmoins trouvé une roche dont les courbes insolites lui offriraient un toit en cas de pluie et un rempart contre le vent. Bientôt la nuit chasserait son rival et envelopperait tout de son obscur manteau, aussi se dépêchait-il de trouver du bois sec pour allumer un feu.

Quand, soudain, la quiétude des bois fut troublée par le tumulte d'une course : il reconnaissait distinctement la cadence de pas précipités battant la terre, faisant rouler les pierres et craquer les branchages, au mépris de toute discrétion. S'il était difficile de les dénombrer, il était certain que plusieurs humanoïdes approchaient, avalant la pente à toute allure.



Phénix, Eliza, Daphnis et Haleena

Haleena se laissa aisément convaincre par les paroles rassurantes du damoiseau. La jeune mère, harassée, ne tenait pas à rester prisonnière des rives boueuses de la Surbrin et les suivit sans hésiter. Elle partageait néanmoins la méfiance de la rôdeuse et, après avoir resserré le carcan de tissus qui emprisonnait sa petite, avait empoigné le manche d'une de ses hachettes.

En dépit des apparences, le pont cristallin était solide et offrit d'un bout à l'autre un accueil fiable à leur pied - pour qui n'avait pas le vertige du moins... La traversée était en effet aussi spectaculaire que grisante : l'édifice, parfaitement transparent, leur donnait l'impression d'être suspendus dans le vide tandis que rugissaient sous eux les eaux enragées de la rivière. Le dernier voyageur passé, le merveilleux bâtiment se volatilisa en une myriade de particules argentées aussitôt dispersées par la brise.

D'un pas prudent, ils avancèrent jusqu'à la silhouette encapuchonnée qui leur ouvrait les bras en signe de bienvenue. Une vingtaine de mètres encore les séparaient de l'individu lorsqu'ils entendirent (chacun) la même voix lente et grave chuchoter distinctement à leurs oreilles :


Savengriff
- Approchez, n'ayez crainte... Vous seriez déjà morts si vous deviez périr de ma main, allons ! Un peu de bon sens !

--------------------
On ne saurait donner un âge à cet homme décharné au visage si banal qu'il semble presque familier. Sa barbe peine à dissimuler ses joues creuses tandis que sa chevelure noire accentue son extrême pâleur. Son regard semble recouvert d'un voile grave et triste, celui des hommes qui ont trop de fois trompé la mort.


L'Uthgardte s'était brusquement retournée, fendant l'air de son arme pour aussitôt constater, avec stupeur, que personne ne se tenait derrière elle. Elle reporta un regard empli de colère vers le sorcier qui se jouait d'eux, puis grogna quelques mots dans son dialecte.

écrit par: Daphnis Lundi 22 Janvier 2024 à 22h54
Relativement confiant en ses propres propos, Daphnis s'était avancé sur le pont en suivant Phénix. Il en avait rapidement admiré toute la splendeur.

¤ Après le vol, voilà une autre expérience hors du commun ! ¤

Le caravanier n'aurait jamais imaginé vivre de telles scènes dans le grand nord, une région qu'on disait peu peuplée et hostile à la magie. C'était passionnant, rafraîchissant... mais aussi un peu intimidant. Un petit sourire s'afficha sur son visage : n'était-ce pas la vie d'aventurier dont il avait toujours rêvé, les premières étapes d'une destinée hors du commun ?

C'était alors que la voix s'était faite entendre. Une voix lente et grave, associée à un visage banal. Haleena avait promptement mais inutilement réagi. Daphnis, passé la surprise initiale, ne put s'empêcher de réfléchir.


¤ Est-il vraiment nécessaire de me creuser les méninges pour essayer de l'identifier ? Un tel magicien est certainement capable de nous innonder d'illusions, de transformer son visage et de masquer sa véritable voix... ¤

L'élu divin s'approcha encore de quelques pas et se présenta d'une voix claire.

- Merci pour votre aide : nous étions dans une bien mauvaise situation ! Je suis Daphnis, caravanier et aventurier à mes heures perdues. Pourrions-nous connaître le nom de notre bienfaiteur ?

Comme bien souvent en pareille situation, il avait été le premier à pendre la parole. Il avait pu constater qu'Haleena et Phénix préféraient bien souvent le laisser mener les discussions. Quant à Eliza, il fallait parfois réfréner son impétuosité...

écrit par: Akevath Dimanche 28 Janvier 2024 à 19h13
Une expression, souvent utilisée par sa génitrice, vint à l'esprit du goliath, alors qu'il ratissait les environs à la recherche de petit bois et de bois de chauffe.
Faire contre mauvaise fortune bon cœur. Avancer, contre pluies et tempêtes. Avancer malgré tout. Même s'il ne savait toujours pas où, comment, ou vers qui... Sa minutieuse observation de la flute sacrée ne lui avait dévoilé qu'une seule chose: sa profonde ignorance.

Pour l'instant, il tâcherait d'éviter de mourir de froid et de fatigue. Une nuit de plus à vivre l'abri des éléments et des bêtes aux alentours serait une nuit de plus à vivre pour sa famille, son clan et sa tribu.

Sa morne et silencieuse procession fut interrompue par des bruits qu'il ne connaissait que trop bien. Des bruits de pas de proies affolées. Ou de chasseurs sanguinaires prêts à porter le coup fatal au bout de leur charge effrénée. Droit dans sa direction.
Qui qu'ils soient, il faudrait qu'il soit prêt. Soit à les éviter, soit à les accueillir comme il se devait...
Dans un soupir renfrogné, le barbare solitaire déposa le fagot de bois qu'il avait amassé au pied d'un taillis et sortit son lourd marteau de guerre de l'étui qui ceignait son épaule droite.
Il caressa le haut de la large tête d"acier de son arme avec deux de ses longs doigts, les faisant passer et repasser sur les deux cornes de bouc poinçonnés en son sommet.


¤Ô Père Gardien. Guide ma langue pour la confrontation à venir. Guide mon bras pour le combat qui s'ensuivra peut-être.¤

Il acheva sa courte supplique en levant les yeux au ciel et en pressant la tête de son arme sur son poitrail cerclé d'acier.
Ceux qui couraient s'approchaient. De plus en plus.
Cherchant des yeux un endroit à l'écart et ombragé, propice à une embuscade, Akevath se hâta pour occuper cette position plus avantageuse.
A l'abri des yeux et des oreilles de ses mystérieux invités, il aurait tout le temps d'attendre. Et d'agir si la nécessité se faisait ressentir.

écrit par: Phénix du Grand-Val Dimanche 04 Février 2024 à 17h54
Phénix, n'en revenait pas de la chance qu'ils avaient mais ce ressaisit vite à cette idée.

¤Chance, pas certains finalement, trop de choses hors normes se sont déroulés jusqu'à maintenant, celle-ci n'en est qu'une supplémentaire.¤

Le rôdeur fût néanmoins ravi de retrouver la terre ferme de l'autre coté du pont. Leur sauveur les accueillait avec des paroles réconfortantes mais celles-ci saisirent le jeune homme et il se retourna prestement pour voir qui les lui avait susurrés à l'oreille et quelle ne fut pas sa surprise de constater que personne ne se trouvait à coté ou derrière lui. Apparemment il n'avait pas été le seul à être saisi par la chose.

Les paroles rassurantes et, sommes toutes, assez logiques déridèrent quelque peu le rôdeur. Pourquoi cette personne ce serait amusé à créer un pont, magique supposait-il, pour au final les éliminer, cela n'avait pas beaucoup de sens.

Comme souvent depuis qu'ils faisaient route ensemble, Daphnis pris la parole, il était, pensait Phénix, bien plu diplomate que lui enfant de la terre et de la forêt ne pourrait l'être.


- Oui, merci étranger pour ton aide. Je suis Phénix du Grand Val et je crois que l'on vous en doit une belle.

Ajouta-t-il pour faire bonne mesure.

Mais, bien que, apaisé d'être sorti du bourbier dans lequel ils s'étaient enlisé, le jeune rôdeur était curieux d'apprendre qui était leur bienfaiteur mais également curieux d'en connaître le pourquoi. Etait-ce lui qui les menait depuis le début dans cette aventure? Trop de choses dépassant la raison s'étaient produites et il semblait à Phénix qu'ils allaient en apprendre davantage dans quelques instants.

écrit par: Phineas Mardi 06 Février 2024 à 00h03
L'adolescente s'avança, mais, pour une fois, resta derrière ses compagnons. Quelque part, l'enfant en elle ressentait une méfiance mêlée de peur devant cet homme au visage défiguré. D'autant plus que la menace qu'il avait proféré en guise d'apostrophe, à peine dissimulée, sonnait terriblement véridique.

Elle murmura un seul :


- Salut.

Et tendit l'oreille, essayant de comprendre ce que faisait les autres. Elle avait l'habitude de travailler avec son maître ou d'autres éclaireurs. Mais en plus du fait que c'était le devoir plus qu'autre chose qui la menait à les accompagner, elle devait admettre ne pas toujours comprendre leurs raisonnement et leur façon d'agir. Daphnis lui semblait trop... aimable. Les pièges n'étaient pas rares, et elle savait les mages capables d'en fomenter de plus que subtils.

Ne sachant pas vraiment que faire, et ne doutant pas de la véracité de la menace de l'inconnu donc, elle se concentra sur ses sens. Peut-être n'était il pas seul.


hrp.gif Perception pour détecter d'éventuelles menaces alentours. hrp.gif

écrit par: La Goualeuse Mardi 06 Février 2024 à 19h15
Akevath

Akevath ne tarda pas à apercevoir à travers les sombres conifères deux silhouettes humanoïdes côte à côte, l'une soutenant l'autre dans la course, un bras passé sous son épaule. Une troisième les suivait quelques mètres en retrait, hache en main. Prudent, le goliath ne s'attarda pas à une plus longue observation. Déposant aussi discrètement que possible son fagot de branchages, il se hâta de se dissimuler derrière le bosquet le plus épais qu'il trouva. Un colosse de son envergure ne pouvait aussi aisément disparaître, il ne pouvait l'ignorer... Mais peut-être qu'à la faveur du crépuscule...

Le bruit d'une chute, aussitôt suivie d'un juron inconnu, rompit l'harmonie cadencée de la course. Quelques mots, inintelligibles et empressés, furent échangés avant que ne résonnent, de plus en plus sonores, des pas plus lourds et rapides. Un cri guttural, sinistrement jubilatoire, lui arracha un frisson : les chasseurs avaient rattrapé leurs proies.

Une vingtaine de mètres, peut-être moins, le séparait du combat qui menaçait d'éclater. Fallait-il encore attendre ?



Phénix, Eliza, Daphnis et Haleena

De plus ou moins bonne grâce, les aventuriers avancèrent vers leur mystérieux "bienfaiteur" ; du moins la création du pont le laissait légitimement penser.

En retrait, Haleena demeurait aussi tendue que la corde d'un arc et dardait un regard aussi perçant que la flèche sur le sorcier. Non moins méfiante, mais sans doute la tête plus froide, Eliza promenait des yeux suspicieux sur la lande : aucune irrégularité dans le paysage ne trahissait la présence d'autres individus... Mais la jeune tieffeline, élevée par une magicienne, savait bien qu'elle ne pouvait pas se fier à sa vue en de telles circonstances.

L'inconnu retira sa capuche, dévoilant une épaisse chevelure brune et un visage cireux et émacié. Quelque chose d'indéfinissable, une impression de froid ou de lointain, rappelait chez cet homme Baba Yara... Il inspirait la crainte, en dépit d'un physique banal, pour ne pas dire insignifiant.


Savengriff
- Je n'ai pas beaucoup de temps... Dépêchez ! tonna-t-il d'une voix ferme qui résonna douloureusement dans leurs crânes, mais où ne perçait néanmoins aucune menace. Mes ennemis m'observent toujours. Nous autres puissants ne sommes jamais en paix, toujours surveillés ou à surveiller... Vous méditerez ça plus tard...

Il poursuivit de vive voix quand tous furent réunis autour de lui, ignorant avec la plus grande indifférence la posture martiale de la barbare.

- Savengriff d'Eauprofonde, se présenta-t-il sans plus de cérémonie. Taisez ce nom si vous voulez éviter les ennuis. Vous aurez constaté que cette délicate affaire a exigé bien des artifices... de l'esbrouffe légendaire... Je compte sur votre discrétion. Il fit aller ses yeux sombres, soulignés de cernes profonds et bleuâtres, de l'un à l'autre avant de reprendre. Ce qui se trame dans le Nord dépasse largement les intuitions d'un vieux druide : Cefra Bridevent n'est qu'un des pions qu'avance la Froide Déesse contre les cités confédérées des Marches. Que comptez-vous faire ?

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On ne saurait donner un âge à cet homme décharné au visage si banal qu'il semble presque familier. Sa barbe peine à dissimuler ses joues creuses tandis que sa chevelure noire accentue son extrême pâleur. Son regard semble recouvert d'un voile grave et triste, celui des hommes qui ont trop de fois trompé la mort.


La question, impromptue, cingla les aventuriers comme une gifle. Elle avait été prononcée d'une voix on ne pouvait plus sérieuse.

écrit par: Daphnis Mardi 06 Février 2024 à 22h38
Confiant en sa bonne étoile, Daphnis ne partageait pas les appréhensions de ses compagnons. Il s'était avancé autant que possible, en considérant que Savengriff d'Eauprofonde (puisque tel était son nom) ne leur voulait aucun mal. Sinon, il ne leur aurait pas fait franchir ce pont. Et tout laissait à penser qu'il était derrière tous les événements des derniers jours : Kotka, leur chevauchée aérienne et peut-être bien d'autres choses aussi.

L'élu divin s'autorisa un sourire, avant de répondre :


- Ce que l'on compte faire ? Eh bien, rien du tout. Nous avions bien un plan en tête, mais votre venue change tout. Vous savez bien plus de choses que nous sur le drame qui est en train de se jouer. Vous nous avez guidé jusqu'ici. Expliquez-nous ce que vous savez... ou ce que vous estimez que nous devons savoir. Et nous aviserons. Mais, sans cela, nous serons encore et toujours comme des malvoyants tâtonnant pour trouver leur chemin. Si le temps presse, alors n'en perdons pas davantage...

Le jeune caravanier avait en effet déjà songé à l'itinéraire qu'il souhaitait emprunter pour regagner le Puits. Ensuite, il verrait bien, mais quelle autre solution avait-il que d'aider ses habitants à se préparer à défendre leurs terres ? Son esprit chevaleresque l'empêchait de leur tourner le dos. Ca, mais aussi le visage d'Haleena et le babillement d'Elvira...

écrit par: Phénix du Grand-Val Dimanche 18 Février 2024 à 15h18
Leur sauveur avait l'air de tout sauf d'un tendre et son parler sonnait franc aux oreilles du jeune rôdeur.

Cependant sa question le laissa perplexe, en effet, que pouvaient-ils bien faire dans un jeu de puissants comme leur interlocuteur l'avait soigneusement souligné.

Comme à son habitude Daphnis eu des mots justes et sensés. Les pauvres aventuriers qu'ils étaient ne savaient même pas dans quelle pièce on les faisait jouer.


- Mon ami a raison, arrêtez de tourner autour du pot, comme on dit chez moi. Vous vous servez de nous comme des marionnettes et maintenant nous devrions prendre des décisions dans une histoire dont on ne connaît que trop peu.

- Nous nous sommes engagé à aider les gens du Puits, mais cela vous le savez certainement déjà.

- Ce que l'on ne sait pas, c'est ce que vous manigancez, pourquoi vous nous avez choisis, parce que c'est bien vous qui avez envoyé l'aigle Kotka, n'est-ce pas?

Ces paroles étaient sorties de la bouche du jeune homme sans qu'il y réfléchisse, après tout, maintenant qu'il l'avait exposé cela lui semblait plus que plausible.

Maintenant il n'attendait plus que Savengriff crève l’abcès et leur dévoile ce qu'ils devaient savoir.

écrit par: Akevath Dimanche 18 Février 2024 à 21h20
¤Les problèmes de Ceux-des-Plaines restent avec Ceux-des-Plaines.¤

Chaque goliath le comprenait. Chaque goliath le savait.
L'on nommait Ceux-des-Plaines, "Ceux sur qui l'on ne pouvait compter". Trop sanguins et irascibles. Trop instables et imprévisibles. Trop prompts à rompre les accords passés.
Et pourtant... Et pourtant... La situation ici était différente. Lui qui, jusqu'ici, était perdu dans sa fuite effrénée vers l'inconnu, venait peut-être de recevoir la réponse à certaines de ses questions.
Se pourrait-il que la flûte sacrée ait attiré ces derniers à lui ? Et si l'un des suivants de Celle-de-la-Lune se cachaient parmi ces fous sanguinaires ?
Il n'avait pourtant qu'à peine effleuré le divin instrument du bout de ses doigts, de peur de l'abimer... Mais il n'était plus sûr de lui, plus sûr de rien...

Dans un grand soupir, Akevath resserra son emprise sur sa grande masse et sortit de sa cachette improvisée. S'il n'agissait pas maintenant, Ceux-des-Plaines agiraient pour lui, hache en main, et meurtre en tête.
Un bref regard lancé aux cieux assombris, il ferma brièvement les yeux avant de s'élancer à toute vitesse vers ceux qui feraient bientôt couler le sang.
Entonnant un son guttural de gorge de plus en plus grave et de plus en plus fort à mesure qu'il prenait de la vitesse, il écarquilla des yeux lorsque les silhouettes des traqueurs à la hache s'affinèrent.


¤Des nuisibles des caves ! Ici !¤

Les yeux luisant d'une rage ardente, le barbare releva haut sa masse à tête d'acier et commença à sourire toutes dents dehors. Le seul destin qu'il offrirait à ces rebuts des profondeurs serait celui de son poing et de son acier. La Mort pour ces assassins sans visage et sans honneur. La Mort. LA MORT !
Les yeux exorbités, le barbare poussa un nouveau cri guttural et s'abattit de toute sa vitesse et de tout son poids sur l'engeance des caves la plus proche.


- TREMBLEZ MEURTRIERS ! LA MORT ! LA MORT POUR VOUS !

Une ombre s'était abattue sur l'esprit du goliath. Une ombre qui se dissiperait qu'avec la disparition brutale des réceptionnaire de ses coups...

hrp.gif

PARCHEMIN
Test de Représentation 1d20+6 pour le chant de guerre pendant la charge d'Akevath.

Rage de la montagne activée (+6 FOR +4 CON -1 attaque, taille G)

Jet d'attaque: 1D20+8(FOR)+1(BaB)+2(charge)+1(arme de maître)-1(taille)= 1d20+11
Dégâts: 2d8+12

écrit par: La Goualeuse Dimanche 18 Février 2024 à 21h23
Savengriff
- Des marionnettes ! s'offusqua-t-il, la sévérité perçant dans sa voix. Les marionnettes ont des fils, Phénix du Grand Val... Des fils qui permettent de remonter jusqu'à ceux qui les animent. Vous insultez ma prudence !

Il se retourna soudain, scrutant la lisière du bois au loin dans son dos, avant de poursuivre.

- Des malvoyants, voilà qui est préférable...Sa voix s'était radoucie, mais il y persistait une forme d'impatience ou d'agacement. Ceux qui tâtonnent dans l'obscurité éveillent moins les soupçons que ceux que guide l'éclatante lumière d'une lanterne.

D'un geste empressé de la main, il contrevint à d'éventuelles protestations.

- Paix ! Je vais faire un peu de lumière sur cette affaire... Pourquoi serais-je là, autrement ? Mais comprenez bien que nos chances de parvenir, comme vos chances de survivre, dépendent de votre discrétion : il vous faudra continuer à tâtonner à la manière de malvoyants, feindre l'ignorance, tromper l'ennemi ... comme vos amis. Son regard, froid et dur comme l'acier, se braqua sur la barbare. Cette comédie coûtera plus à certains d'entre vous... Il vous faudra cacher la vérité à des frères et à des sœurs, ses yeux se tournèrent vers Eliza, ou à une mère, aussi bénéfique puisse paraître son aide de prime abord.

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On ne saurait donner un âge à cet homme décharné au visage si banal qu'il semble presque familier. Sa barbe peine à dissimuler ses joues creuses tandis que sa chevelure noire accentue son extrême pâleur. Son regard semble recouvert d'un voile grave et triste, celui des hommes qui ont trop de fois trompé la mort.


L'individu était invraisemblablement bien renseigné... La tieffelin savait que sa mère, Sabetha de Sarrière, était renommée dans la région, tant pour le scandale qui avait à diverses reprises entouré son nom que pour ses talents magiques. Mais comment pouvait-il savoir qu'elle en était la fille ? N'avait-elle pas rejoint "Ceux que l'Aigle avait choisis" par hasard ? Haleena, quant à elle, peinait à suivre la parole par trop souvent métaphorique des uns et des autres. Toujours aussi renfrognée, elle semblait calquer son attitude sur celle des autres membres du groupe.

Savengriff chuchota quelques mots : une fumée épaisse et bleuâtre moutonna aussitôt sur le sol, devant eux. Haleena siffla de colère, reculant sans doute pour préserver sa fille d'un mauvais sort. Indifférent, le mage décrivit de sa main quelques arabesques dans les airs, faisant s'élever la brume avant de lui faire prendre forme. Un sablier surmonté d'un croissant de lune apparut à hauteur de visage des aventuriers. Le symbole leur était inconnu...


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Savengriff
- L'emblème de l'Alliance, commenta-t-il alors que les dernières volutes de fumée s'agrégeaient encore. Une puissante organisation de magiciens qui a longtemps veillé sur le Nord des Royaumes. Des siècles durant elle a travaillé à unifier les tribus uthgardts puis les royaumes contre les menaces tapies dans l'Epine dorsale du monde, avant d'être défaite par les sorciers rouges de Thay.

Phénix, qui avait passé plusieurs années de sa vie à glaner des informations sur les Thayens, se rappela avoir lu qu'une longue guerre avait opposé la jeune nation de Thay à une puissante confrérie de magiciens. S'il n'avait pas bien gardé en mémoire cette page glorieuse de l'histoire de ses ennemis, il se souvenait néanmoins que les historiens et les sages jugeaient que l'affrontement était à l'origine de la formation du Conseil des Zulkirs, magocratie qui avait réussi à unifier le royaume et, par là même, à assurer sa pérennité. Les plus puissants des Rouges s'étaient en effet organisés face à leur ennemi commun : qui savait ce que serait devenu ce territoire fragmenté et décentralisé sans la nécessité d'opposer un front uni à leurs lointains adversaires ?

- Cette organisation renaît aujourd'hui, pour le bien des Royaumes !

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On ne saurait donner un âge à cet homme décharné au visage si banal qu'il semble presque familier. Sa barbe peine à dissimuler ses joues creuses tandis que sa chevelure noire accentue son extrême pâleur. Son regard semble recouvert d'un voile grave et triste, celui des hommes qui ont trop de fois trompé la mort.

écrit par: Daphnis Vendredi 23 Février 2024 à 14h04
Daphnis avait écouté avec beaucoup d'intérêt les propos de Savengriff et découvert avec curiosité l'emblème qu'il leur avait présenté.

Ainsi donc, le magicien était membre d'une organisation nommée l'Alliance qui cherchait à combattre les Thayens et à unifier les tribus uthgardts. A ses yeux, ces deux objectifs étaient nobles. Même si l'unification des uthgardts pourrait susciter des conflits à terme, les derniers événements avaient démontré à quel point leur désunion fragilisait la région. Quant à combattre les mages rouges, toute personne de bien ne pouvait que souscrire à cette idée.

Tout ceci expliquait à la fois l'intervention du magicien et sa puissance. Il se servait d'eux pour ne pas se dévoiler lui-même. Voilà qui éclairait ses motivations. Mais rien au sujet de leurs ennemis.


¤ Mais quel est donc le lien de tout ceci avec cette prêtresse d'Aurile, ces gobelours et ces personnes qui perdent la raison ? ¤

Ces points restaient flous et le jeune caravanier espérait que le magicien poursuive ses confidences. Il préféra ne pas l'interrompre et se tut en attendant qu'il reprenne la parole.

écrit par: Phénix du Grand-Val Samedi 24 Février 2024 à 22h39
Phénix avait apparemment un petit peu froissé leur interlocuteur, ce dernier se permis de reformuler les propos du rôdeur.

Leur bienfaiteur leur fit quelques recommandations qui leurs seraient précieuses pour augmenter leurs chances de réussite dans cette aventure dont le jeune humain ne comprenait pas encore bien les tenants et aboutissants.

A la mention des Sorciers Rouges, son sang ne fit qu'un tour et ses mains se crispèrent davantage sur le manche de son arme. Si cette Alliance se dresse contre les Thayens alors il les aiderait.


¤Ainsi ils se dressaient déjà contre les Magiciens Rouges, l'adage ne dit-il pas que les ennemis de mes ennemis sont mes amis!¤

Ces paroles piquèrent la curiosité du Valien et il accorda encore plus d'attention aux propos de Savengriff.

Il ne comprenait pas encore grand chose mais il espérait bien en apprendre plus très prochainement.

écrit par: La Goualeuse Mardi 27 Février 2024 à 19h09
Akevath

Le sol tremblait sous les pas d'Akevath, dont le chant puissant couvrait le bruissement des feuilles mortes et le bris des branchages. Le sang fouettant vigoureusement contre ses tempes, il sentit la transe du combat métamorphoser son corps : grisante sensation, la montagne lui insufflait sa force millénaire !

Il ne tarda pas à découvrir les combattants, que son approche tonitruante avait littéralement saisis d'effroi. Gisant au sol, affalé contre le tronc d'un mélèze, un homme au visage peint et à la barbe brune tenait d'un bras tremblant une javeline. Devant lui, deux autres Uthgardts, vêtus de plastron d'ossements et de peaux de bêtes, s'apprêtaient à défendre leur peau hache à la main. Leurs adversaires, deux gobelours armés de masses hérissées de pointes, les dépassaient largement en taille et en carrure. Hélas, ils avaient trouvé plus massif qu'eux...

D'un coup de marteau magistral, il enfonça la cage thoracique du monstre le plus proche dans un craquement sinistre. Les yeux écarquillés, sa victime vomit une gerbe de sang avant de s'effondrer, terrassée. Ceux des plaines se jetèrent sur l'autre gobelours, ragaillardis par l'irruption providentielle du géant. Une hache fit mouche, l'autre glissa sur le cuir. La riposte jeta à terre l'un des chasseurs, qui entreprit aussitôt de ramper hors d'atteinte.

Le goliath, tout à sa haine contre les nuisibles des profondeurs, resserra ses poings sur le manche de son marteau avant de l'abattre à nouveau. La force gigantesque du coup renversa le robuste gobelinoïde, dans le dos duquel le guerrier au visage peint abattit aussitôt le tranchant de sa hache. Se remettant aussitôt en garde, il leva ses yeux grands yeux bleus sur Akevath : l'admiration se mêlait à la crainte.


hrp.gif Je retire le bonus de charge, car le terrain parsemé d'arbres ne permet pas une course en ligne droite. Je prends note, pour les futurs combats, qu'il me faut prévoir des adversaires nettement plus costauds !


Haleena, Phénix, Daphnis et Eliza

Le magicien dissipa d'un simple geste de la main le symbole vaporeux, dont les vestiges furent rapidement dispersés par la brise.

Savengriff
- Mais elle est encore jeune, et donc vulnérable... Les sorciers rouges ont traqué les nôtres pendant des années et des années, bien après la mort et l'exil de nos chefs. Si la nouvelle de notre résurrection arrivait jusqu'à Thay, ils mettront aussitôt tout en œuvre pour écraser dans l'œuf cette nouvelle Alliance. Vous êtes tenus au secret, pour notre survie à tous...

Ses yeux s'attardèrent à nouveau sur Haleena, qui bouillait intérieurement, pareille à un animal sauvage jeté dans une cage.

- Aussi, pour brouiller les pistes, avons-nous changé quelque peu nos méthodes... Et voilà pourquoi nous vous avons "choisis", Phénix du Grand Val. L'Alliance, confiante en la toute-puissance de l'Art, ne fédérait autrefois que des magiciens et des sorciers : aucun de vous n'est versé dans les arcanes, ce qui vous blanchit de tout soupçon. Par ailleurs la confrérie a eu la maladresse, il y a bien longtemps, dans ses débuts (et l'on sait que l'erreur est la sœur de l'inexpérience...), d'utiliser le peuple uthgardt comme un rempart entre les terres sauvages et les royaumes civilisés.

On ne lisait dans sa voix ou sur son visage aucune trace de culpabilité : Savengriff énonçait des faits historiques, froidement, sans reprendre à son compte les errements de ceux qui l'avaient précédés.

- L'union des Uthgardts était d'une efficacité redoutable, mais toute leur bravoure ne pouvait empêcher que la traque incessante des gobelinoïdes ne finisse par peser sur leurs effectifs. Le trépas de nombreux guerriers menaçait l'avenir des tribus, notamment celles des Tigres rouges et de la Bête de Tonerre, presque décimées. Mais ce n'était pas de l'engeance monstrueuse que vint le coup fatal qui anéantit la paix parmi les Uthgardts... Il vint de ce qu'ils craignaient le plus : la civilisation. Toutes à leurs luttes dans les forêts et les montagnes, les tribus avaient délaissé les plaines et abandonné raids et pillages contre les rares villages et convois humains. Il n'en fallait pas plus pour offrir aux survivants à la chute de Delimbiyran le répit nécessaire pour consolider leurs forces. D'abord hésitants, les habitants du royaume de Man se convainquirent que les orcs avaient été vaincus pour longtemps et remontèrent bientôt vers le nord, pour peupler de nouvelles terres. La fondation de la ville de Mirabar prouva à tous que ces contrées inhospitalières pouvaient être domptées. Avec le temps, les humains ont formé d'autres royaumes. C'est cet empiétement qui a mis à mal l'alliance des tribus barbares que l'Alliance avait si soigneusement mise en place. Pour les Uthgardts, les autres humains étaient tout aussi dangereux que les orcs et bien plus redoutables encore. Ils retournèrent à leurs anciennes habitudes et firent la guerre à tous ceux qui traversaient leurs terres, orcs, gobelins ou humains, qu'ils soient Uthgardts ou non.

Les plus instruits des aventuriers se doutaient que ce cours d'histoire empruntait bien des chemins de traverse, présentant grossièrement les lignes de force qui avaient écrit le grand récit nordique, relativement peu documenté à ce jour. Il éclairait notamment une page particulièrement méconnue, celle du peuple uthgardt. Haleena, plus attentive que jamais, semblait l'avoir compris...

- C'est de cette époque que datent la méfiance et la haine que vouent les Uthgardts pour la magie profane et ses pratiquants... Le sentiment d'avoir été manipulés, affaiblis et spoliés, s'est ancré dans leur légende et transmis à travers les siècles... D'où la nécessité, encore une fois, d'avancer masquer...

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On ne saurait donner un âge à cet homme décharné au visage si banal qu'il semble presque familier. Sa barbe peine à dissimuler ses joues creuses tandis que sa chevelure noire accentue son extrême pâleur. Son regard semble recouvert d'un voile grave et triste, celui des hommes qui ont trop de fois trompé la mort.

écrit par: Akevath Mardi 27 Février 2024 à 21h53
Des éclairs rouges fulguraient toujours dans l'esprit du barbare. Rouge écarlate. Rouge comme le sang, les débris d'os et les tendons déchiquetés qui jaillissaient du bras pendant du nuisible qu'il venait d'occire.
La pathétique mort de cet insecte brunâtre lui avait tout même apporté un peu de contentement. Le contentement d'avoir débarrassé la terre-mère de rebuts tueurs de nourrissons et d'enfants. De voleurs d'eau et de viande et de vie. De larves infestant les veines des montagnes.

D'un ample geste de ses bras, Akevath abattit violemment son marteau sur la tête de son ennemi vaincu, l'aplatissant presque au sol, dans un craquement sinistre d'os et de cervelle réduits en pulpe.


- QUILS SE PASSENT LE MESSAGE! LA MORT LES ATTENDRA SILS CROISENT MA ROUTE !

S'accrochant encore aux quelques bribes de rage qui animaient son corps et son esprit échauffés par le combat, il posa son énorme masse sirupeuse de sang à ses pieds et, pointant du doigt le pouilleux des caves étêté qui gisait à ses pieds, s'adressa aux coureurs des plaines qui le fixaient d'un œil inquiet.

- D'AUTRES ENCORE ?

Sa question à peine lancée, le goliath sentait déjà la force de ses pairs et de ses ancêtres s'évaporer de sa peau grisâtre.
Ceux-des-cimes le savaient. La Montagne et les esprits prêtaient généreusement leur toute-puissance à ceux qui osaient le demander. Mais tout ceci avait un coût. Un coût reflétant le poids de leurs âges, l'immensité de leur existence et l'infinité de leur sagesse...
Baissant sa tête au sol, une silencieuse supplique murmurée mentalement à leur encontre, Akevath exhala bruyamment en se raccrochant un bref instant au long pommeau de son maillet.

Il releva rapidement sa tête dans la direction des trois coureurs des plaines, et, après leur avoir gratifié d'un sourire un peu forcé, appesanti par la fatigue qui refluait dans tout son être, porta sa main droite sur son plastron recouvert de peaux et de fourrures.


- Akevath. Akevath "Parleur" Ikamaelevatha.

Un peu hésitant dans l'usage de ses mots dans le langage des Autres, il reprit tout de même, non sans quelques diffcultés.

- Akevath... cherche... guide. Veilleur-du-Ciel. Ou chaman.
- Guide connaissant Ceux-de-la-Lune.

Essuyant grossièrement son immense marteau sur les guenilles de cuir du nuisible à ses pieds, il le rangea dans son étui attaché à son épaule droite avant de se diriger lentement vers le coureur des plaines blessé.
Lui tendant l'une de ses grosses paluches pour l'aider à se relever, il le fixa de son regard bleu de glace avant de lui sourire de nouveau.


- Peut-être... pouvoir m'aider ? Mener vers guide. Je... vous... protéger.

écrit par: Daphnis Samedi 02 Mars 2024 à 13h54
Le discours de Savengriff tenait la route. Qui pourrait en effet soupçonner un groupe n'accueillant aucun mage et même des Uthgardts qui leur sont extrêmement hostiles de servir les desseins de cette Alliance ? La manoeuvre était habile. Les explications historiques s'avéraient également intéressantes. Mais leur mystérieux interlocuteur n'avait toujours pas fait la lumière sur les faits récents et sur le rôle qu'ils étaient amenés à jouer.

Daphnis se permit d'interroger le magicien à ce sujet :


- Merci pour ces précisions qui éclairent plusieurs aspects de notre enquête qui se touvaient jusqu'alors dans l'ombre. Mais je ne comprends pas encore le lien entre l'Alliance et les troubles qui agitent la région. Que vient faire Cefra Bridevent dans cette histoire ? Tente-t-elle de rassembler les Aurilites, les Malarites et les autres forces maléfiques pour développer son emprise sur la région ? Ou n'est-elle elle-même que le jouet de forces plus puissantes encore ? Qui est-elle exactement et que savez-vous de ses intentions ?

Le caravanier marqua une pause avant d'ajouter :

- Nous devons en savoir le plus possible, si vous souhaitez que nous agissions au mieux pour l'avenir de cette région. En évitant les hésitations et les tergiversations, nous gagnerons un temps précieux...

écrit par: Phénix du Grand-Val Dimanche 03 Mars 2024 à 18h55
Phénix avait écouté attentivement les propos de Savengriff, bien qu'une bonne partie de ce qui fut dit était neuf pour le jeune rôdeur, il comprit néanmoins l'importance de la discrétion dans cette histoire.

Et comme cette Alliance était l'ennemie des Magiciens Rouges, le jeune homme se garderait bien de leur porter préjudice.

Comme à son habitude, Daphnis posa les bonnes questions et émis les bonnes remarques. Phénix était content de l'avoir avec eux pour cette aventure, son esprit sagace leur était vraiment d'une grande aide.

Aussi le rôdeur s'abstint de tout commentaire ou remarques supplémentaires, il lui semblait que le jeune prêtre avait évoqué ce qu'il fallait.

Il attendit donc impatiemment la suite de ce que leur commanditaire de l'ombre avait a dévoilé.

écrit par: Phineas Samedi 09 Mars 2024 à 16h50
¤ Ma chérie, écoute moi bien. Je parle en connaissance de cause. Il n'y a rien de plus effroyable que la colère, la haine ou le mépris d'un magicien. Nous sommes rarement des gens versatiles, et si la connaissance mène souvent à la tristesse, elle mène aussi plus sur le chemin de la tolérance et de la bonté que sur celle du mal. Mais les mages sont des gens fiers. Peut-être à raison, nous nous considérons comme les plus savants, et les plus puissants être mortels de ce monde. Ne doute jamais un instant des ambitions d'un mage et de sa capacité à être retors. Et ne doute jamais moins qu'il pourrait utiliser toute la puissance de son esprit pour l'unique recherche du bien commun. Mais si ce n'est pas le cas, garde en toi l'idée que les erreurs de personnes capables de conjurer des mondes et de déplacer des fleuves sont autrement plus dommageables que celles de toutes autres personnes. ¤

Sa mère lui avait dit ça, un soir que, alors qu'elle partait pour la première fois en expédition avec son maître. Pour la (plus) jeune tieffeline qu'elle était, ça avait été un coup de semonce intellectuel. Elle avait été élevée dans un pays dont la stabilité reposait essentiellement sur la puissance et la sagesse de ses arcanistes, et de ses mages en particuliers. Pour elle, pendant longtemps, les mages ne pouvaient pas être mauvais, et ne pouvaient pas faire d'erreur. Et même si elle avait vu de nombreuses fois sa propre mère se tromper, elle la tenait sans doute en trop haute estime pour considérer ces menus échecs comme des preuves de quoique ce soit. Après tout, qui n'a jamais fait brûler une poêle. Ou seize.

Cette discussion, que sa mère avait soutenue de l'exemple de l'armée de son pays natale, le Cormyr, dont la terrifiante légion des Mages de Guerre avait fait couler le sang pour autant de bien que de mal - et surtout pour la gloire des Orbaskyr - avait changée sa vision du monde. Les mages étaient comme tout à chacun. Mais tout à chacun, en effet, ne passait pas sa vie à dominer les primordiales énergies de l'univers pour en faire son arme.

Et c'est tout à la fois la confirmation de ce qu'elle avait appris ce jour que le doute qu'elle avait éveillée qu'avait fait ressurgir Savengriff. Cette Alliance était peut-être bien intentionnée, mais qui empêcherait cette secrète organisation de mages - quoiqu'il sembla qu'ils se diversifient - de mal finir si d'aventures certains d'entre eux décidaient de préférer, par exemple, Cyric à Mystra. On lui avait déjà raconter des histoires de druides qui se tournait vers Malar après une déconvenue, après tout...

Elle n'avait rien dit jusqu'ici, et c'est avec deux manifestes écarquillement qu'elle avait aussi accueilli l'arrivée d'Akevath. Elle avait une fois rencontré un goliath qui marchandait à Lunargent, et tout autant que ce jour là, était impressionné par la carrure de l'homme.

Encore Ceux-de-la-Lune, il lui semblait que l'un de ses compagnons avait mentionné cette ou ces entités. Elle sourit au goliath en signe de paix, quoique tenant fermement son arc, et après un long silence, tourna ses yeux vers Savengriff :


- L'histoire est jolie, Sir Savengriff, mais si l'Alliance à une fois réduit en esclavage tout un peuple pour ses desseins - fussent ils bons - une fois, que nous dit qu'elle ne le refera pas ? Et d'ailleurs, qu'est ce qui nous prouve que vous êtes ce que vous dites que vous êtes ?

Elle avait volontairement usé d'un tel terme. Mais après tout, unir tout un peuple pour l'envoyer à l'abattoir, n'était pas grand chose d'autre que de l'esclavage.

écrit par: La Goualeuse Dimanche 10 Mars 2024 à 15h24
Akevath

Les trois chasseurs étaient pour le moins perplexes. De leurs yeux égarés, ils s'interrogeaient muettement les uns les autres, cherchant manifestement à saisir quelque chose qui leur échappait. Il ne fallut pas longtemps à Akevath, dont l'esprit était d'une grande sagacité, pour comprendre que ces hommes n'avaient pas compris grand chose à ses paroles... S'ils avaient pu se présenter à leur tour - Tirl, Yurr et Skell - ils s'étaient avérés bien incapables de répondre à la moindre question. Leurs regards s'étaient néanmoins illuminés au mot "chaman", que l'un d'entre eux avait aussitôt répété :

- Chaman, chaman : Patreveni, il indiqua le sud d'un geste de la main, comme pour signifier la direction à suivre pour le rencontrer.

Ainsi "le langage des Autres" ne semblait-il pas partagé par tous les Autres... Le Parleur ne manquait pas de ressources, et sa sollicitude envers l'homme blessé acheva de clarifier (s'il en était encore besoin) ses bonnes intentions à l'égard du trio. Yurr, qui était le plus vigoureux, cracha sur les dépouilles des gobelours comme pour mieux sceller leur alliance avec le goliath. Puis il entreprit une fouille rapide des cadavres, tâtonnant dans l'obscurité, cherchant autour du cou et des poignets. La bouillie sanguinolente ne lui inspirait pas la moindre répugnance, signe qu'il était un combattant aguerri. Il ne tarda pas à exhumer un pendentif : une simple rondelle de bois de quelques centimètres de diamètre, sur laquelle était gravé un flocon de neige à six branches. Il la lui tendit aussitôt, baragouinant d'une voix emplie de haine quelques mots dans une langue inconnue. L'enfant des cimes connaissait ce symbole, proscrit dans son clan mais que certaines communautés de goliaths primitives et peu recommandables vénéraient, à l'instar des géants du givre. C'était celui de la Vierge de Glace, terrible maîtresse de l'Hiver et des Vents.

Skell, après avoir lutté avec un briquet des plus rudimentaires, était parvenu à allumer une petite torche. Tous guettaient, à la lueur tremblante de la flamme, la réaction de leur bienfaiteur.



Phénix, Haleena, Daphnis et Eliza

Savengriff.
- Je suppose que vous n'avez d'autre choix que de me faire confiance... répondit le magicien, l'œil pétillant, à la suspicieuse tieffeline. Je pourrais produire bien des preuves de mon identité, mais quelle valeur pourraient-elles bien avoir auprès de vous, pour qui je suis un parfait inconnu... Vous et vos compagnons n'avez pas hésité à suivre le cheval ailé, à plus de mille pieds dans les airs. Êtes-vous tombés ? Cette question toute rhétorique n'appelait pas de réponse, mais il laissa quelques secondes s'écouler malgré tout. Des erreurs ont été commises dans le passé, j'en conviens jeune Eliza. Charge à nous de faire mieux que nos ancêtres...

Son regard, plus malicieux encore que la première fois, s'était plongé dans celui de la bâtarde alors qu'il prononçait sa dernière phrase. Puis sa main disparut à nouveau sous sa cape, pour en retirer un petit sachet de velours brun resserré par des lacets de cuir blanchis. Il le tendit à Daphnis, d'un geste courtois.

- Ne voyez pas dans ces babioles une marque d'allégeance. Je me passe de ces symboles puérils... (Si Daphnis ouvrait le sachet, il découvrirait quatre anneaux d'argent). Ces objets vous protégeront du froid magique, car c'est bien là l'arme que manieront vos plus puissantes adversaires. Un hiver terrible se prépare. Tout porte à croire que Cefra Bridevent n'est pas la seule championne qu'a élue la Froide Déesse pour étendre son emprise sur le Nord. Nous savons de source sûre que les géants du givre, animés par le prêche d'une jeune prêtresse, ont uni leurs clans. Nous ignorons les desseins de l'une comme de l'autre, mais qui sait ce qui pourrait arriver si elles unissaient leurs forces ! Nos agents œuvrent à intégrer le Puits de Béorunna à la Confédération des Marches d'Argent, comme le chef Cœurdebois en a fait la demande l'année dernière, mais les progrès sont lents et difficiles... Ce qui s'impose, dans l'urgence, c'est de récupérer la relique sacrée d'Aurile avant que sa propriétaire ne rallie orcs et gobelins sous sa froide bannière.

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On ne saurait donner un âge à cet homme décharné au visage si banal qu'il semble presque familier. Sa barbe peine à dissimuler ses joues creuses tandis que sa chevelure noire accentue son extrême pâleur. Son regard semble recouvert d'un voile grave et triste, celui des hommes qui ont trop de fois trompé la mort.


Le jeune Daphnis rêvait d'un défi qui inscrirait son nom dans la légende, Savengriff le lui offrait sur un plateau... Mais lui et ses compagnons seraient-ils de taille ?

écrit par: Daphnis Mercredi 13 Mars 2024 à 10h19
Daphnis n'avait rien manqué des propos de Savengriff. Les desseins des forces maléfiques étaient encore flous, mais quelque chose de grave se tramait : l'équilibre de la région pourrait basculer et elle pourrait tomber sous le contrôle des dévots d'Aurile. Un scénario que l'adepte de Tymora voulait éviter coûte que coûte.

Une fois encore, il fut le premier à prendre la parole :


- Je vous remercie pour ces présents, je ne doute pas qu'ils nous soient utiles. Je suis prêt à vous aider à lutter contre les forces aurilites. Plus besoin de tous ces faux semblants en ce qui me concerne.

Le caravanier ajouta néanmoins :

- Mais par où nous conseillez-vous de commencer pour tenter de retrouver cette relique ? Nous ne sommes que quatre, épuisés et loin du Puits de Béorunna. Devons-nous y retourner pour reprendre des forces et informer Andar Cœurdebois de nos découvertes, afin d'inciter la communauté à accélérer son rapprochement avec la Confédération ? Où devrions-nous plutôt directement nous mettre en quête de la relique et nous ravitailler en chemin ?

Il réfléchit un instant avant de poursuivre :

- J'opterais plutôt pour la première solution. Je ne nous vois pas tenter quoi que ce soit d'aussi dangereux avec Elvira à nos côtés. Mais avons-nous le temps ? Dites-nous en plus sur l'endroit où pourrait se trouver à présent la relique et sur les forces qui la gardent. Affronter une troupe de gobelours et une puissante prêtresse n'est pas à notre portée, j'imagine donc qu'il faudra ruser...

écrit par: Akevath Dimanche 17 Mars 2024 à 13h58
Les brumes de l'incompréhension encerclaient le petit groupe de parlementeurs. Sans langage commun, difficile de se faire entendre...
Un mot vint pourtant illuminer les yeux hagards de l'un des coureurs des plaines: chaman.
Akevath réagit aussitôt à cet éclair de compréhension avec un hochement de tête délibérément exagéré, suivi d'un grand sourire.


- Oui. Chaman.

Il se tapota trois fois le torse pour se désigner, faisant sonner son plastron d'acier par la même occasion, puis pointa du doigt ses trois interlocuteurs avant de pointer son bras vers le sud.

- Moi. Akevath. Suivre vous. Vers Chaman Patreveni.

Laissant sa demande flotter dans les airs, le goliath s'adossa à un mélèze proche de lui et se contenta d'attendre.
Après des jours de fuite endiablée viendrait peut-être le temps des réponses. Et peut-être, le temps des solutions.
Levant de nouveau les yeux au ciel pour tenter d'y discerner la lune, Akevath se perdit un bref instant dans ses pensées. Des pensées toutes tournées vers son clan, et la probable destinée de ce dernier. Une destinée qu'il voyait placée sous les signes des chaînes, du sang et des larmes.
Sa mâchoire inconsciemment resserrée, il prit un certain temps avant de voir le présent qui venait de lui être tendu. Un présent audiblement accompagné de paroles chargées de haine et de mépris.
Il s'empara du pendentif, et, avant même de le placer dans la paume de son imposante main, fut frappé de stupeur.


¤Que mes Ancêtres me gardent ! Celle-du-Froid ! Cette vermine honorait Celle-du-Froid !¤

Ce moment de stupéfaction passé, le goliath se mit à bruyamment racler sa gorge avant d'expectorer un crachat chargé de glaire des plus rebutants.
Ses yeux de glace anormalement plissés, il lança violemment le pendentif au sol avant de s'adresser à son donateur, sa voix chargée d'une irrépressible haine.


- Ceux qui vénèrent CelleduFroid sont et resteront mes ennemis jusquà mon dernier souffle ! Vermines, traîtres, poseurs de chaînes. TOUS !

Les traits de son visage cendré encore déformés par ce subit accès de colère, le goliath fit quelques efforts pour se radoucir. Posant sa main sur l'épaule de l'humain au visage peint en face de lui, il lui décocha un infime sourire, accompagné d'une petite inclinaison de sa tête.

- Allons, ami. Vers Chaman Patreveni.

écrit par: Phénix du Grand-Val Dimanche 17 Mars 2024 à 20h36
Ecoutant d'une oreille attentive, le grand jeune homme, haussa les sourcils à la mention d'une deuxième prêtresse à l'oeuvre pour le compte de la déesse Aurile.

- Quoi? Vous voulez dire qu'il y a plus d'une agente d'Aurile en action dans ces contrées!

- Et, outre la relique d'Aurile, il y a le Repentir du Druide a récupérer, car ne l'oublions pas c'est ce que nous, du moins, que j'ai promis à Coeurdebois. Il faudra faire deux pierres d'un coup.

Phénix était perturbé d'entendre qu'il y avait plus d'une adoratrice d'Aurile en action, comme ci la tâche n'était pas assez difficile comme cela.

Le jeune rôdeur était reconnaissant du présent de Savengriff, si celui-ci les protégerait effectivement du froid, ce serait un sacré avantage dans ces contrées où l'hier s'éternisait.

Comme à son habitude Daphnis eu une parole juste.


- Daphnis a raison, passer par le Puits est le mieux que nous puissions faire, Elvira doit être ramenée en lieu sûre, pourriez-vous nous y ramener rapidement?

- Mais avant cela, qu'attendez-vous de nous? Comment voyez-vous la suite des évènements?

Attendant la suite, Phénix jeta un oeil à ses compagnons pour voir leur réaction et leur motivation. Les choses allaient se compliquer, certains allaient peut être défaillir.

écrit par: Phineas Dimanche 17 Mars 2024 à 21h57
La tieffeline haussa un sourcil. Elle ne comprenait pas. Ou plutôt si. Elle avait déjà vu cela chez ceux qui n'étaient pas entrainés à supporter la fatigue et les contraintes : le désir de trouver un objectif et une fin au voyage. Tous semblaient si vite faire confiance à cet homme... un homme qui connaissait son nom alors même qu'elle ne l'avait donné.

- Mes ancêtres ont vécus et sont morts en défendant leur peuple, murmura t'elle pour elle même. Elle n'avait jamais considéré son géniteur comme éligible à une quelconque généalogie. Restait donc sa part maternelle.

Elle regardait Akevath. Elle se sentait étonnamment plus proche du goliath, qui semblait avoir un objectif clair et une hargne bien placé, plutôt que des courbettes de Daphnis.


- Que le Puit ne soit pas officiellement intégrée dans la Confédération n'empêche pas son chef de faire appel aux cercles. Et si c'est pour empêcher la résurrection d'une secte d'Aurile, je ne vois pas non plus le Conclave et la Légion refuser.

Naïve ? Peut-être. Mais elle avait suffisamment longtemps vécu à Lunargent pour savoir qu'un seul puissant mage pouvait faire basculer l'opinion du conseil, et qu'un seul régiment de la Légion pouvait balayer un problème de ce genre. Et puis il y avait les nains.

- Beorunna ne commerce pas avec Felbarr ? Le roi Guerrecouronne laisserait des voisins s'enfoncer dans ce genre de problèmes, qui pourrait lui retomber dessus sans même envoyer quelques nains ?

La semi-diablesse fixait le mage avec toute l'insolence de la jeunesse. Elle ne comprenait simplement pas pourquoi on demandait à de simples aventuriers de passages d'exécuter une mission qui les dépassaient. Elle laissa un instant passer.

- Mais soit, allons y.

écrit par: La Goualeuse Mercredi 17 Avril 2024 à 14h07
Akevath

La spectaculaire réaction du goliath fut accueillie avec un mélange de satisfaction et de crainte. Les manières aussi spontanées que brutales du barbare des cimes ne laissaient pas de surprendre, si bien que le chasseur sur l'épaule duquel il déposa une main fraternelle n'était pas tout à fait à son aise - le sourire quelque peu hésitant qu'il rendit au géant en témoignait.

- Chaman, conclut-il à la lueur de la torche, ne sachant probablement pas comment terminer leur étrange conversation.

On abandonna les dépouilles des gobelours sans le moindre égard pour se diriger vers le camp où Akevath avait déposé son barda, à quelques minutes de là. Un bref débat avait précédé l'allumage d'un feu, dont on modérait avec une vigilance scrupuleuse l'intensité des flammes. Les Uthgardts avaient peu à partager, mais l'offrirent de bon cœur à leur providentiel sauveur : des galettes de pain rassis, du fromage rabougri et de la viande séchée. Il va sans dire que la discussion fut des plus limitées, en dépit des efforts de chacun pour échanger quelques mots. Le blessé fut couché au plus près du feu. On parvint à s'entendre, à grand renfort de gestes, pour organiser trois tours de garde : le goliath prendrait le dernier.

La nuit avait été calme. Akevath avait entendu les chasseurs chuchoter quelques minutes, puis rien. D'abord sur ses gardes, il n'avait pas tardé à se tranquilliser et à sombrer dans un profond sommeil. A son réveil, il semblait établi qu'il pouvait faire confiance à ses nouveaux compagnons.



Deux jours de marche plus tard, leur maigre troupe arrivait au village uthgardt : vaste juxtaposition de tentes, de cabanes et de plus rares bâtisses encerclée d'une haute palissade de bois. De modestes troupeaux de vaches, de chèvres et de moutons, à l'extérieur de l'enceinte, étaient tenus à l'écart de cultures au vert tendre. Quelques villageois, malgré l'heure tardive, s'affairaient encore dans les champs. Chose surprenante, un grand pavillon carré se dressait aussi en dehors du mur. Sur l'épaisse toile blanche à peine ternie par les intempéries trônait un remarquable blason d'azur : un croissant de lune dont les deux extrémités se refermaient sur une étoile. Une douzaine de chevaux étaient attachés non loin. Des voyageurs ?

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Durant le voyage, le Parleur avait rivalisé de mots et d'ingéniosité pour glaner quelques informations. Le foyer des chasseurs se nommait "Trou de Béorunna" - probablement en raison de l'immense cratère à côté duquel les Uthgardts s'étaient établis, au fond duquel il avait pu discerner en arrivant un immense tumulus - et était dirigé par un chef "très fort" et "très sage" nommé "Andar Cœurdebois". Les guerriers qu'il avait secourus étaient rescapés d'une sorte de mission d'espionnage : ils étaient chargés de trouver le repaire des gobelours, de les compter et de confirmer l'existence d'une "femme blanche", vraisemblablement adoratrice de Celle-du-Froid.

L'arrivée des guerriers devait passer d'autant moins inaperçue qu'ils étaient accompagnés d'Akevath, dont la carrure impressionnante et le physique pour le moins atypique ne manqua pas de rassembler une foule de curieux aux portes de l'enceinte.



Haleena, Phenix, Daphnis et Eliza

Les réponses de Savengriff suscitaient toujours de nouvelles questions, toutes plus légitimes les unes que les autres. S'il avait accueilli celles de Daphnis et de Phénix avec une mine plutôt affable, ses traits s'étaient durcis avec plus de sévérité lorsqu'Eliza, un fois encore, lui tint tête.

Savengriff
- Les choses ne sont pas si simples,rétorqua-t-il d'une voix cinglante, le mot "pas" explosant sur ses lèvres. N'avez-vous jamais joué aux échecs ? Rois, reines, prêtres et chevaliers errants... Pas un seul ne bouge sans entraîner une réaction de l'adversaire. Et combien croyez-vous qu'il y ait de camps sur le vaste plateau que forme notre monde ? Le Puits de Béorunna n'est pas même un p...

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On ne saurait donner un âge à cet homme décharné au visage si banal qu'il semble presque familier. Sa barbe peine à dissimuler ses joues creuses tandis que sa chevelure noire accentue son extrême pâleur. Son regard semble recouvert d'un voile grave et triste, celui des hommes qui ont trop de fois trompé la mort.

Le mot mourut sur sa langue, inexplicablement. Il eut à peine le temps de faire volte face qu'un crépitement révéla aux aventuriers ce que le magicien, qui incantait déjà, avait pressenti. Dans une gerbe de flammes, une silhouette vaguement humanoïde, grise comme la cendre et décharnée, était apparue à quelques pas de lui. Faisant fi de l'odeur de soufre qui agressait leurs narines, tous portèrent la main sur leurs armes, prêts à se défendre.

Mais ce combat n'était pas le leur, du moins pas aujourd'hui. Ecartant grand les bras, Savengriff prononça un dernier mot de pouvoir puis s'élança à toutes jambes en direction du trouble-fête, derrière lequel un cercle d'une blancheur aveuglante miroitait. Le portail se referma aussitôt que le magicien eut entraîné son adversaire avec lui, le bruit des corps qui s'entrechoquent cédant place à un vide et à un silence aussi étourdissant l'un que l'autre.



Une bonne semaine plus tard, Ceux que l'Aigle avait choisis arrivaient au Puits de Béorunna après un voyage somme toute assez tranquille.

Passé le sud du Boislune, ils avaient retrouvé sans difficulté la piste qu'avaient empruntée Phénix et Kalam quelques semaines auparavant. Le rôdeur du Grand-Val, comme Eliza, avait rapidement repéré les traces d'un récent passage : un chariot lourdement chargé avait marqué le sol de deux profonds sillages, constellés d'empreintes de sabots ferrés (presque une vingtaine de chevaux). Le convoi, qui avait miraculeusement passé le gué de la Coulée Rouge, était remonté jusqu'au village uthgardt ; il les précédait de plusieurs jours. Aucun autre événement notable n'avait ponctué leur trajet. Savengriff n'était pas reparu ni n'avait envoyé le moindre message. Haleena demeurait taciturne, battant froid au malheureux Daphnis qui ne ménageait pourtant pas les délicates attentions auprès de sa belle et les soins auprès d'Elvira.

C'était le milieu de l'après-midi et, à leur grande surprise, un pavillon arborant le blason de Lunargent se dressait fièrement à l'écart du mur d'enceinte du village. Quelques soldats de la Garde d'Argent, dont les armures de maille rutilaient sous les rayons du soleil printanier, avaient relevé la tête et les observaient arriver.


hrp.gif Considérez que par un heureux hasard, tous les PJs arrivent le même jour au Puits... Les premiers précèdent Akevath de quelques heures.


écrit par: Daphnis Vendredi 19 Avril 2024 à 12h06
Pendant la bonne semaine qu'avait duré leur marche vers le Puits de Béorunna, Daphnis s'était laissé guider par Phénix et Eliza, ce qui lui avait laissé le temps de réfléchir aux derniers événements.

Leur visite au hameau leur avait appris de nombreux éléments sur le rôle des Aurilites dans leur affaire et sur Ahou, tandis que leur rencontre avec Savengriff avait enfin éclairé la nature de cette force qui les manipulait depuis le début de leur aventure. C'était une force du Bien, ce qui rassurait le jeune élu divin. Il restait néanmoins de nombreuses zones d'ombres quant à la suite des événéments et la disparition subite du magicien n'avait malheureusement pas permis de les éclaircir.

L'attitude d'Haleena constituait une autre énigme à résoudre. Y avait-il quelque chose dans les révélations de Savengriff qui l'avait perturbée ? Ou s'agissait-il d'une inquiétude plus générale quant à l'avenir ou quant à Elvira ? Il demeurait persuadé de ne rien avoir fait de mal et continua d'agir comme avant, en espérant que le temps contribue à chasser ce voile qui les séparait désormais. Le reste était entre les mains de Tymora... Il avait vécu quelques aventures amoureuses sans lendemain et s'en remettrait, mais il songeait avec tendresse à ce baiser qu'elle avait déposé sur sa joue...

Arrivé en vue du Puits, le caravanier constata avec stupeur que des soldats de Lunargent occupaient la place.


¤ Voilà qui explique les empreintes de cavaliers et les traces de chariot que nous avons suivies... Les plans de Savengriff seraient-ils en train de se réaliser ? ¤

L'élu divin réfléchit aux conséquences. Si une alliance entre Andar et les forces de Lunargent se confirmait, cela renforcerait considérablement les défenses du village et libérait les aventuriers d'une partie de leur mission : ils pourraient désormais se concentrer sur la recherche de l'artefact perdu.

Mais il restait, à ce stade, trop d'inconnues. S'adressant à ces compagnons, Daphnis déclara :


- Voilà qui est étrange, mais rassurant ! Allons faire part à Andar Cœurdebois de nos récentes découvertes. Et je suis sûr qu'il pourra nous communiquer en retour des informations sur ce qui s'est passé en notre absence...

Il salua d'un geste de la main les soldats en faction et prit la direction de la demeure du chef de la communauté.

écrit par: Phénix du Grand-Val Dimanche 21 Avril 2024 à 09h03
Les compagnons restaient sur leur faim quant à la visite de Savengriff. Il avait éclairci certains points mais d'autres restaient obscures, probablement à dessein.

Une chose était certaine, les aventuriers ne devaient pas dévoiler leur rencontre à qui que ce soit. C'était une des instructions principales de leur protecteur, s'il pouvait l'appeler ainsi, puisque marionnettiste l'avait plutôt froisser se remémora Phénix un sourire aux lèvres.

L'un dans l'autre ils avaient fait quelques découvertes intéressantes et devaient maintenant en référer à Andar et voir quelle serait la suite des évènements.

Le retour s'avéra sûre à défaut d'être reposant, c'était toujours ça de pris dans cette région hostile.

En chemin, proche de leur destination, ils perçurent les traces du passage d'un convoi important et en découvrirent la nature à leur arrivée au Puits.

Etait-ce donc le négociateur de Lunargent qui venait parlementer avec Andar pour que son village les rejoigne? Ils en apprendraient plus bien vite puisque c'est à Andar qu'ils allaient rendre compte maintenant de leur enquête.

Sur base des informations qui seront réunies le groupe avisera de ce qu'il y aura lieu de faire, même si Phénix était persuadé que récupérer l'artefact du village était ce qu'il fallait faire.

En attendant, il tendrait l'oreille et tâcherait de penser aux instructions de Savengriff.

écrit par: Akevath Mercredi 01 Mai 2024 à 17h05
Long était le chemin vers l’éclaircissement de son ignorance. Long.
Mais le Parleur était encore en vie. Il avait craint d’avoir sa gorge tranchée durant les nuits qu’il passait auprès des coureurs des plaines qu’il avait épaulé. Leurs messes basses dans leur langage aux sonorités piquetantes avait, à quelques reprises, éveillé chez lui quelques soupçons. Mais si son meurtre avait peut-être été évoqué en paroles, les actes n’avaient pas suivi.
Aussi profitait-il des instants passés auprès de ses compagnons malgré eux pour en apprendre le plus possible sur leur lieu de vie, leur chef et leur but. Chose plutôt difficile lorsque l’on était réduit à des jeux de mimiques et de gestuelles pour tenter de se faire comprendre…
Les quelques bribes d’information qu’il avait ainsi pu soutirer ne l’avançait pas plus dans sa quête de réponses. Celles-ci devraient attendre. Attendre leur prochain point de chute...



Après de nombreux jours de marche, l’un des coureurs des plaines lui fit signe qu’ils ne tarderaient pas à arriver.
La joie contenue qui animait ce dernier fit sourire le goliath.


¤La fin de cette marche. Enfin.¤

A mesure qu’ils se rapprochaient, la vue des étoles de tissu flottant aux abords du lieu de vie de ses compères humains le tétanisa un bref instant. Se pourrait-il que cela soit le signe rassembleur de Ceux-de-la-lune ?
Parler avec ces porteurs de lune lui paraissait être d’une extrême importance.
Mais avant tout, il devrait parler avec le chef de cette tribu d’humains, cet Andar Coeur de Bois. Pour annoncer sa présence, par respect pour son clan. Ses autres réponses viendraient après.
Peut-être…

Il posa une de ses grandes paluches sur l’épaule de l’un de ses compagnon, puis frappa cérémonieusement son poitrail trois fois avec son poing fermé.


- Ami. Moi, Akevath. Parler à Andar Coeur de Bois. Respect.

Il lui décoché un sourire et attendit patiemment sa réponse.

écrit par: La Goualeuse Dimanche 05 Mai 2024 à 20h34
Daphnis, Eliza, Haleena et Phénix

Pressés de rendre compte de leur périple, les aventuriers se contentèrent de saluer de loin les soldats de la Garde d'Argent pour se diriger sans plus attendre vers l'imposante bâtisse où siégeait Andar Cœurdebois.

En dépit de l'importance capitale de leur mission, ils ne furent pas immédiatement reçus et durent patienter à la porte. L'attente fut d'autant plus singulière qu'un grand hibou au plumage blanc, semblable à celui qu'ils avaient pu observer à maintes reprises dans le Bois froid, était cloué à la porte : une pointe d'acier maintenait chacune de ses ailes mouchetées de noir ouverte, tandis qu'une troisième, logée dans son bec, maintenait sa tête droite. Après avoir échangé quelques mots avec les villageois qui venaient à leur rencontre, Haleena put expliquer que le récit des aventures de "Ceux que l'Aigle a choisis" faisait du rapace l'Œil de la Sorcière Blanche : toute chouette ou hibou à la robe de neige était aussitôt abattu et exhibé de la sorte pour repousser les mauvais sortilèges. Les Uthgardts semblaient plutôt heureux de les retrouver, c'était du moins ce que laissaient penser leurs sourires francs et leurs gestes fraternels. Mais peut-être les plus acrimonieux se tenaient-ils à l'écart... Quelques-uns chuchotaient en regardant Eliza avec méfiance, tandis que les enfants, moins discrets, pointaient les cornes qui s'échappaient de sa chevelure en piaillant.

La porte finit enfin par s'ouvrir, pour laisser sortir un chevalier d'argent à la mise impeccable. Son tabard d'un blanc immaculé, frappé du blason de Lunargent ; sa cape d'un bleu profond, élégamment retenue par une broche d'argent sertie d'opales ; ses bottes au cuir lustré ; tout chez lui, jusqu'à sa barbe brune taillée court et ses moustaches aux courbes gracieuses, signalait un raffinement pour le moins incongru parmi ce peuple fruste. Visiblement surpris de découvrir des étrangers, il marqua aussitôt le pas, barrant sans paraître y penser le passage.


- Bonne rencontre voyageurs, déclara-t-il d'une voix affable, alors que ses yeux d'un noir profond passaient de l'un à l'autre, brillant de cet éclat vif que donnait l'admiration ou la curiosité. Vous devez être bien chers au grand Lion noir pour qu'il congédie séance tenante un sergent de la Garde d'Argent...

Personne, visiblement, n'avait reconduit ledit sergent jusqu'à la sortie.



Akevath

Akevath devina aisément, aux regards suspicieux voire hostiles que jetaient ses nouveaux compagnons vers le pavillon et les quelques soldats en armure rutilante qui en étaient sortis, que ceux-là n'étaient pas encore arrivés quand les chasseurs avaient quitté leur foyer. Ces soldats assistèrent de loin aux effusions que provoqua le retour des Uthgardts dans leur village.

Celui-ci suscita les réactions les plus diverses : la plupart des hommes donnaient aux rescapés une accolade virile, puis s'en détournaient la mine grave, tandis que les femmes, moins nombreuses, les accablaient d'un déluge de paroles avant de pousser de hauts cris en se tirant les cheveux, les yeux baignés de larmes. Les gosses couraient autour, portés par l'agitation sans la comprendre... Nombreux étaient ceux, de tout âge, qui regardaient le goliath avec des yeux aussi ronds et brillants que la lune lorsqu'elle était pleine. Un petit garçon particulièrement téméraire s'était approché pas à pas, la main tendue en avant, comme pour le toucher, avant de faire volte-face à moins d'un mètre du but et de s'enfuir.

Noyé dans cette tourmente, Akevath tenait bon comme le rocher battu par les vents. Peut-être cette scène émouvante réveilla-t-elle en lui le souvenir des siens, qu'il avait abandonné dans un moment des plus critiques ? Dans les cimes montagneuses comme ici-bas dans les plaines, la tristesse demeurait contagieuse. Il profita d'une accalmie pour interroger Yurr, dont les traits s'étaient durcis tant il serrait les mâchoire. Ce dernier pointa du doigt une imposante bâtisse de bois, à l'autre bout de la grande place sur laquelle s'ouvrait l'entrée du village. Puis il leva les mains, paumes ouvertes, et fit comme s'il repoussait l'air entre lui et son interlocuteur ; un geste que le "Parleur" connaissait bien désormais et qui signifiait qu'il faudrait attendre...


hrp.gif Les trois chasseurs seront reçus sans Akevath pour commencer. Il faudrait donc que tu m'indiques ce qu'il fait et où il est pour patienter.

écrit par: Daphnis Mercredi 08 Mai 2024 à 21h24
Tout en progressant dans le village, Daphnis n'avait pu s'empêcher de constater que l'ambiance y avait quelque peu changé. C'était aussi bien le cas vis-à-vis de leur groupe, qui semblait avoir gagné un certain prestige au sein de la communauté, que par rapport à la garnison qui s'y était visiblement implantée durant leur absence. Pour le meilleur ou pour le pire, l'avenir le dirait... Mais, dans l'immédiat, elle rassurait le caravanier.

Arrivé à l'entrée de la demeure d'Andar Cœurdebois, le jeune élu divin avait été surpris de se retrouver nez-à-nez avec un individu qu'il supposa être l'un des responsables de la troupe étrangère. Connaissant le tempérament des Uthgardts, il s'était attendu à trouver Andar avec son conseil habituel et sans personnalités extérieures à la communauté.

A vrai dire, celui lui semblait aussi étrange de pouvoir discuter de manière fluide en commun dans le village, car l'étranger s'exprimait naturellement sans aucun accent. Il répondit poliment à ses paroles :


- La bonne rencontre. Nous sommes en effet porteurs de nouvelles importantes pour Andar Cœurdebois. Mais je ne pense pas que nous eu l'occasion de nous présenter : je suis Daphnis, caravanier originaire de la Porte de Baldur et ami des Uthgardts.

Ce disant, il adressa un petit clin d'oeil à Haleena, en espérant la dérider. Comme à son habitude, il avait pris le rôle de porte-parole du groupe. Phénix et Haleena étaient plutôt de nature taciturne. Quant à Eliza, elle avait au contraire la langue parfois trop pendue.

écrit par: Phénix du Grand-Val Dimanche 12 Mai 2024 à 20h19
Les choses avaient quelque peu changées au Puits, ce soir Phénix ne serait probablement plus canarder de toutes sortes de projectiles par les enfants du coin comme il l'avait été avec Kalam lors de leur première soirée au retour de leur expédition à la recherche du vieux Yusam.

Le temps avait fait son effet et Andar avait certainement mis celui-ci a profit pour faire passer le message que le jeune rôdeur et ses compagnons, les élus de l'Aigle comme ils s'étaient vu appelé, étaient là pour les aider malgré qu'ils soient revenus de leur mission sans le chaman du clan.

Andar ne savait pas les recevoir immédiatement aussi la bande du patienter quelques instants mais lorsque la porte s'ouvrit ce n'est pas un Uthgardt mais bien un membre de la Garde d'Argent qui surgit.

Daphnis avait repris son rôle de porte-parole et salua l'étranger à la mise impeccable. Phénix, quant à lui, se contenta d'un hochement de tête poli à l'intention du militaire, aucune parole n'était nécessaire et au moins il en dirait à cet inconnu au mieux se serait.

Le jeune rôdeur encapuchonné fourbu de leur expédition souhaitait s'acquitter au plus vite du compte rendu afin de pouvoir profiter d'un repos bien mérité avant de passer à la suite des évènements. Aussi montra-t-il amicalement son intention de vouloir rentrer afin que l'homme d'arme leur dégage le passage qu'il obstruait, volontairement ou non.

écrit par: Akevath Mardi 21 Mai 2024 à 05h48
D’un hochement franc et régulier de sa tête, le goliath fit part de sa compréhension à son guide humain.
Attendre. Attendre que leurs bouches révèlent à leurs doyens ce que leur yeux et leurs oreilles avaient découverts lors de leur excursion. Attendre que cette tribu qu’il ne connaissait pas s’habitue à sa présence. Attendre que les choses se passent…
Ceux-ci ne parlaient pas la langue des Autres. Langue qu’il croyait pourtant commune à tous les Autres. Leur parler ne lui serait donc d’une utilité que très limitée.
Aussi se décida-t-il de simplement marcher dans cet endroit qui lui était inconnu. Le nombre de tentes, l'état général des lieux, le nombre de têtes de bétail, l’étendue de leurs cultures, la santé de leurs hommes, femmes et enfants… Leur nombre, leur force, leurs richesses... Tout ce qui pourrait l’aider à mieux cerner cette tribu.

Durant sa marche informative, il finit par se retrouver à distance raisonnable de la grande tente des porteurs de lune. Captivé par leur bannière balayée par les vents, il farfouilla dans sa mémoire une quelconque trace de conte ou d’histoire évoquant de tels symboles. Il s’empara même de la flute sacrée qui lui avait été confiée, dans l’espoir que les symboles qui y étaient gravés lui révèlaient quoi que ce soit qui puisse l’aider à comprendre ce qui lui échappait encore jusque-là. Un espoir qu’il suspectait d’être vain, mais qui subsistait toujours tant qu’il n’avait pas été terrassé par sa propre ignorance...