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La Taverne des Royaumes Oubliés > Quête : La Mer de nuit > Au coin du feu


écrit par: Hermine Samedi 24 Novembre 2018 à 19h06
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Ce sujet est dédié aux discussions RP entre PJs, qui n'ont pas forcément vocation à faire avancer l'intrigue, mais au contraire à approfondir vos personnages, les relations qui les unissent, ou simplement pour passer un bon moment. Vous pouvez aussi vous servir de cet espace pour discuter, en RP, de vos prochaines actions RP.
Ne vous embêtez pas trop avec la cohérence temporelle entre ce sujet et le RP «principal» : l'écoulement du temps entre les deux sujets n'a aucune obligation d'être le même.
À priori, «Elle» n'interviendra pas, ici. Ce sujet est le vôtre, utilisez-le comme vous voulez !

Ah, et vos discussions ne sont pas obligées de se tenir littéralement autour d'un feu. wink.gif


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écrit par: Hermine Dimanche 25 Novembre 2018 à 12h11
Hermine avait elle aussi établi ses quartiers au Voyageur Bichonné. Bien qu'on ne l'y trouvât guère en journée, elle y passait régulièrement en soirée, à l'heure ou marins et ouvriers terminaient leur journée de labeur. Pour qui la reconnaissait, elle y apparaissait alors, visiblement fatiguée, mais la volonté dans ses yeux intacte. Traînant sur son épaule un havresac très lourd et plein à craquer d'outils divers, elle traversait le hall pour aller s'effondrer dans un fauteuil hors d'âge, dans un espace aménagé comme un salon sur le coté de la salle, près de la cheminée.

Assise ainsi dos au mur pour pouvoir, comme sa méfiance naturelle le lui dictait, voir d'éventuelles menaces arriver, elle sortait après quelques instants de son barda du matériel d'écriture qu'elle mettait à profit, griffonnant sur le parchemin diverses notes, en s'aidant d'une petite table basse placée non loin.


¤ Une épée magique vendue à la Forge de Brian ... elle est salée, leur marge. Une autre en dépôt vente à un marchand du Marché Ouvert en quête de réputation ... j'espère qu'il la vendra avant la fin du mois. Deux hallebardes et deux cuirasses pour la villa Adarbrent ... en cours. ¤

Sa comptabilité effectuée, la jeune femme prenait quelques moments pour elle. Deux chevauchées après qu'Arzhaelig, Serena et elle soient arrivés à Eauprofonde, et en dépit de ses démarches relativement prenantes pour nouer les relations commerciales nécessaires au financement de leur expédition, elle-même était parvenue à à percer certains secrets de l'étrange trône qu'ils avaient ramené de la Forêt Oubliée.

Celui-ci semblait pouvoir faire voler un bâtiment d'une soixantaine de tonnes maximum. Il n'était pas nécessaire que le navire soit lui-même capable de prendre les airs par ses propres moyens, ce qui avait permis d'écarter l'hypothèse de devoir dérober -une seconde fois-
Le Dragon des Arcanes, navire volant dans lequel Plume et Sirène avaient déjà eu le loisir de voyager par le passé. Il suffisait de placer l'artefact, qu'Hermine avait baptisé «Timon», dans une pièce dédiée et, après un rituel magique relativement trivial, celui-ci était lié au navire dans lequel il était placé. D'après le principe de contagion magique, celui ou celle qui y prenait place pouvait alors en commander les déplacements aériens.
En théorie, du moins ... Il restait aux aventuriers à tester ces hypothèses.

Songeuse, Hermine se demandait de quelle manière présenter à son ami le problème qu'elle venait de découvrir avec le Timon. Comme toujours avec la magie, il y avait un prix à payer ...

Remettant ses cas de conscience à plus tard, l'aventurière se redressa sur son siège, et disposa sur la table basse un nouvel assortiment de parchemins. De son havresac, elle sortit deux petits objets dorés et un peu biscornus. Ceux-ci s'apparentaient à un sextant et à une longue vue. De sa plume, l'air concentré, elle recommença à annoter la carte du ciel qu'elle tenait devant elle et qu'elle mettait à jour autant que possible, chaque nuit. Quand l'obscurité serait suffisamment profonde, elle remonterait sur les toits, pour continuer ses travaux.

Elle avait entendu parler des performances inoubliables de Plume au
Danseur de Jade. Serena servait d'officier de recrutement et, de loin, semblait remplir parfaitement ces fonctions. Son rôle, à elle, était plus discret, et lui faisait faire triple journée. Même si la jeune femme était un bourreau de travail, elle commençait à accuser le coup. Mais peu lui importait : c'était sa seule vraie piste depuis bien longtemps, et elle ne comptait pas la laisser passer ...

écrit par: Jakelm Fileyeur Dimanche 25 Novembre 2018 à 14h23
Croquer la vie à pleines dents et s'émerveiller du moindre instant passé, tel semblait être le leitmotiv de Jakelm qui n'en revenait toujours pas de sa chance. Depuis qu'il avait être envoûté par les paroles emplies de mystère et de poésie du barde, les événements s'enchaînaient et le gamin avait l'impression de vivre un rêve éveillé. Il faisait officiellement partie de l'équipage du... du comment déjà ? Lorsqu'il avait appris que la future expédition ne possédait encore aucun navire, l'enthousiasme du nouveau mousse n'en avait certainement pas été refroidi. Bien au contraire, ce fait ajoutait encore une touche de sensationnel au parfum d'aventure qui entourait tout cela. Tout se goupillait donc pour le mieux pour Tijak. Le capitaine du Souffle du Rorqual s'était même montré extrêmement compréhensif, ne s'opposant en aucune façon au changement de bord de son mousse, conscient, qu'à l'âge du gamin, le fantastique et le merveilleux primaient sur toute autre considération.

Si tout semblait aller pour le mieux, pourquoi donc l'enfant ressentait une petite boule au ventre au moment de franchir de nouveau le seuil du
Voyageur Bichonné ? Sa timidité naturelle reprenait le dessus alors qu'il s'apprêtait à se présenter devant Hermine.

De façon toute naturelle, en habitué au classement simple des choses, Jakhelm avait défini les différentes responsabilités des "chefs" de l'expédition. Arzhaelig était le capitaine du navire, seul maître à bord après les Dieux et Serana en était, sans aucun doute, le bosco. Dans ce contexte, quelle était le rôle exact d'Hermine ? Dans l'esprit du garçon, elle remplissait naturellement la fonction d'armateur, donc de propriétaire du futur bateau, et avait certainement, à ce titre, un droit de regard sur la composition de l'équipage.

Soucieux de faire bonne impression, Tijak s'était mis sur son trente-et-un, soignant autant que possible son apparence. Le bleu profond de son gilet tranchait harmonieusement avec le blanc de la chemise en lin qui avait presque retrouvé sa couleur naturelle tant le gamin l'avait lavée et frottée. Il s'était attaché à en repriser maladroitement les nombreux accrocs, dissimulant autant que possible, dans ses braies ou sous son gilet, ce qu'il n'avait pas réussi à réparer. Il s'était débarbouillé avec soin et ses cheveux avaient même été mouillés et peignés afin de les discipliner quelque peu.

Prenant son courage à deux mains et s'efforçant d'adopter une assurance qu'il était loin de ressentir, le garçon se présenta devant la jeune femme.


- Je... Euh, excusez-moi de vous déranger, commença-t-il d'une voix encore très juvénile. J'suis Tijak. Le cap'taine, il a dit qu'il fallait que j'vienne me présenter à vous.

Furieux contre lui-même, il se sentait rougir alors qu'il aurait tant voulu apparaître sûr de lui.

écrit par: Hermine Lundi 26 Novembre 2018 à 14h14
Les yeux cernés d'Hermine évaluèrent un instant Tijack d'un air incrédule, avant de se mettre à pétiller, tandis qu'un sourire éclairait les lèvres de la jeune femme.

- Le cap'tain' ? Te pяésenteя à moi ?, interrogea-t'elle, semblant se retenir de sourire trop franchement : elle ne voulait pas donner au jeune garçon l'impression qu'elle se moquait de lui, surtout après qu'il ait visiblement fait autant d'efforts pour se présenter correctement. Se levant de son siège, elle tendit vers lui une main franche : « Hé bien Tijak, je suis Hermine. Bienvenue dans l'équipage. »

Après que l'enfant eut serré la main douce mais ferme de la femme, elle l'invita à prendre place sur le siège voisin. S'ensuivit une brève conversation au cours de laquelle elle lui demanda brièvement quelles étaient ses capacités et, choses peut-être étonnante, ses envies. En effet, plutôt que de lui affecter un poste précis, elle lui demanda quelles étaient ses goûts, ses envies pour l'expédition à venir. Elle semblait réellement chercher à la connaître, et griffonnait quelques notes sur un parchemin qu'elle avait pris sur la pile de papiers. Outre des outils de mesure de précision, la table basse était en effet constellée de parchemins de taille diverses, ainsi que de deux lourds ouvrages de référence.

Au bout d'un moment, Hermine remarqua la curiosité que Tijack semblait porter à la carte qui s'étalait devant eux, tentant de loucher discrètement dessus pendant qu'ils parlaient, avec cette naiveté toute enfantine.


- Tu veux voiя cette caяte, petit ? Il suffit de le demandeя, tu sais ... Se penchant au dessus de la table, Hermine déroula le parchemin en grand. Celui-ci, légèrement décevant, ne comportait que quelques tracés symboliques, assortis de symboles mystiques et de notes éparses. La jeune femme pointait le doigt sur la carte, tout en expliquand patiemment : « Ce n'est qu'un bяouillon, mais ce que tu vois est ce qui se tяouve autouя de la Tae.. heu, de Toяil. Les Messageяs de l'Aube, Anadia et Coliaя. Plus loin, les Cinq Vagabonds ... Je ne sais pas si on pouяяa aller aussi loin ... Ça n'en a pas l'aiя quand on les voit dans le ciel, ou suя cette caяte, mais tout ça est vяaiment tяès, tяès loin ... Ça seяait déjà bien d'alleя diяe bonjouя à la déesse Séluné, qu'en dis-tu ? »

PARCHEMIN
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Au bout d'un moment, Hermine se redressa sur son siège.

- Tout ça est bien beau, mais ... Tijak, que veux tu de moi ? Une assiette de soupe, peut-êtяe ?

Laissant au jeune garçon le temps de préparer sa réponse, elle commanda une repas convenable au serveur.

écrit par: Jakelm Fileyeur Lundi 26 Novembre 2018 à 20h11
Quelque peu déstabilisé par l'accueil chaleureux d'Hermine, Jakelm hésita une fraction de seconde avant de saisir la main tendue. Esquissant un sourire timide en réponse à cette marque de sympathie non feinte, il leva la tête et fixa la jeune femme dans les yeux, lui renvoyant un regard pur et reconnaissant. Généralement, ses interlocuteurs avaient tendance à adopter une attitude emplie d'une supériorité condescendante lorsqu'ils s'adressaient à lui, manquant bien l’écart qui existait entre l'adulte et l'enfant. Mais, dans ce premier contact avec sa future "patronne", Tijak ne ressentit rien de tel, il avait l'impression d'être reconnu comme une personne à part entière et cela, bien qu'inhabituel, était très agréable.

Si la poigne du garçon manquait encore de force, elle restait toutefois ferme et nerveuse, trahissant toute sa vitalité et son dynamisme. Rapidement mis en confiance, le gamin sentait sa réserve s'envoler, répondant aux questions posées, se confiant même davantage qu'il ne l'aurait cru possible.

Il raconta sa vie à Hovdène, village côtier du Téthyr, le travail en mer en compagnie de son père et de ses frères, avouant son manque d'enthousiasme pour ces tâches monotones. Il parla aussi des difficultés du quotidien, de la menace toujours présente que les pillards gobelins faisaient peser sur leur communauté, mais également de ses jeux dans les bois alentours, malgré le danger, avouant avec une bonne dose d'innocence et d'inconscience son attrait pour l'aventure. La témérité affichée restait toutefois tempérée par une grande lucidité. Jakelm avait conscience des risques qu'il prenait mais il était également conscient de ses capacités : discrétion pour passer inaperçu au bon moment et vivacité pour se sortir rapidement d'un mauvais pas.

C'était cette soif d'aventure et de merveilleux qui l'avait conduit à tenter sa chance sur les flots, l'immensité des mers repoussant sans cesse les limites de l'imagination. Limites qui venaient d'être pulvérisées par les nouvelles perspectives qui se présentaient.

Devinant la curiosité du garçon, Hermine venait de dérouler devant lui une carte du ciel, énumérant des noms, tous plus mystérieux les uns que les autres, véritables incitations au voyage.


- Aller dire bonjour à Séluné ?, répéta machinalement l'enfant avant de s'enthousiasmer. Oh, oui ! La Dame d'Argent doit avoir des milliers d'histoires à raconter.

Certes, Tijak n'avait, jusqu'à présent, pas prié particulièrement la Vierge Lunaire même si sa protection était souvent demandée pour contrer la cruauté d'Umberlee - il se sentait toutefois plus proche de Valkur et de sa combativité - mais ils s'allaient s'aventurer dans le domaine de la Déesse de la lune et des étoiles et le gamin se promettait de l'inclure désormais dans ses offrandes.

Surpris par la dernière question, il s'arracha à la contemplation de la carte pour porter les yeux sur Hermine. Qu'attendait-il d'elle ? Il n'en savait rien, lui-même. Initialement, il n'était venu la voir qu'à la demande d'Arzhaelig et s'attendait à subir un véritable interrogatoire. Au lieu de ça, il avait rencontré une personne attentive, soucieuse de connaître les aspirations de l'enfant plutôt que de lister ses compétences et déterminer la façon dont il pourrait être utile à l'expédition sans tenir compte de son avis.

Se sentant en confiance, Jekelm se surprit à plaisanter, approuvant sans réserve l'assiette de soupe promise - après tout, à son âge, on avait toujours faim - ce qui lui laissait un peu de temps pour répondre.


- C'est... c'est plutôt moi qui d'vrais faire que'qu'chose pour vous, protesta-t-il en se passant nerveusement la main dans les cheveux. Ce geste instinctif dérangea le bel ordonnancement de la tenue du garçon, dévoilant une déchirure de la chemise au niveau de l'épaule. Le gilet bleu sombre lui-même ne semblait plus aussi impeccable vu de près. Les marques d'accrocs, grossièrement reprisées, y étaient clairement visible. "Vous avez déjà fait tell'ment pour moi en me parlant comme ça qu'j'voudrais pas abuser. Je n'demande qu'à être utile du mieux possible et à c'que vous soyez contente de moi."

Les rêves du gamin étaient remplis d'aventures merveilleuses où la magie était omniprésente. Il s'était déjà imaginé virevoltant et enchaînant les acrobaties sans jamais tomber, avançant tellement furtivement que personne n'avait conscience de sa présence ou alors gravissant les gréements à une vitesse record mais tout cela restait du domaine du rêve et, dans la réalité, les gens comme lui devaient se contenter de ce qu'ils avaient. Tijak n'avait aucune idée des possibilités offertes par les enchantements mais avait la certitude qu'il ne pouvait pas y prétendre.

Naïvement, tout en engloutissant sa soupe en un laps de temps pouvant faire frémir un Halfelin, le jeune adolescent expliquait tout cela sans vraiment se rendre compte que ses propos ne tombait pas dans l'oreille d'une sourde. Mine de rien, sans avoir l'air d'y toucher, Hermine orientait la discussion et triait les informations délivrées, de façon parfois confuse, par Jakelm. Petit à petit, elle acquit la certitude que ce dernier privilégiait la discrétion à l'approche directe et envisageait de lui donner un coup de pouce dans ce domaine. Mais, là encore, il lui faudrait faire preuve de psychologie car l'enfant possédait une certaine fierté, refusait de demander quoique ce soit pour lui-même et ne voulait surtout pas donner l'impression qu'on lui fasse la charité.

écrit par: Serana Lundi 26 Novembre 2018 à 23h01
Serana sorti en riant de l'arrière cuisine, poussée par une jeune femme aux joues ardentes qui peinait à cacher un sourire de contentement au milieu de ses boucles blondes. Une fois la demie-dragonne dans la grande salle, elle chuchota à son oreille avant de plaquer un baiser sur sa joue.

Apparemment particulièrement satisfaite, elle et après avoir fait le tour de la salle du regard, elle se dirigea vers Jakelm et Hermine, un sourire amusé sur les lèvres. Ayant abandonnée son armure et son épée (Eauprofonde était dangereuse, mais pas le Voyageur), elle portait une ample tunique blanche au tissu délicat et élégant, des chausses de laine noires et se baladait nu-pieds. Cela permettait d'ailleurs de remarquer que, si les ongles de ses mains lui servaient de griffes, elle avait bien trouvé le moyen de tailler ceux de ses orteils, malgré la dureté du cristal dont ils étaient composés.
Quelques clients qui traînaient la regardèrent passer avec un œil mauvais après la scène de tourterelle qu'elle venait d'afficher avec la serveuse.

Elle s'affala sur un fauteuil à côté d'Hermine et saisi la pipe qu'elle avait déjà pris l'habitude de laisser là, la plupart des autres clients ayant déjà compris que, pour quelques temps, un tiers de la salle était sous leur juridiction.

Elle pris quelques minutes avant de s'intéresser au duo. Bientôt, trois anneaux de fumées concentriques s'élevaient vers le plafond. Ses yeux finir par tomber alternativement sur Hermine, puis sur Jakelm.


- Qu'esche que vous complotchez chtout les deuch ? dit elle dans sa pipe, avant de l'enlever de sa bouche. Mais avant de reprendre son regard s'attarda sur le garçon. Dis donc Tijak, t'as pas mangé depuis combien de temps ? Et ton gilet, il a pas vu une aiguille depuis combien d'années ? On va aller faire un tour chez le tailleur avant de partir.

La phrase ne résonnait pas comme un conseil ni un ordre. C'était un fait : Jakelm irait s'habiller correctement avant d'embarquer. Ce qui n'était guère étonnant venant d'une femme qui portait trois anneaux d'or en guise d'accessoire capillaire, et dont même la plus simple tunique semblait faite de soie. Elle porta ensuite l’œil sur la carte.

- Tu as établi un premier cap Hermine ? Non pas que ça m'inquiète, mais c'est mon premier vol. J'aimerais autant être en mesure de savoir ce que l'on va trouver sur la route avant de décoller.

écrit par: Hermine Vendredi 30 Novembre 2018 à 18h09
Tandis que Serena s'approchait d'eux et prenait place à son tour près de l'âtre, Hermine sentit la chaleur lui monter aux oreilles. Elle regarda d'un air nostalgique les volutes de fumée s'élever vers le plafond, avant de se reconcentrer sur ses interlocuteurs. Avec sa façon bien particulière de rouler les R, elle abonda dans le sens de la sang-mêlé :

- Je suis d'accoяd avec Seяena, Tijak : outяe l'aspect "unifoяme" -on aime ou on aime pas-, on ne sait pas ce qu'on va яencontяeя, mais tu y seяas mieux pяépaяé avec autяe chose que des haillons. Elle se tourna vers la jeune femme en pointant la pointe de sa plume vers elle. « Attention à ne pas le tяansfoяmeя en pяincesse bonbonnièяe, il seяait la яisée du reste de l'équipage ... Essaye de pяivilégieя le confoяt et la solidité à l'aspect tape-à-l'œil, d'accoяd ? » S'adressant à nouveau vers le jeune garçon : « Quand à toi, si tu aяяives à te trouver, disons, un gilet ou une veste en cuir d'excellente qualité, яamène-le moi. Seяena et moi feяons en soяte que tu puisses maximiseя tes points foяts. »

Pourquoi venait-elle de s'associer à Serena, alors qu'elle comptait simplement confectionner à Jakelm un gilet enchanté, sans avoir besoin d'aucune aide ? À vrai dire, elle-même l'ignorait. Peut-être était-ce parce que la demie elfe allait conseiller le garçon lors de son achat et que la qualité était déterminante pour servir de base à un enchantement, ou bien parce qu'elle-même risquait de n'être pas très disponible lors du voyage, rendant un peu de gratitude du petit potentiellement turbulent envers son officier utile à cette dernière pour assoir son autorité ? Ou bien parce que ...
Bah, Hermine y songerait plus tard. La question de l'itinéraire était plus pressante.


- Pouя moi, il faut qu'on lève l'ancяe au matin, comme n'impoяte quel naviяe. Inutile d'attiяeя davantage l'attention suя nous. Ce disant, elle fouilla parmi ses étuis et en sortit la carte maritime dessinée par Vibhishana, qu'elle déplia devant eux. Restant un instant les bras croisés dans ses réflexions, Sirène s'empara d'un compas, dont elle se servit pour suggérer une route. « Si nous nous écaяtons des pяincipales яoutes commeяciales -comme ici, en déяivant un peu au Noяd- nous devяions atteindяe un endяoit tяanquille pouя décoller à l'abяi des яegaяds. » Elle pointa une zone conforme à sa description. Après un regard en coin, elle sourit à l'adresse de Jakelm : « N'aie pas peuя de cette espèce de monstяe géant, Tijak, il ne seяa pas là, c'est juste d'une facétie du caяtogяaphe. » Puis, se reconcentrant sur l'itinéraire : « Si nous voguons une jouяnée, décolleя en début de nuit cap plein Ouest devяait nous peяmettяe d'atteindяe la яégion de Séluné et ses laяmes avant la fin de la nuit.
En tout cas, j'espèяe. Il me faudяa un temps d'adaptation pouя utiliseя les pouvoiяs du Timon. Et puis, à paяt dans les légendes, il n'y a peяsonne qui ait jamais vogué là-haut, vous savez ... »

écrit par: Jakelm Fileyeur Mardi 04 Décembre 2018 à 16h15
Les réflexions, parfaitement justifiées d'ailleurs, sur l'état pitoyable de sa tenue firent monter le rouge aux joues du jeune adolescent. Ce dernier en était parfaitement conscient et s'était efforcé de "cacher la misère" mais il devait bien reconnaître qu'il n'était pas très doué en couture. Reproduire les points solides que son père lui avait patiemment appris pour réparer les filets s'avérait de peu d'utilité lorsqu'il s'agissait de repriser du tissu. Un peu bougon d'être ainsi pris en défaut, il marmonna un accord qu'en occurrence personne ne lui demandait :

- Euh, oui, à vos ordres, acquiesça-t-il avec une petite grimace. De toute façon, que pouvait-il faire d'autre face à la coalition des deux femmes ? "J'vous accompagne quand vous l'direz."

Par contre, Serena risquait de s'en apercevoir assez vite, sous son apparence docile, Jakelm cachait une bonne dose d'obstination. Il se trouverait une nouvelle tenue, soit, mais il était hors de question d'accepter n'importe quoi. En particulier, le garçon tenait particulièrement à l'aspect "uniforme" qui marquait son appartenance au monde des gens de la mer et le différencierait au premier coup d’œil des gamins des rues.

Mais, avec toute l'inconstance des enfants de son âge, son attention se vit rapidement happée par un nouveau centre d'intérêt. Profitant du fait que personne ne songeât à le chasser pour aborder des sujets de grandes-personnes, Tijak s'accouda sans vergogne à la table pour examiner la carte déroulée devant lui. Que Deneir lui en soit témoin, il n'avait encore jamais vu semblable merveille. À bord du Souffle du Rorqual, alors qu'il nettoyait la cabine du capitaine, le gamin s'était parfois attardé, discrètement bien sûr, à observer les cartes maritimes oubliées sur une planche de bois et à rêver devant elles. Mais, que ces dernières lui paraissaient bien ternes maintenant en comparaison et si la justesse de celle qu'il avait sous les yeux était du niveau de son aspect, la précision de leur navigation était assurée.

Haussant les épaules avec un peu de dédain au petit pic lancé par Hermine - après tout, il n'était plus un bébé pour s'effrayer d'un rien et, surtout pas, d'un vulgaire dessin, il se pencha un peu plus afin de d'en discerner le moindre détail, suivant du regard le doigt de la jeune femme pointer leur futur itinéraire. Que tout cela lui semblait bien compliqué.


- Je... Vous faites comment pour vous y retrouver ?, demanda-t-il un peu naïvement, d'un voix curieuse. J'aim'rais trop savoir faire ça... Vous m'apprendrez ?

S'interrompant brusquement, Jakelm déglutit avec difficulté, réalisant l’incongruité dont il venait de faire preuve. Après tout, il n'était que mousse et non midship, et, à ce titre, ne pouvait prétendre à ce genre de formation. Il devait déjà effectuer son travail à bord au lieu de se mêler des affaires des officiers. Et, savoir que ces derniers semblaient l'avoir pris en affection ne changeait rien à l'affaire, il n'avait pas à s'immiscer de la sorte dans leurs prérogatives.

- S'envoler vers Séluné, murmura-t-il rapidement, histoire de faire oublier son audace précédente. Que va-t-on trouver là-haut ? Est-ce aussi beau qu'on le dit ?

Revenu à son rêve, Tijak ne voyait que la féerie du voyage, oubliant ses dangers potentiels. Après tout, les menaces résidant au fond des océans étaient loin d'être toutes connues alors que pouvait donc leur réserver une expédition au cœur de la Mer de Nuit ?

écrit par: Hermine Lundi 24 Décembre 2018 à 15h48
Le flot de questions de Jakelm semblait désarmer les adultes qui l'entouraient.
Pas en reste, Hermine ne put qu'abdiquer un instant devant la candeur du garçon.


- Ce qu'on va tяouveя là haut ?, répondit-elle, un sourire flottant sur ses lèvres en écho à sa dernière question. « J'sais pas, j'y ai jamais été. L'aventuяe, les яèves, la яichesse, qui sait ? À chacun d'apporteя sa яéponse, j'imagine. Moi, j'y vais pouя essayeя de tяouveя d'où je viens ... »

D'attendrissement, le sourire de la jeune femme disparut un instant, et son visage devint empreint de nostalgie.
Mais elle se reprit bien vite :


- Et toi ? Que cheяches-tu en яejoignant cet équipage ? Elle lui fit un clin d'œil : « Si tu veux deveniя un meilleuя maяin, entяe autяes en appяenant à tяaceя des caяtes et à calculeя des itinéяaiяes, ça doit pouvoiя se faiяe ... »

Hermine disait visiblement le moins pour laisser entrendre le plus. Entre Vibhishana pour la cartographie, Serana et Arzhaelig pour le commandement, Granit pour la gestion d'un équipage ou même Barvar pour la cuisine, ou même d'autres membres de l'équipage encore, Tijak aurait accès à de nombreux interlocuteurs et potentiels enseignants pour apprendre un vaste panel de connaissances et de compétences.
L'aventurière lui confia qu'elle-même ferait de son mieux pour lui permettre de se perfectionner plus avant dans le métier de marin. Conduite de navie, cartographie, connaissance de la géographie maritime, voire commandement d'équipage ou même ingénierie navale, celui-ci permettrait d'accomplir bien des choses durant le voyage ...

écrit par: Hermine Lundi 24 Décembre 2018 à 16h45
Voilà quelques temps que le Protecteur voguait sur la Mer de Nuit.
Un matin, les marins qui s’éveillaient constatèrent que le pont inférieur avait été décoré. Branches de sapin, de gui et autres plantes odorantes avaient été posées en arrangement sur les tables, suspendues au plafond ou accrochées en couronnes aux murs ou aux portes. Le tout était assorties de quelques chandelles -trop petites pour déclencher un incendie, évidemment : le difficile départ de la Mer des Épées et le début d'incendie heureusement maîtrisé était encore dans toutes les mémoires.

Plus que la décoration, ce qui intéressa vivement l'équipage était une vaste table dressée en travers du pont inférieur. Celle-ci avait été garni d'un bon repas : brioches aux raisins secs, d'amandes ou de noix, tartes aux figues, des saladiers de mandarines, d'oranges, ou de poires, des melons et des dattes, et mêmes d'étranges beignets sucrés de forme biscornue. Le tout assorti de divers jus de fruits et, évidemment, en libre service !
Hermine et Barvar avaient organisé ce petit buffet en cachette. Eauprofonde était un port cosmopolite, et il semblait bien que les deux compères avaient ménagé une petite caisse noire avec le reste des profits pour acheter quelques marchandises exotiques peu périssables et organiser ce casse-croûte.

La pilote du
Protecteur, quand à elle, circulait parmi les marins. Bien que fatiguée et porteuses de plusieurs blessures -ecchymose à la joue droite, et plusieurs traces de griffures sur les avant bras-, elle faisait bonne figure, souhaitant en souriant un bon appétit aux matelots.

Lorsqu'elle rencontra ses quatre amis, tout en expliquant que c'était simplement une tradition de par chez elle et qu'il n'y avait aucune obligation de réciprocité, elle dévoila à chacun un petit cadeau. Une conque qui produisait une note douce quand on soufflait dedans et faisait entendre des sons étranges et apaisants quand on y collait l'oreille pour Arzhaelig, un joli pendentif pendentif en or serti d'un prisme de cristal pour Serana, et un charmant voile bleu parfumé pour Metzli. Quand à Jakelm, la jeune femme lui signifia qu'il avait déjà reçu pour cadeau son gilet brodé d'étoiles qui semblaient luire faiblement quand on les regardait longtemps ... avant de sortir de son gilet un ballotin de chocolats.

Autour de ce buffet, le moral des marins était bon.
C'était là une occasion parfaite pour les aventuriers de faire plus ample connaissance, s'ils le désiraient.

écrit par: Arzhaelig Vendredi 28 Décembre 2018 à 14h49
Arzhaelig n'eut rien de mieux qu'une franche accolade à offrir en retour à son amie. Il manipula un instant la conque et tenta de battre son propre record de la plus longue note possible, s’interrompant d’un éclat de rire en voyant la mine de son équipage –par ennui ou surprise qu’un fétaud puisse avoir autant de souffle, allez savoir.

Le barde profita de cette occasion de détente pour faire plus ample connaissance avec Vibhishana, fils de Kumbakarna. L’Estagund était loin et il n’avait eu que peu d’occasion de parler de cette région avec un natif et de découvrir l’Adama d’après la vision d’un fidèle. Un ‘maquar’ était passé en Eauprofonde, enquêtant avec d’autres aventuriers sur la série de noyades étranges qui y avaient été relevées. Comment s’appelait-il déjà ? Sahadeva ? De ce qu’il avait compris, ils tenaient tant la vie pour sacrée qu’il leur était pratiquement interdit de l’ôter à qui que ce soit. Arzha’ restait interdit sur la manière de respecter ce vœu en parcourant les Royaumes tant les mauvaises rencontres étaient monnaie courante et nécessitait souvent de se battre pour y survivre.


- Belle rencontre, nous n’avons pas eu l’occasion de nous présenter l’un l’autre même si nous connaissons, l’un et l’autre, nos rôles respectifs dans cette aventure. Tu es le cartographe et moi ... le joueur de flute ! J’ai vu ton travail de cartographie, c’est remarquable ! Félicitations ! J’ai moi-même appris le dessin mais je ne crois pas avoir ton niveau. La finesse de tes traits est stupéfiante.

Du bout du doigt, le capitaine longeait les côtes, chuchotant le nom de chacun des ports qu’il effleurait, son visage s’éclaircissant ou se fermant en fonction du souvenir que chacun réveillait.

- Par contre, je me suis toujours gardé de dessiner des monstres marins. Certains dieux taquins n’ont besoin de rien de plus pour se motiver à envoyer de pareilles créatures sur les navires de la Côte des Epées.

Arzhaelig déroula un parchemin de sa propre version de la côte des épées. Il l'a trouvait très moyenne artistiquement parlant mais était parfaitement clair.

- Metzli ! Est-ce que tu as déjà fait la rencontre de notre cartographe?

écrit par: Metzli Arnesen Samedi 29 Décembre 2018 à 15h47
Metzli avait offert un sourire aussi ravi que sincère à Hermine. Bien que cela puisse sembler étonnant, cela faisait plusieurs mois que personne ne lui avait rien offert, la vie d'aventurière étant bien souvent solitaire ; qui plus est, le voile bleu lui plaisait beaucoup et elle ne tarda pas à le passer autour de son cou en humant le parfum délicat qui en émanait.

- Merci beaucoup, Hermine, cela me touche beaucoup!

Enthousiaste, elle fit une accolade à Hermine et lui demanda :

- Mais tu parles de "par chez toi", où est-ce exactement? J'ai rarement eu l'occasion d'écouter un accent comme le tien... et je pense que nous devrions adopter cette tradition chez nous!

Elle repensa, l'espace d'un instant, à Athkatla et à son père qui y résidait toujours et caressa son familier, tout en attendant la réponse de son interlocutrice. Elle entendit Arzhaelig entamer une discussion avec Vibishana et hocha la tête en lui signifiant qu'elle avait bien eu l'occasion de discuter avec le cartographe mais elle laissa celui-ci s'exprimer comme il l'entendait.

Vibhishana
- Enchanté de faire votre connaissance, cher confrère! répondit-il en inclinant légèrement sa tête tout en joignant ses mains l'une contre l'autre. Il s'assit en tailleur avant de poursuivre.

- Je n'ai guère de mérité, je fais partie d'une caste qui se dévoue corps et âme aux choses de l'esprit ; nous laissons aux Maquars le soin de nous défendre et aux paysans celui de nous nourrir. J'ai pu me consacrer pleinement à mon art dès que j'ai trouvé ma voie, avec le soutien de Zionil et de Curna. Le plus difficile a été de convaincre les miens de me laisser partir, nous ne sommes guère voyageurs.

Il ajouta avec un petit sourire :

- Quant aux monstres, j'ai pu remarquer qu'ils étaient moins présents sur les cartes de cette région ou, à tout le moins, moins soignés. En Estagund, c'est une habitude que de les représenter de la sorte, peut-être par peur des dangers inhérents aux voyages. En tout cas, je les trouve plus amusants à dessiner que de sordides pirates assoiffés d'or et de massacres. A vrai dire, ce géant est la première créature de la sorte que j'ai eu l'occasion de croiser sur les mers : rien de tel sur la Grande Mer ou la Mer étincelante. Sont-ils habituels en cette région ?



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Cet homme au teint légèrement basané, rasé de prêt, porte un étrange turban sur la tête et semble transporter quantité de cartes, de compas et de globes dans ses paquetages. Ses manières sont raffinées et il s'exprime, d'un ton toujours égal, avec un léger accent durpari.


écrit par: Serana Samedi 29 Décembre 2018 à 23h06
- C'est tout les paradoxe des géants et des dragons. Immenses, surpuissants, et pourtant capables d'une extrême discrétion. Peut-être qu'après s'être mis sur la gueule pendant des millénaires, ils sont plus sages qu'on ne pourrait le croire.

Depuis qu'ils voguaient sur les nuages, la demie-dragonne était relativement silencieuse. Elle s'attachait à améliorer ses connaissances pour faire une meilleure officière. Mais par rapport à l’exubérante créature qu'elle était avant le départ, c'était le jour et la nuit. Elle ne démarrait pas les blagues et ne buvait pas outre mesure avec l'équipage. Elle passait une grande partie de son temps sur le pont. Seule elfe de l'équipage, elle n'avait guère besoin de sommeil. Et tout le monde avait rapidement compris que le froid qui régnait sur la Mer de Nuit n'avait qu'un impact négligeable sur elle.

Le jour qui avait suivit la tempête, elle avait emprunté quelque cartes de Vibhishana et tenter de savoir où ils étaient. Elle passait ses nuits, et une partie de ses journées les yeux rivés sur les étoiles. Les étoiles étaient bien différentes que sur la terre ferme. Elles les entouraient, partout, et les cartes stellaires habituelles en devenaient relativement utile.

Mais il semblait aux plus observateurs que ce hobby n'était que ça, un hobby. Elle restait relativement distante, et n'avait tenté de séduire personne. D'ailleurs, alors qu'elle avait une tendance au vêtement trop ouvert en temps normal, ceux ci était désormais plus boutonnés, et aux manches plus longues. Bien sûr, elle disait que c'était à cause de la température descendante. Ce qui n'avait évidemment aucun sens.

A ce moment là, elle était assise un peu à l'écart, aiguisant les pointes de ses flèches, et sa réaction à la question du cartographe était la première de la soirée. Elle se frotta la nuque.

écrit par: Jakelm Fileyeur Dimanche 30 Décembre 2018 à 20h45
Les journées de Kakelm étaient bien remplies par les multiples travaux que nécessitait l'entretien d'un navire et il ne voyait pas le temps passer. Maniant dès la première heure le balai pour astiquer le pont, il allait ensuite assister le coq pour la préparation du repas avant de nettoyer la cambuse. Puis, installé sur le pont, il reprisait les voiles, lovait les cordages et réalisait les épissures indispensables à leur maintien en condition. Sous la poigne ferme et bienveillante de Granit le bosco, ce fils de pêcheur, d'abord dégrossi à bord du Souffle du Rorqual, était en passe de devenir un marin aguerri.

Toujours de bonne humeur, Tijak ne rechignait pas à la tâche et il fallait parfois user d'un peu d'autorité pour le tempérer et éviter qu'il ne s'épuise à s'entêter à accomplir des travaux trop pénibles pour son jeune âge. Dans cet emploi du temps chargé, le mousse parvenait néanmoins à se ménager quelques instants de répit. S'il adorait aller se jucher tout en haut du grand mât, dans le nid-de-pie, pour tailler la bavette avec Eroan qui voletait autour, sans toutefois négliger de surveiller les environs, ce qu'il aimait tout particulièrement, c'était les cours de navigation. Tenant ainsi sa promesse, Hermine avait demandé à Vibhishana de donner au gamin des rudiments de cartographie. Avide d'apprendre et doté d'une excellente mémoire, Jakelm était un élève studieux, même si, parfois, son imagination débordante l'embarquait dans un voyage fantastique, alors que son professeur s'échinait à continuer sa leçon, en vain à ce moment précis. Rappelé à l'ordre, l'enfant affichait aussitôt un air de si sincère contrition qu'il était impossible de lui en vouloir, et la leçon continuait comme s'il ne s'était rien passé.

Après les péripéties du décollage, le voyage de Protecteur se poursuivait calmement, voire de façon un peu monotone, mais personne à bord ne songeait à s'en plaindre tant les Dieux peuvent se montrer capricieux et vouloir satisfaire, juste pour s'amuser, les souhaits d'un marin en mal de sensations fortes.

Un matin, les yeux encore endormis de Jakelm s'écarquillèrent de surprise en découvrant le nouvel aménagement du pont inférieur. Un sourire ravi éclaira le visage du mousse alors qu'il se précipitait vers le buffet dans un empressement tout enfantin. Il ne s'attendait vraiment pas à pareille chose et tout lui semblait fabuleux.

Ayant assisté à la remise de cadeaux, il acquiesça tout naturellement quand Hermine lui signifia qu'il avait déjà reçu le sien au moment du départ, tant ce gilet constituait déjà un présent royal aux yeux du garçon. Mais, riant sans doute sous cape de sa petite plaisanterie, la jeune femme sortait déjà le ballotin de chocolats arrachant un hurlement enthousiaste de la part de Tijak.


- Oh, merci m'dame Hermine, s'exclama-t-il avec sincérité. Mais, fallait pas... Enfin, non, si, j'veux dire, c'est trop gentil...


Et, spontanément, le gamin sauta au cou d'Hermine, l'embrassant sur les deux joues puis, radieux, il s'éloigna, serrant son trésor contre lui. Akors qu'il errait tranquillement au milieu des marins, échangeant des plaisanteries avec tous, ses pas l'amenèrent près du capitaine en grande conversation avec Vibhishana, comparant leurs travaux respectifs en matière en cartographie. Curieux, Tijak s'approcha et jeta en regard émerveillé à la carte dépliée par Arzhaelig. Cette dernière semblait fabuleuse à l'enfant, toujours prompt à s'émerveiller devant tout ce qui touchait à la navigation.

- C'est magnifique, Cap'tain', l'assura-t-il avec toute la fougue de sa jeunesse. Vous en avez vu des choses lors de vos voyages... Euh, vous voulez un chocolat ?

Et, naïvement, l'enfant changea de sujet et présenta spontanément aux adultes le petit ballotin, leur offrant gentiment de partager son cadeau.

écrit par: Hermine Jeudi 10 Janvier 2019 à 13h38
La jeune femme fut visiblement ravie de la réaction de l'équipage à sa petite initiative. Notamment, elle avait ri lorsque Plume avait soufflé dans le coquillage, et l'accolade de Jakelm lui fit chaud au cœur et, même s'il semblait que celui-ci n'aimait pas trop ça, elle ne put s'empêcher d'ébouriffer les cheveux du mousse, qu'elle regarda s'eloigner, avec une pointe de mélancolie.

Même si elle aurait dut s'y attendre, la question de Metzli la prit de court. L'espace d'un instant, elle chercha un échapatoire, avant de finalement abdiquer : le partage était un élément important de ce jour, et se confier à autrui était aussi une manière de lui faire un des plus beaux cadeaux, la confiance.


- Chez moi ... Ma steppe, celle où j'ai gяandi ... Elle plissa les yeux, comme en proie à ses souvenirs : « C'est un paysage froid, battu par les vents, où ne poussent que les lichens et des buissons maigяelets. Les chevaux, яichesse des miens, s'y ébattent, sans baяяièяes pour les bяideя ... Toute l'année, ma tяibu les suit, démontant et яeconstяuisant nos tentes de peau au fuя et à mesuяe des besoins ... En tentant désespéяément de nous pяéseяveя de la Menace venue du Sud, l'Empire du sombre dieu fait homme, ... »

Revenant à elle, elle regarda la jolie ensorceleuse droit dans les yeux, pour lui avouer la vérité : en fait, elle avait perdu le chemin de chez elle. Au cours de son adolescence, elle s'était perdue. Tout ce qu'elle connaissait dans sa jeunesse, les pays, les peuples, les constellations, même ... Tout s'était évaporé, et avait été remplacé par ce qu'elle avait appris à connaître, et peut-être, à aimer : Abeir-Toril, Féerune, et ses habitants.
Quand elle avait appris la magie et l'existence des plans extérieurs, elle avait cru un moment en être issue ... Mais non, elle était tout ce qu'il y avait de plus humaine, car banissements et cercles de protection n'avaient aucun effet sur elle :


- ... Cяois-moi, j'ai essayé, confia-t-elle à Metzli, en baissant la voix tristement. « La deяnièяe hypothèse, c'est que vous vous êtes tous embaяqués avec une folle à lieя. Jouet des dieux, manipulée, ou piяe ... »

Une larme coula le long de sa joue. Elle détourna les yeux un instant, le temps de reprendre contenance. Pour se faire, elle serrait entre ses doigts son pendentif, simple cercle de bois flotté gravé de deux lignes courbes, en un symbole que l'ensorceleuse ne connaissait pas. Soudain, elle se redressa, les yeux brillants, mais la voix passionnée -ce qui, en considérant ce qu'elle venait de dire, pouvait ne pas être rassurant :

- Mais les étoiles, tu compяends ? Si j'aяяive à яetяouveя les miennes, quelque paяt, là haut ? Peut-être qu'il y auяa mon pays, en dessous ! Peut-êtяe ... qu'il y a quelque chose, pour moi, là haut ? Elle soupira, consciente de l'effet vaguement effrayant qu'elle produisait peut-être sur son interlocutrice. Elle s'excusa, puis, en souriant humblement : « Et au piяe, comme on dit, il y auяa ... l'aventuяe ! Est-ce pour cela que tu es là, Metzli ? Ou est-ce que, toi aussi, tu avais un objectif caché en pяenant paяt à cet équipage ? »

Hermine s'était confiée à une quasi-inconnue, ça n'avait pas eu l'air d'être facile. Mais elle écoutait maintenant attentivement, curieuse d'en apprendre davantage sur sa magicienne du bord. Après tout, c'était bien ainsi qu'on passe du statut de quasi-inconnues, à -qui sait ? Peut-être, amies ?

écrit par: Metzli Arnesen Mardi 15 Janvier 2019 à 08h57
Metzli fut réellement bouleversée par le récit d'Hermine. Elle s'attendait à ce que sa compagne de route lui décrive une terre lointaine du Nord ou de l'Est. Elle-même avait perdu sa mère en bas âge et été trahie par un homme qui ne la méritait pas mais elle avançait tout en sachant que son père et ses amis vivaient à Athkatla et constituaient un point d'ancrage solide dans sa vie. L'ensorceleuse fut gênée d'avoir posé cette question à brûle-pourpoint mais aussi touchée que son interlocutrice lui ait répondu avec une telle franchise. Compatissante, elle posa sa main sur l'épaule d'Hermine en signe de réconfort :

- Je suis sincèrement désolée pour toi, Hermine... J'espère de tout mon cœur que nous trouverons là-haut ce que tu cherches. En tout cas, je m'engage à t'y aider si nous en avons l'occasion!

Peut-être avait-elle trouvé là un véritable but à sa participation à l'expédition, une expédition qui s'annonçait passionnante mais qui ne répondait aux normes de celles dans lesquelles elle s'engageait habituelle. La jeune femme expliqua à Hermine, légèrement rougissante :

- Très honnêtement, je pense que ma raison d'être parmi vous se trouve là-bas...

Ce disant, elle pointa du doigt Arzhaelig, avant de poursuivre :

- Lorsque j'étais toute jeune aventurière, après avoir difficilement survécu à une aventure en Cormyr, j'ai rencontré Arzh' près du village de Bulborp. Avec trois ou quatre compagnons, nous avons mis fin à la présence d'un culte de nécromanciens qui sévissait dans la région et qui capturait de malheureux villageois pour ses terribles expériences. Arzh' était le plus expérimenté d'entre nous et j'ai énormément appris à ses côtés... Nous nous sommes mutuellement sauvés la vie à plusieurs reprises et cela crée des liens indéfectibles. Mis à part N'Djouma qui faisait également partie de notre groupe, je n'ai jamais développé de tels liens d'amitiés et de confiance avec les aventuriers croisés au hasard de la route...

Elle se rassit, saisit son peigne pour recoiffer sa belle chevelure et poursuivit pensivement :

- Quand il s'est mis à chanter, je n'ai ni pu ni voulu résister à son appel. L'aventure, bien sûr, m'intrigue et m'attire mais je ne m'engage que rarement dans une quête si elle ne sert pas directement à aider autrui. Je pense que si les dieux m'ont accordé mes pouvoirs, c'est sans doute pour apporter un peu de bien autour de moi. Aussi, j'espère vraiment que nous pourrons t'aider...

Un sourire triste mais plein d'espoir et de compassion s'épanouit sur son visage.


écrit par: Arzhaelig Mardi 22 Janvier 2019 à 16h22
Il y avait tant de choses à faire, tant d’éléments à prendre en compte, tant de questions insolubles, d’inconnues à considérer qu’Arzhaelig en avait le tournis dès qu’il n’était plus dans l’adrénaline de l’action. Il passait la majeure partie de son temps à vérifier les cartes et confronter ses observations avec celles de Vibhishana, faire le point avec Granit sur la vie de l’équipage, les difficultés qu’il pouvait rencontrer avec l’un ou l’autre, prendre la température auprès de Serana, s’assurer qu’Hermine gardait les idées assez claires pour les guider et ... qu’elle ne perdait pas plus que ce qu’elle en disait.

Par moment, ses responsabilités lui pesaient. Non qu’il ait l’intention de les rejeter, qu’il le regrette ou souhaitait les reporter sur quelqu’un d’autre, juste qu’elles lui pesaient. Dans ces moments, il s’octroyait parfois une pause, quand son bien être mental en dépendait, et dans ces moments, la seule présence de Metzli était un véritable réconfort.

Il n’y avait aucun lien hiérarchique entre eux, il ne s’en sentait pas le capitaine mais juste le compagnon de voyage. Pas besoin d’ordre, aucune crainte de se livrer ou de partager les informations destinées au seul carré des officiers. Le barde était dans un de ces moments de repos, un verre de rhum liquoreux à la main, pour le goût, jamais pour l'ivresse, quand il vit Eoran ouvrir la porte pour s’excuser aussitôt.


- Entre donc Eoran ! Nous ne sommes plus assez bas que pour risquer quoi que ce soit –et pas encore assez haut pour risquer d’autres rencontre.

Il n’aurait pas pu le jurer mais personne à bord n’en savait rien et le Raptorien semblait avoir vraiment besoin de souffler un peu lui aussi.

- Que penses-tu de notre épopée ? Je pense que ta Marche des Quatre Vents sera unique au regard de ce qu’aucun autre n’aura vécu avant toi. Je regrette que nous n’ayons pas l’occasion de planer ensemble parce que je n’ai aucune idée de la distance dont nous pouvons nous écarter du Protecteur.

Peu de non-raptoriens devait connaitre quoi que ce soit de ce rite initiatique propre à une race presque inconnue. Arzhaelig était de ce nombre, par chance ou par hasard. Les falaises des Îles Pirates, pour inhospitalières qu’elles soient, sournoises et dangereuses, sont le repère d’ harpies pour quiconque est incapable de faire la différence. Lors d’un acte de piraterie, ils avaient trouvé le corps du jeune Zéphyr, un raptorien qui s’était cru trop tôt capable de voler plutôt que de planer et s’était blessé sur les récifs. Ils l’avaient repêché par curiosité, l’avaient soigné en se rendant compte qu’il respirait encore, et l’avaient gardé à leurs côtés le temps qu’il se remette de son expérience. S’il avait oublié jusqu’au nom de son bateau et que les visages du reste de l’équipage se perdait dans un étrange nuage, le barde se souvenait parfaitement de leurs longues soirées de débats passionnés sur la piraterie et l’exploration d’îles inconnues, terres natales de créatures pensantes.

Se levant pour se resservir un verre et remplir celui de Metzli, il étendit ses ailes de fétaud en ponctuation de son propos avant de les faire disparaitre à nouveau. Depuis qu’il savait volé, il restait rarement longtemps cloué au sol, ces sensations lui manquait alors qu’il n’était pas né pour voler.


- Nous volerons ensemble, dès que possible.

écrit par: Jakelm Fileyeur Mercredi 23 Janvier 2019 à 15h29
C'était certain, il n'y avait rien de tel qu'une petite fête pour galvaniser l'équipage et lui faire oublier momentanément toute la difficulté de la vie de marin. Certes, sur un navire se déplaçant dans l'immensité de l'espace, il n'y avait pas lieu de lutter contre l'océan, de se confronter aux obstacles que Valkur leur mettait dans les jambes pour les tester et les forcer à se surpasser ou de braver les périls que Umberlee ou Talos, par pure sadisme, se plaisaient à provoquer mais le travail ne manquait pas à bord et toute pause, surtout festive, était bonne à prendre.

Hermine, avec la discrète complicité de Barvar, l'avait bien compris et avait su créer cet instant où le temps semblait s'arrêter pour que tous puissent profiter de ce moment de détente pour penser à autre chose et, simplement, goûter au plaisir d'être ensemble. Rien de tel pour connaître les hommes et forger une véritable cohésion au sein de l'équipage.

Maintenant, passés ces instants de détente, une fois les conversations éteintes devant les tables vides de toute nourriture, il fallait tout remettre en ordre. Sous les ordres clairs et efficaces de Granit, tout fut rapidement démonté et rangé et il appartenait maintenant à Jakelm de nettoyer le pont pour y faire disparaître les dernières traces de la fête. Le navire devait être remis en état rapidement et rien ne devait traîner sur le pont pour ne pas gêner la manœuvre. Pour le moment, la destinée du Protecteur était entre les mains de Shaundakul et rien ne semblait vouloir menacer leur vol mais ils évoluaient en plein inconnu et devait se tenir prêts à faire face à toute situation.

Fredonnant avec entrain une chanson dont il inventait les paroles au fur et à mesure, Tijak maniait le balai avec enthousiasme. Garde à quiconque se fut trouver sur le chemin de cette véritable tornade, il eut risqué de se voir propulser par dessus le bastingage !

Après ces efforts, le mousse s'était réfugié dans la cambuse au prétexte d'aider le maître-coq dans la préparation du repas. Cette nouvelle activité n'était en fait qu'une excuse pour passer un peu de temps en compagnie de Barvar. Il y avait toujours quelque chose à grignoter, une gamelle au fond de laquelle restait un peu de crème à lécher. Connaissant la gourmandise du gamin, le cuisinier semblait prendre plaisir à "oublier" ces friandises, feignant de s'en étonner lorsque son assistant les découvrait "par hasard".


- Dis donc, Barvar, le tança Jakelm, d'un ton faussement boudeur. Vous nous avez bien caché votre jeu avec m'dame Hermine. Tu aurais quand même pu m'mettre dans l'secret pour tout préparer...

Puis, dans un éclat de rire, le garçon rejetait ces reproches, reconnaissant, qu'au fond, la surprise n'en avait été que meilleure et que c'était une vraie bonne idée qu'ils avaient eu là.

écrit par: Arzhaelig Mardi 29 Janvier 2019 à 15h10
Une fois de plus, Arzhaelig saluait Serana, la remerciant pour son travail du jour, et pris congé pour se reposer. Depuis très longtemps, l’anneau qu’il portait à la main gauche lui permettait de se reposer peu, et bien plus efficacement, pour retrouver toute son énergie en une poignée d’heures seulement sans changer ses habitudes pour autant. Le barde aimait trop rêver pour réduire ce temps. Quand rien ne nécessitait qu’il dorme moins qu’un autre, il laissait avec plaisir son esprit vagabonder dans les songes et redessiner ses souvenirs de la journée écoulée.

Quelques jours plus tôt, entre la Forêt Oubliée et Eauprofonde

- Serana, si nous en profitions pour faire plus ample connaissance ? Nous allons entreprendre une véritable épopée ensemble, il est toujours bon de connaitre les atouts de ceux qui nous accompagnent, tu ne crois pas ?

Arzhaelig lui avait peint un tableau rapide et bien plus structuré qu’à son habitude de qui il était et de ses propres ressources. De l’enfant aquafondais, élevé dans le quartier du port par sa mère et son oncle pendant que son père parcourait les sept mers sur un navire pirate à son exil –sur lequel il resta assez secret- en passant par ses classes dans la Nouvelle Olamn, son apprentissage du Chantevent, sa vie de pirate et tout le brouillard qui l’entourait encore, son entrée dans la Main des Mystères, son voyage à bord du Dragon et ses dernières aventures qui avaient vu apparaitre les ailes qu’il lui dévoila. Il lui expliqua son lien nouveau avec le Peuple Fée depuis qu’il avait mis un terme avec l’aide d’Hermine et d’autres aventuriers à une monstrueuse chasse aux Criggs et sa nouvelle compréhension de Féérune à travers lui.
A l’aide d’une carte qu’il griffonna rapidement, il localisait chacun des lieux par lesquels il était passé, les enrobant d’anecdotes quand un souvenir plus vivace lui revenait.


- Et toi ? Tu as titillé ma curiosité avec ta mention d’un LeShay, je suppose que ce n’était pas ta première aventure. Je suis curieux mais je n’essayerai pas de creuser ce que tu ne veux pas partager, question de respect pour tes mystères que tu préfères conserver.


écrit par: Serana Mardi 29 Janvier 2019 à 18h54
La demie-dragonne était bien souvent la dernière dans le mess. Sans parler du fait qu'elle n'avait guère besoin de dormir, elle avait surtout beaucoup à rattraper. Elle passait son temps à ressasser les conseils qu'elle avait entendu dans la journée de marins plus expérimentés, et à s'entrainer au nouage, discipline qui, étrangement, semblait être une sorte d'étalon de la compétence marine. Plus que le pied marin, plus que le sens tactique, il fallait savoir faire des nœuds. Et tout cela pour l'unique raison qu'elle supportait d'être une cheffe incapable. Elle avait l'intuition que la hiérarchie dans un groupe n'était pas nécessaire, mais il lui semblait difficilement tolérable qu'un officier ne puisse faire ce dont est capable un mousse.

Lorsqu'elle n'en pouvait plus, elle posait le bout qu'elle torturait. Et se versait une lampée de rhum. L'alcool l'aidait à supporter les démangeaisons qui s’accroissaient de jour en jour, et le tiraillement douloureux de ses muscles et des sa peau. Son héritage draconique était, dirait certains, sympathique. Contrairement à d'autres qu'elle avait rencontré, elle paraissait encore elfe pour la plus grande partie. Les parties visibles de son corps étaient pour beaucoup couvertes d'écailles adamantines mais elle restait svelte et gracile. Même sa peau, pour autant plus solide que du cuir gardait une certaine douceur, un certain soyeux. Étonnement, et malgré le peu d'affection qu'elle portait au Beau Peuple, elle prendrait difficilement une transformation radicale. Quelque part, elle se disait que la magie de sa mère, ou Shaundakul, lui permettait de rester ainsi. C'était une chance. Les dragons inspiraient la terreur, même si elle savait que ce n'était pas toujours mérité. Pas plus, du moins, que l'adoration admirative que vouaient certains humains aux elfes. C'est le mystère qui l'avait conduite à s'intéresser à l'histoire draconique. Celle des elfes n'en était pas dénué, certes, mais en voir un peu partout rendant les secrets moins alléchants. Et en cherchant, l'hybride avait constaté que, sans parler des drows, les elfes n'avaient rien à envier aux dragons question ravages, arrogances et erreurs catastrophiques. Et au moins, les wyrms ne faisaient pas semblant d'être les anges gardiens de la totalité de l'univers. C'était probablement ce qui l'agaçait le plus.

Et son récent voyage en Faërie n'avait pas aidé... Sans qu'elle ne le sut, elle pensa à cette discussion avec Arzhaelig au même moment qu'il en rêvait.



Quelques jours plus tôt, entre la Forêt Oubliée et Eauprofonde

Serana avait attentivement écouté l'histoire du marin. Sa compagnie lui donnait un sentiment étrange. Si tout deux avait décidé de prendre le partie de leur sang, ils se seraient probablement entretués. Elle, que l'univers considérait comme dragonne, et lui, qui apparemment avait reçu la caresse des fées, quoique ce ne soit apparemment pas de naissance.

- Vous avez certainement tout les deux, elle s'adressait aussi à Hermine, déjà subit les longues histoires des elfes. Certains se plaisent à raconter leur existence comme si elle avait le moindre intérêt. La plupart du temps, cet intérêt est relativement inexistant, à moins que l'on ne soit décidé à écrire une suite de nouvelles érotiques.

Elle sourit à sa propre pique envers elle même.

- Je n'ai pas de certitude philosophique quant à l'intérêt de la longévité. Cette question est dangereuse pour moi. La majorité de mes lectures et de mes discussions me conduisent à croire que je ne pourrais finir comme une elfe. Et que je ne finirais pas, tout court. C'est peut-être pour ça que je me lance dans des aventures trop dangereuse pour le commun des mortels.

Elle tira sur sa longue pipe. Cette seule action était étonnante. Malgré la température autour de la bouche de l'objet, à chaque souffle, une fine couche de glace se formait autour de l'embouchure, avant de fondre, immédiatement. Son sourire sous entendait quelque part que ces deux seuls phrases devraient suffire à envisager les premières décennies de sa vie.

- Pour le reste, et bien...

Et elle raconta son histoire. Sa naissance sauvage dans les fjords du nord, telle que lui avait raconté son père. Ses primes années passées sur les routes avec celui-ci, un elfe barde talentueux mais sans intérêt pour la célébrité. Elle taisait son nom, apparemment sensible à sa sécurité. La découverte de son ascendance lorsqu'elle avait brisé une table en deux sous le coup de la colère alors qu'elle avait à peine plus de dix ans. Ses quelques années à Lunargent où un maître d'armes nain, Urmo, lui avait appris le maniement de l'épée à deux mains après la constatation que la rapière ne convenait pas à sa force. Des années heureuses où elle appris aussi le maniement des mots, alors que son apparence avait encore tout de la jeune elfe. Et puis, plus tard, les regards, la terreur et la répugnance qu'elle avait dû affronter de longues années durant lorsque les honnêtes gens posaient les yeux sur ses yeux félins et ses écailles naissantes alors d'un blanc spectral. Et sa décision, enfin, à un peu plus de vingt ans révolues de partir seule sur les routes.

Bien longtemps, c'était un voyage solitaire, destiné à sa propre construction, définissant son avenir. Parfois, elle tentait d'aider ceux qui croisaient sa route et étaient dans le besoin. Elle avait relevé des chariots à bras nus, assommé des idiots, redressé des embrayages. La plupart du temps, elle lisait autant de peur que de remerciement chez ses pairs voyageurs, mais réussissaient en à en tirer de quoi vivre le jour suivant. Et bientôt, suffisamment pour assouvir son attrait naturel pour le luxe et l’élégance. Cette tendance qu'elle rencontrait chez chacun lui avait appris plusieurs choses.


- Je devenait certaine de ne devoir compter que sur moi-même. Pendant un temps, je développais une aversion pour ces civilisations prétendument évolué qui vomissaient la moindre différence. C'est probablement de là que je tire ma tolérance, et une certain affection je l'admet pour toutes les races déconsidérées. Celles que les érudits disent monstrueuses pour la seule raison qu'elle n'ont pas un visage aimable, elle lâcha un petit rire narquois, je veux bien entendre que les orques sont naturellement mauvais par l'ascendance de Gruumsh. Mais qui peut vraiment croire que les considérer comme des animaux et les tuer à vue peut les transformer en voisins aimables ? Qui ne voudrait pas échapper aux terres dans lesquelles on les as relégués ? Quel aquafondien, quel suzailïote, quel calishite serait capable de survivre dans le grand nord ? Hum...

Le cynisme permanent de la demie-dragonne cachait difficilement une colère qui sourdait en permanence contre des injustices qui la révoltait. Elle continua, elle s'épanchait comme si il y avait des éons que personne ne lui avait prêté une oreille attentive. Malgré tout, son récit était émaillé d'individus qui l'avaient empêché de sombrer dans une simple hargne. Le premier homme qu'elle avait connu, Allen, un jeune docker luskanien. Elle se demandait avec affection dans le regard ce qu'il était devenu, sous-entendant qu'il était probablement mort ou grabataire. Son premier compagnon de voyage, Kleri, un vieux gnome à moitié fou qui lui avait appris la moitié de ce qu'elle savait des dragons et de la magie. Sa première cuite, en Amn, dans une taverne à la clientèle si hétéroclite qu'elle était passée complètement inaperçu. Son premier amour, bien sûr, Ariryll, une novice d'Eldath qui avait tempéré son cœur, enseigné la compassion, et gravé en elle cette routine, qu'elle n'arrivait pas toujours à appliquer, qui la poussait à tenter la magie ou la parole - avec des méthodes bien à elle - avant de sortir les crocs. Et ensuite, bien entendu, son premier déchirement, lorsqu'elle compris que ce qu'elle pouvait faire de mieux était de partir.

- Et alors, que je vous raconte la première fois que j'ai soufflé quelqu'un, dit elle, amusée, pour cacher le chagrin qui s'éveillait sur son visage, c'était en 47. Je savais pas que je pouvais faire ça, en même temps, je ne m'étais jamais retrouvé dans une situation qui me poussait à des solutions aussi... définitives. Alemander V venait de mourir dans un incendie qu'il avait lui même lancé, et je me suis retrouvé au Tethyr en plein milieu des Jours Noirs. Les nobles se battaient, partout, et je me suis retrouvé entre deux feux sur une route. J'allais mourir, sans rire. J'avais quatre arbalétriers devant le nez, et une troupe de lanciers derrière. Et là, bim ! J'ai crié, et plutôt que ma voix, c'est un rugissement qui est sorti et des milliers d'échardes de cristal. Je suis passé à un cheveux de m'éblouir moi même, et eux, ils se sont retrouvés par terre, gelés et les yeux vides. Après un truc pareil, venez pas me dire que la magie vient pas au secours de ceux qui la portent.

Enfin, elle arriva au moment de sa rencontre avec le Chevaucheur. Athnan, un rôdeur au service de la Main Secourable, un compagnon de route, mort sous ses yeux. Lorsqu'elle avait passé ce contrat avec le dieu : venger son ami, survivre, puis le servir. Ce passage avait été éludé rapidement, à ceci prêt qu'elle avait précisé les meurtriers : des zélotes de Beshaba. Elle, jamais pieuse, s'était retrouvé dans une lutte d'adeptes, forcées de choisir un camp. Mais à posteriori, elle s'était rendu compte que tout dans sa vie s'était peut-être fait sous la houlette du Protecteur des routes. Elle s'attarda un peu plus sur la suite. La fameuse histoire de sa présentation aux prêtres, dans le petit temple de Shaundakul d'Eauprofonde. Elle, elfe et dragon dans un seul être, s'était présentée un soir et avait annoncé qu'elle faisait partie de leur église. L'annonce avait soulevé protestation et moquerie dans l'assistance, ce jusqu'à ce qu'une supplique au dieu ne l'auréole de lumière, prouvait qu'elle s'attirait plus facilement ses faveurs que nombre de prêtre. Avec un grand rire, elle était ensuite partie, laissant le clergé se débrouiller avec ça. Même si elle avait bien compris que seuls quelques idiots sédentaires s'offusquaient de la situation. Depuis, en plus du reste, elle cherchait à soulever les mystères, et elle y avait trouver un passe temps particulièrement excitant.

- C'est d'ailleurs assez paradoxal. Nombre de ces mystères sont directement lié à Shaundakul. La majorité des Royaumes, Telflamme mis à part, ne le connait pas, alors qu'il y a des autel et des bornes un peu partout. Et puis, un jour, je suis tombé avec un camarade sur un temple, dans une grotte, sous une montagne. Le temple était à l'envers. Non mais vraiment. Au début on ne comprenait pas. Il semblait qu'il avait été construit sur le dessous de la montagne. Et on à compris que ça venait probablement de l'époque néthérisse, et que le temple avait résisté à l'effondrement d'une cité volante... Évidemment, je ne vous dirais pas où on a trouvé ça, j'ai un peu peur des pilleurs de trésors, dit elle en souriant mystérieusement.

Enfin, elle en vint à la question du capitaine. Elle fronça un instant les sourcils. Avant de soupirer.


- J'ai l'impression de ne rien en savoir. Je suis presque persuadé de n'en rien en savoir. Il était dans une cité féerique, c'était réellement magnifique. Je n'ai, je crois, jamais vu une telle symbiose entre des constructions et la nature croissante. Mais je voyais en ce leShay et ses serviteurs l'apothéose de l'hypocrisie et de l'arrogance que j'ai vu chez de nombreux elfes, et toutes les races persuadés de leur supériorité. C'est une entité hors de toute considérations, je connais peu les fées, mais sa puissance était écrasante, au niveau sans doute d'un grand dracosire pour ce que je connais. Je savais qu'il pourrait me tuer en un claquement de doigt. Mais il ne semblait pas bon, même pas rationnellement au service du bien commun. Non, il ne cherchait qu'à servir ses propres intérêt tout en sous entendant l'intérêt du plus grand nombre. Son pouvoir, certes évident, le poussait à considérer qu'il pouvait envisager comme négligeable chaque être qu'il considérait comme inférieur. Autant dire, la quasi totalité de ce qu'il verrait dans sa vie. J'ai entendu un mage avisé dire un jour à ses élèves que la magie ne devait pas être considéré comme un outil ou une arme, mais comme une entité vivante avec laquelle il fallait traiter. Et que c'est entité était probablement plus inclinée au bien qu'au mal. La puissance, magique ou non, semble toujours confiner à l'idiotie et à l'égoïsme. Ce leShay me faisait cette impression, encore une fois. L'arrogance de la force, l'assurance que son être vaut plus que les autres. La certitude que ses actes sont les plus importants, les meilleurs, les plus intelligents. Un fou utilisait leur immonde mythal pour abattre une race entière, métalliques et ferreux compris, mais il continuait à être persuadé de la sagesse de son existence. Il semblait persuadé que sacrifier des extra-planaires pour l'accomplissement de ses objectifs était une perte négligeable. Ah, voilà qui fait douter des mythes quant à l'arrivée salvatrice des éladrins dans les Royaumes, hein.

Serana ferma les yeux et éructa un juron.

- Et je n'ai que rarement autant senti que je n'étais pas la bienvenue qu'en Féérie.

écrit par: Metzli Arnesen Samedi 06 Juillet 2019 à 21h00
Quelque part sur la Côte des Epées, à la tombée de la nuit

Metzli raviva le feu qui menaçait de s'éteindre. Jubel, Janisson et Tzotzil semblaient étonnement calmes pour une nuit qu'ils passeraient en pleine nature. Se fiant à l'instinct de ses compagnons à quatre pattes, Metzli se détendit à son tour et prit le temps de contempler la voûte étoilée...

La jeune femme se remémora le voyage qu'elle avait effectué dans les cieux quelques mois plus tôt. Il avait définitivement changé la perception qu'elle avait des étoiles. Jusqu'alors, elle les avait en effet considérées comme un point d'ancrage, aussi beau que stable, qu'elle avait pu contempler où que l'aient menée ses aventures. Mais ce périple mémorable lui avait montré leur véritable nature.

Elle raviva une nouvelle fois le foyer.

Le spectacle qu'elle avait contemplé là-haut était simplement magnifique, c'était incontestable, et jamais elle ne regretterait d'avoir entrepris semblable odyssée. Mais ce qu'ils avaient découvert là-haut n'avait rien de différent de ce qu'elle connaissait sur terre: esclavagisme et cruauté gratuite. Tout ce contre quoi elle s'était toujours battue, dès qu'elle avait appris à le faire. La seule différence étaient que, dans les cieux, les ennemis étaient nettement plus coriaces encore. Elle se souvint avoir eu l'impression de n'être qu'un insecte face au puissant vaisseau des flagelleurs mentaux... Les résultats de leur expédition avaient d'ailleurs été pratiquement nuls: un vaisseau néogi détruit et la découverte de nouveaux espaces mais combien de vies avaient-elles été perdues pour cela?

L'ensorceleuse poussa un soupir.

Les mauvais souvenirs ne devaient cependant pas effacer les bons. Elle avait pu retrouver son vieil ami Arzhaelig et s'en faire de nouveaux. Jamais elle n'oublierai le jeune et courageux Tijak, l'autoritaire Serana, Hermine en quête de son foyer, Vibhishana venu de l'Orient lointain, Granit le bosco et tant d'autres... Autant de visages qu'elle aimerait revoir et que ses pas l'amèneraient à recroiser.

Et, même si les fruits de l'expédition étaient maigres, Metzli avait le sentiment d'avoir muri.


¤ Tirer parti de chacune de ses expériences, quels qu'en soient les résultats, n'est-ce pas cela grandir? ¤

Sur cette pensée, l'amnienne jeta un nouveau regard au ciel scintillant de milliers d'étoiles, plus songeuse que jamais...

écrit par: Serana Lundi 08 Juillet 2019 à 15h21
La neige la recouvrait presque entièrement, comme une couette crissante mais agréable. Elle ne comprenait toujours pas vraiment comment elle avait fini là, mais elle pensait qu'une créature ailée, qu'elle qu'elle soit, l'avait déposée ici. Après qu'elle soit passée par dessus bord alors que le Protecteur décrochait, et qu'elle tentait d'aider un marin à rester sur le pont.

Elle était là depuis des heures, des jours. Les tourbillons blancs tournaient autour d'eux et elle ne s'était toujours pas décidée à se lever. Elle attendait, attendait. Elle savait qu'à force de faire corps avec l'environnement, elle aurait plus de chances de passer outre les prédateurs, et de définir où elle se trouvait. Tout sens tendus, enfin, elle captait maintenant les environs alors que les nuages s'affinaient.

Des pics, trop haut pour des montagnes basses, suffisamment émoussés pour témoigner d'un vieux mont. Le vent qui serpente dans des vallées, loin.


¤ La moitié des sommets du nord en somme... Et encore... Je pourrais bien être du mauvais côté du monde... Bon, au moins, il reste une carte inviolable...¤

Roulant sur elle même avec un grognement elle s'extirpa de la neige et se redressa sur ses pieds. L'environnement était bien trop hostile et son premier réflexe fut de dégainer son épée. Plissant les yeux, elle tentait de comprendre où elle était.
C'était une sorte de petit cirque rocailleux. Elle distinguait des falaises brunes un peu plus loin, brillantes, les quelques zones où la neige était absente était patinée par le temps. La pluie glacée se calmait et bientôt elle pourrait être sûre.

Avisant une falaise un peu plus escarpée, elle la rejoint avant de gravir ses quelques mètres, manquant de déraper une ou deux fois. Malgré le tapis neigeux, elle avait quelques blessures ça et là. Elle ne repérait aucune faune, ni d'ailleurs aucune flore, ce qui ne la rassurait pas vraiment. Non qu'elle veuille affronter de nouvelles horreurs, mais là où on ne trouvait même pas le pire de la création, mieux valait ne pas s'aventurer non plus.


¤ Putain, même moi j'ai froid... Attends... Merde... ¤

Ce qu'elle avait pris pendant des heures pour des nuages n'en était pas. C'était une sorte de brume, qu'elle ne s'expliquait pas au premier abord. Les nuages elle les voyaient maintenant, très loin en contrebas. Elle, elle était dedans. Et vu l'épaisseur qu'elle envisageait, le nombre de lieux possible se réduisait à une inquiétante peau de chagrin.

Et un nouveau problème. Accéder à sa carte, désormais, devenait un défi d'autant plus grand.


¤ Ce qui m'a déposé là est soit un sacré connard, soit c'était un hasard complet... Gageons la seconde réponse... Qu'est ce que..?¤

Un sifflement se fit entendre au loin, se rapprochant d'elle à toute vitesse. Sans trop se poser de questions, elle plongea dans la neige et s'y enfonça à nouveau. Une ombre gigantesque provoqua un arrêt localisé dans la chute de neige et de glace avant de disparaître au loin.

Des sueurs froides, et mêmes glacées sur l'ensemble du corps, elle se releva et continua sa route. Enfin, sa route, sa bataille contre la montagne.

Enfin, elle atteint le pic qu'elle avait avisé plus loin. Pendant de longues dizaines de minutes, elle gravi le pic jusqu'à en atteindre le sommet ou, enfin, elle trouva sa carte.

Au dessus d'elle, la voûte céleste allait lui dire où elle était. Ou au moins, où elle n'était pas.


¤ Bon... Alors... Où est... ¤

Elle trouva rapidement l’Étoile du Marin, la bien nommée en l’occurrence. Vu sa position, elle était très, très au nord. Ça, elle s'en doutait déjà un peu. Plissant les yeux elle chercha, chercha. Ici, elle voyait des étoiles qu'elle n'avait jamais aperçu tant le ciel était pur de tout. Enfin, rassurée, elle fini par trouver la Couronne.

- Mystra soit louée...

Elle s'assit dans la neige, maintenant certaine qu'elle se trouvait quelque part sur un sommet de l’Épine. Il fallait redescendre, mais au moins, il n'y avait pas de désert, ni d'océan à traverser. Avec un peu de chance, elle trouverait des galeries naines ou cyclopéennes quelque part.

En route.



écrit par: Jakelm Fileyeur Mercredi 07 Août 2019 à 15h55
Hovdène, Thétyr, fin d'après-midi

Voila quelques jours déjà que Jakelm était revenu dans son village natal et il commençait déjà à s'y ennuyer fermement. Passés les instants de liesse familiale qui avaient suivi son retour, la vie de ce petit hameau de pêcheurs lui semblait vraiment monotone. L'émerveillement béât de sa fratrie à l'annonce de ses aventures avait bien avantageusement flatté l'orgueil du jeune mousse mais il avait fini par s'estomper face à la routine du quotidien et la nécessité de poursuivre les activités habituelles.

Maintenant, nonchalamment allongé sur le sable, l'adolescent laissait le soleil déclinant chauffer son torse nu. Après une journée passée en mer avec son père et ses frères, il laissait son esprit vagabonder. Comment trouver un intérêt à ces simples activités de pêche lorsqu'on avait eu la chance de tutoyer les étoiles ? Comment prendre plaisir à relever des filets chargés d'un poisson ordinaire lorsqu'on avait eu l'occasion de harponner une baleine solaire ? Tout l'appelait, en fait, à repartir à l'aventure en dépit de l'affection sincère qu'il avait pour les siens.

Se secouant, Jakelm se remit rapidement sur ses pieds et rejoignit sa maison où sa mère et sa sœur préparait le repas du soir. Assis à l'extérieur, les hommes de la famille reprisaient les filets mis à mal par la pêche du jour. Tout était normal et calme dans ce village reculé. Demain, le garçon irait en forêt où il espérait retrouver les militaires qui y patrouillaient. En particulier, il avait hâte de pouvoir raconter ses aventures récentes à celui qui l'avait tant fait rêver ces dernières années. Il était impatient de lui faire admirer son gilet bleu nuit, symbole de son appartenance à l'équipage du Protecteur, ainsi que la hachette finement ciselée, cadeau de son copain Hadozee. Impatient aussi, et plutôt fier, de montrer à ce rude soldat, ce que le chétif fils de pêcheur était devenu. Pas un grand guerrier, c'est sûr, du moins pas encore, mais déjà presque un homme, ayant élargi son horizon et découvert que le monde ne s'arrêtait pas aux lisières d'Hovdène.

Encore quelques jours et Jakelm reprendrait la route. Dans un premier temps, il irait certainement à Vélen pour s'embarquer sur un nouveau navire mais, qui sait, peut-être ne finirait-il pas sa vie en tant que matelot pour peu que l'aventure ne frappe à nouveau à sa porte et ne l'entraîne dans d'autres directions.