Après avoir participé aux recherches dans la demeure de Yusam, obtenant au final peu d’informations et de réponses (même Skelli ne s’était pas départie de son mutisme presque mystique), Khelrod était allé prévenir Thorlond de son départ imminent. En dépit du peu d’éléments qu’ils avaient pu rassembler, le suivant de Clangeddin Barbedargent avait tout de même décidé d’aller dans la direction évoquée par Skelli, à la recherche de Yusam. Il écouta les quelques informations que son lointain cousin avait à lui donner sur le druide présumé disparu, remercia ce dernier et prit congé de lui. Il récupéra l’intégralité de son matériel de voyage (comprenant de quoi se sustenter, se désaltérer, dormir et même du matériel de soin, au cas où…) et se dirigea vers le point de rendez-vous où il retrouva les membres de ce groupe d’aventuriers fraichement composé. Les autorités de Lunargent lui ayant accordé leur confiance, il n’avait pour le moment pas eu besoin de leur faire un rapport.
En route avec cette troupe hétéroclite, le début du voyage ressemblait plus à une balade dans les bois qu’au cheminement d’une troupe d’aventuriers à la recherche d’un druide disparu. En effet les uns faisaient connaissance avec les autres, d’autres expliquaient la géopolitique du lieu, et tout ça alors que la langue constituait une barrière non pas infranchissable, mais à tout le moins assez complexe pour que Khelrod s’improvise interprète, ce qui a postériori, n’était pas pour lui déplaire.
Chemin faisant, Skelli, ainsi que Vanetir et Haleena, devaient réduire leur allure pour s’adapter à celle du groupe. En effet, entre les courtes jambes du paladin et les citadins moins habitués aux sentiers forestiers, l’allure ne devait certainement pas être celle qu’auraient naturellement eue les trois uthgardtes. Le nain les en remercia silencieusement, car si elles avaient décidé d’aller à leur pas habituel, il lui aurait certainement fallu courir pour tenir la distance, et il n’était pas certain d’en être capable sur des journées entières, malgré son endurance.
Au bout de quelques heures de voyage, Skelli finit par leur demander d’arrêter les bavardages et autres discussions. Ils avaient pénétré dans des terres qui leur seraient certainement plus hostiles, et par conséquent la vigilance et la discrétion étaient à présent de mise. Même Khelrod, qui n’était pas un grand connaisseur de la nature, avait fini par se rendre compte qu’ils n’évoluaient plus dans le même environnement, sans toutefois être vraiment en mesure de dire avec exactitude quels étaient les changements. Leur guide trouva le bon emplacement pour établir leur campement. Devant la simplicité de l’installation, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire que ramasser du bois, ce qu’il entreprit de faire en collaboration avec Haleena. Skelli doucha rapidement cette volonté en présentant le trésor de son paquetage : le bois sombre. Khelrod dut se rendre à l’évidence : il ne servirait pas à grand-chose ce soir-là… Il décida tout de même de goûter le lichen séché proposé par la jeune mère, en la remerciant au passage.
- Je vais goûter, merci beaucoup.
Effectivement c’était un peu rêche, mais le goût n’était pas désagréable. Il se souvenait avoir ingurgité bien pire aux côtés de Godefroy voilà quelques années. Et même s’il s’était juré de toujours se souvenir du nom de cette denrée affreuse, il était bien incapable à cet instant de se le remémorer… Cette pensée le fit sourire, et profitant de cela, il sourit également à Haleena, pour insister sur son remerciement.
La suite du repas ne fut pas nécessairement pour lui déplaire. Etant donné qu’il avait parcouru de nombreuses lieues aux côtés de son mentor puis avait traversé une partie des Marches avec son précédent groupe, il avait pris l’habitude des repas de voyage. Cela faisait d’ailleurs longtemps qu’il n’avait pas mangé un vrai repas… Cette fois-ci il décida de manger en silence. Ainsi il pourrait écouter les autres et en apprendre plus sur eux au besoin. Il répondrait néanmoins aux questions qu’on lui poserait ! Il n’était pas question de faire preuve d’impolitesse. Il écouta la conversation sur la tribu du Tigre Rouge notant chacun des éléments importants quant à leurs coutumes et leurs façons de faire. Il garda également en mémoire le fait que les étrangers n’étaient pas les bienvenus dans ces bois.
Après ces discussions, vint le sujet des tours de garde. Le paladin laissa les uns et les autres s’exprimer sur le sujet et accepta sans mot-dire le tour qu’on lui attribuait. Il observa alors le rituel d’avant coucher des barbares et tenta de les imiter. Après quoi il sortit sa paillasse qu’il installa sur le lit de branchage qu’il venait de faire. Arriva alors le moment le plus sympathique de la journée d’un guerrier en armure lourde : l’enlèvement de l’armure. Cela lui prit autant de temps que les exercices des barbares, et représentant certainement une dépense calorique équivalente. Lorsqu’il eut terminé, il déposa les différentes pièces de son armure dans un ordre bien précis, sur un tissu épais et la recouvrit d’une couverture. Après quoi il sortit sa propre couverture épaisse, salua ses compagnons et s’enroula dans sa couverture. Il trouva, comme les autres, facilement le sommeil.
Au réveil, Khelrod ne put s’empêcher de constater que le froid lui semblait plus intense. Etait-ce parce qu’il venait de passer la nuit là où était-ce simplement une vérité ? Il décida quoi qu’il en soit, qu’il porterait sa tenue polaire, qui lui permettrait certainement d’être à l’abri des rigueurs du froid. La première chose qu’il fit après son réveil, fut de remettre son armure. En effet, si dormir avec relevait de l’exploit et qu’il était donc contraint de l’enlever, il lui fallait la remettre sitôt levé, afin de parer à toute éventualité. C’est seulement après qu’il fut de nouveau équipé qu’il prit part au petit déjeuner avec ses compagnons qu’il gratifia d’un bonjour enjoué.
- Bien le bonjour à vous. Que cette journée nous soit clémente.
Ils mangèrent alors ensemble avant de replier le camp et de quitter les lieux. La suite de leur voyage sembla donner raison au nain d’écu qui ne semblait pas mécontent d’avoir sur le dos ses fourrures qui le protégeaient du froid. Si comme ses camarades il lui arriva de se sentir observé, cela ne l’empêcha absolument pas de goûter au fruit de « l’arbre à pouces ». Il remercia leur guide pour cette découverte, mais ne sembla pas transcendé par le goût de cette nouveauté. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, la sensation d’être une proie s’intensifia tout de même. Si bien qu’à chaque bruissement d’une feuille, où à chaque bruit n’émanant pas du groupe, Khelrod se crispait et se préparait à l’assaut. Au bout d’un moment, les prédateurs finirent par se montrer.
Instinctivement, Khelrod exécuta l’ordre de Phénix. L’homme avait parlé avec la voix de celui qui sait et le nain, avec l’expérience et le temps, avait appris que la plupart du temps l’on gagnait beaucoup à suivre les directives de ceux qui employaient ce ton. Il fit volte-face aux côtés d’Haleena, juste au bon moment pour voir les autres loups arriver. Il dégaina son arme avec une rapidité stupéfiante, son équipement l’y aidant. En effet, le fourreau fixé sur le bouclier lui permettait de dégainer son arme en même exactement dans le même mouvement que le levé de bouclier qui définissait sa position défensive. A présent, il était prêt à subir l’assaut de leurs assaillants. C’est alors qu’il sentit la caresse de la bénédiction accordée par Tymora à la demande de Daphnis. Il raffermit alors sa prise sur son bouclier et sur sa hache.
Si son équipement lui permettait d’être rapidement prêt au combat, Khelrod n’en demeurait pas moins un combattant dont la vitesse et les réflexes n’étaient pas le point fort. Même pour un nain, il était lent… C’était donc tout naturellement qu’un des loups qui se ruèrent sur lui parvint à passer sa garde, la vitesse du canidé étant telle que le nain ne put rien faire face à son adversaire qui attaqua sous la garde. Le loup mordit le suivant de Clangeddin à la jambe, lui tirant un cri de surprise et de douleur, tentant ensuite de le faire basculer au sol. Même si le nain était lent, il était imposant et massif eu égard à sa taille. De plus le paladin était un combattant aguerri, et ses pieds bien ancrés dans le sol, il déjoua la tentative du loup visant à le faire tomber. Malheureusement cela nuisit fortement à sa riposte, puisque le nain abattit sa hache dans le vide après avoir fait lâcher prise à son assaillant. Les loups n’en restèrent pas là, bien entendu, et leur stratégie de meute était bien rodée et très bien appliquée. En effet, l’autre loup attaqua de nouveau le nain d’écu, qui parvint à le contrer, mais ce faisant, il ouvrit sa garde et le second loup s’infiltra immédiatement dans la brèche avec une vivacité et une férocité impressionnante. Malgré l’acier qui recouvrait le combattant de Clangeddin Barbedargent, le canidé parvint à planter ses crocs dans le menton du nain. Les crocs étaient vraiment passé très près de la gorge de Khelrod, qui hurla de douleur et de frustration face à cet assaut qu’il ne parvenait pas à maîtriser. Etait-ce la douleur ou la frustration, quoi qu’il en fût le nain parvint à se débarrasser du loup qui venait de manquer de peu de l’égorger ou de le défigurer : il utilisa une méthode aussi vieille qu’éprouvée, à savoir le coup de hache puissant en plein milieu du corps, sans vraiment viser. En principe avec cette méthode, toucher était suffisant. Et cela s’avéra vrai sur ce coup : après avoir lâché le nain, le loup prit le coup de hache de plein fouet et tomba au sol dans une gerbe de sang. Libéré d’un de ses assaillants directs, Khelrod reprit confiance et ajouta aux propos de Daphnis quelques paroles d’une des chansons que chantaient les prêtres du Père de la Bataille avant les assauts.
                     
Il jeta un rapide coup d’œil à Haleena qui semblait peiner un peu plus que lui en attaque, même si les blessures de la barbare semblaient moins graves que les siennes et sa technique défensive plus efficace.
¤ Il faut que j’en termine rapidement pour lui porter secours. ¤
Jetant un rapide coup d'oeil autour pour voir où en étaient les autres, il se rendit alors compte qu'ils étaient tout de même assez éloignés les uns des autres, ce qui pouvait leur porter préjudice. Il décida de leur proposer de se resserrer, en leur adressez quelques mots assez simples et qu'ils pourraient tous comprendre, enfin il l'espérait..
- Resserrez les rangs !
Il se focalisa alors sur le deuxième loup qui lui faisait face, baissant légèrement son centre de gravité. Il asséna alors à la bête un coup vertical venant du haut, en appliquant la même méthode que précédemment : frapper fort pour en finir d’un coup…
 Khelrod attaque le loup 10 qui reste à sa portée.
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