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La Taverne des Royaumes Oubliés > ۞ Antichambre de la Chronique des Pouilleux Salopards ۞ > [Solo Mode] Zaxiah


écrit par: Phineas Lundi 23 Octobre 2017 à 19h55
[Séquence du Bureau Scellé. 13 de Kythorn, 1383, milieu d'après-midi]



Avec un léger bruit de succion le bois de la porte aspira le sang de la sorcière. Les runes se déformèrent et formèrent un visage de bois et de métal dans la porte. L'un de ses yeux haussa un sourcil et un sourire amusé apparut sur les lèvres de bois.

- Et bien, c'est plutôt littérale comme réponse ! Enfin, ça aurait plus à certains, et t'es indubitablement de la famille. Vu que je suis ici, c'est pas illogique ceci étant... Bon, et bien, entre.

La bouche s'ouvrit en grand, et s'étira, s'étira, jusqu'à former une ouverture dans la porte suffisamment grande pour un humain de taille moyenne. Et Zaxiah d'entrer dans la pièce. Aussitôt l'étrange porte traversée, celle-ci se referma derrière elle, reprenant probablement son état initial et tout à fait banal de l'autre coté. De ce coté ci, il n'y avait pas de trace de porte, de fait. Et le bureau n'était pas celui dont elle se souvenait. La table en elle même était là, mais la pièce était noyée sous les livres et les parchemins. En fait il y en avait tant que trois colonnes formées d'ouvrages grimpaient jusqu'au plafond et semblaient des tour de papiers et de reliure. La lumière extérieure filtrait entre les planches qui condamnaient la fenêtre, mais c'était une flamme éternelle enfermée dans une cloche de verre accrochée au plafond qui éclairait vraiment la pièce. La statuette d'Oghma dont elle se souvenait comme se trouvant dans l'oratoire désormais dédié à la déesse du commerce, était apparu en haut d'une étagère.

- Eh bien ! Le dernier des Grimaldius est une dernière ! Voilà qui est inattendu vu la propension de la famille à faire des mâles !

La voix était la même que celle de la porte, mais sa provenance était indéterminée jusqu'à ce que s'ouvre une jarre de métal remplie d'encre. L'encre s'expulsa dans l'air et les gouttes, retombant, créèrent une forme humanoïde de plus en plus précise jusqu'à former une sorte d'estampe en trois dimension d'un humain au traits tirés.

- Comme je le disais, c'était un peu littéral comme réponse. Une signature magique aurait suffit... Enfin, j'imagine que rien n'assurait que tu sois en mesure de lancer des sorts... Mais déjà tu sais lire c'est un bon point ! Bien, si je suis là, c'est qu'il a fallu sauver ce qu'on pouvait sauver de l'héritage familial, et je ne serais pas contre un peu d'explication ! Les Grimaldius n'étaient pourtant pas les derniers des imbéciles, qu'est ce qu'il s'est passé ?

écrit par: Zaxiah Lundi 23 Octobre 2017 à 23h36
Entrer dans ce bureau lui fit l’impression de marcher dans les ruines d’une ancienne civilisation. Non à cause du désordre qui y régnait mais plus certainement parce qu’il ressemblait aux êtres qui y avaient vécus. Des hommes civilisés. Les traits inconstants sous le vacillement d’une flamme éternelle, elle contempla l’apparition, fluide et brillante, se former en un être tangible. La sorcière ne reconnaissait que peu d’élément en corrélation avec ses souvenirs. C’était le chaos dans sa tête, et ce bien avant même d’être engouffrée dans par cette bouche, cette expérience avait le mérite de valider la progression de son état de folie.

- Je suis Zaxiah Grimaldius, fille de Valerm Grimaldius et descendante de Varus Grimaldius.

Je ne saurais dire si je suis la dernière de mon lignage.

Elle baissa les yeux sur le plancher. La voix s’étouffait un peu plus après chaque mot.

- Aux yeux des autorités et des lois, mon géniteur est considéré comme étant porté disparu… et cette demeure a été cédée… au plus offrant… C’est au péril de ma vie que j’ai atteint ce bureau…

Elle haussa le ton de sa voix et releva soudainement le visage pour essayer de fixer cette apparition d’encre et de mots.

- Mais vous ? Qu’êtes-vous ? Qu’avez-vous après l’héritage familial des Grimaldius ?

écrit par: Phineas Mardi 24 Octobre 2017 à 12h42
La créature d'encre se déplaça et vint se poser devant Zaxiah, semblant l'observer à travers ses yeux en constant changements. Ceux ci n'était formé que de traits d'encre qui tourbillonnaient sans cesse et l'effet n'était pas pour remettre de l'ordre dans les idées de la sorcière.

- Tu ne sais pas ? Tu viens pourtant de répondre à ta question, Zaxiah.

Les deux traits d'encre qui lui servaient de lèvres se tordirent d'amusement.

- On peut dire que je suis, l'héritage des Grimaldius. Le vrai, héritage, pas les monceaux d'or et tout le reste. Les livres et le savoir, un peu, mais plus par nature que par objectif...

Il se dispersa et tourbillonna un instant autour de Zaxiah pour réapparaître devant la fenêtre, la lumière filtrant entre les interstices laissés par l'encre en mouvement.

- Je suis le dernier choix de la fleur et de la lame, la seule possibilité de réparer une vieille erreur. Ou non !

La créature d'apparence spectrale éclata d'un rire emprunt de folie avant de continuer.

- Et je suis aussi ce qui reste de la volonté de tes ancêtres les plus... Hum ? Curieux ? Disons curieux. Un sauf-conduit créé pour défendre une dernière possession terrestre, si jamais on venait à essayer de nous la spolier.

Et toi petite, dis moi qui tu es, et ce que tu veux...

écrit par: Zaxiah Mercredi 25 Octobre 2017 à 19h34
Un sortilège d’une rare complexité avait scellé l’empreinte d’un ou plusieurs de ses ancêtres, une émanation venue du passé, une faible magie presque intangible mais que l’on avait tous lieux d’imaginer en place depuis de nombreuses années. Le manoir Grimaldius n’avait plus le prestige d’antan mais cette conclusion raviva les obsessionnelles désires de légitimité de l’orpheline. Cette demeure était indubitablement la sienne et enfin on la reconnaissait pour ce qu’elle était réellement. Loin du monastère qui avait à cœur de briser les individualités et sans compter ces trois monstres qui l’avaient accompagné, la sorcière se sentie assez privilégiée pour se livrer à cette étrange entité. Elle avait enfin une raison d’espérer, il y avait un fait nouveau dans sa nouvelle vie d’errance, un élément qui lui permettait enfin d’écarter la seule démence pour définir ses maux, ses tourments et l’origine de ses étranges pouvoirs.

- Je suis Zaxiah Grimaldius, probablement dernière d’une lignée que le temps semble vouloir oublier. Je désire… connaitre et comprendre l’origine de mes facultés. Je désire redorer le blason de mes ancêtres… Et faire brûler les roturiers qui ont jetés l’opprobre sur notre rang. Sur mon rang, se reprit-elle.

Pour la sorcière de Suzail, la réalité n’était qu’une option et elle ne lui convenait pas en l’état actuel des choses mais loin de la colère et des tourments présents, elle avait la sensation d’avoir en face d’elle la clef d’un trouble qui depuis toujours l’obsédait.

- Vous qui semblez être le lien entre Passé et Présent, que pouvez-vous me dire sur mes aïeuls ? Quels étaient leurs desseins ? D’où me viennent ces pouvoirs et ces terribles visions qui me hantent chaque nuit ? Qu'attendez-vous de moi ?

écrit par: Phineas Mercredi 25 Octobre 2017 à 20h50
- Ah ! Voilà des questions qui ne sont pas sans intérêts ! Mais je ne peux pas répondre à tous. Il va sans doute falloir que je t'explique mes limites, ma chère. Mais avant, trouvons nous un nom... Hum... Nous sommes plusieurs de fait, mais composons une identité propre. Une identité rattachée aux Grimaldius disons... Grims !

La créature tourbillonna à nouveau et ses traits se précisèrent, prenant la fort d'un vieil humain à l'air clairement déluré. Preuve que l'encre était magique il put saisir une chaise et la présenter à la sorcière, qu'elle puisse se mettre à l'aise, pendant qu'il décalait quelques ouvrages pour faire de la place. Lui s'assit aussi, mais il n'eut d'autre besoin que se créer une chaise en encre sous ses fesses.

Grims
Bien, que je t'explique. J'ai quelques pouvoirs, qui ont essentiellement trait à la gestion de bibliothèque, il faut l'admettre. Je ne suis pas omniscient, et à dire vrai, je ne sais même pas réellement en quelle année nous sommes, l'ouvrage le plus récent que j'ai pu sauver date de 1353. Mais j'ai été créé avec les dernières parcelles de volonté de Ramir, Ozir, Lhamia, Varus et quelques autres, et une partie de la mémoire qui va avec... Je vais te dire ce que je peux pour le moment.

D'abord, tes ancêtres étaient, dans l'ensemble... Plutôt ingénieux, généralement humbles, pour une partie indéfectiblement courageux, certains étaient bons, d'autres un peu moins... Mais ils avaient tous une chose en commun : à un âge plus ou moins avancé, le Pacte de Delilah revenait nous hanter. Si tu as des pouvoirs, il faudrait que tu m'en dises plus mais... Je ne serais pas étonné qu'ils en soient issus. Auquel cas, tu serais la première, et tes rêves ont du s'éveiller depuis bien longtemps, hum ? Oui... Si jeune et déjà hantée, ce ne peut être que ça. La dernière possibilité d'étendre un peu d'horreur ici.

Nos desseins... Ah... Et bien, je suis ce qui reste de leurs derniers desseins communs. Nous sommes nombreux à avoir tentés d'utiliser la puissance du Pacte, croyant stupidement pouvoir en éviter les conséquences, mais à terme, ah... Ramir s'en doutait, Lamiah l'a vu sans le savoir, Varus à compris. D'une façon ou d'une autre, ton aïeule, Delilah, s'est associé à un être que les rashemens haïssent. Au lieu de créer des liens avec les esprits, de respecter Okku et les rois des arbres, elle est allée chercher la puissance dans les abysses. Ruall ne l'a pas ramenée de Rashémenie. Elle était condamnée à mort, elle avait trahie les siens, et un exil pourrait l'amener entre les mains de Thay, chose inimaginable pour les Sorcières.

Et le pouvoir des Abysses coule dans notre sang depuis, plus ou moins fort chez chacun... Mais peut-être sais tu comment sont les diables - ça vaut pour d'autre d'ailleurs - rien n'est gratuit. Nos âmes ont toutes, sans exceptions, même ceux qui ont tentés de s'écarter du chemin en ne trempant pas dans l'occulte, toutes été damnées. Aucun de tes ancêtres n'erre dans la Cité des Morts Zaxiah, aucun depuis Delilah n'est passé devant Kelemvor, tous sont devenus les esclaves des Strates. Et je suis persuadé que tu imagines sans problème l'horreur que ce peut être, la damnation éternelle. Alors, Ramir avait commencé à me tisser, moi. Il était piètre mage, mais avait du réseau. Chacun des chefs de familles ont reçus un livre, il pointa une rangée de livre à la couverture rouge. Le dernier lui évoqua des souvenirs, elle avait vu son père écrire dedans. Certains sont des carnets de voyage, d'autres des livres de compte, l'un d'eux est un interminable compte pour enfant. Mais peu importe, ce n'était pas le dessein de ce livre. Lorsque l'on écrivait dessus, ont y incorporait une partie de sa volonté encore libre. Et j'en suis le fruit.

Mon dessein, avant de t'aider à faire revivre la famille, est de trouver un moyen de la libérer de l'emprise du Pacte. Pas pour toi, pas pour les descendants. Même pas par vengeance. Non, parce qu'à terme, les Grimaldius ne laissent personne prendre la part du lion. Il est temps de faire payer son dû à ce diable, qui qu'il soit !

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Grims est une étrange créature d'encre qui à finit par prendre la forme d'un vieil humain à l'allure un peu folle et à la moustache aérienne.

écrit par: Zaxiah Mercredi 25 Octobre 2017 à 23h19
Descendante d’une obscure sorcière de Rashéménie ayant contractée un pacte avec une horrible entité, mais ça n’expliquait toujours pas ses oreilles en pointes, Zaxiah apprit qu’elle était corrompue, que son âme était destinée à être rongée par un mal héréditaire, condamnée à errer dans les limbes de la damnation comme tous ses ancêtres. L’orpheline se mit à penser un instant qu’il ne s’agissait que de pensées inopportunes lui emplissant l’esprit, puis songe se faisant, elle se mit à se questionner : Étaient-elles le reflet de sa propre folie ou les murmures d’un autre qu’elle ? Dans sa tête, tout se mélangeait. Souvenirs des choses qu’elle n’avait jamais vues, préscience des choses qu’elle ne verrait jamais, perte de la continuité temporelle et tant de questions se bousculaient.

- Ce sont essentiellement des pouvoirs passifs, sensoriels, destinés à plier la volonté d’autrui à ma convenance. Un charme comme celui qui m’entoure actuellement et... Ce mot... Le Sombreverbe et la langue des démons qui attache à toute chose la soumission. J’ai appris par moi-même à révéler l’Art. Ils n’ont cessés de me menacer si j’utilisais ces pouvoirs. Depuis c’est à peine si j’ose… Mais il y a aussi cette aura… comme le prolongement de ma colère… comme une vague d’énergie…

La sorcière était toujours assise, elle tremblotait en se remémorant ses prouesses dans la ferme, le carnage avant son entrée à Suzail.

- Aujourd’hui je n’ai plus que cela, de la colère. Il me faut des lettres de noblesse…

Elle se frottait les mains. Nerveuse. Les yeux dans le vide. Puis elle tenta de chasser ces pensées en revenant aux étranges suppositions de l’être d’encre.

- Vous dites que cette sorcière serait l’origine de ces troubles ? Comment puis-je décrire cette entité à laquelle nous sommes rattachés ? Comment combattre un mal qui est à ce point ancré ?

L’orpheline au noble sang ne savait pas ce qui l’effrayait le plus entre le fait de son âme condamné ou d’imaginer tous ses ancêtres dériver dans l’infini néant. Son destin lui échappait mais pour la première fois de sa vie, elle ne s’inquiétait plus que de son propre sort. Elle continua cette introspection à haute voix, comme à elle-même, lâchant des yeux cette forme immatérielle.

- L’on m’a parlé d’une branche de la famille, les « korja », des terres au Sud,… Une grande tante si je ne me trompe pas. Serait-ce possible que certains d’entre eux aient hérités des mêmes facultés que moi ? Le fait que je sois l’une des rares femmes pourrait avoir influencé mon état ? Serais-je… une sorte d’incarnation ?

Un frisson lui parcouru l’échine comme le frôlement d’une main spectrale.

- Delilah… Pourrait-elle être encore de ce monde ?

écrit par: Phineas Jeudi 26 Octobre 2017 à 14h07
Grims
Je ne connais de ta vie que les quelques évocations de Valerm dans son livre... Tu devrais lire les dernières pages, il se pourrait que ta colère diminue un peu. Mais penses y, toute compréhensible qu'elle soit, il est possible que cette hargne ne soit pas totalement la tienne. La haine anime l'âme des plans d'En Dessous, et elle parcourt notre sang. Il suffit de leur laisser une petite porte d'entrée et elle va venir combler tout ce qui te manque.

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Grims est une étrange créature d'encre qui à finit par prendre la forme d'un vieil humain à l'allure un peu folle et à la moustache aérienne.


L'entité l'observa un instant, puis tendit un bras vers les hauteur de l'une des bibliothèques. Un tourbillon d'encre s'en échappa et alla saisir un antique grimoire, dont la reliure avait été renforcée de bois et de métal pour protéger son contenu.

- Ce livre demande quelques connaissances magiques pour être lu, mais tu pourrais en apprendre d'utile sur le Sombreverbe. Des choses auquel tu ne t'attends peut-être pas, mais passons.

Ne fait pas de raccourcis hâtifs, tu pourrais en perdre des détails importants. Delilah n'est pas forcément à l'origine de ces troubles, du moins pas volontairement. Il n'est pas impossible qu'elle se soit faites avoir elle aussi, mais nous n'avons jamais été en mesure de le découvrir. Mais quelle que soit cette "entité" elle se cache bien. Nous n'avons jamais été en mesure de découvrir de qui il s'agissait. Tout ce que nous savons, c'est que c'est un diable. Pas un démon, pas une fée, un diable. A partir de là, si tu suis notre volonté... rien ne t'y oblige, après tout, c'est à toi de faire les derniers choix. Mais si tu la suis, la stratégie n'est, en soi, pas très complexe. Les diables forment des contrats d'asservissements des âmes avec les victimes. A partir de là, il n'y a que deux solutions : trouver un moyen de le rendre caduque, ou, et bien, supprimer l'un des parti. Quelques part, que ce soit un diable est une chance, ils sont certes diaboliques, son trait d'humour lui éveilla un rire spectral, mais particulièrement honnête et pointilleux à ce niveau là.

Il réfléchit quelques instants pour répondre à la suite.

- Les Korja était déjà une branche bien éloignée lorsque Varus était en vie, mais il est possible que le sang ai éveillé quelque chose... Et si cette grande-tante est âgée et bien, je te laisse imaginer son état mental. Il est possible que ton sexe joue, effectivement, après tout, les dieux ont leurs préférences, pourquoi pas les diables... Sur ce que tu es exactement... De ce que j'en voie, tu es indubitablement humaine. Si tu as déjà croisé des tieffelins, tu comprends ce que je veux dire. Mais c'est à toi de rechercher la vérité, je ne saurais la dire.

Et Delilah... J'en doute. Mais je ne sais pas.

écrit par: Zaxiah Jeudi 02 Novembre 2017 à 01h24
Zaxiah Grimaldius semblait avoir franchis une étape importante. Toujours cette journée, ce périple depuis le Nord jusqu’à la capitale, n’aura pas été vaine. Elle avait désormais l’éternité pour connaitre les âmes emprisonnées dans ces lieux, pour étudier chacune de leurs facettes. Mais pour l’instant, elles semblaient masquées et muselées, et personne d’autre ne devrait les connaître. Cet endroit était une partie de son être. Un sanctuaire où résidait la clef de sa destinée

- Si cet espace doit être préservé afin que j’y apporte ma contribution, que perdure l’héritage et que je tente de délivrer le sort de ma famille. De notre famille, se reprit elle en délivrant un sourire inconscient à l’être d’encre. Le bâtiment possède-t-il d’autres souvenirs laissés par nos ancêtres ? Il faut maintenir cette pièce scellé, et que je retrouve la propriété légale du manoir au plus vite. En attendant je ne suis qu’une vagabonde. Ton sort est lié au mien, continueras-tu de m’aider en me conseillant et en protégeant ce lieu ?

La sorcière se leva pour se saisir de l’un des livres qu’elle lorgnait tant. La reliure en cuir estampé et doré recouvrait un très fin papier. Les ravages de l’humidité et des insectes avaient totalement épargnés cet ouvrage qui daté de plus d’un siècle. Une légère odeur âcre émana quand elle se mit à faire tourner les pages. Il y avait inscrit des rapports sur les flux monétaires, sur la valeur de marchandises allant du textile au bétail, un évaluation des différentes taxes des royaumes voisins et même une expertise détaillé sur les apports économiques de la baleine boréale.

- Nous sommes l’année du guerrier vindicatif, la princesse de Fer Alusair Nacacia Obarskyr est la régente de la capitale, aidée dans sa tâche par la reine Douairière Filfaeril. Le savais-tu ? Ou faut-il que…

Elle releva le nez de son livre en cherchant ses mots.

- Je te mette à jour ?
Ainsi notre enseignement sera conjoint et tes conseils n’en deviendront que plus pertinents.

écrit par: Phineas Vendredi 03 Novembre 2017 à 09h22
- Le bureau restera scellé, tant que le manoir reste debout.

Il pointa le dernier livre a reliure rouge au bout de l'étagère, qui vint se poser sur celui qui était déjà à disposition de Zaxiah.

- Oui, met moi à jour, comme tu dis. Plus tu y mettras de détail, plus je pourrais t'aider, j'imagine. Alors ne soit pas avare. D'autant que j'ai dû hérité d'un attrait pour les anecdotes croustillantes de l'un de tes ancêtre.

Que je te prévienne tout de même. Cette pièce est particulièrement solide, mais elle rien qu'une chambre forte. Ce n'est pas comme si c'était un micro-plan ou quoique ce soit de ce genre. Avec suffisamment de puissance, la porte pourrait être enfoncée, ou mes mécanismes de défense contournés. Auquel cas, je suis sensé disparaître. Mais encore une fois, il y a toujours moyen d'interrompre cette routine. Suzail est rempli de guerriers puissants et de mages qui le sont encore plus. Veille à ne pas t'attirer trop d'inimitiés mal placées, que ce soit parmi tes pairs, ou dans le reste de la ville. C'est le dernier conseil que je saurais te donner tant que tu ne m'en apprendras pas plus.

Il hocha la tête puis explosa en des milliers de gouttelettes d'encre qui retournèrent dans la boite de laquelle elles étaient sorties.

Derrière Zaxiah, la porte se déforma à nouveau et laissa apparaitre une poignée de bois. La sortie serait moins... Spectaculaire que l'entrée.

écrit par: Zaxiah Samedi 04 Novembre 2017 à 18h48
L’histoire fait pour la première fois mention de Bartholomé Grimaldius aux environs de 1153. Enfoui sous des siècles de poussières dans la cité portuaire de Suzail, les sordides notions abordées dans le journal du Patriarche de la famille Grimaldius étaient depuis longtemps oubliées. Les premières mentions Delilah Xacsia de Thessalie apparaissaient dans un vieux recueil, au milieu des vestiges oubliés des prémisses de la lignée des Grimaldius. Le manque d'histoire écrite et fiable (ou toute histoire écrite) fait qu’il était difficile de retrouver ce que Delilah aurait pu être. Ancienne âme mécontente et manipulatrice, descendante des Roskmaðr. Elle aurait «aspirée l’essence d’une fée», jolie histoire si Zaxiah n’avait pas apprise qu’il s’agissait en réalité d’un pacte avec un diable qui lui avait donné autant d’attrait. Il y avait une pointe de connaissance surnaturelle dans les divagations de ce fou et au fil des pages, il se mettait à parler de mystères et de présages, de choses si cryptiques que l’esprit de Zaxiah implora pitié. D’obscures mentions se contredisaient au sujet de Delilah. Certaines rumeurs laissaient entendre qu’elle fut l’une des puissantes sorcières des territoires glacés de la lointaine Rashéménie d’autres qu’elle était le spectre d’une ancienne druidesse aux bienveillantes aspirations. Des rumeurs aujourd’hui confirmées. Delilah, son vocabulaire se limitait à de viles épithètes. Les malédictions et les obscénités qu’elle crachait en faisant souffrir tous ceux qui les entendaient. Il y avait une référence sur un miroir des vanités. Le piège que Delilah préférait. Un morceau de verre ensorcelé piégeait l’âme de l’admirateur et elle se débarrassait ensuite de son corps. Chaque paragraphe injurieux était parsemé d’éloges et de poèmes comme rédigés à quatre mains ou plutôt par deux pensées distincts. L’une dictée par une âme amoureuse et l’autre par la crainte d’un tortionnaire. Il s’agissait pourtant de la même écriture d’un bout à l’autre du document. Le vacillement de l’esprit d’un homme ou les vertiges d’une sorcière ambitieuse, songea Zaxiah Grimaldius.

Venant des âges, la connaissance. Venant de la connaissance, le pouvoir. Fusionner l’intelligence et la puissance nécessiterait l’inspiration la plus noire.

L’orpheline de Suzail avait laissé le temps filer, elle en avait appris beaucoup sur elle et ses racines mais aussi sur l’histoire de son royaume d’origine. L’hégémonie des hommes sur les côtes du Cormyr venaient de la nomination de mages pour influencer la volonté de la couronne. Des maladies céréalières frappaient régulièrement le pays mais aucun fléau n’était plus récurrent que les tribus d’orques et de gobelins qui disputaient sans relâche les frontières depuis de nombreuses générations. C’est sans conteste la mention de vieux ennemis des Obaskyr qui attira le plus la sorcière, il était désormais sujet de puissantes créatures ailées absorbant la magie. Zaxiah se sentie progressivement dériver de ses intérêts initiaux. Elle sortit subitement de sa lecture puis jeta un regard pour tenter de distinguer l’heure qu’il était à travers les interstices des planches en bois. Cette entrevue avait calmée de nombreuses tensions accumulées durant la journée mais une profonde inquiétude pointa néanmoins dès qu’elle songea aux monstres dans son salon. Elle se retint d’entamer la rédaction du livre qu’elle avait reçue en héritage, seule et protéger dans ce sanctuaire. Elle le glissa finalement dans sa besace jetant un bref coup d’œil sur le bureau recouvert de paperasse, s’empara d’un nécessaire pour l’écriture, un vieux pot d’encre et une plume qu’elle trouva dans l’un des tiroirs. Elle hésita à se décharger complétement de ses affaires puis se ravisa en songeant à la précarité de sa situation. Il fallait pouvoir répondre à toutes les éventualités.

Il fallait surtout retrouver ses monstres et les terreurs de la réalité, tournant sur elle-même pour faire un dernier inventaire, la sorcière s’immobilisa quelques instants devant l’icône du grand inspirateur. Elle loua le nom du grand archiviste qui avait définit le monde dans son infini sagesse et sans doute accordé aux Grimaldius se providentiel sanctuaire familial. Elle se dirigea ensuite vers la porte et jeta un dernier œil à son héritage qu’elle espérait déjà retrouver au plus tôt.

écrit par: Phineas Samedi 20 Octobre 2018 à 19h24
[Séquence de l'entretien. 16 de Kythorn 1383, Citadelle des Dragons Pourpres]


Tôt, Zaxiah avait dû se lever bien tôt pour être sûre d'être à l'heure au rendez vous. La ponctualité était la politesse des rois, et elle valait au moins une reine.

Elle ne connaissait pas vraiment Suzail à l'aube. Des quelques années qu'elle y avait passé petite, elle n'avait jamais eu l'occasion de s'y promener à cette heure. Le palais était déjà illuminé sur la falaise. Les petites mains devaient être à l’œuvre depuis bien des heures déjà. Les boulangers eux aussi étaient aux fourneaux. Mais c'était probablement au port que l'agitation était déjà la plus élevée. Trois navires partaient, larguaient leurs amarres pendant que les capitaines du port géraient les manœuvres à terre. Alors qu'elle passait non loin du manoir de sa famille, elle remarqua que des Dragons étaient en faction autour, même aussi tôt.

Enfin, elle arriva aux portes de la Citadelle. Petite, elle s'en souvenait, la forteresse l'impressionnait. C'était le cœur militaire de la ville, du pays. Les rumeurs disaient que même si les remparts de Suzail tombaient, la Citadelle demeurerait invincible. On disait que jamais les remparts n'étaient laissés sans surveillances, et que le port était en mesure de repousser n'importe quel assaut naval. Et certains osaient même sous entendre que le Roi et la Régente eux mêmes étaient contrôlés avant d'entrer.

Zaxiah en tout cas, le fut. Elle n'avait pas ses papiers et un instant, elle crut que son sort serait réglé en quelques secondes lorsqu'elle se présenta devant les gardes de la porte. Mais un officier arriva pour la sauver.


Commandant-Lame Theorin Barrin
Repos, soldat. Dame Grimaldius est dans une situation particulière, nous allons veiller à ce qu'elle soit régularisée.

L'officier se tourna vers elle.

Dame Grimaldius, je suis le Commandant-Lame Barrin, si vous voulez bien me suivre, dit il en s'inclinant et en souriant.



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Ils traversèrent la grande cours. Cela permis à Zaxiah d'observer la forteresse de l'intérieur. Déjà, à cette heure, quelques soldats s'entrainer sur le grand terrain qui prenait la quasi-totalité de la cour. Au loin, les lampions indiquait le début du territoire des Dragons Bleu, le port militaire et le chantier naval. Aussi prêt de l'aube, peu de fenêtre étaient allumées que ce soit dans ce qui semblait être les bureaux, ou, plus loin, dans les casernement. Ce qui permis à Zaxiah de déduire que le commandant devait regarder la porte de sa fenêtre, et que son intervention n'était pas le fruit du hasard. On entendait cependant les ordres criés par les maîtres d'écuries aux pages qui semblaient faire de nombreuses erreurs, à leurs sens.

Passant une porte puis gravissant un escalier, ils finirent par arriver dans un petit bureau. Un long bureau était aligné d'un côté de la pièce la plupart des murs étaient couvert d'étagères dans lesquels des documents étaient méticuleusement rangés. Une carte géopolitique du Cormyr était affichée à côté de la fenêtre (qui donnait effectivement sur la cours, et permettait de surveiller la porte) et une pile de tomes étaient empilés sur le bureau, parfaitement alignés. Deux fauteuils se trouvaient devant le bureau et l'un des deux était occupé par une femme, qui devait, comme l'officier, se trouver au début de la trentaine, et étaient plongée dans un parchemin. Lorsqu'ils entrèrent, elle releva la tête.


- Dame Grimaldius, permettez moi de vous présentez Zulda Thar, mage du Sixième Cercle et...

Mage Zulda Thar
Emissaire du Justicar Landoris. Mais j'aurais également put être envoyée par le Justicar Vérité, puisque c'est d'abord cela que nous allons chercher aujourd'hui. Oui, rajouta t-elle, visiblement amusée, le Justicar de la Vérité s'appelle Vérité. Amusante coïncidence, n'est ce pas ?


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- Si vous voulez bien prendre place Dame Grimaldius. Nous allons commencer. Je voudrais que vous nous racontiez tout ce que vous voulez bien nous raconter à propos de votre retour à Suzail.

écrit par: Zaxiah Jeudi 25 Octobre 2018 à 01h12
[Influence Captivante]

Au fond d’elle bouillait une colère indescriptible. Il n’y avait pas de menaces en l’air, tout ceci n’était qu’un moyen de salir une réputation naissante. Il fallait à présent feindre la naïveté absolue à cause des initiatives de certains incontrôlables. Elle prit le temps de maudire mentalement les noms de ces scélérats pour la énième fois depuis le début de semaine. Des risques pris au nom de quelques bas instincts. Aux yeux de tous, aucun homme respectable ne voudrait d’elle et aucune femme respectable n’accepterait de l’accueillir dans sa demeure. Certainement déjà réduite à des mariages de convenance ou à dépendre de la générosité d’autrui, elle serait condamnée à vivre le restant de ses jours comme un spectre en marge de la société, à la fois invisible et méprisée.

Pleure sur ton sort, personne d’autre ne le fera.

Le visage dissimulé dans son épaisse écharpe, vêtue sobrement de sombres teintes comme à l’accoutumé, la sorcière de Suzail rejoignit le lieu de convocation légèrement en avance sur l’horaire stipulée par le commandant-Lame Theorin Barrin. Sur place, elle s’efforça de paraître décontenancée du fait d’être ainsi mandée par les autorités, et en un sens, la jeune citoyenne espérait quelques apaisements. Les manœuvres diplomatiques nécessitait de savoir comment se comporter dans les cercles aristocratiques et comment sauver la face dans des situations de conflit. En raison de sa beauté parfaite, presque surnaturelle, Zacsia avait appris très tôt à manœuvrer, à résister aux avances indésirables de ses admirateurs, en utilisant une arrogance froide et des manières impeccables et distantes comme un bouclier impénétrable.

En arrivant dans le bureau, loin du donjon inquisitorial qu’elle s’était imaginée, elle hocha la tête pour répondre à l’invitation tout en prenant place autour de la table. Elle n’eut aucune appréhension en sentant se braquer sur elle les regards des deux agents de la justice Cormyrienne. La sorcière passa outre les plaisanteries, feignant de ne pas avoir entendu et soupçonnant que les formulations cordiales étaient aussi factices que les sourires, simple convenance. Elle considéra brièvement ses interlocuteurs d’un air morne, réfléchissant un instant et en choisissant ses mots avec soin. Dès qu’elle eut l’attention de tous, elle entama d’une voix qui lui semblait presque étrangère. Elle sembla y percevoir l’écho de la profonde tristesse que ce rêve avait fait naître en elle :


- Je suis rentrée en Suzail le treize de Kythorn après moins d’une décennie d’absence. J’ai naturellement suivit mes souvenirs en parcourant la grande route jusqu’au port vers la demeure de la famille Grimaldius, enfin, ce qu’il en reste. Je me suis présentée sans attendre.

Elle s’arrêta un instant en baissant les yeux sur le bureau, ravalant sa salive et soupirant de chagrin, donnant toute l’amplitude légitime à cette occasion.

- A ce moment, j’ignorais que la demeure familiale avait échouée à un nouveau propriétaire, et je dois avouer que j’espérais encore trouver conseil auprès de n’importe quel visage familier.

Écourtant sa pudeur émotionnelle, Zacsia releva le visage et dévisagea ses interlocuteurs de ses yeux merveilleux, quelques vagues tapissaient toujours le fond sa voix :

- C’est une inconnue qui m’a ouvert la porte et expliqué la situation. Contrainte au seuil de mon foyer, je n’ai eu d’autre choix que de rebrousser chemin. Ensuite, il me semble que je me suis réfugiée au temple du grand Archiviste des Connaissances. Je loge à l’auberge de « La Roue Gémissante » depuis ce jour.

La sorcière provoqua un silence en contemplant la réaction des justiciers.

écrit par: Phineas Dimanche 28 Octobre 2018 à 15h42
Theorin avait ouvert un dossier dans lequel était déjà glissé quelques parchemin, et inscrivait minutieusement les déclarations de Zaxiah sur une nouvelle feuille. Après qu'elle eut terminé, on n'entendit plus pendant quelques secondes que le grattement de la plume sur le papier. Ce fut la magicienne qui reprit.

- Les rumeurs circulent vite, mais postulons que vous ne les écoutez pas. Un quadruple meurtre à été perpétré ce même jour dans le manoir de votre famille. Quatre personnes, dont probablement la femme qui vous a ouvert, ont été retrouvés assassinés de façon particulièrement sauvage. L'un des morts est d'ailleurs mort lorsqu'un piège brutal s'est déclenché, alors qu'il venait avec son équipe relever la garde.

Elle marqua une pose, observant la réaction de Zaxiah.

- Vous n'êtes bien entendu pas suspecte, mais la coïncidence des dates est trop troublante pour que nous nous passions de votre témoignage. Même si Arlen Ravalon n'avait pas demandé une enquête particulièrement sévère, il est évident que ce genre de d'affaires demande une méticulosité particulière.

Par conséquent, je vous demanderait d'être particulièrement précise en répondant aux questions suivantes : il y a t'il la moindre possibilité que quelqu'un ou quelque chose vous ait visé vous ? Que cet attentat vous ait été destiné d'une manière ou d'une autre ? Est il possible que la raison de ces meurtres soit liés à quelque chose en rapport avec les Grimaldius, plutôt qu'avec Ravalon ? Par ailleurs, nous savons que vous cherchez à récupérer votre héritage - ce qui est tout à fait compréhensible - mais avez vous envisagé des manœuvres contre de Ravalon qui serait éventuellement répréhensible ?

écrit par: Zaxiah Jeudi 01 Novembre 2018 à 04h50
En son for intérieur, comme prise d’une profonde lassitude, la sorcière de Suzail retint un flot de compliment méprisant et de remarques condescendantes à l’égard de ses interlocuteurs. Elle pencha la tête et ferma légèrement les yeux d’un air affecté par les évocations de multiple meurtres et cette ribambelle de questions. Elle n’avait aucun mal à prendre cet air déconcerté et malheureux. Elle avait même acquis beaucoup de ressources pour puiser tant de colère que de tristesse en abordant le sort réservé à son patrimoine.

- C’est de la bouche de soldats attablés aux Mâchoires du Dragon que j’ai appris la nouvelle. Je me sens naïve d’avoir pensée que ce ne soit que des spéculations et que ces rumeurs se révèlent fausses.

Elle secoua négativement la tête tout en dévisageant la magicienne.

- Non, je n’ai pas d’ennemis, encore moins à Suzail où je n’ai pas mis les pieds depuis si longtemps disais-je. Et évidemment que non, je n’ai pas tentée de « manœuvres », pas plus que je ne me suis abaissée à quémander la charité à cet homme que le trône a jugé bon de détenir des droits sur le manoir Grimaldius.

L’observation provoqua un silence, qu’elle rompit sans attendre :

- Je connais bien le sujet, et rien dans mes souvenirs n’évoque quelconque représailles après ou envers notre famille. Cela me parait en réalité inimaginable.

écrit par: Phineas Dimanche 04 Novembre 2018 à 15h58
Le commandant hocha la tête, imité par la magicienne. Zaxiah ressentait quelque chose d'étrange de la part des deux représentants du Roi. La véracité de ses propos n'était pas remise en doute. Ils n'étaient pas des politiciens, mais des enquêteurs. Bien entendu, ils ne la croyaient pas absolument, et sa version serait plus tard comparées à d'autres, et aux indices qu'ils récupéreraient. Mais en attendant, aucun des deux ne remettait en doute la sorcière.

Theorin ouvrit un tiroir dans son bureau et en sortie un petit paquet, emballé dans du tissu huilé. Elle le tendit à Zaxiah.


- Il s'agit de papiers en règle. Vos papiers. Cela ne vous rends pas vos prérogatives matérielles de naissance, mais au moins, la cité sait désormais que vous existez.

Il posa les mains sur son dossier.

- Bien. Avez vous quoique ce soit d'autres à déclarer ou une demande à formuler, Dame Grimaldius ?

écrit par: Zaxiah Jeudi 08 Novembre 2018 à 01h29
La sorcière baissa les yeux sur les documents, l’air extrêmement sérieux. Dans le même temps, elle se demandait si ses interlocuteurs étaient bien sensibles à son charme irrésistible, elle brûlait d’envie de vérifier l’absence ou la présence d’auras magiques.

Zacsia releva le menton pour dévisager l’investigateur qui venait d’interrompre sa rédaction et proposait déjà d’écourter l’entretien. Elle pencha la tête et ferma légèrement les yeux d’un air soucieux.

- Nous avons tous une manière de justifier notre comportement, aussi étrange soit-il. Chacun cherche à se présenter comme il entend. Vous devez rencontrer ce phénomène souvent dans votre travail, je présume. Tout le monde veut se dédouaner, même les déséquilibrés. Surtout les déséquilibrés ?

Elle tint un sourire crispé, dénué de toute joie. A quoi bon papillonner des paupières quand ses interlocuteurs étaient exempts de réceptivité. Elle pensait avoir eu raison de se méfier de l’humour qui l’avait accueilli en rentrant dans la salle d’interrogatoire, car le manque de savoir vivre et l’austérité n’avaient pas tardés à se révéler. Aucune boisson pour se désaltérer et discourir convenablement, un florilège d’accusations et d’insinuations à peine déguisées. Mais le pire, pour l’humeur versatile de la sorcière, venait de cette révélation selon laquelle l’armateur avait réclamé une enquête, prouvant ainsi que Ravalon n’avait pas l’air plus inquiété que cela par les autorités et que sa possession de marchandise douteuse n’était probablement plus qu’un détail perdu dans l’affaire.

- Les chercheurs cèdent aisément aux pathos et à leurs tropismes idéologiques au lieu d’avoir le recul nécessaire à la recherche scientifique. Les Grimaldius ont toujours pronés l’observation et le pragmatisme dans la neutralité. Nous sommes dotés d’écrivains passionnés, d’affairistes pertinents et audacieux. Cette attitude ou ce trait de famille nous a toujours tenus éloignés des conflits de cours et des « manœuvres » politiques.

Elle souffla quelques secondes et reprit sur le même ton :

- Je vous laisserai – pour preuve – le soin de consulter le temple du grand archiviste où ma famille a servi au cours de maintes générations, ou consulter les registres militaires pour voir que nos représentants étaient émérites et convenables, ou les archives du bureau du commerce pour vérifier la nature de nos activités, veillez à questionner les anciens citadins qui travaillèrent pour mon père, dont un grand nombre de couturières, qui profitèrent longtemps de ses ateliers et de sa bienveillance.

La sorcière ferma les yeux comme pour mieux visualiser ses souvenirs.

- Avant mon départ, je pense même pouvoir affirmer que notre famille possédait une bonne réputation. Que nos activités commerciales ont bénéficiés à de nombreuses familles.

Elle rouvrit peu à peu les yeux et dévisagea la femme à ses côtés :

- Vous me faites craindre pour ma propre sécurité à présent. Cet homme, Ravalon, est-il au courant de ma présence en Suzail ? Maintenant que j’y songe, avant que l’on ne ternisse un peu plus ce qu’il reste de l’image de ma Maison, cet armateur possède une terrible réputation dans les rues de Suzail et...

La fin de phrase se perdit dans le regard que l’on porta sur elle. Elle écarquilla soudainement les yeux comme victime d’une révélation.

- Je... Ceux qui m’ont ouverts la porte, ils étaient tous bien armés et portaient des armures. Le détail m’avait échappé, mais ils l’étaient sans doute trop pour surveiller du simple matériel naval, étaient-ils en quelques sortes préparés à ce drame ? Que pouvez-vous me dire sur les activités de ce Ravalon ?

écrit par: Phineas Jeudi 08 Novembre 2018 à 23h30
L'insulte, à peine dissimulée, fit mouche. La magicienne la regarda en haussant un sourcil pendant que le regard, jusqu'ici bienveillant, de Theorin, se durcit. Celui-ci attendit quelque secondes, pour voir si Zaxiah avait terminé, avant de reprendre :

- Madame, je ne saurais que vous conseillez de cesser ce genre de discours remettant en question de matière fort peu discrète la probité des Dragons et des Mages.

Il marqua une pause et cala son regard dans les yeux de la sorcière pendant que ses mains se joignaient sur le bureau. Thar croisa les jambes.

- Des informations que nous ont fournis les Hérauts et les Archivistes, aucun membre de votre famille n'a plus mit les pieds à Suzail depuis plus de dix ans, et ses affaires autrefois correctement rentables, sont au point mort depuis plus longtemps encore. Ce n'est donc pas les Grimaldius qui constituent un point de notre enquête, mais vous, Madame. L'honnêteté de vos aïeux ne prouvent pas la votre. Et ce, au même titre qu'Arlen de Ravalon. Qu'il ait ou non demandé une enquête poussée ne change rien à ce que nous comptions faire dès le départ. L'affaire est trop grave pour être traitée comme un simple fait divers. D'ailleurs, il a déjà été entendu.

Ce qui nous étonne, entre autre, c'est que malgré que vous nous ayez assuré avoir eu vent de rumeur tenace concernant votre demeure familiale, vous ne soyez pas venue vous même vous présenter à la Citadelle pour demander des informations sur cette affaire. Alors que, de vos propres dires, ce fut votre premier arrêt.

Nous nous étonnons également que vous ayez oublié de nous mentionner ce détail des armes - duquel nous étions déjà informés - dans votre première déclaration. Si ce détail vous a réellement étonné, il aurait semblé logique qu'il fasse partie de vos premiers mots. Ceci étant, juridiquement, le port d'arme n'a rien d'illégal tant qu'elles ne sont pas tirées au clair pour une raison indue.

Le regard toujours d'acier, il fixa Zaxiah encore un instant.

- Si De Ravalon à connaissance de votre présence, nous ne sommes pas ses informateurs. Et il ne nous appartient, par ailleurs, d'avoir égard pour les persiflages de rues, à moins que ceux-ci soient pertinents pour notre enquête.

Du reste, la nature des activités de l'armateur entre les murs du manoir sont un élément important de l'enquête, sur lequel nous ne nous épancherons pas. Il ne m'appartient pas de juger des affaires commerciales, politiques ou juridiques de ce Monsieur, ni de les éventer.

écrit par: Zaxiah Vendredi 09 Novembre 2018 à 14h18
La sorcière ne bronchait pas. Elle accueillit les dernières remarques de l’interrogateur d’un léger hochement de tête et prit le temps d’une inspiration pour se laisser le temps de réflexion.

- Concernant vos étonnements, reprit-elle aussitôt à la suite. Ils ne sont que la confirmation de ce que j’avançais plus tôt et de l’importance de mon héritage culturel. Tout d’abord, sachez que la peur conduit inexorablement à se méfier de tout et de tous. Qu’ainsi, il est de bon ton de servir à boire lors d’un tel entretien car cela amène un climat de confiance et que l’eau, en hydratant le cerveau, aide à équilibrer le moral, la concentration et les émotions. Aussi, que faire pleuvoir une flopée de suppositions vaseuses ne permettra à vos futurs que de noyer le poisson plus facilement. Gardez cela en mémoire face à vos futurs sujets à interroger.

Sans sourciller, elle leva un index pour garder l’attention.

- Premièrement, je n’avais aucune revendication pour prétendre à la curiosité nécessaire pour venir « quémander à la citadelle des informations sur cette affaire » étant donné que j’ai appris – je vous le répète – ces vagues informations le soir suivant de la bouche même d’officiers militaires indiscrets, par conséquent, les autorités étaient déjà au courant et bien mieux informés que je n’aurai pu l’être. Je ne possède aucune information susceptible de faire progresser une enquête, donc aucun devoir d’accomplir une démarche citoyenne.

Elle dressa son majeur pour former un –v.

- Deuxièmement, cela me désole de devoir me répéter, mais je viens de vous préciser que ce détail m’avait initialement échappé. Après mon retour à suzail, la découverte de l’état de la demeure Grimaldius, l’absence de mon père et les stoïcismes des autorités à l’égard de ma condition, vous imaginez bien – en faisant un effort – que mes préoccupations à cet instant étaient loin des hypothèses fumeuses pour tenter d’élucider un massacre.

Un nouveau doigt fin et pâle supplémentaire se leva.

- Vous me posez la question afin de savoir si j’ai des ennemis ou si j’ai pu engager une action : votre messager m’a trouvé au beau milieu d’un événement public et je suis obligé de loger dans un établissement populaire. Est-ce là l’attitude d’une personne qui a des ennemis ? Quel assassin voulant sans prendre à moi ou aux Grimaldius, aurait assailli le manoir Grimaldius dans lequel je n’ai pas vécu depuis une dizaine d’années ? Vu l’état de mon corps, il est difficile d’envisager qu’une femme de mon âge et de ma corpulence ait pu rosser ces malheureux avec violence. Aussi, je n’ai aucune amplitude financière pour recruter quelconque mercenaires, soyons sérieux, cela se saurait rapidement su, je ne passe pas inaperçu. A cela j’ajouterais que je n’aurai pas pu organiser cela en moins de vingt-quatre heures, que j’aurais probablement quitté la ville après cela et surtout, qu’aucunement je n’aurai pu prétendre à la propriété de mon ancien foyer.

Ses doigts se fermèrent en un poing, qu’elle rabattit doucement vers ses genoux. Elle hocha la tête négativement, arborant une étrange expression figée comme si elle était sur le point d’avoir une attaque cardiaque. Elle s’était mise à frémir et les mots lui sautaient à la gorge et semblaient l’étrangler.

- La vie était si différente dans mes souvenirs. Aujourd’hui les vendeurs de drogues arpentent les rues où je me baladais étant enfant, et des caïds sèment la terreur dans un quartier réservé aux lépreux, et je ne parle pas du fait de concéder du pouvoir à des armateurs de mauvaise vie. Elle détourna le regard d’un air abattu, en proie à de violentes émotions. Vos étonnements sont le signe évident d’un manque de lucidité, affirma-t-elle sans même sourciller. J’ai toutes les raisons d’être troublés dotant plus que vous me faites subir un interrogatoire dans le cadre d’une enquête portant sur un meurtre.

Elle se leva brusquement de son siège. Le plus attentif put apercevoir scintiller le reflet d’une larme au coin de son œil iridescent.

- Vous insultez mon intellect et me faites perdre mon temps. Non, je n’ai rien d’autre à déclarer et encore moins de requête à vous suggérer. Je serais à votre disposition quand vous déciderez de prendre ces choses au sérieux. Pour l’heure, veuillez laisser la dernière descendante de la famille Grimaldius survivre avec le peu qui lui reste.

A ces mots, confuse, elle posa la main sur ses lettres de noblesse, les glissa dans ses affaires et tourna les épaules pour sortir de la pièce sans autres commentaires.