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La Taverne des Royaumes Oubliés > Quête : Les vestiges de l'oppression [Damarie] > Introduction: Vers le creuset de souffrance -Reïlo |
écrit par: Farah Cyahn Vendredi 03 Mars 2017 à 00h39 | ||||
1372 - L'année de la Magie sauvage. Localisation: Région du Valherse Quinzième jour du Crépuscule. Nuit 14 °C Bande-son du narrateur Reïlo A la lisière du Valherse, à la prémisse de l’hiver, des oriflammes d’Oghma flottaient au vent. La saison n’avait pas atténuée l’arborescence des imposants feuillages de la région. L’académie du Val’Humble ne profitait d’aucune réputation particulière, beaucoup était même surpris d’apprendre son existence. L’académie s’élevait à gauche d’un arbre aux dimensions titanesques, à son pied le bâtiment s’étageait sur quatre larges galeries de pierre. Le sol du rez-de-chaussée disparaissait sous d’épaisses racines et à hauteur de la quatrième galerie, la charpente était invisible, masquée par les branches du houppier, plongée dans une parfaite obscurité. Sous la bienveillance du maitre des légendes Aghnür, conteur et barde d’un âge très avancé, l’académie était un lieu paisible et silencieux. Une dizaine de disciple partageait les quelques chambrés et profitaient des instructions de divers intervenants. Le protecteur et conseilleur du jeune Reïlo l’avait envoyé en ces lieux pour rencontrer une dénommée Nërissa. Druidesse, mage, politicienne, stratège et astronome, les dénominatifs pour la qualifier étaient nombreux. Cette adepte influente et aventurière de renom avait participé à la fondation de l’académie du Val’Humble. Le métis avait trouvé des références la concernant dans les archives, quelques écrits siglés par la prestigieuse exploratrice. Selon les divers sujets titrant ces ouvrages, son domaine d’expertise portait principalement sur les arcanes profanes, quelques parchemins firent aussi mention de ses recherches sur la lycanthropie. L’honneur de rencontrer une si grande inspiratrice ne faisait aucun doute tant les louanges et mémoires rapportés par son maitre étaient unanimes à son sujet. L’opportunité était trop belle pour être refusé, mais à cet instant, la prestigieuse Nërissa du Val’Humble se faisait désirer et Reïlo commençait à perdre patience. La réputation de la dame mentionnait son itinérance loin des archives poussiéreuses et coutumières à son clergé. Certains déclaraient ne jamais l’avoir vu passer plus d’une semaine au même endroit, d’autres affirmèrent même n’avoir jamais pu l’observer encrer un parchemin. Pourtant chacun le savait, plus que quiconque en serait capable en une seule vie, elle avait contribuée au rayonnement de son ordre à travers le continent depuis de nombreuses générations. Quelques semaines seulement après son arrivée, Reïlo était déjà en proie à un ennui familier, toujours circonspect d’être envoyé dans cet établissement plutôt qu’au temple Oghmite du prestigieux Valherse ou plus loin encore, il tenta néanmoins de s’acclimater aux lieux malgré le faible intérêt environnent. Puis la relation avec les autres académiciens se dégrada progressivement, agissants comme des censeurs aux questionnements du jeune semi-elfe, les érudits démontraient désormais leurs mépris sans aucune formalité. L’apprentie du dieu archiviste ne sut dire si cette hostilité venait de son ascendance ou de toutes autres raisons. Il regretta la familiarité acquise dans son ancien collège auprès de ses mentors, il fut las de devoir à nouveau se faire accepter, las de se justifier de ces présomptions qui l’accablaient perpétuellement, tant au sujet de ses origines que de ses intentions. De nombreuses fois, le métis se ressassa les raisons de sa présence pour ne pas déserter l’académie, pour se convaincre des bienfaits de son exil loin de sa mère. Plongé dans la lecture des vieux manuscrits qui s’entassaient sur les étagères. La nuit couvrait un silence propice à l’étude. Assis sur un tabouret, le métis disposait d’un lutrin ainsi qu’une loupe et à la lumière d’une chandelle, il déchiffrait patiemment les minuscules rédigées des échevins de l’académie. Telle une apparition fantomatique, une silhouette furtive et gracieuse sortit de l’ombre. Vêtue d’un large manteau verdâtre aux bordures brodées, la jeune femme prit place sur l’un des sièges qui faisait face à Reïlo, sans un mot. Ses cheveux négligemment attachés étaient bruns et tiraient sur le roux, voir sur le rouge. sa fine cotte de mailles et sa rapière supposaient ses aptitudes martiales. Elle dévisagea le métis un moment, son visage sévère était insondable puis ses minces lèvres s’entrouvrirent pour laisser s’échapper une voix fluette mais autoritaire.
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écrit par: Reïlo Blanche Flamme Lundi 06 Mars 2017 à 10h11 |
S'il était bien avantage que les érudits avaient sur les autres personnes, c'était celui de ne jamais s'ennuyer. Sans avoir pu établir le moindre contact avec Nërissa depuis son arrivée et s'étant attiré les mauvaises grâces des autres pensionnaires du lieux, Reïlo commençait à trouver le temps long mais la solitude ne lui pesait guère et il trouvait toujours de quoi s'occuper : il se plongeait de longues heures durant dans les archives de l'Académie et, lorsqu'il avait envie de se changer les idées, parcourait les rues de la localité pour en observer les particularités par lui-même. De temps à autres, le demi-drow avait pris l'habitude de consigner l'ensemble de ses découvertes dans son carnet de voyage. En une nuit comme toutes les autres, Reïlo fut abordé par une mystérieuse personne qui ne daigna même pas se présenter à lui. Il n'aimait pas être dérangé tandis qu'il se livrait à l'étude d'un document mais il comprit immédiatement qu'il n'avait pas à faire à n'importe qui : non seulement, son interlocutrice avait eu connaissance de la lettre de Bentir mais en plus son ton ne laissait guère de doute quant à sa position au sein de l'Académie. ¤ Et voilà probablement Nërissa... ou, si ce n'est pas elle, mais c'est peu probable, quelqu'un qui est très proche d'elle... ¤ Reïlo déposa sa plume d'écriture et repoussa légèrement le lutrin avant de répondre à la requête de sa mystérieuse interlocutrice : - Mon nom religion est "Blanche flamme" mais je suis né sous celui de Reïlo. Je sers le Seigneur du Savoir depuis quelques années déjà. Je viens de Valherse où j'ai étudié auprès de Roldan et de Bentir, ce dernier m'ayant recommandé de venir ici pour approfondir mes connaissances. Voilà qui lui semblait suffisant. Il se risqua une remarque audacieuse, espérant ne pas courroucer la mystérieuse personne qui l'avait abordée : - Je vous remercie de m'avoir accueilli à l'Académie pendant tout ce temps. Je ne doute pas que vous ayez beaucoup d'occupations mais, si je puis me permettre, la transmission du Savoir à autrui est le fondement même des enseignement d'Oghma... Je puis vous assurer que je suis et que je serai un élève des plus assidus. Il se tut en attendant la réponse de son interlocutrice. Sympa la petite musique! Juste un détail, Reïlo vient du temple d'Oghma à Valherse (c'est là qu'il a étudié) |
écrit par: Farah Cyahn Lundi 06 Mars 2017 à 19h17 | ||||
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écrit par: Reïlo Blanche Flamme Mercredi 08 Mars 2017 à 09h48 |
¤ Ainsi donc, il ne s'agit pas Nërissa en personne. Aurait-elle envoyé l'une de ses sous-fifres pour me jauger? ¤ L'attitude de l'inconnue commençait à déconcerter et à irriter Reïlo. Il avait l'habitude de subir des regards méfiants et un ton hostile mais c'était généralement l'attitude de personnes vulgaires, stupides et incultes. Les gens cultivés, et en particulier les fidèles d'Oghma qu'il avait eu l'occasion de rencontrer jusqu'alors, lui avaient généralement réservé un bon accueil en constatant qu'il était un élève aussi doué que motivé. C'étaient d'ailleurs ces raisons qui l'avaient poussé à servir le Lieur. Sa remarque, quoique légèrement impertinente, ne lui semblait pas être vexante. L'exigence de totale confiance et soumission que formulait son interlocutrice le choquait. ¤ Comment faire confiance à quelqu'un qu'on ne connait pas et qui ne daigne même pas se présenter ? ¤ Le fait d'avoir à subir un véritable interrogatoire sans pouvoir répondre ne lui plaisait pas non plus. Dans sa conception du culte d'Oghma, toute idée, toute remarque était potentiellement intéressante et la liberté de parole devait être totale : le maître mérite le respect mais le disciple a le droit, sinon le devoir, de lui poser des questions et de lui faire part de ses remarques. Le demi-drow commençait à se demander ce qu'il faisait là et s'il lui fallait rester un instant de plus dans cette "Académie". Mais, après tout, Bentir avait jugé bon de l'y envoyer : son ancien maître devait avoir ses raisons d'agir de la sorte et sa sagesse était plus importante que celle d'un novice. Reïlo décida de se contenir et prendre patience. - Je suis un novice au service d'Oghma : Bentir m'a appris à prier le Lieur qui m'accordé sa bénédiction en me permettant d'user de magie. J'ai bien évidemment reçu un enseignement assez poussé en ce qui concerne les différentes déités et leur culte. Mon mentor me jugeait également assez érudit en matière d'histoire, de géographie et de connaissance des mystères. Ces trois domaines d'étude m'intéressent particulièrement et j'y consacre l'essentiel de mes lectures actuelles. Il marqua une courte pause avant de répondre à la seconde question de son interlocutrice : - Quant à mes motivations, elles sont simples pour le moment : apprendre. Je suis jeune et je ne connais encore que peu de choses sur notre monde et sur la magie. Je veux accumuler davantage de connaissances. Quand je serai prêt, j'espère pourvoir mener à bien mes propres recherches originales et, le jour venu, les partager au travers de publications et d'un enseignement. |
écrit par: Farah Cyahn Mercredi 08 Mars 2017 à 21h54 | ||||||||
La salle d’étude du Percime était située au sommet de l’arbre qui soutenait l’académie. A la suite d’un étroit escalier en colimaçon, l’on pouvait accéder à une large plateforme de bois dans laquelle étaient entreposée de nombreux ouvrages laissés par les étudiants depuis des années. Lieu favori des ornithologues, la vue surplombait la cime de la plupart des arbres environnants telle une nacelle suspendue au-dessus d’un océan de végétation. Les murs étaient bordés de larges étagères et un balcon entourait la salle. Les deux sang-mêlés continuaient de discourir paisiblement, tandis que le fracas de la pluie constante résonnait légèrement sur la toiture.
Elle s’arrêta devant une étagère chargée de documents. Rëilo savait qu’à cette place était entreposé les archives traitants de géographie. Elle parcourue d’un doigt la tranche des livres. Arlæhn en trouva un doté d’une épaisse reliure de cuire vermeil, elle parcourue quelques pages puis le referma aussitôt. A l'évocation de ce recueil, l'apprenti oghmite sembla discerner un discret rictus sur le visage de l’interrogatrice. Cette dernière retourna légèrement son attention vers le demi-drow après avoir rangé l’ouvrage.
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écrit par: Reïlo Blanche Flamme Lundi 13 Mars 2017 à 11h29 |
Le ton d'Arlæhn avait sensiblement changé et elle semblait faire montre de plus de bonne volonté qu'auparavant. Reïlo se félicita d'avoir choisi de patienter et de faire preuve d'apaisement dans la tournure que prenait leur conversation. Le demi-drow avait dû intégrer les nombreuses nouvelles données qu'elle venait de lui présenter. Son interlocutrice avait réussi à chatouiller pour de bon sa curiosité natuelle : sa description de l'Académie et de dame Nërissa intriguaient au plus point le jeune oghmite. Les questions se bousculaient dans sa tête mais il était probable qu'on ne lui livre pas immédiatement toutes les réponses qu'il aurait souhaité avoir, notamment sur les activités proposées par l'Académie sur l'optique dans laquelle elle avait été fondée. Pour l'heure, il se contenta de répondre : - Je vous remercie de m'avoir apporté toutes ces précisions. Je suis conscient d'avoir eu beaucoup de chance en rencontrant Bentir et Roldan et je serai toujours reconnaissant à leur égard. Mais, à présent, je suis à la recherche d'autre chose que d'un mentor classique et, ce que vous me proposez, semble correspondre à mes aspirations. Il passa sa main sous son menton et ajouta : - J'ai beaucoup de questions sur l'Académie mais je suppose que je trouverai des réponses au fur et à mesure, quand vous estimerez nécessaire de m'en informer... car je souhaite toujours apprendre auprès de dame Nërissa ou de quiconque pourra me faire progresser sur la voie de la Connaissance. |
écrit par: Farah Cyahn Mercredi 15 Mars 2017 à 01h21 | ||||
- Bien… Tu n’es pas bavard. C’est une qualité. Après en avoir vaguement examiné le contenu, Arlæhn reposa un second livre dans l’alcôve laissée vide et resta un moment furtive, scrutant le sang-mêlé dans l’ombre du renfoncement de la pièce. Contrainte pour d’inexplicables raisons, il paraissait évident qu’elle s’empêchait de parler naturellement.
Elle émit une pause et le tintement irrégulier du déluge à l’extérieur combla le silence. L’investigatrice était vraisemblablement renseignée sur la généalogie du jeune prêtre. Aussi ces dernières questions n’étaient pas anodines, les récents évènements qui secouaient le pays et l’ascension du peuple d’Outreterre en surface favorisaient la méfiance de la plupart des citoyens. Mais Arlæhn remettait en cause les intentions des précepteurs de Reïlo, ses préoccupations dépassaient visiblement les simples présomptions raciales. La paisible académie du Valhumble parut nettement moins sereine aux yeux de l’adepte. |
écrit par: Reïlo Blanche Flamme Mardi 21 Mars 2017 à 15h39 |
Les dernières questions d'Arlæhn avaient quelque chose de troublant. Reïlo avait toujours eu du mal à parler de ses origines. La raison en était simple : il ne savait pas très bien lui-même ce qu'il devait en penser. Il ne se sentait ni humain, ni elfe noir, ni même demi-drow. Il était simplement lui-même, c'est-à-dire quelqu'un de différent, à peine toléré en marge de la société. - La réponse la plus évidente concerne mon père : je n'ai jamais cherché à le retrouver. Il n'est rien pour moi... Je ne l'ai jamais connu, je ne sais même pas s'il est en vie et surtout je n'ai pas eu besoin de lui pour devenir ce que je suis. Je ne vois que peu d'intérêt à me lancer à sa recherche. Il posa sa main sur le bureau et prit quelques secondes pour réfléchir avant d'ajouter : - La question de mon intérêt pour mes origines est plus complexe. Même si j'ai vécu en marge de la société, je suis plus humain que drow, c'est indéniable. Ma mère et mes mentors sont humains et j'ai grandi dans une société majoritairement humaine, le dieu que j'honore est lié au panthéon des humains. Néanmoins, je ne suis pas et je ne serai jamais un humain, je ne le désire d'ailleurs pas. Mon ascendance drow m'intrigue, je ne le cache pas. C'était également le cas de mes mentors et c'est la raison pour laquelle j'ai appris les rudiments de la langue des elfes noirs. Mais il s'agit plus d'une curiosité scientifique que d'un attachement sentimental : la cruauté gratuite des drows et leur système matriarcal ne m'attirent pas du tout. Le prêtre d'Oghma se tut, espérant en avoir dit assez. |
écrit par: Farah Cyahn Mardi 21 Mars 2017 à 19h25 | ||||||||
Reïlo ne sut dire s’il s’agissait d’un signe de contentement suite à la pertinence de la réflexion ou s’il s’agissait d’un signe de moquerie, mais un léger rictus vint poindre à la commissure des lèvres d’Arlæhn. Toujours accoudée au dossier d’une chaise, elle reprit la conversation, les paroles agrémentées de geste de la main gauche.
Après avoir pris le soin d’éteindre la bougie, les deux sang-mêlé quittèrent la salle d’étude du Percîme par un étroit escalier en colimaçon. Arlæhn fit ses adieux au petit veilleur de nuit qui guettait derrière son comptoir. L’attitude et les mots de la demi-elfe laissait penser qu’elle était familière en ces lieux. Après avoir rehaussé son long vêtement et observé un moment ce qu’elle s’apprêtait à affronter, elle s’élança dans la pénombre. Quand ils abandonnèrent la protection du houppier de l’arbre millénaire, la brise d’un instant immergea les deux fugitifs d’un voile de fines gouttelettes de pluie. En seulement quelques semaines et sous le manque de clémence de la météorologie, Reïlo n’avait pas eu le temps d’appréhender intégralement le Valhumble, les lieux lui semblèrent rapidement inconnus. Engoncée dans son épais manteau à épaulière, la silhouette rigide d’Arlæhn avançait d’un pas pressé. Elle progressait en évitant les mares d’eaux formées au sol, sa démarche était sensiblement plus gracile que ses propos. L’apprenti oghmite et sa mystérieuse examinatrice parcoururent silencieusement les alentours de l’académie. Ils bifurquèrent à droite d’un atelier de tissage, contournèrent un large puits fleuris et gravés de runes, longèrent un imposant entrepôt à grains puis traversèrent un petit ponton de bois qui surplombait un cours d’eau où coassait des batraciens. Ils s’enfoncèrent rapidement dans la canopée, profitant d’un couvert providentiel contre les intempéries et l’obscurité se fit progressivement impénétrable. Un bruissement tout juste audible attira l'attention de Reïlo. Mais avant qu'il ne tourne les épaules pour observer la source du bruit, la voix fluette et autoritaire d'Arlæhn intercepta l'attention du jeune prêtre.
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écrit par: Reïlo Blanche Flamme Mercredi 22 Mars 2017 à 16h57 |
Quelque peu intrigué, Reïlo avait accepté, d'un hochement de tête, de suivre Arlæhn. La demi-elfe l'avait surpris plus d'une fois et il n'avait aucune idée de l'endroit où elle avait décidé de le mener. Tout au long de leur promenade nocturne, Blanche Flamme prenait mentalement note des éléments bâtis ou naturels qu'ils croisaient en chemin : il entendait récolter un maximum d'informations sur son environnement, intéressé par tout élément curieux qui pourrait peut-être, un jour, nourrir l'une de ses réflexions. C'était alors que sa guide s'était arrêtée et l'avait une fois de plus interrogé. Le prêtre d'Oghma répondit aussi simplement que sincèrement : - Non, je ne suis pas armé : mes armes et mon armure son dans ma chambre. Je préfère me sentir à l'aise pour étudier des documents anciens. A vrai dire, il détestait armes et armures, ne se sentant aucunement l'âme d'un combattant. L'exercice physique inutile lui répugnait et il préférait de loin se plonger dans la lecture des archives ou dans l'étude d'un monument ou d'une personne ayant attiré son attention. Il n'utilisait son équipement martial que lorsqu'il était en voyage, bien conscient que les routes n'étaient pas toujours aussi sûres qu'elles auraient dû l'être... |
écrit par: Farah Cyahn Jeudi 23 Mars 2017 à 18h45 | ||||||||
Arlæhn décrivit un signe d’un mouvement circulaire de la main et subitement, la silhouette élancée apparue entre les arbres se figea, alors Reïlo put observer l’intervenant plus distinctement. Son armure et son épiderme semblaient être taillés dans une même écorce, comme si le bois venait de prendre vie. Le camouflage était, sans le mouvement, d’une perfection déconcertante. Engoncé dans une armure noueuse finement ouvragée malgré l’aspect rudimentaire, une étroite fente au niveau du casque laissait entrevoir un regard perçant et des traits d’ascendances elfiques. Un dard aux dimensions surprenantes se tenait dans sa main gauche, ses fines pupilles balançaient nerveusement entre la demie-elfe et le prêtre.
En reculant de quelques pas, sans un mot, la sentinelle reprit sa place entre les végétaux et le silence redevint omniprésent. Arlæhn ouvrit la marche et ils prirent à nouveau la route dans l’épaisse canopée, sous le regard attentif de la statue sinueuse dissimulée entre les végétaux. Le sous-bois changea progressivement, le prêtre s’inquiéta de perdre ses repères dans ce dédale de flore. Les halliers, les fourrés et les feuillus étaient étrangement ordonnés en un vaste couloir qui semblait former un entonnoir. D’innombrables lucioles virevoltaient et laissaient brièvement entrevoir le périmètre. Les minutes passèrent et Reïlo aperçut enfin la lueur d’une embouchure. Ils surgirent dans une enclave végétale, un bosquet formant un dôme au centre duquel se tenaient plusieurs cavaliers. Le prêtre contempla incrédule la cuvette qui s’ouvrait devant lui. Aux limites du sommet de la structure, une large alcôve laissait filtrer un intense spectre lunaire. Étonnamment la nuit était claire et les étoiles visibles dans le ciel. Arlæhn avançait sans marquer de pause, les yeux rivés vers le cortège, elle fit signe d’attendre au jeune prêtre puis elle continua sa progression, laissant le métis seul en retrait. Une brise légère courut à travers les murailles de feuillage, faisant tinter d’innombrables clochettes invisibles, suspendues aux branches des arbres. Légèrement en surplomb et à bonne distance, Reïlo eut tout le loisir d’observer la petite délégation. Cinq cavaliers aux armures argentées, visiblement similaires par la forme à celle portée par la précédente sentinelle, se tenaient au centre du bosquet. Ils ne témoignaient aucun signe d’appartenance, juchés sur de robustes équidés, l’immobilisme semblable à des sculptures d’airain placés de part et d’autre d’une sixième cavalière. Le maitre des légendes Aghnür, directeur de l’académie du Valhumble, se trouvait au pied du cavalier central. Il était étonnant de voir le vieil homme de sorti à une heure aussi avancé de la nuit, lui qui se plaignait régulièrement de son état de fatigue avancé, il s’entretenait avec celle qui semblait être la meneuse du groupe. Une cavalière d’ascendance elfique sur le dos d’un somptueux destrier dénué de tout harnachement, à la robe et à la crinière d’une blancheur cristalline. Le fin visage de l’elfe était strié de marques tribales et surplombé d’une épaisse chevelure brune maintenue par une coiffe brodée de sombres perles, son regard était luminescent d’une pâle lueur verte. Elle était positionnée de biais, l’échine d’une noble droiture, échangeant des mondanités avec le vieux maitre Aghnür. L’aura qui émanait de l’elfe et les allures que prenait la scène ne laissaient aucun doute sur l’autorité qui régnait en ces lieux. Arlæhn atteignit finalement le cortège, esquissa une révérence et désigna le jeune disciple d’Oghma qui se tenait au loin. Celle qui paraissait diriger et la demi-elfe semblèrent se mettre en accord puis elles se mirent en marche. Elles quittèrent le halo de lumière que l’astre lunaire projetait sur le sol pour se rapprocher du jeune prêtre. D’un mouvement gracile, l’elfe mit pied à terre avec la légèreté d’un pétale. Deux yeux brillants d’une lueur verdâtre s’illuminèrent, l’elfe aux nobles traits s’immisça à côté du prêtre. Ses minces lèvres s’entrouvrirent pour laisser échapper une voix douce et suave qui s’éteignait dans la fraicheur de la nuit mais continuait à réchauffer le cœur avec la puissance d’un soleil. Elle était d’une tête plus grande que Reïlo, son regard envoûtant comme une paire d’émeraudes était plongé dans celui du sang-mêlé. Il émanait d’elle un puissant magnétisme.
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écrit par: Reïlo Blanche Flamme Mardi 28 Mars 2017 à 15h32 |
Comprenant l'elfique, Reïlo avait tenté de capter la discussion entre sa guide et la sentinelle mais celle-ci ne lui avait rien appris de particulier sur leur destination. Il avait donc suivi Arlæhn sans mot dire, se contentant d'observer le merveilleux spectacle qui s'offrait à lui. Ayant grandi en ville, il n'avait pas l'habitude d'évoluer en pleine nature... mais la configuration et la nature des lieux auraient probablement suscité le même étonnement chez quelqu'un de plus habitué au milieu sylvestre. Les lieux qu'il découvrit au fur et à mesure de sa progression étaient le fruit d'un savoir-faire inégalé, probablement elfique. Reïlo se demanda si quelqu'un avait déjà écrit un livre sur le sujet et se promit de le faire un jour si ce n'était pas le cas... Les questions se bousculaient dans sa tête tandis qu'il arrivait à proximité d'un groupe de cavaliers parmi lesquels se trouvait notamment la fameuse Nërissa chez qui ses maîtres l'avaient envoyé. Celle-ci se montra accueillante et lui fournit de premières informations sur les lieux dans lesquels ils se trouvaient, ce dont le demi-drow lui fut reconnaissant. Face à un être aussi exceptionnel, Reïlo se sentit tout petit. ¤ Humble parmi les humbles au sein du Valhumble qui n'a jamais aussi bien porté son nom. ¤ Le prêtre d'Oghma décida de faire preuve de déférence envers la maîtresse des lieux. Après avoir incliné légèrement la tête en signe de respect, il prit la parole : - Cet endroit est aussi beau qu'il est mystérieux et je pense en effet être en mesure de vous poser une centaine de questions au moins à son sujet. Nous pouvons tous nous réjouir qu'il ait traversé les âges jusqu'à notre époque. Mais, avant de peut-être pouvoir vous assaillir de questions, je tiens à vous remercier de me recevoir et de m'avoir accueilli au sein de votre Académie. Comme je l'ai dit à Arlæhn, je suis en quête de connaissances et véritablement désireux d'apprendre auprès de vous. |
écrit par: Farah Cyahn Mardi 28 Mars 2017 à 17h47 | ||||||||
- Tu chancelles comme un alevin qui vient d’éclore. Dénués de toute moquerie, les mots de l’érudite sonnaient comme une évidente constatation face à l’oisillon qui s’était humblement présenté. Le regard aux reflets d’émeraudes semblait mettre à nu le jeune disciple Oghmite béat d’admiration comme se tenant devant la statue d’une divinité.
Avant même d’apporter une réponse, un toussotement se fit entendre à l’arrière et la demi-elfe interrompit sèchement la conversation en soutenant le regard de Reïlo.
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écrit par: Reïlo Blanche Flamme Jeudi 30 Mars 2017 à 10h50 |
Fasciné, Reïlo avait écouté le long exposé de Nërissa : il ignorait tout de cette confrérie sans bannière qui rassemblait érudits et historiens en quête de savoir. L'existence de cette association lui réchauffait le cœur et il se sentait moins seul : il n'était pas le seul à poursuivre sa quête de savoir! Certes, il connaissait les dévots d'Oghma mais l'existence d'aventuriers parcourant Toril en quête d'archives oubliées fournissait probablement un complément des plus utiles au clergé vénérant le Lieur. Qui plus est, il admirait leur quête absolue de savoir, là où un clergé établi pouvait être amené à établir des compromis avec les autorités afin d'assurer localement sa position. Lorsque Nërissa évoqua l'idée d'une expédition en Damarie, le demi-drow ne s'effraya nullement, même si le climat pouvait y être rude comme le lui avait rappelé Arlæhn. - L'esprit doit commander au corps et je ne manque pas de volonté lorsque je poursuis un objectif, aussi dur le chemin soit-il. J'endurerai le froid, la neige et la glace si cela peut contribuer à l'amélioration de nos connaissances. Autre chose, par contre, le décontenançait : - La morsure du froid ne m'inquiète pas outre mesure mais je ne suis pas un habile guerrier. Je redoute d'être attaqué par des bandits de grand chemin ou des ignorants désireux de chasser un être à la peau sombre. Les elfes, et plus encore les demi-drows, sont rares en Damarie, si mes souvenirs sont bons. Une escorte me sera probablement nécessaire... Curieux, il se risqua à poser davantage de questions sur sa mission : - Mais laissons-là ces considérations pratiques auxquelles vous avez probablement déjà songé... Ce qui m'intrigue le plus, et ce dont j'aurai le plus besoin pour mener à bien cette mission, c'est de davantage d'informations sur cet artefact et sur son intérêt... |
écrit par: Farah Cyahn Vendredi 31 Mars 2017 à 19h58 | ||||||||||||||||
La hampe de l’honorable claqua sur le sol et le soudain fracas coupa net la parole de la jeune femme. - Il suffit Arlæhn. Murmura-t-elle calmement. Le noble destrier à la robe intégralement blanche semblait être un membre intégrant de la conversation, suivant de près le petit groupe, il heurta le sol d’un unique coup de sabot et émit un court hennissement pour ponctuer l’ordre. L’équidé semblait avoir appuyé les propos de sa cavalière comme s’il parvenait à percevoir le sens de la conversation. L’honorable oghmite reprit aussitôt vers son nouveau disciple tandis que la demie-elfe hocha la tête et reprit sagement son rôle de spectatrice.
L’un des immobiles membres de l’escorte de Nërissa du Val’Humble se rapprocha discrètement du petit groupe. Sa monture semblait plus solide que celle de sa maitresse, un robuste pectoral suspendu sur de musculeuses pattes, une robe brunâtre parsemé de taches blanches et lourdement caparaçonné pour affronter une tempête. Le cavalier armuré s’arrêta à quelques mètres de distance et attendit patiemment que l’honorable lui intime d’un regard, l’ordre de parler. ’ Elle répondit d’un subtile geste de la main avant que le cavalier ne tourne bride pour retourner paisiblement s’aligner avec ses camarades. La grande inspiratrice se retourna à son tour vers sa propre monture, apposa une main sur le dos dénué de selle, et d’une impulsion qui donna l’impression que la gravité ne faisait plus effet, se retrouva en un instant juché sur sa monture. Son long bâton couché sur ses cuisses. Sans communication apparente, l’équidé pivota pour se diriger vers l’escorte. La noble elfe continua de parler à l’intention de Reïlo Blanche Flamme qui accompagna le mouvement avec Arlæhn derrière lui.
- Qu’Oghma vous guide vers la clairvoyance. J’espère avoir de vos nouvelles rapidement. Le vieil homme habillé d'une épaisse robe grisâtre acquiesça en courbant difficilement l'échine, visiblement pris de court par la situation. La prestigieuse oghmite avait probablement interrompue précipitamment leurs affaires et le directeur était désormais réduit à conclure d'une entente cordiale.
Sans même avoir un contact physique ou verbal avec sa monture. La noble elfe rejoignit ses suivants et ils se dissipèrent gracieusement dans l’obscurité par un accès opposé à celui que le sang-mêlé avait emprunté. Au centre du bosquet appelé le puits de lune, il ne restait plus que Arlæhn, Reïlo, le maitre Aghnür et un troublant silence. La demie-elfe resserra l'étreinte de la ceinture qui cerclait sa taille tout en observant ses compagnons disparaitre. Le demi-drow observa une dernière fois la voute céleste à travers l'ouverture circulaire qui surplombait le lieux, Séluné était toujours à sa place, vigilante et irradiante. Puis le directeur et la jeune Arlæhn commencèrent à se diriger vers l'académie. |
écrit par: Reïlo Blanche Flamme Mardi 04 Avril 2017 à 13h09 |
L'histoire narrée par Nërissa avait intéressé Reïlo au plus haut point : il creusa au plus profond de sa mémoire pour essayer de se souvenir d'un élément utile qu'il aurait pu lire ici ou là à propos de ces mystérieux portails ou de ce croisé d'Ilmater mais rien ne lui vint à l'esprit. De toute manière, si les membres de la Confrérie n'avaient amassé que peu d'éléments sur le sujet, il était peu probable que le jeune apprenti qu'il était puisse leur apprendre quoi que ce soit qu'ils ne sachent déjà. ¤ Damarie et Calimshan, deux régions que tout oppose : climat, histoire, mentalité... Voilà une énigme passionnante à résoudre! ¤ D'ores et déjà, Blanche Flamme s'était passionné pour cette mystérieuse histoire et s'était juré de faire tout son possible pour contribuer à l'éclaircir. L'affaire semblait néanmoins complexe et le fait que les autorités damariennes ne soient pas mises au courant des activités de la Confrérie pouvaient constituer des éléments inquiétants. L'entreprise requérait de l'expérience mais, heureusement, Arlæhn avait précisé au jeune oghmite qu'il ne serait que l'un des membres de l'expédition et qu'il n'aurait par conséquent pas à agir seul. Bien qu'il apprécie la solitude, Reïlo préférait en effet ne pas s'engager seul dans un projet qui dépassait les capacités du jeune apprenti qu'il était. ¤ La patience est la mère de toutes les vertus... et elle est nécessaire à l'apprentissage comme à l'enseignement. Tout vient à point à qui sait attendre... ¤ Nërissa était finalement partie, Reïlo l'avait respectueusement saluée tout en se promettant de méditer ses paroles. Resté seul avec Arlæhn et le maitre Aghnür, le demi-drow décida de leur emboîter le pas et il prit la direction de l'académie en leur compagnie. Tout en cheminant, il ne dit mot : Arlæhn avait été chargée de l'informer de la suite des opérations mais il ne voulait pas la brusquer en l'assaillant de questions. Elle pouvait être revêche et le métis préférait lui laisser l'initiative de prendre la parole quand bon lui semblerait. Silencieusement, il profita une fois encore du merveilleux spectacle qui s'offrait à lui. |
écrit par: Farah Cyahn Mercredi 05 Avril 2017 à 20h10 | ||||||||||||||||||||||||
Le petit groupe continua de cheminer à travers le couloir muré par d’épaisses couches de végétations. Partout autour d’eux, virevoltaient des traits d’un jaune verdâtre, qui matérialisaient le vol des coléoptères. Cette manifestation évoqua des petites flammes dansantes au jeune demi-drow. La cohorte était silencieuse, la demie-elfe marchait d’un pas soutenu, probablement pressée de conclure cette soirée. Le doyen de l’académie marchait plus lentement, évitant les pièges dissimulés sur le tapis forestier dans l’obscurité environnante. Reïlo tenta de jeter un œil à l’orée du bois pour apercevoir la sentinelle qui s’était avancé vers lui plus tôt. Mais rien, le phasme était trop habillement dissimulé dans son antre ou avait repris la route en compagnie de sa maitresse. Tout en observant les halliers et les feuillus, le jeune disciple se fit la réflexion que seul, il n’aurait sans doute pas retrouvé son chemin. Les lieux pourtant formant une ligne droite, semblaient avoir changés de disposition. L’environnement lui paraissait fou, comme s’il n’était pas réel. Dans un raclement de gorge indélicat, c’est le maitre des légendes qui brisa en premier le silence.
Elle ne jeta qu’un bref regard du coin de l’œil, puis se focalisa de nouveau sur l’horizon. Du ton sec qui semblait la caractériser, elle répondit au doyen.
Le maitre des légendes parut décontenancé par la réponse. Il avait lancé la conversation amicalement, naïvement, sans intension apparente. Après seulement quelques jours dans l’enceinte de l’académie, Reïlo avait très rapidement compris que l’homme était bavard et friand des rumeurs du continent. Sa sagesse n'était offerte qu'au prix d'interminables anecdotes.
La demie-elfe au pourpoint vert s’immobilisa devant les deux marcheurs. D’un geste de la main, elle coupa net la parole du vieil érudit.
En voyant son interlocutrice se renfrogner face au questionnement, il décida sagement de ne rien dire. Le rythme de ses pas se mit à décélérer, sans doute pour laisser la demie-elfe progresser avec ses humeurs. Il se retourna vers le jeune disciple et parut circonspect. Les rides de son front s’allongèrent sous l’étonnement, son regard semblait pourtant toujours bienveillant.
Ils quittèrent enfin les ténèbres de la canopée et les lumières vacillantes des insectes. Ils débouchèrent sur un chemin et suivirent le sillon d’une charrette qui serpentait en direction du Val’Humble. Le bruissement des feuilles se fit plus fort et les gouttes de pluie se mirent à traverser la houppe des arbres. Le ciel était dégagé dans le bosquet, sans explication logique, à travers les nombreux feuillages, Reïlo put observer que l’amas de nuages était réapparu. Le doyen reprit la parole et s’adressa au jeune Oghmite.
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écrit par: Reïlo Blanche Flamme Vendredi 07 Avril 2017 à 14h58 |
Reïlo esquissa un faible sourire en observant Arlæhn et maître Aghnür discuter ensemble : ainsi donc il n'était pas le seul à devoir subir le ton sec de la demi-elfe! Il n'avait pas perdu une miette des informations que le vieux maître avait distillées au cours de leur échange. Lorsque celui-ci se tourna vers lui, il finit enfin par prendre la parole : - Je suis bien conscient de l'honneur que m'accorde dame Nërissa, tout comme je suis convaincu de l'intérêt de la mission qu'elle souhaite entreprendre. C'est là un pan d'histoire totalement inconnu à déchiffrer et qui pourrait révolutionner nos connaissances concernant passé de la région. Pensif, il marqua une courte pause avant d'ajouter : - Quant aux dangers de l'expédition, je ne les mesure pas bien. Je sais que la Damarie est une région nordique dangereuse dans laquelle les monstres ne sont pas rares et qu'une guerre a longtemps opposé ce pays avec son voisin vaasien. Mais je pensais que la situation y était un peu meilleure ces dernières années... C'était là le fruit de ses lectures et il n'avait eu l'occasion de rencontrer de voyageurs lui rapportant de fraîches nouvelles de cette contrée septentrionale. Il laissa ensuite libre cours à sa curiosité naturelle : - Avez-vous une idée de la situation qui y règne actuellement? Mes informations sont pour le moins datées... Et que pensez-vous que Nërissa ait prévu au sujet de l'expédition ? Les voies d'accès au pays semblent limitées et traverser la Vaasie semble exclu... Et, enfin, quelles seront les dimensions de l'expédition? Vous a-t-elle confié quelque chose à ce sujet ou devrai-je attendre les explications d'Arlæhn? |
écrit par: Farah Cyahn Samedi 08 Avril 2017 à 04h22 | ||||||||||||||||||||
Le front du doyen de l’académie, sillonné de rides profondes témoignant d’une intense réflexion, se détendit. Ces yeux s’illuminèrent d’une lueur enfantine. Les questionnements du jeune demi-drow semblèrent l’inspirer, sous son épaisse barbe grise, ses dents blanches se révélèrent en signe d’amabilité.
Ils quittèrent finalement l’abri de fortune qu’offrait le bois, puis traversèrent à nouveau, le petit pont enjambant un canal envahi de nénuphars et de lentilles d’eau. Plus loin, les contours du village pittoresque se dessinèrent.
Ils contournèrent quelques bâtiments aux façades constitués de boiseries et entravées de tiges charnues de plantes grimpantes. Puis ils se retrouvèrent enfin proches de l’académie. Un cavalier, semblable à ceux qui escortaient l’honorable Nërissa, attendait non loin, immobile, sous le fin rideau de pluie. A ses côtés, une seconde monture à la robe tachetée. Il semblait évident qu’il attendait l’hautaine demi-elfe afin de reprendre la route. Cette dernière s’arrêta à quelques mètres de l’académie, à l’abri d’un grand chêne, le vieil Aghnür acheva précipitamment de discourir quand il capta le regard de la petite femme. Comme à son habitude, le vieux bavard dérivait du sujet initial. Elle leva les yeux au ciel en signe de consternation puis reprit la parole aussitôt.
Elle abaissa sobrement la tête en guise de révérence et l'érudit l'imita.
Le vieil homme au dos vouté se dirigea vers le seuil de l’académie avant de disparaitre. Sous le regard du silencieux chevalier servant, Arlæhn se rapprocha de Reïlo.
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écrit par: Reïlo Blanche Flamme Mardi 11 Avril 2017 à 10h46 |
Blanche Flamme avait écouté avec intérêt le récit d'Aghnür qui venait confirmer en grande partie ses connaissances en matière d'histoire récente de la Damarie. Le fait que des érudits tels que lui n'en sachent guère plus était surprenant et inquiétant à la fois, cela témoignait en tout cas d'un certain isolement de la région. Les digressions de son interlocuteur ne l'avaient pas agacé car le jeune adepte d'Oghma estimait que toute information était bonne à prendre, aussi futile puisse-t-elle paraître au premier abord. Arlæhn avait alors interrompu leur discussion et Reïlo avait poliment salué le maître, avant d'écouter les instructions de la demi-elfe. Celles-ci étaient très claires. - Les questions se bousculent dans ma tête quant à la Damarie et à la mission qui nous conduira là-bas. Mais je suppose que, soit les informations nous manquent, soit je serai informé du nécessaire en tant utile. Il réfléchit avant d'ajouter : - Je n'ai que trois questions d'ordre pratique. La première concerne la composition de notre expédition. En fonction de celle-ci, je serai en effet peut-être amené à prier le Seigneur du Savoir de m'accorder des pouvoirs différents de ceux dont il me fait bénéficier habituellement. La deuxième concerne le navire : dois-je y retrouver un contact et si oui, quel est son nom ? La troisième est plus personnelle : disposerai-je d'une heure ou deux à Valherse pour aller visiter ma mère avant notre départ? Dans le cas contraire, je rédigerai simplement une lettre à son intention... |
écrit par: Farah Cyahn Mardi 11 Avril 2017 à 21h42 | ||||||||||||||||
L’astre lunaire avait déjà depuis longtemps dépassé son apogée. Sous le bruissement constant de la pluie, les deux métisses continuèrent de parlementer un instant. A l’évocation de sa parente et de ses intentions, un mince sourire presque imperceptible apparu sur le visage de la demi-elfe.
Elle plongea ses yeux sévères dans ceux de Reïlo, les traits de son visage ne semblaient jamais avoir de répit, malgré tout, sa voix paraissait un ton plus doux, presque murmurée. Comme si elle s’apprêtait à se confesser. D’un geste de la main, elle invita le jeune disciple à la suivre vers l’académie et le cavalier solitaire. Ils marchèrent quelques mètres sous le fin voile pluvieux.
Elle hocha la tête en direction du cavalier qui se rapprocha aussitôt, portant la monture libre vers Arlæhn. Elle apposa une main délicate et flatta le flanc de l’équidé. Un pied dans l’étrier, d’un geste brusque et agile, elle se retrouva juchée à quelques pieds de haut, le regard toujours rivé sur Reïlo.
Les deux cavaliers pivotèrent avant de presser le pas de leurs montures. Ils disparurent rapidement dans les ténèbres, au détour d’une bâtisse, laissant seul au pied de l’académie, le prêtre sous une pluie battante. La nuit était déjà bien avancée et le soleil n’allait sans doute pas tarder à poindre à travers les nuages. Reïlo avait beaucoup à méditer, en une soirée seulement, le chemin de sa vie semblait avoir obliqué vers une obscure destinée. A travers le dédale interrogatif dans lequel il s’était retrouvé plongé, il se rassura un instant, en pensant que les prochains jours ne manqueraient pas d’apporter leurs lots de réponses. Un frisson incontrôlé se mit à parcourir l’échine du métis elfe noir. Etait-ce la fatigue ou un étrange pressentiment ? |