La dernière cérémonie de l’Arakhora avait réellement été de toute beauté. Pour le Gardien des Mystères cela tenait à plusieurs facteurs qui s’accumulaient un peu comme l’alignement idéal de planète qui faisait planer sur lui comme un sentiment de sérénité et de bonheur qu’il n’avait plus ressenti depuis longtemps. Son voyage à Lunargent en compagnie de Dharasha cette cooshee qui partageait sa vie depuis peu qui était maintenant comme l’extention d’un même esprit dans deux corps différents et de sa sœur Tasia qu’il avait retrouvé avec une grande joie lui avait apporté les réponses qu’il avaient redouté pendant plusieurs lunes.
Dinenda était un elfe de la lune qui avait perdu sa joie de vivre. Les changements qui s’opéraient peu à peu en lui ne laissait aucun doute sur le fait qu’il avait quelque de particulier que tous les Tel’Quessir n’avait pas. Cela avait commencé par la manifestation de ses dons pour la manipulation de la Toile de façon spontanée et innée. Et le fait, que lorsqu’il faisait appel à ce don, il parlait dans une langue qu’il n’avait jamais appris. Le darconnier s’imposait à lui, mais il lui avait fallu longtemps pour qu’on le lui fasse remarqué et que le début de questionnement personnel ne commence. Puis il avait été pris par des accès de rage au cœur de la bataille où il perdait sa propre conscience et laissait place à quelque chose d’autre plus profondément ancré en lui, sans parler de ses yeux qui changeaient lors de ces moment là. Dès lors pour lui, il n’y avait plus de doute. On lui avait parlé de cette légende selon laquelle certains ensorceleurs avaient du sang de dragon en eux. Dinenda n’avait pas voulu le croire, mais cette évidence s’était imposée à lui. Mais dans son cas, cela bien au-delà, car l’héritage draconique qui sommeillait en lui prenait de plus en plus de place. L’elfe lunaire avait alors commencé à douter. Qui était-il réellement et surtout qui devenait-il ? Quel était la nature de ce dragon et comment s’était-il lié à sa famille à ce point là ? Et s’il s’agissait d’un dragon chromatique, pourrait-il rester au service de la Confrérie des Gardiens Sylvestres sans mettre la vie de ses camarades en danger ? Etait-il encore vraiment un Teu’Tel’Quess et sinon, qu’était-il vraiment ?
Il n’avait pas obtenu toutes les réponses, et celles qu’il avait obtenues laissaient la place à d’autres questions. Mais il avait eu la certitude qu’il ne représenterait pas un danger pour ses frères et sœurs de la Confrérie et donc qu’il pourrait poursuivre son engagement pour la défense de la nature.
Cet état d’esprit plus le plaisir de retrouver Nirannor et Cynwall et la joie d’être rentré à temps pour participer à la cérémonie avait été propice au lâcher prise et Dinenda avait pleinement profité des festivités qui avaient suivi. Le gardien des mystères avait donc usé et même abusé du vin des fées capable d’engendrer l’ivresse chez les elfes. Aussi avait-il chanté, dansé et s’était amusé comme rarement dans sa vie. Il n’avait pas vu la nuit passé et malgré la fatigue due au voyage de retour de Lunargent, il ne s’était résigné à retourner à son moulin au bord du Ruban d’Argent qu’après avoir pris une soupe à l’oignon dans l’auberge de l’arbre-esprit.
Le lendemain avait été moins réjouissant et l’elfe lunaire avait traîné une belle gueule de bois pendant toute la journée dont il avait passé une bonne partie à rester affalé dans son fauteuil auprès de sa cheminée. Tasia avait un peu plus raisonnable et ne s’était pas privé pour le taquiner, alors que Dharasha s’était inquiétée de cet état d’ivresse qu’elle ne connaissait pas mais dont le partage des sens et des sentiments qui liait ce familier à son maître avait laissé interrogative. C’était assez étrange, mais il y avait des moments de cette nuit qui restaient très flou, voir même carrément obscure. Il se rappela vaguement une elfe à la longue chevelure châtain claire et aux formes des plus exquises, mais dont il n’arrivait pas à se souvenir du nom…
Mais ce dont il se rappelait très bien alors qu’il foulait le sol enneigé emmitouflé dans sa Alassëa pour se protéger du froid mordant qu’il faisait en ce début de mâtinée, c’était la raison qui le menait à O’Sutraari.
En milieu d’après-midi, il avait reçu la visite d’un mannequin de la Confrérie. Et cela ne pouvait dire qu’une seule chose, la Confrérie avait besoin de lui. Et comme à l’accoutumé, il répondrait présent. Mais cette fois-ci il ne s’engagerait pas seule, aussi le gardien des mystères prit-il le temps d’expliquer à sa familier que demain, ils partiraient vers de nouvelles aventure. Dharasha qui avait visiblement apprécié le voyage de retour vers Thüldae avait laissé transparaitre un sentiment d’excitation à l’idée de se retrouver en pleine nature à arpenter la forêt.
La fin de la journée c’était donc passé en préparatif pour une nouvelle mission. Et malgré l’excitation du départ, Dinenda n’avait eu aucun mal à trouver la voie d’une rêverie réparatrice compte tenu des excès de la veille. C’était donc après des au-revoir toujours poignant que l’Innatho avait prit congé de sa sœur qui allait quand à elle reprendre son tour de service avec la Garde Sylvestre. En arrivant devant le Saule Argenté Dinenda ressenti immédiatement la magie apaisante du vénérable arbre qui était à lui seul, le symbole de la Confrérie. Ce fut donc le sourire aux lèvres que le Teu’Tel’Quess accompagné de la cooshee monta les quelques marches qui le séparait de l’Antichambre de la Fraternité. Les lieux étaient désert. Dinenda lança un regard aux nombreux portraits qui trônaient sur les murs de cette grande salle circulaire baignant constamment dans la pénombre d’une lumière tamisée émanant de cristaux luisant et des globes lumineux en suspension au bout de longues lianes qui remontaient jusqu’au plafond. Il se surprit à sourire de plus bel en voyant le sien. Puis, l’elfe lunaire posa son regard sur la grande carte de la Haute-Forêt.
¤ Alors, où vont-ils nous envoyer cette fois-ci ? ¤
Laissant la grande table d’ébène au centre de la salle, l’elfe lunaire se dirigea directement vers l’entrée du corridor qui allait le mener au Patio de Corellon. Dharasha prit la tête et ne semblait avoir aucun mal à se faufiler dans l’étroit couloir Quand à Dinenda il était obligé de faire attention pour ne pas s’accrocher à quelque endroit avec sa lame dans son dos ou son sac. Finalement, tous deux débouchèrent dans une petite salle bien connue de l’Innatho. Car s’était là, dans cet endroit dominé par le bois brut. Que se soit le sol, le plafond où même les murs tout était laissé tel que la nature l’avait construit aussi irrégulier et chaotique quelle. La lumière, ou plutôt les lueurs orangées qui émanaient des globes accrochés sur les murs éclairait à peine la petite carte de la Haute-Forêt qui faisait face à l’entrée. Six sièges semblant sortir des murs faisaient le presque le tour de cette salle circulaire où il n’y avait pas de place pour être à plusieurs debout. Dinenda alla donc prendre place sur le dernier siège afin de laisser l’espace disponible pour ceux qui allaient venir. Une fois assis, Dinenda repensa à la première fois où il avait été convoqué dans ce lieu par Isorion. C’était là qu’il avait eu l’honneur d’être présenté à Aëlariel Damaera, la fondatrice de la Confrérie. C’était également là, qu’il avait fait la connaissance de Nirannor, ce rôdeur qui avait partagé toutes ses aventures et qui était devenu son plus fidèle ami, celui qu’il appelait affectueusement : son frère. D’ailleurs, l’elfe lunaire en était certain, son ami n’allait probablement pas tarder à arriver.
[familier]- Bien, et bien voilà ma belle, il n’y a plus qu’à attendre. Ils ne devrait plus tarder maintenant. |
i un climat lourd pesait actuellement sur la Haute-Foret, tout le monde n'en avait pas pleinement conscience. La gravité réelle des récents évènements, et de leurs implications surtout, n'avaient pas été ébruitée dans un judicieux soucis de préservation. Il était inutile de provoquer une vague de panique ou de paranoïa au sein de la communauté sylvestre... Des mesures étaient prises et des stratégies élaborées afin d'éclairer quelque peu un futur qui pouvait paraître bien sombre...
es trois gardiens n'eurent qu'une poignée de minutes pour pouvoir échanger quelques mots, salutations et questions diverses... Si on ne pouvait pas vraiment dire qu'ils étaient des inconnus les uns pour les autres, c'était une association toute nouvelle entre eux. Malheureusement pour Dinenda, ce ne fut pas Nirannor qui passa la porte mais une elfe bien plus âgée et avisée...
l va sans dire que Linwëline était déjà au courant des mésaventures de Lähmee mais elle estimait préférable que le reste de la petite équipée entende les méfaits du portail de la bouche même de l'une de ses victimes... Et encore, le barde pouvait s'estimer relativement heureux, il n'avait perdu que du temps et s'était contenté de réapparaître non loin de son point de départ. D'autres n'avaient pas été aussi chanceux... L'absence de nouvelles concernant Irina en était d'autant plus inquiétante.
ne chose que l'on pouvait largement reconnaître était bien que Lähmee ne manquait pas d'enthousiasme et d'énergie. Même s'il faudrait probablement canaliser tout cela, la Ly'Aegisir était rassurée de voir que ce qu'elle était en train de leur dire était ainsi accueillit, cela ne pouvait que renforcer la pointe d'espoir que le petit groupe faisait miroiter. Même si c'était inconscient de leur part.