Un havre de paix - Chapitre 1, Badrok, Elrik, Hiielle

adrok, qui s'attendait à passer la soirée en solitaire après ses excès de zèles, était plutôt surpris de se voir suivi si vite par Hiielle. Peut être n'avait-elle pas envie de se faire courtiser par l'homme arrivé peu de temps avant eux ? Ou que, malgré sa présence dans un établissement de luxe, était assez proche de ses sous pour ne pas cracher sur un repas gratuit ? Ou bien les deux ? Quoiqu'il en fût, l'halfelin avait proposé un dîner gratuit à la jeune femme, il n'allait pas la rejeter. Au contraire, en la voyant se tasser sur le petit tabouret à côté du sien, le petit soldat lui sourit et répondit :

- Si vous voulez manger avec moi, autant que nous allions sur des sièges plus adaptés à votre taille. Ne vous en faites pas, j'ai l'habitude d'escalader des tabouret aussi grand que moi.

Il avait beau parler sur le ton de la plaisanterie, Badrok n'en disait pas moins la vérité. Nombre de tavernes, surtout celles où il avait l'habitude de dormir, étaient généralement équipées de mobilier de taille standard. Grimper sur une chaise haute le fatiguerai encore un peu plus, mais c'était, pour lui, mieux que de laissé son invitée se contorsionner comme une acrobate de foire.

En jetant un coup d’œil vers l'aubergiste enrobé dans ses fourrures, l'halfelin se dit qu'il devrait peut être payer de sa poche le repas de Hiielle. Il voulait bien mettre ses propres consommations sur l'ardoise d'Elias, mais peut être pas celle d'autrui. Seulement, au moment où il commença à porter sa main à sa bourse, l'humain en-capé l'interrompit. Il s'excusa auprès de la jeune femme pour son audace et décida, d'un élan de générosité, d'offrir le repas au duo. Voilà qui réglait le conflit intérieur du petit garde, du moins pour la soirée.

L'homme en profita ensuite pour se présenter. Il se nommait Elrik et était aventurier. Voilà qui expliquait pourquoi il était aussi bien armé et était arrivé à la taverne à une heure aussi tardive. Tandis qu'il parlait de sa particularité physique, à savoir ses yeux de couleurs différentes, Badrok l'observa. Il était encore jeune, mais la cicatrice en travers de son visage laissait pensé qu'il n'était pas un débutant. Apparemment, il était à la recherche d'une jeune femme vairon comme lui. Bien que n'étant pas un grand esprit, l'halfelin compris qu'il devait sans doute s'agir d'un membre de sa famille. Il tenta ensuite de se remémorer le visage de toutes les jeunes femmes humaines qu'il avait croisé ces derniers temps. Toutefois, remuer ainsi ses méninges après une si longue journée lui fit très vite mal au crâne. Il décida donc d'attendre d'avoir un peu bu et mangé, mais plus au bar. Il se leva de sa chaise, regarda chacun de ses interlocuteurs en souriant et déclara en pointant les alcôves encore désertes :

- Et bien, puisque je n'ai pas envie de manger à côté de deux crapauds sur leur boite d'allumette, je vous propose d'aller nous installer sur ses fauteuils là-bas une fois servi. Je ne sais pas vous, mais j'aimerai bien voir s'ils sont confortable.

Il marqua une petit pause, saisit sa lance, qu'il avait posé sur le comptoir à côté de lui, puis se tourna vers Elrik :

- Comme ça, nous pourrons plus facilement parler de la femme que vous recherchez. Au fait, merci pour le repas.

Il regarda ensuite Hiielle, qui lui avait avoué être une mage. Voilà une première pour le petit guerrier. Quand il allait raconter avoir rencontré une magicienne, ses enfants le regarderaient sans doutes avec des yeux remplies d'étoiles. Il lui sourit à elle aussi et dit :

- Mais aussi de cette histoire de travail. Soyez déjà sûr que je toucherai un mot de vous à mes potentiels futurs employeurs.

Date: 12 Tarsakh 1373 - Douzième jour de la Griffe des Tempêtes
Lieu: Pierre-tonnerre - Cormyr
Temps: Frais et sec - 11°
Moment: Nuit


Narration: tous

erdek regarda l'humain aux yeux vairons sans réagir, tandis que ce dernier expliquait ne pas connaitre Hiielle et Badrok. Continuant d'essuyer des chopes fraichement lavées, il suivait la conversation des trois aventurier d'une oreille distraite. Son épaisse barbe noire masquait en partie son amusement lorsque Badrok avoua penser que la magicienne était une noble.

- Vous connaissez Elias ?! Bah, soyez le bienvenu chez moi alors ! Ce vieux grigou et moi on travaillait ensemble à l'époque. Je chassais l'ours et il m'achetait les peaux, la belle époque. Enfin bref, je suis sûr qu'il vous a dit que c'était gratuit hein ?! Ahah ! Bah ! Disons qu'on a nos arrangements donc ouaip, vous pouvez passer une nuit ici à mes frais. Je vous offre la charcuterie et la première boisson pour ce soir. Pour le reste c'est comme pour les autres hein ?!

D'un mouvement rapide et précis, témoignage d'une longue habitude dans le geste, le nain avait déjà rempli la chope commandée par l'halfelin... Cette chopine, seul et unique breuvage offert au Hin pour la soirée, avait le mérite d'être gigantesque. Un litre au bas mot d'une bière brune mousseuse à souhait, une bière de nain en somme...

Le tavernier allait y aller de sa remarque lorsque Hiielle invoqua l'invitation du petit guerrier pour passer sa propre commande. Le nain fut interrompu par le roublard, lui aussi voulant passer commande et... inviter la magicienne et le Hin. Il éclata de rire. Un rire contenu bien entendu, il ne fallait pas déranger la clientèle... Derdek s'adressa alors au groupe mais regarda plus particulièrement le jeune homme:

- Ahahahah ! Eh ben ! Tout le monde se bat pour payer dite moi. Si tous les clients était comme ça... Messieurs sachez que Dame Hiielle a réglé d'avance sa pension complète. Donc si vous voulez la courtiser en l'invitant, ça risque de ne pas servir à grand chose. Ahahahah ! Bon euh, allez vous installer, on fera les comptes à votre départ. Ah et désolé messire Elrik mais je n'ai vu aucune jeune femme avec un tel regard. Si jamais j'en croise une durant votre séjour ici, je vous préviendrai sans faute.

Les trois aventuriers n'eurent plus qu'à s'installer dans l'alcôve libre. En moins de cinq minutes, le nain leur apporta deux énormes plateaux de charcuterie accompagnés de tranches de pain noir. Un seul d'entre eux aurait suffit à nourrir un homme pour la journée mais là aussi, les proportions naines étaient de mise... Elrik quand à lui se vît servir une assiette creuse gigantesque et fumante. L'odeur de ragoût de bœuf aux épices qui en émanait avait de quoi faire saliver un nomade en plein désert... Les trois aventuriers pouvaient entamer les hostilités.

- Bon appétit ! Messires voici les clés de vos chambre. Venez me voir quand vous le désirez je vous y conduirai. On va mettre un bac à chauffer pour votre bain.

uand Derdek annonça qu’il offrait la première consommation, la nourriture pour la soirée et la première nuit sans débourser un seul sou Elrik pensa qu’il avait fait le bon choix d’avoir sympathisé avec Badrok et Hiielle. Une aubaine ne se représente pas souvent deux fois. Il faut savoir là saisir quand elle se présente.

La joie du jeune homme ne dura qu’un instant. En effet, l’aubergiste éclata ensuite littéralement de rire en se moquant du voleur au sujet de Hiielle. Le mercenaire aimait rire des autres mais n’appréciait pas beaucoup quand les plaisanteries le concernaient. Elrik lança aussitôt un regard glaçant à Derdek qui disparut presque immédiatement lorsque le propriétaire lui indiqua qu’il n’avait pas rencontré sa sœur.

Le mercenaire passa sa main gauche dans sa chevelure pour écarter quelques cheveux rebelles et prit la parole :

- Merci Derdek. Je saurais vous récompenser si vous là rencontrez. Je continuerais mes recherches plus tard pour l’heure il est grand temps de se reposer.

Sur ces dernières paroles le jeune homme prit la direction de l’alcôve sans clients en compagnie de l’halfelin et de la magicienne. Elrik se vautra sur le confortable fauteuil et en profita pour se libérer de son havresac et de son arc en les déposant sur le sol.

Relevant la tête il aperçut le nain qui revenait déjà en apportant un véritable festin digne d’un repas royal. Des plats de charcuterie pour les compagnons d’Elrik et pour lui un ragoût servit dans une assiette où un plat peut être tellement celle-ci était gigantesque ? Quoiqu’il en soit l’odeur était des plus délicieuse. Le mercenaire en avait la bave aux lèvres. Son estomac qui gargouillait famine depuis qu’il avait quitté sa dernière étape ne pouvait certainement pas engloutir toute cette nourriture. Mais la gourmandise emporterait certainement le dessus grâce au parfum enivrant de cette assiette.

Derdek souhaita un bon appétit au petit groupe et donna les clefs des chambres en n’oubliant pas de préciser à Elrik de lui demander que quand il voudrait aller se laver il devrait le prévenir pour faire chauffer son bain.

: - Encore merci Derdek ! Quand à vous mes compagnons bon appétit à vous deux !

Elrik se précipita sur son assiette comme un mort de faim. Décidément cette citée était des plus merveilleuses. Auberge de luxe, repas copieux et en grande quantité que demander de plus ?

D’habitude dans ce genre de situation le voleur aurait été prudent et aurait prit soin d’examiner la nourriture afin de repérer une potentielle odeur où une couleur étrange synonyme d’un ingrédient susceptible d’endormir sa cible. Mais pour une fois le parfum des épices était tellement envoûtant qu’il se laissa aller à déguster ce fameux ragoût.

ouriant, Badrok écoutait sagement les remarques du tavernier, surtout sur le fait qu'il n'aurait qu'un seul repas et une boisson gratuite, mais qu'il pourrait dormir aux frais de son hôte. Au moins, il n'aurait pas à ressortir ce soir pour rechercher une autre auberge, vue que la Tanière de l'Ours ne devait sans doute pas entrer dans son budget. Ainsi, Derdek était un ancien chasseur qui commerçait avec Elias. Le petit soldat fut quelque peu impressionné par la réussite de la reconversion de son interlocuteur. Il remarqua d'ailleurs avec une certaine admiration :

- Et bien, je ne savais pas que le commerce de peau d'ours pouvait rapporter assez pour ouvrir un si bel établissement.

L'halfelin n'avais jamais été un grand commerçant, sinon il aurait tenté de se reconvertir dans ce domaine au lieu de simplement servir de garde à la famille Pierredor. Il fallait aussi dire que l'argent n'a jamais était l'une de ses priorités. Il en avait besoin pour faire vivre sa famille, bien sûr, mais il n'avais pas vraiment envie de devenir riche. Après tout, il n'avait jamais été promu et n'avait jamais cherché à l'être. La vie simple lui suffisait et, heureusement pour lui, suffisait à Mélice. En tout cas, il hocha respectueusement la tête en direction de l'aubergiste et se dirigea vers l'alcôve en compagnie de ses nouvelles connaissances.

En s'asseyant sur le confortable fauteuil qui l'attendait, Badrok cru se retrouver sur un nuage. Il avait rarement dormi sur quelque chose d'aussi léger et doux. D'ailleurs, avec la fatigue, il devait faire attention de ne pas s'endormir avant de manger. Malgré le confort, rester la nuit assis était un coup à se détruire le dos. Balançant ses petites jambes, il fut ravi de voir rapidement arriver le repas. Le plateau de charcuterie qu'il avait commandé le fit presque saliver. Il laissa le tavernier poser les plats sur la table et saisit alors la clé de sa chambre tout en exprimant sa gratitude :

- Merci beaucoup messire Valprofond. Je sens que je vais me régaler.

Il tourna ensuite la tête vers Hiielle et Elrik, sourit et attrapa le couteau posé à côté de son assiette en déclarant :

- Bon appétit.

Naïvement, Badrok piqua une tranche de jambon fumé et l'avala en entier. Il la mâcha lentement, se délectant des arômes de viande lui embaumant le palais. Puis, il le fit passer avec une gorgée d'alcool qui lui brûla la trachée d'une manière étrangement agréable. Enfin, avant d'attaquer l'un des morceaux de saucisson, il leva la tête, voyant qu'il n'était pas le seul a mourir de faim. L'aventurier s'était jeté sur son bol de soupe et enfournait légumes et viande dans son gosier a une fréquence exceptionnelle. Tout en se coupant une tranche de saucisson aux noix, il décida d'engager la conversation, histoire de voir si l'un de ses interlocuteurs était d'humeur à causer ou si, comme lui, l'envie de se repaitre et de se reposer était trop forte :

- Alors messire Elrik, déclara-t-il, si vous nous en disiez un peu plus sur la femme que vous recherchez ? Non parce que le monde est grand, je suis sûr qu'il y a un bon nombre de personnes avec les mêmes yeux que vous.

Il se tourna ensuite vers la mage et lui demanda, montrant ainsi son ignorance en matière de magie :

- Qui sait, peut être qu'avec assez d'informations, Mademoiselle Hielle pourrait avoir un sort qui pourrait lui permettre de la retrouver. Vous auriez une technique dans le genre ?

’attendant pas la réponse de ses camarades après leur avoir souhaité un bon appétit, le jeune homme se jeta aussitôt sur son assiette géante comme un félin affamé se projetant sur sa proie. Cela faisait bien longtemps qu’Elrik n’avait pas festoyé de là sorte et il comptait bien en profiter un maximum quitte à s’en faire exploser la pense.

Engouffrant la nourriture à une vitesse exceptionnelle le voleur releva subitement la tête et remarque que Badrok faisait de même avec une tranche de jambon mais celui-ci était plus raffiné dans sa façon de manger.

Quand l’halfelin lui adressa la parole pour lui demander des renseignements sur la femme qu’il recherchait le roublard faillit s’étouffer avec un morceau de viande en voulant lui répondre tout en continuant à se nourrir. Prit par une quinte de toux il entendit le petit homme s’adresser également à Hiielle sans trop se soucier de la question. Sa principale inquiétude concernait sa toux. La gorge endolorie le mercenaire redressa la tête et s’adressa tout de même au petit guerrier :

- C’est une longue histoire mais pour abréger la situation cette femme se trouve être ma sœur disparue depuis bien des années. Ne vous inquiétez pas je ne suis pas une personne malveillante.

Il regarda Hiielle lui fit un sourire et reprit immédiatement sa mission principale. Finir d’engloutir toute l’assiette de ce fameux festin. Elrik en était persuadé ce soir après son bain il dormirait comme un bébé.

aintenir une compagnie exclusivement féminine n'est pas du goût de toutes les femmes. Si certaines d'entre-elles apprécient d'avoir des amies pour discuter de ragots et de bijoux, d'autres ont des centres d'intérêt différents, et préfèrent la compagnie de personnes moins superficielles. Hiielle était de celles-là. D'une manière qu'elle estimait équilibrée, elle ne dénigrait pas la compagnie d'autres femmes, mais avait plus pour habitude de traiter avec des hommes, lesquels, bien souvent, faisaient montre de moins de manières. Pourtant, parfois, les mâles savaient lui faire regretter les qualités et la distinction qui sont plus souvent l'apanage des femmes. Voir le nommé Elrik se jeter sur son plat était l'une de ces situations.

L’halfelin se montrait plus distingué dans ses manières. Malgré un mauvais départ. Avec sa lance. Et ses menaces. Enfin, ça n’était plus important. Elle s’était bien amusée avec lui. Et s’il pouvait l’aider à trouver un job. Oui. Cette journée se serait montrée bénéfique.

Elle mangeait. Elle parlait peu, partagée entre ses pensées et son appétit. Elle avait poliment remercié l’aubergiste d’un hochement de tête, comme la fatigue commençait à l’assaillir. Elle entendit Badrok entamer la conversation avec Elrik. Il semblait être extrêmement courtois en dépit de la mauvaise première impression qu'il avait donnée. Elle mâchonnait lentement et sans réellement prêter attention à ce qu’elle mangeait quand Badrok lui posa une question concernant sa magie. Tirée de sa torpeur, et un peu prise de court, elle dut demander une seconde avant de lui répondre.

- Eh bien, ça n’est pas impossible, mais il vaudrait mieux s’adresser à un mage spécialisé. Un devin. Mais sinon, oui, ça devrait pouvoir se faire. dit-elle, sans vraiment regarder les deux hommes. Si vous en trouvez un. Je ne peux pas vraiment vous aider pour ça. Pas encore en tout cas.

¤ Je devrais arrêter de parler en courtes phrases. « Exprime-toi clairement » et tout le tralala. ¤

Elle n’était même pas certaine qu’Elrik l’avait entendue répondre, vu à quelle vitesse il était retourné à son ragoût. Après avoir terminé de manger, elle se décida à partir dans sa chambre et dormir. Elle se leva et se prépare à partir.

- Bien. Je vous laisse pour la nuit. Je pars me coucher. Je vous verrai peut-être demain. Et pensez à moi si vous trouvez du boulot.

Date: 13 Tarsakh 1373 - Treizième jour de la Griffe des Tempêtes
Lieu: Pierre-tonnerre - Cormyr
Temps: Sec et ensoleillé - 15°
Moment: Début de matinée


Narration: tous

eur copieux repas terminé, les aventuriers succombèrent rapidement à la fatigue. Peu après le départ de Hiielle, Badrok et Elrik furent conduit dans leur chambre par un Derdek fière de leur présenter des quartiers à la propreté impeccable.

Les chambres de la Tanière de l'Ours étaient effectivement à l'image du reste de l'auberge: confortables à souhait, propres et décorées avec simplicité et goût. Elles étaient toutes dotées de meubles identiques, à savoir un lit avec matelas et couverture, un coffre et une penderie pour les effets personnels des occupants, une petite table faisant office de bureau ainsi que le nécessaire pour la toilette de base. A sa plus grande joie, Badrok s'était vu attribuer une chambre adaptée aux petites personnes. Elrik pour sa part avait de quoi se réjouir en trouvant dans un coin de sa chambre un baquet en zinc rempli d'eau fumante...

Chacun de leur coté, les trois aventuriers purent donc prendre quelques moments de détente avant de tomber dans un sommeil réparateur jusqu'au lendemain matin...

Première couchée, première levée, Hiielle avait commencé sa journée comme d'habitude en préparant ses sorts. Badrok et Elrik, moins matinaux et encore fourbus par leur voyage de la veille, n'étaient pas encore sortis de leur lit douillet. A leur décharge la matinée était encore jeune, ils avaient donc le temps pour eux. Petit à petit, dans l'esprit ou le ventre des aventuriers commençait à naitre l'idée d'un petit déjeuné dans la salle commune...

Badrok fut le premier à entendre, puis se fut le tour d'Elrik et enfin celui de Hiielle dont la chambre était la plus éloignée de l'escalier... En moins de une minute, un brouhaha tonitruant éclata dans la salle commune qui se situait juste en dessous des leurs chambres. Tous trois pouvaient entendre raisonner des voix d'hommes. Le ton était sec, nerveux, colérique.
Avant d'avoir eu le temps de comprendre ce que voulaient ces voix, le son de plusieurs paires de bottes grimpant quatre à quatre les marches de l'escalier menant aux chambres parvînt aux oreilles du guerrier, du roublard et de la magicienne. Puis par dessus les bruits de pas des hommes qui arrivaient dans le couloir, le cliquetis caractéristique des plates et de la maille en mouvement se mêla a un ordre qui claqua dans l'air.

- Ici, ici et ici !

En un clin d'œil et au même moment, plusieurs Dragons Pourpres en armes enfoncèrent la porte des chambres des trois aventuriers... Ceux-ci n'eurent pas le temps d'esquisser le moindre geste d'opposition tant l'irruption était soudaine et violente. Deux gardes sortirent Badrok de son lit et le trainaient de force vers la salle commune où une vingtaine d'autre Dragons Pourpres attendaient, il fut aussitôt rejoint par Elrik et la magicienne eux aussi bien encadrés...

lrik s’était endormit comme une masse la veille au soir et avait passé une nuit des plus agréable. Au réveil de celui-ci il bailla puis s’étira les membres comme pour profiter encore de ce magnifique lit douillet qu’il ne souhaitait plus quitter.

Le voleur était tellement épuisé qu’après son bain il s’était endormit encore vêtu de son pantalon après avoir entreposé le reste de ses vêtements dans la penderie. Son havresac quand à lui était posé sur la petite table et ses armes avaient été déposées à l’intérieur du coffre. Il n’avait pas pour habitude de se séparer de tout son armement c’est pourquoi il avait gardé sa paire de bottes à ses côtés puisqu’il pouvait toujours compter sur la dague cachée dans celle-ci. De plus, son autre dague avait été également bien dissimulée sous son oreiller au cas où bien sur.

Le jeune homme était frais comme un gardon il avait reprit des forces grâce au formidable repas de la veille et son sommeil avait été des plus récupérateur. Mais en ce début de matinée il n’était pas contre un petit déjeuné.

Soudainement un terrible tohu-bohu parvient aux oreilles du mercenaire encore dans ses songes. Elrik essaya cependant de tendre l’oreille afin d’entendre les paroles prononcées par ce tapage.

¤ Que pouvait bien signifier ce vacarme ? Apparemment cela ne dénotait rien de bon pour quelqu’un ? ¤

Les voix semblaient ne pas se calmer et le roublard obstiné à vouloir écouter des paroles inaudibles était resté allongé paresseusement. Brusquement le boucan de paires de bottes et un bruissement ressemblant à des armures s’entrechoquantes atteignirent la chambre du roublard en même temps que trois mots identiques : « ici ».

Le jeune homme resta sans réaction quand sa porte vola en éclat et que simultanément des gardes pourpres dévalèrent dans sa chambre le saisissant de force afin de l’emmener au rez-de-chaussée.

- Oh ! Oh ! Mais que me voulez-vous ? Arrêtez ! C’est un malentendu !

Les soldats semblaient n’avoir que faire de son étonnement devant cette situation grotesque et continuèrent de le mener au restant de leur groupe qui était composé d’une vingtaine d’hommes. Le roublard pût remarquer qu’il n’était pas le seul à s’être fait arrêter. En effet Badrok avait été lui aussi appréhendé et Hiielle le suivait de quelques pas.

e ventre plein, les muscles engourdis et la tête ailleurs, Badrok se rendit dans sa chambre, complimentant poliment Derdek pour la qualité de son accueil ainsi que du dîner. Jamais il n'avait mangé d'aussi bons morceaux de charcuterie et plaisanta même, déclarant qu'il se prenait pour un condamné à mort à qui ont a offert son dernier repas. Il souhaita ensuite bonne nuit à ses interlocuteurs du soir; Elrik et Hiielle.

Il entra dans sa chambre, la ferma derrière lui et commença à se déshabiller. Étant trop fatigué pour s'occuper du rangement, il posa son sac de voyage au pied du lit, puis passa de longues minutes à se séparer de sa cotte de mailles. En dénouant les nœuds de cuirs maintenant son armure, Badrok repensa aux conversations qu'il avait eut durant le repas. Il se sentait presque triste pour Elrik. L'halfelin avait une famille et, si jamais sa femme ou ses enfants disparaissaient, il ferait sans doute la même chose que l'humain. Demain, il serait sans doute plus en forme pour chercher dans sa mémoire.

Une fois séparé de sa cotte, le petit soldat la posa sur le coffre. Il avait trop de courbatures pour s'embêter à la soulever et à l'accrocher à la penderie, pourtant adaptée à sa taille. Il se servit néanmoins du meuble comme reposoir pour sa lance. Badrok se rendit ensuite au bureau et entama une toilette rapide. Torse nu, il se nettoya le visage et les bras en se remémorant la magicienne. Il était content qu'elle ne lui tienne pas autant rigueur pour son erreur sur la place de l'Assemblée. Elle semblait être une mage serviable et gentille. Demain, il lui demanderait sans doute plus de détails sur ses pouvoirs, histoire de l'aider à trouver un travail.

Quand il fut rincé, l'halfelin se rendit à son lit. Là, il retira sa ceinture sur laquelle était accrochées sa dague, sa bourse et sa fronde avec ses billes. Puis, il la posa sur la table à côté du lit, enleva le pantalon et finit par son caleçon. Oui, en ville, Badrok dormait sans vêtements, surtout après un long voyage passé à camper dans son armure. Enfin, il se glissa sous ses draps, laissant l'odeur de propre enduire ses narines. Demain, il aurait beaucoup de choses à faire, comme ranger ses affaires et trouver de quoi écrire à sa femme. Mélice n'aimait pas rester trop longtemps sans nouvelles. Néanmoins, l'halfelin était trop fatiguer pour y penser le soir. Il souffla sa bougie et s'endormit presque aussitôt.

Les premiers rayons du jours perçaient à peine entre les rideaux qu'un drôle de boucan réveilla Badrok, le lendemain matin. Les yeux à peine ouverts, il n'en fut pas moins méfiant quant à ce brouhaha si soudain. La Tanière de l'Ours n'avait pas l'air du type d'auberge se lançant dans des engueulades matinales. Puis, en entendant des bruits de pas dans les escaliers, mais aussi des tintements d'armure, l'halfelin prit sur lui de s'habiller vite. Il enfila ses sous-vêtements, puis son pantalon, mais ne fut pas assez rapide.

Ainsi, comme une tempête, des Dragons Pourpres défoncèrent la porte de la chambre et embarquèrent Badrok alors qu'il essayait de mettre sa ceinture à la hâte. En quelques instants, il se retrouva dans le couloir, les jambes remuant dans le vide, à un bon mètre du sol, alors que les gardes le tenait fermement par les bras. Le pauvre guerrier en rougit quand il vit les autres clients de l'auberge. Il était là, torse nu, une main tenant son pantalon et sa ceinture pour éviter qu'ils ne se retrouvent sur ses chevilles. Il ressemblait à l'un de ses maris surpris dans le lit de leur maîtresse. Tout en essayant de finir de mettre sa ceinture, il déclara :

- Mais qu'est ce qui vous prend ? Laissez-moi au moins m'habiller. Pas la peine d'être aussi brutal.

Badrok fut alors emmené au rez-de-chaussée, dans la salle commune. Il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Est ce que Hiielle ne lui avait pas du tout pardonné l'histoire de la veille ? Vu qu'elle fut, elle aussi, tout comme Elrik, amenée par les Dragons Pourpres, il réfuta cette théorie. Encore plus perdu, il décida de ne plus protester et de garder le silence, du moins jusqu'à ce que la situation se décante, ou qu'on le repose par terre.

a journée avait démarré comme une journée ordinaire. Hiille passait ses matinées à réviser ses sorts. Elle avait planifié de faire un tour de la ville, à la recherche de travail. Passer dans les échoppes, et demander, à l'ancienne. Avec un peu de chance, les choses fonctionneraient. Elle était arrivée dans ce coin du Cormyr pour fuir les drames et les ennuis, à la recherche d’un moyen de subsister et de poursuivre son étude des arcanes, mais les ennuis semblaient l’avoir retrouvée. Des bruits de pas, des cris, puis sa porte enfoncée et trainée de force dans le couloir. Les gardes étaient des Dragons Pourpres. Ils savaient qui ils cherchaient.

- Vous pourriez au moins commencer par m’offrir à dîner.

Elle devait se rendre à l’évidence de son incapacité à réagir autrement que par le sarcasme. Les hommes qui la tiraient hors de sa chambre était plus nombreux, mieux armés, et avaient profité de l’élément de surprise. Hiielle n’avait aucune idée de ce qui les amenait ici. Elle était encore plus perplexe sur leur raison de s’intéresser à elle. Son séjour à Pierre-Tonnerre avait été sans problème jusqu’ici, et elle n’avait même pas eu l’intention d’en causer. Pourtant, la garde de la ville avait manifestement quelque chose contre elle. Et aussi contre les deux lascars qu’elle avait rencontrés la veille, comme elle le comprit une fois arrivée dans la salle commune. Elrik et Badrok étaient dans la même situation. Mais jusque-là, elle n’avait pu entendre aucun chef d’accusation.

Les gardes ne s’étaient pas intéressés à Maddie. Ils ne devaient donc pas être particulièrement informés sur ses talents de mage. Ils n’étaient pas là pour ça. Pas non plus pour des méfaits – elle n’en avait commis aucun. Mauvaises informations ? Ou recherche de suspect ? Elrik ? Elle avait du mal à imaginer le petit guerrier recherché par les Dragons Pourpres. Elrik semblait plus… susceptible de méfaits. La faute de la capuche, probablement. Dans les deux cas, elle devrait pouvoir s’innocenter. Et le gérant pourrait témoigner de son bon comportement.

- Si on n’attend plus personne, peut-être que vous allez nous expliquer pourquoi on est là ?

Sorts préparés : Détection de la magie, Message, Hébétement, Charme-personne *2, Couleurs dansantes