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La Taverne des Royaumes Oubliés > Quête : Le sourire du Kraken > Celle qui campe à l'horizon ... |
écrit par: Hermine Jeudi 05 Octobre 2017 à 21h13 |
ermine marqua un temps d'arrêt, reprenant son souffle. À demi accroupie, plissant les yeux sous le vent, elle regarda en arrière, loin derrière et au dessous d'elle. Si elle suivait le dénivelé verigineux des pentes sur lesquelles elle se trouvait, son regard pouvait à un moment s'accrocher à la rivière Mirar -où d'un de ses affluents, peut-être. De là, elle pouvait en suivre à peu près les méandres jusqu'aux contreforts des montagnes, et de là, jusqu'à la plaine et à la vaste étendue sombre de Bois-Tapi. Derrière, elle pouvait discerner des collines, et au delà ... la mer ? Elle avait parcouru tant de chemin ... Se redressant difficilement à cause des rafales, elle porta à nouveau son regard devant elle, dans l'énorme cratère sur le bord duquel elle se trouvait. Large de huit à dix lieues, il s'ouvrait béant derrière la crête qu'elle venait de gravir. L'aventurière n'avait jamais rien vu de tel. Sa forme quasiment parfaitement circulaire semblait l'appeler, l'attirer en son centre. Un souffle de vent plus puissant que les autres la força à faire un pas en avant -Hermine se campa sur ses pieds. Elle ne pouvait se le permettre. Si elle devait traverser la région, elle devait auparavant se renseigner sur les alentours. Or, elle ne connaissait de la région que la moitié qu'elle avait pu observer durant son ascension. Qui sait si la pente opposée n'abritait pas un campement d'orcs, ou une communauté de géants ? Après tout, elle en avait déjà croisé un il y a quelques jours -de loin, certes, mais elle n'avait dû son salut qu'à la chance. Paralysée de frayeur, elle était restée cachée derrière un tas de rochers providentiels, durant un instant qui lui avait semblé durer une éternité. Jusqu'à ce que l'être gigantesque disparaisse dans la direction opposée, et de longues minutes après ... L'Épine Dorsale du Monde était une région qui semblait déserte, désolée. Mais à certains moments de son périple, Hermine aurait souhaité qu'elle le fut encore davantage. Heureusement qu'elle était parvenue, à force d'anticipation, de patience et de discrétion, à en éviter la plupart des habitants. Comme aussi ces formes volantes qu'elle avait aperçu un jour, planant loin au dessus d'elle, autour d'une cime lointaine. Hiboux des neiges ? Harpies ? Wyvernes ? Difficile à dire avec la distance. La jeune femme avait été soulagée que l'endroit ne soit pas sa route ... Suivant le bord du cratère qu'elle avait atteint, elle passa le plus clair de la journée à contourner l'immensité. Elle dut s'arrêter plusieurs fois pour attendre que le vent se calme, et à un autre moment, elle faillit se rompre le cou en tentant de franchir un éboulis qui s'était formé là où une partie de la crête s'était effondrée. Au fur et à mesure qu'elle se rapprochait du point de vue qu'elle avait repéré et qui lui permettrait d'admirer pour la première fois cette partie si septentrionale de ce que ses habitants appelaient Féerune, son espoir grandissait. Allait-elle enfin apercevoir une région, une montagne, une contrée, une côte qu'elle reconnaissait ? En début de soirée, Hermine atteint enfin son but. Et tomba à genoux. Du blanc. De la neige. Une immense banquise. Pour ainsi dire ... rien. Le Bord du monde ... Son cœur était brisé : elle n'était pas d'ici. Non plus. |
écrit par: Hermine Jeudi 12 Octobre 2017 à 15h19 |
lle mit de longues minutes à se reprendre. Après avoir hurlé dans ses mains gantés et sangloté longuement, la Nordique redevint peu à peu silencieuse. On sentait qu'elle redoublait d'efforts pour se calmer : autour d'elle, l'obscurité et le froid grandissaient et, même si ce coté de la crête où elle se trouvait ne faisait face à perte de vue qu'à une lande de glaciers désolés qui semblaient n'abriter nulle vie, l'environnement était hostile et de nouveaux dangers pouvaient lui tomber dessus à la faveur de la nuit. Se remettant debout, Hermine épousseta la neige de sa jupe et sa cape pour s'aider à reprendre pied avec la réalité, puis se mit en quête d'un endroit abrité. Par chance, elle trouva son bonheur un peu en contrebas de la crête, dans une anfractuosité de la roche, peu profonde mais très haute. L'endroit ne permettait pas de s'allonger correctement, mais sa conformation était suffisante pour lui permettre de s'asseoir à peu près confortablement et de les abriter quelque peu, elle et son feu, des rafales de vent et des regards. Cela lui suffisait. Une fois le foyer allumé, elle s'assit en tailleur tout près de lui. Sa chaleur lui faisait du bien, réconfortait son corps fourbu. Elle se tenait ainsi penchée en direction des flammes, réchauffant aussi au mieux la seule âme amicale à des semaines de voyage à la ronde : le museau rose de son hermine reniflait doucement et emplissait les petits poumons de douce chaleur. Au bout de quelques minutes, l'aventurière sortit un reste de viande froide de son sac. C'était tout ce qu'il lui restait de la perdrix qu'elle avait abattu d'un trait d'arbalète quelques jours plus tôt, mais ça n'était pas grave : il suffisait aux besoins du rongeur, auquel elle donna la becquée morceau par morceau pour lui permettre de rester au chaud dans son giron. Après un autre moment, Sirène pivota doucement pour ne pas réveiller son amie qui semblait s'être endormie. Avec des gestes mesurés, elle sortit de son sac à dos un coffret qui pouvait lui servir d'écritoire, ainsi qu'une fiole d'encre et sa plume préférée. Puis, elle commença à prendre quelques notes de sa journée. Après seulement quelques instants cependant, une bourrasque plus forte que les autres lui fit faire un faux mouvement : elle renversa sa fiole d'encre et, tandis que la jeune femme s'affolait et tentait de limiter les dégâts, de nombreuses feuilles de parchemin s'envolèrent en tourbillonnant dans le noir. Il était trop tard pour qu'Hermine puisse rattraper ses notes : le temps qu'elle sécurise le matériel bien plus important qu'elle avait sur les genoux, les feuillets s'étaient éloignés hors de vue pour la plupart, et elle ne pouvait décemment pas dévaler la pente du cratère, encore abrupte à sa hauteur, en pleine nuit et par ce temps, à leur recherche ! Et puis, son hermine dormait toujours paisiblement ... Cette vue la rassura et lui permit de remettre les choses en perspective. Aussi, c'est avec un renoncement teinté de fatalisme qu'elle haussa les épaules en faisant une gentille moue, et laissa les parchemins disparaître de sa vue pour toujours. Elle se retourna à nouveau pour ranger ses affaires. Il était temps pour elle d'éteindre son feu et de grimper à la corde ... Par ce froid et dans cette nuit noire, un peu de douce tiédeur et de calme blancheur lui feraient autant du bien ! |
écrit par: Hermine Jeudi 12 Octobre 2017 à 15h21 | ||||||||||
oulant et glissant, une des feuilles de parchemin perdues par la guerrière semblait bondir entre les rochers, poussée par le vent ...
Une autre feuille avait trouvé moyen de se coincer entre deux pierres. Elle claquait au rythme des rafales ...
Celle-ci, volant paresseusement, semblait parvenir à prendre peu à peu de l'altitude ...
Ici, une rafale descendante fit s'abattre sur la neige une autre feuille de parchemin avec un bruit pathétique, effrayant au passage un lièvre variable qui détala sans demander son reste.
Et là ? Un autre extrait de l'histoire d'Hermine ...
Le reste des feuillets semblait s'être perdu dans la nuit et le froid ... |
écrit par: Hermine Lundi 04 Décembre 2017 à 19h42 |
i endormie, mi éveillée, enveloppée dans sa couverture de fourrure, Hermine se redressa sur son séant. La lumière blanche filtrait à travers ses paupières tombantes. Un instant, elle se crut allongée sur la neige. Mais non. Elle n'avait pas froid. C'était un des nombreux avantages de cet espace extra-dimensionnel. Après avoir vérifié que sa corde enchantée était toujours à sa place et passé la tête par l'ouverture circulaire pour s'assurer que rien ni personne ne se trouvait en dessous, elle se redressa bien vite pour s'abriter du froid mordant. La jeune femme s'ébroua, autant pour se réchauffer que pour débarrasser sa chevelure des flocons de neige qui s'y étaient déjà accrochés. Revenant vers sa couverture, elle caressa gentiment Biscotte. L'animal n'avait pas encore fini sa nuit, autant le laisser dormir. Agenouillée sur la fourrure brune, peignant ses longs cheveux noirs ébouriffés et emmêlés pendant la nuit, elle songeait à la journée à venir. Elle était enfin parvenue sur le site du « grand effondrement issu de ciel », décrit dans l'ouvrage Contes de Catastrophes et Cataclysmes -ou plutôt, au lieu dont elle avait déduit la position en croisant cette légende avec d'autres informations issues de mythes et contes de la région et des contrées environnantes. Peut-être s'était-elle mis le doigt dans l'œil ? Il était difficile de trier le vrai du faux avec les vieilles histoires. Mais si elle avait entrepris ce voyage, c'était qu'elle désirait confirmer l'hypothèse qu'elle avait échafaudée. Si ses soupçons s'avéraient exacts, le gain potentiel valait certainement les risques qu'elle avais pris. Encore lui fallait-il trouver ce qu'elle cherchait ... Une fois sa toilette terminée, et son amie tendrement glissée dans une poche de son gilet spécialement aménagée, Hermine jeta sa corde par dessus bord et se laissa glisser à l'extérieur avant de mettre fin à son sortilège. Certes, les conditions climatiques extérieures étaient rigoureuses, mais elle-même avait grandi sous des latitudes semblables et y était donc plutôt habituée. De plus, le temps était aujourd'hui plutôt dégagé, en nette amélioration par rapport à la veille au soir. Ce qui signifiait qu'elle allait enfin pouvoir connaître la réponse qu'elle recherchait depuis des mois. Cette pensée la ragaillardit ... Prenant plusieurs minutes pour considérer les pentes qui s'élançaient tout autour d'elle, Hermine eut un petit sourire. Le dénivelé, l'allure de la crête, la disposition des roches, leur forme ... Tout cela était bon signe. En raison de la distance, cela lui prit la matinée entière pour descendre en bas du cratère. Outre prendre garde à sa sécurité, il lui fallait s'arrêter à différents endroits, autant de paliers de la pente, afin de faire des relevés. Munie de sa pelle et de sa pioche, elle arrachait à la montagne différents échantillons minéraux qu'elle examinait ensuite sous toutes les coutures, brisant l'un sous différents points de rupture, en réduisant un autre en poussière. Plus elle descendait, moins elle trouvait quoi que ce soit qui semble de nature éruptive ... Une fois arrivée vers le centre du cratère, l'aventurière était raisonnablement sûre d'une chose : elle n'avait jamais rien vu de pareil. Les roches qu'elle avaient étudiées, ajoutées à la configuration des lieux, permettaient d'exclure l'hypothèse d'une caldeira ou d'une activité volcanique quelconque. Non, cette étrange vallée avait été provoqué par autre chose. Hermine s'approcha du monticule peu élevé qui marquait le centre du cratère aux dimensions titanesques, puis leva ses yeux d'émeraude vers le ciel, songeuse. La cause ne venait pas des profondeurs de la planète ... |
écrit par: Hermine Dimanche 01 Juillet 2018 à 21h39 |
lluminant le septentrion, une aurore boréale drapait la voûte céleste de ses couleurs féeriques. Au fond du cratère, seulement visibles peut-être de celles et ceux qui vivaient aussi haut que les nuages, sept feux de camp brillaient. Disposés en cercle, ils devaient écarter les rôdeurs affamés, et ramollir le sol gelé. Au milieu, l'envahisseuse creusait comme une forcenée. Le succès était au bout de sa pioche. La longue nuit arctique tombait sur la vallée. Le rythme des coups de pioche et de marteau ne ralentissait pas ... Nombre d'animaux hibernaient, mais pas celle que la fièvre, la magie et l'espoir réchauffaient. Des débris. En dessous, de la boue. Encore en dessous, de la terre constamment gelée : le pergélisol. Encore plus bas, juste avant le fond rocheux, des graviers, la moraine, et peut-être ... ... Le métal ? C'étaient ces différentes couches que l'on pouvait observer sur les parois du puits qu'elle avait creusé, et qui s'enfonçait dans le sol. Son écluse et sa rampe de lavage étaient prêts, eux aussi. Avec le léger réchauffement de la température de ces derniers jours, le ruisseau s'était remis à couler. En haut de la rampe, une caisse en bois pouvait être balancée à la manière d'un berceau permettait d'accumuler l'eau et de créer le courant nécessaire. Tout était prêt. Elle allait pouvoir extraire la terre et commencer à filtrer. ¤ Encore un seau de terre à passer au tamis ... J'en suis au combientième ? ¤ Elle en avait arrêté de compter après quelques centaines ... Prenant une des dernières poignées de boue restées au fond du seau, elle fut déséquilibrée par le poids de la terre dans sa main. ¤ Cette pierre est bien trop lourde ! Ce doit être ... ¤ Fébrile, la jeune femme reprit pied et, vivement, s'approcha de la rampe. Cependant, elle immobilisa ses mains pleines de terre quelques pouces au dessus du mince filet d'eau. Laissant un instant son regard s'attarder dans le ciel clair, elle inspira. Puis soupira, laissant l'air froid nettoyer ses poumons. ¤ Si c'est de l'adamantium, ma quête est finie. L'air ne sera pas plus doux. Le soleil ne brillera pas plus. Les étoiles non plus. Et si je perdais tout ça ? Est-ce que je veux vraiment ... ? ¤ Lentement, son regard retomba sur ses mains. Un gros caillou émergeait de la terre qu'elle contenait. Ses yeux brillèrent d'une lueur avide. D'une main, elle plongea hâtivement le caillou dans l'eau et, de l'autre main, actionna le berceau. La boue disparut. - « OUI !!! » Sa main ressortit de l'eau, et brandit la pépite au dessus d'elle, aussi haut qu'elle pouvait, comme un signe de défi, un signe de victoire. - « De l'adamantium massif ! Ha ha ha !! Enfin ! Ha ha haaa !!! » Emplis de joie, de triomphe et de soulagement, sa voix et son rire rebondissaient en écho sur les rochers et résonnaient à travers l'air glacial ... |
écrit par: Hermine Lundi 01 Octobre 2018 à 21h59 |
aguère, l'aventurière avait exploré les profondeurs de la terre, jusqu'aux confins d'un temple elfique, loin au Sud. Aujourd'hui, à l’extrême opposé du continent, elle se frayait à nouveau un chemin souterrain. Mais cette fois, elle l'avait creusé elle-même, de ses propres mains. Et cette fois, comme presque jamais, elle le faisait pour elle, presque entièrement. Éreintée, elle finit de remplir un nouveau seau de débris en soufflant. Elle ne les comptait plus. Cela n'avait plus grande importance : aidée de la chaleur de ses feux qui ramollissaient le sol, elle avait creusé dans différentes directions, couvrant une surface d'une dizaine de mètres de diamètre. Et le filon semblait s'épuiser. Au moment où elle s'apprêtait à se retourner pour ressortir du boyau dans lequel elle évoluait, un éclat retint son attention. La lumière de sa torche vacillante avait accroché quelque chose ... En plus de l'adamantium qu'elle était venu chercher, il lui était arrivé de trouver quelques unes de ces pierres brillantes par hasard. Mais elles ne dépassaient guère la taille d'une tête d'épingle. Celle-ci, par contre ... Au prix de grands efforts à la lueur la flamme, gémissant et soufflant, sa respiration rendue difficile par la fatigue et le manque d'air, Hermine dégagea peu à peu la pierre précieuse ... Avec un dernier effort, elle parvint enfin à arracher le joyau du rocher, pile au moment ou sa flamme mourut en la plongeant dans l'obscurité. À tâtons, serrant sa prise dans son poing meurtri, elle se retourna, et rampa dans le noir. Avec mains efforts, elle grimpa la paroi de son puits, et déboucha à l'air libre, retrouvant la lumière. Pantelante, elle s'écroula sur le dos pour admirer sa découverte. Il s'agissait de la plus grosse hécatolite qu'elle ait vue. Après avoir admiré un instant les jolis reflets bleutés entre ses doigts, elle laissa retomber son bras, exténuée mais souriante. Tandis que ses yeux ne voyaient plus que le ciel, ses paupières se fermèrent sans qu'elle ne s'en rende compte, et elle s'endormit rapidement. Lorsqu'elle s'éveilla, la nuit était tombée. Les étoiles brillaient, et la lune s'était levée. Rendant la lumière des sept foyers qui brûlaient toujours autour du puits presque inutiles, la pleine lune baignait le cratère de sa douce lumière argentée ... Soudain, Hermine entendit -ou plutôt sentit- une présence non loin d'elle. Toujours sur le dos, les muscles endoloris, elle retourna doucement la tête. Derrière elle, elle aperçut un loup. ¤ Non ... pas un loup ... ¤ Sa fatigue et ses courbatures disparues, elle prit appui sur un coude et s'agenouilla. - ... Loup ? L'animal la regarda calmement, ses yeux emplis d'une étrange sagesse. Après quelques instants, ses babines s'étirèrent en un étrange sourire. Devant la Nordique se tenait son totem. À son tour, Hermine sourit. Ça faisait tellement longtemps ! Par le passé, elle avait pu ressentir Sa présence, certes, mais seulement à travers des rêves, ou fugitivement, par instants, lorsque ses sentiments étaient exacerbés, par le combat par exemple. Mais aujourd'hui il se tenait là, devant elle, en personne. Elle avait du mal à y croire. - Tu as fait du chemin ..., commença Loup. Sa voix vibrait de puissance contenue. « Beaucoup de chemin, Muriel. Où est ta meute ? Décontenancée, la Nordique ne répondit pas tout de suite. Son trouble ne venait pas de s'être entendue appeler ainsi pour la première fois depuis de nombreuses années. Non, il était normal que son totem sache tout. Il était elle, après tout, et elle était Lui. La jeune femme avait voyagé longtemps et loin. Mais ... Sa meute ? Elle avait eu des compagnons. Plusieurs. Au milieu d'eux, à combattre près d'eux, pour eux, elle s'était sentie complète. Elle les avait protégé, nourris. Pour leur défense, elle avait gagné tous ses combats, fidèle à la nature de Loup. Mais aujourd'hui, elle les avait perdu de vue. Et Il le savait, évidemment. Qu'était-elle, Louve, sans une meute autour d'elle ? Une larme unique coula sur la joue de l'aventurière. Le regard de Loup s'était fait plus sévère. - Loup ... Loup ! ..., souffla t'elle, ravalant un sanglot, marchant à genoux vers Lui en serrant le poing. Une guerrière ne pleurait pas. Elle agissait. « Loup, j'ai cherché, cherché partout à travers le monde. L'endroit d'où je viens. Et rien, rien du tout. Je devais mener ce combat moi-même. Je me sens si différente ! J'ai peur que personne ne me comprenne jamais ... Que je n'arrive jamais ... jamais à ... » Un regard de Lui et elle se tut. Ses yeux plongeaient dans les siens. Elle était transparente, les mots étaient inutiles. Un long moment passa tandis qu'ils restaient ainsi face à face, l'un près de l'autre. - Es-tu la seule à combattre ? La seule à souffrir ?, lui demanda Loup. Elle connaissait évidemment la réponse. - Non ... - Les membres de ta meute saignent. Ils meurent. Ils souffrent. Et toi ? - Moi aussi ... Telles des attaques d'une précision parfaite, les mots de son totem faisaient mouche, imparables. - Alors, qu'est-ce qui te différencie d'eux ? - ... Rien ..., répondit-elle après un instant, résignée mais sûre d'elle. « Rien d'important. » La Nordique soupira. Ces réponses, elle les avait en elle. Depuis toujours, peut-être. Mais pour avancer, il lui fallait les exprimer. - Alors ... tu sais ce que tu as à faire, conclut-Il. La suite semblait évidente : « Retrouve ta meute. Quand le moment sera venu, fais face à l'obscurité qui la menace : elle n'a rien à faire en ce monde. Défends-le. C'est notre rôle. » Comme pour ponctuer son discours, et de manière curieuse étant donnée son anatomie, Loup haussa les épaules en faisant la moue. Tous deux restèrent un long moment silencieux, ensemble, à regarder la Mer de Nuit et les étoiles qui s'y baignaient, insouciantes, leur lueur clignotant doucement. Au milieu brillaient Séluné et ses larmes. Loup considéra Hermine d'un regard en coin. Ses joues brillaient, elles aussi. Replongeant son regard ancien dans le ciel étoilé, il murmura doucement : - C'est curieux comme il vous est plus facile d'atteindre d'autres réalités cachées, que celle que vous avez sous les yeux chaque nuit ... - Que veux-tu dire ?, demanda Hermine, interloquée, après un instant. - Si tu en as une idée, il s'agit probablement de la vérité ... Énigmatique, la voix de Loup se perdait en un écho. Tandis qu'elle flottait sur le vent, Sa douce fourure grise disparaissait peu à peu pour se fondre dans l'air nocturne. Seuls Ses yeux restèrent encore un instant visible au milieu du ciel, posés sur le Monde et sur la jeune femme. Quant ils disparurent à leur tour, elle resta seule au milieu du cercle de sept flammes ... Seule, à contempler la Mer de Nuit. Seule, avec ses pensées. |
écrit par: Hermine Mercredi 03 Octobre 2018 à 22h29 |
nfin, la nature allait pouvoir reprendre ses droits. L'envahisseuse était partie. Durant des semaines elle avait occupé le centre de la vallée, et dérangé la rare faune locale avec ses travaux et ses feux. Mais aujourd'hui le calme était revenu. Le puits de mine avait été rebouché à la hâte, et les débris de la rampe de lavage volontairement détruite avaient été jetés dans les brasiers qui avaient fini de se consumer. Le vent et la neige effaceraient bientôt à leur tour ces rares témoignages d'activité. Ils avaient déjà soigné pires blessures ... L'aventurière s'était levée très tôt, avant même le lever du jour. Elle avait trouvé en ces lieux ce qu'elle était venue y chercher, il était donc inutile de s'attarder. Mais surtout, elle avait passé toute la fin de la nuit à gravir les pentes intérieures du cratère afin de ne pas manquer un spectacle qu'elle anticipait depuis des jours. Arrivée sur la crête, elle posa avec soin la lourde pierre oblongue qu'elle y avait hissé à grand peine. Après quelques instants passés à positionner la pierre à la manière d'une stèle, la silhouette se redressa, visiblement soulagée, dans la pénombre. L'endroit lui semblait bien choisi : il permettait d'embrasser du regard toutes les contrées en contrebas, tout en étant relativement abrité des éléments. Un des cotés de la pierre, le plus lisse, avait été travaillé sans grand talent, mais avec soin, pour y pratiquer plusieurs trous. Dans chacun de ces trous, préalablement badigeonnés de colle alchimique, avaient été positionnés divers éclats d'hécatolite, la « pierre de lune ». Un cercle de sept de ces trous ainsi sertis de pierres en entouraient deux autres au centre, plus grands, qui semblaient maintenant regarder au loin, comme deux yeux divins. Soudain, le regard de la déesse brilla. La jeune femme se retourna vivement : elle avait failli manquer ce moment. Le lever du soleil, magnifique spectacle qu'elle pouvait maintenant observer depuis une des plus hautes cimes de Féerune. Peu à peu, en même temps que la lumière du soleil se répandait paresseusement dans les basses terres, inondant les plaines et forêts du Nord, un sourire se fit peu à peu jour sur les lèvres brunes de la jeune femme. Elle baissa les yeux sur l'animal blotti au creux de son gilet de fourrure. Lui aussi avait sorti son petit museau rose au dehors pour admirer le spectacle. Quasiment en même temps, les deux amis soupirèrent de bonheur. Plusieurs minutes de douce paix s'écoulèrent ... À un moment le cri lointain d'un rapace brisa l'enchantement : il était temps de repartir. La guerrière jeta son paquetage, alourdi par les roches métalliques, sur son épaule, avant de descendre la pente occidentale du cratère. Au loin, vers l'Ouest, le ciel se couvrait de nuages sombres ... - Tu sais ce qui m'a le plus manqué, Biscotte ? Hermine regardait sa plus proche compagne avec un regard emprunt de nostalgie. « ... La musique ...» Voilà voilà, le dernier post de la petite aventure solo d'Hermine. J'espère que ça vous a plu ! Pour ma part en tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire. J'ai essayé de montrer mon personnage sous des jours différents, de développer, explicitement ou implicitement, certains aspects de sa personne que j'ai rarement l'occasion d'explorer en Chronique, par manque de temps ou parce que ça n'a pas beaucoup d'intérêt dans le contexte. J'en ai aussi profité pour décrire certains lieux de Féerune que je n'avais jamais visité, comme Eauprofonde et l'Amn, pour distiller quelques références que vous avez peut-être reconnues, et faire un petit jeu à base d'initiales ... Au delà de ça, le but de ce thread est aussi de fournir aux meneurs de jeu à la table desquels j'ai l'honneur de jouer, ainsi qu'aux joueurs dont les personnages subissent l'épreuve de côtoyer le mien, quelques éléments de background sur lesquels ils peuvent broder à l'envie. Par exemple :
Voilà, c'est à peu près tout ! T'as tout lu ? C'était pas la peine, mais ... merci ! |