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La Taverne des Royaumes Oubliés > Quête : Les Mystères de l'Ouest [Anchorome] > Chapitre II : Premiers pas


écrit par: Phineas Lundi 30 Novembre 2020 à 12h02
Le lendemain, après un rapide conciliabule, la flotte se sépara en deux. De Ratlyr, voulant s'aventurer plus profondément, plus vite, fit voile vers le nord sur le Chevaucheur pour débarquer hors de vue. Sans aucun doute elle espérait trouver dans ces terres inconnues de quoi damer le pion à l'autre équipe. Tous purent se dire que l'esprit de compétition de la guerrière risquait fort de provoquer des problèmes plus tard.

L'équipe de la Fille, elle, choisi une terre plus proche en vue, un peu au sud. La vigie, équipée d'une longue vue, y avait vu une crique, ce qui sembla mettre tous le monde d'accord : l'équipe, qui y voyait un bon point de départ, et l'amirauté, qui pourrait bénéficier de protection pour réparer les navires et établir un camp sur la terre ferme. Au grand damn de Varnas, Baelnar n'avait pas de voile kara-turanne en stock, quoique semblant particulièrement intéressé par l'idée.



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C'est seulement en fin d'après midi que les quatre navires arrivèrent, enfin, à proximité de la crique. Une première chose sembla satisfaire de nombreuses personnes. Une île presque ovale, d'un peu moins de deux lieues de rayon se tenait à l'entrée de la crique. Si le pourtour de sable était assez large, on ne pouvait manquer les caractéristiques générales de l'île. Verte mais peu boisée, suffisamment de rochers émergeant du sol, elle ne semblait pas instable quoique n'ayant probablement jamais été habitée. Satisfait de l'instinct de son équipe, Baelnar déclara qu'un avant-poste, voir l'observatoire lui même pourrait être bâti ici, à défaut d'un meilleur emplacement.

L'île cependant avait tout de même un défaut. Si la crique, à l'ouest, était au niveau de la mer, une longue plage remontant lentement vers les terres, au nord de la petite île remontait une falaise comme, d'ailleurs, au sud. En terme stratégique, une arme de siège comme un trébuchet placé là, avec un bon artilleur, pourrait bien tirer directement sur l'île. Mais c'était des réflexions qu'ils auraient plus tard. Pour le moment, les navires continuèrent de s'approcher, lentement, jusqu'à ce qu'un sondeur, placé en poupe, indique que les fonds devenaient trop hauts pour pouvoir continuer.

Ce fut donc le moment de débarquer les chaloupes. Et en vérité, chaque navire en débarqua une, pas seulement la fille, envoyant une partie de son équipage sur la plage. C'est une cinquantaine de spécialistes et d'ouvriers, en plus de tous les amiraux à l'exception de Tr'ar, qui débarqua sur la terre ferme pour évaluer la zone. Ils estimèrent rapidement deux choses. Pour ce qui était de la réparation des navires, voir de la construction de pontons, l'endroit était parfait. Le sable fin se mêlait aux galets et les premiers habitants qu'ils rencontrèrent furent de grand oiseaux blancs, semblables à des albatros tout en étant plus à l'aise sur la terre ferme et d'autres, plus petits et particulièrement colorés. Si les premiers, leur taille mis à part qui devait en faire des créatures d'envergure une fois en vol, n'étonnaient pas, les seconds étaient plus exotiques, à n'en pas douter. A tel point que ni Farah, ni Varnas ne sût en dire quoique ce soit. Joinon par contre, fit immédiatement le rapprochement avec les énormes oiseaux bavards, particulièrement intelligents, que l'on trouvait en zakhara. Ceux là avaient l'air autrement moins intelligent, et était éminemment moins grands mais la forme de leur bec comme la couleur de leur plumage faisait le rapprochement évident. Jusqu'ici cependant, ils ne parlaient pas. D'ailleurs, quand le détachement mit pied sur la plage, la plupart des oiseaux s'envolèrent.

La plage avait une légère pente qui n'empêcha pas les premiers éclairages. Quittant rapidement le reste de l'équipée, qui, discutant entre eux, cherchaient déjà à établir un éventuel chantier naval temporaire, débattaient de l'intérêt de faire venir l'ensemble de l'équipage à terre ou se demandait comment trouver de l'eau.

Une question d'ailleurs, qui tarauda immédiatement les quatre compagnons. Du moins, après le premier choc passé une fois la butte gravie. Ils se retrouvèrent alors encore à plusieurs lieues de la forêt. Pourtant les arbres immenses et l'ombre, impénétrables des vénérables - dont certain semblaient d'essence que l'on trouvait également en Faerun - avaient déjà de quoi impressionner les voyageurs, nouveaux sur ces terres. Probablement à la déception de Farah, l'entrée dans la forêt attendrait cependant. En effet, durant leur première heures à chercher un point d'eau qui n'apparaissait pas, une deuxième surprise les attendit immédiatement. Suivant la lisière de la forêt de l'ouest à l'est, se trouvait quelque chose qu'ils pensaient trouver bien plus tard, si tant était qu'il le trouverait un jour : un sentier. L'herbe rase et la terre condensée par des centaines de pas, formait un sombre sillon, témoin de l'existence d'habitants réguliers. Et c'est en retournant vers la plage pour annoncer leur découverte qu'ils firent une seconde exceptionnelle découverte.

Haut d'environ trois mètres se tenaient six étranges colonnes en cercle les unes à côté des autres. De loin, elles semblaient faites de bois, mais en s'approchant, il découvrirent un matériaux brillant et lisse semblable à de la pierre. Tout en gardant pourtant les circonvolutions organiques propres au bois. De gauche à droite, le haut des colonnes se terminait chacun en une effigie. Une baleine, puis un animal semblable à un cerf. Ensuite une sorte de gros taureau, apparemment poilu, que Varnas et Farah identifièrent comme un bison. La quatrième effigie était un loup, la cinquième une tortue puis, enfin, un aigle. Quoique le cercle indiqua une certaine égalité entre les effigie, Joinon et Abrulion remarquèrent des coups portés sur la colonne de la baleine, du loup et de l'aigle qui indiquait, si il s'agissait de symboles importants, une certaines dissension.

Les découvertes étaient déjà grande mais pour l'instant, ils n'avaient pas trouvé d'eau.

La suite de l'exploration devrait attendre cependant. Le soleil commençant à descendre, s'enfoncer plus loin dans le continent semblait de moins en moins intelligent. En revenant, l'amirauté avait pris sa décision. Si ils devaient s'établir à terre, cela attendrait l'aube. En attendant, les chaloupes étaient remises à l'eau alors que les navires avaient lancé les ponts entre eux pour la soirée.

écrit par: Varnas Lundi 30 Novembre 2020 à 14h47
Grognant et grimaçant dans la chaloupe, Varnas s'ébroua de plaisir en arrivant sur la plage. Après avoir longtemps inspecté les falaises durant l'approche, il se concentra sur la faune locale, et la texture du sable.

– Fais gaffe ! dit-il à son plus proche voisin. Y a des sables qui peuvent engloutir un homme en quelques instants. J'ai déjà vu ça… Faut toujours avoir l'œil et un bon bâton sous le coude.

Il décida cependant que la plage ne semblait pas périlleuse. Les animaux étaient différents, certes, mais il aurait été plus inquiété par une baie dénuée de vie. Tout laissait penser à un continent vierge: le rêve de tout aventurier ! Pas le sien…

– Ce dont on doit se méfier, c'est les bestioles qu'on connaît pas. Comme un petit poisson mignon mais qui peut dresser une grande épine empoisonnée sur sa nageoire… Des fruits toxiques, ou une fleur dont le nectar fait perdre la mémoire… Bref, ne broute pas ce que tu ne connais pas. Allons voir les environs.

La découverte du sentier ne sembla pas l'émouvoir:

– Ça, c'est une coulée… Tu connais les blaireaux ? Des bêtes solides, très malignes et très propres… Elles sortent toujours de leur terrier au même endroit, font leur petite ronde pour aller crotter plus loin, puis reviennent par le même chemin. Plein d'animaux patrouillent ainsi, et tracent des coulées dans la végétation. Crois-moi, si tu vois des toiles d'araignée devant le terrier d'un blaireau, c'est qu'il n'y a plus de blaireau.

Après la découverte des piliers animaux, difficile de ne pas voir en cette anecdote une métaphore: il y avait là des humanoïdes —les animaux ne perdaient pas leur temps à ériger des symboles— qui n'étaient pas tous d'accord. Varnas décréta cerf et bison comme les plus appétissants. Examinant les traces de coups pour déterminer comment ils avaient été faits, le vétéran conclut:

– Allons rapporter nos trouvailles. Si on arrive au milieu d'un conflit, on trouvera plus facilement des alliés.

écrit par: Farah Cyahn Mardi 01 Décembre 2020 à 16h34
Après des semaines d’errance maritime, la vagabonde Shaundakulite avait mis pied à terre avec un certain émoi, des feux d’artifices intérieurs lui parcouraient l’estomac et qui faisaient pulser son sang dans des rythmes guerriers pacifiques. L’essence qui donnait du sens à sa vie. Pour un temps, réconcilié avec elle-même sur le seuil d’un nouveau continent. Ils avaient réussi. Ils étudiaient à présent le terrain ce qui voulait dire que le premier objectif était atteint, et qu’elle était bien en vie.

Les expéditionnaires n’avaient plus aucune protection, tels des nouveaux venus naïfs et égarés face aux bêtes fauves qui les guettaient sitôt le pied posé sur terre. Une vie d’expérience l’avait préparée à cette situation, explorant de découverte en découverte, mille et un trésors pour l’œil averti. Une boussole dans un monde irraisonnable.

Et un millier de questions se bousculaient au fond de son crâne et elle s’efforçait de décider laquelle poser. Mais Varnas ne laissait jamais vraiment le temps. Comme s’il fallait à tout prix combler le vide et le silence. Elle serra les dents prise d’une exaspération devenue familière et elle laissa la voix du vieil homme gâcher le chant des oiseaux.

Quand il vint à parler du sentier, la chasseresse esquissa une mimique assez curieuse, comme si elle mettait la parole de Varnas en doute. Elle ajouta aussitôt :


- C’est toi l’blaireau.

De retour de leur première exploration, ils furent communément frappés par la découverte d’étranges structures anthropomorphes de bois veillant là depuis les anciens temps. De gros totems hors nature par leurs caractères, la taille, les couleurs et leur extrême sacralité. Bien que mystérieuses, les structures semblaient s’exprimer par ce qu’elle était. Farah se questionna longuement sur l’importance de leur fonction, sur leur virulence et sur la signification. Etait-ce un outil polyvalent ou unifonctionnel ? L’endroit était-il sacré ? Nul ne pouvait répondre avec certitude.

Elle n’avait pas encore assez confiance pour partager librement ses idées, ses états d’âme. Mais tandis que les deux petits érudits firent des remarques, Farah se permit d’apporter son expertise :


- Cela ressemble à du bois pétrifié. Je dirais 300kg par totem, fabrication artisanal. On peut remarquer les traces d’outils et un certain savoir-faire.

Il était évident que les colonnes anthropomorphes étaient le résultat de croyances. Des gens vivaient bel et bien sur ce territoire et savaient manier des outils.

Jetant un regard vers la cime des arbres gigantesques où disparait lentement un soleil couchant, elle hocha de la tête pour accorder son accord et ils reprirent le chemin des chaloupes. A bord de la Fille d’Oghma, une réunion stratégique s’imposait afin de s’établir convenablement sur terre.

écrit par: Joinon Mercredi 02 Décembre 2020 à 15h18
Ce fut avec un plaisir visible que Joinon avait arpenté ces terres en compagnie des autres aventuriers. Il avait lâché des "Ah!", des "Oh!" et des "ça alors!" à la découverte de la moindre fleur qu'il ne connaissait pas, et ce même si elle n'avait rien d'endémique à Anchorome.

Il avait également réagi avec intérêt aux remarques parfois pertinente de Varnas et, même s'il avait appris à douter de temps à autres de l'exactitude des propos du vétéran, il trouvait toujours intéressant de marcher aux côtés de celui-ci.
Seul bémol, les exclamations du barde associées aux palabres du Damarien n'avaient certainement pas permis au petit de groupe de passer inaperçu. Si la faune avait déjà réagi à leur présence, peut-être en était-ce de même pour les indigènes.

Dans le doute, lors de la découverte des mystérieux totems, Joinon évita avec précaution de pénétrer à l'intérieur du cercle formé par les monolithes.

- Gare mes amis, ne nous risquons pas à attirer sur nous la foudre de ces esprits, ni celle de leurs fidèles, quoi que j'ignore laquelle m'effraie le plus... Et si nous ne le faisons pas par crainte, faisons-le par respect.
Ainsi, c'est les mains derrière le dos et en tendant la tête que le nain étudia à son tour les artefacts, n'osant pas malgré sa curiosité y chercher quelque empreinte magique.

- D'abord, l'observation. exprima-t-il à voix haute. Ensuite la théorie! Et celles que nous avions sur la guerre de ces avatars animaliers ne cesse de se confirmer! ajouta-t-il en opinant du chef, une moue sérieuse derrière la barbe.

écrit par: Abrulion Bascollier Vendredi 04 Décembre 2020 à 13h12
Le hin se laissa transporter dans la chaloupe, souriant en coin aux jurons du vétéran. Toucher le sol après un si long séjour sur un pont en perpétuel mouvement était à la fois un réconfort, mais aussi une étrangeté. L’équilibre était profondément altéré, et s'il avait eu un mal de mer au début, Abrulion ressentait maintenant un mal de terre.

Il ne pipa mot, ni sur la plage, ni sur la butte, ni en voyant les volatiles, se contentant de suivre le groupe, marchant derrière l'un ou l'autre pour éviter de mettre le pied là où il ne le fallait pas.

Les traces de blaireau et les totems ne furent pas une surprise en soi - tout le monde s'attendait à trouver des indigènes -, mais le fait de tomber si rapidement sur des traces de vie intelligente lui fit froncer les sourcils. Si un explorateur d'Anchorome débarquait sur le littoral de la cote des épées, trouverait-il un temple à trois encablures de son bateau ?

- Soit on a eu de la chance, soit ils sont foutrement pieux, eux et leurs esprits.

Il inspecta les alentours, à la recherche de présence humanoïde, ou d'autres totems.

Tout portait à croire que les civilisations locales étaient proches de la nature. Voire tribales. Voire barbares. Il faudrait certainement apprivoiser les interlocuteurs qu'ils trouveraient avant même de pouvoir espérer communiquer. Au moins, si les aspirations des indigènes se limitaient aux besoins primaires, ils n'auraient pas trop de mal à négocier. Mais encore fallait-il espérer ne pas tomber sur un groupe trop primal en premier, les chasseurs étaient du genre à tirer d'abord et discuter ensuite.

Suivant Joinon autour des totems, il lança machinalement une détection de la magie, pour tenter de cerner le niveau de civilisation et de complexité de leur lieu de culte, ou en tout, ce qui y ressemblait.


[url]détection sur les alentours, puis sort détection de la magie sur les totems. En fait le tour et l'inspecte sous tous les points de vue[/url]

écrit par: Phineas Vendredi 04 Décembre 2020 à 18h08
Abrulion

Le hin lança son sortilège. Lé détection de la magie était presque un tour de magie pour tous lanceurs de sort, mais ô combien efficace pour des explorateurs. Il avait vite considéré que ses yeux seuls ne lui dirait pas grand chose aussi, une fois l'incantation terminée se tourna t'il vers les totems.

Magie il y avait.

Une magie étrange. Il semblait que des fils de magie d'intensité infime s'étendaient depuis les différents piliers de bois et jusqu'à loin à l'horizon. Estomaqué, Abrulion découvrit qu'il avait devant lui manifestation presque brute de la Toile. Ces fils pouvaient ils être la structure même du monde ? L'émanation de la Gardienne, sans les complexes métaphores dont elle s'entourait d'habitude, pouvait elle être devant lui ? Les Lois qui régissaient les arcanes depuis la chute de l'Empire de la Magie pouvaient elles ne pas s'appliquer ici ?..

Il écarta rapidement la première solution. Si jamais il était possible d'observer la Trame même, ses fibres, même les plus fins, devaient exsuder d'une quantité inimaginable de puissance. Le reste par contre, si cela lui semblait très improbable, n'était pas complètement impossible. Après tous certains archimages et archisorciers des plus puissants étaient encore aujourd'hui, paraissait il, en mesure de se jouer des limitations de Mystra. On les avait prévenus que la magie risquait de ne pas ressembler à ce qu'ils pensaient, il en avait là la preuve. D'autant plus que, ayant le loisir de se concentrer, il ne fut pas en mesure de reconnaître le sortilège en place - de cela il s'y attendait - mais, plus encore, le tissage ne lui évoquait aucune des écoles qu'il connaissait...



Farah

Avant que ses yeux ne montent vers les cimes, Farah avait remarqué l'étrange forme de certains arbres, définitivement endémiques. Noueux, ils semblaient croître sur de grandes surfaces, et s'entremêler les uns aux autres. Leurs troncs étaient majoritairement nus, avec une écorce fine semblable à celle des bouleaux et les feuilles existaient majoritairement sur les branches les plus hautes.

Posant les yeux sur l'un d'eux, qui devait culminer à une vingtaine de mètres au dessus des autres, elle découvrit que la plus haute branche hébergeait un grand nid et que, de là, deux grands oiseaux qu'elle identifiait d'ici comme des rapaces, observaient les intrus sur leurs terres.


◯ ◯ ◯


Les immenses barges à l'ancre, collées l'une à côté de l'autre entre la corvette et la caravelle, le soir était festif. On trinquait malheureusement déjà aux disparus, mais en se souvenant des bons moment passés ensemble. Puis on laissait vaquer les esprits aux aventures qu'ils allaient vivre sur ce nouveau continents. Quelques officiers restaient un peu à l'écart, notamment les intendants dont le travaillaient commençaient vraiment maintenant. Eux et leurs assistants couraient un peu partout pour évaluer les besoins immédiats, mais surtout les matériaux qu'il fallait débarquer pour bâtir l'avant-poste. En y réfléchissant un instant, établir le plan de déchargement, vu a quel point tout espace avait été optimisé dans les cales, devait être un casse-tête considérable. Le reste des marins, par contre, se retrouvait ensemble. Le premier soir à terre se ferait une fois un périmètre sécurisé, avait décrété Baelnar, au grand damn d'un certain nombre, qui sans nul doute aurait voulu festoyer sur la plage. Malgré tout, les tonneaux d'hydromel et de bière noire avaient été percés pour la première fois et c'est avec un certain soulagement que, maintenant arrivés à terre, les chopes et les assiettes ne contenaient pas les onéreux mais nécessaires citrons verts de l'Amn et de Calim. Aussi agréable fut le goût, en manger tous les jours avait fini par écœurer certains.

Deux grands braseros avaient été allumés sur la plateforme métallique du Scélérat, et d'immenses poissons péchés dans la journée qui, bien qu'inconnus, avaient une chaire agréable et non toxique (la magie et une souris utilisée comme cobaye l'avait confirmé) tournaient lentement sur leurs broches, et l'odeur de la fumée de thym et de romarin qui brûlait avec les braises envahissait l'air. Un court bouillon fait des arrêtes, des têtes et d'algues chauffait sur le côté pendant que l'on avait sorti panais et topinambours de leur sable. Sur un troisième brasero, Mertag, le coq en chef de la Tarasque s'était mis en tête de réaliser des gâteaux de ses montagnes, d'immenses cônes de pâte épicée qui cuisait lentement au dessus des braises depuis prêt d'une heure.

Malgré ce qu'il avaient découvert, et vaguement transmis à l'amiral, celui ci les avait sommés de participer à la fête avant qu'ils ne tiennent une réunion. Lui comme le reste de l'amirauté, n'était pas en reste, Thyrine et Tr'ar, après une choppe de trop, avaient entonné des chants de marins, vite repris par toute la flotte. Inutile désormais d’espérer passer inaperçus des autochtones environnants. Au moins ne pourrait on pas les accuser d'avoir voulu être filous et d'arriver sans se faire voir.

La lune était déjà haute et nos compagnons potentiellement déjà un peu alcoolisés (le conditionnel étant parfaitement impossible concernant Varnas), lorsqu'ils passèrent dans le bureau de l'amiral. Il avait été sérieux et, en vérité, avait disparu de la fête une bonne heure avant eux. Penché, compas en main, sur ses cartes, il réfléchissait. Une épingle, environ seize lieues plus au nord, le long de ce qu'ils imaginaient être la côte, figurait sans aucun doute la position prévue du Chevaucheur. Thyrine avait travaillé sans relâche toute la journée durant, l’œil vissé sur une longue vue car la carte s'était vue augmentée de nombreux détails. Les falaises et plages longées la journée avaient été affinées et la plage sur laquelle ils avaient débarqué semblait exacte dans ses mensurations. Ils se souvenaient d'ailleurs avoir vue la cartographe, mètre à coulisse et bâton étalon en main longer la rive pour établir exactement les mesures. La profondeur des fonds avait aussi été signifié par des courbes topographiques grâce aux données récupérée par les sondeurs et les vigies avaient établie une bonne ébauche de l'île qui se trouvait à la sortie de la crique. De ce qu'ils avaient pu en voir une population de gros animaux côtiers paresseux et des oiseaux au bec coloré étaient les seuls habitants du lieu. Comme vu plus tôt, l'île était peu forestière ce qui avait le désavantage de donner peu de matériaux constructibles, mais l'avantage de ne pas avoir a être déboisé.

Comme à l'accoutumé, Baelnar les invita à s'installer où ils le souhaitait pendant qu'il terminait ses quelques annotations.


- Bien !, dit il en relevant la tête, j’espère que vous avez passé une bonne dernière soirée à bord. Mieux vaut partir à l'aventure le cœur heureux. Cette crique n'est pas sans intérêt, et nous devrions pouvoir faire les réparations qui s'imposent avant, probablement, de poser un avant-poste temporaire. Convenons donc que, si vous partez en éclaireur, nous vous attendront ici. Je suis resté en entretien toute l'après-midi avec nos ingénieurs vous êtes les seuls à avoir eu l'occasion d'explorer les environs, et je n'ai pas eut écho de ce que vous avez trouvé. Je vous écoute.

La musique s'atténuait peu à peu à côté, mais pas les voix, à mesure que certains allaient se coucher. Les officiers avait fait passé le mots de réduire le bruit pour que ceux qui le souhaitaient puissent dormir. Cela étant, le brouhaha restait. Dans le bureau, feutré, il régnait une atmosphère de coulisse.

écrit par: Farah Cyahn Lundi 07 Décembre 2020 à 17h45
Avec la ferme intention de conserver tous ses capacités pour le lendemain et ayant déjà eue son soûl durant la traversée, la chasseresse avait esquivé les festivités avec autant de subtilité que possible. La Fille d’Oghma pouvait se féliciter d’avoir accompli un exploit et la nuit appartenait légitimement à ses serviteurs, en l’occurrence, de braves marins. Et c’est en marge de toute cette allégresse, que Farah préféra se focaliser sur les prochains jours, soucieuse de pérenniser l’avenir de la colonie et de la poursuite de l’exploration.

Elle fut probablement la première à rejoindre le bureau de l’Amiral afin de délivrer son rapport et de finaliser les préparatifs. Après avoir évoqués les modifications apportées à la carte garnie d’épingles, Farah s’installa nonchalamment à sa place, toujours à la droite du bureau. En répondant à la sollicitation du Gnome, elle rapporta son compte-rendu de son ton familièrement détaché. Elle passa en revu la partie scientifique en traitant la météorologie, la géologie, la zoologie, la botanique, et cetera…


- Rien n’affirme que l’équipage puisse débarquer un chantier dans cette crique. Il est encore trop tôt pour le moment. En espérant que l’on trouve prochainement un point d’eau potable, il faudra s’imposer une chaîne d’approvisionnement. Clairement pas l’idéal. Ne nous précipitons pas. Nous pourrions même trouver plus confortable, ailleurs, plus au Sud en suivant la côte. Un territoire qui ne montre pas des signes évidents d’occupation.

Elle se pencha vers le troubadour, le demi-homme et le vieux bougon, légèrement avachie sur un accoudoir. Elle les contempla quelques secondes, l’air songeuse, puis reprit d’une voix égale :

- Néanmoins, nous avons là une occasion inespérée d’établir rapidement le contact. Ne tentons rien avant de clarifier la nature de ceux-qui-foulent-la-forêt. Je suggère de poursuivre dès demain notre exploration. Nous devons être les premiers à les rencontrer. Nous devons favoriser un climat de confiance si des relations diplomatiques peuvent être engagées. Si possible, avant l’autre expédition…

Les plus attentifs purent remarquer un froncement de sourcils et que cette dernière évocation fut faite sur un ton plus froid et sec que d’ordinaire. Il n’y avait là aucune saine concurrence, aucun orgueil, seulement de la crainte et du mépris.

écrit par: Joinon Mardi 08 Décembre 2020 à 08h44
C'est avec un intérêt à peine diminué par l'alcool que Joinon avait écouté les explications de Farah. Du moins la partie à laquelle il avait assisté, mis en retard par une pinte de trop.

Farah avait été claire et concise, comme à son habitude. Les faits avaient été énoncés et, à priori, elle n'en avait omis aucun. Son insistance sur le potentiel danger que pouvait représenter l'autre "équipe" étonnait toujours le barde ; ce dernier avait certes trouvé De Rathyr assez bouillonnante, mais il supposait qu'elle avait l'intelligence de ne pas déclencher de guerre ouverte sur un terrain inconnu avec la seule moitié d'une flotte affaiblie comme unique ressource.

Le nain se saisit du premier document venu afin de s'en servir comme sous-verre et y déposa sa chope. (Il avait horreur des auréoles de liquide sur le bois.)


- Je partage l'avis de Farah sur un point d'importance. Ne hâtons pas l'établissement d'un camp, même temporaire. Tymora nous a accordé la faveur de découvrir plus rapidement que nous ne l'envisagions les traces d'une civilisation. Saisissons-nous de cette chance afin de nous présenter au peuple qui habite ces terres.
Avec votre accord, amiral, nous devrions également minimiser notre impact immédiat sur la faune et la flore locales. Après tout, si quelqu'un rentrait chez moi sans y être invité, je prendrai comme une offense supplémentaire qu'il se serve dans mon garde-manger.

Satisfait de sa métaphore, Joinon émit un ricanement et avala une gorgée de bière afin de laisser à ses camarades l'occasion de rire à leur tour.

- Plus sérieusement, n'oublions pas que pour autant que nous le sachions, les esprits-totems d'Anchorome peuvent défendre ces lieux. Nous pouvons aisément supposer que la représentation du Cerf que nous avons découverte soit un protecteur des bois.
Ma plus vive inquiétude, c'est que la logique voudrait que notre arrivée par la voie des mers nous classe de façon irrémissible dans la catégorie des fidèles de la Baleine, quand bien même celle-ci nous prenait pour des serviteurs de l'Aigle.

- La suite de notre aventure dépend en grande partie de l'identité des premiers indigènes que nous rencontrerons, ajouta-t-il doctement, conscient qu'en effet, cela risquerait d'engendrer des conséquences à long terme bien différents selon le cas.

écrit par: Varnas Samedi 12 Décembre 2020 à 21h45
Largement alcoolisé, Varnas s'était cette fois presque endormi dans le fauteuil à la peau d'ours. Les autres se chargèrent du récit de la journée, et s'il n'avait pas eu quelque chose à dire —et il avait toujours quelque chose à dire—, il était probable qu'il aurait étalé "Brutus" par terre pour cuver. Mais comme toujours, il avait cette capacité de redevenir mortellement sérieux et alerte en un instant:

– Je suis d'accord avec la Gamine. Faut reconnaître le terrain et trouver de l'eau. Bien sûr, les locaux pourront toujours pisser dans la rivière en amont, surtout s'ils rencontrent la bande à Loulou avant nous. La diplomatie n'a pas l'air d'être son point fort. Et comme eux sont partis vers le nord, j'irais plutôt chercher au sud pour nous installer, loin des emmerdes.

Il déboucha sa petite flasque métallique pour en boire une gorgée. L'idée de prendre de vitesse l'autre groupe pour entrer en contact avec les indigènes ne semblait pas l'emballer, mais si c'était ce qu'on lui demandait, il le ferait. Il grimaça. Varnas était plutôt du genre à vouloir s’approprier le terrain, reconnaître les environs, tendre des pièges et préparer une rencontre, que de foncer vers un feu de camp allumé. Mais il avait l'expérience de la rencontre avec d'autres cultures…

¤ Faut reconnaître que ça c'est pas toujours bien passé… ¤ ricana-t-il pour lui-même.

– La forêt est une souricière. Les arbres forment une canopée dense, dans laquelle des singes ou des elfes pourraient se déplacer comme de rien. Si on va à leur rencontre, il nous un plan de repli plus solide que la course à pied. On pourrait essayer de laisser un message près de leurs colonnes. Quelque chose de délicat, hein ? Pas leur offrir une arme, des peaux ou du poisson séché, ils pourraient mal le prendre. Comme les félins: vous pensez leur sourire, et ces cons croient que vous les menacez en montrant les dents.

Varnas commença à curer les siennes, en attendant une conclusion. De toute façon, à défaut d'envoyer des arpenteurs qui se feraient embrocher par le premier équivalent de sanglier venu, le petit groupe allait devoir explorer l'inconnu.

écrit par: Abrulion Bascollier Vendredi 18 Décembre 2020 à 11h23
Le hin s'était laissé aller à quelques plaisirs en boisson et autre. Ils avaient enfin rejoint la terre ferme, ce n'était en vrai pas un mince exploit. Certes ils avait dû remonter sur les bateaux pour festoyer, cela n'en était pas moins qu'une célébration de la terre neuve, belle, fertile, sauvage. Ainsi donc ce vieux fou de gnome amiral ne l'était qu'à moitié : cette terre existait bien.

Bien hydraté, le hin leva la tête en chemin, pour contempler la lune, déjà haute. Il s'arrêta un instant, plein de pensées - et plus il fallait l'avouer, l'air frais et la nuit noire aidaient à remettre les idées en place encore mieux que les poissons d'Anchorome grillés du Scélérat.
Etait-ce la même lune qu'en Faerun, bien qu'ils en soient à des milliers de lieues ?
Se pouvait-il que quelqu'un d'autre en Faerun regarde cette même lune à cet instant précis ?

Le hin finit par entrer entra dans la cabine pour rejoindre la réunion en cours.


- Z'avez vu la lune ?

Il s'assit au plus près, usant de tout son talent pour masquer ses gestes à la fois lents et imprécis. Il lança des "ah oui !" à quasi chaque déclaration de ses compagnons, et ajouta sa contribution après le vétéran :

- Et Varnouille disait aussi qu'il y avait plein de blaireaux dans le coin.

Gardant un air sérieux autant que possible, il enchaina :

- On se demandait s'il y avait de la magie, et bien la réponse est Oui ! Pas de la magie comme à la maison, cependant. Les totems iradiaient des fils de magie, c'est dur à décrire... comme des racines, jusqu'à perte de vue. Plus loin j'en serai, mieux je me porterai. Pour le reste, je suis pour faire de la reconnaissance avant de poser la première pierre, pour ne pas la poser au mauvais endroit, si possible.

écrit par: Varnas Samedi 19 Décembre 2020 à 12h43
Varnas venait de retrouver un morceau de poisson coincé entre deux molaires, qu'il inspecta un instant avant d'avaler. Comme à son accoutumée, il suivit ce repas d'une gorgée de sa flasque métallique. Abrulion intervint alors en lui décernant la découverte de blaireaux.

¤ N'importe quoi ! Le sentier était semé d'empreintes humanoïdes ! Le pauvre ne tient pas la bibine… ¤

Le vieux pointa l'halfelin du pouce, et fit semblant de loucher et de se tordre le nez, avant d'émettre un petit ricanement. Le récit du hin sur les émanations du cercle mystique réactiva son sérieux et sa sempiternelle réticence à la magie.

– Ouais effectivement, ça serait pas malin de traîner à côté. En plus c'est sans doute un de leurs trucs mystiques sur lesquels on peut pas s'appuyer sans déclencher une croisade.

écrit par: Phineas Dimanche 20 Décembre 2020 à 00h19
- Totems ? Hum... Une théorie intéressante que d’appeler ces animaux esprits de la même manière que les illuskiens...

Le choix linguistique avait l'air d'intéresser le gnome, mais il n'en savait pas plus qu'eux, aussi ne développa t'il pas plus. Il revint, plus pragmatique, au rapport d'état.

- Très bien, je vous fait confiance. On va ancrer dans la baie et se contenter de dresser des ponts flottants entre les navires pour réparer les coques. Si on est pas attaqués, on a largement assez de bois pour réparer ce qui doit être réparé pour le moment. Je ne tiens pas à aller chercher du bois dans la forêt tant qu'on en saura pas plus sur l'éthique naturaliste locale.

Il lissa sa moustache en réfléchissant. Les aventuriers lui avait donné beaucoup d'informations en peu de temps. Ses yeux restaient fixés sur sa carte et il traça un point là où ils lui indiquèrent la position du cercle de totems.

- Si vous pouviez suivre ces lignes de magie ça pourrait peut-être mener quelque part aussi. Mais j'imagine que ça ferait un paquet de pistes envisageables pour des terrestres. Je ne suis pas opposé à un message prêt des colonnes, mais un voyageur verrait les mâts des navires bien avant de les atteindre. Quelque soit l'interprétation, c'est ce qui sera vu en premier lieu. Et encore une fois, tant qu'on ne sait rien des peuplades locales, n'importe quelle offrande pourrait être une offense ou l'inverse...

Il finit par s’asseoir. La légère ivresse de certains n'avait pas l'air de le gêner plus que cela et il profita du climat informel de la situation pour allumer sa pipe. Bientôt une odeur d'herbe et de sauge s'éleva dans l'air.

- Louise ne poussera pas le conflit. Ce qui m'inquiète plus sont ses éventuelles réactions. Il est vrai qu'en cas de danger, elle n'hésitera pas longtemps. Mais foncer dans le tas ne sera pas sa première option, elle peut paraître agressive mais elle n'est pas folle. Elle sait pertinemment qu'elle sera dans un désavantage gigantesque dans cette terre inconnue.

La confusion du léviathan que nous avons rencontré me pousse a croire que les forces en présence ne sont pas si simples. Qu'un navire puisse être pris pour un coursier de l'Aigle en dit long sur tout ce que nous ne comprenons pas. Pas encore, du moins...

Il tira longuement sur sa pipe les laissant écouter la fête qui battait encore son plein à l’extérieur. L'impression d'être dans des coulisses avait quelque chose de reposant, ça et le léger roulis des vagues dans la baie.

- Je vous laisse décider de la direction à prendre mais en effet, si Louise et son équipe sont partis au nord, il me semblerait plus constructif de couvrir le plus de terrain possible en ne prenant pas la même direction. Dans tous les cas, j'aimerais que vous limitiez cette première expédition et rentriez dès que vous aurez découvert un point intéressant ou récupéré suffisamment d'informations. Une décade, je pense. Au delà, nous serons potentiellement obligés de nous déplacer, et tant que nous ne sommes pas sur de pouvoir compter sur la magie, inutile de chercher un moyen de rester en contact. Dresser des oiseaux pourrait être une solution, mais les entrainer prendra plusieurs semaines et cela ne fonctionnera que dans un sens.

Décidons donc maintenant de votre prochaine étape.

écrit par: Farah Cyahn Samedi 26 Décembre 2020 à 00h18
En estimant les menaces qui pesaient sur les expéditionnaires, eux-mêmes certainement inoffensifs, elle put conclure qu’une confrontation ne laisserait pas la moindre chance. Le combat se transformant en exécution sommaire, comme elle avait pu récemment l’apprendre en Haute-Forêt.

Farah souhaitait juste s’assurer qu’ils profitent d’un ultime face-à-face. Un geste aussi désespérer que beau. Mais, mourir pour mourir, elle aurait préféré affronter son destin sans avoir à gérer celui de ces individus. Le quatuor qu’elle formait avec les trois autres pouvait s’avérer déterminant, mais malgré tout, après tout ce temps, elle ne parvenait pas encore à se sentir totalement impliquée et totalement sensible à leurs points de vue. Les souvenirs de la retraite studieuse lui revenaient à l’esprit.

Elle avait dû faire de grands efforts pour supporter l’air oppressant de l’atelier secret de l’Amiral. Elle était une ermite, pas un clerc ou un moine. L’omniprésence des gens, le rythme imposé de la vie et les sollicitations constantes. Elle avait fait les cents pas, enveloppée de silence, conforme à une prédatrice encagée. A cet âge, la dévotion, la tristesse et le sérieux ne pouvaient occuper toutes les heures du jour. Et au fond d’elle, seule l’idée de sa future expédition dans l’inconnu lui permettait de tenir le coup. Aujourd’hui plus que jamais, elle songeait à son autonomie, exploratrice à la fois grave et enfantine, posant sur chaque être et chaque chose le regard inaltérable d’une optimiste aussi indestructible que sa foi. Suicidaire polyvalente, combattante embarquée et charmeuse de baleine.

Comprenant qu’ils n’allaient rien résoudre en restant là, elle leva les yeux au plafond, haussa les épaules et regarda chacun d’eux d’un air dubitatif. Elle prit une profonde inspiration et décida de résumer les idées d’une voix sobre et articulée :


- On ne va pas se mentir. Aucun plan n’est infaillible. A un moment ou à un autre, nous présenterons une faiblesse. C’est à nous de savoir en profiter. Notre première escapade n’est sans doute déjà pas passée inaperçue. Nous n’aurons pas de limite de zone pour se débarrasser de nos poursuivants. Nous avons trop peu pour prétendre pleinement sonder de si profonds secrets. L’environnement ne cessera probablement jamais de nous surprendre, et la vigilance a tendance à peser sur les nerfs.

Elle croisa les bras et pencha la tête dans un soupir :

- Mais il ne faut pas sombrer dans le pessimisme. Nous suivrons le chemin qui mène au Nord. Nous tablons sur dix jours d’exploration, six jours en suivant le sentier et quatre pour revenir vers le vaisseau. J’estime la progression à… (elle désigna vaguement Joinon et Abrulion) environ soixante kilomètres par jour sur un terrain dégagé. La formation n’est pas optimale mais notre objectif est de capitaliser sur le sentier. En espérant que cela apporte plus de réponses que de questions.

Elle tapota son menton et retourna son attention vers l’Amiral Gnome en chef :

- Du matin au soleil couchant, je suggère de laisser une barque sur la plage avec deux rameurs fiables ; pas du genre à picoler à l’ombre ou à profaner des totems. Et d’ici demain, nous vous ferons parvenir une liste de matériaux dont nous aurons besoin. Le chef-cuisinier peut déjà s’atteler à la préparation des rations.

Elle pensait à se servir d’eux comme appâts. Mais au contraire des deux autres, le vieux Theskien risquait de résister. En cas d’embuscade, l’honneur du vétéran n’était pas à négliger. Chez ses compatriotes, l’idée même de devenir esclave était une insulte, un état sans doute plus redouté que la mort elle-même. Et Farah ne voyait pas comment il pouvait même s’en tirer sans se mettre à dos toute la meute. Elle se mit à réfléchir aux conditions requises pour un tel plan. Au moment qu’elle jugerait le plus stratégique, elle pourrait même ouvrir les hostilités en leur laissant miroiter une porte de sortie. Puis, plus tard, pour les sauver, elle devrait intervenir physiquement dans un processus d’extraction. Mais impossible pour elle de les sacrifier, quitte à s’exposer personnellement.

C’était une décision qu’elle ne se voyait pas réellement prendre à l’heure actuelle.

écrit par: Varnas Dimanche 27 Décembre 2020 à 22h08
Le vieux n'en avait rien à foutre. Pour peu il aurait déjà piqué du nez. Il avait exprimé plusieurs fois sa réticence à aller s'offrir en pâture aux indigènes, et sa principale crainte était de ne pas savoir sauver sa mule en cas de fuite. Surtout que Farah semblait vouloir faire toute l'expédition au pas de course.

¤ Pauvre bête, dire que je l'ai amenée de l'autre côté du monde, on va pas la laisse finir en grillades. ¤

– Dis donc Gamine, je sais qu't'es jeune et que t'aimes courir les fourrés, mais jamais on progressera aussi vite. J'ai déjà vu ça: entre le terrain qui nous emmerdera à un moment ou l'autre, et la taille des p'tits, on f'ra une trentaine de kilomètres par jour, si on reste sur le sentier. Si ça tombe il se termine à quelques heures d'ici, ou s'enfonce dans un marais. On est pas sur une route pavée dans un pays sécurisé. D'ailleurs, ça n'existe pas, un pays sécurisé…

– Je pensais emmener ma mule pour porter assez d'équipement pour partir à l'aveuglette, mais si on suit une piste, on ferait peut-être mieux de voyager plus léger, quitte à faire demi-tour après deux-trois jours si on trouve rien. On va pas se taper l'inverse d'un pèlerinage à travers tout le continent. Si personne ne vit dans un rayon de trois jours de marche, on pourra faire tout ce qu'on veut, ici. Ou on ferait mieux d'aller chercher plus au sud.

Sa longue tirade venait d'exhaler une partie de l'alcool qui avait ingéré dans la soirée. Il éructa.

– J'dis ça, moi, j'dis rien. Mais je vous aurai prévenus…

écrit par: Farah Cyahn Mardi 29 Décembre 2020 à 13h21
La couardise et le cynisme convergeaient encore sous les traits de ce vieil homme fatigué. La chasseresse, auparavant impassible, fronça les sourcils et grimaça quand le rôdeur ponctua ses remarques d’un sophisme aussi cérébrale qu’absurde. Il était fort étonnant de voir que l’alcool parvenait à le rendre encore plus antipathique. Elle fit des efforts pour conserver son sang-froid en tentant de ne laisser passer aucune émotion.



- Évidemment, reprit-elle sans courtoisie. Nous n’irons pas plus loin que leurs jambes le permettront. C’était simplement une unité de mesure pour les moins avertis.

A mesure que les jours passaient, il devenait plus évident que les deux rôdeurs étaient aussi différents que pouvaient l’être le feu et la glace. Lui, semblait perpétuellement regretter ce qu’il croyait savoir. Alors qu’elle trouvait la sagesse dans le fait d’aimer ce qu’elle ne connaissait pas. Mais par-dessus tout, elle préférait encore les demi-solutions et les fausses-propositions à ces témoignages intempestifs de pleutrerie.

Désinvolte, elle se pencha sur sa chaise, un coude posé sur le bureau et une joue dans le creux de la main.


- Tss, « Enfin je dis ça, j’dis rien… », répéta-t-elle, la bouche en biais, d’une voix caricaturalement rauque. Franchement, dans ce cas, ne dis rien, ça vaudrait mieux. On te demande de trouver des solutions, de démonter et de persuader, mais là, tu embarrasses les gens avec tes formules de vieillard. Ne nous fais pas perdre notre temps avec tes tournures de phrases pour insulter les gens. Tu n’es supérieur à personne dans cette pièce.

Elle releva la tête et détourna le regard pour observer les autres.

- Je suis venue ici pour une raison et je compte bien m’en donner les moyens. Il y a peu, certains étaient prêts à envoyer une baleine agoniser au fond des mers car aucune solution ne s’offrait à leur esprit. Seriez-vous assez stupides pour suivre un plan auquel vous ne croyez pas et que personne ne vous impose ? Soyons clairs, je n’oblige à rien. Restez ici si vous ne vous en sentez pas les épaules. Restez ici avec ce vieux cinglé et sa mule, vautrés dans le confort de ce pessimisme.

Elle haussa les épaules, ses yeux verts réduits en deux fentes colériques.

- Restez ici, plantez des choux, coupez des arbres, posez des pièges et tuez autant de baleines que vous voudrez, mais ne m’infligez pas ce genre d’attitude. J’ai connu les chambres de tortures, les enclos à esclaves et les travaux forcés. Personne ne me forcera à supporter cette condescendance permanente.

Sa conception philosophique était claire et, au fond, banale. Vivre c’était souffrir au sein d’un univers qui n’était pas un cosmos mais un chaos. En cela, chacun pouvait ressentir intimement l’inconsistance et l’absurdité de son existence, sachant n’être qu’un nomade livré à la dissolution de toute chose. Cependant, il existait deux manières de vivre avec ce sentiment. Farah avait choisie depuis longtemps de s’accommoder du pire, de prendre le parti d’en rire – car se sachant insignifiante. Elle était assez maître d’elle-même pour ignorer les offenses personnelles dont elle pouvait être l’objet, mais elle regardait comme une lâcheté de se montrer indifférente à l’égard des irrévérencieux et pour ce qui regardait du défaitisme.

Intérieurement, elle se félicitât de ne pas avoir pris part aux célébrations. Avec de l’alcool dans le sang, elle n’aurait sans doute pas pu faire preuve d’autant de diplomatie.


hrp.gif Intimidation

écrit par: Joinon Mardi 29 Décembre 2020 à 20h15
¤ Et voilà... ¤ bisqua Joinon en découvrant la tournure désagréable que prenait la conversation. ¤ Ca commence. ¤
Le nain avait déjà côtoyé toutes sortes d'individus, et il existait toujours un point, lorsqu'on réunissait des caractères si différents, où les réflexions étaient occultées par des propos déplaisants.

- Si je peux me permettre, interrompit-il avec autant de diplomatie que son état d'ébriété relative lui permettait, ne laissons pas nos esprits s'échauffer plus que nécessaire, nous aurons tout le temps pour ça si d'aventure nous rencontrons quelque obstacle, ce dont aucun de nous ne doute, évidemment.
Nous sommes tous réunis ici pour des raisons diverses, avec des passifs qu'il est parfois préférable d'ignorer, mais dans un but commun, tâchons de ne pas l'oublier.

Il inspira un grand coup, mais assez rapidement pour ne pas laisser quelqu'un d'autre reprendre la parole.
- Malgré le ton souvent rebutant de notre ami - le barde pointa sa chope en direction de Varnas - l'intégralité de ses propos n'est pas à rejeter.
Je partage son avis de privilégier la sécurité à la rapidité, et pas uniquement parce que je suis moins athlétique que vous autres!
Le barde avait prononcé ces derniers mots sur un ton un peu plus mordant. Il s'était senti blessé par le regard de Farah ainsi que les propos du vétéran concernant les "petits". D'autant qu'après avoir vu Abrulion parcourir les couloirs du vaisseau, il savait qu'il était lui-même le seul vrai poids, au sens propre, de leur groupe.
- Nous avons la chance de posséder un animal de bât, ne nous délestons pas d'un tel atout. Il nous permettra d'aller plus loin, et guère plus lentement que sans lui. Nous pourrons également voyager plus longtemps, comme le souhaite Farah, car il me paraît nécessaire de faire ainsi.
Joinon s'avança au centre de la pièce pour se placer physiquement entre les deux rôdeurs.

- Que chacun mette de l'eau dans sa vinasse, comme dirait mon vieux papa. Si nous ne parvenons pas à nous mettre d'accord ce soir, nous n'avons aucune chance pour la suite.
Il regarda tour à tour les deux intéressés.
- Et si vous souhaitez vous lancer dans une joute verbale ¤ dans le meilleur des cas ¤, faites-le ailleurs, que notre Amiral ne regrette pas son choix, s'il ne le fait pas déjà...

écrit par: Abrulion Bascollier Mercredi 30 Décembre 2020 à 01h04
Le hin souriait sous cape de la situation. Colonisateurs récents de Faerun, les humains n'avaient décidément aucune intelligence et la seule raison de leur succès n'était autre qu'une démographie galopante et une absence de réel prédateur pour réguler leur population invasive.

D'habitude purement spectateur de leurs débacles, Abrulion cette fois ne pouvait se contenter d'attendre les conséquences préjudiciables. La mission lui importait, et il ne pourrait se passer d'une exploratrice ou d'un betteur, aussi antipathiques soient-ils.

Diplomate aux méthodes bien à lui, il se décida à parler.


- Approche, Varnas, j'ai un petit quelque chose qui devrait soigner ton pessimisme.

Il sauva un fond de godet de pinard de sa corne à boire, qu'il tendit au vieux - qu'il réponde ou non à son injonction.

hrp.gif injonction "approche" (pouvoir inné, don) DD12 (volonté) NLS3

écrit par: Varnas Mercredi 30 Décembre 2020 à 13h52
Varnas écouta la rancœur de Farah se déverser avec un visage placide.

¤ L'est trop à vif, cette petite. Sans doute à force de faire ses communions mystiques avec les bêtes. Ça vous chamboule le ciboulot, ça… ¤

– Quand t'auras survécu la moitié de mon âge, Gamine, t'apprendra à écouter les autres. Personne ne parle de rester ici. Mais faut assurer ses arrières, pas juste courir de l'avant. Si mes idées ressemblent à tes chambres de torture, t'as pas du beaucoup souffrir dans ta vie…

Il leva sa propre flasque à l'intervention de Joinon, faisant mime de reconnaître une réflexion censée. Mais l'instant d'après, quand Abrulion parla, Varnas changea du tout au tout: d'un sursaut niant le moindre rhumatisme, il se leva et traversa la pièce à grandes enjambées. Pourtant il n'alla pas vers Farah au sang-de-feu, mais vers le prêtre. Tout s'était passé très vite, et le hin avait à peine fini sa phrase que le vétéran se trouvait à un pied de lui, le dominant du double de sa hauteur. Le damarien ne cillait pas, et n'accepta pas la corne tendue. La scène était probablement incompréhensible pour les spectateurs, et le malaise n'avait fait qu'augmenter. Après quelques instants où seul un muscle de la mâchoire de Varnas palpitait, l'ancêtre fit demi-tour pour quitter le bureau de l'amiral.

– Je ne m'attendais pas à ça de ta part, Langue-de-serpent… Dans un groupe, on ne se poignarde pas dans le dos. Demain, "nous suivrons le chemin qui mène au nord", alors vous feriez mieux de dormir.

Il claqua la porte.

écrit par: Farah Cyahn Dimanche 03 Janvier 2021 à 03h39
- L’orgueil d’un pillard, ajouta-t-elle avant que Varnas ne quitte la pièce.

L’expédition avait à peine entamé ses prémices, que le vieux chasseur grisonnant était parvenu à user toute sa patience. Maintenant que les événements se concrétisaient, elle ne pouvait plus reculer face à son attitude terrible et méprisante. A l’entendre, l’optimisme était le pire des maux, une façon de penser absurde. Un homme qui prédisait le pire en ne prenant aucun risque.


- Et susceptible avec tout ça, ajouta-t-elle, comme à elle-même.... Il fallait crever l’abcès de cet orgueil mal teint. J’ai peur que cette attitude soit contagieuse.

La chasseresse desserra les mâchoires et même temps que ses bras. Son regard en amande se radouci progressivement tout en se braquant sur le barde Joinon. Les paroles du Nain lui avait prendre conscience que son comportement pouvait paraitre puérile. Mais elle n’avait pas des siècles de sagesse à faire valoir, pensa-t-elle. Obstinée, hautaine, curieuse, rebelle et colérique, Farah ne pouvait qu’acquiescer.

- Navré d’avoir haussé le ton, déclara-t-elle vers lui. Je… Ce comportement me fait bouillir de rage. On est tous pareils. Je suis comme toi. La meute avance toujours au rythme des aînés.
Le problème n’est pas là…

Elle fit une pause, l’air de réfléchir à ses prochains mots. Son regard passa du Hin au Gnome.

- La situation est grave. Demain, nous serons tous les quatre abandonnés dans un territoire sauvage. Liés par le destin, inséparables par choix. Et justement, nous n’avons plus le choix à présent.

Elle fit une courte grimace en regardant en arrière, du côté de la porte close. Elle brûlait d’envie d’en dire plus, de concrétiser le fond de sa pensée, mais la tension ambiante lui fit ravaler une conclusion cinglante.

Selon elle, l’attitude passive et défaitiste de Varnas n’apporterait que ruines au sein du groupe. Son orgueil n’était que du poison. Durant sa jeune existence, elle avait arrêtée de nombreux individus similaires, capables de parler d’honneur un jour, et le lendemain, capables de vous faire miroiter une plus grand part de butin en sacrifiant un collaborateur. Le genre à prendre parti quand l’ennemi est devenu public.

écrit par: Abrulion Bascollier Dimanche 03 Janvier 2021 à 12h01
Le hin n'avait pas espéré que son tour de passe-passe marche sur un vieux de la vieille de la trempe de Varnas, ni qu'il le prenne de la sorte si cela devait jamais fonctionner. Il ne se rappela de l'aversion de la magie que plus tard, une fois la porte claquée.

Il soupira, à la fois de sommeil - un bâillement déguisé - et de devoir maintenant aller jouer la maman.


- Puisque nous sommes tous d'accord d'aller au nord pendant au moins quelques jours, je vais retourner prendre des forces sous forme de poisson grillé, et profiter une dernière fois des hamacs et leurs balanciers.

Le hin s'eclipsa.

Il irait prendre une grosse ration de poisson et s'en retournerait voir Varnas avec, accompagné d'une nouvelle bouteille.

écrit par: Phineas Dimanche 03 Janvier 2021 à 19h34
hrp.gif Le test de social représente l'autorité de Baelnar. Je vous laisse l'interpréter comme vous voulez, mais je considère qu'il est plutôt convainquant.

Et oui, vous avez perdu (sauf Joinon) des points "d'influence".


Farah et Joinon

Pendant toute la dispute, le gnome s'était contenté de les regarder en tapant régulièrement sa pipe contre le cendrier de granit posé sur son bureau. Si ils n'en avaient eu cure, ils n'avaient pas pu manquer ses sourcils qui s'étaient peu à peu froncé. Lorsque Abrulion avait a son tour quitté la pièce, un lourd silence chuta sur celle-ci, interrompu par le vidage final de la longue pipe amirale.

- Ne me faites pas croire que je me suis trompé en vous choisissant.

Il regarda alternativement Joinon et Farah. Son regard était lourd, très différent de celui qu'il avait porté jusqu'ici. En cet instant, le gnome rieur et blagueur était très loin et c'était l'amiral pragmatique, probablement aussi le professeur sévère qui avait pris le dessus. Joinon comme Farah comprirent immédiatement que le quatuor était allé trop loin pour ce que leur officier en chef pouvait supporter d'insubordination.

Le silence devint plus pesant à mesure que qu'il durait. Toute sauvage qu'elle fût, Farah savait reconnaître la colère froide et pouvait ressentir la déception qu'ils évoquait à Baelnar. Probablement l'un des plus proches en terme de mode de pensée de l'Amiral, Joinon, dont le tempérament n'était déjà pas des plus courageux devait lui bien voir que leur comportement ne correspondait pas à ce que l'Amiral se faisait d'explorateurs efficaces.

L’expédition était une entreprise gigantesque, tous en avaient conscience, mais peut-être jusqu'à ce moment n'avaient ils pas compris les sacrifices qu'avait certainement du faire leur officier pour les mener jusqu'ici. Peut-être n'avaient ils pas encore saisi la chance qu'ils avaient eu d'être embarqué dans celle-ci.


- Je n'ai jamais douté de vos compétences et vous me l'avez prouvé pendant le voyage, son regard s'attarda sur la rôdeuse. Mais ce genre de dissension stupide, non avenue et inutile je ne veux plus en voir. Vous êtes autant des explorateurs mais aussi des portes-étendards. Pas seulement de la flotte, pas seulement de moi, mais aussi de l'ensemble du continent.

Il se tourna vers Farah.

- Toi qui défend si ardemment la cause de la nature sauvage et de ceux qui l'habitent, il ne me semble pas, pourtant, que tu sois de celles qui désirent une scission radicale entre celle ci et la civilisation. J'entends ton passé - ne croit pas que je ne le connais pas - mais la méfiance et la querelle sont les moteurs vicieux de de la haine. Nous sommes aussi ici pour réparer les erreurs de ceux qui sont venus avant, heaumites comme balduriens. Ne laisse pas ta fougue transformer tous les peuples de notre Orient en ennemi de ceux de cet Occident. Laisse parler Varnas. Les autochtones pourraient prendre ombrage de lui, mais il est je crois suffisamment intelligent pour comprendre qu'il ne pourra pas se comporter ainsi devant une culture inconnue. Du reste il a lui aussi ses qualités, même si ils sont noyés sous ses défauts apparents. Tu seras heureuse le jour où ils t'épauleras sur une piste. Ses histoires ne sont pas que des mensonges, et quoiqu'il soit rabâcheur, son expérience est réelle, et elle pourrait s'avérer utile même si ses réflexes eux sont émoussés. Apprenez l'un de l'autre. On évolue pas en grandissant aux côtés de nos doubles.

Il se retourna ensuite vers le nain et l'examina longuement. Les peuples de Gond et de Moradin avaient un long passif d'entraide presque naturelle. Tous deux intellectuels, Joinon et Baelnar avaient immédiatement entretenu une certaine connivence de fait, quand bien même n'avaient ils pas eu beaucoup le temps de discuter. Pourtant à ce moment, il doutait que celle-ci exista encore :

- Je suis conscient néanmoins que la morgue de notre vieux bouc pourrait poser des problèmes, il laissa passer une respiration. Autant d'ailleurs, que les tendances que nous venons d'observer chez Abrulion. Pour ce dernier cependant, je pense qu'il aura tendance à suivre la décision collective. Le problème Varnas est aisément réglable. Qu'il s'en défende ou non, il a des réactions digne de la soldatesque.

Il marqua a nouveau un silence.

- Je voulais l'éviter, mais puisque je n'ai pas le choix... Joinon, tu as fait preuve de plus de désir de consensus que les trois autres, même si je souhaiterais parfois que tu te permettes de mettre tes avis plus en avant.
Aussi, tant que vous serez incapable d'agir de concert - ce qui ne veut pas dire que vous devez à tout instant être d'accord - tu dirigeras le groupe. Appuie toi sur les compétences des autres, écoute les, mais ce sera, si la concorde n'apparaît pas, à toi d'avoir le dernier mot.

Il se tourna a nouveau vers Farah.

- Je pense que la logique ne t'échappes pas Farah. Je n'ai pas besoin de faire de cette information un ordre, n'est ce pas ?

Maintenant, allez vous reposer, vous aurez besoin de toute votre énergie demain.

Les invitant à sortir, le gnome les suivit vers l’extérieur.


Abrulion et Varnas

Alors qu'Abrulion rattrapait le colérique Varnas et allait lui tendre sa bouteille ils eurent tous deux une sévère déconvenue. Un étrange bruit de métal se fit entendre derrière eux, et un instant plus tard, une main mécanique saisissait la bouteille avant de l'arracher des mains de l'halfelin. A l'autre bout du câble qui sortait de la main de métal se trouvait l'amiral, un petit et étrange objet techno-magique dans la main. Il les fixa avec un regard lourd de sens pendant qu'il vidait l'alcool dans l'eau, par dessus la rambarde du navire. Sans aucun doute le duo se trouvait il déjà à l'écart de la fête, vu l'humeur de Varnas. De tout évidence, le reste de l'équipage était conscient de la colère qui se lisait dans les yeux de l'amiral et n'osait pas approcher du gnome et de ses proies.

Son regard tomba sur Varnas :


- Est ce que tu sais pourquoi je t'ai engagé, Varnas Vanbran ? Pour trois choses. Pas plus, pas moins. Ton caractère et ta morgue ne sont ni l'un ni l'autre. Je t'ai engagé parce que tu connais Kara-Tur et que je pose l'éventualité que l'Empereur pourrait avoir envoyé lui aussi des explorateurs par l'autre mer. Je t'ai engagé parce que j'ose espérer que le contact de Baldur t'ai doté d'un bagage utile si jamais vous rencontrez les restes de l'expédition. Et enfin - quoique j'en doute désormais - parce que ton âge et ton expérience pourrait aider ton équipe à prendre les bonnes décisions. Certainement pas pour créer des disputes inutiles, parfois puériles, avec une compagne que pourtant tu pourrais voir comme ta fille. Sais tu d'où vient cette "gamine", Varnas ? De ce même lointain orient que tu as arpenté enfant. Oui, je sais, comme je sais la vie des quatre autres. Crois tu vraiment que mon choix soit hasardeux ? Mais contrairement à toi, elle a finit esclave, de Kara-Tur elle n'a pas ramené l'enseignement du bushido mais la haine des Tuigans. On m'a dit qu'il y a moins de quinze ans encore, tu étais un aventurier loquace et agréable, flamboyant, hautain peut-être, mais efficace et intelligent. Où est rendu ce Varnas là ? Vas tu me dire que la découverte d'Anchorome aujourd'hui, dans les années mûres de ta vie, ne vaut pas la découverte de Faerun dans tes jeunes années, si différente de l'Empire sous le Ciel ? Malgré ta crainte de la magie, il posa les yeux sur Abrulion un instant, vas tu sous entendre que tu ne comprends pas qu'une telle différence dans son existence ne t'intrigue pas ? Crois tu vraiment qu'un continent à la manne si fondamentalement différente ne peux pas être lui aussi, littéralement passionnant ? Est ce que ça n'excite pas ta fibre nomade ? Est ce que ça ne suffit pas à mettre un peu d'huile dans ta verve, histoire de pouvoir aller au bout ?

Il s'arrêta, observant la réaction de l'humain un instant. Il le savait imbibé, mais pas suffisamment pour ne pas comprendre qu'il venait de se faire rabrouer. Le gnome se tourna ensuite vers le halfelin.

- L'injonction, Abrulion ? C'est comme ça qu'on règle ses problèmes à Bulborp ? La dernière fois que j'y suis passé, ce genre d'opération pouvait signer ton arrêt de mort. Mes informations sont elles fausses, Abrulion ? Ne veux tu pas le bien, et la dignité des tiens ? Les hins de ta ville fournissent des Ménestrels depuis longtemps, eut égard au Sombrefort j'imagine. Trouves tu que tu fasses preuve d'une égale noblesse de cœur en utilisant la coercition mentale sur l'un de tes alliés ? C'est une chose d'utiliser ce genre de méthode lorsque les évènements le demande, mais lors d'un désaccord stratégique ? Je doute que Brandobaris lui même soit en accord avec ce genre de méthodes. Du gâchis d'énergie et une exposition inutile doit il penser.

Il marqua un temps d'arrêt.

- Je suis conscient que la vie t'a mené à utiliser des stratagèmes peu dignes, parfois pour t'en sortir. Mais en règle général, j'ai osé espérer que ce sont les extrémités qui t'y ont poussée. Pas un simple ennui passager. Tu es notre clerc, leur clerc. Tu sers peut-être le Maître Furtif, mais lui même sert Sheela et Yondalla, me trompes-je ? Dois je considérer, et voir en toi guère plus que les pires vauriens de Mask et non pas un fier membre du Bon Peuple ? Combien de hins sont morts dans l'ignorance de tous pour sauver les peuples - humains en premier lieu - qui les considèrent à peine plus que comme des parasites ? Veux tu leur donner raison en usant de telles méthodes ? Où être le premier fils de Yondalla à établir des relations avec les peuples d'Anchorome ? Peut-être même avec des cousins oubliés, qu'en sait on ? Mais je doute que tu y parviennes si tu abreuves la discorde à coup de semonce divine.

Il croisa ses mains derrière lui. Malgré sa taille - plus petit d'un ou deux centimètres que le halfelin lui même - il paraissait les dominer à ce moment. Des années de commandement, de stratégie, de diplomatie et de ruse avaient fait de lui un être complexe, ils le découvraient maintenant.

- J'ai nommé Joinon chef de votre groupe pour le moment, puisque vous semblez encore incapable, malheureusement, de faire œuvre de concorde. J'ose espérer que l'un comme l'autre vous plierez à sa sagesse. Si cela doit être un ordre, prenez le comme tel. J’espère que cette première épreuve vous soudera, et rendra cette nomination inutile.

Il leur lança une petite pastille blanche à chacun.

- La chimie n'est pas de la magie, Varnas. Ça devrait vous éviter la gueule de bois. Au lit.

◯ ◯ ◯


Année des Dragons Renégats (1373)
27 de Flammerige
Sur la rive de la baie d'arrimage de la Flotte Expéditionnaire


Le lendemain à l'aube, tous les quatre se réveillèrent étonnamment frais et dispos. Même Joinon avait reçu la pilule de l'Amiral. Ils comprirent immédiatement qu'il ne s'agissait pas là de magie, en effet. Si la gueule de bois était absolument inexistante, ils se réveillèrent avec une relative fatigue qui ne tarda pas néanmoins à disparaître. Farah évita cet éphémère état de faiblesse puisqu'elle n'avait pas abusé le soir durant.

Ce qu'ils avaient décider d'emporter avec eux avait été empaqueté sur le pont et la mule de Varnas, nourrie et sellée, les attendait sur la petite barge qui allait les mener vers la rive. Tous, probablement, se souvenaient du sermon de l'Amiral, restait à espérer qu'ils allaient trouver un terrain d'entente. Toujours était il qu'il était désormais temps de progresser vers le nord. Une fois la route rejointe, c'est avec le soleil qu'ils commencèrent leur périple...



Jour 1

Probablement dans un certain silence, le premier jour s'étira sur de multiples réussites. Varnas, d'abord, s’avéra bien plus compétent que certain - ou plutôt certaines - ne semblaient le croire. Probablement pas encore tout à fait remise de leur dispute, la rôdeuse ne fût effectivement pas en mesure de les guider correctement pendant la moitié de la journée. Sans l'intervention du Vieux, ils auraient dû traverser de plein pied une mangrove qui s'étendait sur une bonne lieue, à peine eurent ils commencer leur voyage. C'est bien Varnas qui trouva le moyen de contourner l'obstacle, en trouvant un sentier praticable à travers la forêt. Le détour leur valu probablement une ou deux heures, mais tous le monde s'accorda sur l'évidence que, traverser la mangrove - si tant était que c'eut été possible avec la mule - leur aurait couter au moins une journée, sans parler des provisions et équipements qu'ils auraient pu y perdre.

C'était probablement la première fois pour une partie d'entre eux qu'ils croisaient ce genre de végétation. Cette végétation luxuriante, vivant dans un marais océanique avait de quoi surprendre, mais ils restaient satisfaient d'avoir pu s'éviter sa traversée.

Ils continuèrent dans la forêt un certain temps, le sentier s'élargissant un peu, ils ne voyaient pas l'intérêt immédiat de rester à découvert. Les arbres, immenses, leur donnaient parfois l'impression de plonger dans la nuit lorsque les cimes étaient si rapprochées qu'elle produisait une ombre aussi noire que de l'encre. Parfois, à l'inverse, des trous dans la végétation faisaient revenir la lumière sur eux. Au sol, l'humus humide permettait la croissance de légumes sauvages dont ils prélevèrent quelques spécimens. Varnas et Farah testèrent de petit bout de petits tubercules. Sans être très gouteux, l'absence de réaction localisée sur leur langue au bout de plusieurs heures les convainquirent qu'il ne s'agissait pas de fruits empoisonnés, c'était toujours ça de pris.

C'est alors que le soleil commençait à coucher que la plupart d'entre eux, Farah en tête, remarquèrent quelques choses, un mouvement, un peu plus au nord dans la forêt. L'adepte du Chevaucheur pris les devants, peut-être pour regagner le point accordé à Varnas, et chercha de quoi il s'agissait.

Elle trouva vite. Sur un arbre immense, un lézard de plus de cinquante centimètres, semblait prendre le soleil sur l'unique tâche de lumière qui réussissait à frapper le tronc qu'il avait pris pour lit. Ses écailles argentées reflétaient la lumière, mais c'était certainement ses quelques écailles turquoises, sous son cou, qui les avaient attirer en provoquant des reflets turquoises autour de lui. Suffisamment furtive, la rôdeuse eut la satisfaction d'observer cet animal, qui si il ressemblait aux lézards qu'on trouvait en Faerun, lui semblait bien endémique du continent. Elle put même faire approcher ses compagnons, peut-être moins intéressés, mais lorsque la mule gratta la terre, le lézard, malgré sa taille, finit par s'enfuir dans les frondaisons.

Après cette découverte, au soir, ils trouvèrent havre sous les arbres non loin de là. Si il faisait un peu plus froid à l'abri des géants de bois, ceux ci les coupaient complètement du vent, et après avoir mangé une ration (il était encore trop tôt pour espérer chasser), ils ne leur suffit que d'une couverture pour s'endormir paisiblement.



Jour 2

Le lendemain, c'est probablement avec quelques douleurs liées à cette première nuit à la dure qu'ils se réveillèrent. Réveillés par la rosée, toujours au milieu des grands arbres, il faisait encore si sombre qu'ils se demandèrent un certain temps si ils n'étaient pas au milieu de la nuit. Farah et Varnas optèrent pour reprendre quelques temps la voie de l'est pour rejoindre la côte.

Désormais habitués à la nature des environs, ils réussirent à traverser la forêt, non sans difficulté tout de même vue sa densité. Il le fallu une bonne heure, mais c'est avec un probable ébahissement qu'ils purent assister au lever du soleil sur la mer. A part Varnas - à condition qu'ils soit jamais allé sur les rives les plus orientales de l'Empire - aucun d'entre eux n'avait probablement jamais vu le soleil se lever sur l'océan depuis la terre. Les falaises de pierre ocre découpaient le bas de leur horizon pendant que l'astre du Matin se levait, lentement, embrasant l'eau sur de nombreuses lieues. Le ciel, dégagé et le temps doux pour l'époque disait qu'ils passeraient probablement une bonne journée.

Farah et Varnas remarquèrent d'ailleurs une légère modification de la tendance météorologique pendant la journée. Au milieu de l'après-midi sans que le temps ne change drastiquement et après les quelques trente lieues qu'ils avaient parcourus depuis le jour précédent, la température commença progressivement à baisser alors que les environs s'asséchaient un peu. Le changement météorologique s'accompagnait d'un changement de terrain. Des restes de la mangrove contournées plus tôt, ils passaient à un terrain moins humide avec une végétation plus proche peut-être de ce qu'ils connaissaient sur la Côte des Epées, quoique éminemment plus luxuriante.

C'est en fin d'après midi, alors que la fatigue se faisait sentir, qu'ils remarquèrent un changement dans la teinte du sol devant eux à l'horizon. Les pieds du nain et du halfelin les travaillaient mais, encouragés par Varnas et Farah, et intrigué par ce changement, ils poussèrent la randonnée pendant deux heures de plus.

Le changement de teinte venait d'un changement total de nature du terrain. D'une falaise terreuse, c'était désormais sur plusieurs lieues, un gigantesque rocher gris clair qui s'étendait sous le pieds. La raison leur échappait à tous. Comment une incursion aussi aussi gigantesque de pur roche avait elle put se produire ici ? C'était comme une coulée de pierre brute. La forêt pourtant avait du finir par fracturer la roche et la densité baissait à peine. Sans réussir à résoudre cet énigme, se forcer à faire ces dernières lieues leur avait tout de même donné quelque chose. Au loin, trop loin ils ne purent manquer des lumières qui ne pouvaient être d'origine sauvage.

Vu le terrain, arriver par la côte leur retirait toute possibilité de surprise si ils avaient bien devant eux, a encore au moins une journée de marche (probablement un effet de mirage leur permettaient ils de voir loin), une preuve de civilisation autre que les totems. Pire, si ils pouvaient voir d'ici les quelques lumières, en allumer les dévoilerait probablement également. Et ils se détacheraient, le jour venant, sur le gris de la roche.

Probablement cette nuit là appelait elle a un conciliabule pour décider ce qu'ils feraient dans la journée.



◯ ◯ ◯



La Goualeuse

La jeune femme ne le savait pas. Sa jeunesse aquafondienne ne l'avait pas informée de sa sensibilité aux roulis de la mer. Les quelques premiers jours avaient été supportable. Son estomac lui faisait des misères mais sans que ce soit insupportable. Alors que s'approchait la fin de la première décade cependant, les choses s'empirèrent. Quelque soit ce que faisait la jeune femme, elle ressentait en permanence une certaine envie de recracher ses tripes, la tête lui tournait et de pâle elle était devenue fantomatique. Bientôt, elle n'eut d'autres choix que de s'isoler dans l'infirmerie la grande majorité du temps. Une fois elle avait réussi à sortir, un soir où la mer, d'huile, ne roulait plus, et que les navires s'étaient rapprochés pour que puisse s'organiser une petite fête. C'était probablement son unique moment de grâce de tout le voyage. Régulièrement, Syna, la jeune gnome, fille de l'Amiral, venait prendre de ses nouvelles. Elle compris vite que, loin de lui en vouloir, l'officier en chef s'inquiétait de sa santé, certain qu'elle retrouverait du poil de la bête une fois qu'ils auraient atteints la terre.

La nuit où ils avaient été attaqués avait certainement été la plus difficile. Ses compagnons, qu'elle avait rapidement appris à connaître pendant le mois de préparation précédent le départ, étaient en danger, comme l'intégralité de l'équipage. Elle souhaitait probablement aider, mais jamais son corps ne l'avait plus empêché de se lever... si bien qu'en plus de la maladie, elle avait craint toute la nuit de sombrer au fond de l'océan sans pouvoir rien faire pour l'éviter. Ce n'est que des heures après la fin qu'elle avait appris de la bouche de Syna ce qui s'était passé... Ce qui n'avait probablement rien pour la rassurer.

Mais avec la peine viens souvent la récompense. Deux ou trois jours (elle n'en était pas certaine) plus tard, enfin, elle entendit le doux bruits des oiseaux côtiers. Ce symbole universel, qu'elle avait entendu son enfance durant, que la terre était proche. Elle compris, et Kezan, le médecin de bord, l'informa vite qu'ils approchaient en effet de la terre. Comme il la prévint, son mal passa alors que les vagues cessaient peu à peu. Et quand enfin les navires furent mis à l'ancre, elle senti le mal commencer à se dissiper... Elle ne put participer à la fête d'arrivée. En vérité, les fumets qui lui arrivait au nez avaient relancer ses hauts-le-coeur. Mais le lendemain matin, bien après le lever du soleil, elle se réveilla avec l'impression que quelque chose clochait... Et elle compris vite que, pour la première fois en un mois, elle se sentait bien. Kezan l'examina, et avec un sourire serein, le docte théthyrien lui appris qu'elle était enfin prête au service et la chassa avec chaleur de son infirmerie.

Elle ne put profiter de l'air frais et du décor qu'une heure à peine avant que Syna ne vienne la trouver :


- Ah ! Tu es enfin réveillée !, la jeune gnome couru vers elle et lui saisit puis lui secoua la main. Ses grands yeux globuleux transmettaient autant son énergie que son soulagement, papa commençait à se demander si tu sortirais un jour du coltard.

Elle lui raconta rapidement les derniers évènements, et l'informa du départ du reste de son équipe le matin même. Si elle était peut-être déçu, ce premier voyage n'était pas sensé durer longtemps et l'ancienne courtisane était peut-être rassurée d'avoir un peu de temps pour se remettre. Au milieu de leur conversation, une elfe aux cheveux auburn et au visage plus anguleux que la moyenne de sa race vint également lui dire bonjour. Elle se rappela qu'il s'agissait de Thyrine, la cartographe de la flotte.

- Ah, bonjour ! Je vois que le dernier membre de notre équipe est enfin remise..., elle n'attendit pas pour être directe, mon frère disait toujours qu'il ne fallait jamais attendre avant de retourner à l'eau. Avec d'autres, nous allons explorer les environs un peu plus en profondeur cet après midi, que diriez vous de nous accompagner ?


écrit par: La Goualeuse Vendredi 08 Janvier 2021 à 23h00
L'étrange et terrible malédiction de la Déesse des Profondeurs, jalouse ennemie de la Dame aux Cheveux de Feu, avait commencé à se dissiper dès que la terre fut en vue.

La Goualeuse, clouée à son grabat d'infirmerie depuis des semaines, avait lentement recouvré ses forces. L'appétit lui était revenu à mesure que son estomac s'était dénoué, et si son corps entier était encore courbaturé et sa démarche moins légère qu'à l'accoutumée, ses joues avaient retrouvé leur discrète carnation et ses yeux leur éclat. Elle ressortait de cette nouvelle épreuve quelque peu amaigrie, comme hébétée par un trop long sommeil, mais Kezan lui avait assuré qu'elle ne traînerait pas longtemps ces séquelles.

Pieds nus dans le sable chaud, elle s'était longuement repu des caresses du soleil, goûtant avec un plaisir insoupçonné l'air frais et se délectant du chant d'oiseaux inconnus. Syna avait fait irruption au beau milieu d'une séance d'étirements, où la belle s'efforçait langoureusement de retrouver la souplesse qu'une inactivité forcée lui avait arrachée. C'était à cette jeune gnome, la fille de l'Amiral, qu'elle devait de ne pas avoir perdu toute notion du temps pendant leur douloureux périple, mais aussi de ne pas s'être abandonnée à la mélancolie. Les visites quotidiennes de cette compagne sympathique et pleine d'allant avaient été un parfait antidote à la morosité ! Aussi lui fit-elle bon accueil, écoutant le bulletin du jour tout en forçant sur son grand écart, l'oreille attentive, le visage un brin crispé.

Que ses compagnons soient partis sans l'attendre ne l'étonnait guère, ni ne la vexait : les enjeux étaient trop importants pour différer l'exploration. Par ailleurs, ils ne pouvaient courir le risque de de laisser devancer par l'équipe rivale. Que Baelnar ait dû procéder à un recadrage en règles avec des aventuriers aussi expérimentés qu'Abrulion, Farah et Abrulion la rendait en revanche plus perplexe. Le vieil alcoolique ne lui inspirait pas une pleine confiance, il devait tôt ou tard sortir du rang... Joinon, mesuré et réfléchi, ferait ne ferait un bon chef que s'il arrivait à mater les deux fortes têtes. Ce n'était pas gagné !

L'aquafondienne essayait d'en savoir plus au sujet de la terre nouvelle sur laquelle ils avaient trouvé refuge quand Thyrine, la docte carthographe de l'équipage, vint à leur rencontre. Si la convalescente ne goûta pas du tout le remède fraternel évoqué - rien ne lui faisait moins envie alors que de retrouver le roulis des vagues - elle n'en laissa rien paraître.


- Un peu d'exercice me fera le plus grand bien, répondit-elle avec enthousiasme. J'allais presque oublier comment marcher... Quelle horrible traversée !

Quelques minutes plus tard elle retrouvait les expéditionnaires, après un détour en cabine pour s'équiper. En dépit de la chaleur, elle avait revêtu une cape d'un gris laiteux, dont l'étoffe paraissait cependant légère. Son sac ne paraissait pas trop volumineux : Farah, d'un redoutable pragmatisme, lui avait appris à ne garder que le nécessaire. Une lame à la garde finement ouvragée battait son flanc.

écrit par: Varnas Dimanche 10 Janvier 2021 à 23h10
Varnas n'avait pas apprécié la tentative d'injonction. S'il était prêt à baisser sa méfiance face à une magie convenue et un effet prédéterminé, il ne s'attendait pas à une telle intrusion, une telle coercition, de la part d'un supposé compagnon d'armes. Son visage était de marbre, et souriait encore moins que d'habitude. L'intervention du gnome n'améliora pas son humeur. Différentes personnes réagissaient différemment face à la critique; dans d'autres circonstances, Varnas aurait peut-être pu être conciliant, mais ce jour-là, il encaissa tout sans broncher. On voulait qu'il soit efficace ? Il allait être efficace…

Cette nuit-là, malgré les libations de la soirée, il mit du temps à s'endormir. Il rongeait son frein, repassant d'anciens souvenirs dans sa mémoire. Varnas avait survécu à bien des dangers, et bien des aventuriers plus enthousiastes. Il avait vu beaucoup de naïfs ou de dévots, paralysés par la découverte d'un nouvel horizon, l'écrasante majesté d'une avalanche ou le vol majestueux d'un dragon. Il ne se pâmerait pour ce nouveau monde où, de toute évidence, il découvrirait les mêmes circonstances qu'ailleurs. Il trouverait ses marques et parviendrait à ses fins, comme toujours… Dégrisé par l'altercation, il avala tout de même la pilule avec une gorgée de sa flasque. Le lendemain, ils suivraient le chemin qui menait au nord…


– Dors bien, Bonaface, tu vas avoir besoin de toutes forces…

Au réveil, il étrilla la mule et la chargea, y compris le matériel du groupe. Il refusa cependant d'outrepasser les forces de l'animal, ce qui aurait ralenti son déplacement, et sans doute causé des blessures en cas de course ou de terrain difficile. Lui-même s'était chargé au maximum pour rester rapide et endurant, mais à part Farah, les autres n'étaient pas vraiment en mesure de porter beaucoup d'équipement. Tant pis ! Il n'eut pas beaucoup de mots pour ses compagnons, et se contenta d'attendre le signal du départ, en parfait muletier.

La découverte de la mangrove lui évoqua les récits des voyageurs venus du royaume des jungles de Malatra, du sud de Kara-Tur. Là-bas, disait-on, tout le pays n'était qu'une jungle immense, dont les "arbres qui marchent" avançaient même dans l'eau. Et la même description avait été faite par des membres du Poing Enflammé, revenus de Chult. Sa mule ne montrait pas plus d'envie d'y pénétrer que lui, et pendant qu'on discutait des options, il prit la tête du groupe pour contourner la formation végétale, sans avoir encore prononcé plus de quelques mots.

Il faillit pourtant partager une mise en garde quand le groupe découvrit et approcha le lézard aux reflets azur. Ces écailles rappelait le béhir dont les décharges électriques pouvaient foudroyer un homme, même si les béhirs mesuraient plusieurs mètres, et avaient une douzaine de pattes… Sa théorie n'eut pas l'occasion de se confirmer… Heureusement.


¤ Les roses ont des épines… Surtout celles qui sont jolies… ¤

Après une nuit calme dans la forêt, le lever de soleil tenta de le faire penser à son père, et son ambition jamais concrétisée d'installer un comptoir en Wa; ces insulaires étaient trop xénophobes… Varnas n'arrêta pas la marche de sa mule, mais vérifia la bonne tenue d'un long et fin paquetage, sur l'animal. Le commentaire de l'amiral sur l'éventualité d'une expédition venue de Kara-Tur l'avait marqué, la veille. S'étaient-ils tant rapprochés de l'orient, en allant vers le ponant ? C'était une perspective intéressante, mais il s'était juré de rester concentré. Il chassa l'éventualité de son esprit, salua machinalement Lathandre et scruta à nouveau le terrain. Bien plus tard, ce fut le sol rocheux gris qui lui délia enfin la langue.

hrp.gif Je vous laisse répondre avant de discuter de la suite.

écrit par: Abrulion Bascollier Mardi 19 Janvier 2021 à 08h35
La discussion dans le bureau de l'amiral avait tourné au vinaigre. Les détails d'ego des grandes personnes discourant de la vitesse de marche des petites personnes en terrain sauvage, était au mieux de la spéculation pure, et au pire des insultes en bonnes et dues formes. Il avait mis fin au désastre de manière efficace. Certains donnaient des coups de botte au cul, lui, vu sa taille, s’était plutôt formé à autre chose. S'il fallait le refaire, il le referait.
A ce titre, le hin n'avait pas bronché outre mesure face aux remontrances du gnome.
Ils avaient signé un contrat, et allaient mener à bien l'exploration - la suite n’était pas plus compliquée que cela. L'autre alternative était de rentrer à la nage sur le dos de leur nouvel ami la baleine-esprit.

Il attaqua la route avec le détachement habituel. Il laissait les grandes jambes faire le chemin et tasser la boue ou les herbes, et se contentait de marcher dans leurs pas, littéralement. De toute manière, ce n'est pas comme s'il aurait pu voir loin devant.

Battre la campagne de la sorte lui rappelait son escapade avec Perula. Cette aventure à Leilon semblait bien loin déjà, bien que cela fasse deux lunes seulement.

Il fit le parfait compagnon explorateur, lança les sorts de détection du poison, purification de nourriture lorsqu'il le fallait, fit une réparation mineure lorsque la situation le demanda, et donna même à manger à la mule. Il ne se gêna pour user des pouvoirs de son dieu lorsque le terrain se montra trop accidenté, avoir une liberté de mouvement pour ses petites jambes qui essayaient de passer par dessus ou dessous les racines des géants de la forets était un luxe qu'il regrettait ne pas pouvoir utiliser plus longtemps. Il se rappelait cependant qu'il y a quelques années de cela, il ne pouvait au mieux faire qu'une vingtaine de pas sous cet effet. Il en faisait maintenant le triple au moins.

Il posa lourdement son sac au sol, et se baissa un peu, il n'en avait pas vraiment besoin, pour observer le sol.


- Cet terrain ne m'inspire pas confiance. Juste avant d'arriver à Eauprofonde, je suis passé par Padhiver. Le volcan à proximité de la ville produisait une roche similaire, mais pas identique, je l'ai appris de la manière forte quand un gamin m'a vendu un caillou au prix du basalte. Il regarda autour du groupe. "Et je ne vois pas de volcan dans le coin."

- Pour vivre heureux vivons cachés, disait mon vieux. Inutile d'allumer un feu en terrain ouvert pour se faire cueillir pendant la nuit. Allumons un feu à l’abri d'un relief et utilisons enfin l'une de ces toiles que l'on trimballe depuis deux jours pour en cacher la lumière.

- Je serais d'avis de nous rapprocher de la côte, voir si nous pouvons faire débarquer nos bateaux - me trouver à trois jours pleins de marche du ravitaillement avant de faire connaissance, ne m'enchante pas particulièrement.

écrit par: Joinon Mardi 19 Janvier 2021 à 11h46
- Marthammor, je te serai grée de m'accorder un peu plus d'attention durant les prochains jours! lâcha tout haut Joinon en s'asseyant à même l'étrange sol minéral.
Tout en se massant vigoureusement le pied à travers son épaisse botte, le nain se promit d'avoir une pensée pour le Protecteur des errants avant de s'endormir.


- Je ne suis certes pas aussi érudit que certains des miens concernant la pierre et ses déclinaisons, mais je dois dire que je n'ai jamais vu quelque chose comme ça, du moins pas en surface.
Quelques images fugaces de l'Outreterre lui revinrent en surface, mais il préféra se détourner de ces souvenirs lorsque ceux-ci le ramenèrent à un certain champignon...
- J'imagine qu'il pourrait en effet s'agir d'une traînée de lave comme on peut en trouver autour du Lac de vapeur, dans le sud. Un volcan souterrain peut-être ? La lave serait alors remontée en surface ? conjectura-t-il sans savoir si une telle singularité était seulement possible.

Le barde posa sa main sur la roche.

- Mais peut-être va-t-on bientôt pouvoir en apprendre plus ! ajouta-t-il, enjoué, en levant son menton barbu en direction des lumières lointaines.
Suivre la route était une bonne idée. Reste à savoir ce qu'il convient de faire à présent. Je suis d'accord avec Abrulion sur un point, restons prudents. Mais prenons garde à ne pas confondre prudence et méfiance ! sermonna-t-il en agitant un index devant lui. Ne partons pas du principe que les indigènes sont dangereux, et ne faisons pas l'erreur d'aller fureter en secret autour de leur camp, ville, ou quoi que ce soit. Nous sommes des visiteurs ici, non des chasseurs, exposa-t-il en appuyant son regard sur Farah et Varnas dont il craignait les instincts de traqueur.

- Quant au second point, à savoir les bateaux, je ne peux taire une nouvelle fois mon appréhension quant au fait de se dévoiler comme de potentiels serviteurs de la Baleine.
Par précaution, Joinon voulait éviter se se faire surprendre en arrivant par la mer, mais il ne tenait surtout pas à retourner dans sa prison flottante. Bien que le confort des hamacs lui manquât, le barde avait regoûté avec un certain plaisir à la liberté du bivouac.
- Mon avis reste de se présenter au plus tôt aux locaux, acheva-t-il comme une invitation à entendre l'avis des autres.

écrit par: Farah Cyahn Jeudi 21 Janvier 2021 à 03h47
Loin du constant roulis des vagues et de la vie en collectivité, Farah se sentait à présent bien mieux. Elle arpentait les rivages de ce nouveau monde avec enthousiasme et profitait de la musique de la forêt. D’étranges cliquetis et le bourdonnement des insectes. Les froissements assourdis d’animaux de la forêt. Ces bruits ne la perturbaient pas, bien au contraire. Cela semblait éveiller ses sens. Profitant de sa cape de facture elfique et de son armure enchantée, elle visita les lieux telle une observatrice fantomatique, mais jamais très loin, ne les quittant jamais longtemps des yeux.

Après quelques jours de voyage, ils atteignirent une position dominante sur le panorama qui permit de découvrir des lumières qui ne pouvaient être d’origines sauvages. Un rictus discret se figea à ses lèvres tandis qu’elle contemplait les réactions de ses coéquipiers. Il avait une nouvelle preuve qu’une civilisation était bien établie. Il ne restait plus qu’à déterminer dans quelle mesure. Les perspectives ne semblaient pas encore offrir de quoi être inquiet ou abattu, car personne ne savait vraiment ce qui les attendait.

Acquiesçant brièvement à l’humeur générale, gardant pour elle l’essentiel de ses pensées, Farah se détourna discrètement, en quête d’un endroit propice pour passer la nuit. Dans le même temps, elle chercha instinctivement un arbre parmi les arbres, assez vieux pour être considéré comme sacré et vénérable. Un chêne aux branches épaisses susceptible d’avoir été planté avant l’apparition de cet étrange phénomène géologique. La chasseresse décrirait un cercle dans l’air en prononçant la formule pour révéler les pensées intérieures de la flore, l’histoire d’un esprit et ses changements de perception. Peut-être que l’un de ces géants avaient été témoins des modifications topographiques devant lesquelles le groupe s’était arrêté.

écrit par: Varnas Dimanche 24 Janvier 2021 à 21h03
Varnas savaient pister les traces et aimait savoir des choses, mais pas au point d'étudier les cailloux. Lui aussi avait déjà vu des roches magmatiques, et les Pics de feu le long de la voie dorée valaient certainement tous les volcans faerûniens… Comme la forêt avait poussé à travers, cette couverture de roche était sans aucun doute ancienne, et pas très profonde. La nature était extraordinaire, mais il n'avait encore rien vu qui poussait à travers un mètre de pierre. Ce n'était donc qu'un détail paysager sans intérêt.

– Ou alors c'est un ravage magique…

Il se baissa pour inspecter la roche. Il avait déjà vu des rochers tellement abrasifs qu'ils en étaient coupants au toucher. Ils ne pourraient pas avancer sereinement sur une telle surface, ne serait-ce que pour leur animal de bât.

– Le serpent a raison: il faut dissimuler notre bivouac. Nous devons initier la rencontre, pas la subir. Pour le reste, c'est comme tu veux, Petit chef.

Il venait de décerner à Joinon un nouveau surnom, mais avait pour la première fois esquissé un sourire. Peut-être que l'un valait l'autre… Les bateaux n'allaient pas les suivre à la trace, d'après ce que Varnas avait compris. Il serait bien temps de revenir et de suggérer un meilleur point d'installation quand ils auraient exploré davantage. Et de toute façon, mieux valait aller vers le sud, il l'avait suffisamment répété. Mais pour la prise de contact avec les indigènes:

– J'ai l'habitude de traiter avec toutes sortes de gens, et de races. Si ce sont des humains, tant mieux. Sinon, je me fais fort de leur expliquer qu'on vient en paix. Pour leur demander la permission d'abattre leur forêt et de fonder une ville, ça va être moins évident. Heureusement, mon charisme naturel joue en notre faveur…

Il émit un petit ricanement.

écrit par: Abrulion Bascollier Dimanche 31 Janvier 2021 à 07h44
¤ Serpent ? ¤

Se faire traiter de la sorte était sans doute un compliment de la bouche d'un tel énergumène.

- Merci pour le compliment, vieux.

Lança-t-il dans un ton le plus sérieux du monde, alors qu'il fouillait dans son sac pour y retirer ses affaires de bivouac, et y remettre un peu d'ordre. Sans être un adepte de l'organisation obsessionnelle, le hin détestait perdre des affaires. Cependant, vu les habitudes inhérentes à sa race, cela lui arrivait souvent - trop à son goût. Ranger ses affaires n’était qu'un seau face à une inondation : permettre de rassurer, sans rien changer au résultat.
Sentiment de sécurité ne valait-il pas au moins autant que sécurité réelle ?

Il se souvint subitement qu'il devait tester sa magie. La marche à longueur de journée lui en avait totalement ôté l’idée de l'esprit depuis leur départ du bateau. Au moins, son dieux semblait répondre à ses prières du soir, c’était déjà une bonne chose.
Le soir approchait à grand pas, il n'y avait pas de temps à perdre.


- Je vais user d'un peu de magie, pour voir si elle est toujours avec nous.

Il n'en dit pas plus, et se mit immédiatement à incanter.

Il commença par une détection du poison qu'il lança sur la nourriture rapportée par Farah la veille. Lumière suivit, sur un gravier qu'il couvrit aussitôt - il le garderait à l’abri le temps du sort, pour voir s'il tenait la durée habituelle. Il activa son pouvoir extraordinaire de liberté de mouvement et s’écarta un peu du camp pour lancer une détection de la magie. Il entreprit d'inspecter le sol et les alentours. Qu'en était-il de ces fils de magie issus des totems ?

Le sort suivant demandait un peu plus d'application et de concentration. Il revint s’asseoir sur son sac et lança main-araignée : la sensation, comme toujours, était désagréable, un mélange de fourmillement intense et d’écoulement d'eau froide sur sa main maintenant décrochée. Il envoya l’araignée en limite de portée, puis entreprit de lui faire faire le tour du camp en maintenant sa distance maximum. Il voyait à travers ses huit yeux ; c’était à la fois passionnant et perturbant d'avoir un champ de vision si large.

Une fois sa main revenue, il convoquerait un groupe de corbeaux fiélons sur son sac. Tout un chacun savait que Varnas avait un penchant pour ces volatiles. Sa répulsion pour la magie sera-t-elle plus forte ? Le hin voulait le savoir ; il chercha le rôdeur des yeux alors que son incantation finissait.

Il invoquerait ensuite la bénédiction de son dieux pour transformer le sort de purification de nourriture en sort de blessure superficielle. Il viserait son petit doigt de la main gauche, sachant pertinemment qu'un tel inconvénient serait soigné dans la nuit.

Il finirait enfin par cette petite merveille d'intensité divine, un sort de restauration partielle lancé sur lui-même, qui lui permettrait de faire disparaître toute fatigue et entamer son moment de recueillement auprès de Brandobaris, de la meilleure des façons.


hrp.gif Lance :
N0 - Détection du poison (Divination) - sur les légumes de Farah
N0 - Lumière (Évocation [lumière])
Liberté de mouvement (pouvoir de domaine, extraordinaire, Abjuration) - 3 rounds
N0 - Détection de la magie (Universel) - sur les environs du camp
N1 - Main-araignée (Transmutation) - ronde de 18m de rayon autour du camp
N2 - Convocation de monstres 2 (Invocation (convocation) [Loi, Mal]), 1d3 corbeaux fiélons
N0 - Blessure superficielle (Spontané à la place de Purification de nourriture et d'eau, Nécromancie) - 1 dégât
N2 - Restauration partielle (Spontané à la place de Rapport, Invocation (guérison))

écrit par: Phineas Mardi 02 Février 2021 à 19h08
La Goualeuse

Qu'il s'agisse de Luruar ou de la Côte des Épées, la jeune femme n'avait probablement jamais vu ce genre de paysage. La Grande Forêt était immense, certes, mais la densité des arbres qui s'étendaient après la plage était sans commune mesure. En y plongeant les yeux, il y avait toujours un endroit où le noir absolu se faisait entre les troncs.
Le dépaysement était aussi grand concernant la faune locale. Des oiseaux particulièrement colorés et, remarqua t'elle bientôt, probablement des singes. Quoiqu'elle n'en ait jamais dit auparavant, un zoologiste le lui confirma lorsqu'elle aperçu de grands bras poilus et des yeux curieux se balader entre les arbres.

Pendant qu'une bonne dizaine de savants de tous horizons se perdaient déjà dans des circonvolutions, chacun passionné par leur sujet de prédilection (là la géologie, la l’ornithologie, et caetera...), Thyrine et Syna semblait un peu plus dynamique. En leur compagnie, la cantatrice s'éloigna rapidement de la rive pour rejoindre les terres. Performante, l'elfe notait et cartographiait grossièrement mais précisément ce qu'ils traversaient. Parfois elle les laissait devant pendant qu'elle prenait quelque mesure, mais elle les rattrapait vite.


- Ce n'est qu'un premier plan. Il faudra des semaines avant d'en établir un précis.

En jetant un regard sur les feuilles qui s'enchainaient, la Goualeuse cependant remarqua que les talents de cartographe de l'elfe pourrait bien faire des envieux tant son "premier jet" semblait déjà au dessus d'une partie des cartes qu'elle avait vue dans sa vie.

Syna quant à elle était comme à son habitude aussi volubile que dynamique. Malgré ses courtes jambes, elle était souvent devant, à observer quelque chose qui l'intriguait, avant de revenir prendre la conversation. Elles passèrent prêt des totems que, l'informa la jeune gnome, les quatre autre aventuriers avait observé et qualifié de magique le jour précédent. Ils y restèrent quelques temps, peut-être la jeune citadine pourrait elle y voir autre chose. Elle n'avait pas les connaissances requise, mais les talents d'observation était l'un de son point fort. Et elle trouva effectivement, enfoui sous le totem au cerf (une petite bute terre sableuse l'indiquant), ce qui semblait être des restes d'offrande : quelques petites paillettes d'or brut et de bois flotté. Les offrandes ne valant rien, et les prendre étant un risque sévère, elle remis la terre par dessus et continua son chemin.

Ils avancèrent encore quelques temps en discutant. Le jour était agréable, le vent frais et de la forêt une odeur de humus et de fleurs exhalait. C'est en début d'après midi alors que, après avoir cassé la croûte, elle s'apprêtaient à revenir sur leurs pas que la Goualeuse remarqua quelque chose. Au pied d'un arbre se trouvait une petite sacoche de cuir, dont la boucle d'acier poli avait brillé au soleil. A côté se trouvait le foyer, désormais sec, d'un feu de camp. Dans le sac elle trouva ce qui semblait être des rations de survie. Probablement laissée la depuis un moment... Les trois femmes mirent un certain temps à se rendre compte de quelque chose d'étonnant, alors que c'était sous leur yeux : la bouteille vide qui accompagnait les rations, qui avait dû contenir du vin, comportait une étiquette. Et sur c'est étiquette, quoique délavée se trouvait quelques mots... en commun : Cadeau du Heaume et de la Cape pour les courageux de Fort Flamme, et plus loin, Vin d'Alurlyath, 1367 ....

Si la Goualeuse ne savait pas de qui parlait l'étiquette, elle savait que Fort Flamme était la forteresse construite par les aventuriers balduriens ici, et que le vin d'Alurlyath lui, était vinifié dans les sombres recoins de Port-Crâne, sous son Eauprofonde natale (ce qui n'en faisait pas un vin particulièrement malfaisant pour autant).



Les Quatre qui vont finir par se mettre dessus

Apparemment, donc, il s'agissait de dissimuler le campement pour pouvoir, a posteriori, initier la rencontre. Quoique Joinon ne paraisse pas tout à fait d'accord, monter le camp discrètement, puis aller à la rencontre des éventuels autochtones semblait créer un relatif consensus.

Ils montèrent le camp rapidement, après être retourné à l’abri des arbre, quoique sans s'enfoncer dans la forêt. A l'aide des toiles huilées et des tentes, ils purent profiter d'un emplacement tranquille et chaleureux où ils pourraient peut-être décider plus clairement de la stratégie à suivre le lendemain. Puisqu'ils étaient non loin de cette étrange fracture de pierre, ils purent aussi passer autant de temps qu'ils le souhaitaient a examiner la pierre. D'abord, contrairement à ce qu'ils avaient crus au début, les arbres n'avaient pas poussés à travers. En vérité, la flore s'était rapidement adaptée. Les arbres poussaient par couche. Des plantes rampantes avaient peu à peu recouvert la pierre, charriant avec elle quantité de terre, dans laquelle des arbres - plus fin que la moyenne locale cependant - avaient poussés, les racines s'étendant plus horizontalement que verticalement. Ce n'était pas si rare, Varnas comme Farah le savait, quoique toujours intéressant.

La pierre quant à elle, continuait de poser une énigme. Cela dit, au bout de longues heures de tergiversation, une seule solution leur semblait possible, quoique étonnante : des années plus tôt, pas plus pensaient il, ce qui semblait être une sorte de "coin", par analogie aux coins des menuisiers, mais d'une pierre très dense semblable à du granit, semblait s'être enfoncée depuis l'extérieur, et droit dans la terre. Comment et pourquoi une chose pareille s'était elle produit ? La magie avait certainement été à l’œuvre, mais pour une débauche telle d'arcanes, jugèrent tous, il avait fallu une raison particulièrement catastrophique, quelle qu'elle soit.

Le silence se fit rapidement alors que la faune s'endormait elle aussi. Bien sûr, les nocturnes s'activèrent, mais la vie restait toujours plus calme une fois la lune levée. Lune, qui, d'ailleurs, était particulièrement claire cette nuit là. Les autochtones au loin devaient s'en être rendu compte eux aussi puisque leurs torches s'étaient éteintes. Les aventuriers eux même finalement n'eurent besoin que d'une flamme minime pour s'éclairer. Le feu, en vérité, ne leur servirait que si les couvertures et autre matériel ne suffisait pas à se protéger du froid.

La conversation devait se tenir. Le lendemain, il allait falloir rencontrer les autochtones. Qui irait ? Comment ? Avec quelle stratégie... Espérons que tous eurent leurs réponses avant de dormir.


Abrulion également avait eu le temps de tester ses pouvoirs. La succession de sortilèges lui permit de constater des anomalies sans avoir besoin d'user de sorts spécifiques. D'abord, il semblait bien que la magie était erratique, peu importait le sort. Quoique ses premiers sorts n'aient pas échoués, il sentait qu'il était plus difficile de canaliser le pouvoir qu'à l'accoutumé. Des sortilèges plus puissants pourraient être plus difficile à lancer. Mais sa plus grande surprise intervint lorsqu'il tenta d'invoquer les corbeaux. La prière fonctionna. Il senti l'invocation se faire, la barrière entre les plans s’affadir un instant. Il savait avoir atteint la quintessence de son sort. Trois créatures arrivaient... mais au moment où les oiseaux pénétraient dans le Prime, l'un d'eux disparu, tout simplement, ne laissant que deux d'entre eux sous son empire... Quant au sort de soin ? Abrulion s'attendait à ce qu'il échoue dans une certaine mesure lui aussi. Mais non, la restauration se fit. Pourtant, il sentit quelque chose d'instable dans le flux d'énergie positive... quelque chose lui disait que dans une certaine mesure, il avait eu de la chance.

Le sort de détection de la magie, quand à lui, lui permit de constater que les filins de magie qu'il avait vu partir des totems étaient toujours là. En vérité c'est une toile qui se croisait et s'entrecroisait un peu partout autour de lui. Les fils de magie semblaient venir d'un peu partout et finissaient par se croiser, par causalité géométrique. Mais il ne comprenait toujours pas la teneur de cette magie. La seule chose qu'il put constater c'est que, avec la vision assez restreinte dont il disposait, les fils de magie ne semblaient en tous cas pas aller se concentrer en un point.


◯ ◯ ◯


Année des Dragons Renégats (1373)
30 de Flammerige
Sur la rive de la baie d'arrimage de la Flotte Expéditionnaire


Jour 3

En ce dernier jour de Flammerige, les choses allaient probablement se réveler intéressantes, peu importe ce qu'il se déroulerait ensuite. Farah, peut-être, se réveillerait elle avec un étrange souvenir : treize ans plus tôt jour pour jour, la Horde et l'Alliance s'étaient affrontées pour la première fois et la bataille s'était fini sur un nul. Elle ne savait si cela pouvait être un signe.

Ils démontèrent le camp et se remirent en route. Si la stratégie avait été définie dans la soirée, c'est avant qu'ils avaient décidé qu'ils devaient initier la rencontre. Peut-être que tous néanmoins n'y allèrent pas.

En tous cas, ceux qui allaient servir de diplomate avancèrent probablement en pleine lumière, dans une certaine mesure. Le matin brumeux avait annoncé une journée humide, et c'est cette fois sous une légère bruine qu'ils arrivèrent dans les environs de ce qui semblait être un petit hameau.

Il n'y avait pas là plus de cinq petites bicoques, en vérité guère plus que des tentes renforcées, et un unique petit bâtiment de bois. Pourtant tout était résolument gracieux. Les tentes étaient rondes et la toile semblait faite d'une sorte de cuir bleuâtre. Le bâtiment de bois quant à lui, semblait se fondre avec la forêt alentour, a la notable exception de deux totems, de part et d'autre de la grande ouverture, l'un de la tortue, l'autre de l'aigle, qui servait aussi de poutre à la demeure. Ils purent observer tout cela parce que le village était dans une légère cuvette, guère plus de deux mètres de profondeur, mais suffisamment pour qu'ils puissent l'observer avec un peu de hauteur.

Ils découvrirent également à qui ils avaient affaire.

Il étaient probablement moins de dix, mais ils étaient sûr de l'éspece. Les habitants, plus probablement les passants du hameau, était des elfes. Et à en juger par leur peau verdâtre, il devait s'agir d'une branche proche des elfes sauvages à tout le moins. Ils étaient tous peu habillés, et aucun d'entre eux ne portait d'armure. Il suffisait désormais de quelques pas pour annoncer leur présence...

écrit par: Farah Cyahn Jeudi 04 Février 2021 à 02h00
La nuit précédente, alors que le groupe s’installait pour passer la nuit au pied des arbres géants, la chasseresse était partie gouter au plaisir d’une marche nocturne. Elle s’était efforcée de se concentrer uniquement sur ce plaisir. Son esprit pourtant posait sans cesse les mêmes questions, que sans cesse elle écartait : Qu’est-ce que je fous là ? Ou encore : était-il bien sérieux de voir cette expédition comme autre chose qu’une tranquille promenade ? Et si jamais ils étaient à la recherche d’une horde de créatures anthropophage affamées ? Et si les relations entre les peuples étaient vouées à l’échec depuis l’intervention des Balduriens quelques années plus tôt ? Qu’est-ce qu’elle pouvait espérer, elle, vagabonde, fille du chaos ? Mais elle revenait toujours au plaisir de cette marche salvatrice.

Après un certain temps, elle revint au campement, invisible pour l’œil non averti en s’extirpant de l’obscurité pour rejoindre sa place et son équipement, au creux de deux larges racines. Elle toussota en interpellant ses camarades. D’un air laconique, elle commença son étonnant compte-rendu :

- Je viens d’obtenir quelques informations en parcourant la forêt. La flore reconnait la présence de bipèdes verdâtres qui pourraient correspondre à nos Elfes. Mais aussi de « cornus » et de « petits êtres ». Aussi, d’après ce que j’ai compris, la modification géologique serait survenue il y a une dizaine d’années. On parle d’une énorme « vague de vent de vie », une force vitale, une déflagration, une tornade… Je ne saurais en dire plus.

Abrulion interrompit le récit de Farah, suggérant que les dates correspondaient à la présence des colons Balduriens et que la déformation rocheuse pouvait avoir enseveli les traces de campement. Une suggestion subtile témoignant d’une punition des autochtones envers les malheureux visiteurs. La perspective laissa Farah un instant songeuse. Elle n’avait pas du tout envisagé cela. Après quelques secondes de réflexions :

- Non, je ne pense pas. On parle de milliers de racines arrachés au passage de cette force de vie. Ce frêne ne semblait pas connaitre la notion de Mal ou de prédation. La flore locale n’a sans doute jamais vu l’ombre d’une hache de bucheron. Je ne pense pas que les Balduriens se soient établis ici. Il y a certainement une autre raison derrière la déformation rocheuse.

La chasseresse poursuivit la conversation, répondant aux interrogations puis alla rapidement se coucher, toujours sur le dos, revêtue de son armure et enroulé dans sa cape, prête à se relever au moindre problème. La journée du lendemain risquait d’être longue.

***

Le groupe arpentait à présent les terres sauvages, s’éloignant progressivement des côtes, sous une bruine constante et rafraichissante. C’est en début d’après-midi qu’ils découvrirent les contours singuliers de bâtiments, des signes de civilisations. Un petit hameau de tentes rondes installées dans une cuvette boisée. Un intéressant ménage d’enfants et d’adultes Elfes à la peau verdâtre, habillés simplement de cuir. Farah intima de rejoindre un bosquet à proximité, une position légèrement en surplomb afin de prendre le temps d’étudier le terrain.

- C’est un campement de nomades, probablement des chasseurs, fit remarquer la chasseresse. Je ne vois pas de filets de pêche. (elle se retourna vers Joinon, posa une main sur son épaule en affichant un air sérieux). Voilà, nous avons remplis la première partie du contrat. Nous avons mené notre diplomate de chef auprès de la population locale. Et notre sort réside désormais entre tes mains…

Les derniers mots furent prononcés d’un ton terrible, mais avant que le barde ne réagisse, la dureté de son visage se fendit d’un sourire et ses yeux se plissèrent gaiement.

- C’est un jour important, nous avons l’occasion de déposer la première pierre d’une amitié saine et durable. Moi, j’ai confiance. Un ambassadeur digne et humble, conclu-t-elle avec enthousiasme.

Elle ôta sa main et reporta son attention sur le campement des Elfes. Une année la séparait de son séjour dans la cité du Saule Argenté et cette perspective lui offrait un brin de nostalgie.

écrit par: Varnas Dimanche 07 Février 2021 à 13h01
Varnas fut satisfait de passer la nuit à couvert, plutôt que de s'exposer inutilement. Il serait bien mieux d'initier la rencontre que de la subir, d'après lui. Sans parler des dangers potentiels de la région, qu'ils ne connaissaient pas encore. Il résista à l'envie de piéger les environs, et se réveilla plusieurs fois pendant la nuit. Quoiqu'il en dise, la tension l'affectait…

¤ Une saloperie de magie, quoi… ¤ avait-il pensé après que Farah eut rapporté sa communion avec la flore.

Quand ils arrivèrent en vue des indigènes, il détailla rapidement le hameau et quelques observations l'amenèrent à renchérir, après les conclusions de Farah:

– Ils auraient été cons de s'installer en haut d'une falaise, s'ils étaient là pour pêcher…

Il faillit jubiler en voyant la cabane de bois, avant de réaliser que les matériaux nécessaires n'avaient pas été coupés. Varnas était résolument humain, et s'il estimait nécessaire de tuer un animal pour manger, ou un arbre pour se chauffer, il le ferait sans remord. Quand certains rechignaient face à ce genre de nécessité, c'était toujours un sujet de tension. De son avis, ceux-là n'avaient qu'à courir nu et se nourrir d'air, histoire de rester fidèles à leur conscience.

— Ils sont pires que les druides du Grand-Val. Ça va pas être facile de s'installer s'ils refusent qu'on coupe le moindre arbre. Au moins ils tuent des bêtes, c'est déjà ça… Bon, on s'approche en petit comité, l'air aimable et la bouche en fleur ?

La rôdeuse avait l'air de pousser Joinon à être leur ambassadeur, et même si Varnas pouvait apprécier le nain, il doutait qu'il eut les épaules pour établir le contact seul. Il était assez effacé, et encore jeune. Encore que, pour un nain comme pour un elfe, c'était difficile à dire…

– Je vais aller avec lui !

Varnas se défit d'une bonne partie de son barda, dont son écu, ne gardant que son large couteau et sa sacoche à sa ceinture. Il extirpa son assommoir du chargement de Bonaface et s'appuya dessus, lissant une moustache et feignant un air aristocratique. La longue et lourde matraque en bois pouvait moyennement passer pour une canne de marche, mais il ferait tout son possible pour ne pas paraître agressif. Même si l'inverse était son habitude…

– Qu'est-ce que tu vas leur dire ? Il faut les saluer, et montrer qu'on vient pas leur casser la gueule. Ne fuis pas leur regard, mais ne les dévisage pas non plus. Les elfes d'Aglarond aiment pas ça… Dans tous les cas, bouge doucement, et ne serre jamais les poings !

Il n'avait aucunement conscience que ses divers conseils pouvaient stresser le nain d'or. Voulant lui montrer l'exemple, il porta la main à sa bouche, avant de balayer lentement l'air devant lui de son bras, paume ouverte. C'était une manière quasi-universelle de commencer un dialogue calme. Et même s'ils étaient de l'autre côté du monde, Varnas doutait que ces elfes-ci se disent bonjour en se bottant l'entrejambe…

écrit par: Abrulion Bascollier Lundi 08 Février 2021 à 10h37
Le hin suivit sa séance de magie par une séance de réflexion : quels seraient les pouvoirs qu'il prierait son dieu de lui accorder pour le lendemain, jour ou tant de choses pouvaient se passer, d'une importance capitale pour la mission ? Il était en tout cas heureux de constater que la magie répondait de manière identique en Anchorome, identique ou presque, les portails ouverts par les pouvoirs d'invocation étant moins stable, à l’évidence que ce qu'ils avait été en Faerun.

Cela lui rappela un détail, qui aurait sans doute son importance. Il lança aux compagnons :


- Mon exploration de la magie s'est avérée rassurante, sauf pour ce qui est de l'invocation, ou la stabilité des portails est complexe à maintenir, sinon imprédictible. A ce propos, l'amiral parlait de créer un portail vers Faerun pour rentrer, n'est-ce pas ? Il faudra veiller à ce qu'il fonctionne sans faille avant de dépecer nos bateaux - je ne compte pas rentrer à la nage.

Abrulion était d'accord que les Balduriens avaient nécessairement dû user de la hache pour bâtir leur fort. L'avaient-ils bâti suffisamment loin pour que les arbres qu'avait vu Farah n'eurent pas entendu l’écho d'un coup de hache ? Il ne croyait pas aux coïncidences ; les dates collaient.

La nuit porta son lots de théories et conseils.

Mais, c'est lorsqu'il vit les autochtones que ses doutes s’amplifièrent. Ils avaient affaire à des sauvages, sans doute épris de liberté et fervent adeptes de la neutralité et du laisser-faire de la nature. Nature qu'ils semblaient, par ailleurs, pouvoir maîtriser avec une aisance certaine étant donné la cabane d'arbres, à la façon des druides de Faerun.
Un coup de hache de trop des Balduriens, et ces druides à même de faire une cabane en arbre avaient-ils déchaîné leurs pouvoirs sur leur fort ? Il n'y avait rien de trop expéditif ni puissant pour les druides.
Ou était-ce les séquelles d'un conflit ouvert entre les esprits des totems ?
Pire, les Balduriens était-ils à l'origine du conflit des totems ?

Tant de questions auxquelles il n'y aurait pas de réponse avant longtemps.



- Joinon, mon dieu est d'accord qu'il te faut un petit pouponnage. Il échappa un petit rire. "La splendeur de l'aigle te donnera un petit panache bienvenu pour faire bonne impression, et si tu es d'accord,je lancera aussi Rapport pour connaître ton sentiment au fil de la conversation."

- Je parle l'elfique comme une brebis l'Alzhedo. Je resterai avec Farah, derrière, à observer. Si tu as besoin du pouvoir de compréhension des langues, tu n'auras qu’à signaler.

écrit par: Joinon Mardi 09 Février 2021 à 12h13
- Ouin bien sûr... Enfin... euh, évidemment ! avait bégayé Joinon en guise de réponse à la déclaration de confiance de Farah. Je vais faire de mon mieux. Il voulu bomber le torse mais ne parvint qu'à mettre son ventre encore plus en avant. Ce n'est ni la première ni la seconde fois que je dois engager le dialogue en terrain potentiellement hostile ! ajouta-t-il avec l'esquisse d'un sourire.
Il se garda néanmoins de révéler les suites de ces deux occurrences, car aucune n'avait vraiment tourné en sa faveur.

Quant à la proposition de Varnas, le nain ne savait qu'en penser. S'il se sentait rassuré d'avoir une présence à ses côtés, il aurait cent fois préféré celle d'Abrulion dont le tempérament lui avait toujours paru bien moins sanguin que celui de leurs deux autres compagnons.
Face à l'aplomb du vétéran, il n'osa en dire mot, mais tenta néanmoins de réfréner les ardeurs de celui-ci.


- Tes conseils sont précieux, l'ami, répondit-il non sans quelque ironie, aussi laisse-moi t'en donner un. Il pointa de son doigt boudiné le bâton de marche improvisé du rôdeur. Peut-être devrais-tu laisser ici un tel objet en bois coupé et manifestement façonné artificiellement. Comme tu l'as soulevé, leur attachement pour les choses qui poussent n'est pas à prouver. Pour peu que ta masse soit confectionnée dans une essence sacrée...
Le barde fit passer au-dessus de sa tête la lanière de son arbalète, en prenant soin de ne blesser personne avec la baïonnette.
- Je vais moi-même laisser ceci ici, décida-t-il en tendant l'arme à Farah. Merci.

Se tournant vers Abrulion, il opina.
- Merci ! Sûr que je vais faire sensation avec un petit coup de pouce divin. Il saisit sa barbe de ses deux épaisses mains et entreprit de la lisser. Je te fais confiance lorsque tu te dis rassuré par l'état de la magie ici, ne me fait pas pousser une troisième jambe ou quoi que ce soit.
Malgré son ton taquin, Joinon ne plaisantait qu'à moitié.
- L'elfique fait partie des quelques langues que je maîtrise, avoua-t-il humblement. Je doute que la discussion soit commode, mais je compte sur le fait que des bases linguistiques communes soient suffisantes pour obtenir un certain degré de compréhension.

Rajustant son manteau, le nain leva les yeux vers ses compagnons.
- Autre chose ?

écrit par: La Goualeuse Mardi 09 Février 2021 à 17h12
D'un pas aussi souple que léger, la jeune femme progressait sans difficulté dans la luxuriante végétation. Tous les sens en alerte, elle oscillait entre une vigilance de bon aloi et une admiration candide pour les merveilles que ces terres inconnues leur offraient. Le plumage artistement chamarrés de nombreux oiseaux étaient dignes des plus grands peintres, beauté naturelle face à laquelle le souvenir des chefs-d'œuvre sunites lui apparurent - non sans un vague sentiment de culpabilité - d'une toute humaine vanité.

Alors que les uns et les autres s'abandonnaient à leur monomanie respective, qui s'agenouillant devant une fleur pour en capturer le parfum, qui collant une loupe sur l'écorce d'une essence d'arbre inconnue, qui encore tournant et retournant en tous sens un éclat rocheux étrangement dense, La Goualeuse suivit Thyrine et Syna dans les terres. L'elfe cartographiait le terrain d'un coup de crayon aussi rapide et sûr que la langue de la jeune gnome, qui égayait leur excursion de de son intarissable babil. Ainsi lui apprit-elle que ses compagnons avaient déjà exploré cette partie de l'île et découvert un site religieux, qu'elle tenait à lui montrer.

Une crainte toute superstitieuse frappa la belle lorsqu'elle contempla les curieuses colonnes érigées en cercle. Les figures animales la dominaient de toute leur hauteur, l'écrasant d'un mystère si éloquent qu'elle se sentit contrainte de plier le genoux et de baisser la tête, en signe de déférence. L'effigie de la baleine, en particulier, lui sembla menaçante ; mais peut-être cette impression était-elle liée au souvenir de cette terrible nuit où leur navire avait failli sombrer.


- Pouvez-vous copier ces figures, Thyrine ? demanda-t-elle à l'elfe tout en observant plus attentivement chacun des poteaux.

Avec précaution, elle caressa la surface était étonnamment lisse des totems ; il était difficile de déterminer s'il s'agissait de bois ou de roche. Elle se tourna vers Syna :


- A-t-on déterminé la matière dans laquelle ces...elle hésita un instant, n'ayant pas de mot adéquat... œuvres ont été sculptées ? Et ce bœuf laineux, est-ce une espèce connue en nos terres ?

Ses mouvements toujours guidés par une crainte respectueuse, elle scruta le sol à la recherche d'un éclat de ladite matière ; certains poteaux ayant été entaillés. Son œil aiguisé ne tarda pas à repérer au pied de l'effigie du cerf un petit monticule qui, par bonheur, n'avait pas été dérangé par les pas des explorateurs. De menus offrandes lui révélèrent que le cervidé était vénéré en cette île : il ne leur faudrait sous aucun prétexte en chasser ! Elle quitta le cercle avec une nouvelle révérence, puis prit quelques instants pour légender les dessins réalisés par Thyrine et les assortir de quelques menues informations.

L'exploration leur révélait une autre surprise... Alors qu'elle devisait sur le parfum des fleurs avec un passionné, son regard fut attiré par un singulier éclat. Quelques secondes après, elle tenait entre ses mains la preuve irréfutable que les balduriens de Fort Flamme avaient récemment foulé cette terre.


- L'une d'entre vous saurait dire depuis combien de temps ces rations ont été abandonnées ? demanda-t-elle en désignant le sac, alors qu'une foule de questions fusaient dans son esprit. Et pourquoi son propriétaire a levé le camp sans les emporter...

Cette dernière interrogation n'en était pas vraiment une ; elle avait pensé à voix haute. Ses yeux balayaient les environs immédiats, à la recherche d'indices de lutte ou de fuite précipitée.

Perception

écrit par: Farah Cyahn Mercredi 10 Février 2021 à 04h54
Elle fit brièvement mine d’examiner l’arbalète du Nain, la faisant tourner entre ses mains. Dans le moment où tout préparait à devenir le premier contact avec cette nouvelle partie du monde, on ne pouvait qu’accueillir positivement la synergie dont le groupe avait fait preuve. La chasseresse acquiesça tacitement à chaque intervention, conservant un sourire en coin.

La réaction de Joinon à toutes les sollicitations la conforta dans son optimisme. D’un tempérament respectueux, le barde incarnait une certaine forme d’humilité. Pour compléter le tout, Farah comptait sur la défiance paranoïaque de Varnas pour tempérer la fougue juvénile du Nain.

Elle fit signe au vieux chasseur qu’elle veillerait sur sa mule en son absence. Avant que les deux hommes ne partent à la rencontre des Elfes Vert, Farah se permit de rajouter quelques mots :


- Arf, nous avons émis beaucoup d’hypothèses, sur les colons Balduriens, sur la cosmologie qui régit ces terres, sur la nature de ces Elfes,… En vrai, nous ignorons tous des légendes ou de l’Histoire de ces lieux. Nous n’avons qu’une vague idée de sa géographie. Nous troublons certainement la paix de ce rivage. Bref, Aigle, Cerf, Baleine ou Blaireau, préservez votre neutralité. Ne présumez de rien sur leur dévotion aux divinités terrestres.

Elle parlait d’une voix douce, comme si elle s’adressait à des enfants.

- L’ambition et la traitrise semblent très rares ici. Je n’pense pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise manière d’aborder ce qui va suivre. Restez simples, concis et francs. Feignez des choses naturelles, vous vagabondez d’une terre à l’autre, vous avez marchés depuis longtemps, et… vous avez soifs…

Elle écarta les bras en mimant un air perplexe. Que pouvait-elle faire d’autre ? Leur servir quelques platitudes ou prier pour le salut de leurs âmes ? Ils étaient au cœur des forêts d’Anchorome. On n’y survivait pas à l’aide de platitudes.

- A tout de suite, acheva-t-elle avec un sourire franc et un geste désinvolte, les enjoignant de partir.

écrit par: Joinon Mercredi 10 Février 2021 à 16h09
- En route ! aboya donc Joinon en gratifiant Varnas d'une tape dans le creux des reins. Soyons les fiers représentants du vieux continent et les premiers témoins d'une nouvelle amitié !
Joignant le geste à la parole, il prit la direction de la cuvette, n'adressant qu'un salut de la main distrait aux compagnons que l'aventureux duo laissait derrière lui.

Le nain d'or n'était pas un pleutre, mais c'eut été mentir d'affirmer qu'il ne ressentait pas quelque crainte alors que chacun de ses petits pas le rapprochait de l'issue de la rencontre redoutée, quelle qu'elle fut. Mais la résolution toute naine qui l'habitait, cette étincelle de courage, cette détermination qui s'éveillait parfois en lui était bien là. Et puis, ce n'était déjà pas le premier péril que lui et ses compagnons affronteraient. Comme à son habitude, le barde s'était rapidement entiché de chacun d'entre eux, malgré leurs défauts, et il avait confiance en la valeur du groupe qu'ils formaient.
Il releva le menton en repensant que c'était d'ailleurs lui, par la force des choses, le "chef" de cette petite troupe.


- Bien, nous sommes assez près, il ne faudrait pas qu'ils ratent le début ! annonça-t-il à brûle-pourpoint. Sans ralentir, il se saisit de la lyre étincelante qu'il portait à son côté et fit courir ses doigts dessus.
¤ J'aurais dû pratiquer plutôt que passer mon temps dans la bibliothèque du navire, je me sens rouillé... ¤ regretta-t-il. ¤ Voyons... ¤



Il avait entonné ces vers sur un ton de stentor, bien décidé à se faire entendre des autochtones.



Un large sourire s'étirant sous sa barbe, il avança vers son destin.

écrit par: Phineas Mercredi 10 Février 2021 à 17h31
La Crème (des) Diplomates

La tension un peu anxieuse que ressentait Joinon n'avait rien d'étonnant. Comme l'avait notifié Farah, toutes leurs spéculations... n'étaient que spéculations.

Néanmoins, à mesure que le duo s'approchait de la petite communauté, certaines choses les rassurèrent peut-être. Le peuple qu'ils allaient rencontrer, d'abord, avait l'air tout sauf agressif. Une fois la butte de la cuvette franchie, ils ne constatèrent pas d'agressivité particulière. Deux enfants, certainement de dix ou douze ans arrêtèrent leurs jeux pour se précipiter à la lisière des tentes, regardant les deux arrivants avec des yeux aussi curieux qu'étonnés. Bientôt, les adultes quittèrent progressivement leurs occupations pour les rejoindre. Ils remarquèrent une pilosité inhabituelle quoique réduite sur les elfes, certains portaient de fines barbes tressés ce qui certainement fit plaisir à Joinon. Ils ne semblaient pas se soucier particulièrement de la fine pluie qui tombait sans s'arrêter.

Il dégageait toujours des elfes une aura surnaturelle de grâce et de charisme, c'était aussi le cas chez les elfes verts de Faerun, bien que ce charisme soit plus sauvage. Et c'était aussi le cas ici, mais l'impression qu'ils dégageaient était celle d'une chaleur peut-être un peu naïve et d'une douceur évidente. Bientôt les massifs chiens de traits se joignirent aux bipèdes, trois d'entre eux se positionnant devant les enfants comme des statues gardiennes et les autres se couchant ça et là.

C'est de toute évidence avec un étonnement général qu'ils accueillirent le chant de Joinon, quoiqu'ils semblèrent comprendre le ton enjoué qu'il avait pris. Certains se mirent même a hocher de la tête.

Mais Varnas comme Joinon ne furent pas dupe une seule seconde : l'elfique leur était inconnu. C'est alors, qu'à la grande surprise des deux arrivants, une troisième race apparu devant eux : un nain. De ce qu'ils avaient entendu des lointain cousins chultien de Joinon, celui-ci aurait pu en faire partie. Un peu plus petit que la moyenne, il était puissamment musclé et barbe comme cheveux étaient si longs qu'on aurait pu croire une fourrure. Il était sorti du bâtiment en bois chanté et était probablement l'un des individus les plus sédentaires du lieu. Ses vêtements étaient semblable à ceux des elfes à ceci prêt qu'il portait autour du coup un petit pendentif de pierre verte figurant une tortue. Il s'arrêta, appuyé sur un bâton à coté des autres.

Alors qu'ils approchaient - les autochtones ne faisaient toujours montre d'aucune agressivité - ils commencèrent à les entendre parler. Terrible constatation, autant pour Varnas que Joinon, nul part ils n'avaient jamais entendu parler une telle langue. En fait, Varnas voyait aussi peu de rapport entre l'elfique et cette langue qu'entre les langues Shou Chiang et les dialectes chondathans. L'affaire risquait d'être autrement plus complexes qu'ils ne le prévoyaient.

Un signe assez évident les informa qu'ils étaient suffisamment prêts lorsqu'ils furent arrivés à un peu moins de cinq mètres : les trois chiens qui gardaient la troupe (désormais un peu plus de quinze individus pas ou peu armés) se mirent à gronder lourdement. Le message était clair.

Le nain s'avança et, posant sa grosse main sur la tête de l'un des chiens, tenta tout de même de s'adresser aux deux voyageurs. Le langage utilisé leur fût absolument incompréhensible. Aussi c'est avec ses mains qu'il les invita à approcher. Une fois qu'ils furent un peu plus proche, il posa sa main sur son front et dit, répondant au sourire de Joinon :


- Misagaasaa

C'est ce qu'ils entendirent, incapable pour le moment de différencier les tons et les syllabes. Il laissa le silence se faire, leur laissant la possibilité de prendre la suite.

Le duo eut peu de temps pour observer de plus prêt le village. Les tentes qu'ils avait proches d'eux semblaient assez lourde, mais conçues pour être démontées. Elle rappelaient un peu à Varnas les yourtes des Tuigan et autres peuples de la Plaine des Chevaux. Elles étaient cependant plus pointues. Le cuir tanné et les cordes tressées qui faisaient l'isolation semblaient aussi ancienne qu'entretenue, une preuve peut-être que ce peuple mettait beaucoup d'effort dans la sauvegarde des matériaux utile et répugnait à gaspiller inutilement les ressources. Malgré la proximité de la mer, il ne leur semblait pas qu'il s'agisse de cuir de poisson.

A l'arrière Abrulion, Farah et leur camarade quadrupède observaient sans tout comprendre, bien que la situation semblait bien engagée. Abrulion, un peu plus prêt de la falaise, remarqua cependant quelque chose qui l'inquiéta immédiatement. Au loin, par delà la bruine (le jour restait malgré tout assez clair) le halfelin distingua deux silhouettes massives sur l'eau. Des silhouettes définitivement navales, et qui, quoique encore loin, se dirigeaient vers leur position.



La Goualeuse

Thyrine avait commencé a dessiner les totems avant même qu'on lui demande, de toute évidence c'était en partie pour ça qu'elle se trouvait là. A la question du bison, la jeune gnome avait réfléchie, et c'est l'elfe dont les compétences avait dû la faire sillonner le monde, qui répondit :

- Oui, c'est un bison, ils sont assez courants dans l'est de Faerun. En vérité, partout où il n'y a pas de domestication de bovins et qu'il fait particulièrement froid l'hiver on peut les trouver. Je crois que c'est de sacrés bestiaux, plutôt tranquilles mais qu'il vaut mieux ne pas trop mettre en colère. Célèbres pour défendre leur progéniture avec perte et fracas !, dit elle, amusée.

Probablement la description n'aidait elle pas la jeune femme. Une telle créature pouvait signifier tout et son contraire. La docte Syna continua pour répondre à son autre question :


- C'est du bois pétrifié ! C'est rare... Ce sont des arbres très vieux, devenu fossiles avec le temps, en quelque sorte c'est de la pierre. Tu as déjà vu des fossiles ? Papa m'a montré un fossile de dragon une fois, c'est immense et...

La discussion sur les fossiles de dinosaures et de dragons fût dans la bouche de la gnome pendant plus d'une demie-heure. La cantatrice avait lu des traités d'archéologie dans la bibliothèque de ses protecteurs lunargentais, mais la chose lui semblait toujours obscure tant les dieux semblaient tout maîtriser en ce monde. D'une certaine manière, les archéologues remettaient en question leur toute puissance mais leurs arguments semblaient valables. C'était... troublant.

Alors qu'elle posait la question de sa découverte la jeune femme répondit plus ou moins à sa propre question. Les rations abandonnées semblaient datées d'au moins une semaine, peut-être deux. Aussi quelque fut la raison de son abandon, elle était certainement déjà loin. Elle avait déjà compris par ailleurs qu'il faisait humide à cette latitude et les traces qu'elle aurait pu trouver au sol avaient été lavée par l'eau. Les arbres en tout cas ne portaient pas de traces particulières. Peut-être la terreur seule avait elle fait fuir son possible compatriote. Mais la terreur de quoi ?

écrit par: Varnas Vendredi 12 Février 2021 à 23h30
Certains courraient la nature, savaient lire les émotions des animaux et les lésions des plantes. D'autres priaient les dieux pour recevoir des intuitions et pouvoirs surnaturels. De rares curiosités tentaient d'entrer en résonance avec la magie ambiante par le biais de leur musique… Varnas ne faisait rien de tout ça. Il savait se battre, survivre, et était doué pour les langues.

Sans les parler, il avait des rudiments d'elfique, de nain, de plusieurs langues humaines et même de draconien. Il avait même appris un script extraplanaire quand il avait pratiqué le dialecte thayen. Dans presque toutes les situations, il parvenait à se faire comprendre, parfois en s'imposant par la force. Cette rencontre promettait d'être un défi hors du commun et, une fois n'est pas coutume, il fit tout pour ne pas convoyer d’ambiguïté.

Essayant diverses formulations et onomatopées, signant de ses mains, de ses sourcils et même de ses oreilles —Joinon aurait juré qu'il les avait vues bouger—, le baroudeur tenta de rassurer leurs interlocuteurs: ils étaient venus en paix, et voulaient boire et manger.


– Poya caka honritas. Slurp nôm nôm glou aaaah…

Il comptait bien présenter leurs deux autres compagnons, restés en arrière, sitôt que le contact serait bien passé. Mais pour le moment, il tentait surtout de comprendre la réponse de leurs hôtes. Il faudrait un peu de temps pour comprendre leur sensibilité et leur expliquer que plusieurs centaines de voyageurs voulaient s'installer dans le coin.

hrp.gif Je voudrais bien mettre à profit "Voix de la cité". Si on ne se fait pas presser par l'arrivée des trucs marins, je pourrais tenter un test de charisme et un test de sagesse, respectivement pour me faire comprendre, et comprendre les autres. J'imagine qu'il n'y aura pas d'alphabet commun, mais on peut rêver.

écrit par: Abrulion Bascollier Lundi 15 Février 2021 à 09h49
Faute d’être utile dans les conversations, le hin passait sa frustration à observer. Il ne perdait rien de la conversation, voyait les lèvres bouger sans pour autant saisir le fond du discours. Joinon avait commencé par chanter de l'elfique, cela, il l'avait reconnu sans trop de difficulté étant donné les harmoniques utilisées.

Il clignait des yeux seulement quand les larmes - d'avoir gardé les yeux ouverts - lui brouillaient la vue.


- Bon ! Les présentations sont faites. Ils parlent de nous, à présent. Lança-t-il en rongeant son frein.

La figure rebondie du nain commençait à lui coller à la rétine. Aussi, il détourna le regard l'espace d'un instant, pour discerner avec un mélange d’appréhension et de curiosité les deux navires sur l'onde. Il interpella immédiatement Farah.


- Deux bateaux, là ! Seraient-ce les nôtres ? La mer n'aurait pas pris l'homme, tout compte fait ?

Sa scrutation du nain et du loubard repris, avec l'intervention de ce dernier.

- Ah ! Mais pourquoi ne nous appellent-ils pas !

¤ Cinq ¤

¤ Trois ¤

¤ Un ¤

Compta-t-il mentalement jusqu'à cinq, à rebours.

Il prit alors une outre vide, une craie, une feuille de parchemin, une plume et un encrier de la mule, et s’élança.

Arrivé à mi-distance, il lança détection de la magie, et continua sa marche, doucement vers les tentes et le groupe en discussion, scrutant par la même la présence d'aura. Si ces gens utilisait de la magie, sous une forme ou une autre, sûrement seraient-il plus réceptifs à être la cible d'un sort de compréhension des langages.

Sinon, il faudrait ruser.


hrp.gif lance détection de la magie tant qu'il est couvert, prend outre vide craie parchemin plume encrier dans les affaires.

écrit par: La Goualeuse Vendredi 19 Février 2021 à 18h52
- Je vais garder ça,déclara-t-elle en glissant la bouteille dans sa besace. L'étiquette intéressera sûrement les autres et qui sait, peut-être Joinon saura-t-il ce qui se cache derrière "Le Heaume et la Cape"...

Sans se départir de sa bonhomie, la jeune femme avait redoublé de vigilance. De ses grands yeux bleus, elle sondait la ténébreuse végétation qui les encerclait, à l'affût, se maudissant intérieurement de s'être laissée conduire par une humeur primesautière. L'île, aussi enchanteresse qu'elle pouvait le paraître, n'en restait pas moins une terre aussi dangereuse qu'inconnue.

- Nous devrions rejoindre la troupe, et nous compter. Le propriétaire de ce sac a levé le camp à toute allure, il devait fuir quelque chose.

Joignant le geste à la parole, elle rebroussa chemin d'un pas vif, sans céder à un nouveau bavardage. Une fois de retour parmi les savants, elle se mit en quête du soldat en charge de leur protection et le pria de battre le rappel, afin de procéder à un recensement.

écrit par: Joinon Dimanche 21 Février 2021 à 11h02
¤ Slurp nôm nôm glou, vraiment...? ¤
Joinon avait observé avec sidération le comportement de son compagnon. Il avait eu un peu de mal à conserver son sourire en dévisageant le vétéran et son étrange numéro.
¤ C'était bien une mauvaise idée. ¤ avait alors pensé le nain. ¤ Enfin... j'imagine que "nôm nôm glou glou" est aussi universel qu'insultant, c'est déjà ça... ¤

Le barde avait trouvé l'exposition de Varnas très irrévérencieuse. Il hésita à prendre les devants mais ne voulait pas se risquer à paraître odieux à son tour. Il attendit donc la fin du "discours" avant de prendre la parole à son tour, sans se défaire de son sourire.
Posant une main sur son front comme l'avait fait leur étonnant interlocuteur, il prononça dans ses langues natales, aussi distinctement que possible:

- Bonne rencontre.
Jetant un regard appuyé au pendentif du nain, il sortir de son col le symbole de Dugmaren Brilletoge qu'il portait lui-même - un livre ouvert - et le laissa retomber en évidence sur sa poitrine.
Son autre main toujours sur son front, il continua:

- Joinon.
Puis, désignant de l'index le damarien à ses côtés:
- Varnas.

¤ D'abord bonjour, puis on se présente, et après on réclame à boire et à manger ¤ maugréa-t-il silencieusement. ¤ Ce n'est pas parce que ces gens-là se promènent à moitié nus qu'il faut en oublier la bienséance... ¤

écrit par: Phineas Dimanche 21 Février 2021 à 16h38
Varnas et Joinon

L'étrange tentative de Varnas semblait complexe. Mais heureusement, elle ne sembla pas particulièrement choquante.

Tout ce que le rôdeur anarcanique réussit à comprendre, c'était que Misagaasaa, aussi étrange cela sonne t'il pour un nain, semblait être son nom. Peut-être un nom fonctionnel ? Ou peut-être que, comme souvent, son nom avait il une signification particulière. Signification qui lui échappait. Varnas n'avait visiblement pas réussi à se faire comprendre. La tâche était rude. La langue, qui semblait par ailleurs en partie constituée de geste, ne lui était pas familière du tout, et ce n'était que grâce à une volonté mutuelle et évidente de se comprendre et l'atmosphère qu'avait donné Joinon, qu'il en avait tout de même tiré quelque chose. Il n'avait pas compris grand chose, et était conscient que son spectacle n'était pas exceptionnel, mais il était certain de commencer à comprendre une quelque infime logique dans le langage de ce peuple. Au fur et à mesure, il devrait réussir à s'y faire. Restait à espérer que les différentes langues du continent - il y avait peu de chances que l'on parle partout le même idiome - soient issues de la même racine.

De son côté, le nain avait instinctivement compris que son lointain cousin se présentait semblait il. Là où Varnas réussirait probablement à comprendre avant aucun d'entre eux la langue, peut-être Joinon gagnerait il des points sur une certaine capacité à l'empathie xénophilique ? Possible. Si le nain d'Anchorome ne sembla pas vraiment reconnaître la langue de Moradin, la proximité matérielle entre le symbole de l'Errant et la tortue sembla compris, il hocha la tête de gauche à droite... et sourit.

Les deux plénipotentiaires eurent probablement une réaction positive. Le hochement de tête était bien souvent un signe d'assentiment ou du contraire. Associé à un sourire, qui semblait un signe inscrit dans les corps mêmes des humanoïdes, ils purent se dire que l'introduction s'était bien passé.

Misagaasaa se tourna vers les autres et leur expliqua ce qu'il croyait comprendre. Varnas put en profiter pour observer une conversation plus longue et complexe. Le langage était définitivement hors de ce qu'il comprenait. Mais ils purent entendre leurs noms à l'intérieur de la phrase, et l'un comme l'autre conclure que le nain était digne de confiance, et puisqu'il semblait détenir une certaine autorité, purent probablement se déteindre un peu. Impossible néanmoins de ne pas remarquer que certains elfes, notamment ceux qui semblaient les plus jeunes (enfants exceptés) restaient visiblement plus méfiants. Le groupe d'accueil se dispersa pour retourner à ses activités. Les enfants coururent vers le foyer devant le bâtiment de bois chanté pour réactiver la flamme. Qu'ils aient compris ou non, l'hospitalité était de mise apparemment.

PARCHEMIN

Les bardes le savent bien : les règles de l'hospitalité sont fluctuantes et peuvent changer en quelques lieues seulement. L'omniprésence des portfolios divins du foyer et de l'hospitalité témoignent de l'importance de l'accueil un peu partout, comme si la chose était universellement reconnue comme naturelle et nécessaire. Ces règles néanmoins peuvent être plus ou moins positives. Quand dans de nombreux royaumes humains et clans nains, il est de coutume d'offrir le pain et l'eau au voyageurs, l'hospitalité des elfes du soleil porte plus à confusion tant il faut faire œuvre de révérence avant de pouvoir en profiter. Et au Turmish notamment, la règle est inversé : c'est l'entrant qui doit amener dans la maison où il est invité un plat raffiné (le plus courant étant un plat d'escargots servi dans un plat creusé dans un crâne).

Il était fort probable alors que ce genres de divergences existe aussi en Anchorome. Et l'on savait au combien y déroger pouvait former une mauvaise image...


Resta le nain, un elfe barbu aux cheveux noirs tendant ci et là sur le roux, et ce qui semblait être le chef de meute des grands chiens, visiblement plus massif. En les montrant paume ouverte, le nain les présenta :


- Gizhaanmad, l'elfe, Ishkozis, le chien.

Leur souriant toujours, tout comme l'elfe (le chien semblait un peu plus méfiant, c'était un chien), il se retourna, et d'un mouvement franc, les invita à entrer dans le campement.

Le reste des autochtones étaient revenu à leur occupation. Là on tissait du jonc ou des lianes, là on entretenait les tentes. Pouvant voir par les ouvertures de celles ci, ils constatèrent qu'elles semblaient assez confortables, chaudes, certainement habitables par cinq ou six personnes. En approchant du bâtiment en bois chanté, ils constatèrent qu'il s'agissait certainement à la fois d'une sorte de sanctuaire, et d'un comptoir. D'ailleurs, il pouvait visiblement être ouvert sur la façade avant comme pour accueillir des visiteurs ou entrer des marchandises. Le nain ne semblait pas être un chef, mais il était visiblement respecté, comme par ailleurs l'elfe qui les accompagnait désormais. Ils notèrent que ce dernier, comme aucun autres habitants, ne portait de pendentif semblable à celui de leur premier hôte.

Ils furent invité à s'installer autour du foyer. Celui-ci était visiblement fait pour durer : une hémisphère creusée dans le sort, renforcée de pierre puis lissé à l'argile de prêt d'un mètre de diamètre. Le feu semblait conservé assez constamment. On s'asseyait au sol, quoique des draps semblaient servir de coussins ici ou là ou plus probablement, certains avait dormi autour du feu. Une fois assis, ils comprirent vite que c'était à eux d'essayer de se faire comprendre cette fois ci.

Mais avant même qu'ils puissent commencer, un chien aboya à la périphérie du camp alors qu'un elfe accourait en pointant l'extérieur et disant quelques choses. Se retournant, Varnas et Joinon purent apercevoir leur collègue arriver vers eux sans qu'ils n'aient indiqué qu'ils étaient plus qu'un duo.



Abrulion

Toujours à couvert, le halfelin déclencha ses pouvoirs - qui ne semblèrent pas avoir de problèmes à s’exécuter - il avait le temps, aussi l'expérience fût elle optimale. Il détecta immédiatement des auras en avançant. Des auras mouvantes, hautes, d'intensité variables mais jamais très puissantes. Il compris vite : chacun des natifs - chiens compris - était entouré d'une aura. Cette magie lui était complètement inconnue, et quoique capable de détecter les auras, il fût tout à fait incapable d'en comprendre l'origine ou les effets. Toujours était il que tous en avait une... exceptés eux-mêmes, donc.

Alors qu'ils tentaient de déceler une vérité derrière tout ceci, ils entendit le campement s'agiter alors qu'un elfe et un grand chien avançait, plus méfiant que pour ses compagnons cette fois, vers lui.



La Goualeuse

Mesalyne - puisque c'était apparemment son nom - avait l'esprit de prendre la tête. En effet, Syna et Thyrine, plongées qu'elles étaient dans leurs découvertes ne semblaient pas saisir (ou plus certainement pour l'elfe, ne pas se soucier) de ce qu'il pourrait se passer et se concentrer uniquement sur leurs études.

Elle retrouva donc les deux gardes, plus pragmatiques quoique clairement heureux de retrouver un sol stable sous leur pieds, et après s'être réunis, retournèrent vers les navires.

Sur la plage, quoique la journée avançait, les travaux ne semblaient pas s'arrêter. On dessinait des coquillages et des oiseaux, récupérait des excréments ou des plumes tombées, dessinaient des cartes topographiques, examinait des arbres. Bref, en tout et pour tout, on travaillait, et en temps que faérunien, on pouvait difficilement imaginer autre chose effectivement, qu'une expédition scientifique.

Du moins tant que l'on ne remarquait pas que tous les savants étaient armés, que chaque groupe était accompagné de marins en armes, et qu'on ne connaissait pas ce que cachait les sabords de la Fille d'Oghma et des autres navires, le flanc du navire désormais braqué sur la côte. Sur ceux-ci résonnaient les marteaux et les scies alors que les avaries dûes au combat et à la traversée de l'océan étaient peu à peu réparées.

Elle n'avait rien remarqué sur le chemin. Quoique soit ce qui ait autant effrayé ce qui semblait être un compatriote, cela ne rôdait plus autour d'eux. Elle en était certaine.

Le soir tombant peu à peu, les radeaux commencèrent à ramener les explorateurs sur les navires. Pour l'instant, c'était clair, rien ne devait rester sur terre et on faisait bien attention à n'y laisser aucun outils.

En attendant leur tour, les trois femmes et leur escorte furent rejoint par Tr'ar. La docte demie-orque aussi étonnante qu'impressionnante, le restait moins que l'orque qu'elle avait rencontré à Lunargent. Toujours d'humeur égale sauf quand son équipage faisait n'importe quoi, elle s'informa sur leurs découvertes. Avant que Thyrine ait le temps de l'entraîner dans une discussion de cartographe, elle se tourna vers l'aquafondienne :


- Vous avez découvert quelque chose de Faêrun ? Quoique ce soit d'inquiétant ?

écrit par: Farah Cyahn Jeudi 25 Février 2021 à 04h08
En retrait dans son bosquet, la chasseresse emplissait ses poumons de l’air frais de la forêt, chargé d’humus. Elle était heureuse de parcourir ce monde, ainsi, libre, et cela lui suffisait amplement. Nul besoin de réfléchir à son avenir, à penser au Chaos. Juste savourer le moment présent dans un continent fait de mille curiosités. Elle avait été invitée par une commission privée en qualité de Guide, de Combattante et d’Observatrice. Pas en tant que Diplomate.

Droite dans ses bottes, elle n’était le caporal de personne. Elle n’avait besoin de personne, elle était générale d’une armée fantôme. Personne derrière, personne devant. Juste elle, et son sens particulier de la justice. Si tant est qu’elle y croyait encore.

En réponse au Hin, elle n’offrit que murmures et hochement de tête. Elle hésita à le mettre en garde, mais se retint finalement. Curieuse de voir ce qu’il adviendrait de son impatience. Cette expédition était un joyeux désordre, chacun agissant en électron libre et aussi différent l’un de l’autre. Quelques mètres plus loin, un rictus orna les lèvres de Farah en voyant Abrulion se faire cueillir dans son élan par un Elfe et son compagnon canin.

La perspective, qu’elle soit du côté de Joinon et Varnas, ou plus prêt, du Halfelin, ne semblait encore offrir de quoi être inquiet. La chasseresse décida de s’installer plus confortablement.

écrit par: Abrulion Bascollier Jeudi 25 Février 2021 à 09h56
La magie de cette terre avait vraiment quelque chose de passionnant, mais aussi d'infiniment frustrant tant elle échappait à toute similarité avec les auras de Faerun. Il devrait une nouvelle fois en parler à Joinon, peut-être que ses connaissances profanes et autres contes et légendes lui procurerait une certaine inspiration.

Que les auras soient présentes sur chacun était là encore étonnant. La tribu ne semblait pas sur le pied de guerre, ni sur le point de chasser, aussi les auras ne devaient pas avoir grand chose d'offensif, ce qui se confirmait du fait que tous les membres en étaient porteurs - et pas seulement quelques chasseurs.

Le hin pensa immédiatement aux sorts de sanctuaires, bénédictions et autres cercles d'apaisement et protection. La cabane d'arbres du village ne semblait pas d'hier, à moins que les shamans ou druides du continents aient aussi des pouvoirs de croissance accélérée. Y avait-il une relique sur cette masure, irradiant d'un effet bienfaiteur sur les natifs ?

Le hin s'était un peu abandonné à la contemplation, lorsque un chien l’arrêta dans sa progression.

Il fut surprit, et arrêta son sort de détection de la magie. Il était bien conscient qu'il n'avait aucune chance d’être compris. Loin d'avoir les qualité lexicale du nain, il savait qu'il devrait compter sur autre chose que son charisme. Il annonça malgré tout d'une voix souriante :


-

Il regarda l'elfe, sourit, laissa échapper un "ah !" discret, et s'assit, tentant de ne prêter aucune attention au chien. Il étala à terre son barda : encrier, plume, parchemin et outre vide. Il trempa la pointe de la plume avant de se mettre à dessiner.

Il prit son temps, imaginant que cette situation un peu inattendue dans une posture vulnérable, détende l’atmosphère.

Il montra enfin son chef d’œuvre.


PARCHEMIN
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Enuméra-t-il en pointant chacun des dessins, puis leurs correspondances réelles.

Il répéta : Joinon, Varnas, Abrulion, avant de se relever doucement dans des mouvements volontairement grossiers, feignant une fatigue qu'il n'avait pas grand mal de simuler tant elle était réelle après la marche dans ce terrain dur et aride.
Il pointa une nouvelle fois vers les deux camarades.


hrp.gif Détection pour voir l'usure de la terre, pour comprendre si c'est un campement itinérant ou un village sédentaire.
Quelle est la taille ou puidsance des auras sur l'elfe et le chien en face ?

écrit par: Phineas Vendredi 26 Février 2021 à 22h51
Farah

Farah prenait ses aises. Elle était certaine que le hasard la laisserait tranquille et que le spectacle allait se faire devant elle, pas ailleurs. C'était sans compter sur l'humour du multivers.

Alors qu'elle observait, sa vision périphérique et ses oreilles se dressèrent. Quelque chose arrivait par la forêt. Quelque chose qui visiblement ne cherchait pas à se cacher.

La rôdeuse se redressa et eut le temps de se dissimuler dans les ombres avec la mules pour voir la créature qui approchait. A mesure, elle compris qu'il s'agissait sans aucun doute d'un bipède. D'un bipède lourd. Et grand. Pourtant, elle dû attendre pour voir, tant qua créature semblait se fondre dans la forêt. Mais, enfin, elle vit.

Elle crut d'abord à un minotaure, en vérité il semblait plus que ce soit une sorte de grand renne humanoïde. Vêtu d'une chemise de toile brune, une bandoulière à sa conséquente taille - il dépassait les deux mètres cinquante -, des braies de toile cirée verdâtres et dressé sur des sabots parfaitement adapté aux forêts, il avançait apparemment vers le village, une grande pipe dans sa gueule animale d'où s'échappait une fumée légèrement acide. En marchant il fredonnait une mélodie simpliste et s'arrêtait de temps à autre pour regarder un arbre ou une plante. Une fois, elle le vit ramasser l'une d'entre elle avec délicatesse et la ranger dans sa besace. Une fronde était suspendue à sa taille et une lance à tête de pierre accrochée à son dos.

Bien entendu, la créature ne repéra pas Farah. Mais il en était tout autre de la mule. Son museau se leva dans l'air, et il senti visiblement avant de voir l'équidé. Se rapprochant, visiblement intrigué il s'arrêta devant le porte charge qui, étonnamment, ne parut pas particulièrement terrifié.


- Wouoh ?

L'onomatopée étonnée que laissa sortir le renne géant ne mentait pas sur sa signification. L'attirail que portait la mule semblait autant l'étonner que l'animal lui même, et, dressant un doigt en l'air, tenant sa pipe de l'autre main, il émit une série de sifflements ce qui apparemment... lui permis dans une certaine mesure, de commencer à discuter avec la mule.


Abrulion

Visiblement, le luiric ne fut d'aucun secours au prêtre. Ses deux interlocuteurs ne semblaient ne rien y comprendre. Cela étant, comprenant qu'il n'était pas immédiatement une menace, ils lui laissèrent le temps de dessiner.

La tentative se révela fructueuse. L'elfe plissa les yeux et pointa le nain puis l'humain.


- Joinon, Varnas. Biwiinawo ?, il pointa ses deux compagnons déjà dans le village. Pendant cette courte interaction, Abrulion put constater qu'effectivement, le campement, à l'exception du bâtiment en bois chanté et du pourtour du foyer, semblait relativement peu sédentaire.

Quant aux auras, elles étaient passives, faible, semblable à celle qui émanait, dans une certaine mesure des armures des magiciens, mais d'une nature différente. Chez ces deux là, elle n'étaient pas particulièrement puissantes à cet instant.

Le dessin sembla particulièrement efficace en tout cas, mais l'elfe n'était pas très accueillant. Il lui fit signe de se relever, et c'est visiblement avec une méfiance relative, qu'il le conduit jusqu'aux deux autre.

écrit par: Farah Cyahn Samedi 27 Février 2021 à 16h40
La rencontre d’Abrulion se déroulait heureusement sans heurts. Elle observait le corps et les expressions faciales. A sa manière, le petit-être était parvenu à se faire comprendre. Les doutes furent totalement dissipés quand il fut cordialement invité à se joindre auprès des deux premiers expéditionnaires, vers le village. Voilà qui était rassurant.

Mais soudain, alors qu’elle s’attendait à passer les prochaines heures dans l’oisiveté, l’intervention d’un étrange visiteur l’a ramena à la réalité. Elle s’enfonça instinctivement parmi les branches, invisible pour l’œil inverti. Elle resta immobile à regarder émerger un humanoïde aux traits de cervidé. Ses yeux étriqués étaient devenus rond comme des billes. C’est dingue, se disait-elle, incapable de réprimer un sourire.

La vagabonde contempla l’étonnant visiteur un long moment. Elle surveillait son langage corporel. Il n’y avait aucun moyen de différencier un mâle d’une femelle. Le moindre frémissement pouvait trahir des intentions, mais aucun signe d’hostilité ne vint. Reconnaissant un adepte de l’Art, elle activa conjointement le même sortilège.

La chasseresse fit rapidement le vide dans son esprit et, avec l’index, elle décrivit un triangle dans l’air. Du bout des lèvres, elle prononça le mot habituel :


- Axii.

Elle se releva en douceur et marcha jusqu’à la mule où elle trouva les sacoches, toujours dessus, intactes. Satisfaite, elle l’observa à nouveau, tentant de discerner les yeux, un semblant d’expression dans tout cet étonnant assemblage de bois et de fourrure. Elle jaugea brièvement de sa puissance. Pour Farah, cela ne changeait rien que quelqu’un soit Humain, Elfe ou animal. Tout le monde lui était égal. Qu’est ce qui distinguait les forts des faibles ? Les prédateurs des proies ? La peur. Les prédateurs la ressentaient et son absence les éloignait.

La chasseresse eut un geste amical sur l’encolure de la monture.

« Dis-lui qu’tes une mule, et que je suis humaine. Que mon nom est Farah, et demande lui le sien. »

écrit par: Phineas Samedi 27 Février 2021 à 17h34
Farah

Apparemment étonnée d'être au centre d'une telle opération, qui dépassait largement ses capacités intellectuelles, la mule sembla tout de même s'efforcer d'accomplir ce qu'on lui demandait. Elle comprenait le principe du nom, grâce à Varnas, et semblait apprécier la rôdeuse.

Farah senti immédiatement que malgré la puissance physique de la créature, l'animal de bât ne ressentait pas de peur.

Si la discussion directe était pour le moment impossible, la tentative sembla bien partie. Le grand renne écouta les brennissements de l'animal et replaça sa pipe dans sa bouche, signe que toute méfiance disparaissait. On ne faisait pas ça lorsqu'on voyait un potentiel combat à venir. Par hasard, il tenta tout de même de parler à Farah directement :


- Thozihé ée ma cheo ya pee ya io. Tan ya yaho Farah yae !, la hauteur de la voix indiqua en tout cas qu'il s'agissait certainement d'un mâle. Le ton indiquait probablement une salutation, et son nom qu'elle avait entendu dans celle-ci qu'il avait compris son nom. Les choses commençaient définitivement bien. Voyant que son langage n'était pas compris, il passa également par le quadrupède interprète.

La mule revint vers Farah et lui dit qu'il s’appelait Thozihé, et que puisqu'elle ne semblait pas menaçante, lui souhaitait la bienvenue. La rôdeuse compris, malgré les messages incomplets de l'équidé, que son attirail la désignait de toute évidence comme une étrangère pour lui. Apparemment, Thozihé était fasciné de découvrir la mule qui malgré tout lui était plus étranger que l'humaine.

écrit par: Farah Cyahn Samedi 27 Février 2021 à 18h46
Elle regardait fixement son imposant interlocuteur. Elle s’interrogeait tout en écoutant les informations transmises par la mule, par des séries de vocalises, de mouvements de tête et de changement de positions des oreilles. Sous cette longue fourrure embrouillée, derrière ces yeux curieux, quelle sorte d’individu se cachait ? La chasseresse n’était pas inquiète, peut-être légèrement frustrée, car la situation se révélait complexe. Finalement, elle était confrontée aux mêmes barrières linguistiques que ces trois coéquipiers. Mais Farah était joueuse :

- Enchantée, Trozihé, lui répondit-elle à voix douce.

Elle connaissait la langue brute de Damara, empruntée au Dethek runique des Nains. Elle connaissait les accents charmant du Chondathien de l’Ouest, très proche de la langue commune. Et le Daraktan archaïque des Orques. Rien de pertinent à offrir en supplément outre une éventuelle formule de politesse. À tous hasard, elle opta pour une expression Elfique dans une langue de marchand :


Une étoile brille sur le jour de notre rencontre, l’ami.

Le temps que le grand cervidé tente de décrypter ce qu’elle venait de dire, prompte à réagir, elle revint rapidement à la stratégie initiale. Elle avait une grande quantité de questions et pas l’éternité pour toutes les formuler. Elle reprit aussitôt vers la mule :

« Dis-lui que l’on vagabonde, que je suis une femme sans terre mais l’ami de tous ceux qui sont dans le besoin. Dis-lui que tu es hybride. Ton père est un âne, ta mère un cheval… Enfin, dis-lui ce que tu veux sur toi. L’essentiel, c’est qu’il n’a pas l’air d’avoir envie de te manger, celui-là. »

La chasseresse attendit que l’animal achève une série de mimique, de mouvements de la tête et de changement de position des oreilles puis ajouta quelques interrogations :

« Dis-lui que nos amis sont partis dans le village d’elfes à côté. Demande-lui ce qu’il sait d’eux. Aussi, demande lui ce qu’il fait ici, si ses belles fleurs sont pour lui et s’il a beaucoup de semblables, un troupeau/ famille. Et demande lui où a-t-il rencontré des humains, comme moi. Il n’a pas l’air plus surpris que cela. »

écrit par: Phineas Samedi 27 Février 2021 à 19h13
Farah

Visiblement intelligent, Thozihé compris qu'ils auraient du mal à se trouver un îdiome commun, et commença donc à tenter de corriger les bases que tentait de maîtriser Farah :

- THO, dit il en se pointant. Le phonème était étrange, il sonnait plutôt comme un D, toujours une dentale. Mais il fallait l'aspirer dans le même mouvement de langue. Une prononciation plus que difficile. zihé.

La chose sembla l'amuser, et il écouta le retour de la mule qui, pragmatique, acceptait sa mission. Chose étonnante, Thozihé ne compris toujours pas. Farah apprendrait ensuite que ni l'âne, ni le cheval, ne lui évoquait quoique ce soit. Mais il dirait qu'elle ressemblait à un jeune xalibo, sans bois, précisant du même coup qu'il était lui même un xalib (elle le compris lorsqu'il posa la main sur lui même et redit le mot, avant de pointer la mule pour indiquer l'animal auquel elle lui faisait penser).

Il eut un temps avant de comprendre la description que la mule utilisa pour parler des elfes. Un éclair de compréhension brilla dans ses yeux, et il expliqua à la mule qu'il s'agissait probablement d'une équipe de chasseurs "senotcha". Et que lui même venait voir un "petit homme tortue", Misagaasaa.

Visiblement, il ne comprenait pas comment, de toute façon, une femme pouvait "avoir" une terre, à moins de pouvoir la tenir dans sa main (ce qui sembla le faire rire). Pour les fleurs, il se contenta de sortir la dernière qu'il avait cueilli, puis de pointer ses propres yeux et de hocher la tête avec son gigantesque sourire et un bruit de gorge enjoué. Enfin, il indiqua qu'il y avait beaucoup de
wicasa, les humains, dit il en pointant Farah, ici, moins que de nakasa cela dit, les elfes compris la rôdeuse lorsqu'il montra ses oreilles et indiqua une pointe inexistante.

écrit par: La Goualeuse Samedi 27 Février 2021 à 21h13
Avait-elle surréagi ? Tous les savants répondaient à l'appel et, à y regarder de plus près, semblaient tout à fait en mesure de se défendre. Battre le rappel n'avait de toute manière pas mis fin aux investigations scientifiques des uns et des autres, qui avaient tout simplement déporté leur curiosité vers la nature côtière.

Si la jeune femme avait été surprise d'être obéie sans la moindre résistance ou discussion, elle n'en avait rien montré. Syna paraissait d'une nature assez malléable et Thyrine, à ce qu'elle pouvait en juger jusqu'alors, se satisferait de la situation aussi longtemps qu'on lui permettrait de cartographier le territoire à sa guise. Sur le chemin du retour, elle s'était enquis auprès des expéditionnaires de la découverte éventuelle d'autres traces du peuple autochtone qui avait érigé les colonnes animalières, qu'il s'agisse d'objets abandonnés ou de signes plus fugaces, tels des traces de pas.

Elle était plongée dans l'étude de la carte dressée par sa compagnonne elfique lorsque Tr'ar, l'imposante demi-orc à la tête d'un des navires, vint aux renseignements. Si son ascendance grossière l'avait mise mal à l'aise les premières semaines, lors de leur entraînement à Eauprofonde, elle s'était désormais parfaitement accoutumée à côtoyer la sang-mêlé.


- Une bouteille de vin d'Alurliath, mais vide, malheureusement... répondit-elle avec malice en retirant de sa besace sa trouvaille pour la lui présenter aussitôt, étiquette en évidence. Un baldurien de Port Flamme était sur cette île il y a quelques semaines à peine, comme en témoignait l'état de la nourriture qu'il a laissée derrière lui. Il semble avoir fui quelque chose précipitamment, car il a abandonné ses affaires.

Elle s'interrompit un instant, laissant à son interlocutrice le temps de déchiffrer les inscriptions délavées, puis reprit une fois qu'elle avait à nouveau toute son attention.

- Le Heaume et la Cape, ça vous dit quelque chose ?

écrit par: Abrulion Bascollier Dimanche 28 Février 2021 à 01h02
Le hin ne demanda pas son reste. Il avait passé le garde, et même s'il n'était pas sûr qu'il ait compris quelque chose, il n'y avait aucune raison de s'attarder avec un subalterne à l'intellect limité, pensa-t-il - les elfes sauvages de Faerun n'étaient, en plus, pas connus pour leur éducation. Au moins avait-il prononcé les noms correctement, ce n'était pas donné d'avance.

-

Lui répondit-il simplement avec un sourire, avant de se lever, ramasser ses affaires, et de rejoindre les deux compagnons.

-

Tenta-t-il toujours sans espoir d'être compris, comptant malgré tout sur l'intonnation pour faire bon effet sur le sage de la tribu. Le hin pensa immédiatement au shamanisme, finalement peu répandu en Faerun sauf dans ses contrées les plus sauvages.

Un sage dans chaque tribu, relais spirituel de l'un des esprits de la nature que la tribu vénérait. Voilà ce que Abrulion croyait à présent être le système de croyance de cette portion se territoire.
Ce nain serait être donc un disciple de la tortue, comme lui-même était celui de Brandobaris.

Il montra alors son symbole divin, bois de pallissandre aux tons bordeaux, frappé de la trace de pas de son dieu si révélatrice du vagabondage.

Il avait vu Joinon faire les présentation de loin, alors il se plia au rituel et toucha sa poitrine en prononçant son nom.

Le hin donna l'outre vide à Varnas et tendit son oeuvre à Joinon, en ajoutant un subtil :


- Tu sais sans doute dessiner les nains mieux que moi.

La plule, l'encrier et les autres feuilles étaient posées en vrac au sol. Il ne voulait interrompre le lien qui se formait entre les trois, aussi s'assit-il sans en rajouter, souriant.

écrit par: Joinon Dimanche 07 Mars 2021 à 16h01
Le barde n'avait pas été enchanté par l'arrivée impromptue d'Abrulion. Son intervention n'avait pas été planifiée par les aventuriers.
¤ Une chance que ce peuple soit plus accueillant encore que je l'ai espéré. ¤ se dit Joinon en songeant que l'ingérence du halfelin aurait pu couper court aux discussions.

Il posa une main sur l'épaule du prêtre pour faire comprendre qu'il s'agissait là d'un ami.

- Merci, prononça-t-il poliment en se saisissant d'une page vierge. Il trempa délicatement la plume dans l'encrier et vint la faire glisser sur la feuille, laissant apparaître les contours de la côte telle qu'il la connaissait.

Se gardant de représenter des vagues stylisées de peur qu'une telle représentation soit blasphématoire, il posa sa main sur la partie "terre" de son dessin et tapota ensuite le sol sous ses pieds, puis fit de même pour la partie "mer" en l'accompagnant cette fois d'un geste ample en direction de l'est.

- Ne gardons de secret que le strict nécessaire, expliqua le nain à ses compagnons en dessinant une tente à l'endroit approximatif de leur débarquement.
Il indiqua à l'aide de pointillés la route empruntée jusqu'au village (où il dessina un arbre) puis fit "marcher" son index et son majeur le long de cette route.

Volontairement, Joinon passa sous silence les deux points potentiellement épineux de leur périple, à savoir l'arrivée par la mer ainsi que la découverte des totems. Il espérait néanmoins que l'indication du camp des faeruniens allait être un gage de confiance tout en indiquant à leurs hôtes que d'autres étrangers foulaient leur terre.

¤ Au moins, ils ont l'air habitués à côtoyer des personnes de différentes races, c'est déjà ça...¤

écrit par: Farah Cyahn Lundi 08 Mars 2021 à 19h20
- Dozihé, répéta-t-elle.

La vagabonde afficha un sourire amusé en contemplant les gesticulations du grand cervidé. L’homme Tortue ne pouvait être que le Nain sauvage qu’elle avait aperçu au loin accueillant Varnas et Joinon. Cette information confortait son intuition. Avant son départ, elle s’était retenue de suggérer au jeune barde de se désigner, au besoin, comme un adepte chélonien. Les fils de Moradin étaient aussi des symboles de la Terre-Mère. Elle hocha la tête pour signifier sa compréhension et leva une main vers Bonaface pour s’adonner au même exercice.


« Très bien. Tu es très doué. Maintenant, demande-lui si les Wicasa sont ici, enfin au Sud, depuis longtemps ? S’ils sont nombreux et si les rapports avec eux sont bons. C’est possible que nous en connaissions certains, et je serais curieuse de les rencontrer. »

Farah ne manquait pas d’interrogation à soumettre à l’autochtone. Mais à grand regret, elle songeait qu’il fallait sans doute écourter cet entretien. Par expérience, la chasseresse savait que le sort de communication allait bientôt s’estomper.

« Enfin, demande-lui s’il veut nous accompagner vers le village, rejoindre nos amis. Peut-être qu’à plusieurs, nous trouverons un moyen de franchir la barrière du langage. »

Pour accompagner les renseignements, elle dressa son index en direction du village d’Elfes chasseurs, puis désigna Thozihé, la mule et puis elle-même. Toujours un rictus greffé aux lèvres, elle hocha la tête d’un air satisfait.

- Vers les Senotchas ?

écrit par: Phineas Lundi 08 Mars 2021 à 21h16
La Goualeuse

- Le Heaume et...

Un éclair de compréhension se fit dans les yeux de la demie.

- C'est une taverne de la Porte de Baldur. Mais c'est aussi l'un des quartiers généraux du Poing. Cette même compagnie qui à fondé Fort Flamme, dit elle, ne relevant pas la faute de prononciation de la jeune femme... les accents, donc ils sont encore en vie.

La constatation était un peu attendu. Même si ils représentaient une certaine concurrence idéologique, personne n'avait jamais souhaité que les Poings Enflammés aient péris ici même si il y avait longtemps que l'on avait pas entendu parlé d'eux sur la Côte des Épée. Pourtant, on avait pu s'enlever l'idée pendant tous le voyage et avant qu'il ne puisse rien rester de l'expédition baldurienne. La trouvaille de l'aquafondienne fournissait un indice retentissant, et une nouvelle route potentielle à suivre.

- Si tu n'as pas trouvé de cadavre c'est que le propriétaire de cette bouteille à du survivre. A moins qu'il soit entrain de moisir un peu plus loin dans la forêt. Vu l'humidité du coin, si il se retrouvait dans la vase, on ne le retrouverait jamais. Ça cogne l'Aluriath... Je ne serais pas complètement étonné qu'on se rende compte qu'il s'est fait peur tout seul. En tout, cas, je suis prêt à parier que Baelgar va désormais vouloir qu'on trouve le fort.

Tr'ar n'imaginait pas à quel point elle avait raison. Une demie-heure plus tard, après avoir ré-embarqué sur le navire, Mesalyne, Syna et Thyrine s'était retrouvé dans le bureau de Baelgar, avec l'amiral lui même. Après avoir jeté un œil sur les avancées de la carte, supporté en souriant quelques babillages savants de sa fille, elle s'intéressa à l'ancienne courtisane.

- On ne peut pas dire que ça complique les chose, mais ça les accélère certainement, commença t'il, on peut difficilement attendre le retour des autres. Tu as l'art de bien parler, Mesalyne. J'aimerais que tu ailles vers le sud, en espérant qu'on y trouve bientôt le fort. Thyrine ira avec toi et trois marins en arme. Au plus vite on en saura plus sur ce qu'ont pu faire les Poings ici, au plus vite on pourra décider de prendre nos distances, où l'inverse.

Quoique, il serait peut-être plus sur de longer la côté avec un navire, même si la démonstration de puissance pourrait jouer en notre défaveur. En règle général, le mal de mer est moindre lorsqu'on s'éloigne peu de la côte, mais c'est à toi de voir.


Farah

Visiblement, Bonaface commençait, à fatiguer de son rôle, et après un dernier message probablement un peu bâclé, elle alla brouter. Si le cervidé ne sût en mesure de répondre, du coup, il compris bien qu'il devait désormais servir d'entremetteur diplomatique. Avec un regard amusé, il acquiesça en montrant le village des mains avant de commencer à avancer.

Le xalib était rapide, a chaque enjambée, sans se presser, il parcourait moitié plus de chemin que l'humaine. S'en rendant compte, il ralentit un peu. Bientôt, ils franchirent la butte, et s'approchèrent du village. Il n'y eu cette fois ci aucune réaction d'inquiétude ou d'agressivité. Arrivé à portée de voix (c'est à dire assez loin pour une créature de cette taille), il lança un bonjour enjoué à toute la petite tribu en levant la main. Rapidement, les deux enfants et les chiens, définitivement pas avares d'énergies, se précipitèrent vers Thozihé, visiblement sans crainte aucune. Pendant que l'un des massifs chien leur courait autour (probablement le plus jeune), un autre reniflait Farah avec curiosité. Il dit certainement aux enfants que Farah ne présentait aucun danger puisqu'ils repartirent vite vers le village pour prévenir des invités.

C'est certainement la rôdeuse qui obtint, grâce à son immense compagnon, le meilleur accueil.



Farah, Joinon, Varnas et Abrulion

Décidément, cette troupe avait de la peine à rester en place. Heureusement, pour cette fois, les choses semblait aller dans leur sens. Après l'arrivée d'Abrulion, et avant même que Misagaasaa n'eut le temps d'émettre un commentaire, c'est Farah qui débarqua. Et en sacré compagnie ! Une immense créature humanoïde de plus de deux mètres cinquante, arborant une tête et des bois de cerfs, en vêtements simples et portant une besace chargée. Le nain à la tortue sauta sur ses pieds en ouvrant les bras et s'adressa à l'homme-cerf :

- Oh ! Boozhoo Thozihé ! Aaniosh naa ezhiyaayin ?

- Nminoyoa gwa iijikiwenh Misa !

Le nain avança vers celui que Farah confirma à ses compagnons comme étant Thozihé, et lui pris les mains. Ils discutèrent pendant quelques secondes, suffisamment pour que Farah se rende compte qu'ils ne parlaient pas la langue qu'elle avait entendu plus tôt chez son boisé nouvel ami. Les quatre compagnons se retrouvaient réunis bien plus vite qu'ils ne l'auraient cru autour du foyer creusé dans le sol. D'ailleurs, Bonaface avait suivi et s'approchait de Varnas. Et c'était apparemment ce qui étonnait le plus toute cette petite communauté qui ne semblait jamais avoir vu un tel quadrupède. Ce n'est que grâce à l'intervention de Thozihé et Misagaasaa que la mule put rejoindre son maître sans a avoir a affronter une nuée d'enfants curieux. Les quatre purent sans doute profiter de l'instant pour établir un semblant de stratégie, mais c'est très rapidement que leurs hôtes vinrent les rejoindre. Le grand cervidé du se saisir d'une pierre, ses jambes n'étant visiblement pas faites pour s'asseoir facilement à même le sol.

Ils regardèrent le dessin de Joinon, et probablement avec quelques détails que Thozihé avait appris de Farah, ils purent apparemment construire un semblant de compréhension. Se rendant compte que le dessin était assez efficace, ils sortirent un objet parfaitement adapté, qui était plus probablement un jouet en temps normal : un bac de bois, assez bas, rempli de sable fin. Avec un petit bâton, le nain commença à dessiner.

D'abord, ce qui semblait être un nain, comme lui. Il redit plusieurs fois le mot correspondant : miishinaabe, et Thozihé rajouta que dans sa langue, l'on disait phukasa. Il dessina ensuite un elfe, nitashinaabe ou nakasa, un humain anishinaabe ou wicasa. Enfin, il pointa l'halfelin et dit manishinaabe ou nagikasa. Ils ne purent manquer de remarquer qu'Abrulion évoquait visiblement des sentiments ambivalents, entre la méfiance et l'étonnement, chez leurs hôtes. Néanmoins, voyant qu'il n'était pas de leurs terres, ils semblaient finalement le mettre au même niveau que ses compagnons. Il termina en indiquant que la race de Thozihé se nommait xalib, et ce dans les deux langues.

Il redessina ensuite l'arbre pour signifier leur position, et sembla tracer une côte. Pour la première fois, ils découvrirent... que les autochtones n'utilisait probablement pas d'alphabet. Ils comprirent à peu prêt néanmoins que les elfes présents ce jour là faisait parti d'une "tribu" ou d'un "peuple" ou d'un "clan" ou d'un "royame", qui se trouvait un peu dans le nord, les Senotchas. La zone qu'ils occupaient semblait frontalière avec celle qu'occupait le peuple des xalibs, les Ctaliza. Apparemment un fleuve faisait office de frontière. Il n'y avait néanmoins pas clairement de scission géographique nette dans le dessin. Quand au nain, qui ne semblait pas appartenir à un peuple particulier, ils comprirent qu'il était un "babaomiwizh", ce qui, grâce à un échange de geste avec son symbole de tortue, celui de Joinon et d'Abrulion, devait plus ou moins correspondre à un prêtre. Ils ne comprirent pas tout à fait quel était le rôle de Thozihé.

écrit par: Farah Cyahn Mardi 09 Mars 2021 à 03h37
Elle se rapprocha avec une attitude fière et désinvolte mêlée d’une grâce encore enfantine. Elle toussota pour s’éclaircir la gorge, haussa les épaules en mimant un air faussement surpris. Elle échangea un regard avec chacun d’entre ses coéquipiers. Ces derniers furent probablement plus intrigués par l’homme cervidé à ses côtés. La chasseresse profita des échanges entre Thozihé et le Nain pour apporter discrètement quelques informations. À voix basse, elle adressa quelques mots à ses compagnons.

- J’étais prête à faire la sieste mais celui-ci a débusqué la mule. Plus que sympathique au demeurant. Il utilise la même magie que moi et nous avons pu échanger grâce à la mule de Varnas. (elle fit dériver son regard pour observer les éléments qui composaient les lieux, un comptoir, un lieu de rencontre). Après votre accueil et l’initiative d’Ab, je n’avais plus de raison de rester isoler.

Elle eut un regard vers Joinon, dont l’autorité semblait contestée. Puis poursuivit rapidement tout en s’installant autour du foyer :

- D’après ce que j’ai compris, nous ne sommes pas les premiers humains qu’ils rencontrent.. Aussi, Abrulion et moi avons aperçus deux navires longer, en ce moment même, la côte vers le Sud. C’est possible qu’il s’agisse des retardataires, qu’ils soient parvenus à rejoindre le continent…

Affichant une moue circonspect, elle décrivit un ample geste dans l’air pour leur signifier qu’ils pouvaient se reconcentrer sur la conversation. Un œil curieux porté sur le bac de sable fin, elle pointa son index sur le bord Sud-Ouest et demanda naïvement :

- Wicasa ?

écrit par: Abrulion Bascollier Samedi 13 Mars 2021 à 11h39
Le hin ne pipait mot, il écoutait et répétait silencieusement et soigneusement les nouveaux mots appris. Il prit un parchemin et écrit comme il put quelques notions des deux langages présentés.
Avaient-il un commun, comme en Faerun ?
Il n'avait pas encore déterminé quelle langue serait celle de la diplomatie - et donc celle qu'il noterait avec plus d'application sans doute -. Même si, pour des questions de diplomatie, il était préférable de parler plusieurs langues pour épouser les subtilités et ménager les susceptibilité de chaque peuple, ils étaient encore très loin de n'en comprendre ne serait-ce qu'une seule.

Quand viendrait le moment de leur demander où construire leur camp, il vaudrait sans doute mieux se faire comprendre pour leur expliquer les tenants et aboutissants d'un tel village sédentaire, sans doute muni de palissades et autres aspects de civilisation qui seraient vues comme des aberrations.

Une idée lui traversa alors l'esprit. Pouvaient-ils construire leur observatoire selon les coutumes locales ?

Il repoussa à plus tard ce genre de commentaires. Toute la difficulté était pour l'instant de se comprendre pour éviter toute insulte, et apprendre un nouveau langage.

Tandis que le nain et le cerf se saluaient encore, il ajouta à la suite de Farah :


- Brandobaris m'a donné le pouvoir de compréhension des langages, mais il faut que je touche la cible que je souhaite comprendre... si vous voyez ce que je veux dire : il va falloir leur faire accepter l’idée d’être la cible de magie lancée par un inconnu. Par chance, j'ai la possibilité d'user deux fois de ce pouvoir aujourd'hui. Je pourrais d'abord le lancer sur l'un de vous, comme preuve d'absence de danger, puis sur l'un d'eux. Une autre suggestion ?

Un détail dérangeait le hin. Même s'ils apprenaient un peu de vocabulaire, il ignoraient toujours la base la plus basique : comment dire oui ou non, si tant est que leur langue et culture leur permettait. S'il lançait une compréhension des langages, ce serait sans doute les seuls mots qu'ils pourrait dire pour se faire comprendre.

Quand l'occasion se présenterait et que les nains lui laisseraient la parole, il interromperait la séance de dessin d'un "oooh" et pointerait les interlocuteurs tour à tour en énumérant les races de chacun, suivi d'un oui ou non appuyé au point d’être ridicule, le tout en faisant les signes de la tête.


- Joinon est miishinaabe, OUIII. Abrulion est manishinaabe, OUIII. Thozihé est xalib, OUIII, Misagaasaa est miishinaabe, OUIII... Joinon ne est pas manishinaabe, NOOON. Abrulion ne est pas xalib, NOOON. Thozihé ne est pas manishinaabe, NOOON. Misagaasaa ne est pas xalib, NOOON.

- Oui... Non...

- Joinon parle Il rapprocha sa main gauche des lèvres du nain et la fit virevolter jusqu’à son oreille. "Abrulion comprend, oui. Abrulion parle." Il toucha ses lèvres et à l'inverse fit virevolter sa main vers l'oreille de Joinon. "Joinon comprend, oui."

Il répéterait le même scénario en forme négative avec Misagaasaa et lui-même.

écrit par: Varnas Dimanche 14 Mars 2021 à 22h54
Le nain —le leur— était entreprenant, et voulu de suite prendre la direction des opérations. Enfin c'est que Varnas sentit quand il décida de les présenter. De sa propre expérience, les noms étaient des choses bien superflues, et rien ne valait un surnom simple plus facile à retenir. Il aurait sans doute mieux valu insister sur leur unité en tant que groupe de nouveaux venus, que de se distinguer tous. Les indigènes eux-mêmes formaient un groupe hétéroclite… Quand les autres sourirent, Varnas fit de même:

– Bon ben ce sont pas des félins… C'est déjà ça.

Varnas répéta la même gestuelle positive, avec un sourire qui, pour une fois, ne semblait pas narquois. Il appuya son attitude d'une onomatopée toute simple —facile à produire en souriant— et redésigna toutes les personnes présentes.

– Sim-pa. Sym-pa.

La tentative plus complexe de communication qu'il aurait voulu mettre en place fut malheureusement interrompue par l'arrivée du Serpent.

¤ Débarquer comme ça avant qu'on ait pu préparer les autres… Par les miches de Beshaba, pourquoi je me tape le pire groupe d'individualistes impulsifs de tout faerûn ? ¤

Le muscle de sa mâchoire tressaillit bien malgré lui, mais il n'eut même pas le temps d'apaiser la situation, que Farah arriva à son tour. Joinon et le hin, eux, s'étaient lancés dans une concours d'art graphique pour expliquer à qui mieux mieux.

– Faites gaffe, si jamais ça ressemble trop à un de leurs totems ou divinités, ils pourraient nous lyncher. Y en a qui sont pointilleux là-dessus…

Que Farah se soit déjà trouvé un copain forçait son admiration. Elle était remarquablement à l'aise, au côté de cette énorme venaison ambulante… Et manifestement, tout le monde se connaissait déjà. Varnas mémorisa la manière dont le xalib avait salué la tribu en levant la main. Il haussa les épaules, prêt à laisser les exaltés prendre les rênes de la conversation, mais son inquiétude refit surface quand le halfelin commença à parler aux autochtones comme à des débiles profonds. Il fit quelques pas —autant pour s'occuper de sa mule que se distancer du personnage—, mais partagea une idée, juste pour tenter de changer la trajectoire empruntée par le petit prêtre:

– Est-ce que les totems qu'on a vus ne représenteraient pas les différentes races qui vivent ici ?

Puisant dans les fontes de la mule pour en sortir une poignée de nourriture, il en offrit au brave équidé. Elle raffolait d'avoine, et lui-même ne rechignait pas à en mastiquer. Cela calait bien l'estomac, et on ne pouvait pas dire de conneries la bouche pleine… Cela attirerait peut-être quelques indigènes: les animaux étaient un catalyseur social, c'était bien connu.

écrit par: Joinon Dimanche 21 Mars 2021 à 20h54
Le point soulevé par Varnas était, étonnamment, plutôt pertinent et particulièrement subtil. Mais probablement erroné...
- Je ne crois pas que les totems représentent les races, bien que celles-ci y soient probablement associées d'une façon ou d'une autre. Le nain secoua la tête de gauche à droite pour montrer son désaccord.
Selon Farah, la baleine aurait parlé DU Grand Aigle, non des grands aigles ou du peuple de l'aigle. Je maintiens qu'il doit s'agir d'entités mystiques, plus ou moins tangibles.

Joinon avait laissé Abrulion mener la discussion, confirmant par gestes ce que le hin disait ou représentait. Il aurait voulu accélérer la conversation, bien sûr, et en venir aux points fondamentaux de leur présence en Anchorome, mais la barrière de la langue était un obstacle qui lui paraissait insurmontable à court terme. Lui qui maîtrisait huit formes de langage et avait des notions dans une dizaine d'autres était toujours parvenu à se faire comprendre avec facilité. L'absence de la moindre base commune avec les langues faeruniennes l'avait déstabilisé.

Il ne se sentait néanmoins par prêt à expérimenter l'idée d'Abrulion.

- Je ne sais pas trop pour ce qui est de ce sortilège. Tu as toi-même déclaré que la magie était légèrement instable ici, et je l'ai ressenti également. J'ai eu la malchance de voir les résultats d'une des étranges zones de magie sauvage que l'on peut croiser par chez nous, et je ne voudrais pas trop que ton incantation nous soit néfaste.
Le barde mima une petite explosion avec ses épaisses mains en accompagnant son geste d'un petit broum! émis derrière sa barbe.
- Bien que je ne doute pas un seul instant de ta maîtrise dans ton domaine, vois-tu?

écrit par: Phineas Lundi 22 Mars 2021 à 21h56
Les Maladroits Plénipotentiaires

Le nain sourit et adressa un signe de tête à Farah.

- Eya ! Wicasa, anishinaabe nexalan.

Les quatre aventuriers reconnurent immédiatement le mot : les nexalans, la façon dont les maztèques s’appelaient eux-mêmes. Misagaasaa n'essaya pas d'en dire plus, le sujet n'avait pas l'air de vraiment l'intéresser. Aussi loin de la frontière, probablement lui, comme les senotchas, n'avaient ils pas de lien particulier avec les habitants de Maztica.

Mais la question permis au nain d'enchaîner, et pointant l'extrême nord-est, dit :


- Anishinaabe indoudem, Mamic. Ma-mii-c., dit il en tapotant le point sur sa carte rudimentaire.

Il se tourna vers Thozihé qui hocha la tête, ils discutèrent quelques instants avant que le nain ne revienne à la carte et, indiquant quelque part au sud-est, probablement après l'amarrage de leurs navires, continua :


- Ani ga nitashinaabe indoudem, Séols. Sé-ols, termina t'il. Les deux phrases avaient été articulées et très certainement simplifiées au maximum en espérant être compris au mieux.

La prestation d'Abrulion fit rire l'entourage et sourire leurs deux interlocuteurs principaux. Néanmoins, elle fût efficace, et le prêtre autochtone comme l'homme-cerf hocha la tête à chaque fois pour confirmer que l'halfelin avait bien compris. Thozihé, visiblement versé dans les langues, posa sa grande main sur sa bouche et tenta d'articuler le commun faerunien dont certains phonèmes semblait lui être étranger.


- Parle ?, il hocha la tête, avant de la tourner vers son ami barbu, gaganoozh, il se pointa ensuite, parle, xalib, woyag., il hocha la tête et Misagaasaa continua :

- Eya, il hocha la tête, ce qu'il avaient compris comme étant le signe de l'assentiment, ui ? Gaa, non ?

Thozihé ajouta :

- Han, hiya. Oui, il prononçait mieux le phonème que son camarade, non.

Les choses commençaient à passer et Varnas, écoutant d'une oreille distraite, compris même que indoudem voulait probablement dire tribu, ou clan. La signification de sympa ne semblait pas être tout à fait saisi par contre. Contre toutes attentes, néanmoins, c'est dans la proposition du grincheux rôdeur que se trouva probablement le premier indice historique et linguistique réel. L'un des elfes qui les observaient se tourna vers lui au moment où il dit le mot totem. Avant de se tourner vers le nain-tortue :

- Totem ? Toteïm ?

- Oh ?, dit le nain avant de se lever et d'approcher du bâtiment en bois chanté. Il pointa l'aigle et la tortue qui l'entourait. Totem ?, il pointa la tortue, puis son propre pendentif. Mis, dit il en mimant une petite chose qui se trouverait au sol. Puis il insista pour faire comprendre qu'il usait du mot des faéruniens, "Totem" Miskwaadesi, il fit un grand geste pour figurer une grande chose dans les airs. Il passa ensuite à l'aigle, binesi, il mima créature volante de taille normale, puis continua : "Totem" Gichiginiwe, il mima une grande créature volante tout en pointant le ciel loin au nord. Ils remarquèrent que, autant pour Miskwaadesi et Gichiginiwe, il y avait une évidente révérence respectueuse.

- "Totem", toteïm, dit Thozihé en pointant l'elfe qui avait parlé, puis se montrant lui même. Chonoyuzé, rajouta il en se montrant lui même. Il marqua une pause et ajouta :Mamiic, totym.

De toute évidence, les deux autochtones, comme l'elfe, étaient étonnés d'entendre dans la bouche des étrangers un terme aussi proche de celui des senotchas et des mamiics. Jusqu'à ce que le nain semble se rappeler quelque chose. Son attitude devint soudain méfiante, quoique pas agressive :

- Giin bemaadizid Balduran ?, dit le nain en les regardant. Le nom de l'explorateur, étonnamment bien prononcé éveilla immédiatement l'inquiétude et la méfiance des elfes qui se tendirent. Les enfants s'écartèrent de la mule de Varnas.

Devant la tension montante, Thozihé, qui comprenait visiblement ce qui se passait, et sans se départir tout à fait d'une certaine méfiance, fit un geste qu'ils comprirent comme étant de paix - les mains vers la terre, paumes vers le ciel -, avant de prendre la parole.


- Makwa dash Ctalizu idanio Balduran maji'babamiwidoon jii'Wiinaange Alakar.

Bien sûr, ils ne comprirent pas grand chose, mais ils constatèrent que le nain se rangeait immédiatement à son camarade boisé. En fait, Misagaasaa renchérit et sa méfiance s'adoucit. Pas celle des elfes néanmoins qui semblaient visiblement garder un très mauvais souvenir du célèbre explorateur, quand bien même son dernier voyage en Anchorome datait de plusieurs siècles.

Tout cela se produit pendant qu'Abrulion et Joinon échangeaient rapidement, et le mime explosif du nain passa inaperçu.

écrit par: Farah Cyahn Mardi 23 Mars 2021 à 00h39
Le premier contact et les premiers échanges. Cela se faisait de façon assez maladroite. La mention de l’explorateur Balduran révéla une tension froide comme un tabou tenace parmi les membres du Beau Peuple. Souvent, les intérêts se relevaient sur le champ du silence. Alors elle écouta attentivement Joinon répondre à Varnas et Abrulion, puis les échanges incompréhensibles de Thozihé et Misagaasaa. Elle discerna que l’auditoire d’Elfes s’était relativement accru.

La chasseresse resta assise, les jambes croisées, les épaules relâchées avec un demi-sourire greffé aux coins des lèvres. Farah regardait les échanges s’établir et chacun semblait tenter de se décrypter, même ceux qui usaient pourtant d’un langage identique. Silencieuse, elle étudia le rôle des différents acteurs, en fonction des genres, de l’âge, de la carrure, les motivations des enfants et la relation qu’entretenaient les elfes avec les animaux. Chacun avait un rôle vital dans un mode de vie nomade (ou sédentaire) : la chasse, la pêche et l’agriculture attribuaient des responsabilités. Elle analysait les moyens non-verbaux dans leurs relations, en quête de curiosités et de singularités, devenant à son tour une curiosité éphémère et futilement muette.

Traditionnellement, les peuplades nomades se déplaçaient au fil des saisons à la rencontre du gibier, s’installant sur des lieux de cueillette ou de pêche profitable. Avec un peu de chance, ils profitaient actuellement du surplus de saison, offrant de grands festins au lieu d’accumuler des réserves de nourriture. La période estivale était partout synonyme d’abondance. A cette pensée, la chasseresse scruta les récentes prises et les différentes installations. De quel métal était fait leurs outils et quelles matières servaient d’ornements décoratifs ? Ce que ses capacités linguistiques ne pouvaient lui offrir, elle le découvrirait par ses propres yeux.

écrit par: La Goualeuse Mardi 23 Mars 2021 à 21h54
Depuis longtemps experte dans l'art de la dissimulation, la belle cacha derrière un sourire pensif sa perplexité. Diviser leurs forces et agir dans la précipitation ne lui semblait pas une bonne idée, mais Baelgar n'était pas le genre d'homme à qui on pouvait tenir tête.

- Il ne vaut mieux pas avancer à découvert, répondit-elle spontanément. Nous serons plus discrets sur la terre ferme et Thyrine sera plus à son aise pour cartographier le terrain.

Si elle ignorait tout de l'elfe, elle ne doutait pas qu'elle soit en mesure de se défendre. Pour autant, il lui fallait veiller à ce que leur petite escouade soit aussi affûtée qu'un rasoir... Qui savait ce que ces terres sauvages leur réservaient ?

- Permettez, Amiral, que je choisisse les hommes. Nous avons besoin d'un bon pisteur et, si ce n'est pas là priver la flotte d'un talent trop précieux, d'un guérisseur.

La belle n'avait plus rien de la jeune et innocente aquafondienne qu'une compagnie lunargentaise avait arrachée à sa sombre destinée quelques années plus tôt. Des épreuves plus terribles les unes que les autres avaient douloureusement instillé les leçons de l'expérience dans sa jeune âme, précocement retrempée à l'autel de l'aventure.

- La forêt est dense et profonde, elle se prête davantage au combat rapproché qu'à un autre. Gardez les archers aux navires, notre bras armé devra manier des armes peu encombrantes, être rapide et agile.

Puissante mais agile, proche de la nature, Farah aurait été la parfaite alliée pour cette mission de reconnaissance...

- Il nous faudrait enfin un moyen de signaler notre position de très loin, au cas où il arrive quelque chose. Un feu d'artifice, peut-être ?

écrit par: Phineas Mardi 23 Mars 2021 à 23h41
La Goualeuse

L'amiral sembla ne pas se rendre compte de ses doutes, ce qui prouvait les capacités de la future plénipotentiaire en matière de diplomatie. Dans une certaine mesure du moins.

Peut-être cependant devrait elle se permettre d'émettre des doutes, après tous, ils avaient été engagés pour leur capacité à créer l'inattendu.

Voyant les capacités tactiques de la jeune femme et en étant visiblement heureux, il commença pas interrompre Syna qui semblait vouloir parler :


- Non, tu restes ici. J'ai besoin de toi au laboratoire. D'ailleurs, tu peux filer, le ton n'était pas particulièrement dur, mais l'autorité était là. La jeune gnome ne semblait visiblement pas heureuse d'être écartée, mais elle n'osa s'élever contre l'amirauté paternelle immédiatement. Après qu'elle soit sorti, il continua : Je ne vais pas vous mentir, je crains un peu pour sa santé. Son impétuosité pourrait jouer des tours dans ce genre d'entreprise.

Il fit le tour du bureau pour supprimer le meuble qui mettait de la distance entre eux, et les invita à s'asseoir dans les fauteuils :

- Pour commencer par la fin : oui, bien sûr, je peux te donner une ou deux fusées éclairante. Quoique si vous êtes loin, il faudra attendre la nuit pour qu'elle soit visible... et cela risque d'être très visible. Pas que pour nous.

Je vous donnerais bien Thezar ou Lorine, mais je crains qu'un prêtre ne soit pas ce qui se fasse de mieux ici, Abrulion et Joinon ont sous entendu que, effectivement, la magie pourrait être erratique. Taemon va venir avec vous, c'est le disciple de notre chirurgien, et contrairement à Kezan, il n'est pas assez vieux pour se fatiguer vite, il sourit, ayant visiblement une amitié réelle pour son médecin de bord que Mesalyne connaissait suffisament bien pour estimer ses compétences. Il se tapota la barbe de deux doigts avant de continuer : Thyrine, tu es encore capable de suivre une piste ou t'as trop d'encre sur les doigts ?

La cartographe haussa un sourcil et posa un œil peut courtois sur l'amiral.

- Je pourrais encore te retrouver dans une taverne calishite, même avec une plume dans l'oeil et trois verre d'arak dans la tronche, quart-portion.

Un silence tomba un instant... avant que les deux n'éclatent d'un rire communicatif, déraillant sur un fou rire qui ne s'arrêta que lorsque le gnome dû se tenir le ventre pour retrouver son souffle.

- Puf... Uhuhuh..., il repris une goulée d'air, bon, je pense que Thyrine est confiante dans ses capacités de pistage. Notre folle jeunesse me prouve qu'elle peut, dit elle en clignant d'un œil. Et pour l'escorte, Fip va nous envoyer Marcon et Azima. Ces deux là devraient être capable de vous défendre contre à peu prêt n'importe quoi.

Il sauta sur ses pieds et donna quelques ordres à un mousse avant de revenir. Pendant une vingtaine de minutes, ils échangèrent des banalités et d'autres discussions plus sérieuses, jusqu'à ce qu'on frappe à la porte. Entrèrent trois hommes.

Teamon, que l'aquafondienne avait déjà vu, était un grand homme fin mais dynamique, aussi thétyrien que son maître, qui faisait son possible pour dissimulée une évidente origine aristocratique en abusant un peu sur la vulgarité. L'ascendance était cependant voyante dans sa manière policé d'aplanir ses cheveux et l'application qu'il mettait à garder ses habits propres même dans les situations absurdes. La jeune femme, qui avait passée des semaines en compagnie d'une autre noble, se doutait que la réalité de l'aventure finirait par le transformer définitivement en un savant pragmatique.

Quant à Marcon et Azima, ils s'agissait visiblement de deux frères : autant l'architecture de leurs mâchoires que le gris-bleu acier de leurs yeux le montrait, quoiqu'ils n'étaient pas jumeaux. Ils arboraient une peau noire et les cheveux crépus qu'elle avait rarement vu, même si elles savaient que les humains avaient la peau qui variait du blanc neige au noire obsidienne de part le monde. Grands, leurs muscles puissants indiquaient qu'ils s'agissaient de leur principal outil de travail, et leurs formes que c'était ceux de guerriers. Bien qu'ils n'arboraient pour le moment rien d'autre qu'une dague courbée chacun, l'ancienne courtisane avait vu assez de combattant différent désormais pour savoir qu'il ne s'agissait probablement pas de leur arme principale.

Si Teamon souriait légèrement, ces deux là arboraient d'immenses sourires chaleureux et alors qu'ils entraient, riaient de bon cœur avec le médecin. Au moins, l'ambiance serait elle de mise.


- Amiral, dit Teamon respectueusement.

- Salut Amiral !, dirent les deux frères en cœur.

- Salut les gars, asseyez vous, répondit l'amiral, les trois hommes tirant des chaises pour s'installer.

Baelnar expliqua rapidement et succinctement la mission et si, des trois, Teamon sembla un peu inquiet, il fût vite rassuré par la chaleureuse main d'Azima - le plus petit des deux, même si c'était bien relatif - qui se posa, rassurante, sur son épaule. Marcon rajouta :


- On vous les ramènent entiers Amiral, dit le guerrier avec son accent chantant que la Goualeuse raccrochait à un pays, sans savoir lequel, sur les rives de la Mer des Étoiles Déchues, les bardes raconteront pas que les premiers disparus l'ont été sous l'oeil des turmiens.

- Je n'en doute pas, répondit Baelnar qui comptait visiblement sur l'honneur patriote des deux hommes, sur la route, Thyrine commande, si vous êtes blessés, obéissez à Teamon même si il ordonne un retour à la base, je ne veux pas de perte évitable. Pour tous le reste, Mesalyne sera en charge, mais je vous fait confiance pour travailler en commun. Cette terre est inconnue pour tous le monde. Évitez à tous prix le conflit, d'autant plus avec les autochtones, mais je n'ai pas besoin de vous le répéter.

Il se tourna vers les deux femmes, voyant si elle voulait dire ou demander quelque chose de plus, et ce même si elles avaient déjà pu discuter pendant qu'ils attendaient le reste de l'équipe.

hrp.gif Tu peux parler là, mais aussi considérer que tu as échanger avant l'arrivée de l'escorte smile.gif

écrit par: Abrulion Bascollier Lundi 29 Mars 2021 à 09h47
Le hin écoutait le nain en hochant de la tête. Certes la magie comportait un certain risque. Mais qu'en était-il de pas de magie du tout ? L'imbroglio sur le totem arriva à point nommé pour illustrer son propos.
Il partagea sa réflexion.


- Joinon, ces gens sont là pour chasser. Je doute que Misagaasaa ne les accompagne, sans doute est-il le soigneur et reste-il au camp, ou alors vit-il ici-même dans cette hutte d'arbres, et les chasseurs sont venus lui tenir compagnie le temps de la chasse. Il s’égarait. "Toujours est-il que quand ils devront partir pour rapporter leur gibier, qu'aura-t-on appris ? Dix mots, ou vingt, de leur vocabulaire. Ils sont accueillants, profitons-en. Ce ne sera sans doute pas le cas de toute tribu en ces terres."

- En venant dans le village, j'ai regardé les auras, et figure-toi que chacun est porteur d'une aura, faible ou forte, vacillante. Je n'ai pas pu les reconnaître, mais je ne serais pas étonné que ce lieu baigne d'abjurations en tout genre. Je vais lancer le sort de lumière sur mon symbole divin. Une énergie primordiale, simple et rassurante. Les créatures diurne ont horreur de l’obscurité, toute magie a nécessairement un sort de lumière.

Il prit alors son symbole divin marqué de la trace de pas de Brandobaris, et quelques grains de sable du bac avec la carte. Il s'approcha de Misagaasaa, le symbole tendu dans sa direction.

- Brandobaris. Mon (il se tapa la poitrine) toteïm Brandobaris.

Dit-il souriant.

Il pointa alors le soleil, puis montra les quelques grains de sable, comme s'ils étaient de la poussière d’étoile.


- Soleil. Sable. Brandobaris.

Il incanta alors le sort de lumière, aussi lentement qu'il le pouvait.
Au terme, il ferait tomber les grains de sable sur son symbole divin, comme pour associer l'apparition de la lumière avec le sable.

Si la lumière apparaissait comme prévu sur son symbole, il tendrait alors le symbole au gardien de la tortue, l'invitant à le prendre, et au cerf-homme ensuite.

écrit par: La Goualeuse Mercredi 31 Mars 2021 à 20h55
Si elle n'en avait rien montré La Goualeuse n'était pas mécontente que la jeune Syna, si volubile et imprévisible, soit exclue de l'expédition. Elle prit place dans le fauteuil que lui désigna l'Amiral puis, plus à son aise, l'écouta répondre.

Après s'être ravisée sur les fusées, puis avoir souri aux commentaires facétieux sur le vieux médecin, elle accueillit d'un rire de bon aloi les galéjades grivoises des vieux camarades - bien qu'il n'y trouvât rien d'aussi désopilant que ne le montrait l'hilarité du gnome. Une vingtaine de minutes passa, durant lesquelles la jeune femme mêla à leur bavardage anodin quelques questions plus précises sur l'expédition baldurienne et la fondation de Fort Flamme : en savoir davantage sur ceux auprès desquels elle était envoyée en ambassade était primordial, mais elle voulait également se faire une idée plus nette de ce que Baelgar voulait apprendre.

Elle accueillit Taemon, Marcon et Azima d'un sourire franc mais peu chaleureux en comparaison à la joie débordante des deux frères, dont la physionomie atypique n'était pas pour lui déplaire... Elle chassa, ou du moins remit à plus tard, l'idée séduisante de faire de tous ces muscles une couverture plutôt qu'un rempart. La compétence de chacun ne faisait aucun doute, le recrutement à Eauprofonde ayant été des plus exigeants. Restait à savoir si l'alchimie entre eux cinq serait bonne.


- J'espère que vous n'avez aucun problème avec l'autorité féminine, conclut-elle avec malice en plongeant tour à tour ses yeux bleus dans le regard de ses nouveaux coéquipiers. Thyrine va vous indiquer le matériel dont vous aurez besoin ; nous ne partons pas pour longtemps et voulons avancer vite ; inutile de trop nous charger.


écrit par: Varnas Mercredi 31 Mars 2021 à 21h49
Varnas mâchonnait avec sa mule à quelques pas de là, proposant de l'avoine aux enfants intrigués. Il écouta avec attention l'histoire des totems, et livra la réflexion suivante:

— Ça me fait penser aux tribus Uthgard. On en avait parlé après la rencontre avec la baleine. J'ai passé la fête de l'hiver à Fort Olostin, il y a une quinzaine d'années, et on m'a parlé de ces barbares du nord-ouest de Faerûn. Ils vénèrent des parangons d'animaux, dont certains seraient bien réels. Il existe peut-être une vraie tortue géante, ou un aigle géant. Faut s'attendre à tout…

Le rôdeur écouta attentivement l'énumération des tribus avoisinantes, et mémorisa la présence d'elfes, les Sé-ols, pas loin au sud de leur zone de débarquement. Se tournant vers les autochtones, il synthétisa:

– Misagaasaa miishinaabe indoudem Senotcha.

Évidement, le nain n'était peut-être pas membre à part entière de la tribu des elfes du nord, mais c'était la meilleure affiliation qu'il avait pu comprendre. Il poursuivit:

– Thozihé xalib indoudem Ctaliza.

Il pointa les directions des territoires des deux peuples au moment de les citer. Ensuite, d'un geste rassembleur, il engloba tous les aventuriers, y compris lui-même, et précisa:

– Joinon miishinaabe Varnas Farah anishinaabe Abrulion manishinaabe indoudem sym-pa. Shinabe indoudem sym-pa.

Il joignit les mains pour témoigner de l'unité de leur groupe, malgré les différences de races, de totem et manières de courtiser son prochain. Il allait se mettre à dessiner toutes les races de leur équipage sur un bateau, pour indiquer leur provenance, quand l'évocation de Balduran tendit l'atmosphère comme une corde d'arc. Le vétéran décida faire comprendre clairement que Balduran —il fit la grimace— était mort —il s'enfonça un doigt dans le cou en tirant la langue— et n'importait pas —il haussa les épaules et balaya le nom d'un revers de la main—.

– Balduran anishinaabe gaa indoudem sym-pa. Gaa !

Au moins, si la notion de leur bienveillance n'était précédemment pas passée, il avait récupéré le terme et ils seraient désormais la tribu Sym-pa. Varnas eut un large sourire à cette perspective. Puis, avec un air redevenu sérieux, il questionna; les indigènes n'utilisaient pas exactement les mêmes langage corporel ou intonations qu'ailleurs, mais il avait saisi la tonalité de Misagaasaa quand celui-ci s'était interrogé sur Balduran.

– Toteïm ? Indoudem ? demanda-t-il en montrant la mer.

écrit par: Farah Cyahn Mercredi 31 Mars 2021 à 23h19
Toujours assise en tailleur, son observation ne révéla aucune prise de chasse, pas de filets, pas de viande à faire sécher ou de zone pour équarrir le poisson. Les activités saisonnières n’avaient pas dû commencer. Elle remarqua néanmoins la présence d’une lance intégralement faite d’acier et capable de fendre le crâne d’un sanglier. Des outils essentiellement faits de bronze et d’acier, souvent en os. Quelques bijoux de bois ornés de pierres précieuses. Les Elfes semblaient conserver leurs affections ataviques pour les arcs. De belles armes longues faites en os. De son côté, Thozihé aux grands bois, portait une lance plus rudimentaire, la tête étant une pierre volcanique taillée, du silex, ou plutôt de l’obsidienne.

Les autochtones possédaient de bons forgerons. Farah songea à la rareté du bois et à quel point, d’une façon ou d’une autre, ce matériel paraissait même précieux. Pour une raison qu’elle ignorait, les peuples d’Anchorome avaient aussi refusés d’exploiter certaines de leurs ressources. Les armes et les outils devaient être plus précieux ici qu’ailleurs. Son séjour à Thuldaë s’avérerait bénéfique à titre personnel, mais ces préceptes allaient être difficiles à assimiler par les membres de l’expédition.

Lui vint à l’esprit qu'à travers les différences, les peuples pouvaient s’accorder sur plusieurs points. La faim, la soif, le respect du naturel et l’aptitude à tisser la toile.

Suite à de nombreuses œillades et autres regards insistants, l’autorité de Joinon continua à s’éroder. Les épaules relâchées et le ton de voix hésitant. D’un hochement tacite au détriment du Nain, la chasseresse avait abondé dans le sens du Halfelin, dont les initiatives, à défaut d’être moralement irréprochables, avaient au moins le mérite de briser la glace.

Farah croyait aux vertus de la parole et de l’échange, mais cela allait prendre du temps de composer un jargon d’échange viable. Et ce n’était pas dit que le Beau Peuple ait du temps à leur accorder. De plus, ce continent pouvait bien se composer d’un millier de dialectes. Elle pensait que la magie pouvait leur faire gagner un temps précieux. Elle pensait aussi que c’est eux qui les guideraient plutôt que le contraire. Cette opportunité ne devait pas être prise à la légère.

Avant que le sort d’Abrulion ne puisse faire effet, c’est Varnas qui s’avança, sans doute légèrement engaillardi par sa récente trouvaille, par la révélation du terme
« totem ». Elle étudiait ses efforts d’intonation, de timbre et de cadence. Il abordait le dialecte comme un funambule ignorant le vide. Le sourire de la chasseresse se figea dans un rictus attentif.

écrit par: Phineas Samedi 03 Avril 2021 à 22h05
Varnas et les Varnettes

A eux deux, le nain et l'homme-cerf semblèrent saisir le langage balbutiant de Varnas qui déployait là une évidente capacité à s'adapter aux langues. Sans doute à cause du fait que, contrairement à Joinon, sa facilité avec les langages était plus instinctive que scolastique.

Lorsqu'il tenta d'aborder la baleine, le doute s'empara un instant de Misagaasaa. Il avait sans doute compris qu'ils venaient de par delà les mers.

Il pointa l'océan et tenta d'expliquer.


- Hoganthanka...

Il étendit les bras et tenta d'englober le maximum de personne, Thozihé compris.

- Akina giinawind, Mamiic, Senotcha, Ctaliza, Seols iijika, il s'approcha de Thozihé et lui posa une main sur l'épaule (malgré le fait qu'il était de la même taille alors que le cornu était assis), Thozihé iikan. Dash Hoganthanka miigadenim Gichiginiwe, il insista sur le dernier pour montrer une certaine colère et leva les poings pour simuler un affrontement.

Toujours était il que, avec Thozihé de leur côté, leur pacifisme visible et leur application à essayer de comprendre leur langage, l'affaire Balduran avait été mise de côté et...


- Farah, Abrulion, Joinon, Varnas, et il pointa la mule dont il ne connaissait pas le nom, Sympa ? Minoapiji !, il hocha la tête en souriant, dash gaawan, il se pointa lui même, Senotcha. Aawan babaomiwizh Gichiginiwe, dit il en montrant la tortue en pendentif.

Au même moment, Abrulion tentait la magie. Ses deux interlocuteurs ne semblait pas en avoir particulièrement peur, et si Farah avait vu juste, Thozihé était même capable d'en produire. Le nain approcha sa main du pendentif et... il se passa quelque chose. Abrulion eut l'absolu certitude que, aussi ténue que soit la vibration qu'il avait senti le parcourir, quelque chose s'était produit. De bien ? Il ne savait pas. En tout cas, personne n'était mort, présentement. Il se passa la même chose avec Thozihé. Cependant, avant de continuer, le nain repris :


- Bra... Brandobaris ? Gaa toteim. Brandobaris jaagichi.

- Hum, ethanthanka, acquiesça Thozihé.


La Goualeuse

- Ah ah !, s'amusa Azima, une fois on s'est battu à côté d'une chevalière-griffon d'Aglarond ! Elle en avait dans le ventre, et leur cheffe, la Simbule, c'est une sacrée celle là !

- Il veut dire qu'on a aucune raison de douter de ta compétence, mon amie, femme ou homme, ajouta Marcon en souriant.

Plus tôt, le gnome avait répondu à ses questions avec honnêteté. Il fallait pouvoir placer précisément le fort sur une carte, en effet. C'était la priorité. Si c'était possible, il s'agissait en effet d'entrer en contact, à condition que cela ne les mettent pas en danger. Néanmoins, rien ne les obligeaient à s'en faire des alliés immédiatement. Le fait qu'ils soient aussi des faerunien ne les amnistiaient pas d'éventuelles catastrophiques erreurs. Des erreurs déjà faites si on en croyaient les dernières informations. Il les rappela, celles là mêmes qui leurs avaient été transmis avant le voyage. En 1368, aux dernières nouvelles, Fort-Flamme devaient compter environ 300 âmes et étaient commandé par Bellan, l'un des commandants des Poings. En cette année, ils avaient demandé des renforts et essayait d'établir par brûlis une zone tampon entre eux, et les indigènes. Une méthode peu... diplomate, mais considéré par ceux ci comme nécessaire, apparemment. L'un des membres de l'expédition baldurienne, Wuxxul Languargent, avait décrit le fort comme un lieu "de torture infesté de moustique".

Par conséquent donc, si l'idée était d'en savoir plus, une priorité identique était d'établir d'éventuels contact avec ces autochtones, si c'était possible. Le tout, évidemment, sans réveiller une animosité apparemment déjà présente.

Il précisa que si il n'y avait aucun moyen pour le moment de s'intégrer dans la politique locale sans la rendre plus violente, mieux valait rentrer sans avoir établi un contact direct.

Pendant que Thyrine donnait une courte mais efficace liste de matériel, avec laquelle ils pourraient tenir quelques jours - et s'abriter des moustiques. Taemon, qui effectivement était un guérisseur particulier, qui sans répudier la magie dans une certaine mesure, était plutôt un savant herboriste et un chirurgien efficace, fit également l'inventaire d'éventuelles douleurs ou blessures récentes. Bien entendu, il confirma à la cheffe de la troupe, en montrant quelques outils, qu'il n'oublieraient pas les tire-venins, antidotes communs et autres potions, en précisant que les venins qu'ils pourraient affronter, était certainement ce qu'ils pouvaient rencontrer de plus dangereux : une fracture était une fracture n'importe où, les poisons, non. L'aquafondienne en savait quelque chose.

Les deux guerriers excellaient à la lance et au bouclier, et semblait maîtriser par ailleurs la plupart des armes communes. En plus de leur force naturelle. Tous deux étaient également de bons arbalétriers pendant que Thyrine, comme nombre d'elfes, étaient une archère surhumaine, littéralement. Taemon était loin d'être un guerrier mais semblait capable de manier l'épée courte.


- On part quand cheffe ?, demanda Thyrine à la Goualeuse avec un sourire une fois toutes préparations et présentations faites.


hrp.gif Je te donne l'inventaire précis en HRP dès que je suis rentré chez moi ^^

écrit par: Abrulion Bascollier Mardi 13 Avril 2021 à 12h24
Le hin se retint de pouffer.. La tribu "Sympa" était de sortie. Le hin continua de noter avec précision les différent mots et phrases. Comme ils l'avaient observé, il semblait que le totem baleine avait maltraité le totem aigle, ou vice-versa.
Il lança à la suite du rôdeur :


- Indoudem Sympa. Babaomiwizh Brandobaris.

La vibration ressentie avec son sort le préoccupait. Se pouvait-il qu'une partie de sa magie fut aspiré ? Après tout, Bellan avait réussi à établir quelques liens de communication sporadiques, mais ils avaient progressivement diminués. Cette terre se nourrissait-elle de magie ?

Il n'y avait pas mille façons de le savoir.


- Joinon, je sens que la magie est avec nous. Je vais tenter notre chance avec le sort de communication.

- Misagaasaa gaganoozh. Abrulion gaa comprend Il tapota son oreille en même temps, avec un signe négatif de la tête.

Il reprit alors son symbole divin et le tendit à l'homme-tortue, l'invitant à le saisir. Cette fois cependant, il ne le lâcherait pas. En agitant son symbole alors que le Babaomiwizh l'aurait saisit, il espérait lui faire comprendre de maintenir sa prise, ferme, le temps de l'incantation. Puis de rajouter :


- Misagaasaa gaganoozh. Abrulion eya comprend ! Eya !

Il incanterait ensuite, compréhension des langages, si Brandobaris le voulait bien.


écrit par: Phineas Mardi 20 Avril 2021 à 21h20
Abrulion

Au début, tout se passa bien. Abrulion incanta, sous l'oeil curieux de ceux qui, d'une certaine façon, il prenait pour ses collègues ultra-marins. L'incantation se fit, il senti la magie affluer. Il senti même son esprit s'ouvrir. Tout se passait comme la dernière fois qu'il avait utilisée la prière finalement.

Jusqu'à ce moment dont, probablement il se souviendrait toute sa vie. Lorsque le nain lui adressa à nouveau la parole, il n'entendit qu'une sourde vibration dans ses oreilles. Il n'était même pas sourd, ni rien. Il n'entendait pas un babillage incompréhensible. Quand Joinon le regarda en lui demandant si ça allait, il se passa la même chose.

Le sort avait produit l'exact contraire de ce qu'il devait produire : il ne comprenait plus un traitre mot. De rien.

Probablement un peu paniqué, il posa à nouveau les yeux sur l'indigène nain. Et la tortue autour de son coup attira son œil. La minuscule bille de verre coloré brilla d'une lueur qui n'avait rien à voir avec l'axe du soleil, pendant que, la vibration se changeait soudainement en une sorte de rire étrange, animal, comme si un loup se moquait de lui.

Il nota que ce n'était visiblement pas le cas de Misagaasaa ou de Tozihé, qui ne semblait pas comprendre ce qu'il se passait.

écrit par: Abrulion Bascollier Mardi 20 Avril 2021 à 23h43
Le hin n'avais jamais vécu un tel détournement de sa magie. Il regarda autour de lui, Misagaasaa ou de Tozihé dans une demie panique, d’incompréhension. L’instabilité des sorts d'invocation qu'il avait ressenti auparavant n'avait rien de comparable à cela.
Puis il se calma progressivement, avec sa respiration.


- Joinon, je ne comprends plus rien. Murmura-t-il, le souffle encore court, en montrant ses oreilles à Joinon, puis faisant "non" de la tête, les épaules haussées, une moue aux lèvres.

Ses compagnons seraient-ils en mesure de comprendre ce qu'il disait ? Ce maléfice qui altérait sa compréhension modifierait-il aussi la manière dont les autres le comprenaient ? Il fallait espérer que non ! Sinon Brandobaris seulement savait quelle genre d'insulte ce loup rieur lui ferait dire à son insu.

Il regarda la réaction des gens autour de lui suite à sa précédente phrase.


- Joinon, viens voir. Ajouta-t-il sans aucun signe corporel, dans le but de voir si le nain comprenait son invitation en le rejoignant.


Ce détournement du sort de compréhension pouvait expliquer les soucis de communication que les explorateurs précédents avaient expérimentés. Tout devenait clair, mais encore fallait-il voir quelle était la finalité de tout ceci.

Maintenant qu'il respirait de nouveau normalement, plutôt que d'interrompre le sort il décida de profiter de cette péripétie. Il prit une posture qui se voulait rassurante, et rassurée, pour ne pas inquiéter ses interlocuteurs : debout, souriant, il pointa la bille à l’éclat étrange du doigt et parla au loup :


- Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?


hrp.gif psychologie pour comprendre l’état d'esprit des autres gens et voir si mes paroles sont potentiellement détournées, incompréhensibles ou insultantes à leurs oreilles

écrit par: Phineas Mercredi 21 Avril 2021 à 00h13
De l'extérieur, ses compagnons devaient être dubitatifs. Ils avaient vu le hin lancer le sort et en savait l'effet. Pourtant celui ci avait immédiatement semblé nerveux et perdu. Lorsqu'il parla a Joinon, lui demandant de venir, ce fut tout a fait intelligible, a ceci prêt que, plutôt que de parler en commun l'halfelin l'interpella... en chondathan ! Heureusement, le nain avait suffisamment côtoyé les hommes pour reconnaître l'idiome, même si il ne le comprenait pas. A l'inverse de Farah, qui elle parlait la langue de l'ancien empire. Aucun des deux cependant ne pouvait a cet instant avoir la moindre idée de la raison pour laquelle Abrulion parlait soudain cette langue...


Et lui non plus ! En tout état de cause, il avait eut l'intention de parler commun. Et de fait, il ne s'était même pas rendu compte de la langue qu'il employait. Mais la réaction du nain comme de Farah lui indiqua très certainement qu'il y avait un problème.

Le loup, ou la tortue, ne sembla initialement pas vouloir lui répondre. Le rire sestompait peu a peu, laissant place à un silence ou sourdait toujours la vibration. Puis, il entendit, ou plutôt ressenti quelque chose. Ou plutôt non, le monde autour de lui fit passer un message, et ce n'est que sa situation actuelle qui lui permit de le remarquer. Un message qui parlait certainement aux savants autochtones avec qui ils espéraient converser puisque, comme lui il levèrent la tête. Farah également, grâce à une connaissance intime et instinctive de la nature senti un léger, mais étonnant frémissement dans l'air, sans pourtant en comprendre la signification.

Abrulion, lui, compris : une, ou des entités, ne voulaient pas qu'on usent de magie pour comprendre les langues autochtones. Cette compréhension, comprit t'il intimement, devait être une oeuvre construite mutuellement, en prenant son temps... et c'est avec le sentiment qu'on se moquait un peu de lui qu'il comprit qu'On estimait pas sage de brusquer les choses.

écrit par: Farah Cyahn Mercredi 21 Avril 2021 à 02h10
Après un moment, elle s’extirpa de ses pensées, alertée par un étrangement frémissement dans l’air. La chasseresse observait la scène et comprit rapidement que les expériences d’Abrulion étaient arrivées à leur terme. Apportant néanmoins leur lot d’informations, même si ce ne fut pas celle que l’on attendait. Farah plissa les yeux sur le Hin, haussa des épaules pour lui signaler qu’elle partageait son dépit. Malgré la frustration ambiante, le ressemblait à une conversation fut elle coupée de longs silences.

Toujours assise en tailleur, elle retourna les épaules vers le bac de bois rempli de sable fin. Elle se mit à dessiner des formes avec son index. Elle essayait de dessiner des idéogrammes n’étant pas coutumière des arts. Elle effaça, recommença, mais progressivement les formes représentèrent les axes centraux d’un champ théorique, qui pourrait soutenir le dialecte entre signe et donner du sens à toutes ces articulations.

Au-delà des intérêts de l’expédition, Farah songeait au caractère inestimable de cette rencontre. Elle croyait fermement que ce peuple de chasseur pouvait les guider. Elle repensa au temps où elle côtoyait une meute de loups et à quel point les mots n’avaient aucune valeur. Selon elle, ils avaient deux choix. Voir la frontière linguistique comme une négation d’une part décisive, une mutilation, un handicap. C’est dans le silence qu’on assure un lien. Au fond, peu importe parler ou se taire ! L’essentiel était de faire en sorte que la parole ne gêne pas le geste qui unifierait la complexité.


PARCHEMIN
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Une fois son œuvre achevée, elle interpella les trois autochtones d’un geste désinvolte. Elle attira leur attention sur les lignes qu’elle venait de tracer. Elle insista sur la lance de l’Elfe, puis sur les différents types de proies potentiels. Chaque détail avait son importance, mais c’est avec la manœuvre suivante qu’elle comptait concrétiser leur chance.

Elle leva les bras, mima un arc imaginaire dont elle décocha la flèche. Elle retroussa sa manche et banda le biceps pour faire caricaturalement étalage de force, puis en plaquant ses deux mains sur la poitrine, elle se présenta à nouveau : « Farah », puis elle désigna l’Elfe barbu, figure gardienne et hypothétique chasseur du clan. « Elle réitéra les précédents gestes, mimant le tir à l’arc, la chasse à la lance et même la pêche.

écrit par: Abrulion Bascollier Jeudi 22 Avril 2021 à 09h43
Ses interlocuteurs semblaient surpris, mais pas choqués, c’était une bonne nouvelle. Il prolongerait donc ce petit entretien avec les puissants.

Ainsi donc, les esprits tout-puissants de ce continent se foutaient de lui. Après le massage de la baleine, le loup se gaussait de son petit effet de mécompréhension des langages.

Voilà qui sentait bon la bienvenue ! Et bien soit pensa-t-il. Abrulion était très peu souvent le premier à être malpoli, mais il était toujours le dernier à l’être.

Il se remémora les bons souvenirs du paternel et de ses dictons aussi acides qu'hilarants : "Ne jouez pas au con avec Abrulion, vous allez perdre à coup sûr !"


- Eh toi ! L'esprit totem ! Faire bouger les feuilles, c'est tout ce que tu sais faire ? Peut-être que si tu ne passais pas ton temps à entraver la communication de ta tribu, elle ne serait pas en conflit avec Hoganthanka ?

Le hin n'avait usé d'aucune animosité, et avait même rajouté une pointe de curiosité à ses questions. Si l'esprit l'entendait, il espérait l'avoir titillé un tantinet pour avoir son attention.

écrit par: Phineas Jeudi 22 Avril 2021 à 13h14
Abrulion

Le silence se fit brutalement. Au début, Abrulion cru que l'entité ne savait pas quoi répondre. Mais non, le silence était la réponse.

Il se rendit compte qu'il était brutalement devenu sourd. La seul chose qu'il entendait désormais était le sang dans ses veines et ses pensées. Plus rien ne venait de l'extérieur dans ses oreilles. Pas de murmures, pas de clapotis des vagues au loin, pas de vent, ni le bruit des feuilles qui tombaient au sol. Cette fois, plus rien.

Et puis, progressivement, le retour du rire animal. Le tout ne dura qu'une seconde. Mais tout aussi soudainement, Abrulion senti la présence de deux autres entités.

Une qu'il reconnaissait sans le comprendre immédiatement. Avant que son instinct de clerc lui indique la vérité : son patron lui portait un intérêt plus appuyé qu'a l'instant précédent, même si sa présence était plus que lointaine.

Mais ce n'est pas le Discret qui fit disparaitre brutalement le rire moqueur. Il sentit un grondement, tout aussi animal, mais beaucoup plus massif dans l'air. Probablement était il le seul à l'entendre aussi distinctement, mais il vit bien que Thozihé et Misagaasaa ressentaient aussi quelque chose. Un grondement sourd, un avertissement, mais qui, il en était sûr, ne lui était pas adressé.

Et soudain un "pop" lui déboucha les oreilles. Il sentit son sortilège se dissiper, comme tous les effets étranges qu'il venait de vivre. Et il sentit aussi disparaître les présences, du moqueur, du grondeur. Et de Brandobaris.

L'homme-cerf et le nain le regardaient avec de grands yeux.



Farah

Au moment où, sans qu'elle le sache, Abrulion vivait probablement l'une des expériences les plus étranges, voire terrifiante, de son existence, elle tentait de s'intégrer à la partie de chasse.

Le dessin fonctionnait visiblement bien, et la représentation du nain fit rire le premier concerné, même si il s'interrompit franchement en levant les yeux sur le hin.

L'elfe, lui, qui semblait moins réceptif, compris également le message de Farah. Il pointa le lapin, mais dessina ce qui semblait de gros serpents et effaça l'oiseau. Restait la créature porcine, qu'il laissa dans le dessin sans appuyer plus que cela son intérêt. Un "gaa", comme une évidence, indiqua qu'ils ne pêchaient pas. Par contre, elle cru comprendre que les parties de chasse étaient aussi une partie de cueillette. Il se retourna et, appelant une autre membre de sa tribu, présenta Farah qui, visiblement, était de fait intégrée à chasser. Sans quelle est de détails sur où, quand, ou comment cela dit.

écrit par: La Goualeuse Jeudi 22 Avril 2021 à 17h10
L'allégeance enthousiaste d'Azima n'était pas des plus adroites, car il fallait bien en convenir, "celle-là" était d'une tout autre trempe qu'elle, trop insignifiante pour oser la moindre comparaison. La Goualeuse, dissimulant ses propres doutes derrière un masque amusé, les gratifia tous deux d'un sourire affable après que Marcon, à l'évidence plus diplomate, eut arrondi les angles

Confiante en son excellente mémoire, elle enregistra le nom du dignitaire de Fort-Flamme et les autres informations qui lui furent délivrées par l'amiral. Que les Balduriens n'eussent pas perdu de temps pour ravager l'île et soumettre la population locale ne l'étonna guère, ni ne l'attendrit particulièrement. Ainsi allait le monde depuis longtemps... Elle espérait ne pas avoir à pâtir des conséquences de ces déplorables méthodes militaires, notamment quant à l'accueil que leur réserveraient les autochtones. Fort heureusement, leur petite troupe ne ressemblait en rien à une escouade baldurienne.

Thyrine, en charge de l'expédition à proprement parler, donna des instructions avec un pragmatisme appréciable. Quelques dizaines de minutes plus tard ils étaient tous réunis sur le pont, sacs à leurs pieds, pour un rapide passage en revue avant le départ. Robustes, les frères porteraient le matériel le plus lourd et encombrant, tandis que Taemon, d'une constitution plus délicate, se contenterait de sa pharmacie. La jeune femme s'assura tout particulièrement qu'il possédait de quoi guérir - ou à défaut lutter contre - tout type d'intoxication ou empoisonnement, qu'elle soit alimentaire ou autre. Que le médecin ait pris les devants sur ce chapitre la rassura.


- Nous te suivons, chère Thyrine, répondit-elle d'un ton faussement enjoué. Au fond, en dépit de toutes les apparences, elle appréhendait cette excursion. Peut-être sera-t-il préférable de dessiner de mémoire et de garder les deux yeux sur le chemin ?


HRP : j'attendais ton message HRP pour l'inventaire et les éventuelles consignes de Thyrine, pour peut-être mettre à jour mon propre inventaire, mais ce n'est sûrement pas très important. Je vais régler ce qui est "porté" et laissé au bateau sur ma fiche de personnage. On peut avancer.

écrit par: Joinon Mercredi 28 Avril 2021 à 11h00
¤ Je vous l'avais bien dit... ¤ s'était retenu de rappeler Joinon en découvrant la déconvenue puis l'étrange comportement de son compagnon halfelin suite à l'incantation.
¤ Nous devions nous comprendre les uns les autres, et voilà que nous ne nous comprenons plus entre nous ¤, regretta-t-il en lâchant un soupir avant d'afficher un nouveau sourire de façade.
En retrait depuis l'arrivée du groupe dans le camp, le nain d'or avait sorti un carnet de feuilles sur lequelles il griffonnait les termes qui ressortaient de la conversation, du moins ceux qu'il comprenaient.

Perdu entre un Abrulion qui semblait parler tout seul, une Farah qui s'invitait à une partie de chasse et un Varnas qui inventait des mots, le barde n'en menait pas large.
Il se sentait d'autant plus découragé qu'il se savait capable de briller en société. Mais dans une société codifiée, régie par un système précis de règles où urbanité et étiquette étaient les maître-mots. Ici, loin de toute civilisation connue, il se sentait beaucoup plus impuissant que ses compagnons qui, eux, tentaient des choses, quoiqu'avec plus ou moins de succès.

Ce qui intéressait néanmoins Joinon au plus haut point était le rapport entre les différents totems. Ceux-ci avaient manifestement une histoire commune, jusqu'à un schisme évident.
Délaissant le petit bac de sable, il replaça devant lui la carte qu'il avait rapidement dessinée, posant son index vers la zone des monolithes.

- Toteïm, lâcha-t-il en espérant ne pas mettre littéralement le doigt sur un lieu tabou. Il leva ensuite ses large poings qu'il fit cogner l'un contre l'autre. Toteïm? Indoudem? Guerre? Gishiginiwe? Guerre? Il refit le même geste illustrant un conflit puis haussa les épaules et jeta un regard interrogatif à Misagaasaa tout en restant conscient de l'insolence que pouvait représentait son intérêt. Malheureusement, il ne pouvait pas user de son éloquence pour finauder...

écrit par: Farah Cyahn Jeudi 29 Avril 2021 à 08h09
La chasseresse salua d’un hochement de tête sa consœur elfique, prenant bien soin de capturer son portrait dans sa mémoire. Se rappelant que durant un temps, elle aussi avait arboré des traits fins et des oreilles taillées comme des pointes de flèches.

Elle ne prononça pas un mot supplémentaire, amplement satisfaite de la réaction suscitée. Elle balaya à peine le reste de l’auditoire du regard, guettant une objection. Après leur escapade dans les bois d’Anchorome, elle espérait que Varnas lui aussi apprécierait cette idée.

Elle avait là l’occasion d’apprendre les us et coutumes, une méthode nettement moins frontale que celle du barde Nain. Celui-ci s’acharnait à trouver une logique théologique à ses animaux totémiques, mais pour Farah, l’essentiel venait de se jouer. Il ne restait plus qu’à nouer des relations, à développer le contact et la confiance viendrait avec le temps, les réponses ensuite.


écrit par: Phineas Vendredi 30 Avril 2021 à 21h07
Les potos de la côte

Les rires tonnaient. Malgré l'absence de langage partagé, les quatre humanoïdes et leur mule (qui semblait être également considérée) s'étaient vite intégrés au petit camp. La chasse ne partirait que le lendemain, ou plutôt, tard dans la nuit. Aussi, une fois que le hin se fût remis de son étrange expérience, les choses commencèrent à s'assouplir...

Le soir commençait à tomber et, a la surprise de ceux qui les avaient remarqués, les navires n'arrivèrent jamais jusqu'à eux. Pour une raison ou une autre ils avaient du s'éloigner de la côté ou s'amarrer sur une berge. D'autant que, le temps ne s'améliorant pas, la visibilité devint très vite très faible.

C'est alors que le soleil, pourtant, était encore là, que la nuit sembla déjà tomber. D'épais nuages emplir le ciel alors que le tonnerre grondait à l'horizon. Ce qui n'effraya pas particulièrement ceux qui, ils l'avaient compris désormais, étaient des nomades et ne stationnaient que temporairement ici. Ils rangèrent tranquillement leurs travaux du moment, du tissage à l’affûtage des pointes de flèches, avant de tous se réunir sous la plus grande tente.

L'intérieur sentait... étonnamment bon. Varnas et Farah ne purent que constater que le cuir, la peau et les fourrure étaient assez anciennes mais parfaitement entretenues : la patine les faisait briller, et ils avaient perdus leur puissante odeur depuis longtemps. Un feu, pour l'instant fainéant mais asséchant efficacement l'intérieur, brûlait au centre, dans une cavité creusée à même le sol et s'échappait par la cheminée ouverte dans le cuir de la paroi. Des écorces dans la braise rependait une odeur légèrement épicée, qui chassait de toute évidence les parasites volant. Une simple section de cône ingénieusement positionnée permettait de récupérer le maximum de fumée, et de réduire l'entrée du vent. Conscients que la pluie pourrait leur tomber dessus d'un moment à l'autre, ils veillèrent à réalimenter le feu avant qu'ils ne soient forcés à fermer la cheminée. Les deux rôdeurs notamment avaient du se demander comment ils pouvaient transporter une si grandes tente - elle pouvait facilement abriter une trentaine de personne, plus encore en se serrant - et ils purent le découvrir ici. On leur montra les articulations d'un métal semblable à du mithril, qui permettait de plier sur eux même les grandes arches qui soutenaient la tente. Puis, comprirent ils aux explications de Thelka (cette même elfe qu'avait remarquée Farah, et qui était étonnamment douée pour se faire comprendre avec des signes) la tente se repliait sur elle même, et les rares planches transportées servaient à faire un fond, lui même monté sur un assemblage (qui présentement servait à de poutres transverses au faîte). Il leur sembla que quelque chose manquait à leur assemblage, et cet avec une certaine surprise qu'ils comprirent que, peut-être, ce peuple ne connaissait pas la roue.

Ainsi commença leur soirée, et probablement pour la satisfaction de Joinon, il eut l'occasion d'observer ce qui ressemblait à des habitudes sociales. Abrulion allait bientôt en apprendre plus sur les mythes. Quant au deux autres, ils allaient certainement s'intégrer plus directement aux chasseurs.

Cette tente était ronde, et tout autour des bancs qui servaient aussi de lits, permettaient de s'installer confortablement. Si il semblait qu'ils ne transporta que peu d'objet, ils ne rognaient pas sur le confort, de toute évidence. Ce qui, probablement, était une bonne idée : les deux vagabonds savaient pertinemment que des nuits efficaces sauvaient parfois autant une vie qu'une armure. Comme nombre de civilisations, notamment au nord de Faerun, cette tente servait de maison commune, de toute évidence.

Ils furent certainement surpris, et Varnas fit peut-être une remarque cynique, que la mule soit au même titre qu'eux invité à se réfugier dans la tente. Ils comprirent vite que leurs hôtes ne voyaient pas pourquoi l'un de leur compagnon - fut il à quatre pattes - devraient rester dehors. En fait, et ils durent certainement le noter, ils comprirent que proposer une telle chose semblait si absurde que cela pourrait être pris pour une insulte (ce qui ne fut pas le cas cette fois, puisqu'ils firent œuvre de grande prudence). Les chiens se couchèrent très vite sur les nattes de joncs étendues autour du feu, et les enfants restaient tous avec eux. Les uns comme les autres s'endormir vite avant le repas, et ne se réveilleraient que pour celui-ci. Les plus vieux eux, s'installèrent autour. A première vue, il ne semblait pas avoir de réeles règles dans le positionnement. Ils purent se mêler aux autochtones sans problème et quand il s'agissait de préparer le repas ou d'aller chercher du bois, ils furent comme les autres inciter à donner un coup de main si c'était nécessaire.

Cependant, Joinon, qui cherchait ce type d'indice depuis le début, remarqua tout de même de menues différences. Si il ne semblait pas avoir de chef, il y avait certainement des statuts différents. Le plus vieux des elfes (le barbu) qui ne devait pas avoir beaucoup plus de cent cinquante ans, était certainement le plus expérimenté des membres présents de sa tribu et son avis semblait compter. Misagaasaa n'agissait pas comme un membre de la tribu elfe, plutôt comme un ami proche, à la fois conseiller et mentor, dans une certaine mesure. Et visiblement comme une certaine autorité spirituelle. Quant à Thozihé, sa position était plus subtile. Si ils l'avaient peut-être au début associé à une position semblable à celle du nain, il semblait en fait n'en être rien. Les chasseurs vinrent au cours de la soirée lui parler, et semblait lui parler de choses tout à fait différentes qu'au nain. Il occupait une position respectée, très particulière, et au cours de la soirée ils comprirent que les membres des Ctaliza dans leur ensemble occupaient une place à part dans la géopolitique d'Anchorome. Et que ceux comme Thozihé étaient encore plus particuliers que leurs pairs.
Tous ça, Joinon le compris au cours des échanges, mais ne remarqua pas de déférences entre les individus. Du respect, sans aucun doute, mais pas de ce genre de respect un peu forcé que l'on pouvait trouvé entre chefs et sujets de l'autre côté de la mer.

D'ailleurs, eux mêmes se rendit il compte, n'était en rien traités comme des étrangers et, à condition qu'ils trouvent (ce qu'ils firent) des moyens de dépasser la différence de langue, ils se sentirent très vite comme membre de cette petite tribu éphémère. Ils furent notamment convié à participer à la préparation du repas qui se sépara en trois plats. D'abord préparer une sorte de pain, le "bannik" ou "bannique", qui, une fois assaisonné d'herbes aromatiques (ressemblant fort au thym faérunien) et d'une plante qui poussait très certainement au bord du rivage, riche en sel, fût posée sur des buches des tiges de bois et mis à cuir au dessus du feu. Avec ceci, une sorte de ragout dont le légume principal était étonnant : une sorte d'ogive recouverte de grains dont la couleur variait du jaune doré au violet sombre en passant pas du rouge vif. En plus d'eau, de divers herbes, de haricots qui bien que rouges, ressemblaient fort à leurs haricots blancs et d'un peu de farine d'orge, de la viande y fut ajoutée. Au début, ils crurent à du poisson, mais en observant plus clairement, il s'agissait en fait de... serpent. Ou du moins d'un reptile de ce type. Et à en voir les morceaux (qui étaient conservés secs), les serpents devaient être d'un diamètre conséquent.

C'est pendant la préparation du repas, que Abrulion remarqua un intérêt bien plus appuyé qu'auparavant du nain. La soirée avançait, et malgré le fait qu'il allait encore falloir du travail avant de partager une langue, ils se comprenaient mieux de minute en minute. D'abord, le prêtre eut la confirmation de l'une de ses intuitions : le nain, quelque soit son statut et ses pouvoirs, connaissaient les dieux de Faerun, même si les détails lui échappaient. Et il les respectaient même. Mais visiblement, Anchorome n'était un lieu où on les vénéraient. Les dieux étaient des
jaagichi, et non des toteim. Inverser les deux ne semblait pas particulièrement insultant, mais Misagaasaa semblait réellement considérer que les deux n'avaient rien à voir.
Mais surtout, il compris que ce qui lui était arrivé était exceptionnel, une partie du moins. Il réussit à expliquer le rire, et le nain en rit :


- Coyotl !, dit le nain. Il rajouta quelques mots pour ses pairs présents, et un instant la tente résonna de rire. Abrulion put un instant croire qu'on se moquait de lui avant que les regards qui étaient méfiants jusqu'ici, ne se dérident et que quelques uns lui donnèrent une tape dans le dos, compatissant.

Il compris de ses échange que le totem Coyotl était un farceur, mais qu'il n'était pas mauvais. Incapable de comprendre clairement ce que l'entité était sensée faire, il compris à leurs réactions qu'il avait certainement un lien avec la chasse, et les chasseurs, chez qui il semblait très apprécié. Mais quand il tenta d'évoquer l'autre entité, il n'eut qu'un regard étonné. Il ne sût qu'en comprendre.

Par ailleurs, au cours de la soirée, Joinon et Abrulion en vinrent à la conclusion que le Seigneur Maudit évoqué par Balduran, semblait être dans une certaine mesure de l'histoire ancienne. Même si le peu qu'ils en apprirent par ailleurs leur dire que c'était probablement bien plus compliqué que cela. Quant à l'aura qu'avait remarqué le prêtre, réussir à faire comprendre l'idée de ce qu'il avait vu lui semblait encore trop complexe.

De leur côté, Farah et Varnas, probablement pas ensemble, en apprirent sur des sujets différents. D'abord, chose importante, ils apprirent le b à ba de ce qu'il ne fallait pas manger (et ce que l'on pouvait manger et boire) dans la forêt. Plantes et légumes, certains absolument toxiques, d'autres qui pouvaient ne plus l'être après cuisson. Ils découvrirent qu'ils avaient eu de la chance en venant jusqu'ici, car nombres de plantes leur étaient inconnues. On leur conseilla de faire attention aux grottes qui pouvaient héberger deux animaux particulièrement dangereux. D'abord ce qui était certainement une sorte d'ours, mais dont la taille semblait autrement plus conséquente que leurs ours faéruniens. Et l'autre, qui apparemment avait la taille d'un chien... mais qu'ils comprirent comme étant d'une agressivité inouïe. Concernant la chasse en elle même, ils purent à nouveau confirmer que les serpents, apparemment assez grands, était un gibier commun. A côté d'autres gibiers d'ailleurs, qui sans les reconnaître avec exactitude, leur semblèrent assez commun. Par contre, ils furent convaincus que les autochtones répugnaient à pêcher.

C'est un concert de "pop" qui les sortis de cette discussion non-langagière, lorsqu'une partie du
maïs, qui avaient été a cuire dans un plat en terre cuite sur les braises (ces graines ci étaient plus petites que les autres), éclatèrent, les grains se transformant en une sorte de nuage craquant, et certain sautant même du plat pour le plus grand bonheur des gamins (elfes comme canins). On sorti les mets du feu, distribua le ragout dans des bols de terre cuites avec des cuillers. Ces dernières d'ailleurs, aurait pu faire le bonheur de n'importe quel majordome d'une petite châtellenie faérunienne : parfaitement entretenue, chacune était décorée de motifs divers, preuve du talent des orfèvres. Pour les couteaux, il semblait comme chez eux être commun que chacun ait son propre canif. Et ils ne purent que remarquer que cet outil particulièrement important bénéficiait lui d'un manche... en bois. Ce qui figurait visiblement l'attachement qu'on leur portait.

Après avoir découvert de nouvelles saveurs diverses, les deux éclaireurs reprirent leur discussion, avec une activité supplémentaire : ils se préparaient à la chasse du lendemain. On réunissait les flèches, aiguisait les lances, vérifiaient la tension des cordes, bref, tout ce qu'il fallait faire pour une bonne chasse ce qui, certainement, rassura les deux rôdeurs. Ils comprirent que cette chasse ne durerait guère plus d'une journée au maximum, au terme de laquelle les chasseurs reviendraient, avant de se déplacer ailleurs si le territoire n'était pas suffisamment giboyeux. Comme en Faerun, les chasseurs étaient conscients qu'il ne fallait pas vider les territoires de chasse.

Et c'est à la fin de ces préparations que le tonnerre sembla s'approcher. Les chasseurs devant se lever fort tôt le lendemain, on profita du concert céleste, qui rendait difficile les discussions, pour se coucher. Chacun, parfois en fonction des affinités, s'allongea où il put. De toute façon, même si les bancs étaient tous occupés, il restait des fourrures à mettre au sol.

La nuit fut fort agréable. La tente était étonnamment bien ventilée et dans le même temps le nombre de personnes qui l'occupaient rendait la température ambiante fort douce.

L'histoire ne dit pas si Varnas dormi seul ce soir là.

Le lendemain à l'aube, la quasi totalité des elfes ainsi que Thozihé, et à l'exception des enfants et des chiots, partirent en chasse. Avec eux Farah, et probablement Varnas. Quant aux deux autres, peut-être restèrent ils, un peu oisivement, au camp. Ou suivirent ils ?



Année des Dragons Renégats (1373)
29 de Flammerige
Comptoir de Misagaasaa
Aube


Varnas et Farah

L'Aube vint.

Mais quand elle vint, les chasseurs, Varnas, Farah et Thozihé était déjà partis depuis plusieurs heures. C'est en effet bien avant l'aube que les elfes étaient venus les réveillés. Ils avaient remarqué que l'homme-cerf s'était couché plus tôt, et se réveillait en même temps qu'eux. Visiblement, si les elfes, comme en Faerun, pouvait se passer d'un long sommeil, ce n'était pas le cas des xalibs qui devaient au moins dormir dix heures estimèrent ils.

Après une rapide collation à l'extérieur, sous l'abri en bois chanté, ils s'étaient mis en marche pendant que Abrulion, Misagaasaa, Joinon et les plus jeunes continuait probablement de roupiller. Le repas avait été essentiellement fait des restes de bannique et de viande de serpent séchée.

Le chemin allait être boueux, mais autant les deux humains que les elfes étaient habitués à crapahuter. Quant à Thozihé, la boue semblait être un non-problème pour lui. Très vite, ils furent sous les branchages la forêt.

Comme partout ailleurs, les sensations étaient très différentes dans une forêt humide. L'odeur, la température plus basse qu'en terrain découvert, et ce silence épais d'une nuit d'orage où les animaux sauvages eux aussi se cachaient. Mais très vite, un léger problème se dévoila : les elfes, comme Thozihé apparemment, étaient nyctalopes. Ce qui n'était pas leur cas. L'homme-cerf remarqua vite ses état de fait.


- Hum... Ouhouh..., son rire bas et doux sans moquerie aucune fut suivi de trois longues notes modulées et sifflées. Ils sentirent une légère brise autour d'eux et, un instant plus tard, leur univers se dévoilait à eux, les couleurs claires soudain presque lumineuses, comme certainement voyait les rapaces ou les loups.

Les elfes, qui connaissaient mieux le terrain, ouvraient la marche. Ils se dirigeaient visiblement vers un lieu particulier. Ils mirent probablement du temps pour se réveiller et, de toute façon, ceux-ci n'avaient pour le moment pas le temps de leur expliquer les choses, d'autant que la communication était parfois difficile. Pendant la première heure, Thozihé disparaissait de temps à autre, avant de revenir à leur groupe quelques centaines de mètres plus tard. Au cours de la deuxième heure, alors que l'aube approchait, l'homme-cerf entrepris de leur montrer quelques plantes, maintenant que la lumière commençait à se faufiler entre les arbres. L'une notamment, une minuscule fleur à clochettes rouges, semblait ne s'ouvrir qu'au matin. Il pointa sa langue et mima ensuite quelqu'un qui chauffait pour expliquer. Il leur fit signe de faire attention et leur montra une unique clochette, avant de leur faire comprendre qu'il ne fallait pas excéder cette dose. Un peu plus loin, dans un petit buisson, ils eurent probablement la joie de découvrir, enfin, quelque chose qui leur était commun : il s'agissait d'airelles. Quoique les baies semblaient un peu plus grosses que chez eux, c'en était définitivement. Thozihé sembla tout aussi heureux de constater qu'ils commençaient à trouver des terrains communs. Et c'est probablement avec d'autant plus de contentement qu'ils se délectèrent de quelques baies.

Alors que le jour se levait, et qu'ils montaine tun peu plus vers le nord, ils se rendirent compte qu'ils longeaient une rivière assez large, qui allait certainement plonger dans l'océan. Ils s'arrêtèrent quelques minutes pour examiner des traces. Une très longue trace, tubulaire. Même si ils s'en doutait, Thelka leur fit comprendre qu'il s'agissait d'un serpent géant. Et à voir la trace, il s'agissait certainement d'une bête de facilement cinquante centimètres de diamètre ! Si le rapport de taille du serpent était le même que pour un serpent normal, celui ci devait facilement faire plusieurs mètres de long...

Ils continuèrent et les murmures commencèrent un peu à s'éveiller. Maintenant qu'ils avaient leur proie, ils craignaient moins de faire fuir d'autre petit gibier. D'autant qu'ils semblaient assez certain de trouver le serpent. Quelques minutes plus tard cependant, ils s'arrêtèrent soudainement, et on leur demanda de se cacher. Apparemment, Thozihé avait repéré quelque chose. Souriant, il leur pointa le fleuve où ils découvrirent... une colonie de castors ! Ces gros rongeurs ne leur était pas inconnu, mais il n'était pas si courant d'en voir à l'oeuvre enb Faerun. Là, ils avaient la chance de voir ces créatures fort douées en ingénieurie fluviale entrain de construire un barrage pour pouvoir construire leurs caches semie imergées à l'abri du courant. L'homme-cerf leur murmura "chap", en pointant les animaux, et ils crurent comprendre qu'il trouvait ces créatures fort sympathiques. Lorsque l'un des elfes émis l'idée d'en chasser quelques uns, Thozihé mis un immédiat veto et leur montra le barrage, avant d'expliquer quelque chose dans la langue senotcha. Bien que n'en comprenant pas le sens, Farah et Varnas comprirent qu'il donnait des arguments pour ne pas les chasser, et qu'il était écouté.

Une fois qu'ils furent surs de ne pas avoir déranger les ingénieurs poilus, ils repartirent. S'enfonçant un peu plus dans la forêt, la lumière perçait de plus en plus la canopée. Bientôt, ils s'arrêtèrent dans une petite clairière. L'aube était déjà passée depuis longtemps. Malheureusement, ils avaient perdu des traces évidentes de leur proie. Aussi commencèrent ils a en chercher de nouvelles...



Abrulion et Joinon

Probablement bien après les chasseurs, Abrulion et Joinon se levèrent. Misagaasaa se leva sensiblement au même moment et ils comprirent vite que le nain n'était pas du tout du matin. Rallumant le feu, il mis de l'eau a chauffer, et une fois frémissante, elle y mélangea une poudre grasse et épaisse et une sorte de bâton sucré qu'ils avaient pu gouter le soir précédent. Ensuite, il se versa une tasse, en servi à Abrulion et Joinon (les enfants ne semblant pas en vouloir), et supporta avec un flegme impressionnant les chiots et les jeunes elfes qui semblaient s'amuser à l'escalader ou a se cacher dans sa barbe. Joinon d'ailleurs s'était réveillé avec le plus jeune des chiots ayant pris résidence dans sa propre barbe. Qui semblait fort confortable.

La tisane était épaisse, à la fois amer et sucrée, très puissante en goût, presque envahissante. On comprenait facilement pourquoi les enfants n'en voulait pas, et il n'était pas gagné que les faeruniens s'y habitue vite.

Finalement, le nain calma le remue-ménage qui était entrain de se dévelloper dans la tente, et envoya les enfants dehors qui, malgré leur jeune âge, semblait avoir à faire avant de pouvoir s'amuser. Puis il mena ses deux nouveaux amis dans la cabe en bois chantée. Celle-ci était très confortable, mais petite. Elle contenait un ensemble d'objets divers, beaucoup de souvenirs, ce qui semblait être un fumoir à encens. Sur le côté, un bac de sable à dessin plus petit que celui de l'extérieur et un peu partout sur les murs, écrit sur le bois à l'aide probablement d'une sorte de crayon gras, des dessins souvent amusants ou joyeux. Toujours accroché à sa tasse, il leur présenta des baies, probablement du jour précédent, de toutes les couleurs. Certaines, ressemblaient à des myrtilles, d'autres étaient moins communes. Mais toutes étaient délicieuses.

Ils s'assirent à côté du bac a dessin, et Misagaasaa, un peu fatigué mais conscient de leur envie de savoir, les laisser commencer pendant qu'il terminait de se réveiller.



◯ ◯ ◯


La Goualeuse et les goualettes

PARCHEMIN
J'ai légèrement décalé le départ. C'est plutôt rare qu'on décide de lancer une expédition en pleine nuit smile.gif Je vais volontairement faire une ellipse d'une journée pour te faire coïncider avec le temps de l'autre groupe.


Thyrine avait une règle : en règle générale, mieux valait attendre la fin de la nuit. C'est donc ce qu'il se passa. Une fois les sacs prêt, ils allèrent se coucher.

La nuit leur parut particulièrement courte quand, sans brutalité, mais sans douceur excessive, Thyrine vint réveiller la jeune femme. Celle-ci se rappella que comme d'autre, comme le drow, l'elfe n'avait pas a dormir autant que les humains. Et c'est donc logiquement que pendant qu'elle semblait fraîche et dispose, les quatre humains, Azima en tête, semblaient avoir une tête sortie du fondement.

L'elfe avait prévenu : ils ne savaient pas vraiment ce qui les attendaient sur le chemin, ni le temps que l’expédition pouvait prendre. Cela pouvait durer deux jours, ou deux semaines. Mais Thyrine avait décidé de ne prendre qu'une huitaine de ration. Si au bout de quatre jours, ils ne voyaient rien, ils pourraient revenir et alors le bateau deviendrait plus sage pour trouver le fort.


Jour 1

Le premier jour se passa sans anicroche aucune. Ils dépassèrent rapidement l'ensemble de bois dressés, puis l'endroit où l'aquafondienne avait trouvée la bouteille. Si Thyrine s'en rendit plus vite compte que les quatre autres, ils sentirent tous le changement de météo au fur et à mesure qu'ils descendaient vers le sud. Le temps devenait plus humide, et peu à peu, plus chaud. Alors qu'ils marchaient depuis le matin, la végétation commença également à se transformer. Des plantes aquatiques semblant être des lianes intriquées, commençait à pousser le long de la rive, parfois même à travers la route. Thyrine qualifia ce genre de végétation de "mangroves", le même genre de plantes se trouvaient en Chult notamment.

Le soir tombant, ils eurent la surprise de découvrir une bifurcation, un chemin assez dégagé qui entrait dans la forêt. Saisissant l'occasion pour s'éloigner de la côte, où la nuit risquait d'être froide, Thyrine les y entraina. Ils purent dormir dans une petite clairière éclairée par d'immenses arbres. Peut-être l'ancienne courtisane se rappela t'elle de cette terrible nuit passée en bivouac dans une caverne, dans la Passe de la Pierre-Tournante. Cette nuit en fut probablement l'antithèse. Azima et Marcon étaient d'infatigables bout-en-train pendant que le calme Teamon se révéla être un talentueux joueur de lyre, dont il avait emmené une petite version de voyage. Certainement la jeune femme l'accompagna t'elle de son chant. Et, pas en reste, Thyrine les régala d'histoire aussi passionnantes qu'interminables, notamment sur les aventures que, des décennies plus tôt, elle avait partagées avec un Baelnar autrement plus jeune (mais pas moins téméraire). Pas encore père, lui, sa compagne - Evirt -, Tr'ar, Fip et Thyrine, donc avait parcouru les Royaumes du Nord au Sud, régulièrement au pire endroit au pire moment mais s'en sortant toujours. Ils apprirent notamment que le gnome avaient laissé de mauvais souvenirs à quelques mages de Lunargent après que son ingénierie lantanaise en ait humilié un en plein milieu de la ville. Mais aussi qu'il portait le surnom de "Roule-Boule" à Arabel, en Cormyr, où il avait fini complètement bourré un soir où ils fêtaient la fin d'un contrat. C'est la semaine suivante, alors que Evirt s'occupait de son gnome qui se remettait difficilement de cet excès d'alcool, qu'ils conçurent Syna dans ce que Thyrine défini par "une timide tendresse" et qui tira une larme à un Azima plus sensible qu'on ne l'eut cru.

C'est sur cette histoire qu'il passèrent une nuit tranquille.


Jour 2

Le lendemain, la marche repris, les courbatures en plus. Leur éclaireuse avait eut beau les prévenir que les premiers jours seraient les plus douloureux pour les muscles, cela n'en était pas moins douloureux.

Malgré l'envie de Thyrine de continuer sur le chemin qui s'enfonçaient dans la forêt, ils convinrent que la mission les poussaient plutôt vers le sud. Ils revinrent donc sur le chemin et continuèrent.

Au début, rien ne les troubla particulièrement. Thyrine confirma qu'il reperait régulièrement des animaux ci et là, dans la forêt ou la mangrove, mais ceux ci ne semblait pas se soucier d'eux. Pour le moment du moins. L'éclaireuse leur avait dit qu'il 'était pas utile de chercher à être particulièrement discrets : ils étaient sur une route, et un surdosage de furtivité les feraient plus paraître louche qu'autre chose. Azimar et Marcon prirent la chose au pied de la lettre, et entre chansons de randonnées et anecdotes, Thyrine sembla un peu regretter de leur avoir dit ça. Même si ça ne l'empêcha pas de sourire.

Au fur et à mesure de la soirée, l'humidité augmenta, et malheureusement, le soleil se fit moins présent. En conséquence, la randonnée devint de moins en moins agréable a mesure que le tissu des vêtements se gorgeait d'eau et de sueur. Mais ils ne s'arrêtèrent pas et heureusement pour eux, un léger vent vint à se lever en milieu d'après midi, qui gonfla suffisamment pour pousser les nuages, et retrouver une certaine sécheresse.

C'est à ce moment qu'ils remarquèrent que le très grand relief qu'ils avaient remarqué des la fin de la matinée, et qu'ils avaient pris pour une colline, n'en était pas une. Sa forme était trop complexe... A mesure qu'ils s'approchaient, probablement leurs yeux s'agrandirent t'ils jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent au bord d'e la falaise et n'observent, de l'autre côté de la baie, ce qui était peut-être bien une autre forme de totem.

Sur la pointe, là, s'avançant un peu dans la mer, le regard fixé vers le levant, se tenant un ours de pierre gigantesque. Il semblait veiller comme un dieu primal sur la mer et ceux qui s'y trouvaient... ou bien surveiller que rien n'en sortait. Une forme de puissance émanait de cette impressionnante sculpture, renforcée par les lianes de mangroves qui grimpaient sur les pattes de l'ours et l'émail rouge et jaunes qui peignaient l'animal de pierre de symboles spiralés.

Quel était donc l'importance de cette statue ? Avait il le même usage que les piliers vu plus tôt ? Et si c'était le cas, la taille avait elle une importance ? Une demie-heure seulement les séparaient de la sculpture elle-même. Ils pourraient décider de s'approcher mais, le temps d'y aller et d'explorer la zone, Thyrine les prévint qu'ils ne seraient peut-être pas en mesure de trouver la meilleure des zones de bivouac.

C'était à la cheffe de groupe de décider.

écrit par: Varnas Mercredi 05 Mai 2021 à 22h34
Abrulion était tout feu tout flamme, et Varnas n'avait pas le courage de chercher à le devancer. S'il voulait tenter des trucs, qu'il essaie: leurs hôtes paraissaient bienveillants. Il eut un franc rire quand le sournois halfelin vit sa magie échouer, car bien sûr, il avait déjà vu ça. Ces mages qui pensaient tout savoir et pouvoir tout faire…

Offrant une dernière poignée d'avoine aux gamins et à Bonaface, Varnas fut bien heureux de rencontrer Thelka, qui semblait aussi avoir des prédispositions pour la communication non-verbale. La recherche du bois fut l'occasion de demander comment ils s'en procuraient, à quel point il leur arrivait de couper des arbres. Le vieux rôdeur voyait déjà l'incident diplomatique quand les elfes copains des forêts découvriraient l'installation des explorateurs. Vu la réaction à l'évocation de Balduran, la partie n'était pas gagnée…

– Enfin des gens civilisés ! s'exclama-t-il quand on accueillit naturellement sa mule à l'intérieur. Varnas avait du la mettre à fond de cale pendant la traversée, alors qu'il avait plutôt l'habitude de dormir avec dans les étables. Ses compagnons se souvenaient de leur cohabitation pendant les semaines qui avaient précédé leur départ.

– Et regardez-moi ça: des nattes ! En voilà des qui ont tout compris: on dirait que tout Faerûn s'amuse à dormir dans des tissus moisis et plein de puces, alors qu'une bonne natte c'est plus sain et meilleur pour le dos. Z'avez intérêt à me croire, les jeunes, sinon vous allez pleurer quand vous aurez mon âge…

Il fallait le voir pour le croire: Varnas paraissait ravi, comme s'il retrouvait une vieille habitude. Pour un peu il aurait troqué ses habits pour se mettre au vert, comme leurs hôtes. Après tout, il s'était vendu comme capable de s'adapter dans toutes les sociétés… Ce fut sans grogner qu'il s'endormit adossé à sa mule.

Le départ de la chasse fut matinal, et le rôdeur délaissa son écu au profit de son arc. Le tour de magie de Thozihé le prit par surprise, et il maugréa un temps, mais ne pouvait pas nier que cela palliait un handicap cuisant. Dans ces régions inconnues, il ne pouvait pas compter sur ses habitudes, son odorat ou son ouïe: trop de choses étaient différentes.

Bien sûr, ses compagnons ne pouvaient pas tous le comprendre, et sans doute le fait d'être en chasse tarit-il ses commentaires, mais Varnas évoqua rapidement une sinistre rencontre avec une Yuan-Ti, qui l'avait dégouté des serpents. Il se promettait de faire sort à celui-ci et conseilla à Farah que dans tous les cas, avant de foncer dans l'inconnu, il fallait toujours d'abord s'assurer qu'elle avait des poils…

Foutus squameux !

écrit par: Farah Cyahn Jeudi 06 Mai 2021 à 21h09
La chasseresse avait accueilli la tournure des événements avec une grande joie. C’était l’occasion de partager le quotidien de ce peuple nomade et les présages semblaient favorables. Loin du pont de la Fille d’Oghma et de la rigueur imposée lors de l’exploration de la forêt, elle pouvait à présent se détendre. Ainsi, elle profita pleinement des rires partagés et s’impliqua aux activités culinaires, conciliant productivité, plaisir et interactions, toujours friandes d’expériences exotiques. Elle notait précieusement chaque détail en prenant bien garde à toujours respecter les coutumes de la tribu.

Chacun trouvait une manière pour outrepasser la différence linguistique. Farah gardait toujours un œil sur Thozihé, que le destin avait placé sur sa route. Elle avait eu l’occasion de fréquenter différentes cultures, parmi les Nains et les Elfes. Mais l’homme-cerf était sans doute le plus grand mystère et jusqu’à présent, personne ne fut capable de déterminer son rôle et sa fonction. Bien qu’il fut évident du respect que chacun lui témoignait.

Après le repas, et s’être longuement informé sur la chasse à venir, elle allât se joindre à la « Petite Tribu » des bons petits diables aux oreilles pointues et leurs chiots. L’esprit de Farah était libre de toute attitude conventionnelle, ce qui dans l’intimité, était la base de son caractère, la fantaisie. Elle savait les enfants Elfes considérés comme des dons parmi les représentants du Beau Peuple. Elle-même n’avait pas eu le plaisir d’être tant dorlotée durant son enfance. Farah appréciait leur nature et la liberté dont ils jouissaient. Elle leur montra des figures animales en jouant avec ses doigts, les lumières et les ombres. Elle échangea brièvement par l’intermédiaire des chiens, grâce au Talent de parole avec la faune.


***

Au lendemain, la chasse pouvait commencer. Comme elle l’avait estimé, la tribu les guidait à travers la canopée. Tacitement, Varnas et Farah purent observer leur méthodologie. En compagnie de Thozihé et Thelka, ils purent s’instruire sur la faune et la flore locale. Ces informations étaient inestimables pour quiconque comptait s’établir sur le territoire.

L’orage avait quitté l’horizon avec l’aube. En pénétrant la clairière, Farah ne songeait plus aux joyeusetés de la veille. Concentrée, affutée, avançant d’un pas leste dans une canopée fraiche et humide. Silencieuse, et presque invisible grâce à sa cape et son armure. Vigilante, à la recherche d’un serpent géant qui se trainait dans les environs. Elle ne s’accordait de répit qu’aux sollicitations de leurs guides. A cet instant, elle savait qu’elle portait en elle une responsabilité. Les chasseurs de la tribu représentaient la survie, l’avenir bénéfique ou maléfique des Elfes nomades d’Anchorome. De cette mission, Farah voulait sortir avec honneur.

En milieu de matinée, l’allure du groupe se mit à ralentir. La piste avait disparue et une dizaine d’éclaireurs se dispersèrent pour tenter de la retrouver. Toujours en retrait, la chasseresse guetta à travers la brousse. Retenant la fougue pour ne pas adopter une attitude plus proactive, elle suivait les consignes des autochtones. Un peu plus tôt, elle avait pu observer la piste, un large sillon boueux. Ce monstre antique devait être fort lourd. Les distances qu’il avait à parcourir étaient longues et les voies difficiles. La chasseresse se questionna longuement sur le type de proie que pouvait ingérer une telle créature. Tous carnivores, les vieux serpents étaient capables de pratiquer le jeûne durant de longues périodes, mais ici, aucune excroissance ventrale allant dans ce sens.

Est-ce que des créatures d’une taille si importante n’étaient pas regardées par la majorité des hommes comme impossibles ? Pourtant, la faune locale semblait antédiluvienne, quelles que soient leur espèce ou leur dimension. Il devait y avoir ici des endroits et des conditions qui faisaient augmenter plus que de coutume la longévité, le volume et la force de ces espèces. De véritables survivants des premiers âges préservés par quelque propriété particulière. A l’époque de la grande naissance et le de la poussée du monde, les forces naturelles se déchainaient et la lutte pour l’existence avait engendrée d’impressionnante curiosité.

écrit par: La Goualeuse Vendredi 07 Mai 2021 à 18h22
L'aquafondienne avait désormais peu en commun avec la jeune femme inexperte qui, quelques années plus tôt, avait souffert de quelques lieues broussailleuses parcourues le long de la Rauvin. Si elle restait gracile, elle avait gagné en force et endurance, tout comme en expérience. Le cuir souple et épais de ses bottes, s'étant fait à ses pieds, ne la ferait pas souffrir ce matin. Suivant l'exemple de tant de celles qu'aucuns nommaient "aventurières", elle avait revêtu un pantalon de chanvre brun, vêtement bien plus pratique qu'une robe pour arpenter la jungle. Sa chevelure était rassemblée en une natte dans laquelle elle avait artistement tressé un foulard carmin.

Bien que la touffeur de la mangrove rende la marche plus difficile, La Goualeuse marchait d'un pas égal. Ses yeux orageux sondaient la végétation, aussi curieux des merveilles d'une nature sauvage et inconnue qu'il étaient à l'affût du danger. Ses compagnons découvrirent que la belle, tout en se prêtant de bonne grâce à la conversation, était d'un naturel peu bavard et n'était pas du genre à parler pour ne rien dire. Aussi ne mêla-t-elle pas sa voix aux babillages des deux frères, et passa-t-elle plus de temps à écouter d'une oreille amusée les histoires des uns et des autres qu'à les régaler d'anecdotes personnelles. Elle chanta en revanche lors de la veillée, d'une voix suave et claire, dans laquelle Taemon put percevoir une compréhension intuitive mais fort ingénieuse de la musique. Son répertoire se composait, du moins le prétendait-elle, uniquement de romances. Sans doute aurait-elle pu faire carrière si le don qu'elle possédait avait été cultivé.

Si des courbatures la lançaient dans les jambes le lendemain, ses compagnons n'en surent rien. Celle qu'il connaissait sous le nom de Mesalyne avait repris la marche sans émettre la moindre plainte. Son pas se fit pourtant un peu plus lourd, et lent, à mesure qu'ils avançaient. Les longues semaines passées alitée à l'infirmerie, durant leur voyage en mer, l'avait amollie et elle subissait douloureusement le contrecoup. L'étoffe détrempée de son chemisier, sous le cuir de son armure, lui collait à la peau, tiède, parfois légèrement urticant. En apparence indifférente à ces désagréments, elle essuyait de temps à autre sa nuque et son front d'un mouchoir qui s'était rapidement gorgé d'humidité, et ne mettait pas la moindre mauvaise humeur à répéter ce geste inutile.

Lorsqu'ils découvrirent l'imposante statue qui surplombait la mer, de l'autre côté de la baie, La Goualeuse ne cacha pas son admiration et son enthousiasme. S'il émanait du gigantesque ours de pierre une indéniable puissance, c'était bien la force esthétique de la sculpture qui la fascinait : une beauté brutale et primitive, élaborée avec art mais sans apprêt. Puisse la Déesse savourer le bonheur que lui avait offert une telle découverte ! Ils n'iraient pourtant pas plus près...


- Ne nous laissons pas distraire, nous ignorons combien de jours il nous faudra pour trouver le fort, commença-t-elle d'une voix ferme, tout en déposant son sac sur le sol, ce qui signalait paradoxalement une pause. Thyrine, signalez cette trouvaille sur la carte... Et croquez rapidement la statue... Précisez les dimensions...

Le propos était quelque peu haché, elle réfléchissait à voix haute, improvisant ses instructions.

- Et reproduisez aussi quelques-uns des motifs rouges et jaunes, cela pourra peut-être intéresser nos savants. Nous reprendrons la marche dès que vous aurez terminé, quelque chose me dit que nous avons encore un long chemin à faire... Il est peu probable que le fort ait été construit près d'un voisin si farouche.

écrit par: Abrulion Bascollier Samedi 08 Mai 2021 à 14h10
Le hin avait été penaud un temps après son aventure avec celui que l'on avait ensuite appelé le Coyotl, le moqueur. Il avait fait son rapport détaillé au reste de la troupe, et avec encore plus de détails à Joinon dans l'espoir qu'il l'aide à comprendre la cosmologie de ce côté de la grande mer.

Abrulion sut malgré tout profiter de la convivialité de la soirée, en particulier des nouveaux goûts qui s'offraient à son palais. Fils d'aubergiste, le hin avait passé son enfance en cuisine ou en salle à manger. Le maïs sauteur, ainsi l'avait-il nommé pour le moment, avait été le clou de cette nouvelle gastronomie. Un beau spectacle, à défaut d'avoir du goût. Il ne manquerait pas d'en rapporter à ses anciens quand il repasserait à Bulborp.

En attendant, s'il y avait bien deux choses qui se passaient de frontière ou de langage, c’était la nourriture et le rire ; et cette soirée en avait été remplie.



Priant le soir - il avait profité de l'orage pour faire son affaire - le hin n’était pas non plus vraiment du matin.
La tisane chaude lui rappela le tabac à chiquer, amer, puissante, au goût addictif une fois acquis. Il but à petites gorgées, appréciant la chaleur du breuvage pour contrer l’humidité matinale.

Il reprit la conversation là où il l'avait laissé la veille : Coyotl. Il leva trois doigts de la main, et énuméra Toteim Coyotl sur le pouce, Jaagichi Brandobaris sur l'index, et fit un signe d'interrogation sur le majeur, reproduisant le grondement qu'il avait perçu.

La veille, il avait préparé une batterie de sort spécialement pour l'occasion. En particulier, il avait prévu de prendre l'une des plantes toxiques montrées à la préparation du dîner, et de la traiter avec purification de nourriture et d'eau.

Les autres thèmes abordés serait principalement autour des coutumes de vie. Quel était le rôle Misagaasaa vis à vis de la tribu elfe, ou et comment vivaient les elfes habituellement, y avait-il des peuples sédentaires, de l'agriculture, de l’élevage, y avait-il des fêtes et autres cérémonies pour les totems.

Il demanderait aussi si Misagaasaa obtenait sa magie par un quelconque rituel, et s'il pouvait à son tour faire une démonstration de sa magie. Bien sur, qu'Abrulion l'inspecterait avec son sort de détection de la magie actif.

écrit par: Joinon Jeudi 13 Mai 2021 à 09h42
Les doigts dans sa barbe, Joinon tentait de la démêler sans réveiller le chiot fouineur qui s'y était constitué un nid. Seule une truffe noire, humide, dépassait de l'amas de poils roux.
¤ Mignonne petite chose. ¤
La soirée de la veille - ainsi que la nuit - avaient permis au nain de faire le tri dans ses pensées. Pendant un temps, il s'était presque senti de retour dans le foyer animé de son Alaoreum natal.

Les révélations d'Abrulion et les explications de Misagaasaa avaient tempéré son opinion sur l'influence des totems sur ces terres étrangères. Bien sûr ces êtres avaient un pouvoir sur Anchorome et ses peuples, mais peut-être pas la domination directe qu'il avait d'abord imaginé. Il fallait avouer que l'attaque de la baleine et la découverte presque immédiate du cercle des monolithes avaient constitué une première impression des plus défavorables...

La nervosité de la veille, elle aussi, s'était retrouvée atténuée par la chaleur presque familiale de la soirée.
Son large nez respirant la puissante tisane, le barde avait passé quelques minutes concentré sur sa harpe afin de renouer son esprit à la Toile, aussi altérée fut-elle. Il ne tenait guère à user de l'Art, toujours pessimiste quand aux conséquences potentielles de ses sortilèges, mais s'y tiendrait prêt.

Avant de s'assoir et de laisser la main (ou la parole) à Abrulion, Joinon observa les souvenirs entassés par Misagaasaa dans l'espoir d'en comprendre la nature, voire de reconnaître d'éventuelles reliques laissées là par une précédente incursion faerûnienne.

écrit par: Phineas Jeudi 13 Mai 2021 à 21h09
Joinon et Abrulion

Fa, le petit chiot, semblait avoir pris Joinon en affection, aussi la petite créature l'avait il suivi en dodelinant quand ils avaient changé de coin. Maintenant, il s'était à nouveau assoupi à côté du bac à sable après avoir lapé quelques gorgé de cette amère tisane qu'il semblait, pour sa part, apprécier.

Joinon observa les fresques murales. Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, elles ne racontaient la grande histoire d'un peuple, ou celle de dieu. Il compris vite qu'il s'agissait bien plus là de souvenirs de Misagaasaa, de chaque voyageur passé par ce qui semblait de plus en plus être une sorte de relais-étape. Des elfes, des humains, quelques nains, quelques xalibs, voilà ce qu'il voyait dans les petites peintures et sculptures. Beaucoup d'animaux également. Parfois une figure plus grande que les autres représentait certainement l'un des totems, de ceux qu'ils avaient déjà vu, ainsi que, donc, Coyotl, qu'il avait compris être représenté comme une espèce de loup. La majorité des dessins étaient joyeux, mais très certainement il avait parfois accueillit des funérailles ou recueilli des voyageurs perdu. Si cela en disait long sur les liens qu'il pouvait entretenir avec les autres peuples d'Anchorome, ça ne lui disait rien sur ce qu'il pouvait savoir des étrangers venus avant eux, dont on ne semblait pas vouloir transmettre le souvenir.

Pendant ce temps, Misaagaasa refusait assez poliment de répondre à la question de l'halfelin quant à la troisième entité. Pourquoi ? Il ne le savait pas, mais il refusait visiblement d'aborder ce sujet en particulier pour le moment.

Il observa cependant avec intérêt les sorts qu'utilisa Abrulion. Ceux ci d'ailleurs semblait fonctionner sans anicroches pour le moment. Avec amusement, l'autochtone montra sa propre forme de magie. Il ne semblait pas y avoir d'incantation orale, mais les signes semblaient plus précis et divers encore que ceux des prières et magies faerunien. Il fit s'envoler des volutes de sables autour de lui, ce qui créa diverses formes. La magie dont usait le nain semblait d'une certaine manière plus libre que celle d'Abrulion, mais il semblait également y avoir des limites. Visiblement, il n'était pas en mesure de purifier l'eau ou la nourriture comme l'halfelin pouvait le faire par exemple.

Néanmoins, le pouvoir de sculpture sur sable dont fit preuve le nain rendit la suite autrement plus divertissante. Avec une dimension supplémentaire, ils purent se faire comprendre différemment. Oui, il existait des peuples sédentaires, beaucoup même. Les Senotcha en était d'ailleurs probablement dans une certaine mesure. Il compris vite que le nain ne lui disait pas tout, pour des raisons qu'il ne saisit pas. Mais il s'efforça de lui expliquer ce qu'il pouvait. La conclusion vint que Misagaasaa était certes une sorte de prêtre, mais il semblait indépendant des tribu, et ils comprirent également que d'autres, comme lui existait. Ils finirent même par entendre que dans une certaine mesure, Thozihé devait également avoir une position similaire, quoique pas identique. Les Senotchas vivaient plus haut au nord, et les Mamic qui vivaient encore plus haut, étaient une tribu à majorité humaine semblait il, pendant que les Séols étaient une tribu visiblement chamarrée quant à sa constitution. Toujours était il que la forêt, et plus bas ce qu'ils comprirent comme étant un désert, était une barrière naturelle qui rendait apparemment rares les déplacement plus loin à l'ouest pour ces trois tribus. Ce qui, visiblement, ne gênait pas les xalibs.

Tout cela était illustré par les volutes de sables. A travers sa perception magique, Abrulion constatait une évidence : le nain utilisait l'énergie comprise dans l'aura qui l'entourait, autrement plus dense et puissante que celle de tous les autres individus du camp, pour manipuler son environnement. Ce qui dans une certaine mesure expliquait sa liberté, mais aussi les limites de cette façon de manier la Toile. Rien, cependant, ne prouvait que tous les individus de la fonction de Joinon usait de la magie de la même manière.



Farah et Varnas

Thozihé était d'un calme à toute épreuve. Là où même les chasseurs s'était tendus, comprenant qu'ils approchaient de leur adversaire du jour, il gardait une sérénité admirable. Appuyé sur sa lance, il observait les elfes s'activer.

Soudain, un murmure parcouru la forêt alors que le silence se faisait. Les deux faeruniens tendirent l'oreille...


- Omi'té !

Le cri d'un elfe se fit entendre et l'un, comme l'autre, comme l'homme-cerf, entendirent un arbre craquer et un sinueux déplacement derrière eux. Ils n'eurent que le temps de sauter sur le côté avant que l'énorme gueule du serpent de surgisse derrière eux en ayant sans doute tenter de les prendre dans ses anneaux. Heureusement, son énorme diamètre était aussi un inconvénient, et maintenant qu'ils avaient réussi à éviter cet énorme gibier, celui ci allait devoir se contorsionner pour pouvoir tenter une attaque de nouveau. Il glissait sur le sol alors que, dans des cris, les elfes commençaient à se jeter sur l'énorme créature. Elle faisait visiblement des dizaines de mètres de long, et c'était désormais un énorme tube de chair écailleuse qui traversait la clairière non loin d'eux.

Il allait vite cependant, et si ils voulaient faire quelque chose, il leur fallait se dépêcher avant que le serpent n'arrive à disparaitre de nouveau dans l'ombre des arbres !



La Goualeuse

Ils ne s'arrêtèrent que quelques instants, lorsqu'ils se trouvèrent le plus proche possible de l'Ours, pour que Thyrine ne prenne quelques notes.

C'est le seul retard qu'il prirent avant d'avancer.

La suite de la journée se passa sans anicroche ou découverte supplémentaire. Le soir, l'elfe réussit à leur trouver un coin assez sec, mais ils durent monter les hamacs dans les arbres pour pouvoir dormir tranquillement.


Jour 3

Le lendemain, les courbatures étaient encore là, mais elles étaient supportables, et le corps commençait à s'habituer. Ils marchèrent quelques heures sous une légère bruine alors que le soleil se levait mais bientôt celui ci les réchauffa, quoique l'atmosphère se faisait de plus en plus humide à mesure qu'ils descendaient la côté. Au zénith, alors qu'ils se trouvait sur une falaise particulièrement élevé, bien plus tôt qu'ils ne le pensaient, ils trouvèrent ce qu'ils cherchait.

Au loin, à des dizaines de lieues encore, mais grâce au jour dégagé, ils pouvaient le discerner, se tenait une grande bâtisse de pierre qui ne ressemblait à rien de ce qu'ils pouvaient s'attendre à trouver ici. Quand Thyrine tendit sa longue vue à la courtisane, la chose fut évidente : ils avaient trouvé Fort-Flamme, ou tout du moins, un fort faérunien. Il leur faudrait encore plus d'une journée pour le rejoindre, mais au moins savaient ils qu'ils n'arriveraient pas nul part. Probablement revigorés par cette découverte, ils continuèrent leur avancée, et c'est en fin d’après-midi qu'ils furent pris par une immonde odeur venant de la forêt. Ils n'eurent même pas besoin de chercher pour trouver l'origine de la chose : ayant bataillé leur survie aux arbres, de gigantesques fleurs tubulaires aux pétales chamarrés recouvraient le sol d'une clairière dégagées. C'était elles qui dégageaient cette horrible odeur de souffre, qui dénotait avec leur beauté.

Mais l'odeur les aurait empêcher de dormir, et ils durent donc marcher plus longtemps jusqu'à trouver un endroit où ils purent se reposer.

Le lendemain, au soir estimait Thyrine, ils arriveraient à ce fort, quelqu'il soit. Alors qu'ils se réchauffaient autour du feu, dans une petite caverne abritée du vent dans une crique, une discussion devait donc avoir lieu. Il était sans doute temps de se mettre d'accord. Ou plutôt, il était temps que leur principale plénipotentiaire expose la stratégie que ses compagnons devraient adopter...

écrit par: La Goualeuse Dimanche 16 Mai 2021 à 14h43
Avait-elle pris la bonne décision ? Le doute s'insinuait pas à pas alors qu'ils poursuivaient leur exotique pérégrination. Aucun de ses compagnons ne s'était permis un commentaire, pas même Thyrine qui pourtant partageait la responsabilité du groupe avec elle. Baelgar s'était montré particulièrement clair : trouver le Fort était la priorité, établir un premier contact demeurait une option. Et pourtant elle ne pouvait empêcher que l'image de cet ours grandiose et effroyable ne se présente à son esprit autrement qu'avec de vifs et amers regrets. Plus ils s'éloignaient et plus le sentiment d'avoir manqué l'essentiel devenait tenace, presque piquant. Mais peut-être était-ce là les circonvolutions retorses d'une cheffe inexperte et peu sûre d'elle.

La soirée fut plus calme que la veille, l'atmosphère de plus en plus humide et suffocante de la jungle les ayant terrassés de fatigue. Alors qu'ils partageaient leur repars, la jeune femme ne put s'empêcher d'évoquer d'une voix admirative et déjà nostalgique la sculpture qu'ils avaient laissée derrière eux, demandant à chacun ce qu'il en avait pensé. Elle avait donné son avis la première, comme pour initier le jeu de devinette : l'imposante statue devait appartenir aux esprits gardiens que vénéraient les populations indigènes en ces terres, à l'instar des poteaux sculptés découverts plus tôt. Ses dimensions gigantesques et son orientation la désignaient comme une divinité gardienne, protégeant la côte d'éventuels envahisseurs marins. Peut-être les motifs qui l'ornaient étaient-ils des peintures guerrières... Aussi avaient-il sûrement bien fait de ne pas opter pour le bateau !

La découverte du fort, le lendemain, réconforta quelque peu l'aquafondienne sur sa capacité à diriger. Elle scruta longuement la bâtisse de pierre et ses environs, essayant d'apercevoir d'éventuels avant-postes, des routes, ou les friches laissées par les incendies au moyens desquels les Balduriens, disait-on, avaient lutté contre les elfes sauvages et belliqueux qui peuplaient les contrées voisines. Une journée de marche seulement, selon Thyrine, les séparait de leur objectif. Ils arriveraient en plein milieu de journée, ce qui valait mieux sûrement... ou peut-être ? Elle l'ignorait, et de nouveaux doutes l'assaillirent le reste de leur marche, qu'elle remâcha et rumina jusque dans la grotte où ils installèrent leur camp. Les fleurs aussi belles que nauséabondes qu'ils avaient trouvées s'étaient offertes comme une pâle distraction ; elle avait interdit à quiconque d'en cueillir.

Restée relativement silencieuse pendant le repas, la belle avait senti l'attente de ses compagnons se faire de plus en plus pressante. C'était une évidence : elle devait parler, choisir, exposer un plan... Et n'avait pas la moindre idée de la stratégie à adopter ! Le point le plus fâcheux était qu'elle ignorait ce qu'elle pouvait révéler ou non de leur expédition aux habitants du Fort qui, à n'en pas douter, l'accableraient de questions.


- Aussi lointaine puisse-t-elle être, Tymora a veillé sur notre excursion et il nous faut pousser notre chance, commença-t-elle avec bien plus d'aplomb que ne le laissaient prévoir ses plus intimes pensées. Il est inutile d'éveiller la méfiance, nous jouerons franc jeu et nous rendrons au Fort par le sentier principal, où il est assez probable que nous tombions rapidement sur ses occupants.

Il y eut un léger flottement, le mot sur lequel elle s'était arrêtée étant lourd d'incertitudes... et de dangers. Les autres avaient-ils en tête les mêmes craintes ? L'idée d'envoyer en reconnaissance l'un d'entre eux, pour découvrir qui des elfes ou des Balduriens occupait désormais la forteresse, l'avait effleurée ; elle l'avait aussitôt rejetée. Le risque était trop grand, il valait mieux ne pas diviser leurs forces.

- Nous aviserons alors... Il va de soi que les armes seront votre dernier recours. Vue notre position ce soir, il me semble plus prudent de nous relayer pour veiller sur notre sommeil.

La rêverie de Thyrine était bien plus courte que leur sommeil, ce qui leur permettrait d'avoir une longue nuit, en dépit de leur tour de garde. Si aucune objection ou question ne se faisaient entendre, la belle se retirerait un instant pour invoquer la bénédiction de la Déesse aux Cheveux de Feu, bien connue pour son pacifisme.

Le lendemain, après une sommaire toilette, elle prit le temps pour la première fois depuis son arrivée dans ces terres vierges et sauvages, de souligner ses yeux de khôlle et de rehausser ses lèvres délicates de carmin, avant de tresser quelques mèches de ses cheveux en une élégante couronne. S'il lui avait paru inutile de mettre du parfum, elle avait soigneusement récuré les ongles de ses mains et nettoyé ses dents à l'aide d'un éclat de bois. Ces gestes tant de fois répétés n'avaient rien, du moins pour elle, de superficiels : elle se préparait au combat, aiguisant l'une de ses meilleures armes. Ce rituel, sorte d'hommage quotidien, contentait par ailleurs la Déesse. Touche finale, et non des moindres, elle retourna sa cape, dévoilant sous le tissu grisâtre des plus anodins qu'elle avait revêtu jusqu'alors une étoffe digne des plus grandes reines.


écrit par: Farah Cyahn Jeudi 20 Mai 2021 à 01h50
Un cri, des bruissements, des craquements, une forme gigantesque et sinueuse émergea à travers la végétation fraiche et humide. Il était très difficile d’estimer la taille de la bête, celui-ci étant rarement tendu sur toute sa longueur, prête à être docilement mesuré. Mais assez grand pour avaler un humain comme un œuf. En plein jour, la bête ne devait pas être elle-même en chasse. Le reptile, visiblement constricteur, devait rejoindre précipitamment un point d’eau dans lequel il pourrait fausser compagnie aux chasseurs. Une telle créature ne devait pas avoir beaucoup de prédateur, des caïmans, des fauves, mais le plus grand péril chez les serpents restait le cannibalisme. Il était assez fréquent que les femelles dévorent les mâles.

Instinctivement, elle dégrafa l’attache pour libérer son arc et avant de prélever une flèche, Farah tourna le regard vers l’homme-cerf dont l’autorité naturelle faisait de lui le maître de la chasse. Son assentiment tarda puis d’un geste, il ordonna de retenir la flèche. La chasseresse coupa rapidement court à ses ambitions égoïstes. Le respect des coutumes était une priorité et la chasseresse n’eut aucune contrariété. Elle avait pour habitude d’agir dans le respect de la nature, de la faune et des esprits animistes. La grande silhouette écailleuse disparue rapidement dans les hautes herbes.

Farah poussa un soupir en se contentant de guetter la réaction des rabatteurs Elfes à travers la brousse, la vision limitée par la végétation. Plus de fascination que de peur.

écrit par: Varnas Jeudi 20 Mai 2021 à 13h46
Varnas se jeta sur le côté, s'attendant à voir débouler un quelconque ongulé appétissant. Mais lorsque la gueule monstrueuse le manqua de peu, il abandonna toute idée d'utiliser de saisir son arc. La moindre imperfection de trajectoire causerait le rebond d'une flèche sur un monstre pareil, et cela ne lui infligera aucune gène. Et en attendant, il allait certainement revenir.

Sans réfléchir, tout son sang dans ses tripes, il se rua sur le monstre, à l'instar de certains des chasseurs. Comme s'il enfourchait une monture passant au galop, il sauta sur le long corps longiligne, plantant son long poignard entre deux écailles pour s'en servir comme d'une prise d'escalade.


¤ Et maintenant ? T'as l'air d'un con ! Est-ce que tu ne viens pas de dire qu'il ne vaut pas chevaucher n'importe quoi ? ¤

¤ Et toi, qu'est-ce que t'aurais fait, hein ? Courir comme un lapin apeuré avec ce colosse qui te siffle dans les oreilles ? ¤

¤ Mais je SUIS apeuré ! Accroche-toi, par les boules de Tempus ! ¤

Son arc en travers de son corps, et son carquois battant son flanc, Varnas n'avait pas beaucoup d'options devant lui. La seule manière de blesser ce monstre était sans doute dans l'étui sur son dos. Mais s'il voulait s'en servir, il allait devoir affermir sa posture juste un instant. Serrant ses jambes de toutes ses forces, il tenta de se maintenir en selle. Sans la selle…

¤ Mouahaha t'as l'air d'une danseuse du ventre en train de faire le grand écart. J'ai déjà vu ça… ¤

écrit par: Phineas Mardi 25 Mai 2021 à 13h11
La Goualeuse

Une fois la rêverie elfique passée, en effet, la nuit pouvait se dérouler sans arrêt. Avec toute l'antipathie qu'il lui avait inspiré, le drow avait au moins servi à cela. Thyrine s'était éloignée plus tôt pour commencer sa méditation, et le premier tour de garde tenu par les deux guerriers, avait finalement été fort court.

Hélas, contrairement aux plans de la cheffe d'expédition, les choses se déroulèrent avec une sacrée anicroche. Tymora les regardaient peut-être, mais rien ne disait que c'était eux qu'elle soutenait.

La Goualeuse fût réveillée dans la nuit, heureusement peu avant l'aube, avec donc un repos complet, par l'elfe qui lui secouait l'épaule. Elle mis quelques secondes à se réveiller pour découvrir que leur groupe n'était plus seul. Et que le comité du matin n'avait rien d'accueillant. Leurs deux gardes du corps, qui dormaient en armure et sur leurs armes les avaient au clair, mais ils allaient représenter une bien faible opposition, malgré toute leur prouesses physiques.

Trois hommes lézard et deux humains les encerclaient en effet. Et le chuchotement de Thyrine :


- Je ne suis pas certaine qu'ils n'y en ait pas d'autres...

Le chuchotement ne fit rien sans doute pour la rassurer. Les cinq avaient des visages moins agressifs que méfiants, remarqua immédiatement l'ancienne courtisane une fois qu'elle fut en position de les observer. Les lézards n'avaient pas grand chose à voir avec les barbares brutaux des histoires pour faire peur aux enfants et, comme les humains, portaient des armures d'écailles d'acier d'une teinte brun-vert. Tous portaient une hache utilitaire et une lance, et deux d'entre eux étaient équipés de plusieurs javelots.

- Cahappa ca hica ?

C'était l'un des hommes-lézards, le plus massif en fait, qui portait des dents d'animaux de grandes tailles autour du coup, qui venait parler. Son ton était impératif, visiblement ils n'allaient pas les attaquer à vue, sans quoi ils les auraient assaillis dans leur sommeil. Mais il était loin d'être amical.


Farah et Varnas

Si Farah avait fait preuve d'une humble prudence, c'était loin d'être le cas du vieux rôdeur. Celui ci, persuadé que la chose était une proie de choix se rua, couteau en avant... hélas (ou peut-être heureusement), ce qu'il avait imaginé faire du serpent pendant ses quelques secondes de réflexion de se produisit jamais.

Il rata sous simplement son premier saut.

Ayant mal évalué la distance autant horizontale que verticale pour atteindre un point accessible des anneaux reptiliens, il glissa à la surface des écailles, rebondit sur la chair avant de s'écraser avec un notable ridicule sur le sol, manquant de peu de se faire écraser par l'énorme masse du serpent qui passait à côté de lui.

Ce ne fut malheureusement pas le cas de tous le monde. Certain elfes, malgré les ordres tardifs de leur chef, avait sauté sur l'énorme créature et pendant quelques instants on les avaient vu tenter de l'arrêter en plantant leurs lances dans son cuir. Mais de longs instants plus tard, alors que tous s'étaient immobilisés et que les derniers anneaux du serpents disparaissaient dans l'ombre, on le vit tourner sur lui même, avant d'entendre des cris de douleur.

Sans attendre, toute la troupe suivit le chemin, bien plus large décidément que celui remarqué plus tôt, laissé par le reptile géant dans le sol. On découvrit les cinq elfes qui avaient attaqués la créature - fou ou courageux ? - étendu aux sols. Si quatre d'entre eux ne s'en tireraient qu'avec des ecchymoses, la dernière avaient le bras et la jambe gauche fracturées à plusieurs endroits, probablement broyés par le poids de la bête. Varnas, certainement, se dit qu'il avait échappé au même sort.

Ils ne purent s'empêcher de remarquer que les cinq victimes étaient relativement jeunes.

Écartant les elfes, Thozihé, soudain d'une humeur moins souriante, vint s'agenouiller à côté de la blessée à côté de laquelle s'agitait déjà Thelka, fébrile, tentant tant bien que mal, à l'aide de bandages, de maintenir les membres en un seul morceau droit. Il planta sa lance dans le sol, et sortit des bandages, certainement une sorte de lin tissé, de son sac, et plutôt que de laisser Thelka dans une nervosité douloureuse, l'envoya avec d'autres chercher, de ce qu'ils en comprirent, de quoi faire des attelles.

Alors que l'homme-cerf écrasait dans un pilon différentes herbes, le chef du groupe commença à lui parler, assez vertement. S'ensuivit un bref mais sévère échange de quelques secondes, qui ne s'interrompit visiblement pas sur un accord, mais à une trêve par défaut, vu la situation. A la suite de quoi, une partie des elfes se dispersa à nouveau pour trouver des traces, n'en laissant que quelques uns avec la blessée.

Plus personne ne semblait se soucier des deux étrangers pour le moment.

écrit par: La Goualeuse Mardi 25 Mai 2021 à 17h48
Ses rêves se muèrent soudainement en l'impression confuse d'une chute, puis elle se réveilla. Dans la pénombre de la grotte se détacha d'abord le faciès anxieux de Thyrine, puis, à quelques pas derrière, plusieurs silhouettes aux contours indistincts. La jeune femme eut un mouvement de recul instinctif, puis se ressaisit. Si ses membres étaient encore engourdis et ses paupières alourdies par le sommeil, une violente poussée d'adrénaline l'avait tout à fait réveillée.

*Même avec une plume dans l'œil et trois verres dans la tronche...*, pesta-t-elle intérieurement en regardant autour d'elle pour aussitôt constater qu'ils étaient encerclés.

Les mots que l'elfe glissa à son oreille lui confirmèrent que la situation était sans issue. D'une certaine manière, elle était satisfaite qu'il fût trop tard pour recourir aux armes. Sortant lentement les mains de sous sa couverture, elle se dégagea de sa couche, puis se mit debout, face à celui qui semblait être le meneur de l'escouade. Son visage, quoique ses lèvres fussent légèrement pincées, demeurait impassible. Elle n'avait pas peur. Les hommes-lézards, l'histoire de Betchear le lui avait enseigné, pouvaient être des créatures civilisées et sociables tout à fait charmantes ; le jeune Ssrik en offrait un bel exemple. La prudence restait néanmoins de mise... Les elfes de ces terres sauvages n'avaient rien à voir avec leurs lointains cousins faêruniens.


- Na hica ? répéta-t-elle avec une naïveté feinte, d'un ton excessivement interrogateur de manière à signifier son incompréhension. Je ne vous comprends pas.

Elle avait pris soin de détacher chaque syllabe, prouvant sa volonté de communiquer tout en opposant à son interlocuteur une langue qu'il ne comprendrait probablement pas.

- Baissez les armes, ajouta-t-elle d'une voix égale à l'intention des siens, sans quitter des yeux l'imposant homme-lézard au collier denté. Probablement un chasseur... La belle aquafondienne s'efforçait de donner une impression de maîtrise, alors qu'elle naviguait à vue. La barrière linguistique à laquelle elle était confrontée la faisait se sentir étrangement désarmée, mais son sens inné de la communication et sa grande sociabilité demeuraient leurs meilleurs atouts.

- Mesalyne, articula-t-elle en se désignant d'un geste de la main, un sourire courtois, signe universel de bienveillance, étirant ses fines lèvres.

écrit par: Phineas Mardi 25 Mai 2021 à 19h45
La Goualeuse

Alors qu'elle parlait, elle senti la situation se tendre et bien que, après quelques instants d'hésitation, leurs deux gardes et Thyrine aient baissés leurs armes (leur médecin n'ayant lui rien dans les mains), leurs antagonistes du moment, eux, ne réagir pas.

C'est son langage qui sembla les tendre.

Les deux humains se tendirent et commencèrent à murmure des paroles agressives, bientôt suivis par les deux être lézards. L'un des humains s'avança même, commençant à brandir agressivement sa lance.

Mais le chef intervint. Il était plus grand qu'Azima, déjà particulièrement imposant et légèrement plus grand (d'un petit centimètre), que son frère. Le chef, lui, dépassait le guerrier turmien de plus d'une tête. Lorsqu'il leva la main, l'humain hésita, mais fit un dernier pas. Le chef denté tourna alors la tête vers lui.


- Chè. Tak anok.

Les trois mots avaient été accompagné d'un grondement menaçant. Visiblement apeuré, l'humain recula en baissant légèrement les yeux. Le chef revint vers la Goualeuse et la fixa. Ses yeux verts, tranchés de la pupille verticale de son espèce, la transperçait. Un grondement de gorge étrange s'échappa de sa gueule. Puis avec difficulté, il montra qu'il connaissait quelques bases du commun faerunien :

- Tu... Vous ? Mezal Ine ? Hum... Oh... Vous êtres Baldur-han ?

Ses grands yeux se plissèrent, de nouveau méfiants. Si ses hommes avaient baissés leurs armes, lui n'avait que la hampe de sa lance posée au sol, pas la pointe. Sa confiance était très loin d'être acquise. Mais au moins le sol n'était il pas encore jonché de cadavre.

écrit par: La Goualeuse Mercredi 26 Mai 2021 à 17h38
L'hostilité grandit aussitôt qu'elle prononça quelques mots, lesquels avaient immédiatement dévoilé leur origine. Manifestement, ceux qui les tenaient à leur merci n'appréciaient pas les étrangers ; il fallait reconnaître que les méthodes balduriennes n'avaient pas été des plus tendres...

Ses muscles se tendirent lorsqu'un humain la pointa de sa lance, prêts à la propulser en arrière si l'esquive s'avérait nécessaire. Son armure gisait à quelques pas sur le sol, à côté de ses armes... La jeune femme était plus vulnérable que jamais, mais peut-être cette fragilité avait-elle joué en sa faveur : le chef, qui ne semblait pas l'identifier comme une menace, s'était interposé. Elle expira lentement pour évacuer la pression, s'efforçant de garder la tête aussi froide que possible alors que les yeux du reptile l'épluchait avec le tranchant d'un scalpel. Avait-elle frissonné ? Elle n'en était pas tout à fait sûr, et tenta de masquer cette vague hésitation par un geste de gratitude : une main sur le cœur, elle s'était légèrement inclinée en avant.


- Mesalyne, répéta-t-elle en se désignant une nouvelle fois de manière à confirmer ce que l'homme-lézard semblait avoir compris. Nous ne sommes pas Baldurans, poursuivit-elle en insistant sur la négation.

L'aquafondienne espérait que le simple usage du commun faêrunien ne les accuserait pas davantage aux yeux du chef de l'escouade qui, quoique animé par la rancœur, semblait soucieux d'agir avec justice. La situation était délicate. Elle marchait pour ainsi dire sur du verre et se doutait qu'on se lasserait vite de lui arracher des réponses question après question. Il fallait démontrer leur bonne foi, aussi se résigna-t-elle à livrer quelques informations.


- Nous sommes des voyageurs, des marins. La mer a cassé le bateau.

Elle articulait toujours bien distinctement, choisissant des mots simples. En dépit du danger, une forme de chaleur émanait de sa voix ; les traits de son visage, légèrement tendus, demeuraient doux.

écrit par: Joinon Mardi 01 Juin 2021 à 17h02
C'avait été avec autant d'intérêt ethnologique que de curiosité que Joinon avait observé les différentes scènes reproduites sur les murs. Il avait néanmoins été à la fois déçu et intrigué de ne trouver aucune représentation des faerûniens qui avaient foulé ces terres avant lui, d'autant plus si cette rencontre avait eu de funestes répercussions.
¤ Voilà qui est étonnant... ¤ avait songé le barde en s'asseyant aux côtés de Misagaasaa. ¤ Nous autres avons plutôt tendance à consigner les guerres et inimitiés au détriment des événements plus plaisants... ¤
Tout en lissant sous lui les plis de son pantalon, il s'était demandé si leur petit groupe allait figurer un jour parmi les autres esquisses de la cabane.

Comme Abrulion, Joinon avait étudié avec application la magie de leur hôte. Celle-ci n'était pas sans lui rappeler une démonstration à laquelle il avait déjà assisté, mais n'avait alors pas eu le temps de l'examiner très longtemps... Ici, dans le calme du camp, il pouvait la contempler d'autant plus.

- Voilà qui est formidable cher Abrulion, lança-t-il avec un émerveillement visible. Nous avons l'air nigauds maintenant avec notre encre et notre papier tristement plat. Notre bon ami s'est brillamment affranchi de ces deux dimensions. C'est fabuleux !

Profitant de la représentation tridimensionnelle de Misagaasaa, le nain d'or se décida à lancer l'une de ses propres incantations, mis en confiance par les tentatives fructueuses du halfelin.
Un sortilège de prestidigitation devrait faire l'affaire sans risquer d'être dangereusement transformé par la Toile d'Anchorome. Il chantonna:

- Quelques planches de bois
Mises ensemble et voilà
Quatre murs et un toit:
La maison des Sympas!
Joinon tenta de faire apparaître une petite bicoque à l'endroit où le sable figurait la côte où mouillait toujours l'expédition de Longsouffle. L'objet allait nécessairement être des plus sommaires mais suffirait probablement à demander l'accord de s'installer ici, et d'exploiter fatalement les ressources locales.

écrit par: Phineas Mardi 01 Juin 2021 à 17h39
La Goualeuse

L'homme lézard inspira tout en fixant la jeune femme. Puis son regard se posa sur les deux guerriers et l'elfe. Ses deux paupières se fermèrent quelques fois puis, il posa la pointe de sa lance au sol et fit un pas en levant la main, vers Azima. Celui-ci était toujours tendu mais ce n'était pas pour rien qu'il avait été choisi pour une mission diplomatique. Flamboyant, il n'en était pas moins capable de garder, quand la situation le demandait, un calme minéral et savait que le moindre mouvement pouvait être mal interprété.

Le reptilien s'arrêta après ce pas, à portée du turmien et les embrassa tous du regard. Il se retourna et laissa l'un de ses guerriers garder sa lance, se trouvant donc désarmé (du moins, si on exceptait sa hache au fourreau et sa probable force physique).


- Toh Baldur-han, il hocha la tête puis plaça la main au milieu de son plexus, Kurunji.

Il tendit la main, paume vers le bas vers Azima. Celui ci jeta un regard à Mesalyne, mais n'attendit pas sa réponse. La roublarde aquafondienne saisissait ce qu'il se passait : les signes d'honneur chez les guerriers était un langage universel, quoique différent d'une culture à l'autre. Et le turmien comprenait celui ci. Il posa sa main sur son plexus avant de donner son nom et plaça sa main de la même façon à côté de celle du lézard.

Kurunji se retourna et tous ses hommes semblèrent se détendre, quoique pas encore certain. Il récupéra son arme et présenta la forêt, vers l'ouest, son regard revenu à la Goualeuse.


- Je crois qu'ils nous demande de les suivre, dit Thyrine, sauf erreur, c'est de cette direction qu'ils sont venus.

Joinon et Abrulion

Leur hôte se lissa la barbe pendant qu'il essayait de comprendre ce que signifiait l'apparition de Joinon. Celle-ci d'ailleurs, n'avait rencontrée aucune résistance. Joinon comme Abrulion en conviendrait certainement ensuite : si il y avait probablement des différences entre le Pouvoir et l'Art, les sortilèges de faibles niveaux semblaient rencontrer moins de contraintes que les plus complexes.

Toujours était il que Misagaasaa compris vite, et utilisa sa sabukinésie (à moins que le barde ne trouve un néologisme plus adéquat) pour représenter l'exact même bicoque, couleur en moins. Il représenta ensuite la côté alentour, là où le nain avait placé sa première apparition tridimensionnelle, et ils purent constater que le responsable local connaissait parfaitement sa contrée : la baie dans laquelle ils avaient débarqués fût représentée presque à la pierre prêt. A ceci prêt, probablement, que la dernière image qu'il en avait devait remonter à plusieurs semaines.

Les regardant, il fit grandir et rétrécir la bicoque, leur faisant comprendre qu'il désirait savoir quel taille elle devait faire. Par la suite, il fit de même avec la position. Ils s'intéressa ensuite à la constitution de cette bicoque. Probablement les couleurs qu'avait utilisées Joinon sous entendait elle une utilisation de bois. Il chercha à s'en assurer, et quoiqu'il ne sembla pas s'en émouvoir, il traça une longue ligne d'un sable noir qui reposait au bord du bac, entre la côte et la forêt et brouilla toute sa surface ci d'une brume de sable obscur.

écrit par: Farah Cyahn Mercredi 02 Juin 2021 à 04h32
Ceux qui se prétendaient sages étaient bien souvent les premiers à manquer de sagacité. Avec un sourire moqueur devant son expression agacé, la chasseresse croisa Varnas et passa hâtivement son chemin afin de rejoindre Thelka. Dans un mouvement flou et rapide, elle rangea son arc, apparue à côté d’elle et lui pris son fardeau. Farah baissa doucement le visage pour lui signaler qu’elle l’assisterait à la réalisation d’attelles.

Aussitôt, dans une coordination muette, elle se mit à rechercher du bois, suivant scrupuleusement la méthodologie de l’Elfe. De nature, de forme et de taille, pour compléter les bandages de manière à maintenir la réduction des fractures. La chasseresse était formé aux premiers secours, elle connaissait les articulations, les points de pression, et plus généralement, avait connu son lot de fractures, d’hématomes, de foulures et de plaies.

Tandis que les chasseurs écartaient le cercle de vigilance et que les deux jeunes femmes s’éloignaient de la position des blessés, Farah redoubla de prudence en portant régulièrement son regard aux alentours.


hrp.gif Perception, Premiers Secours

écrit par: La Goualeuse Samedi 05 Juin 2021 à 15h51
Comme c'était bien trop souvent le cas à son goût, en ce nouveau monde comme à Faêrun, les affaires devaient se régler entre mâles. Le massif saurien se désintéressa d'elle pour gratifier Azima d'un salut solennel, par lequel il était bien évident qu'il reconnaissait un égal : lui, que sa taille imposante et sa musculature désignaient comme un valeureux combattant, méritait des présentations en bonne et due forme. Profondément humiliée, la jeune femme répondit à l'affront avec une bonhomie souriante digne des plus roués diplomates.

- Une demande, vraiment ? persifla-t-elle à voix basse, ne cachant pas son humeur à Thyrine.

Et en effet avaient-ils vraiment le choix ? Elle fit signe aux autres d'obtempérer, puis rassembla ses affaires à la hâte, passa son armure de cuir sans prendre le temps d'en serrer les liens et jeta sa cape sur ses épaules. Se réfugier dans une grotte, lieu sans issue, avait scellé leur sort ; on ne l'y reprendrait plus.

Une fois sortie de la caverne, elle dénombra leurs ravisseurs et observa plus attentivement la physionomie des humains, essayant d'estimer de quelle peuplade connue ils se rapprochaient le plus. L'alliance de ces deux races l'intriguaient : avaient-elles fait front commun contre l'envahisseur, ou vivaient-elles unies depuis toujours ? Quoi qu'il en fût, la présence de cette escouade si près du Fort n'augurait rien de bon.

Pragmatique, elle chuchota au valeureux Azima de cheminer près de Kurunji, non sans s'être d'abord assurée que les signes échangés n'engageaient aucune forme de défi.

écrit par: Phineas Lundi 07 Juin 2021 à 17h13
La Goualeuse

Kurunji devant, la troupe - qui ne savait pas vraiment à quel point ils étaient prisonnier - repris la route. Ils se rendirent vite compte que l'affrontement aurait été en leur défaveur. En plus de ceux qui étaient au sol, trois archers, deux sauriens moins massifs que les lanciers et un elfe, sautèrent des arbres pour les rejoindre.

Ils n'étaient pas particulièrement agressifs, semblant apparemment considérer qu'il y avait peu de chance que leurs nouveaux amis s'échappent et à en écouter les quelques informations de leur éclaireuse, ils avaient raison. Elle ne connaissait en rien l'environnement et tenter de s'échapper serait peine perdu vu qu'ils les rattraperaient certainement vite. Sans compter les dangers présents dans la jungle.

Car c'était bien une jungle qui laissait bientôt la place à la forêt septentrionale. L'humidité, qui grimpait déjà quelques heures plus tôt, atteint des sommets de moins en moins confortable pour l'aquafondienne habituée à un temps plus sec. Cependant, grâce à leurs guides, ils purent vite estimer qu'ils avaient économisés une bonne journée de marche. Deux heures plus tard en effet, ils sortirent de la jungle abruptement et un terrible spectacle s'offrit à eux. Sur des lieues à la ronde, les arbres étaient calcinés et les quelques uns qui tenaient encore debout ne repartiraient probablement jamais. Les regards de leur escorte se noircir alors qu'ils commençaient à traverser le champ de cendre. Ils ne s'arrêtèrent pas, mais Kurunji attrapa le regard de l'ancienne courtisane et pointa quelque chose vers l'est, deux ou trois lieues plus loin. Sur un promontoire rocheux se dressait une construction clairement faerunienne : un fortin.

Eux allaient vers l'ouest, où s'élevaient des montagnes et où, si elle ne se trompait pas, elle pouvait distinguer un village. Un peu plus loin, après avoir descendu la colline sur laquelle ils avaient débouchée, ils pourraient suivre un petit cours d'eau autour duquel la vie avait percé la désolation. Hélas, le gigantesque champ de cendre les suivraient encore pendant plusieurs heures.

écrit par: Varnas Lundi 07 Juin 2021 à 18h12
Varnas n'était pas idiot, et était largement conscient de ses capacités et de ses limites. Mais peut-être qu'avec l'âge, il avait tendance à embellir certains récits de ces aventures. Ce saut-ci, en tout cas, aurait besoin d'une bonne dose de licence poétique.

¤ J'ai été jeté à bas après une âpre lutte et plusieurs centaines de mètres… ¤

Quand il vit l'homme-cerf et Farah portée de crachat —une unité de mesure toute à fait standard—, puis les corps meurtris des autres chasseurs, il changea d'avis en massant ses côtes douloureuses:

¤ J'ai eu la prescience de sauter à temps avant que le monstre ne se retourne… ¤

Son sens aigu des sociétés humanoïdes lui fit comprendre que Thozihé et les elfes étaient en désaccord, sans doute sur la chasse au gigantesque ophidien. Alors qu'il aurait sans doute partagé un commentaire bougon sur l'énorme créature, il trouva plus sage de ne pas jeter de l'huile sur le feu et de risquer un mouvement d'humeur de l'énorme élaphoïde qui pouvait sans doute l'encorner sans difficulté. Il offrit cependant son aide pour maintenir les attelles pendant que Thozihé les liait, tout en parlant abondamment à la jeune elfe avec un air enjoué et des expressions encourageantes. Elle était peut-être douée pour comprendre les signes, mais pour le langage oral elle aurait sans doute encore besoin de quelques cours de langue.

– T'inquiète pas, poulette. Thelka. C'était très courageux ce que tu as fait. J'ai déjà vu ça. Un gamine qui s'est lancée contre un géant pour lui larder la jambe. Elle a sauvé deux de ses compagnons, mais s'est fait écraser comme une blatte sous son talon. Et nous-mêmes on a failli finir en crêpes…

Il eut un éclat de rire qui ne trahit rien de la fatalité de ses paroles. Après tout, le but était de la distraire de sa douleur, pas qu'elle comprenne vraiment quoi que ce soit.

– Mais toi tu vas t'en tirer. Finie les galipettes. On va essayer de recommencer à pister notre vrai gibier, celui qui ne fait que quelques mètres. Si on mange ce gros-là, on aura une indigestion.

Avec un dernier sourire encourageant —il fallait le voir pour le croire—, il se releva vers Farah et les autres chasseurs valides, mimant ses paroles avec des gestes simples.

– Ce serpent-là. Trop grand. Pas chasser. Cherchons le petit.

¤ Celui qui ne fait que cinquante centimètres de diamètre, quoi… ¤

Il se joignit ensuite aux recherches, pas de l'énorme corridor qui indiquait le passage du monstre, mais plutôt des traces de leur première proie. Il n'allait certainement pas affronter un serpent constricteur tout seul, même s'il en faisait que huit mètres de long, mais trouver une piste redonnerait un but à ces chasseurs bouleversés. Varnas avait déjà vu de fines équipes exploser sous le poids du stress et de l'échec.

hrp.gif On est là pour un moment à s'occuper de la blessée, donc jets: Social/psychologie pour palper l'ambiance. Premiers secours pour aider (j'ai pas mis le DD10, tu en fais ce que tu veux). Connaissances (nature) pour déterminer les capacités/vulnérabilités du serpent. Survie pour suivre la trace.

écrit par: Abrulion Bascollier Mercredi 09 Juin 2021 à 13h04
Voila une belle équipe qu’était la demi-portion et les deux nains, qui jouaient au sable pour se comprendre. Une façon pratique et efficace de narrer des faits, mais autrement plus sujette à interprétation quand il s'agissait de question-réponse.

Le hin n’était pas érudit en la magie, lui qui n'avait besoin que de commander ses pouvoirs la veille au soir auprès de son supérieur clérical. Reste que auras, domaines, énergies et registres était des concepts familiers, et le nain-prêtre du nouveau monde ne rentrait manifestement pas dans les cases.

Le hin s’étonna de trouver une aura faible autour de sa personne Etait-ce lié à ces sensations bizarres qu'il avait éprouvé la veille en lançant le sort de lumière, puis celui de compréhension des langages ? Joinon n'en avait pas, c'était donc bien probable.


- C'est effectivement pratique. Je me demande quelle durée il peut tenir cet effet actif.Répondit-il à Joinon, qui se prétait lui aussi aux jeux de magie.


Quelle taille et quel emplacement pour l'observatoire, c'était à vrai dire une bonne question, épineuse qui plus était.
Etait-il venu l'heure de révéler les centaines de matelots attendant les instructions ? Les intentions de l'amiral étaient bonnes, en tout cas de ce qu'ils savaient, mais les autochtones le verraient-ils de cet oeil, si toutefois ils arrivaient à comprendre le but de recherche de connaissances ?

Le hin s'approcha du sable et tenta de faire comprendre que la localisation était pour l'heure inconnue. Il pointa son doigt à différents endroits et enchaina sur une moue, sourcils levés et bras pliés paumes vers le haut. Il pointa alors le lac, et mima de boire à la gourde, puis la forêt et mima de tirer à l'arc, puis l'océan et il s'assit et mima la houle d'un bateau, et le transport d'un gros baluchon sur le dos. A chaque fois il prononçait des mots et phrases simples pour commenter ses mimes.
Il tentait de signifier que ces choses importeraient dans la localisation future du camp.

Le nain avait-il une proposition sur la localisation ? Il l'invita à désigner un endroit sur la carte.

écrit par: Phineas Mercredi 09 Juin 2021 à 14h41
Varnas et Farah

Varnas ne s'était pas trompé, il y avait visiblement dissension entre le xalib et le chef des elfes. Mais , avant de retourner chercher la piste de leur proie, il constata qu'il n'était pas le seul dans ce cas : il y avait visiblement deux partis sur la façon de gérer la situation. Le gros de la troupe était déjà reparti à la chasse, mais le vieil compris vite que, certain semblaient estimer que la priorité était désormais de ramener la blessée au camp. Ceux ci, six d’entre eux, hésitaient à reprendre la chasse jusqu'à ce que, juste avant que le rôdeur ne les suivent, Thozihé secoua la main, indiquant qu'ils pouvaient partir.

Thelka était restée muette mais avait acceptée de bonne grâce l'aide de Farah. Malgré son mutisme, elle aussi avait nettement senti le doute sensible qui l'assaillait. La rôdeuse avait parfaitement compris qu'elle respectait énormément leur chef, et si elle ne se trompait pas, il devait être une sorte de tuteur ou de maître. Pourtant, sa réaction montrait clairement que la blessée était l'une de ses amis proches. Gizhaanmad - son chef et maître donc - ne semblait pas pourtant faire de son retour au camp une priorité. Et bien que l'homme-cerf ne soit pas de son clan, celui-ci semblait donc mieux suivre la ligne de ses émotions que la raison de la chasse. La forêt, que Farah put découvrir plus clairement maintenant, étaient faites d'arbres immenses et puissants, peut-être primordiaux. Même les branches tombées au sol donnaient un bois de bonne qualité, certaines essences d'ailleurs lui étaient inconnues. Dont quelques unes semblaient imputrescibles et visiblement immunisées aux parasites. Mais la priorité étaient la blessée, et les caractéristiques recherchées étaient donc la rectitude et la rigidité. Bientôt, elles eurent récoltées une demie-dizaine de branches correctes. Et purent revenir.

Elles découvrirent donc Thozihé seul avec la blessée. Il avait fabriqué un coussin de mousse sous sa tête et sa jambe était prête pour être maintenue dans l'attelle, des bandes de cuir prêtes à servir de sangle. Lui regardait la forêt, ses grands yeux plissés. Thelka s'approcha de lui le regardant.


- Thelka, doodann aw.

- Anaw...

- Na'li. Doodann aw.

Nerveuse, la jeune elfe hocha la tête avant d'aller vers son ami. Celle ci était visiblement endormie, et la forte odeur qui émanait indiquait que tel en était probablement la cause. Thozihé saisi l'épaule de Farah quand elle passa à côté.

- Fawr-ah, il hésita, tou pô allez avec ?

Il ajouta un regard pour appuyer le fait qu'il s'agissait d'une interrogation et montra Thelka et la blessée endormie puis pointa la direction du village dont ils venaient. Alors que, probablement, elle allait répondre qu'il allait difficile de transporter l'elfe dans la forêt maintenant qu'elle dormait il haussa la main pour lui indiquer de se taire. Il regarda à nouveau de la forêt avant de lever la tête. Un bruit lourd et rauque sortie longuement de sa gorge, trois fois. Il se tourna ensuite d'un quart et indiqua à Farah de se tenir derrière lui. Un brame presque identique répondit au loin de la forêt. Le silence revint quelques minutes puis... des bruits de sabots se firent entendre, un trot prudent. Et soudain, sortant de l'ombre des arbres, un impressionnant cervidé (quoique d'une taille bien plus normale que le serpent) à la fourrure sombre et aux bois arrondis et couvert d'un léger duvet. Son garrot culminait facilement à plus de deux mètres et son faciès sympathique n'enlevait rien à la faculté de l'animal à encorner n'importe qui.

- Ti'am, présenta Thozihé à Farah. Il s'avança et posa le bout de son museau sur celui de l'animal avant de reculer. Dans un langage étrange, une suite de petits grondements, ils échangèrent quelques instants, puis l'homme-cerf recula et poussa Farah devant, ami, salouer.


Pendant ce temps, un peu plus loin, la pourtant légendaire compétence de Varnas s'apprêtait à lui faire défaut. Alors qu'il avait redressé la tête pour entendre l'échange de brames, il n'avait toujours pas trouvé de trace de leur proie initiale. Mais, pire que ça, sans s'en rendre compte, il s'était éloigné toujours plus, les murmures de ses compagnons de chasse disparaissant peu à peu alors que son égo l'enfonçait dans la perdition. Il fit un pas supplémentaire, pas qui produit un "floc" inquiétant, se rendant compte que, alors qu'il se croyait encore dans la forêt profonde, il venait de mettre le pied dans une terre molle et très humide indiquant un plan d'eau non loin de là... Et effectivement, quelques pas plus tard, il déboucha, nez à nez avec un immense lac dans lequel batifolaient des oiseaux, rempli de poissons, et bordés de créatures diverses herbivores diverses, notamment ce qui semblait être de petits cerfs. De ce qu'il en voyait, le lac était au moins alimenté par deux cours d'eau et l'autre rive se trouvait à plusieurs centaines de mètres en face de lui.

Au moins, il avait de l'eau.



Abrulion et Joinon

- Hum..., il hocha la tête, bo-are, manger. Beaucoup ? Hum...

Il réfléchit, conscient que sa décision pouvait déclencher bien des choses. Il fit tourbillonner le sable pour étendre la carte grâce à un talent certain, il représenta un grand fleuve, de l'autre côté de la forêt à l'ouest et désigna une grande trouée, probablement pas parfaite, mais qui leur permettrait de s'installer prêt d'une eau vive, sans abattre d'arbres, et sur la terre ferme. Mais faire traverser toute la forêt par l'ensemble des marins risquaient d'être difficile. Plus encore serait d'acheminer les matériaux, même avec l'aide de la magie, ou d'éventuels alliés.

L'autre proposition était de s'installer sur une île, soit sur la petite qui se trouvait dans la crique où ils avaient débarqués, soit sur une, plus grande, à quelques encablures de la côte. Mais si cette position avait elle aussi un avantage clair, une isolation protectrice du continent, il ne semblait pas y avoir un accès direct à de l'eau douce. Sans parler du fait que cette protection était toute relative si la Baleine revenait.

Misagaasaa tortilla sa barbe et plissa les lèvres. Il les montra tous les deux des mains, puis pointa la maison :


- Aanin minik ?, demanda t'il,... Combien ?

écrit par: Farah Cyahn Samedi 12 Juin 2021 à 01h40
La forêt l’impressionnait toujours autant. Immense et peuplée d’arbres gigantesques. Une dizaine d’hommes se tenant par la main auraient eu du mal à faire le tour de certains troncs qui s’élançaient à l’assaut du ciel, sans jamais vouloir s’arrêter dans leur conquête aérienne. Sous le couvert des bois, la luminosité partielle accentuait l’étrangeté de cet endroit.

La chasseresse fut surprise en découvrant que tous les Elfes – et Varnas – avaient disparus durant sa brève escapade dans les sous-bois. Elle accueillie l’échange entre Thelka et Thozihé d’un air circonspect. Les sonorités devenaient familières, mais ce n’était toujours pas assez. Il lui fallait déchiffrer par les expressions et les mouvements d’humeur. Ce qui n’était pas toujours chose évidente avec ces deux spécimens.

Alors qu’elle focalisait son attention sur un autre élément, qu’elle fit mine de s’approcher du corps étendue de la blessée afin de découvrir l’origine de cette forte odeur. Le grand homme cervidé retint son attention en appelant à lui un magnifique compagnon. Farah ouvrit grand les yeux, souriante, laissant les deux êtres communier, la candeur se peignant sur ses traits. Élevée comme une louve, elle n’avait jamais particulièrement aimé la chasse aux longs bois. Elle trouvait les cerfs majestueux, fiers de leur liberté, et elle détestait les voir encerclé par la meute. Cela se terminait inévitablement par un bain de sang. Mais elle n’avait pas toujours eu le choix. Nécessité faisant loi.

Thozihé l’invita à saluer, elle hocha de la tête en retour puis fit un pas vers le cervidé. Farah prit une inspiration et leva une main pour incanter un sort.


- Enchanté, Tiam, déclara-t-elle dans un souffle.

Instinctivement, elle décrivit un cercle dans l’air avec l’index et le majeur dressés. « Axii. » La magie s’activa et la créature confirma spontanément que Thozihé demandait de l’aide pour ramener la blessée. Satisfaite, Farah lui indiqua que les yeux d’une Nakasa et le pas assuré d’un Ti’am suffiraient à transporter la victime. Ils avaient toute sa confiance. Ce qui n’était pas le cas de son congénère, disparu en même temps que les Elfes. Elle en profita pour questionner brièvement l’Orignal.

La chasseresse avait déjà pu observer certains de ces grands herbivores, dans des régions montagneuses, des forêts boréals des terres gelées aux nuits éternelles. Elle en profita pour apprendre ce qui les attendrait durant les prochaines périodes. Elle redoutait à présent que les hivers soient très rudes dans la région.

Pour conclure, elle confirma son souhait de rester auprès de Thozihé, en marge de la grande battu. Les mœurs et les coutumes n’étant pas encore été clairement établies.


hrp.gif Communication avec les animaux (=2/3). Connaissances (Nature)[20(d20)+6]

écrit par: Varnas Dimanche 20 Juin 2021 à 21h12
– Et ben voilà. On cherche du gibier, et voilà que pullulent poiscaille, volaille et venaisons…

¤ Doucement, petit gobelin… J'suis sans doute pas le seul dans le coin. ¤

Le chemin qui l'avait mené ici ne serait pas très compliqué à suivre au retour, et avec la blessée, les autres n'allaient pas aller bien loin très vite. Il se dissimula pour scruter un temps le lac, et observer la faune locale. Hélas, vu leur guide anthropomorphique, ils allaient sans doute devoir faire l'impasse sur la venaison.

Et d'ailleurs, pourquoi les indigènes avaient-ils ignoré un vivier pareil ? Même s'ils semblaient chasser à l'aveugle dans cette région, ils ne pouvaient pas méconnaître un tel rassemblement de la faune. Soit cet endroit était dangereux, soit lui et ses occupants étaient sacrés, ce qui revenaient à la même chose. C'était sans doute la seconde raison.


¤ Foutues religions… ¤

Après une certain contemplation, l'absence de cris de ses compagnons rappela Varnas à la réalité. Il valait mieux rejoindre les autres, avant qu'ils ne repartent en chasse.

écrit par: La Goualeuse Mercredi 23 Juin 2021 à 18h16
L'ancienne courtisane, passée depuis longtemps maîtresse dans les apparences, affecta le plus grand calme en découvrant le reste de l'escouade de Kurunji. Dissimulant derrière un sourire aussi énigmatique que séduisant sa nervosité, elle salua d'un geste de la tête chacun de ceux qui la dévisagea, puis acheva de nouer les liens de son armure.

L'imposant homme-lézard s'étant totalement désintéressé d'elle et aucun des chasseurs ne cherchant à faire connaissance, elle chemina en silence, jugeant plus prudent de ne pas chatouiller la nature taciturne, pour ne pas dire rustre, des autochtones. Sans en avoir l'air, elle se montra particulièrement attentive aux réactions de leurs ravisseurs lorsqu'elle fouilla dans sa besace à la recherche d'un reste de pain. Que leurs armes n'aient pas été confisquées l'intriguait... Cela signifiait-il qu'ils n'étaient pas des prisonniers, mais des hôtes ? L'invitation était bien maladroite ! Ou était-ce plutôt le signe d'une excessive confiance des chasseurs en leur capacité à mater toute opposition ? Elle multiplia les subterfuges les plus anodins pour essayer d'éclaircir la question, exhumant de sa besace un fichu pour s'éponger la nuque, ou s'écartant à pas lent du chemin pour soulager sa vessie.

La touffeur de la jungle était accablante, et le rythme imposé par les natifs bien plus soutenu que celui des jours précédents. La jeune femme n'en arborait pas moins son masque de candeur insouciante, déterminée à convaincre le gigantesque saurien que, parce qu'elle ne semblait rien avoir à craindre, elle n'avait donc rien à se reprocher. Bientôt les friches calcinées se présentèrent à leur vue : comment ne pouvait-elle pas les avoir aperçues la veille, du point élevé depuis lequel ils avaient découvert le fortin ?

Elle n'eut pas à feindre la profonde tristesse que lui inspira ce paysage désertique, froid témoignage d'une guerre dont les récits parvenus jusqu'à Faêrun ignoraient probablement les heures les plus sombres. La compassion qui emplit son regard lorsque Kurunji sembla désigner, d'un geste de la main en direction du fort, les balduriens comme les responsables de ce désastre était elle aussi bien sincère.


- C'est horrible... je suis désolée balbutia-t-elle sous le coup de l'émotion, ces quelques mots s'avérant sûrement inutiles pour témoigner son affliction. Puis elle pointa du doigt une souche carbonisée, avant de ramener sa main à plat contre son cœur et de refermer le poing dans un geste de torsion.

Sans lui vouer un culte, elle avait toujours admiré le spectacle de la nature : le tableau hideusement désolé qui s'offrait à ses yeux ne pouvait qu'heurter l'adoratrice de Sunie, dont le cœur, comme ses gestes simples avaient voulu l'exprimer, était comprimé par les champs de cendre. Cette balafre infligée à la Terre avait-elle été vengée ? D'ici, il était bien difficile de déterminer si le tristement bien nommé Fort-Flamme abritait des survivants. Et il ne valait mieux pas s'en enquérir pour l'heure...

écrit par: Joinon Vendredi 25 Juin 2021 à 10h38
Tout en jouant machinalement avec les boucles de sa barbe, Joinon songea à la double question posée par Misagaasaa.
¤ Où et combien ? ¤
Abrulion et lui avaient là une responsabilité des plus importantes. L'espace d'un instant, le nain d'or préféra presque avoir accompagné Farah et Varnas a une partie de chasse qui, certainement, devait se dérouler le plus simplement du monde...

- Soyons audacieux, mon ami, énonça-t-il avec une lueur malicieuse dans son regard concentré. Nous ne devons pas abandonner les navires à un sort incertain, mais la présence d'eau douce nous assurera celle du gibier.

Le nain d'or désigna de ses deux index les deux zones proposées par son cousin d'outre-mer. Il se risqua même à tracer une ligne reliant la trouée et la crique.
Il était conscient que cette proposition pouvait passer pour du colonialisme assez agressif, mais l'idée lui semblait néanmoins assez bonne. S'il était important de s'aventurer un peu plus avant dans le territoire d'Anchorome et d'assurer eau et nourriture aux marins, il était tout aussi nécessaire de conserver la flotte à l'abri de la crique, prête à partir.

Saisissant dans son épaisse main une poignée de sable, il en laissa s'écouler une partie jusqu'à ce qu'il en conservât un nombre de grain assez conséquent mais pas trop effrayant.

- Nous, déclara-t-il distinctement en se pointant puis en pointant sa main remplie de sable. Du tranchant de sa main libre, il coupa le sable en deux, et en fit tomber environ un tiers dans la trouée et les deux tiers restants sur l'îlot, espérant qu'une telle répartition conviendrait au babaomiwizh.

écrit par: Phineas Vendredi 25 Juin 2021 à 14h35
Farah

- Hum...

Au son de Thozihé, pensif, vinrent s'ajouter les pensées du cervidé. Il fit comprendre à la rôdeuse que le premier aurait préféré que Farah y aille, ainsi, Thelka n'aurait pas paru prendre son partie contre son propre chef. Néanmoins, il comprenait. L'homme-cerf aida donc à mettre la blessée sur le dos de son ami quadrupède et - après quelques échanges - les deux elfes et l'orignal repartir vers le village.

Farah néanmoins, avait eu le temps de récupérer des informations qui pourraient se révéler très importantes si leur séjour s'éternisait. Les hivers étaient en effet extrêmement rude, quoique lui même s'était éloigné un peu de sa harde à la recherche d'un xalib, alors qu'ils vivaient en temps normal bien plus au nord. La bas, dans les plaines-sous-les-montagnes, où l'eau et l'herbe abondaient, l'hiver pouvait en effet être très dangereux. Si eux, sous leur fourrure, ne craignaient guère, ce n'était pas le cas de leurs voisins bipèdes, les mamics d'abord, mais aussi d'autres êtres, que Farah ne connaissaient pas encore et que la rôdeiuse interpréta comme "les plumeux". Et qui restaient apparemment assez mystérieux pour la créature. Au delà de tout cela, elle sentait que ces hivers étaient probablement plus rigoureux que ne pouvaient l'être ceux à Lunargent ou Mirabar. Les quelques images qu'elles ressenti de l'orignal lui montrait d'immense lac gelés, les siens qui devaient creuser sous la neige pour trouver la nourriture mais en même temps... une période heureuse, car les Grandes-Griffes, eux, dormaient.

Elle se retrouva donc seule avec Thozihé, qui resta longtemps silencieux. Au loin, ils entendaient les messages des chasseurs, transmis grâce à des sifflements et des coups sur les troncs. Au bout d'un moment néanmoins, Farah dû commencer à ressentir une certaine forme d'inquiétude pour Varnas, probablement. Et en essayant de se faire comprendre, Thozihé lui fit comprendre que, en si il s'était enfoncé seul dans la forêt, il allait devoir retrouver son chemin tout seul. Elle comprit quelque chose comme ça : les chemins du sol ne sont pas les seuls à pouvoir perdre un voyageur.

Au bout d'environ une demie-heure néanmoins, trois premiers elfes revinrent, bredouilles. Visiblement, la chasse ne se passait pas bien, et pour une raison pour une autre, si ça ne semblait lui plaire, ça n'étonnait pas non plus Thozihé.



Varnas

Confiant dans la logique absolu de son être, Varnas ne se questionna pas et préféra considérer que c'était les autres qui avaient fait l'erreur de ne pas chercher ici du gibier.

Sa propre logique lui disait qu'il avait raison de faire confiance à la logique. Un cercle très certainement vertueux.

Il se retourna donc et commença à chercher son chemin. Et, au bout de quelques minutes, ses connaissances et sens affûtés commencèrent à lui communiquer l'existence de problèmes de taille : la topographie des fleuves qui alimentaient le lac ne correspondaient pas à ce qu'il aurait pu attendre, les arbres non plus. Pas plus d'ailleurs que la nature du sol. Et même l'horizon, bien trop dégagé au nord comme au sud, ne correspondait en rien à ce qu'il venait de traverser.

Si elle ne lui permettait pas de comprendre comment, sa puissante logique lui permit de découvrir la vérité de la situation : il n'était probablement pas du tout là où il aurait du être.

Et la météo autrement plus humide dont il finit par se rendre compte confirma cette pensée.



La Goualeuse

Cheminant, la Goualeuse pu aussi murmure avec Thyrine. La question de la forêt calcinée d'abord, trouva vite une réponse. Avec l'aide de la rôdeuse, elle compris que, malgré son point de vu favorable, les arbres gigantesques de la forêt avaient complètement caché cette plaine désolée là où on pouvait s'attendre à ce que les alentours du forts soient dégagés, ne serait ce que parce que les balduriens auraient chercher le terrain le plus dur pour monter leur mur, et donc le moins fertile. Mais surtout parce qu'une colline qui frisait avec la montagnes, avait obstrué la vision, et qu'ils venaient de surgir juste de l'autre côté.

Elle ne réussit pas à statuer de façon absolue sur son statut. Néanmoins, avec l'aide l'elfe, encore une fois, qui vint avec ses connaissances de forestière, compléter ses propres compétences en analyse éthologique, elle trouva des indices. En effet, leurs armes n'étaient pas confisqués, mais l'elfe supposa qu'il y avait une bonne raison : Mesalyne confirmant qu'ils ne semblaient pas vouloir leur mort - que c'était même contre leur intérêt - leur laisser leurs armes devaient leur sembler logique. Non pas pour augmenter la confiance, mais bien parce que dans une forêt que Thyrine considérait de plus en plus comme quasiment primordiale, les dangers pouvaient être partout. Et ils devaient être en mesure de se défendre.

Concernant l'elfe, la Goualeuse remarqua que plus encore que les autres, il semblait distant, même de ses propres compagnons. Certes, ce n'était pas une rareté chez les elfes. Mais celui-ci ne semblait quasiment pas entretenir de relation de compagnonnage avec les autres. D'ailleurs, il ne portait pas le même genre d'armure d'écaille, et, globalement, ses vêtements étaient bien plus légers et différents que les leurs et - peut-être - adaptés à un pays où les nuits étaient plus froides et moins humides.

Traversant la lande désolée, elle nota qu'elle ne ressemblait pas à un champ de bataille. Non. Elle ne vit pas de cadavres humanoïdes, et les rares qui avaient du être des quadrupèdes n'étaient que ceux qui n'avaient pas réussit à fuir l'incendie. Dans le silence qui continuait, elle finit par parvenir à une constatation : il n'y avait pas réellement eu de bataille, pour une raison ou une autre, les agressés ne s'étaient pas défendus, n'avaient pas défendu leur forêt. Ce qui ne confirmait ou n'infirmait pas, par ailleurs, la présence de vie dans le fort.

Se rapprochant du cours d'eau, ils comprirent vite qu'en vérité, il s'agissait d'un véritable fleuve mais que, sans les arbres vivants dont les racines tenaient la terre, les rives s'étaient rapidement effondrés et avaient transformés ci et là l'eau en d'étroits ruisseaux marécageux. Plus haut, en avançant, ils constataient que les vives eaux avaient réussis à garder leurs droits et, à mesure qu'ils progressaient, elles se faisaient plus claires et les rives plus vertes.

Voyant que les cinq voyageurs n'étaient pas agressifs, et semblant avoir confirmer qu'ils ne faisaient pas partie des balduriens, l'atmosphère se détendaient peu à peu et, laissant son second mener la marche désormais tranquille, Kurunji se rapprocha d'eux. Il était clair qu'ils ne se comprendraient pas pour le moment, aussi usa t'il de gestes et de mimes pour poser sa question : d'où venaient ils et qui étaient ils ? Mais surtout, assez clairement, était il des alliés du Fort ?



Joinon et Abrulion

La proposition de Joinon sembla moins énerver que créer de nouvelles questions à Misaagaasa. Néanmoins, la suite semblait commencer à devenir de la diplomatie à risque trop élevée pour en parler plus avant. Aussi changea t'il de stratégie.

D'un geste de la main, il effaça les détails surnuméraires sur la carte et pointa la tribu qui se trouvait au sud. Ils comprirent qu'il faudrait qu'ils s'entendent avec eux, de toute façon, pour s'installer. Ensuite, il effaça la carte et fit apparaître une silhouette, celle de Thozihé. Et puis une autre, un elfe, visiblement assez vieux, qu'ils n'avaient pas encore rencontrés. Ensuite il les fit apparaître eux, Joinon, Abrulion, Varnas et Farah, ainsi que la mule, et fit marcher tout ce beau monde. Ils comprirent qu'ils souhaitaient désormais que deux plénipotentiaires autochtones aillent découvrir la réalité de ces visiteurs avant que n'importe quel décision soit prise.

Enfin, il pointa les deux totems, qui étaient aussi visibles à l'intérieur. Et c'est là qu'ils comprirent que leur plus gros problème allait être le suivant. Ils avaient bien compris l'importance de ces mystérieuses entités. Et on leur faisait désormais clairement comprendre que, sans leur expliquer comment, ils allaient devoir convaincre celles ci de les laisser rester.

écrit par: Varnas Lundi 05 Juillet 2021 à 14h28
– Et merde…

Varnas refit un tour d'horizon. C'était pire qu'avant. Quel fameux chasseur il faisait… Perdu le premier jour avec les natifs, à la première escapade. Il caressa l'idée d'utiliser son sifflet, mais comme il s'était sans doute passablement éloigné, cela n'aurait pour seule conséquence que d'alerter toute la faune des environs. Alors certes, il valait mieux faire de bruit pour laisser à certains animaux le temps d'éviter la rencontre, plutôt que de les surprendre et de les acculer, mais dans un environnement aussi exotique, Varnas préférait ne pas prendre de risques.

– Avec ma veine, ça ne fera que réveiller les chauve-souris géantes qui dorment dans le coin. Et je ne me sens pas l'âme d'un moustique…

Grommelant une dernière fois, il arrêta un plan: ils avaient voyagé pendant quelques heures depuis l'aube; on était à la mi-journée. Il lui suffisait donc de prendre plein est pour retrouver la côte avant la nuit. Ensuite, il n'aurait pas de mal à reconnaître le relief, dont cette impressionnante coulée de roche grise, et regagner le camp des indigènes.

– Manquerait plus qu'ils l'aient levé, le camp. Pov' Bonaface.

Tous les sens en éveil, il se mit en route. Son arc et ses flèches étaient à portée de main. Dans son dos battait le précieux paquetage qui renfermait sa lame. Cela serait une disgrâce que d'utiliser une telle arme pour battre la végétation, mais nécessité faisait loi. Il avait avec lui sa couverture, de l'eau et des rations, et même sa corde et son grappin. Une vraie balade…

– Vivement une ville, une bière et une donzelle…

écrit par: Farah Cyahn Mercredi 21 Juillet 2021 à 04h16
Ainsi, l’homme au pessimisme inconsolable était perdu avec lui-même dans des bois inconnus. C’était peut-être ce qui pouvait lui arriver de mieux, songea Farah. La louve ne pleurerait pas l’ours. Néanmoins légèrement responsable de la situation, car elle était l’initiatrice de la participation des deux humains à cette expédition, elle sentie poindre un sentiment de culpabilité en réfléchissant à ce qu’elle annoncerait à Joinon et Abrulion dès son retour.

La chasseresse fit mine de comprendre aux insinuations de l’homme-cervidé. Gestuel, hochement de museau et autres grognements formaient progressivement des bribes de conversations. Écourtant provisoirement son inquiétude, des Elfes revinrent sans succès de leur chasse. Farah étudia attentivement les réactions de chacun, tentant de reconnaitre des intonations. Elle suggérait qu’au contraire des sylvestres, Thozihé ne semblait pas étonné ou inquiet. Difficile à dire, car à côté de son faciès animal de son accompagnateur, même les tronches des Elfes paraissaient exagérément expressives.

Farah, toujours l’arc en main, détourna un instant le regard, dans le lointain. Elle aurait peut-être plus de chance que ces trois autochtones. Mais les mises en garde l’empêchaient d’agir à sa guise. En retournant ses pupilles vertes sur Thozihé, elle en vint à penser, une nouvelle fois, à toutes les fenaisons qu’elle avait bien pu ingurgiter au cours de son existence. Elle n’avait toujours pas eu le courage de se renseigner pour savoir s’il s’agissait d’un crime ou non.

Elle trépignait, attendant que la situation se résolve d'elle-même. Patientant avant le retour des autres chasseurs, leur souhaitant tout le succès possible. En suivant spontanément cette chasse, elle avait pleinement choisie d’agir en tant qu’observatrice, et malgré l’instinct qui lui intimait d’aller courir les fourrées, elle se résignait à suivre son attitude attentiste, mais vigilante.

écrit par: La Goualeuse Samedi 24 Juillet 2021 à 18h58
Si la tension avait bientôt fini par retomber, les expéditionnaires n'étaient pas pour autant tirer d'affaire. Quelques mots subrepticement échangés avec Thyrine avaient conforté la Goualeuse dans son jugement : qu'on ne les ait pas désarmés laissait entendre que leur survie importait à leurs hôtes... Mais on ne pouvait conclure de cette délicate intention une marque de confiance. Il y avait fort à parier, en effet, qu'on les conduisait auprès d'une quelconque sommité tribale plus apte à les interroger, puis à statuer sur leur sort.

Alors que le terrain devenait plus facile et semblait nécessiter une moins grande vigilance, Kurunji ne put résister plus longtemps à mener les préliminaires de l'interrogatoire. Bien qu'il se soit adressé au groupe, elle s'avança aussitôt pour répondre. Si elle était encore piquée du manque d'égard que le chasseur lui avait témoigné plus tôt, elle n'en laissa rien paraître.


- Nous venons de loin, très loin de l'autre côté de la mer, expliqua-t-elle en prenant toujours soin de bien détacher chaque mot afin que chaque unité lexicale puisse mieux être identifiée, voire reconnue.

Elle demanda à Thyrine, cartographe au sens de l'orientation éprouvé, d'indiquer l'est, puis elle poursuivit en improvisant, se rendant compte qu'il était bien plus simple de dire d'où ils venaient que d'expliquer qui ils étaient...


- Nous sommes venus en bateau. Nous sommes des voyageurs, des chercheurs... Nous cherchons à voir des nouvelles choses, à voir des choses qui n'existent pas chez nous. Apprendre. Connaître. Savoir.

L'aquafondienne n'était pas sans ignorer que la science, du moins sous sa forme codifiée et écrite, était étrangère à de nombreuses peuplades dites sauvages. Ces dernières transmettaient leurs connaissances oralement, de génération en génération. La tribu de Kurunji connaissait-elle l'écriture ? Les divers totems qu'ils avaient découverts semblaient vierges de toute inscription qui puisse s'en rapprocher...

Mais l'homme-lézard semblait moins curieux de leur identité que méfiant quant à leur relation avec les Balduriens. Du moins c'est ce qu'elle put déduire de sa manière de réorienter la conversation vers les habitants du Fort.


- Nous ne connaissons pas les Balduriens, indiqua-t-elle sur le ton de la franchise. Elle joignit le geste à la parole, pointant du doigt le fort, puis haussant les épaules en arborant une moue d'incompréhension. Ils ne sont pas nos amis, ils ne sont pas nos ennemis.

Au cas où ces deux mots ne signifiaient rien pour Kurunji, elle les définirait par des gestes simples. Mettant ses mains l'une en face de l'autre, une paume tournée vers l'autre, elle répéta :

- Ami (ses mains se joignirent pour s'étreindre, puis revinrent à leur position initiale) ; Ennemi (ses poings se fermèrent et s'entrechoquèrent).

A l'aide de ce code simple, elle signifia une nouvelle fois leur neutralité vis-à-vis du fort, pointant l'édifice et laissant ses mains l'une en face de l'autre. Enfin, elle fixa l'imposant guerrier et lui retourna la question : était-il ami ou ennemi du fort ? ami ou ennemi de Mesalyne ?

écrit par: Phineas Jeudi 29 Juillet 2021 à 14h46
Varnas

Très peu habitué à ce genre d'environnement, Varnas n'était sur de rien. Sauf du Nord. Il repéra très vite la position du fenêtre, estima son absolue par rapport à la place du continent sur Toril et vérifia le tout en observant une mousse croître sur le tronc d'un vieux bois.

Il savait avoir débarqué sur la côte est, c'était déjà ça.

Le katana était une arme noble... pour un combat qu'il l'était beaucoup moins. Sans avoir été formé aux armes orientales, le rôdeur savait pertinemment une chose (même si la beauté d'une histoire méritait souvent plus de mentir) : il y avait une relative fragilité dans le fer des lames kara-turiennes. Et pour cause, le fer de faible qualité qui était souvent utilisé pour les faire demandait un long travail pour atteindre le niveau moyen de l'acier faerunien. Aussi, c'était risquer un fil parfait que de se servir de l'épée comme débroussailleuse. Mais puisqu'il le fallait...

Varnas, grognant intérieurement, avança, comme toujours. Il croyait à priori retrouver rapidement un chemin connu, ne s'étant pas éloigné si longtemps de Farah et des autres. Malheureusement, après une bonne heure de marches dans un fatras végétal qu'il ne reconnaissait en rien, le doute vint à lui. Son égo surdimensionné l'empêchait de l'avouer, mais, derrière, le puzzle tentait de s'assembler. Le rôdeur haïssait la magie. Malgré les quelques prières, certain, certainement, au cours de sa vie, lui avait dit qu'il finirait dans le Mur. Mais le vagabond était intelligent : on se devait de connaître ce qu'on détestait pour mieux le combattre. Malgré cette intelligence, il n'avait jamais pris la peine d'ouvrir un traité de magie. Coup dur.

Par contre, il avait régulièrement entendu parler de légendes dans les guildes de rôdeurs. Des voyageurs qui, connaissant parfaitement leur terrain, se retrouver à des dizaines de lieues de leur point d'origine, sans savoir comment. Certains disaient que les druides avaient une explication... mais les druides et leurs secrets... et leur magie... Si bien que bien qu'une étrange intuition l'informe que quelque chose clochait, il était incapable de comprendre ce qu'il se passait.

C'est probablement parce qu'il était perdu dans sa tourmente qu'il ne remarqua que très tardivement la piste qui trainait à côté de lui. Elle aurait pourtant du lui paraître évidente. Des poils durs et longs, accrochés dans l'écorce de troncs depuis longtemps. Si longtemps en fait que les pas qui accompagnaient cette fourrure avait disparus. Mais les animaux, eux, devaient savoir qu'il ne fallait mieux pas aller par là. Des millénaires plus tôt, un petit effondrement avait fait surgir une étroite falaise en déchirant la frondaison par le même coup. Aujourd'hui, une petite prairie au soleil abritait une petite grotte, juste assez pour s'abriter de la pluie.

Par chance, il entendit l'énorme ronflement une seconde avant de traverser la barrière des arbres. Un coup d'épée sur un tronc aurait peut-être signé son arrêt de mort. Se cachant derrière un tronc, Varnas tourna la tête. Sous la grotte, il y avait bien quelque chose. Au début il cru à un très gros tas de foin. Mais non, dans son sommeil, l'animal lui dévoila sa tête.

Un ours.

Un ours énorme, gigantesque. Il savait que dans le grand nord, certains ours pouvaient atteindre 1800 livres. Mais celui-ci devait allègrement dépasser les 2500. Il était si gros en fait, que son garrot touchait presque le haut de la petite grotte. Et maintenant attentif, il n'entendait plus rien si ce n'était les oiseaux, globalement hors d'atteinte du plantigrade. Ça c'aurait été une sacrée chasse.

Mais le Vieux Grincheux n'était pas idiot. Réveiller l'ours signerait son arrêt de mort, et un coup d'épée ne suffirait pas à le tuer. Probablement pas plus que dix.

Aussi, et à moins d'une soudaine envie suicidaire, Varnas contourna t'il la prairie pour continuer son chemin dans la dense forêt, qui risquait de s'avérer long...



Farah

Un cri, vraisemblablement victorieux, surgit soudain au delà des arbres. Les elfes se mirent à courir, et Thozihé indiqua à Farah de suivre. Lui, terminait la marche. Ils traversèrent très vite un bon quart de lieue guidés par d'autres elfes trouvés par le chemin, et la musique effrénée du bois frappé qui, pour les chasseurs autochtones, semblait figurer un chemin tout aussi clair que si il avait été tracé sur une carte.

Le spectacle était victorieux, peut-être réjouissant, c'était comme allait l’interpréter la chasseresse. Il ne s'agissait en rien de l'énorme rampant qui avait blessée l'amie de Thelka. Celui ci était bien plus petit, quoi que déjà d'une taille considérable. Farah aurait pu faire le tour de ses anneaux majeurs de ses deux bras, mais à peine. Les chasseurs, leurs armes de côté, à l'exception de ceux qui gardaient les environs, étaient déjà à l’œuvre. Couteaux en main, le dépeçage avait commencé et des bandes de peau luisante de sang étaient déjà pliées sur le côté. On montait des travois pour transporter la viande qui allait être transportée.

Mais tout cela pouvait il être si simple...

Non, évidemment.

Les elfes avaient dérangée la forêt, et le sang coulait à flot de la proie enfin achevée. Et quand le sang coulait, les prédateurs abondaient.

Farah ne l'entendit pas, ne le remarqua pas. Ce n'est qu'à la dernière seconde qu'un instinct exceptionnelle lui empêcha une blessure potentiellement fatale. Elle roula dans un fourrée alors que, derrière elle, elle entendit le brame de douleur de Thozihé.

Elle se retourna. Debout, aussi grand que lui au garot, face à face, se trouvait un loup, énorme. Son pelage gris virant à la neige témoignait de son âge, comme d'ailleurs l'était son statut solitaire. Il avait probablement été un alpha auparavant, mais plus jeune que lui avait certainement pris sa place dans sa meute. Le grondement du sanguinaire loup allait de pair avec le regard féroce qu'il portait sur Thozihé. Celui-ci s'était redressé, et avait adopté une attitude moyenne, ni agressive, ni lâche. Le loup, lui, ne semblait pas vouloir entrer dans un combat dangereux. L'énorme prédateur posa son regard primal sur Farah, indiquant qu'elle avait été vue. Les elfes, par contre, n'avait pas encore remarqué l'animal, malgré le cri de Tozihé, puisqu'il était un peu plus loin, à l'arrière garde, et que seule Farah était assez en arrière pour avoir l'oeil sur lui.

Son cœur battait trop vite, et la peur envahissait trop son esprit pour qu'elle comprenne tout. Tout ce qu'elle estimait, c'était que l'animal était trop vieux, trop sage peut-être, pour aller au combat sans assurance de vaincre.

Et ce, même avec ses 700 livres.


hrp.gif Farah a une action avant que le loup n'agisse. Elle n'est pas dans une position de surprise. hrp.gif


La Goualeuse

Si il ne le parlait pas, Kurunji comprenait visiblement correctement le commun. L'aquafondienne n'était pas étonnée, elle aussi avait compris des langages avant d'être en mesure de les utiliser. Et ici, le lézard bipède connaissait vraisemblablement la langue des ses ennemis, comme c'était bien souvent le cas des soldats, et plus encore des officiers.

Elle remarqua aussi clairement que son interlocuteur l'avait désormais admise, sans aucun problème, comme la cheffe du groupe. Il l'avait prise avec lui en tête, pendant que les autres étaient restés derrière. Contrairement à Ssrik, Kurunji était une créature puissante, qui tablait autrement plus, certainement, sur la force, que sur l'agilité. Quoique que son éphémère compagnon de catastrophe n'avait lui même pas été dénué de force.

Il la regarda, longuement. Puis, ce qui un instant fit peut-être bondir de joie intérieurement l'ancienne courtisane, il joint ses mains :


- Shee.

Mais, hélas, il imita également l'autre geste de la Goualeuse :

- Sheerse, dit il en claquant ses poings l'un contre l'autre.

Il claqua de la langue en regardant devant. Attendit un instant, puis regarda la Goualeuse :


- Pas, ssssavoir, articula t'il avec difficulté.

Le silence revient entre eux alors que Kurunji indiquait à la troupe de s'arrêter. Ils étaient maintenant sur une petite colline. Et, devant eux, vers l'ouest aux dires de Thyrine, à une demie-lieue peut-être, s'étendait un marécages. Pas un marécage puant, comme on pouvait parfois en trouver. Non, une oasis de diversité de faune et de flore, seul oasis en vérité, qui grâce à ses sols particulièrement humides, avait survécu à l'immense incendie qui avait ravagée la forêt alentour.

Dans ce marécages on remarquait quatre élégante poutre d'acier et de pierre. Entre elles, de très épaisses cordes, même cordes, qui rejoignaient le sols à l'intérieur comme à l'extérieur. Sans doute ces piliers soutenaient ils quelque chose au dessus des marais entre eux. Mais la végétation, même d'ici, l'empêchait de comprendre quoi. Mais ce qui l'intéressa peut-être plus, fut le village autour même des marécages. Une véritable couronne de bâtiments de pierre, qui probablement se trouvait là depuis assez longtemps. Puis une butée, plus récente, servant de murailles. Et autour encore, une nouvelle couronne de bâtiments, de paillis et de terre, bien plus récents. Et entre ces bâtiments, des centaines d'humanoïdes évoluaient à leurs occupations quotidiennes, comme autant de fourmis laborieuses.

Il faudrait encore une bonne heure pour atteindre le village. Ou plutôt, comme le dit Kurunji en reprenant la marche :


- Aaltesh, ma okalee.

écrit par: La Goualeuse Vendredi 30 Juillet 2021 à 14h35
Sa stratégie de communication, reposant sur une grande simplicité langagière, se révélait payante. En effet l'homme-lézard, qui s'avérait loin d'être une brute primaire, comprenait bien mieux le commun qu'il ne l'articulait laborieusement de sa voix caverneuse. Certes les idées circulaient avec lenteur, prenaient parfois des détours, mais chacun arrivait à les rendre intelligibles pour l'autre et c'était bien là l'essentiel.

La Goualeuse ignorait comment interpréter l'absence de tout commentaire de la part de son interlocuteur. Sans le montrer, l'habile mondaine était décontenancée par Kurunji, être avare de mot sur lequel son charme (si désarmant de coutume) ne semblait pas opérer. Mais il y avait plus gênant encore : le faciès reptilien lui demeurait aussi impénétrable qu'énigmatique...


- Shee, répéta-t-elle en reproduisant les gestes précédemment improvisés, afin de mémoriser un vocabulaire qui serait sans doute précieux. Sheerse. Ami, ennemi.

Elle accueillit la réponse du saurien, prévisible mais tout de même rassurante, avec un sourire affable, reproduisant le geste de neutralité par lequel elle avait elle-même caractérisé leur relation aux habitants du Fort.

Arrivés au sommet d'une colline, les marcheurs purent admirer un singulier paysage. En contrebas, la terre plus humide d'un vaste marécage semblait avoir opposé un rempart naturel aux flammes qui avaient ravagé la forêt. La végétation, intacte, et même plus luxuriante qu'ailleurs, abritait comme en un écrin un village en forme de couronne, que leur hôte nomma Aaltesh ; du moins c'est ce que l'aquafondienne comprit. Un premier cercle de monuments, bâtis de pierres, indiquait qu'il ne s'agissait pas là du campement d'une tribu nomade, mais bien d'une organisation sédentaire. Autour de ce qu'elle devinait être un mur d'enceinte, des installations plus légères et rudimentaires, récentes, devaient en toute logique abriter les réfugiés de la guerre menée contre les Balduriens. La cime de quatre piliers émergeait mystérieusement de la végétation, soutenant un réseau de cordes dont la fonction demeurait encore invisible. Peut-être Thyrine, dont le regard était plus affûté que le sien, en percevait-elle davantage ou avait déjà rencontré ce type d'installation ?

Durant le trajet jusqu'au village, l'aquafondienne se débrouilla pour échanger discrètement avec chacun de ses compagnons, afin de recueillir leurs impressions et de vérifier que rien ne lui avait échappé. Elle n'attendait pas des frères guerriers de formidables révélations, comptant davantage sur le soigneur et la cartographe, plus doctes. Mais peut-être ses préjugés allaient-ils être démentis...



écrit par: Phineas Mardi 03 Août 2021 à 16h35
La Goualeuse

- Ils sont globalement en bonne santé, mais visiblement affaiblis par une tension permanente, confia le soigneur, ils ne doivent pas manquer de gros chose sinon de sérénité.

Hochant la tête pour confirmer l'impression, la rôdeuse enchaîna.

- En Faerun, un cercle ou un archidruide serait intervenu, dit elle, visiblement écœurée par la situation, le fort ne serait déjà plus qu'un amas de pierres broyé par des racines. Je ne comprends pas comment les autochtones, qui ne semblent pas habité de volonté d'expansion ne se soit pas attaqué plus frontalement à cette menace... On dirait les actes d'un Saccageur, elle frissonna de dégout et de terreur à cette évocation.

Se rapprochant d'eux pendant qu'Azima continuait de surveiller les alentours, Marcon ajouta une remarque plus axée sur les guerriers eux mêmes.


- Ils n'ont pas l'habitude de travailler ensemble, commença t'il. Les lézards, les humains et l'elfe. Ils font tous les trois partis de... d'ethnies, de groupes en tout cas, différents. Quoique l'un des humains semblent partager les mêmes codes que Kurunji, il pointa l'un des archers. Ce n'est pas une question de races, je pense plutôt que leur association est récente.

Les réflexions d'un homme qui avait servi bien des chefs dans bien des armées, certainement.

Alors qu'ils échangeaient ces quelques observations, ils descendaient la colline vers le marécageux village. En approchant, l'herbe se faisait plus verte et bientôt, un chant de crapauds et de grenouille commença à envahir le fond de l'air. Un instant décontenancé par l'intensité, il se passèrent vite de critiquer l'éventuel désagrément lorsque Thyrine leur fit remarquer que c'était probablement les amphibiens qui faisaient disparaitre quantité de moustiques et autres parasites qu'on pouvait trouver dans ce genre de lieu.

Approchant, les bruits du village vinrent progressivement supplanté les croassements. Des enfants couraient dans des champs circulaires récemment moissonnés et désormais laissés en friche et partiellement recouverts de limon. Des canaux de pierres partaient ci et là du marécages, non pas virent ils pour créer des points d'eau potable, mais bien pour permettre à des poissons d'eau plus claire d'y vivre. Ces constructions semblaient récentes. On utilisait très peu de bois encore, dans aucune construction. La couronne extérieur, comme ils l'avaient deviné était fait de huttes en boue et en paillis, visiblement pas conçue pour être pérennes. Toutes, à l'exception de quelques rares elfes, étaient habitées par des humains. Une partie affichaient un visage triste, quoique combatif. Mais ils ne purent en manquer certains, notamment parmi les plus vieux, qui arboraient un visage constamment marqué par la colère.

Les travaux quotidiens s'arrêtaient sur leur passage alors qu'il progressaient à travers les huttes vers le village de pierre. On les regardait, visiblement étonné, mais la troupe se dépêchait sans trop prêter attention aux badauds. Bientôt, ils passèrent la butte qui séparait le village extérieur du village de pierre. Première, et évidente constatation : si cette barrière existait, elle semblait moins être la pour séparer que pour protéger les êtres. On la passait dans un sens ou un autre sans surveillance, et ce n'était que la logique qui sous entendait qu'on pourrait mieux protéger ceux de l'extérieur dans les maisons de pierre qui avait monté cette butte. Avant même, sans doute, qu'on ne construise les huttes de terre. Mais la Goualeuse ne put rater les deux totems semblables à ceux vu plus tôt mais fait en partie de pierre (des lames de bois faisait ici et là office de décoration, comme l'on aurait usé de gemmes en Faerun). Ici la tortue qu'ils avaient vu le premier jour et, un nouveau, une sorte de serpent. Un peu plus loin ils apercevraient prêt de ce qui semblait être une caserne, l'effigie d'un loup.

Les bâtiments étaient relativement bas. Pour les lézards tout du moins, dont la moyenne de taille devait être vers un mètre quatre-vingt, comme d'ailleurs en Faerun. Mais la terre buttée semblait montrer que presque toute les demeures, et autres baraquements - fréquents - avaient des sous-sols. Aucun d'entre eux ne put manquer les similitudes qu'ils constataient entre ces bâtiments à angles sévères et les descriptions qu'on leur avait fait lors de leur entrainement de l'architecture maztèque. Quoiqu'ils en sachent trop peu pour apporter des précisions.

Ici, bien plus d'hommes-lézards, visiblement méfiants, qu'à l’extérieur. Une grande partie d'entre eux étaient équipés d'armes, ou bien se trouvait elle non loin d'eux. Mais ils continuèrent d'avancer sans vraiment être en mesure de ralentir si jamais ils l'avaient voulu. Ils traversèrent le village vers son centre et bientôt ce qui se trouvait entre les immenses piliers de pierre gravée.

Cela tranchait avec le reste du village. Le bâtiment, ou l'objet, quel qu’il soit ou ait été, ne datait pas de la même période. Il était bien en pierre néanmoins. Un cube immense, de plus de quinze mètres d’arête. Alors qu'ils progressaient sur une passerelle qui montait doucement, au début presque à hauteur de l'eau, entre les joncs, ils pouvaient observer les reflets sur la pierre. Le docte soigneur semblait fasciné, et, sa mâchoire presque tombante il dit :


- Il... Il n'y a pas de joint...

En effet, l'immense cube de pierre granitique aux reflets azuré semblait n'être fait que d'un seule bloc. Il était tourné, et suspendu par les immenses chaînes d'acier rouge de manière à ce que l'un de ses angles touche à peine l'eau et un autre pointe vers le ciel. Le temps faisant, lierre et arbres avaient commencer à croître sur les parois, sans que la pierre ne semble attaquer, et de façon à ce que l'objet se fonde parfaitement dans son environnement. Progressant, ils découvrirent leur but : une ouverture carré dans le bas du cube, aussi parfaite que le reste, duquel des degrés de pierre cheminait à l'intérieur du cube.

Leurs accompagnateurs restaient silencieux, la pesanteur de l'artefact colossal semblant tout autant les tenir dans un vénérable respect qu'impressionner les étrangers.

Avançant encore, ils découvrirent que la pierre n'était pas parfaitement lisse. Autour des arrête, des gravures parfaites - plumes ou écailles ? - ornaient la pierre de façon organique.

Ils pénétrèrent dans le cube et commencèrent à gravir les degré. De mince ligne de pierre bleue suintaient de la pierre et diffusaient une douce lueur marine. Et, sans prévenir, traversant une dernière arche droite, ils arrivèrent dans une salle, immense. Quoique vu la taille extérieure de l'objet, elle ne devait guère excéder un dixième de sa capacité. Le sol était droit, à niveau, donnant à la pièce une forme globale de diamant taillé retourné sur la tête. A sa pointe, la même pierre bleue diffusait une lumière nocturne pendant que des milliers d'autres points plus ou moins lumineux formaient un plafond étoilé. Cette fois, c'est Thyrine qui, ébahie, commenta :


- Là... Les Yeux de la Vigilante..., elle pointa un groupe à leur droite, ce sont de vraies constellations...

Un hémicycle constitué de degré de pierre concentrique s'étendait devant eux et, de l'autre côté, sur un immense trône de pierre épuré, derrière lequel s'alignait des centaines de lames et de boucliers sur un mur, se trouvait un homme-lézard. Ses écailles étaient blanches et opalescentes, et de longues cornes bleues partaient de son front vers l'arrière. Il était colossal, sa tête devait culminer presque à quatre mètres au dessus de ses pieds. Mais il était aussi fatigué. Sa longue queue l'entourait alors qu'il était assoupi, et son souffle dominait le silence de la pierre comme une respiration. Il s'agissait probablement moins de gardes, mais trois ministres peut-être, en armure légère, deux lézards et un humains s'avançaient vers eux de la gauche. Ils échangèrent avec Kurunji en murmurant. L'un d'eux, une lézarde (sans doute) aux écailles rouges regarda Mesalyne.

- Chef ? Parler à Katha-ha.

écrit par: La Goualeuse Mercredi 04 Août 2021 à 16h48
Si ses échanges avec ses compagnons confortèrent certaines de ses intuitions, il rassurèrent surtout La Goualeuse sur sa capacité à diriger la petite escouade qu'ils formaient. Aucun, en effet, n'avait témoigné de l'humeur contre elle, manifesté d'inquiétude quant à la situation ou remis en cause la suite de décisions qui les y avaient conduits.

Vu de plus près, le village révélait une société plus élaborée que l'aquafondienne, en raison de ses préjugés, ne l'avait imaginée. Les champs fraîchement moissonnés, puis fertilisés à l'aide de limon, et les bassins de pisciculture témoignaient d'une science agricole certaine. De même, les constructions se révélaient moins rudimentaires que ne le laissait présager la rusticité de l'équipement des chasseurs. Promenant des yeux curieux et avides le long du chemin, la jeune femme gratifiait d'un sourire doux et sympathique les badauds qui la dévisageaient, se disant qu'aucun signe ne pourrait mieux signifier les intentions pacifiques qui l'animaient.

Il y avait tant à voir ! Et si peu de temps... Kurunji avait accéléré le pas, les conduisant au cœur du village qui abritait en toute logique le lieu du pouvoir. Ce premier aperçu d'Aaltesh était néanmoins riche d'enseignements. Les autochtones semblaient tout d'abord très économes de bois, le réservant à un usage noble et ornemental, voire religieux, comme en témoignaient les décorations sur les totems. Cette particularité permettait de prendre toute la mesure du traumatisme qu'avait dû représenter l'incendie, qui pouvait par ailleurs revêtir un caractère impie. Ce point devrait être approfondi. Elle remarquait ensuite que le panthéon animalier des peuplades locales, comme l'avait laissé soupçonner la découverte de la gigantesque statue d'ours, ne se limitait pas aux figures totémiques rencontrées le jour de leur arrivée mais était bien plus large. A la représentation familière de la tortue faisait pendant un serpent, ou une anguille, ce qui n'avait à y songer rien d'étonnant en ces terres marécageuses. A l'idée d'une spécialisation locale du culte s'ajouta, en passant devant ce qui avait tout l'air d'une caserne, celle d'une spécialisation par attribut : le loup, carnivore dont le faciès menaçant l'avait effrayée dans la jungle, semblait lié à la guerre. Mais peut-être était-ce là les divagations d'un esprit poétique... Outre l'architecture maztèque, La Goualeuse nota enfin que le village, historiquement du moins, était celui des hommes-lézards, lesquels paraissaient avoir accueilli les elfes et les humains. Cela confirmait les observations de Marcon, soldat perspicace.

Comme souvent devant le spectacle de la beauté, l'adoratrice de la Dame aux Cheveux de Feu ne put cacher son admiration en découvrant le prodigieux bâtiment suspendu au fil de l'eau. Parfaitement taillé, le cube ne semblait pas avoir été façonné par des puissances terrestres, du moins ce fut le premier sentiment de la jeune femme, immédiatement frappée d'un mélange superstitieux de crainte et de respect. Elle s'absorba quelques secondes dans la contemplation du reflet du mystérieux édifice sur l'onde marécageuse, avant de remarquer avec délice que la pierre de l'édifice était elle-même réfléchissante. Il ne lui semblait pas avoir déjà observé telle roche, même dans les profondeurs de la terre, lorsqu'elle avait séjourné dans la forteresse secrète de Sundabar. Mais elle gardait un souvenir assez flou de ces cavernes, comme de l'étrange matière sédimentaire dans laquelle avaient été sculptés les totems, qu'elle aurait tout à fait été capable de ne pas reconnaître. Les motifs artistement gravés dans la roche achevait de remporter son admiration pour un authentique chef-d'œuvre, une merveille (sur)naturelle.

L'esthète n'était pas au bout de ses surprises ! Elle se délecta des veines bleutées luminescentes de la roche, comme de la voûte étoilée de la salle d'audience dans laquelle ils furent conduits, avant de se pétrifier devant l'immense homme-lézard somnolent sur son trône. Le décorum militaire derrière lui était inutile, tant le géant imposait par lui-même la révérence. La blancheur de ses écailles était-elle l'indice de son âge vénérable ? Que conclure, alors, de la teinte cramoisie de celle de la saurienne qui vint à sa rencontre ?


- D'accord, balbutia-t-elle en hochant affirmativement la tête, prise de court en dépit de ses talents éprouvés pour la diplomatie.

Elle se sentait soudain insignifiante. Retourner en vitesse sa cape, afin d'en révéler l'étoffe la plus avantageuse, lui traversa l'esprit alors qu'elle essayait de retrouver son sang-froid. Elle chassa cette idée, peu sûre que le faste de la relique offerte par les nains fasse bonne impression sur ce peuple dont l'art, à la réflexion, tirait la beauté de la plus grande simplicité.

écrit par: Farah Cyahn Jeudi 12 Août 2021 à 14h09
Instinctivement, elle jeta un œil aux alentours pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas de l’éclaireur de la meute. Aussitôt, elle retourna son attention et se figea vers le loup, levant un sourcil. Avait-il déjà rencontré une humaine auparavant ? L’odeur nouvelle aurait dû le tenir éloigner.

La meute est une chaine et elle n’est jamais plus forte que son maillon le plus faible. Ce qui compte par-dessus tout, c’est la survie du clan, l’avenir. Dans ce cas-là, on pouvait se séparer de l’un de ses adultes. Commençait alors un conflit entre le couple dominant et un autre loup. Et souvent, la situation devenait si violente que le loup harcelé finissait par céder et quittait la meute définitivement. L’harmonie de la meute et l’équilibre revenaient aussitôt.

Le corps tendu et son arc toujours en main, la chasseresse ne détourna pas les yeux un instant, un regard insistant qui signifiait qu’elle était déterminée et prête à aller plus loin dans l’intimidation si la situation n’évoluait pas. Quelques secondes de plus, et la menace serait palpable.

De sa main libre, elle leva deux doigts et décrivit un cercle dans l’air :
« Axii »

- As-tu perdu l’esprit ? Es-tu si affamé que tu es pressé de mourir ? Qu’est ce qui te fait croire que je suis une proie facile ?

La voix basse et chargée de sarcasme ou de dédain dans les paroles, quelque chose de typiquement humain.

hrp.gif Défense totale et lance communication avec les animaux.

écrit par: Varnas Samedi 14 Août 2021 à 18h22
Il s'en était fallu d'un cheveu, ou plutôt d'un poil de plantigrade…

¤ Tu te fais vieux mon gars. Va falloir arrêter de parler à tout va. ¤

Sans hésiter, il recula doucement, veillant à laisser de la végétation entre lui et l'animal. Il ne devait surtout pas faire de bruit pour réveiller la bête et se retrouver dans une situation par trop familière.

¤ Par Beshaba, j'ai déjà vu ça… Pourquoi un ours ? Pourquoi toujours des ours ? Et pourquoi ils sont encore plus gros ici qu'ailleurs ? ¤

Varnas s'était déjà retrouvé poursuivi par un énorme ursidé, alors même qu'il convoyait un prisonnier. Le fugitif avait été un peintre de Gué de la Dague qui avait eu l'audace de tromper un riche marchand avec sa femme, lors d'une séance de peinture. Le mari avait mis une prime sur sa tête, et il devait être retrouvé vif pour être proprement puni. Dans certaines sociétés, on ne voyait pas de problèmes à quelques coucheries, mais dans d'autres, on émasculait avant de décapiter. En l'occurrence, le marchand voulait sans doute être celui qui mènerait l'artiste au pilori, faute de pouvoir se venger davantage. Varnas s'en moquait bien. On l'avait payé et on le paierait encore, et retrouver un tel vagabond ne fut guère difficile. L'imbécile s'était follement enfuit sans plan ou destination, vers les bois et l'ouest de la ville. Passées les fermes environnantes, il n'y avait plus là que des bosquets et des cavernes sur les rives du Delimbiyr. Le chasseur de primes n'avait pas eu trop de mal à le débusquer… Mais au retour, Varnas traînant son prisonnier était tombé pile poil sur une caverne abritant un énorme ours brun.

¤ Exactement comme cette fois-ci, sauf que là on l'avait réveillé… ¤

L'ours d'alors n'était pas aussi massif que celui-ci bien sûr, mais assez gros pour ne pas vouloir le combattre en duel. Surtout avec un fuyard inutile dans les pattes. Ils n'avaient eu que le temps de battre en retraite le temps que l'ours ne sorte de sa torpeur et ne décide de les prendre en chasse. Il les avait d'abord suivi à distance, se rapprochant peu à peu de sa longue foulée.

¤ Je ne saurai jamais si on avait juste empiété sur son territoire, interrompu un beau rêve, ou réveillé son goût pour la chair humaine… ¤

Finalement, leur seule échappatoire s'était avérée un arbre assez gros et solide. Varnas avait bien pensé offrir son prisonnier à l'ours, mais grimper à l'arbre avait paru la meilleure possibilité de conserver vie et rémunération. Heureusement que le peintre n'avait pas été complètement gauche et débile. L'ours les avait ensuite assiégé tout le jour et une nuit entière, trop gros pour monter à leur suite. Il avait été d'autant plus malvenu de l'exciter en urinant depuis leur perchoir.

¤ Celui-ci, il se contentera de déraciner l'arbre pour me cueillir. ¤

Après avoir mis suffisamment de distance entre lui et le monstre du nouveau monde, Varnas s'arrêta et prit la peine de mieux examiner son environnement. Il ne reconnaissait pas une continuité avec l'autre forêt. Cette saloperie de pays semblait l'avoir trompé. Qu'à cela ne tienne; il s'orienterait et poursuivrait sa marche vers l'est et le soleil levant. Mais d'abord, il allait devoir se camoufler et masquer son odeur. Faute d'un brise-odeur alchimique, il commença à se tartiner de terre, délaissant pour le moment l'humus et les probables insectes qu'il y trouverait. Il découvrit son avant-bras gauche et commença à frotter différentes plantes odorantes qu'il arrachait au passage et qu'il tentait de mémoriser. En l'absence de réaction après une demi-heure d'application sur une petite fraction de sa peau, il s'en badigeonnerait. Ensuite il devrait brouiller sa piste.

¤ Ça ne sera pas moi la proie, cette fois-ci… A d'autres les emmerdes. ¤

écrit par: Phineas Vendredi 10 Septembre 2021 à 21h31
La Goualeuse

La ministre saurienne qui l'avait invité à rencontrer le chef présumé lui fit signe. Dans le silence seulement troublé par les respiration du géant, elles traversèrent l’amphithéâtre de pierre pour rejoindre le grand autel ou "Katha-ha" dormait. En marchant, elle pris encore plus conscience de l'immensité de la pièce, le village et les réfugiés seuls ne suffiraient pas à remplir toutes les places.

La ministre s'arrêta, et lui fit signe de continuer.

Elle avançait, avançait, devant elle, le corps de l'immense homme-lézard paraissait de plus en plus... immense ? On ne lui avait donnée aucune directive, aussi, probablement, quand elle fût devant le saurien, elle ne sut que faire. Mais, elle compris instantanément que quelque chose avait changé : le rythme et l'intensité de la respiration de la créature. Et c'est en levant la tête qu'elle constata l'immense œil jaune perlé de rouge qui la regardait. La pupille se déplaça lentement sur la ministre, derrière Mesalyne, qui très probablement fit un signe à son chef. Lentement, il se déplia, comme si il était un savant amoncèlement de peau, de muscle et d'écaille, ont eu l'impression qu'il se déroulait.


- Fennnn...

Le mot prononcé par l'homme-lézard désormais redressé enferma un instant la courtisane dans un univers linguistique inconnu. Elle eut le temps d'observer la façon dont le chef était habillé. Loin de l'armure de guerre, il portait une grande tunique de lin rouge et des chausses de même couleur. Un impressionnant collier de pierres précieuses taillés brillait autour de son coup.

- Enfant du Pays des Sans-Totems, hmmm ?.. Les Grands Écailleux ont ils gagnés la guerre ?..

Le chef semblait parler assez couramment le commun faerunien, aussi étonnant que ce soit.

- Alliés des fils de Baldur ? Dois je vous dévorer tout de suite, petite abandonnée ? Ou êtes vous venu prouver que tous les vôtres ne sont pas dénués de sagesse ?..

Le ton du chef ne dénotait presque aucune émotion. Mais pour une femme comme la Goualeuse, c'était autant un indice que l'inverse. Le lézard était probablement vieux, très vieux. Il avait vu la guerre comme en témoignait ses multiples cicatrices, et probablement était il prêt à la déclarer encore. Mais, il était décidé à l'éviter si c'était possible. A condition qu'on lui donne une raison d’espérer.


Farah

- Douleur... Souffrance... Mort...

La douleur envahi brutalement l'univers de Farah. Tous les signaux qu'envoyait le grand loup, désormais compris par la rôdeuse, lui arrivèrent, droit dans son esprit. Quelque chose faisait atrocement souffrir le loup. Tant que, dans une forêt où il se trouvait quelque part au sommet de la chaîne alimentaire, il était allez vers le danger, probablement pour mourir dignement, là où ce qui le rongeait était pour lui impossible à détruire.

En fait, la seule raison pour laquelle il n'avait pas sauté de façon plus agressive sur l'homme-cerf, c'est qu'il considérait probablement que le combat ne serait pas assez rapide, et prolongerait potentiellement son agonie.

Le loup avait certainement faim, mais les seuls réponses qu'il continuait à psalmodier étaient toujours les mêmes :


- Mal... Souffrance...

Maladie ? Sans doute, entre autre. Mais les loups très malades s'isolaient souvent pour mourir. Là, cette volonté suicidaire indiquait peut-être autre chose. Peut-être autre chose de plus inquiétant.


Varnas

L'ours ronflait. Les précautions prise, Varnas put passer sans problèmes. Il eut quand même une sacrée frayeur quand, alors qu'il atteignait l'autre côté de la clairière, l'ours se tourna sur lui même dans son sommeil et qu'une dizaine de mulots qui profitaient probablement de la chaleur de l'ursidé endormi détalèrent, craignant le réveil du géant.

Avisant la position du soleil, le rôdeur n'eut pas le moindre mal a suivre le plein est. Des heures durant il marcha à travers la forêt. Heureusement pour lui, il ne trouva aucun danger majeur sur son chemin, même si sans le savoir, il passa très probablement à côté de plantes plus dangereuses encore que l'ours n'aurait pu l'être.

La nuit finit par poindre. La lune était haute, et malgré les arbres, le froid s'infiltrait peu à peu. A l'odeur, il reconnut les embruns de la mer. Il s'approchait de la côte. Mais c'est encore des heures plus tard, épuisé, qu'il l'atteint. Au moins était il sorti de cette foutue forêt. A la lueur de la lune il eut cependant une nouvelle peur, gigantesque. A moins d'une lieue de lui, il vit l'immense, silhouette d'un ours, encore ! Celui ci mesurait plusieurs dizaines de mètres de haut ! Par tous les dieux...

Mais non. Après quelques instants, le vétéran se rendit compte que celui ci ne bougeait pas du tout. Il s'agissait en vérité d'une immense sculpture dressée au bord de la falaise, qui observait l'océan comme un gardien impassible.


écrit par: Abrulion Bascollier Samedi 11 Septembre 2021 à 08h55
Le hin approuvait le choix de son ami nain, diviser les effectifs en deux, était un bon moyen de bénéficier d'une certaine flexibilité entre les avantages et inconvénients des deux camps. Le gibier et l'eau pour le camp sur le continent, mais une exposition directe aux tribus locales, et leurs conflits complexes. La protection pour la colonie insulaire, et une sans doute plus grande liberté quant à la pratique de l'agriculture et autre urbanisme, mais une abondance moindre en nourriture.

Sans surprise, de tels effectifs ne pouvaient pas s'installer sans demander à toutes les parties impliquées. C’était malgré tout décevant, et le succès de leur approche diplomatique reposeraient sur des inconnues, qui plus est hors de leur contrôle. Instinctivement, le hin se doutait que l'accord de leur installation ne pourrait se faire qu’à l’unanimité des tribus voisines - plus il y avait de tribus impliquées, plus cela éloignait l’unanimité. Sans même considérer les potentiels querelles de voisinages et autres a priori que les précédents Faerunien auraient laissé.


- Joinon, j’espère que tu es patient et totalement remis de la traversée ; la partie de négociation s'annonce torride.

Conscient que la discussion avec Misaagasaa était dans une impasse sur le thème de la colonisation, le hin reprit une tasse de cette tisane amère. Aimait-il vraiment le goût de ce nouveau breuvage ? On pouvait en douter, reste que la gastronomie était partie intégrante des négociations et autre bienséances diplomatiques. A défaut d'avoir fait bon effet sur la colonisation, le hin reprenait à manger.
Quelles pouvaient être les conséquences d'une sur-consommation de tisane, après tout ?


- Les chasseurs reviennent quand ? Ou sont les chasseurs ? Demanda-t-il au nain chaman, dans un mélange de mimes et mots en sirotant dans sa corne à boire.

écrit par: La Goualeuse Samedi 11 Septembre 2021 à 10h59
A mesure qu'elle progressait entre les gradins de pierre, seule, La Goualeuse sentait se faire de plus en plus lourd le poids qui pesait sur ses frêles et délicates épaules. Le goût âcre de la bile lui monta à la bouche. Elle déglutit péniblement. Serait-elle à la hauteur ?

Majestueux, le vénérable saurien la dominait de toute sa hauteur, la contraignant à renverser la tête en arrière pour contempler son faciès. Les jambes flageolantes, elle s'immobilisa, incapable de risquer un autre pas. L'immense carcasse s'ébranla alors et le géant, dans un froissement de tissus et un impressionnant roulement de muscles, se redressa pour prendre sa véritable mesure.


*Dieux, ayez pitié* implora-t-elle en son for intérieur, se sentant aussi vulnérable qu'un lapereau tombé dans la gueule d'un crocodile.

L'œil reptilien, impassible, la fixa un instant avant de parcourir le fond de l'amphithéâtre. Transie, elle laissa son regard s'absorber dans l'éclat chatoyant des gemmes ornant le cou du colosse. Ses mains, lourdes, étaient moites ; sa nuque commençait déjà à la lancer.


- Shee, répondit-elle d'une voix plus faible qu'elle ne l'aurait voulu, le son s'ébranlant alors qu'elle luttait pour ne pas baisser les yeux.

Elle avait tenté de reproduire la sonorité et l'intonation le plus fidèlement possible, mais s'empressa d'ajouter, plus fort :


- Nous venons en paix. Un sourire affable devait accompagner ses paroles, mais il lui sembla que sa bouche s'était tordue en une grimace. Par la Déesse, cette créature avait dévoré des hommes ! Nous ne connaissons pas les gens du Fort. S'ils sont responsables de la destruction de la forêt, nous condamnons leur folie. Nous respectons la vie, toute vie, et admirons la beauté de la nature.

La "petite abandonnée" retrouvait peu à peu sa faconde, mais gardait la gorge nouée. Sa voix avait l'accent de la franchise : elle n'avait jamais ôté la vie et avait rarement fait couler le sang.

écrit par: Farah Cyahn Dimanche 19 Septembre 2021 à 01h07
En comprenant qu’une douleur intérieure émanait de l’animal sauvage, elle expira profondément. En contrôlant sa colère et son anxiété, elle contrôlait l’espace autour d’elle. La chasseresse quitta le regard du loup afin de se montrer moins menaçante, sans pour autant détourner les épaules de sa cible. Elle examinait le comportement de la bête.

Aucune hémorragie externe, la gueule ne semblait pas présenter de signes de maladie particulière. Ce comportement autodestructeur n’avait rien de naturel. Certains refusaient volontairement de se nourrir mais l’anorexie suicidaire était un phénomène très rare. Et la chasseresse ressentait un besoin de comprendre. Agissant rapidement, avant que les Elfes ne prennent conscience de la situation, et faisant pleinement confiance à son mentor à fourrure, elle alla chercher de la main gauche une ration dans son sac afin de l’offrir à l’animal affamé. L’autre main étant toujours occupée par son arc.

La méthode avait l’avantage de prolonger son inspection. Toujours sous l’effet de son sortilège de communication, elle lui adressa quelques mots en lui jetant de la nourriture.


- Calme… Vie… Espoir…

hrp.gif Défense totale. -1 ration. Premiers Soins round 2.

écrit par: Varnas Mercredi 29 Septembre 2021 à 19h53
Varnas aussi profitait de la "beauté de la nature": il venait presque de marcher dans une crotte:

¤ Et évidemment, elle contient des poils, donc son propriétaire est carnivore… Crotte de merde. Sentier de merde. Forêt de merde. Continent de merde… ¤

Avec régularité et une habitude forgée au fil des décennies, il alimentait sa morgue pour refouler la fatigue et les protestations de ses articulations. Il avançait de manière souple, se reposant sur de vieux réflexes et gardant ses sens en alerte. Ses bottes et armure étaient avec lui depuis des années, et épousaient parfaitement son corps —ou était-ce l'inverse ?—.

¤ En fait, ça fait du bien de se dérouiller les jambes après tant de temps sur cette coquille de noix. ¤

¤ Woohooo n'exagères pas. On est pas encore sorti de… ¤

Quand la mer se révéla devant lui, il eut un soupir de soulagement, vite étouffé. Mais heureusement, le nouvel obstacle n'était qu'un nouveau monument.

¤ Encore un endroit où les autochtones n'apprécieront sans doute pas que je me soulage… ¤

Comme la nuit était presque tombée, il décida cependant de s'y arrêter, et d'y faire un petit feu. Il se réchauffa quelque peu, mangea ses dernières rations de la journée, agrémentées des rares produits comestibles qu'il avait pu dénicher en route. Mais au lieu de s'étendre près de cet ours géant et de ce feu trop visible, le rôdeur alla s'emmitoufler dans son manteau, à quelques dizaines de mètres de là, après avoir tendu sa corde en travers du passage le plus évident pour lui. Avec un peu de chance, il se réveillerait si quelqu'un s'approchait et se prenait dedans. Ou plutôt, avec un peu de chance, il dormirait d'une traite; l'âge et le sommeil ne faisait pas bon ménage…

Le lendemain, il descendrait la côte vers le sud, en espérant retrouver cette curiosité géologique qu'ils avaient traversée ensemble, avant de tomber sur le campement indigène. Une telle cicatrice paysagère devait se repérer de loin…

écrit par: Phineas Samedi 02 Octobre 2021 à 21h21
La Goualeuse

Un lourd grognement de gorge sorti de la gorge de l'immense saurien. Derrière, elle entendit ses compagnons s'agitait et un claquement de langue qui n'annonçait rien de bon.

Avec une effarante vitesse vu l'âge de la créature, il se déploya et la Goualeuse se retrouva littéralement nez à nez avec "Katha-ha". Elle dormait à ce moment là, mais Ashura lui avait raconté comment, dans la Passe de la Pierre-Tournante elle s'était retrouvée, tétanisée, face au museau du dragon d'acier. Dans une certaine mesure, la situation était la même.

Mesalyne était paralysée par la peur. Elle remarqua - et fût presque étonnée d'avoir la présence de le remarquer - que contrairement à ce qu'elle pensait, la gueule du monstre ne puait pas la charogne. Il était plus question d'un savant mélange de musc, d'iode et de plante odorante. Mais ce que son nez lui transmettait était bien tout ce qu'elle était capable d'interpréter. Ses jambes, ses bras, sa tête, étaient intégralement paralysés par la peur. Probablement n'avait elle jamais ressenti une telle peur. Une peur telle que l'idée même de tenter de s'échapper avait disparu de son esprit. Une peur telle que toute idée de vivre un moment de plus lui paraissait désormais absurde.


- Lauxxxxxemaussst... Mensssssonge...

Le saurien grondait, et alors que sa colère, lourde et envahissante, augmentait en intensité, la Goualeuse ne comprenait pas où elle s'était trompée.

- Les Sans-Totems mentent !, le saurien ne criait pas, mais géant qu'il était, ses paroles paraissaient tout aussi gigantesques, Balduran et le Maudiiit ! Votre faute ! Vous avez détruit le monde !

La colère du seigneur lézard était aussi immense et terrifiante qu'elle était froide. Il avait haussé le ton mais ne hurlait pas. Pourtant le monde entier semblait s'être arrêté. Et soudain elle le vit. Les gemmes autour du cou de Katha-ha scintillaient. Ou plutôt, elle avait aspirées la lumière ambiante, si bien qu'elle paraissait être les seuls points de lumière des environs avec les deux immenses yeux fixés sur elle. Et dans l'ombre vaporeuse qui s'étendait désormais autour d'elle, dans ce monde d'angoisse où elle avait la terrifiante certitude que tous ses alliés avaient disparut, elle vit la silhouette du serpent ailé, fait de brouillard de lumière noire, qui se dressait au dessus du terrifiant saurien.


Abrulion et Joinon

Le nain ne fut pas en mesure de lui répondre. Cette chasse ne changeait pas des autres, on savait quand elle commençait, pas comment ni quand elle finissait.

Puisque la discussion était pour le moment close, ils passèrent à autre chose. Les heures passant ils purent se promener en compagnie de Misagaasa, puis des enfants et d'un vieux chien qui veillait sur eux, dans et autour du village. Si Abrulion n'était pas très attentif, il en était tout autre de Joinon, qui saisissait de mieux en mieux l'idiome local, ou du moins son cousin d'Anchorome. Ils se promenèrent le long des falaises et comprirent que, si ils craignaient la mer, ce n'avait pas toujours été le cas. A une époque, les autochtones pêchaient, ils le comprirent, sans comprendre pourquoi cela avait cessé. Ils passèrent non loin de la cicatrice de pierre dans le sol sans saisir vraiment comment elle était apparu, si ce n'est que cela avait été impressionnant, probablement divin et que cela s'était produit peu ou prou à l'époque de la première visite de Balduran.

Ils observèrent la viande qui séchait sur des lignes de corde huilée, les chiens qui s'occupaient des enfants elfes comme de leurs chiots, les oiseaux qui se posaient sur le nid aménagé sur le toit de la cabane du taulier locale. Ils avisèrent mieux de la distance qui les séparaient des prochaines tribus et... comprirent même que le Fort-Flamme était toujours habité et qu'il se trouvait loin au sud de leur débarcadère.

Le temps d'observer tout cela, d'apprendre tout cela, la journée avançait et, bientôt, un évènement les interrompus. Thelka revint de la chasse sans le groupe. Elle était accompagné d'un cervidé immense sur lequel était juchée une autre elfe, blessée. Parlant rapidement à Misagaasa, qui fit de son mieux pour la rassurer, ils firent descendre la blessée pour l'observer. Joinon comme Abrulion ne purent manquer les hématomes et une conséquente fracture à la jambe...



Farah

Elle ne s'était pas encore fait un immense ami. Mais au moins le loup n'était il plus son ennemi, pensait-elle. Sous le regard visiblement impressionné de Thozihé, elle se rapprocha. Doucement, si tranquillement, sa main s'approcha des anciennes cicatrices sur la gueule du vieux loup. L'énergie positive afflua en elle alors qu'elle tentait. Elle sentit une difficulté, quelque chose, sans comprendre quoi. Mais la prière eut son effet, et un instant, le loup s'apaisa alors que s'infusait en lui la magie curative.

A côté d'elle, son ami cornu avait levé la main et dit quelque chose empêchant probablement quelque chose - un ou des elfes - d'avancer.

Et soudain le loup tressauta et jappa de douleur.


- Le Plumeux... Tue le Louve-à-deux-jambes ! TUE LE !

Telles furent les dernières paroles qu'il comprit du vieux loup avant qu'il ne s'effondre, sans vie. Que s'était il passé ? Farah ne le savait pas. Ses connaissances en magie étaient des plus pratiques. Elle ne comprenait pas comment un sort de soin, peut-être, avait pu le tuer.


Varnas

Vers le sud donc. Et donc, comprit il vite, certainement pas vers là où il le croyait. Avant de partir, Varnas se demanda si il n'avait pas un atome crochu avec les ours des environs. Sous le regard du plantigrade de pierre, il avait parfaitement dormi.

Enfin, toujours était il que si il était en mesure d'être honnête avec lui même, le rôdeur aurait compris qu'il était paumé. Pas de cicatrice dans le sol, l'environnement n'avait rien a voir, et à mesure qu'il progressait vers le sud, la végétation devenait de plus en plus aqueuse rien a voir avec ce qu'il avait observé prêt des navires. Et nulle trace du cercle totémique.

Il persévéra pourtant. Son incapacité à reconnaître l'échec avait cela de bien. Et bientôt, alors qu'à sa droite la forêt laissait place à une immense plaine brûlée, il avisa au bout de la route, au loin, un fort. Un fort tout ce qu'il y avait de plus faerunien.

écrit par: La Goualeuse Mardi 05 Octobre 2021 à 20h49
Bien des fois en sa courte existence, La Goualeuse avait eu peur. Petite, la figure rougeaude et l'œil égrillard de marins avinés l'avaient terrifiée lors de ses jeux sur les docks, tout comme les claquements de mâchoire rageurs de quelques chiens égarés. Les rumeurs qui circulaient à Eauprofonde sur le peuple souterrain qui complotait dans l'ombre, là, juste sous les pieds des honnêtes gens, avaient nourri des cauchemars plus effroyables les uns que les autres, toujours hantés par la ténébreuse figure des drows. Elle avait aussi longtemps redouté, à en pleurer des nuits entières, que lassée d'elle Sirine la jetât hors de la Fiancée du Marin ; ou pire, d'être emportée par ce mal étrange qui avait frappé plusieurs des filles avec lesquelles elle avait grandi.

Toutes ces peurs enfantines et adolescentes n'étaient cependant rien en comparaison au gouffre abyssal dans lequel l'effroi, le véritable effroi, l'avait précipitée en de plus rares occasions. Affronter une matriarche drow assoiffée de vengeance, se glisser en catimini dans le dos d'un illithid ou fuir une forteresse naine s'effondrant sur elle-même avaient mis ses nerfs à rude épreuve. Elle avait alors blêmi, tremblé, suffoqué, manqué de force ou de courage, mais au moins était-elle restée suffisamment maîtresse d'elle-même pour se mouvoir et penser...

La violente terreur qu'elle ressentait à présent que les crocs gigantesques et acérés de Katha-ha se trouvaient à quelques centimètres de son visage était tout autre. Aussi vive qu'insidieuse, elle l'avait saisie de son invisible et glaciale étreinte, la serrant si fort qu'il lui semblait être plus morte que vive. Cette sensation n'était pas inédite, hélas, pour la malheureuse jeune femme qui gémit de douleur alors que les portes d'une mémoire depuis longtemps scellées grinçaient sur leur gond.


*Ne l'abîme pas, vieux loup... C'te fille, elle va pas rester là, l'est trop délicate pour vous aut' ! On essuie pas les couteaux rouillés avec d'la soie !*

La voix suave de la mère maquerelle s'était perdue dans un rire rauque et gaillard, puis la porte de la chambre s'était ouverte sur un homme robuste et grisonnant. Ses yeux de braise et son sourire carnassier ne dissimulaient rien de ses intentions, alors qu'il tirait goulûment sur les lacets qui retenaient ses chausses. Avant même que le marin ne pose ses mains sur elle, La Goualeuse avait ressenti une peur telle que l'idée même de tenter de s'échapper avait disparu de son esprit. Une peur telle que toute idée de vivre un moment de plus lui paraissait déjà chaque seconde plus absurde. Cette sensation persisterait encore une fois la chambre vide et la porte refermée. Et le lendemain encore, ainsi que le jour suivant, et bien d'autres...

Les paroles du saurien, pourtant retentissantes, étaient à peine audibles à travers la douloureuse brume des souvenirs. L'âme brisée, l'ancienne courtisane fixait en sanglotant l'ombreuse silhouette du serpent ailé se dresser au-dessus de sa proie. Elle espérait que cette fois, la mort viendrait et qu'elle serait rapide.

écrit par: Phineas Lundi 11 Octobre 2021 à 11h47
La Goualeuse

Au fond d'elle, quelque chose disait à la jeune femme qu'au delà de sa propre peur, il y avait autre chose. Pendant un instant, ses yeux quittèrent les globes jaunes du chef saurien pour rencontrer les deux flambeaux de feu froid qui faisaient office d'yeux à la forme vaporeuse. L'effroi encore là saisi.

Mais sa surprise fût peut-être plus grande encore, quand le moment commença à passer. Soudain, le serpent noir sembla s'éclaircir, des écailles élégantes, chamarrés, arc-en-ciel, perçait sous la vapeur obscur dont elle ne savait pas encore si elle était question de son esprit.

Sans qu'elle ne sût vraiment pourquoi, son regard fût attirer par un lent mouvement non loin d'elle. Une toute petit tortue de terre gambadait lentement prêt de sa jambe, et, elle aperçu ce qui était sans doute sa génitrice, autrement plus massive non loin.

Y'avait il seulement un lien.

La lueur l'ébloui presque alors que le serpent arc-en-ciel dispersait les ténèbres. Un instant, ses yeux opalescents la fixèrent, et elle se rendit compte au même moment que la colère de Katha-ha semblait s'apaiser. La brume, désormais chaleureuse et scintillante se dissipa alors que le vieux saurien reculait, pour s'assoir sur son trône. Toute colère semblait brutalement avoir disparu de son être, remplacée par une infinie tristesse.


Celle qui se faisait actuellement appeler Mesalyne, du nom de celle qui, toute sa vie, avait dû lutter contre les ténèbres, se rendit soudain compte qu'elle n'était pas seule. Brisant l'emprise des ministres sauriens, ses compagnons avaient accouru derrière elle, et les deux guerriers se tenaient désormais à ses côtés, mains sur leurs gardes. Bien entendu, il n'avait fallu que quelques secondes aux ministres eux mêmes pour les rejoindre et s'interposer entre leur chef et les visiteurs.

La petite tortue se frotta à la jambe de l'ancienne courtisane.

Elle remarqua immédiatement que les sauriens ne semblaient pas prêt à sortir leurs masses et leurs lames, et que, eux mêmes, semblaient sonnés par ce qui venait de se passer. Dans un chuchotement caverneux, l'immense chef donna un ordre à ses ouailles, avant de tenter de retourner dans le sommeil.

La ministre aux écailles carmines, nerveuse, leur fit silencieusement signe de rejoindre la sortie.

écrit par: Farah Cyahn Lundi 11 Octobre 2021 à 16h26
Un rapide regard vers son accompagnateur et la chasseresse se mordit la lèvre inférieure en se précipitant sur l’animal mourant. Persuadée que le sort de soin de Thozihé avait fonctionné un instant, elle chercha à déterminer l’origine du mal qui avait rongé le loup. En cet instant, sa présence valait tout aussi bien que n’importe lequel des membres de sa meute. Elle connaissait bien ce type d’animal. La voracité du loup ne lui donnant pas le temps de mâcher le morceau qu’il déchire, le rendait propre à ingurgiter des poisons : mais ce genre de pratiques ne devait pas avoir lieu loin du monde des hommes. Farah constata rapidement le décès de l’animal, et entreprit de l’examiner plus en détail.

¤ Ainsi, tu nourriras la terre, celle qui nourrit les hêtres, qui donnent eux-mêmes gîte et couvert aux animaux de la forêt. ¤

Elle ne partageait pas vraiment les mêmes valeurs du sacré que les peuplades autochtones, mais ce spécimen lui rappelait ceux avec qui elle était autrefois. Ceux avec qui elle avait appris l’art de l’embuscade et du camouflage. Notamment un gros mal qui lui avait appris à enfouir sa truffe dans la neige durant certaine chasse. Car dans les steppes gelées couverte de poudreuse, l’haleine et la buée sont des choses qui pouvaient trahir votre présence.

écrit par: La Goualeuse Jeudi 14 Octobre 2021 à 20h58
La peur se fit bientôt si vive qu'elle chassa les sordides sensations exhumées du passé. Le parfum lourd et bon marché de la maquerelle, le rire lubrique de son bourreau, la moiteur des corps, la douleur s'étaient confusément abîmés dans l'éclat froid et hypnotique des yeux du serpent de brume. Inerte - et pourtant debout -, transie d'effroi, La Goualeuse s'absorbait malgré elle dans la contemplation de la silhouette ténébreuse qui dominait Katha-ha, telle une éminence grise agitant les invisibles fils d'une gigantesque marionnette. La lumière noire et chatoyante, aussi insondable et profonde que le néant, la fascinait autant qu'elle la terrifiait.

Le monde, pour quelques secondes, quelques minutes peut-être, se réduisit à ce spectacle glaçant avant de renaître. Comme après une longue éclipse, l'atmosphère se réchauffa peu et peu et les ombres retrouvèrent des couleurs. A mesure que le serpent opérait sa flamboyante métamorphose, l'étau qui opprimait le cœur de la jeune femme se desserrait. Le souffle suspendu, le regard complètement hagard et émerveillé, elle admirait la carapace bigarrée dont se parait l'aérien reptile. Le plumage des perroquets et autres cacatoès paraissait bien pâle et fruste en comparaison à l'étincelant arc-en-ciel d'écailles qui miroitait désormais devant elle. Une mue aussi extraordinaire tenait du prodige, et Sunie, Belle entre toutes, ne pouvait être tout à fait étrangère à une si élégante beauté.

Fébrile, la piètre ambassadrice reprenait péniblement ses esprits. C'était avant tout sa force d'âme, extraordinaire, qui faisait d'elle une aventurière ; si elle méritait un tant soi peu un tel titre. Avant que la lumière ne devint éblouissante, elle aperçut du coin de l'œil une minuscule tortue, à côté d'elle, suivie d'une seconde, plus massive. Devait-elle à cette petite créature à la démarche si lente et maladroite son salut ? L'idée, aussi naïve que poétique, la fit sourire tendrement. Comme la lumière chassait les ténèbres, la colère semblait quitter l'immense saurien pour céder sa place à la mélancolie. Les mâchoires aiguisées avaient lentement reculé, mais La Goualeuse n'était pas encore en mesure d'esquisser le moindre mouvement. Ses muscles,
tous ses muscles, s'étaient si violemment contractés sous l'effet de la terreur qu'ils la faisaient souffrir.

Ce ne fut qu'une fois que Katha-ha eut regagné son trône qu'elle se rendit compte que ses compagnons l'avaient rejointe, ainsi que les ministres sauriens. Les frères la flanquaient, prêts à en découdre. Qu'avait-il bien pu se passer ? Il lui semblait s'éveiller d'un cauchemar, ou d'un rêve, tant l'expérience qu'elle venait de vivre lui semblait désormais irréelle... Les larmes lui montèrent subitement aux yeux ; ses nerfs, brutalement relâchés, laissant s'évacuer la pression. La caresse étrangement tiède de sa minuscule amie à carapace, au niveau de son talon, l'apaisa. Elle déglutit, renifla avec une inélégance rare chez elle, tamponna d'un revers de mains ses yeux embués puis expira lentement. C'était fini. Alors qu'on leur désignait la sortie, le terrifiant colosse replongeait dans le sommeil.

D'un geste aussi délicat que reconnaissant, l'aquafondienne gratifia la petite tortue d'une caresse du doigt. Encore sous le choc, elle sollicita l'aide d'un des deux guerriers pour gravir les marches de l'amphithéâtre ; sa peau était glacée, ses mouvements, raides, dépourvus de leur légèreté habituelle.


- Qu'as-tu vu ? Entendu ? lui chuchota-t-elle en s'appuyant contre lui pour marcher.

La saurienne aux écailles rouges semblait plus nerveuse qu'auparavant. Tous semblaient, à divers degrés, remués. Un malaise régnait, qu'elle ne pourrait dissiper qu'une fois hors du temple, loin de leur chef aboulique. Peut-être...

écrit par: Abrulion Bascollier Lundi 18 Octobre 2021 à 09h55
Le hin mit les mains dans ses braies et flâna nonchalamment à la suite des nains. Devant une telle entente et harmonie, Abrulion ne put retenir ses réflexions. S'il était connu que les ethnies de nains étaient fertiles entre elles en Faerun, Abrulion se laissa à imaginer ce qu'il en serait avec les nains de Anchorome.

Il ne prêta qu'une attention distraite au reste, les discours autour de la mer, des totems, la viande séchée. Il observa avec amusement le balais des oiseaux qui se posaient sur la cabane.

Seule l’arrivée des elfes blessés le sortit de sa rêverie. La bonne nouvelle était qu'il ne s'agissait pas des compagnons... la mauvaise nouvelle, il l'attendait. Etait-ce les derniers chasseurs d'un groupe décimé ? Sans doute pas, une chasse ne pouvait pas tourner au carnage de manière si dramatique.


- Je peux soigner. Brandobaris peut soigner.

Lança-t-il au nain Misagaasaa, en prenant son focaliseur en main. L'autochtone devait maintenant bien le connaître, et la veille avait été associé à la magie de son dieu, et cette étrange.
Si le hin n’était pas certain des séquelles que pouvaient laisser ce genre de blessure, au moins était-il confiant que la magie curative pourrait empêcher toute forme d'infection ou autre hémorragie. La jambe ne serait sans doute jamais aussi belle qu'avant, mais au moins serait-elle fonctionnelle.


hrp.gif Si Misagaasaa est ok, Abrulion lance Soins modérés (préparé) en faisant la même chose que la veille : il demande a Misagaasaa de l'aider à tenir le focaliseur alors qu'il lance le sort

écrit par: Phineas Vendredi 22 Octobre 2021 à 18h48
Farah

L'autopsie était un long travail. Visiblement, il ne plaisait pas aux autochtones. Ni même, d'ailleurs, à Thozihé. Néanmoins, pour une fois, autant le chef de chasse que le spiritiste semblèrent s'accorder sur le fait que la situation était apparemment suffisamment inquiétant - et incompréhensible pour eux - pour laisser un étranger faire son œuvre. Alors que les chasseurs s'occupaient du serpent, Farah, donc, sortie son couteau le plus aiguisé pour faire ce travail difficile.

En effet, elle connaissait l'anatomie des loups, cela n'en faisait pas un travail plaisant. Ce qu'elle découvrit néanmoins dans le poitrail du vieux loup était troublant en plus d'être écœurant. Elle connaissant les tumeurs et autres maladies qui finissaient par se déclarer chez tous les vieux animaux - humains compris - mais là, c'était hors norme. C'était un pur produit de miracle et de volonté que le loup ait pu survivre jusqu'ici. Non seulement une partie de ses organes étaient morts, mais une autre étaient encore sillonnée de veines éclatées par le passage d'un poison. Et c'était sans parler du nombre hors normes de kystes et de tumeurs qui envahissait tous son être. La logique aurait du faire de ce loup un loup mort, et ce depuis bien longtemps.

Et pourtant il avait réussi à marcher jusqu'ici, et le contenu de ses intestins donnait à croire qu'il l'avait fait volontairement, car il avait du se contenter de cadavres et de racines.

Il n'avait pas juste été ostracisé : l'animal était venu jusque là pour chercher de l'aide.

Sans s'en rendre compte, Farah était resté bien plus d'une heure à faire toute ces constatations. Et les chasseurs avaient fini leur labeur avant qu'elle ne se relève. Les travois chargés, ils étaient prêts à retourner au village alors que le zénith tombait sur la forêt.

PARCHEMIN
Tu peux poser des questions plus précises sur l'autopsie en HRP.


La Goualeuse

- Je ne sais pas trop[i], commença Azima,
il a semblé faire plus froid, plus sombre quand il s'est approché de toi. Et les léz... les sauriens ont semblés tendu d'un coup. Visiblement ils savaient eux mêmes pas quel position prendre.

- Il y avait de la magie à l'œuvre, ajouta Teamon, visiblement tendu.

- Ca ressemble à de la magie druidique, murmura Thyrine.

- Shasala, la lourde voix du chef saurien retentit à travers la salle. Tous se figèrent alors que la ministre aux écailles rouges se retournait. Ko eta..., il se reprit, assez intelligent pour être transparent, Sans-Totems. Invités de la Tortue.

Un long sifflement de soulagement se dégagea de la ministre - Shasala ? - alors que leurs trois accompagnateurs se détendaient visiblement. Elle leur indiqua de la suivre.

On les mena à travers le village. Kurunji, qui étaient sorti une fois les avoir confiés aux trois ministres, les attendait avec une troupe réduite. Il pris ses ordres de la ministre et hocha la tête. Mais la Goualeuse ne put manquer que ce qu'il comprenait de l'évènement venait de créer une pointe de doute chez l'officier. En silence, il pris la suite et les mena vers un bâtiment ressemblant à tous les autres, si ce n'est qu'au dessus de l'entrée se tenait le totem de la Tortue.

L'intérieur était très minéral mais néanmoins agréable. Là où, ailleurs, il y avait une odeur marécageuse, ici, elle était atténuée, comme pour accueillir des habitués au nez différent. Il y avait deux pièces l'une, plus fraîches, devait convenir aux créatures à sang froid, l'autre plus chaude, parfaite pour les sang-chauds comme les humains et les elfes. Tables et chaises, de pierre et d'osier, constituait le mobilier, une vasque d'eau claire se tenait sur le côté. Des nattes et des couvertures indiquaient que si l'on voulait dormir, c'était ensemble dans cette même salle.


- Vous, libres d'aller village.commença Kurunji, sous carapace de la Tortue.

Il hocha la tête avant de les laisser.


Abrulion et Joinon

Le nain semblait, étonnement, faire confiance à Abrulion. Avec son aide, il lança son sortilège et, étonnement, il senti qu'il aurait cette fois pu le faire sans l'aide de son ami extra-marin. Il senti une présence à ses côtés, quelque chose de lupin. Mais à l'inverse de la première fois, elle n'était pas moqueuse ou malfaisante. Rusé certainement, pas mauvais. Il entendit à nouveau le rire animal cela dit.

L'énergie positive afflua a travers lui et dans léger couinement, les os de la malheureuse se resoudèrent et la plaie se referma sous les yeux ébahis de la victime. Dubitative, elle testa sa jambes avant de se jeter au cou de l'halfelin. Evidemment, vu la différence de taille la situation eux quelque chose de... et bien, on en déduira ce qu'on voudra.


Abrulion, Farah et Joinon

Quelques heures après le soin d'Abrulion, dans le courant de l'après midi, Farah et les chasseurs revinrent.

écrit par: Farah Cyahn Mardi 26 Octobre 2021 à 17h19
En quelques pas, la chasseresse avait rapidement mesuré la bête et c’était à proprement parlé un gros spécimen. A vrai dire, au gré de ses voyages et de ses traques, elle n’avait jamais rencontré de loup aussi imposant. Mais ce n’est pas en cela que l’animal était intéressant, se dit-elle en écartant du bout des doigts les babines molles.

¤ Qu’est-ce qui a bien pu te pousser à agir de la sorte ? ¤

S’emparant d’une dague dentelée, elle déchira les chairs d’un geste expert à la recherche d’anomalies et de réponses. L’autopsie révéla rapidement la cause de la mort. Le ventre, encore chaud, était tendu à l’excès. Parmi les organes adhérents les uns aux autres, elle découvrit qu’ils étaient recouverts de tumeurs identiques. Une évidente hémorragie avait éclatée. La souffrance était sans doute parvenue à le tuer, le « dedans » malade ne lui appartenait plus depuis longtemps. Les organes détériorés avaient progressivement cessés de fonctionner, jusqu’à l’arrêt cardiaque.

¤ L’animal errait bel et bien en quête d’assistance. ¤

Elle sentit bien les regards des Elfes derrière son épaule. Le ton des autochtones laissait supposer qu’ils voyaient bien cet acte comme une sorte de profanation, mais à cet instant, ces observations lui semblaient capitales. Au moins, ils ne l’empêchaient pas de réaliser son sinistre examen jusqu’à la fin. Et quand ce fut fait, la chasseresse essuya soigneusement sa lame, la rangea dans son fourreau, retira ses gants imbibés de sang puis demeura une minute debout auprès de l’animal. Pauvre vieux, songea-t-elle en caressant une dernière fois son pelage.

***

Farah avait ensuite rejoint le cortège de chasseurs Elfes, sans un regard vers la dépouille abandonnée, les tripes à l’air. Son corps appartenait à présent à la forêt, songea-t-elle. Durant le voyage, la rôdeuse se montra nettement plus sérieuse que sur le chemin allé. Songeuse, perplexe, néanmoins toujours attentive à son environnement, et naturellement, à tout enseignement prodigué par Thozihé. Mais celui-ci se montra fort peu loquace. L’instinct de Farah lui dictait que l’homme-cervidé cachait quelque chose. Elle préféra garder le silence durant tout le chemin, s’impliquant doublement dans les taches collectives.

***

Après une journée éreintante dans une forêt détrempée, les jambes flageolantes, la jeune chasseresse ne fut pas mécontente de retrouver le village. Elle était globalement satisfaite. La reconnaissance du terrain avait porté ses fruits. Elle pouvait à présent clairement définir une partie des rapports sociaux de cette communauté Elfique. Le temps faisait son œuvre.

Loin d’être venue en touriste, elle consacra ses dernières forces à suivre les dernières étapes de la chasse. A aider les humbles à décharger les travois chargés de viande. A observer certains raconter leurs aventures aux enfants restés au camp. Un œil toujours porté sur Thozihé, le maître spiritiste et le chef de chasse.

écrit par: La Goualeuse Mardi 26 Octobre 2021 à 21h50
Aux réponses que formulèrent ses compagnons, La Goualeuse comprit qu'elle était la seule à avoir vu le serpent d'ombre et sa prodigieuse métamorphose. Incertaine de la signification de ces visions successives, elle préférait pour l'heure les taire, afin de ne pas commettre un nouvel impair diplomatique. D'un pas fébrile, elle allait atteindre la sortie quand la voix de stentor de Kata-ha retentit. Azima put sentir le spasme de terreur qui manqua de la faire s'effondrer, lointaine réplique du séisme intérieur qui l'avait terrassée quelques minutes plus tôt.

*Louée soit la Tortue, quoi qu'elle soit !* souffla-t-elle secrètement, desserrant l'étreinte de sa main sur le bras du guerrier qui l'aidait à marcher. Le geste, pur réflexe, lui avait échappé.

Sashala, si la ministre aux écailles rouges se nommait bien ainsi, demeurait étrangement silencieuse. Les visages reptiliens étaient difficile à décrypter, tout comme leurs gestes, mais il semblait à l'ambassadrice faerûnienne que leurs hôtes étaient mal à l'aise. Il s'avéra rapidement qu'on ne leur donnerait pas davantage d'explications sur ce qui venait de se jouer, ni sur les implications de leur statut d'"invités de la Tortue". Kurunji, escorté de quelques gardes, les conduisit à travers le village jusqu'à une bâtisse de pierre surmontée du totem de leur Protectrice à carapace. Le chasseur était resté muet pendant leur trajet, visiblement dérouté, voire perplexe, mais moins méfiant à leur égard. L'arrivée des Sans-Totems, loin d'être anodine, avait tout l'air d'un petit cataclysme au sein de la communauté. Si les enjeux demeuraient encore invisibles, les tensions étaient bien palpables...


- Kurunji, le retint-elle d'une voix mal assurée après s'être effondrée sur la chaise la plus proche, qui est la Tortue ?

Si le saurien daignait répondre, la jeune femme en profiterait pour renouveler la question, en des termes identiques, sur le Loup et le Serpent ailé. Dans le cas contraire, elle se contenterait d'un simple et chaleureux "merci".

Après avoir déclaré à ses compagnons qu'elle leur expliquerait plus tard ce qu'elle avait vu lorsque le froid et l'obscurité s'étaient abattus sur elle, l'aquafondienne s'accorda quelques heures de repos. Son esprit, plus que son corps, réclamait impérieusement une trêve. Oublieuse de son rôle de cheffe, elle ne prit pas la peine de donner des instructions. Se tenir tranquille relevait de toute façon d'un bon sens que tous les membres de l'escouade partageaient. Prostrée sous une couverture, la tête enfouie dans son châle dont elle avait fait un oreiller de fortune, elle mit du temps à trouver le sommeil. Quelques sanglots lui avaient échappé, en dépit de ses efforts pour les comprimer.

A son réveil, La Goualeuse profita de sa solitude pour se laver. A l'aide d'un linge humidifié et de savon, elle s'appliqua à gommer la crasse que la jungle avait déposée sur son corps. Ses mouvements, précis et méthodiques, étaient nerveux. Elle savait pertinemment que faire peau neuve n'effacerait pas les stigmates que le Serpent ténébreux lui avait infligés, mais ces gestes rituels, qu'elle avait toujours associés à un hommage à la Déesse, lui faisaient du bien. Pour la première fois depuis son arrivée dans ces terres vierges et sauvages, elle prit le temps de souligner ses yeux de khôlle et de rehausser ses lèvres délicates de carmin, avant de tresser quelques mèches de ses cheveux en une élégante couronne. La belle délaissa sa tenue d'exploratrice pour une robe bleue nuit d'une élégante sobriété, dont la coupe droite et ajustée restait pratique. S'il lui avait paru inutile de mettre du parfum, elle avait soigneusement récuré les ongles de ses mains et nettoyé ses dents à l'aide d'un éclat de bois. Touche finale, et non des moindres, elle retourna sa cape, dévoilant à l'envers du tissu grisâtre des plus anodins une étoffe digne des plus grandes reines. Sous cette carapace de soie rouge et or que de minuscules gemmes et des filaments d'argent faisaient chatoyer, l'Invitée de la Tortue se sentit prête à affronter le monde.

Abandonnant ses armes dans la bâtisse, La Goualeuse se mit en quête de ses compagnons et de Kurunji. Le chasseur lui avait fait comprendre qu'il chercherait quelqu'un capable de lui en dire plus sur les entités animales que lui et les siens semblaient vénérer. Au cours de sa déambulation, prêtant une attention particulière aux totems, elle remarqua que la figure du Serpent (parfois ailé) était la plus répandue. Aucune de ses représentations ne semblaient cependant opposer une face ombreuse à une face chamarrée. Elle saluait chaque villageois qu'elle croisait d'un sourire doux et humble qui tranchait singulièrement avec la magnificence de sa tenue.


HRP :La Goualeuse se dirige vers la caserne et cherche à évaluer, discrètement bien entendu, si la tribu est encore en guerre ou si le conflit semble plutôt terminé. Chemin faisant, elle tente de repérer si le village est organisé en fonction des totems, selon une distribution fonctionnelle qui associerait par exemple les combattants (caserne, tours de guet, forge...) au Loup, les érudits (temple, école...) à la Tortue et une autre catégorie de la population ou de bâtiments au Serpent ; ou alors des races privilégiant un totem.

écrit par: Joinon Jeudi 28 Octobre 2021 à 11h36
Son carnet à la main, Joinon avait passé la plus grande partie de la journée à noter, dessiner ou compiler les différentes scènes auxquelles il avait pu assister. Les pages s'étaient peu à peu noircies de croquis et de paragraphes de tailles variées, se chevauchant souvent dans un chaos de gribouillages quel le nain seul pouvait à présent déchiffrer.

Au coeur du confort serein du camp, il avait oublié l'angoisse de se trouver sur un continent inconnu en même temps que l'incertitude quant à la mission qui l'avait mené là.
Il avait assisté placidement à la démonstration de soins d'Abrulion, hochant la tête avec bienveillance comme un guérisseur encourageant un apprenti.

Finalement, ce fut avec le même détachement tranquille - ainsi qu'un sourire niais sous sa barbe rousse - qu'il accueillit le retour des chasseurs, omettant que leur propre journée avait pu être bien différente de la sienne.


- Bonne rencontre Farah ! La chasse a été bonne ? questionna-t-il en jetant un coup d'oeil intéressé au convoi. Sans la laisser répondre, il continua: Notre bon Varnas n'est pas avec toi ? Laisse-moi deviner, il ramène à lui seul une carcasse de six quintaux ? J'ai déjà vu ça ! s'amusa le barde en reprenant à son compte la formule fétiche du rôdeur.

écrit par: Farah Cyahn Jeudi 28 Octobre 2021 à 18h44
Certains autochtones accueillaient les chasseurs tandis ceux-ci entreprenaient de décharger la viande fraiche. Quant à eux, les enfants aux oreilles pointues et les chiens offraient un joyeux spectacle, bruyant mais réconfortant.

On avait vu Joinon arriver et, avant qu’elle ait eu le temps d’aider, le barde lui fit un accueil enthousiaste. Elle le reçu avec un faux désintérêt, comme si elle ne l’avait pas vu ou entendu. Une main en visière vers un autre groupe d’Elfes non loin.


- J’ai pas tout compris, mais je pense que l’on va manger du serpent ce soir.

Elle aimait de temps à autre le taquiner en lui faisant preuve de ses talents de comédienne. Farah n’avait jamais déniée apprécier l’emphase, la bonne mine et les manières du barde Joinon. Rares qualités chez le peuple Nain. Elle tourna les épaules vers lui, avec un petit sourire en coin. Elle le considéra un court instant et constata que ses vêtements étaient couverts de poussière, de boue, de fange marécageuse et qu’en comparaison, les habits de Joinon étaient quasiment intacts.

- Eh ! ça va toi ? T’as l’air bien reposé en tout cas.

Elle poursuivit avec une attitude résolument décontractée. Sans doute d’humeur joueuse, la chasseresse leva caricaturalement un sourcil, croisa les bras et se gratta le menton d’un air curieux et étonné.

- Qui ? Ah. Lui ? Oh là, longue histoire… Enfin non. Je ne sais pas pourquoi j’dis ça. Il n’y a pas tellement à dire. (elle déploya les bras d’un geste perplexe) Varnas, bah il a fait du Varnas.

Elle jeta rapidement un regard aux alentours, plus pour s’assurer de l’avancée du déchargement qui s’effectuait tranquillement. Cherchant visiblement ses mots, elle s’interrompit avec un mince soupir et retourna le visage vers le Nain.

- Disons qu’après avoir essuyé un échec salissant, l’vieux Varnas a disparu dans la végétation.
Je l’ai perdu d’vu au détour d’un bosquet.
Il s’est éloigné en bougonnant. Enfin, tu sais ce que c’est. Il n’est jamais revenu.

Si les gens aimaient bien grossir la réalité pour la faire paraitre plus captivante. Mais chacun savait que Farah avait l’habitude de prendre part aux aventures et de les réciter sans en rajouter.

Voyant que le compte rendu soulevait chez le Nain plus de questions que de réponses. Après une grande respiration, la jeune chasseresse poursuivit d’un ton similaire :


- On était dans la forêt, à marcher depuis plusieurs lieux, quand nous sommes tombés sur un spécimen imposant. Un serpent capable de gober… Genre un grand Nain, avec de l’embonpoint, la hache, la chope et tout son équipement. (elle ponctua d’un silence inutilement dramatique) Bref, sans prévenir, il s’est jeté sur le reptile avant de se faire trainer lamentablement sur plusieurs mètres. Dans le même temps, le serpent avait fait des blessés chez les Elfes. J’étais occupée avec eux. Je n’ai pas vraiment vu Varnas disparaitre dans une autre direction. Mais il avait l’attitude d’un vieil enfant renfrogné et frustré.

écrit par: Phineas Lundi 01 Novembre 2021 à 15h18
Farah, Joinon et Abrulion

Farah se remémorait les mots qu'elle avait réussi a apprendre d'un jeune chasseur sur le chemin du retour. Beaucoup hésitait à lui parler depuis qu'ils avaient vu ce qu'elle avait fait au loup, mais lui semblait plus ouvert. Loup se disait Maa, Gineb pour le serpent, mais elle cru comprendre que ce genre d'animal avait de nombreux noms différents. Le poison c'était bichibo, quant à la chasse c'était nooja, et de ce qu'elle en compris, c'était aussi le mot pour suivre. Elle ne réussit pas a obtenir tout ce qu'elle voulait du cervidé mais loup se disait shunk et serpent suzeca dans la langue des Ctaliza.

Alors qu'elle discutait avec ses compagnons, et qu'Abrulion était chaudement remerciée par l'elfe, les chasseurs commençaient à disposer la viande sur de longues cordes suspendues. Une grande partie de la viande serait séchée, mais un gros morceau de chair de serpent était déjà débitée en morceau et préparée avec des herbes et des épices pour le soir. Apparemment, manger de la viande aussi fraîche était rare.

Pour l'instant on ne semblait pas parler de l'autopsie mais Thozihé, toujours songeur, s'était isolé avec son ami nain un peu à l'écart, et semblait dans une grande et longue discussion.

Certainement le trio avait il quelques choses à se dire et à décider de la suite avant de passer à table, ce qui devait certainement intervenir dans quelques heures.


PARCHEMIN
Je vous laisse poser des questions en HRP et vous décider pour la suite. J'éditerais en fonction.



La Goualeuse

"POC !", c'est le bruit qui retentit autour de la Goualeuse alors qu'une fugace mais insignifiante douleur traversait l'arrière de son crâne. Probablement outré, elle se retourna et ne vit personne... jusqu'à ce qu'elle baisse les yeux et ne tombe sur un saurien. Mais contrairement au grand chef ou à Kurunji, il était minuscule, à peine plus grand qu'un halfelin. Et visiblement très vieux. Le douloureux bruit était issu d'un bâton surmonté d'une sorte de fruit sec et creux, certainement conçu, justement pour faire ce son.

Ses pâles écailles avaient dû être noires, elles étaient désormais anthracites mais dégageaient ci et et là des reflets carmins. Son visage relativement plat pour son espèce dégageait une étrange aura de bonhomie à laquelle on ne s'attendait pas dans ce peuple. Un grand sourire s'étalait sur son faciès entre le dragon et la grenouille :


- Buzquåd !

Du chondathien ? Les balduriens le parlait certainement entre eux, voilà pourquoi celui ci le parlait. Il portait autour du coup deux pendant de pierre, suspendu à la même corde l'un en dessous l'autre. Au dessus, la tête d'une sorte de buffle, un bison lui avait dit Farah plus tôt. Et dessous une tortue. Il continua dans un langage plus que correct qui trahissait probablement de sa profession intellectuelle.

- Jy låol Suulrhof ! Jy jyzly kåy wysa vuåmdaof mody, jyåfyfdy, Pyfof Odaoy, wpyb vuål ! Ly jyfof Kådåzqo ta mof kåy vuål vuåsoyb yz lavuod jsål låd zul wuåfåtyl ? Jy jyåι vuål dyjuzmdy.

Sautillant joyeusement sur ses pattes en s'appuyant sur sa canne, il attendit les demandes de la Goualeuse.

écrit par: La Goualeuse Mercredi 03 Novembre 2021 à 17h02
Réprimant rapidement sa surprise, La Goualeuse posa un regard doux sur le vénérable et néanmoins facétieux saurien. Sa bonhomie souriante, alors qu’il la saluait dans un chondathan presque impeccable, la fit immédiatement se sentir à l’aise.

- Bonjour Sooskwit, répondit-elle en parcourant fugacement sa tenue du regard, ses yeux s’attardant sur les pendentifs qu’il arborait pour en identifier le motif. Je me nomme Mesalyne et cela, je suis triste de l'avouer, ne veut rien dire...

Ce trait d’humour laissant l’écailleux de marbre, elle s’empressa de poursuivre.

- Je voudrais en savoir plus sur notre hôte, la Tortue. Je vois à vos talismans qu'elle vous est familière. Qui est-elle ?

Le petit saurien tapota le mur à côté d'eux.

- Miskwaadesi ! (un mot visiblement pas de sa langue) la Muraille, la Protectrice.

- La carapace, bien sûr ! s’exclama la jeune femme, manifestement ravie de sa découverte, avant de poursuivre d’une voix plus hésitante . Et ce... bison a quelque chose à voir avec la force, je me trompe ?

De la mémoire de l’aquafondienne, mise à rude épreuve ces derniers jours tant les découvertes étaient nombreuses, avait fini par affleurer le mot enseigné quelques jours plus tôt par Farah. Peut-être serait-il judicieux de noter le vocabulaire glané au fil des conversations avec les autochtones ? Il était trop tard pour cette fois-là, car Sooskwit commençait déjà à avancer de son pas bonhomme dans la rue, en lui indiquant de le suivre. Visiblement, il était partisan de la réflexion nomade.

- Non, Ceetok, (encore un mot qui ne sonnait pas de leur langue), la... Hum... La Mère ? Pas tout à fait. Les liens des familles, amis, enfants... Et la protection... mut ? Mutuek ? Oui oui.

- La Protectrice et la Mère, répéta-t-elle, la voix emplie d'une déférence songeuse. Ces... Puissances marchent-elles sur ces terres ? Je veux dire... est-ce la Protectrice elle-même que j'ai vue dans votre temple ?

Elle avait désigné d’un geste de la main l’édifice pyramidal dans lequel elle avait comparu devant l’effroyable Katha-ha.

- Huum... , le saurien écarta les bras. Bonne question, bonne question. Peut-être ! Bien sûr, les totems existent, ils vivent. Mais parfois leurs amis identiques les représentent. Sauf Mahigan et Coyotl, oui oui.

- Mahigan et Coyotl ?

- Mahigan, répéta-t-il en pointant de son bâton un totem de loup. Coyotl, le rusé.

Cette dernière entité ne semblait pas avoir d'icône dans les environs.

-Je vois... Et le serpent ? Sa voix s’était légèrement fêlée à l’évocation du terrible reptile. Ce totem semble très important pour les vôtres, je l'ai vu un peu partout depuis mon arrivée.

- Ah ! Tehit-te, rétorqua-il en hochant la tête, notre guide. Il laissa quelques temps passer. Hésitait-il à lui accorder sa confiance ? Nous, Peuples des Écailles, venons d'ailleurs, Tehit-te nous a guidés, dans guerre et paix, dans colère et tranquillité.

- Ce totem a donc, disons... plusieurs visages ? J'ai vu qu'il avait parfois des ailes.

- Hum, hum, acquiesça-t-il.Plumes de Qotal, le dragon.

- Ces écailles sont magnifiques ! s’enthousiasma la belle d’un ton inspiré, émerveillée par le souvenir flamboyant de la métamorphose du serpent. Tant de couleurs, de vivacité, d'espoir... c'est à faire pâlir les arcs-en-ciel !

- Oui oui ! dit il, sautillant, Sans-Totems souvent comprennent pas ça.

- Les Plumes de Tehit-te me rappellent mon totem à moi, si on peut dire. Une déesse que nous autres appelons Sunie.

- Hum, hum, Sunie, bien bien.

La comparaison à laquelle elle s’était risquée n’avait pas offensé le vieux sage, qui, aussi surprenant que cela pouvait paraître, semblait connaître la Déesse aux Cheveux de Feu. Arrivant enfin là où elle voulait en venir, elle interrompit sa marche, puis ajouta d’un ton plus grave :

- Et l'ombre ? Elle se mordit la lèvre inférieure. C'est le visage que Tehit-te montre à ses ennemis ? Celui de la colère et de la guerre ?

- Combattre est une belle chose, oui oui. Défendre, aider... Mais quand nous devons survivre, quand nous devons tuer, nous devons noircir le coeur.

La poésie des croyances de son petit compagnon enchantait La Goualeuse, tout en l’effrayant. Elle rêva un instant à la sagesse profonde que recelait la belle métaphore. Noircir son cœur, c’était exactement cela qu’elle avait ressenti...

- J'espère garder mon cœur loin de cette tâche, [I]conclut-il un peu abruptement sous le coup de l’émotion.


Le saurien hocha la tête de connivence, sans commenter. La croyait-il ? Il ne s'était toujours pas départi de son masque de bienveillance.

- Les Totems sont-ils tous amis ? reprit-elle avant que leur silence ne devienne pesant.

- Non. Mais comme famille, là aime, là aime pas, mais toujours ensemble. Tehit-te pas totem avant : accueilli dans famille. Comme Coyotl. Et tous craignent... non... Hum... Jespecte ? Sais plus. Jespecte Makwa.

- Respectent, corrigea-t-elle humblement, insistant sur la première lettre. Makwa est le père, ou la mère peut-être, de tous les totems ?

- Makwa premier, pas père. Grands Totems pas enfants et parents.

La Sans-Totem, manifestement, ne comprenait pas bien ; mais par crainte d'importuner l'ancien, elle passa à autre chose. Toutes ses questions ne pourraient trouver réponse en ce jour, il lui semblait inutile de s’arcbouter sur un détail, comme il lui avait paru futile d’explorer le panthéon totémique dans son ensemble.

- Merci pour toutes ces explications, Sooskwit, votre confiance m'honore. Comment remercier la Tortue de son invitation ?

- Tortue pas besoin. Mais Tortue sera peu contente si Mesalyne met le peuple en danger. Pour la première fois, Sooskwit devint beaucoup moins bonhomme. Il posa la pointe de son bâton par terre et les reflets de ses yeux devinrent bien plus froid. Attention.

Soucieuse de ne laisser place à aucune ambiguïté sur ses intentions, l’ambassadrice des Sans-Totems contourna le petit saurien pour lui faire face, afin de le regarder dans les yeux.

- Je vous promets, Sooskwit - que Sunie m'entende - que je ne causerai pas de mal aux vôtres.

- Bien bien , son sourire revint|/I] autres questions ? Sur autre que totems ?

- Oui... bien d’autres... [I]songea-t-elle à voix haute, se demandant à laquelle donner la priorité alors que son interlocuteur semblait montrer quelques signes d’impatience.
J'ai traversé la forêt brûlée, ces terres désolées sont un terrible spectacle ! Les gens du fort sont responsables, n'est-ce pas ?

- Oui. Balduriens vouloir faire pousser nourriture. Mais balduriens pas comprendre comment faire bien. Balduriens pas demander nous.

- Ils ont brûlé la forêt avant la guerre, alors ? Pour faire des champs ?

- Oui. Feu pour champs. Stupide. Terre mourir après.

- Stupide, en effet..., concéda-t-elle, se désolant que cette méthode soit si répandue en Faerûn. C'est le feu qui a chassé de chez eux ces gens que vous accueillez ?

- Oui, oui. Séols, avant ennemis, maintenant amis. Mieux, bien mieux.

- Et c'est le feu qui a débuté la guerre avec les Balduriens ? Ou vous ont-ils... hum... attaqué plus directement ?

- Pas guerre. Nous attendre. Katha-ha sûr balduriens vont arrêter...

Visiblement, l'avis du chef - aussi étonnant que ce pouvait l’être de sa part

- n'était pas partagé par beaucoup. Son âge formidable le poussait-il peu à peu sur le déclin ? S’enquérir de la possible sénilité du géant était aussi prématuré que suicidaire...
Séols attaquer, pas nous.

- Je comprends... Les gens du Fort ont rencontré Kata-ha ?
Sooskwit éclata de rire :

- Non ! Uhuh ! Kata-ha est sage, mais en voyant eux, il les boufferait.

La jeune femme rit nerveusement, le souvenir des crocs acérés à quelques millimètres de son visage étant bien trop vif pour partager de bon cœur l’hilarité de son interlocuteur.

- Je n'en doute pas... laissa-t-elle échapper en desserrant les dents. Peut-être pourrai-je me rendre utile ?

- Si tu peux dire à Balduriens de partir.

Un mince sourire étira ses lèvres, alors qu’elle acquiesçait de la tête, sereine et résolue.

- C'est le prix à payer pour leur très grande faute, en effet, déclara-t-elle d’un ton solennelle. Je vais en discuter avec les miens. Une dernière chose, Sooskwit : comment as-tu appris à parler si bien ma langue ?

Le petit saurien tapota ses écailles.

- Sang des Grands. J'ai tête bien faite, même si petit. Trois Balduriens sont partis du fort et voyagent, on a laissé partir. Mais Toman apprendre moi sa langue avant.

Un peu perplexe à l'idée que le petit être ait pu apprendre si vite une langue, et plus encore à celle que les Balduriens n'aient pas été convoqués par Katha-ha, elle s’exclama :

- Impressionnant ! Puis, comprenant soudainement que le mot « Grands » désignait selon toute vraisemblance les Dragons, elle se fit malgré elle écho. Impressionnant...

Katha-ha était-il lui aussi une de ces créatures millénaires ? Elle croyait se souvenir, désormais, qu’il avait évoqué des dragons avant de fondre sur elle. Les révélations de l’ancien avaient fait naître au moins autant de questions qu’elles n’avaient offert de réponses, mais l’heure semblait venue de se quitter.

- Merci pour vos leçons, Sooskwit, déclara-t-elle en accompagnant sa gratitude d’une sobre révérence. Voilà un nouveau mot pour vous décrire, peut-être... ajouta-t-elle avec un sourire malicieux Vous êtes ce qu'on appelle chez nous un docte, quelqu'un qui a de très grandes connaissances. Au revoir donc, docte Sooskwit.

La tête emplie des poétiques et sages confidences du vénérable saurien, elle se mit en quête de ses compagnons, déambulant dans le village sans quitter l’enceinte de pierre qui l’encerclait.

* Miksawa... Miskade... Miskaw...esi...* peinait-elle à se remémorer en croisant l’effigie de la Tortue. *Bref ! La Mère, la Protectrice.*

écrit par: Varnas Dimanche 14 Novembre 2021 à 14h00
Varnas avait mis longtemps à ce décider.1 Très longtemps. Avancer vers ce fort ne pouvait se faire à la légère, car cela ne pouvait pas être le camp de ses compagnons d'aventure. Les nouveaux venus n'avaient certainement pas établi un tel campement en si peu de temps, alors même que le groupe avait été envoyé en exploration pour trouver un site adéquat.

¤ Le groupe… Faudrait encore que je les retrouve, ceux-là… ¤

Non, la conclusion la plus évidente était que le rôdeur venait de découvrir l'une des ruines de la précédente expédition faerûnienne qui, d'après ce qu'il avait saisi auprès des natifs, n'avait pas tissé les liens les plus fraternels. Mais ces ruines n'avaient pas l'air si abandonnées que ça. Varnas crut apercevoir des silhouettes sur les remparts. Et un drapeau qui pouvait rappeler le Poing Enflammé…2

¤ Autrement dit, si je me révèle, je deviens soit un otage en puissance, soit un ennemi des autochtones… Mais ils ont peut-être de la venaison, eux… ¤

Pesant les options qui s'offraient à lui, il opta pour une approche discrète, camouflé par une couverture végétale assemblée autour de sa corde.3 Le terrain était fort à découvert, et vu la distance à parcourir, il en aurait sans doute pour des heures. Le vétéran crapahuta donc, suivant le relief et les restes de végétation, pour approcher le fort et l'examiner au mieux. D'autres bâtiments vers l'intérieur des terres attirèrent alors son attention, suffisamment pour qu'il manque ramper dans une mare de vase visqueuse. Quand l'odeur entêtante le projeta des décennies en arrière, il recula instinctivement de la substance qu'il savait inflammable. Était-ce là un affleurement naturel de cette huile de roche qu'utilisaient les Shou ? Ou un piège près à être allumé pour contrer une attaque ?

Le fort était décidément louche. Avisant particulièrement les lieux où pourraient se cacher des humanoïdes, Varnas décida de bifurquer vers les autres bâtiments, à l'ouest. Il devrait en savoir beaucoup plus avant de se montrer à découvert…


hrp.gif 1: IRL mouvementé
2: détails obtenus sur discord
3: cf. Lambique dans Le fada mercenaire

écrit par: Phineas Lundi 15 Novembre 2021 à 00h08
Varnas

Varnas, certain de ne pas avoir été repéré par les guetteurs, progressa vers l'ouest. Des poches d'huile noir étaient encore en flammes ci et là. L'odeur prenait au nez. Il se rappelait de ce que disait des conteurs et des marchands sur la Route Dorée. Des racontars validé, un jour, par un savant shou. Il arrivait parfois que ces veines descendent des centaines de mètres sous terre, et si la chaleur était suffisamment élevées, elles pouvaient brûler pendant des décennies en souterrain jusqu'à un final aussi destructeur qu'impressionnant...

Mais pour le moment, ce n'était pas le cas.

Le vieil aigri avait beau ne pas vraiment être un amoureux de la nature, il y avait quelque chose de terrible à traverser cette lande. Rien du grandiose des déserts zakharans, rien non plus des immenses prairies des Arpents Verts ou des Plaines Etincelantes. Non, le peu qui restait de végétation prouvait l'existence d'une flore aqueuse, et de ruisseau passant ci et là. La sécheresse du sol avait exterminée toute vie sur cette plaine, et ce probablement pour longtemps.

Une demi-heure passa et il arriva aux bâtiments qu'il avait avisé plus tôt. Argile et pierre. Une sorte de verre ci et là. Mais tout était brûlé. Un village s'était élevé ici plus tôt, mais l'incendie l'avait ravagé. L'odeur de la chair brûlée avait disparue depuis longtemps, mais il restait des cadavres. Sans vraiment s'y arrêter, Varnas ne pu s'empêcher de jeter un œil sur ceux-ci. Avec dégout probablement, et ce malgré la sécheresse de son cœur, il découvrit des formes cadavériques suffisamment petites pour qu'il s'agisse sans grand doute d'enfant.

A cette vision, une lueur, faible pour le moment, s'alluma dans un raisonnement à construire. Le Poing ne tuerait pas aussi gratuitement des civils... quelque chose clochait.

Mais, probablement poussé vers une atmosphère moins lugubre et plus respirable, il continua plus avant.

Bientôt, et contre toute attente, il approcha d'une zone agricole. Les champs semblaient circulaires. Une rivière passait derrière un village de pierre au fond, entouré de bâtiments moins pérennes...


SUITE ICI POUR VARNAS ET LA GOUALEUSE

écrit par: Joinon Lundi 15 Novembre 2021 à 16h41
C'avait été avec toute l'attention du monde que Joinon avait écouté le compte-rendu de Farah.
Les propos succincts de la rôdeuses avaient plus ressemblé à un rapport militaire qu'à un véritable récit d'aventure et, à choisir, le nain aurait développé certains points et ajouté des détails. Ceux donnés à propos du serpent suffirent néanmoins à le faire frissonner.


- Eh bien, répondit-il en se mordant la lèvre derrière sa barbe, ce devait être une sacrée chasse ! Vivement que Varnas vienne nous donner sa version. J'ai hâte de la confronter à la tienne, héhé.
Le barde avait émit un rire un peu forcé, dévoilant le semblant d'inquiétude qu'il avait concernant leur compagnon disparu. "Il n'est jamais revenu...", "Je ne l'ai pas vraiment vu..." avait déclaré Farah. Ce n'était objectivement pas très rassurant.
¤ Espérons qu'elle se sente plus concernée si d'aventure je venais à m'égarer...¤

- En ce qui nous concerne, reprit-il, nous avons effectivement pu profiter un peu plus de l'hospitalité des autochtones. Joinon se frotta le ventre d'aise. Mais nous n'avons certes pas mis notre mission de côté ! Nous risquons d'avoir quelques étapes à faire afin d'obtenir l'autorisation de nous installer sur ces terres. Il pointa du pouce Misagaasaa et Thozihé plus loin derrière lui. Je pense que ces deux-là devraient nous en apprendre plus lors du repas !


hrp.gif Sans nouvelle (ou absence de nouvelle!) de Varnas ou événement particulier, on va certainement attendre le repas pour qu'on sache où Misagaasaa estime que nous devons nous rendre.

écrit par: Farah Cyahn Mardi 16 Novembre 2021 à 03h09
Tout en observant régulièrement les Elfes du campement, la chasseresse resta auprès du barde Nain. Légèrement surprise que celui-ci ait aussi bien pris la nouvelle de la disparition de l’un des membres de leur expédition, elle se contenta de secouer légèrement de la tête en reprenant d’un ton neutre :

- Exactement. Mais ne t’inquiète pas. Ma mission est de te protéger durant notre périple. De son côté, l’vieux doit vivre sa meilleure vie en ce moment. Il nous a suffisamment répété à quel point il était sage, expérimenté et débrouillard.

Quand Joinon en vain à parler de Misagaasaa et Thozihé, elle hocha à nouveau du menton. D’un ample geste, Farah attira l’attention sur ses frusques maculées de boue.

- Très bien. En attendant, je vais aller me débarbouiller avant le repas.

Elle se mit ensuite à fixer un point plus loin derrière eux et, tout en s’éloignant, déclara d’un air rieur :

- Ah, et je devrais aller prévenir ce pauvre Boniface !

écrit par: Abrulion Bascollier Vendredi 19 Novembre 2021 à 08h10
Abrulion fut satisfait de son sort de soin. Il semblait que sa magie s’était stabilisée sur ce continent, ce qui était une merveilleuse nouvelle. Au moins il y en avait une. Voire deux si on comptait le festin qui se préparait.

La disparition de Varnas n’était en revanche pas aussi appréciable... enfin... elle avait ses avantages en termes de tranquillité, mais il fallait avouer que le bougre avait ses qualités, surtout quand il marchait en éclaireur à cinquante mètre du groupe.
Et puis il faudrait faire un rapport à l'amiral.

Il s'adressa à Farah et Joinon :


- Si le vieux a pris l'un de ses raccourcis, partir à sa recherche est peine perdue. Pour se retrouver, il n'y a que deux points fixes auxquels l'on puisse se rattacher : la hutte de Misagaasaa, et le cercle des totems proche des bateaux. Il fit une courte pause. "Je suggère de laisser un message ici pour Varnas, puis de prendre contact avec l'une des tribus que Misagaasaa nous a indiqué sur le chemin du retour aux bateaux ; Misagaasaa devrait pouvoir nous donner une recommandation, voire même un peu de nourriture en offrande pour simplifier les choses."